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Ann. Kin ésithér., 1989, t. 16, nO 9, pp. 393-403 © Masson, Paris, 1989 La scoliose idiopathique Pourquoi et comment faire un bilan ? c.-J. ARNAL (1), C. DOLET (1), C. BILISKO (2) (1) Médecin RRF; (2) MCMK; G.R.P., F61140 Juvigny-sous-Andaine. CONDUITE A TENIR DEVANT. .. ", Les risques d'évolution et leurs retentisse- ments importants à l'age adulte font du dépistage et de la surveillance de la scoliose chez l'enfant deux impératifs à ne pas mésestimer. La médecine scolaire « préventive » est un premier dépistage. Mais le diagnostic médical du spécialiste, et surtout le bilan médical et kinésithérapique complet, précis, répétitif et comparatif, permet- tront d'opter pour la meilleure thérapeutique possible, et d'évaluer le pronostic propre à chaque cas. L'équipe thérapeutique, médecin - chirur- gien - rééducateur - appareilleur, doit être unie afin de permettre une collaboration intime pour offrir le traitement et son suivi les mieux adaptés à chaque enfant. Pourquoi doit-on surveiller et!ou traiter une scoliose? Le risque scoliotique est de 4 pour 1000 naIssances. « Une politique de dépistage cohérente peut diminuer la fréquence des interventions chirurgi- cales de 70% ! Mais le dépistage reste artisanal, c'est affaire d'initiatives individuelles, d'actions désordonnées, de stratégies mal adaptées. Il a des effets pervers! Beaucoup trop de courbures bénignes sont traitées abusivement, beaucoup d'attitudes scoliotiques sont inutilement médica- lisées.» (Dimeglio). Tirés à part: C.-J. ARNAL, à l'adresse ci-dessus. Il est indispensable de suivre régulièrement et de traiter aussi efficacement que faire se peut un enfant scoliotique, en raison des risques cardio-pulmonaires pour les scolioses thoraci- ques, des risques douloureux pour les scolioses lombaires.."De plus, les risques neurologiques sont possibles pour toutes les scolioses; et le retentissement esthétique doit toujours être pris en considération. Définition de la scoliose C'est une déformation structurelle dans les 3 plans de l'espace : 1) dans le plan frontal: inflexion latérale (fig.l) ; 2) dans le plan sagittal: effacement de la lordose ou de la cyphose physiologique; 3) dans le plan horizontal: rotation vertébrale dont le reflet clinique est la gibbosité (fig.2). Les scolioses non structurales sont des atti- tudes scoliotiques, donc hors de notre propos, car d'évolution différente. Étiologie La scoliose est une maladie familiale et génétique. 70 à 80 % des scolioses sont dites idiopathi- ques et concernent les filles pour 80 % des cas. 20 % ont une étiologie (congénitale, neuro- musculaire, dysplasique, diverse).

La scoliose idiopathique - KINEDOC

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Page 1: La scoliose idiopathique - KINEDOC

Ann. Kin ésithér., 1989, t. 16, nO 9, pp. 393-403© Masson, Paris, 1989

La scoliose idiopathique

Pourquoi et comment faire un bilan ?

c.-J. ARNAL (1), C. DOLET (1), C. BILISKO (2)(1) Médecin RRF; (2) MCMK; G.R.P., F61140 Juvigny-sous-Andaine.

CONDUITE A TENIR DEVANT. ..

",Les risques d'évolution et leurs retentisse­

ments importants à l'age adulte font dudépistage et de la surveillance de la scoliosechez l'enfant deux impératifs à ne pasmésestimer.

La médecine scolaire « préventive » est unpremier dépistage.

Mais le diagnostic médical du spécialiste,et surtout le bilan médical et kinésithérapiquecomplet, précis, répétitif et comparatif, permet­tront d'opter pour la meilleure thérapeutiquepossible, et d'évaluer le pronostic propre àchaque cas.

L'équipe thérapeutique, médecin - chirur­gien - rééducateur - appareilleur, doit êtreunie afin de permettre une collaborationintime pour offrir le traitement et son suivi lesmieux adaptés à chaque enfant.

Pourquoi doit-on surveiller et!ou traiter unescoliose?

Le risque scoliotique est de 4 pour 1000naIssances.

« Une politique de dépistage cohérente peutdiminuer la fréquence des interventions chirurgi­cales de 70% ! Mais le dépistage reste artisanal,c'est affaire d'initiatives individuelles, d'actionsdésordonnées, de stratégies mal adaptées. Il ades effets pervers! Beaucoup trop de courburesbénignes sont traitées abusivement, beaucoupd'attitudes scoliotiques sont inutilement médica­lisées.» (Dimeglio).

Tirés à part: C.-J. ARNAL, à l'adresse ci-dessus.

Il est indispensable de suivre régulièrementet de traiter aussi efficacement que faire se peutun enfant scoliotique, en raison des risquescardio-pulmonaires pour les scolioses thoraci­ques, des risques douloureux pour les scolioseslombaires .."De plus, les risques neurologiquessont possibles pour toutes les scolioses; et leretentissement esthétique doit toujours être prisen considération.

Définition de la scoliose

C'est une déformation structurelle dans les3 plans de l'espace :1) dans le plan frontal: inflexion latérale (fig.l) ;2) dans le plan sagittal: effacement de la lordoseou de la cyphose physiologique;3) dans le plan horizontal: rotation vertébraledont le reflet clinique est la gibbosité (fig.2).

Les scolioses non structurales sont des atti­tudes scoliotiques, donc hors de notre propos,car d'évolution différente.

Étiologie

La scoliose est une maladie familiale etgénétique.

70 à 80 % des scolioses sont dites idiopathi­ques et concernent les filles pour 80 % des cas.

20 % ont une étiologie (congénitale, neuro­musculaire, dysplasique, diverse).

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394 Ann. Kinésithér., 1989, t. 16, n° 9

FIG. 2. - Gibbosité dorsale.

FIG. 1. - Scoliose, radiographie de face.

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RISSER

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o 5 10 15AGE

Croissance et puberté, l'évolution de lascoliose

Il faut surveiller la croissance de l'enfant :taille debout, taille assise,. reporter ces chiffressur les courbes, tenir compte du « tempsparcouru » et du « temps qu'il reste àparcounr ».

Ce qui compte dans l'évolution de la scoliose,c'est la vélocité de la croissance: si la vitesse decroissance de la taille debout, qui est d' 112 cmpar mois chez l'enfant, passe à 1 cm par mois,il s'agit du début de la phase pubertaire (fig.3).

FIG. 3. - Classification de Duval-Beaupère.

P = Puberté (1ers poils pubiens + mamelons ou testicules) F :10-11 ans G : 12-13 ans.RI + = 1 an après les Ires règlesRI + -+ R5 + - -sur 3 ans environ- - - - - - - - - Évolution de la scoliose------------- = Croissance du rachis.

IL FAUT QUELQUES POINTS DE REPÈRES

Avant la puberté, les 2/3 de la croissance sefont sur les membres inférieurs et 113 sur letronc. Dès le début de la puberté, les rapportss'inversent : 2/3 sur le tronc et 113 sur lesmembres inférieurs.

l _

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Ann. Kin ésithér., 1989, t. 16, n° 9 395

La puberté représente donc le virage dange­reux de la scoliose.

Elle commence à Il ans d'âge osseux chezla fille et à 13 ans d'âge osseux chez le garçon.

C'est le rachis qui endosse le pic de croissancepubertaire ..

Il faut donc :- assurer la prévention,- comprendre qu'entre orthopédie pédiatriqueet neurologie il n'y a qu'un pas qu'il faut enpermanence franchir,- mettre l'enfant sur ses courbes de croissance(cf. carnet de santé).

- Harri-Lucqué.- Dywer (voie antérieure).- Zielke (voie antérieure).- Cottrel-Dubousset: elle permet une correc-

tion satisfaisante des déformations dans les3 plans de l'espace et ne nécessite pas de plâtrepostopératoire. Elle autorise donc une repriserapide de la marche.

La rééducation garde toute son importancetant en période préopératoire qu'en période post­opératoire.

QUI FAUT-IL TRAITER?Le premier examen d'un enfant scoliotique

TABLEAU 1. - Traitement des scolioses d'après Dubousset.

Surveil- Observa-Traite-trai te-Traite-Traite-lance

tion oumentment or-mentment+

trai te-ortho-thopéd.chirur.chirur.kinésith.

mentpéd.ou++ortho-

+Chirur.

péd.kinésith.+

+kinésith.

kinésith.

Schématiquement, il faut traiter les enfantsen période de croissance dont la scoliose évolueà différents examens et a atteint 15°. Unescoliose de moins de 15 0, non évolutive, nerelève que d'une surveillance et de rééducationéventuellement.

Le traitement orthopédique est associé à larééducation et surveillé régulièrement, clinique­ment et radiologiquement. Il repose sur lescorsets, adaptés à chaque enfant (Lyonnais, 3ou 4 points, Milkwwaukee, Boston, etc...)

Le traitement chirurgical ne s'applique qu'àdes déformations importantes; citons les techni­ques de :

- Harrington : distraction dans la concavitéet contraction dans la convexité + plâtrepost-opératoire.

- Lucqué : dérotation à chaque étage.

« Le premier examen d'un enfant scoliotiqueest fondamental car c'est le premier contact avecles parents et l'enfant; il va orienter tout letraitement. » (Dubousset)

Il faut dépister la scoliose, donc y penser etla rechercher : car c'est une affection nondouloureuse.

Il faut à tout prix la dépister tôt, car cettemaladie va s'aggraver.

Sa surveillance sera donc primordiale dès leplus jeune âge et jusqu'à la fin de la puberté,car, quel que soit son traitement, la scolioserevient à peu près toujours à son angulation dedépart et sa prise en charge conditionne l'avenirà l'âge adulte.

Fait par le médecin, le premier examen doitpermettre le diagnostic de scoliose.

L'enfant étant nu, en slip, l'examen cliniquesera fait de dos, de profil et de face. Onrecherchera également la gibbosité en le faisantse pencher en avant, mains jointes et bassinéquilibré. La gibbosité est pathognomonique dela scoliose car elle est la traduction clinique dela rotation vertébrale: elle permet ainsi d'élimi­ner l'attitude scoliotique qui est une inflexionlatérale pure, réductible.

Le diagnostic sera confirmé par une téléra­diographie du rachis, de face et de profil.

On apprécie la rotation vertébrale par lamesure de la gibbosité en mm, et radiologique~ment, par le déplacement vers la concavité dela pointe de l'épineuse par rapport au corpsvertébral: cotation de 1+ à 4+ (fig.4). Cette

600

Kinésithérapiepré et post-oper.

500400300200

COMMENT LES TRAITER?

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396 Ann. Kinésithér., 1989, t. 16, nO 9

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1

1 1

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4-+ 3+- J,' 1'0

Fm. 4. - Appréciation de la rotation vertébrale.

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scoliose équilibrée scoliose déséquilibrée

1

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L

rotation vertébrale peut aussi être mesurée parle « torsiomètre » de Perdriolle.

La mesure des flèches latérales en mm ou encm, et la mesure en degrés sur la radio de facedonnent l'angulation des courbures par lamesure de Cobb (angle formé par les droites,ou leurs perpendiculaires, joignant le plateausupérieur de la vertèbre limite supérieure et leplateau inférieur de la vertèbre limite inférieurede la courbure) (fig.5 et 6).

La mesure des flèches sagittales en cm, lamesure d'angulation des courbures sagittales surla radio de profil, donnent habituellement uneffacement des courbures physiologiques (fig. 7).

Mesure de l'angle ilio-Iombaire du côté de laconvexité lombaire, sur la radio de face.

Obliquité des côtes : horizontalisation du côtéconcave et verticalisation du côté convexe.

On notera également :1) la réductibilité clinique de la déformation,

avec parfois nécessité de clichés radiologiquesspécifiques (Bending-test ou bien cliché sous­traction) ;

2) le retentissement esthétique (ascension del'épaule, gibbosité importante) ;

3) le retentissement sur la douleur (exception­nelle chez l'enfant) ;

4) le retentissement cardio-pulmonaire ouneurologique dans les formes sévères.

LE PRONOSTIC ÉVOLUTIF

Il dépend largement du potentiel de croissancerachidienne, d'où l'intérêt d'apprécier la crois-

Fm. 5. - Mesure clinique des flèches dans le plan frontal.

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Fm. 6. - Calcul de l'angulation sur les radiographies,selon Cobb.

Fm. 7. - Mesure cliniquedes flèches sagittales.

sance (courbe mensuelle), le stade pubertaire, lamaturité osseuse? (fig.6)

Il faut retenir que plus la scoliose est précoce,plus elle a un potentiel évolutif puisque sa durée

Page 5: La scoliose idiopathique - KINEDOC

FIG. 8. - Ossification des crètes iliaques (test de Risser).

d'évolution sera plus longue:- la scoliose infantile est très grave car elle

a un gros potentiel évolutif,- la scoliose juvénile (3 à Il ans) est grave,- la scoliose de l'adolescent est moins grave

car l'évolution est moins longue.

CONNAÎTRE L'ENFANT ET SA FAMILLE

Les rapports de l'enfant avec ses parents, lecomportement, le caractère de l'enfant, sesloisirs, sont autant d'éléments importants quipeuvent influer sur la décision thérapeutique, enfonction de la collaboration qui peut être espéréepour chaque cas particulier.

Enfin, et quelle que soit la gravité de lascoliose, la thérapeutique adoptée, il paraîtimportant, si l'on veut garder la confiance del'enfant et de ses parents, et que le traitementsoit bien accepté et suivi, de préciser dès cettepremière consultation :

- ce qu'est une scoliose; les diverses possibi­lités thérapeutiques, leurs buts et leurscontraintes;

- que la surveillance médicale et le traitementdevront être poursuivis jusqu'à la fin de lacrOIssance.

Comment effectuer et noter les éléments desbilans successifs

Avant toute rééducation d'un enfant scolioti­que, et régulièrement pendant la période dutraitement, le masseur-kinésithérapeute doiteffectuer un bilan précis, dair (et donc pascomplexe par excès !), et surtout comparatif.

Ann. Kinésithér., 1989, t. 16, n° 9 397

Les bilans guideront la rééducation en endonnant les grandes lignes et permettront desuivre l'évolution de la pathologie de l'enfant.

Pour être utile et accessible à tout moment,le bilan sera annoté et lisible et interprétable parun confrère (exemple fig. 9).

Pour effectuer son bilan, le masseur-kinésithé­rapeute utilisera conjointement l'interrogatoire,l'inspection et la palpation de son sujet.

Un examen complet peut, et doit être faitrapidement : en effet, 45 mn semblent être unmaximum au-delà duquel l'état de fatigue dusujet perturbe les résultats.

Est-il utile de rappeler que les mesureseffectuées sont souvent approchées? En effet, ilexiste un risque d'erreurs dues aux systèmes demesure (mètre-ruban, goniometre, etc...), à ladifficulté de prise de repères chez certains sujets,à la position de l'enfant qui varie selon son degréde fatigue corporelle, et enfin à l'examinateurlui-même qui peut être sujet à des variabilités,minimes mais existantes, d'appréciation. Globa­lement, toute interprétation doit tenir comptede 5% de marge d'erreur possible.

Le dossier M-K doit contenir, à notre sens,et au minimum : /

- l'état civil, le niveau scolaire et les loisirsde l'enfant,

- le diagnostic du médecin prescripteur,- les conseils et dominantes du médecin,- l'histoire de la maladie, les antécédents

médicaux et chirurgicaux de l'enfant et de safamille,

- la connaissance des examens radiographi­ques,

- le bilan clinique morphostatique et dynami­que noté sur sa fiche,

- le bilan photo très recommandé pour savaleur comparative,

- l'examen spirométrique.La conduite à tenir pour l'examen de l'enfant

qui est seul avec son examinateur, impose ledéshabillage (en slip) et la confiance de l'enfantenvers le thérapeute. '

TAILLE ET POIDS

Prise de mesure de la taille à la toise enposition sthénique :- taille debout, - taille assise, - poids.

Page 6: La scoliose idiopathique - KINEDOC

398 Ann. Kinésithér., 1989, t. 16, nO 9

C.R.F JUVIGNY/ANDAINE

NOK: PRENOK: Date de naissance:

DATEINITIALES EXAXIH. date:RADIO anSUl: rot:DIAGHOSTIC Points doul:SGHOEBER <10cm)ni veau:cm:AGE

1

Souplesse rachis R:~/Q,Pdebout +H-H :mvt libre

TAILLE~~/~~ ·:mvt 19rt limité

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FIG. 9. - Fiche de bilan.

EXAMEN CUTANÉ

Éventuels points douloureux (plus fréquentsdans les scolioses lombaires de l'adulte).

Évaluation de l'élasticité de la peau (en regarddes épineuses).

Surveillance de la cicatrice pour les sujetsayant été opérés.

EXAMEN STATIQUE

Il se fait dans les trois plans de l'espace

- de profil : bien que dans les examens de lastatique rachidienne, la ligne de gravité soitphysiologiquement hors-aplomb sagittal (Sohier­Heureux), l'axe trans-coxo-fémoral devrait êtreà l'aplomb de l'articulation de Chopart chez unsujet normo-équilibré.

Les déséquilibres seront notés sur le dossier.- de dos : le fil à plomb tombant entre les deuxpieds joints doit passer par le pli interfessier, lesépineuses et les lignes courbes occipitales.- de face : on apprécie, et on note de même les

L _

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TABLEAU II. - Appréciation des caractères sexuels secondaires. la longueur totale des membres, et en utilisantla pointe de la rotule pour la mesure segmentairede la cuisse et/ou de la jambe.

On effectue également un rapide bilan arti­culaire des articulations des membres inférieurs.

On termine par le bilan de l'hypo-extensibilitédes principaux muscles annexes : Psoas, Ischio­jambiers, Droits antérieurs, Tenseur du FasciaLata pour les M.I., ainsi que les musclesPectoraux, les Spinaux, les Fixateurs des omo­plates, et la « rétraction des flancs » (angleiliolombaire diminué).

GarçonFille

E 0 impubère

absencedepoilspu-absence de poilsbiens, verge et testicules

pubiens,seinsinfantiles voix clairé.

nondéveloppés.

E 1 prépubère

qq. poils pub., pas axil-début pilos. pub.,laires début dével.

or-début dével.

ganesgénitaux,voixseins.

claire.E 2 parapubère

poils pubiens, duvet ais-pilos. axil. et pub.,selles,

développement1res règles ou non,du sexe, voix en mue.

seins en dévelop-pemt.

E 3 pubère

toison pub. masquant lapilositéax.et

peau poils axil. et lèvrepub. + +seins

supérieure, sexedéve-développés, cycle

loppé, voix grave.menstruel depuis

6 mois.

déséquilibres du tronc et des ceintures pelvienneet scapulaire.- plan horizontal: regarder l'enfant en commen­çant par le bas pour analyser les rotations desmembres, des ceintures, du tronc et de la tête.

L'examen des pieds

1) On note si les pieds sont « normaux »,valgus ou varus.2) S'ils sont plus ou moins creux (antérieur oupostérieur), plus ou moins plats. L'empreinteplantaire au podoscope est recommandée.3) On note également l'angulation de l'axe despieds par rapport à la ligne joignant l'aplombde l'ombilic et du pli interfessier.

L'examen des membres inférieurs

Il faudra noter, de face, le valgus ou varus,uni ou bilatéral, ainsi que les déséquilibreslatéraux; de profil, le flexum ou le récurvatumainsi que le déséquilibre antérieur.

Il est indispensable de noter les inégalités delongueur des membres inférieurs (ILMI) pourconnaître l'origine d'un événtuel déséquilibre dubassin. L'appréciation de l'inégalité peut se fairedebout par la différence de niveau des ailesiliaques, mais elle sera quantifiée au mètre-rubanen mesurant la distance Epine iliaque antéro­supérieure (EIAS)/Malléole interne (MI) pour

L'examen du bassin

Il sera fait en charge, sans puis avec unecompensation sous le pied en cas d'ILMI, maisaussi assis et couché ..

Il faudra alors noter l'antéversion, la rétrover­sion, la bascule latérale ou la rotation du bassin(avancée d'une aile iliaque par rapport à l'autre).

L'examen du rachis

Le bassin étant équilibré (naturellement ouavec la compensation nécessaire).

Le repérage des épineuses se fait au crayondermographique d'un trait vertical, en pinçantd'une main entre deux doigts les bords latérauxdes épineuses. On numérote les vertèbres princi­pales (C7, D6, D12, L5) en se rappelant quel'angle supéro-interne de l'omoplate correspondà Dl, l'épineuse de l'omoplate à D3, la pointede l'omoplate à D7, la crète iliaque à L4 etl'épine iliaque postérosupérieure (EIPS) à S2.

Il faut ensuite effectuer la mesure des flècheslatérales le sujet étant vu de dos, des flèchessagittales le sujet de profil, en utilisant le fil àplomb tangeant à la zone la plus postérieure(occiput ou pli interfessier le slip étant baissé)et une règle graduée partant du O.

Il faut également noter si le rachis est équilibréou déséquilibré à gauche ou à droite (si le filà plomb issu de l'occiput tombe à .gauche ouà droite du pli interfessier).

On notera aussi la différence de niveau' desépaules, leur anté ou rétro-position, la positiondes omoplates l'une par rapport à l'autre(ascensionnée, décollée), l'anté ou la rétroprojec­tion de la tête, ainsi que l'asymétrie des plis detaille (angle thoraco-brachial).

Page 8: La scoliose idiopathique - KINEDOC

400 Ann. Kin ésithér. , 1989, t. 16, nO 9

niveau

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plomb

FIG. 10 et 11. - Appréciation clinique de la gibbosité.

Toute cette étude doit être faite en positionasthénique puis sthénique afin de visualiser lespossibilités de correction proprioceptive dechaque sujet.

EXAMEN DYNAMIQUE

L'examen dynamique portera sur l'ensembledu rachis, ainsi que sur la région cervicale.

Nous apprécierons ainsi les raideurs enFlexion, Extension, Inclinaisons latérales etRotations par les mobilisations actives et les testsde Schoeber (lombaire et dorsal) en regardantce que devient la distance « d » (la cm) priseen rectitude sur la'ligne des épineuses, lorsquel'enfant se penche en avant.

On mesure également la distance doigts-sol(DDS), genoux tendus, en flexion antérieure eten inclinaisons latérales.

Les raideurs et les douleurs éventuellespeuvent être notées sur « l'étoile de Maigne»avec un système de tirets (1, / /, / /1) pour lesraideurs; et de couleurs pour les douleurs.

Appréciation de la gibbosité du coté convexe dela scoliose qui est, rappelons-le, le reflet de larotation vertébrale par entraînement des côtesau niveau thoracique, et des muscles para­vertébraux au niveau lombaire ..

Nous pouvons utiliser le niveau à bulle ou lefil à plomb et la règle graduée (fig. 10 et 11)pour évaluer la différence de niveau entre le côtédroit et le côté gauche du tronc, à une mêmedistance des épineuses, le sujet se penchant enavant, mains jointes et genoux tendus; l'exami-

nateur observant le dos de l'enfant à jour frisantet le niveau de ses yeux au niveau de la gibbosité.

On apprécie également 'la dépression anté­rieure du thorax correspondant à une éventuelledéformation costale déjà installée.

Appréciation de la tonicité musculaire

Les tests classiques servant au « Testingmusculaire » seront utilisés pour évaluer lepotentiel de force musculaire des Ischio-jam­biers, Quadriceps, Abdominaux, Spinaux super­ficiels (extenseurs du rachis) et profonds (anti­gravifiques), et des fixateurs des omoplates.

On surveillera le déséquilibre entre Spinauxet Abdominaux, et surtout l'asymétrie de forcemusculaire des Spinaux droits et gauches.

EXAMEN RESPIRATOIRE

La Spirométrie, indispensable pour évaluer leretentissement du trouble orthopédique sur lafonction et les capacités respiratoires, doit êtrefaite au cabinet du M-K. Elle renseigneraessentiellement sur la capacité vitale (CV), levolume expiratoire à la seconde (VEMS), et lerapport de Tiffeneau (VEMS/CV), mais aussiet selon le matériel dont dispose chaque prati­cien, sur le VRI, le VRE et sur les adaptationsà l'effort de l'enfant.

Si cet enfant porte un corset, la comparaisondes valeurs avec et sans corset est importantepour juger de la contrainte de l'orthèse.

Cette étude respiratoire sera complétée par :- la prise des périmètres axillaire, xiphoïdien et

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ombilical en Inspiration et Expiration, à l'aidedu mètre-ruban.- le tracé cyrthométrique à la règle de plombarticulée, qui donnera une image plane ducontour thoracique en Inspiration et en Expira­tion avec et sans correction· active de l'enfantde son trouble orthopédique, et qui permettrade visualiser sur le papier les gibbosités posté­rieure (côté convexe) et antérieure (côté concavede la scoliose).

EXAMEN NEUROLOGIQUE

Déjà soigneusement effectué par le médecin,il nous renseignera sur

Ann. Kinésith ér., 1989, t. 16, n° 9 401

- les troubles des réflexes ostéo-tendineux(ROT),- les troubles sensitifs profonds et superficiels,- les troubles de l'équilibre et de la propriocep-tion,- les troubles sphinctériens, éventuels.

EXAMEN PHOTOGRAPHIQUE

L'utilité d'un dossier photographique se justi­fie à l'évidence par la comparaison aisée entredeux dates par l'image laissée sur le papier.

Les photos utiles sont : le cliché de face, deprofil, de dos, de la gibbosité, en ayant des

F A C E

DATE : 17 OCTOBRE 1980

PROFIL DROIT PROFIL GAUCHE GIBBOSITE

DATE : 11 FEVR TER 1981 ( SANS CORSET)

FIG. 12. - Exemples de dossiers.

( AVEC CORSET )

Page 10: La scoliose idiopathique - KINEDOC

402 Ann. Kinésithér., 1989, t. 16, n° 9

photos du sujet entier avec et/ou sans compensa­tion par talonnette.

Nous insistons sur l'utilité d'un tel dossier,d'autant qu'un appareil simple, peu onnéreuxet d'utilisation facile, est à la portée de tous.Notre expérience est faite à partir d'un appareilMamiya C330 sur pied, format 6 X 6, photosprises devant un tableau noir quadrillé, etdéveloppement des pellicules papier Noir etBlanc en « planche contact » des épreuves(fig. 12).

Notons l'utilisation possible - bien que n'enayant pas l'expérience - de la technique photo­graphique du moiré pour l'évaluation de lagibbosité.

Avant de conclure sur ce bilan, simple maiscomplet nous semble-t-il, rapide à effectuer pourle rééducateur habitué à cette pathologie cou­rante, signalons aux Kinésithérapeutes mal­voyants qu'ils sont bien sûr à-même de réaliserces examens, étant munis de rouleaux desparadrap pour remplacer le crayon dermogra­phique, de règles, mètres-rubans ou goniomètresadaptés à leur handicap. visuel; les principauxoutils étant à l'évidence leurs mains expérimen­tées!

BILAN DU PORT DU CORSET

Si l'enfant pris en charge suit un traitementorthopédique avec port d'un corset, il vousfaudra surveiller la tolérance de cette orthèse,masser à l'huile d'amandes douces les zones derougeur, vérifier que le corset soit bien porté sousle corset et qu'il soit à l'env~s (coutures surl'extérieur), et si besoin, adresser l'enfant à sonmédecin spécialiste ou son appareilleur pourd'éventuelles retouches.

Vous noterez les dates de renouvellement descorsets, les changements éventuels dans lesindications, les prescriptions, ainsi que lesrendez-vous et les conclusions du médecin derééducation et de l'orthopédiste.

Vous devez veiller au port régulier, nocturneou complet (18 à 23 h/24) de l'appareil selonla prescription médicale, et avertir le médecinde toute inquiétude de votre part ou de celle del'enfant et de sa famille.

Cet examen complet (fig. 9) permettra d'abou­tir à un pronostic de gravité et d'évolution. C'esten fonction de ce pronostic, conclu avec lemédecin, qu'il faudra traiter et surveiller letraitement.Au terme de ce bilan, qui sera répétitif etcomparatif, toutes les 10 à 15 séances environ,les bases de la rééducation et les grandesorientations thérapeutiques pourront être éta­blies, respectant, et quelles que soient lestechniques rééducatives utilisées, les grands axesqui sont :- l'assouplissement et le renforcement mus­culaire,- l'équilibration et l'affinement proprioceptif:en effet, la proprioception semble être à la basedu déséquilibre, car la scoliose idiopathique estfort probablement, et en premier lieu, laconséquence d'un trouble neurologique centralde la posture, de l'équilibration, de la stationérigée, en rapport avec un déséquilibre proprio­ceptif,- le travail ventilatoire et l'entraînement àl'effort, avec conseils sur les sports pratiquableset indispensables pour maintenir un équilibrephysique et psychologique (Natation et sportsd' extension),- l'hygiène de vie, qui vise à intégrer larééducation dans la vie de tous les jours,en ne perdant pas de vue cette notion : lakinésithérapie à elle seule ne peut enrayerl'aggravation de la scoliose, mais elle reste lecomplément indispensable du traitement ortho­pédique ou chirurgical.

Conclusion

Le bilan du sujet porteur d'une scolioseidiopathique est essentiel pour définir la conduiteà tenir au cours du traitement, et pour constaterl'évolution· du déséquilibre en fonction de lacroissance et de la maturité osseuse.

Il permet ainsi au Kinésithérapeute de colla­borer étroitement, et avec des arguments devaleur fondamentaux, au travail de l'équipethérapeutique: Médecin / Chirurgien / Réédu­cateur / Appareilleur.

Page 11: La scoliose idiopathique - KINEDOC

La confiance et la revalorisation du M-K parcertaines équipes médico-chirurgicales est-elleencore à obtenir?

Nous souhaitons que tout soit déjà fait ...Mais si cela reste encore à faire, ici ou là,

commençons par connaître notre jeune patient,savoir l'examiner, et le prouver! Cela pourraitet devrait commencer par exemple, par l'intégra­tion d'un praticien M-K consciencieux et habi­tué à pratiquer ce bilan, dans le cadre de lamédecine scolaire dite « préventive » ou « dedépistage ».

« Simplifier, démédicaliser, scolariser, auto­matiser, voilà les axes d'une action rationnelle.Efficacité avec le minimum de moyens, dépistageorganisé au moindre coût, prudence de laprescription orthopédique, chirurgicale, kinési­thérapique, libéralisme dans le port des corsets,surveillance de la croissance, expectative étiolo­gique, telles sont les grandes lignes d'unestratégie cohérente. » Dimeglio.

Electromyog raph ie.Séméiologie et physiopathologieE. GODAUXDessins de M.-C. Gouvart1989, 336 pages, 143 figures, 330 F*

Ann. Kinésithér., 1989, t. 16, nO 9 403

Références

1. CASTAING J., VIDEGRAIN M., RENAULT B. - « L'examenclinique du rachis ». Laboratoire Besins-Iscovesco, Paris1976.

2. C.R.F. JUVIGNY SI ANDAINE. - « La scoliose en 1986 »,E.P.U. non publié, Juvigny s/andaine 1986.

3. DIMEGLIO A. - « La croissance du rachis ». Quick Print,Montpellier 1986.

4. JOURNÉES G.K.T.S. - Palavas les flots, 1986.

5. JAMES J.I.P. - « La scoliose », Masson ed., 1971.

6. MICHAUD P. - « L'examen du sujet en gymnastiquemédicale », Paris, 1983.

7. PERDRIOLLE R., VIDAL J. - « Étude de la courburescoliotique. Importance de l'extension et de la rotationvertébrale ». ACQ 1981.

8. RÉÉDUCATION 87. - Journée de médecine physique et derééducation 1987, Paris, 1987.

9. ROUVES J. c., PERPIGNAN J. - « Étirement du rachis etrefoulement des gibbosités », Maloine éd. 1972.

10. SOHIER R., HEUREUX P. - « Kinésithérapie des rachisscoliotiques ». Mécaprint éd. Bruxelles (non daté).

11. STAGNARA P. - « Les déformations du rachis », Masson éd.,1984.

Explique de façon claire et logique les phénomènes électriques quel'électromyographiste rencontre en pratique quotidienne. L'ouvrageest composé de planches d'illustrations accompagnées de textescourts et aborde successivement la physiologie des neurones, de lafonction neuromusculaire, de la fibre musculaire, la séméiologie élec­tromyographique, la pathologie du système nerveux périphérique etdu muscle.

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