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LA THÉORIE ARISTOTÉLICIENNE DE L'ESCLAVAGE : TENDANCES ACTUELLES DE L'INTERPRÉTATION Author(s): Pierre Pellegrin Source: Revue Philosophique de la France et de l'Étranger, T. 172, No. 2, ÉTUDES DE PHILOSOPHIE ANCIENNE: Hommage à Pierre-Maxime Schuhl pour son quatre-vingtième anniversaire (Avril-Juin 1982), pp. 345-357 Published by: Presses Universitaires de France Stable URL: http://www.jstor.org/stable/41093335 . Accessed: 30/12/2013 10:02 Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at . http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp . JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact [email protected]. . Presses Universitaires de France is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Revue Philosophique de la France et de l'Étranger. http://www.jstor.org This content downloaded from 193.55.96.119 on Mon, 30 Dec 2013 10:02:04 AM All use subject to JSTOR Terms and Conditions

La Théorie Aristotélicienne de l'Esclavage_pellegrin

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  • LA THORIE ARISTOTLICIENNE DE L'ESCLAVAGE : TENDANCES ACTUELLES DEL'INTERPRTATIONAuthor(s): Pierre PellegrinSource: Revue Philosophique de la France et de l'tranger, T. 172, No. 2, TUDES DEPHILOSOPHIE ANCIENNE: Hommage Pierre-Maxime Schuhl pour son quatre-vingtimeanniversaire (Avril-Juin 1982), pp. 345-357Published by: Presses Universitaires de FranceStable URL: http://www.jstor.org/stable/41093335 .Accessed: 30/12/2013 10:02

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  • LA THORIE ARISTOTLICIENNE DE L'ESCLAVAGE : TENDANCES ACTUELLES

    DE L'INTERPRTATION

    Bien que certains historiens de la philosophie soient priodique- ment tents de passer par-dessus les productions sculaires des commentateurs pour retrouver la fracheur des textes, il n'est pas besoin de dmontrer ici le caractre fantastique de cette tentation. Je me contenterai donc d'noncer cette thse sans chercher l'ta- blir : notre lecture d'Aristote est irrmdiablement mdiatise par une littrature hermneutique que ne peuvent ignorer ni ceux qui s'ins- crivent en faux contre elle, ni mme ceux qui n'ont pas voulu l'tudier.

    Ce que, par contre, beaucoup d'entre nous n'ont pas encore pris l'habitude de faire, c'est de traiter cette production des interprtes comme un vritable objet historique. Peut-tre va-t-on bientt assister au dveloppement d'une histoire autonome des interprtations, qui n'ait plus pour objet final une elucidation des textes qu'elles interprtent.

    Tel n'est pas mon propos. Je voudrais, en effet, me demander si les conditions existent pour que du nouveau apparaisse dans l'inter- prtation de la thorie aristotlicienne de l'esclavage. Mais cette entreprise reste ordonne une lecture plus juste du texte aristot- licien. Loin donc d'entreprendre une histoire, mme rduite l'horizon des dernires dcennies, de l'interprtation de ce point de la doctrine de Stagirite, je me contenterai de rendre plus mani- feste le mouvement de cette interprtation. Pour cela je reprendrai simplement la distinction diltheyenne entre comprhension et Revue philosophique, n 2/1982

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  • 346 Pierre Pellegrin

    explication dans le sens que lui donnait Lucien Goldmann : ... la comprhension est la mise en lumire d'une structure significative immanente Vobjet tudi (...). L'explication n'est rien d'autre que l'insertion de cette structure (...) dans une structure immdiatement englobante (...). A titre d'exemple : comprendre les Penses ou les tragdies de Racine, c'est mettre en lumire la vision tragique qui constitue la structure significative rgissant l'ensemble de chacune de ces uvres ; mais comprendre la structure du jansnisme extr- miste c'est expliquer la gense des Penses et des tragdies raci- niennes m1.

    A propos de l'interprtation de la thorie aristotlicienne de l'esclavage, nous assistons une progression alterne de la comprhen- sion et de l'explication de cette conception. Or, depuis les Etudes sur la Politique de M. Defourny, la comprhension des textes aristot- liciens sur l'esclavage a bien progress. Defourny avait clairement pos l'une des apories de la conception aristotlicienne de l'esclavage en opposant des textes de la Politique, de YEthique Nicomaque et de YEconomique (bien que Defourny tienne ce dernier ouvrage pour entirement tranger la plume d'Aristote lui-mme) : II reste qu'il y a chez Aristote deux thories de l'esclavage, l'une refuse la libert l'esclave, comme incapable d'en jouir : elle lui serait inutile et mme dangereuse. L'autre le suppose en tat d'en jouir et la lui prsente comme suprme rcompense de ses tra- vaux 2. La solution d'Aristote serait, selon Defourny, qu'il fau- drait donner aux esclaves mritants une sorte de libert l'essai pendant laquelle ils feraient ou non leurs preuves rvlant ainsi leur nature profonde : esclaves par nature, pour lesquels il est la fois juste et avantageux d'tre asservis, ou sujets humains capables d'assumer les prrogatives de l'homme libre. L'interprtation de Defourny n'est pas invraisemblable, mais elle reste ce qu'elle est : une induction partir de textes qui, cependant, ne peut plus relle- ment s'appuyer sur des textes.

    Pour montrer les progrs de notre comprhension des textes d'Aristote sur l'esclavage, je n'voquerai que deux articles. Celui d'Olof Gigon d'abord, Die Sklaverei bei Aristoteles 3, qui s'appuie sur une tude minutieuse des textes de la Politique et dont le plus grand mrite est sans doute d'en exposer les difficults. Celui de Victor

    1. L. Goldmann, Marxisme et sciences humaines, Paris, Gallimard, coll. Ides . p. 66. 2. M. Defourny, Aristote. Etudes sur la Politique , Paris, 1932, p. 33. . Article paru dans le volume consacr la Politique d' Aristote des

    Entretiens sur l'Antiquit classique, t. XI, Vanduvres-Paris, 1965, pp. 245-276.

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  • La thorie aristotlicienne de l'esclavage 347

    Goldschmidt aussi4, moins souvent cit, dans lequel il tablit que dans le texte du livre I de la Politique, contrairement sa mthode habituelle, Aristote construit d'abord le concept d'esclave avant de se demander s'il existe des tres rels subsumables sous ce concept. Toutes ces interprtations comprhensives sont d'ailleurs en partie explicatives en ce qu'elles rapportent les textes du Sta- girite la situation du travail servile de l'poque (Defourny) ou l'environnement idologique et notamment aux dbats en cours sur l'esclavage aux ve et ive sicles (Goldschmidt).

    On pourrait ds lors se demander si le moment n'est pas venu pour l'explication de progresser de manire assez significative, si elle veut rattraper la comprhension. Or cet clairage explicatif ne peut venir que du dehors, d'aprs la dfinition mme du concept d'explication. Ce n'est donc pas dans les ouvrages de ses collgues que l'historien de la philosophie doit aller chercher les moyens de cette avance explicative.

    Du ct des historiens, les travaux ne manquent pas qui sont quasi indispensables qui s'intresse l'esclavage chez Aristote. Je ne parlerai que du dernier paru, celui de M. I. Finley, Esclavage antique et idologie moderne, dont il faut se rjouir qu'il ait t si vite traduit en franais5. Livre prcieux pour les philosophes parce qu'il est critique. Finley montre d'abord, en s'appuyant sur une remar- quable rudition reflte par l'abondante bibliographie, combien l'tude de l'esclavage antique est hypothque par les positions idologiques de ceux qui s'y sont livrs. L'auteur se trouve ainsi amen, dans son premier chapitre, faire une histoire des histoires de l'esclavage. L'historien de la philosophie ne doit pas l'en blmer mais, au contraire, lui faire peut-tre reproche de n'avoir pas men cette entreprise terme : quitte crire une histoire au second degr, Finley aurait pu prendre en compte, pour en faire l'histoire, les diverses interprtations modernes des crits des Anciens sur l'escla- vage. Il ne l'a pas fait, ce qui explique, par exemple, que les trois textes voqus plus haut soient absents de sa bibliographie.

    Ensuite, et surtout, Finley, en prcisant les conditions de possi- bilit d'une socit esclavagiste, rfute dfinitivement un certain nombre de conceptions errones. Ainsi, exemple entre bien d'autres, tablit-il que si la conqute militaire amne des transformations de l'esclavage, elle n'en explique pas l'mergence. De mme, en insis-

    4. La thorie aristotlicienne de l'esclavage et sa mthode, in Ztsis, Album amicorum (Mlanges E. de Strycker), Antwerpen, 1973, pp. 147-163.

    5. Traduit par Denis Fourgous, Pans, Ed. de Minuit, 1981.

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  • 348 Pierre Pellegrin

    tant bien sur la coexistence de travailleurs de statut diffrent - les uns libres, les autres esclaves - souvent attels aux mmes tches, Finley est-il amen construire un concept de l'esclave bien plus opratoire que ceux qu'avaient proposs ses prdcesseurs, concept qui tient notamment compte de ce fait rarement pris en considration que les esclaves forment une classe logique et juridique, mais non, en quelque sens usuel qu'on prenne ce terme, une classe sociale {p. 100) du fait de l'htrognit de leurs situations relles8.

    Des philosophes, Finley parle peu. Encore en dit-il l'essentiel : La seule tentative antique subsistante d'une analyse de l'esclavage se trouve dans le premier livre de la Politique d'Aristote (p. 158), et la philosophie morale post-aristotlicienne fut marque par une nette rupture entre moralit et socit, (...) par une insistance logique sur l'indiffrence des apparences telles que le statut social, y compris la libert personnelle au sens juridique du terme (p. 161). Sans doute Finley minimise-t-il un peu abusivement le dbat ido- logique qui avait lieu autour de l'esclavage l'poque de Platon et d'Aristote et dont le texte de la Politique se fait explicitement et largement l'cho. Par contre il n'y a rien redire ce qu'il crit des stociens romains, des chrtiens aussi bien que de Spartacus : aucun d'entre eux ne peut, de prs ou de loin, tre dit anti-esclavagiste. En ne remplaant pas le travestissement idyllique de l'histoire par une quelconque vertueuse indignation, Finley pose donc, pour l'historien de la philosophie, les pralables ncessaires toute interprtation correcte des doctrines antiques concernant l'esclavage.

    Mais recommander aux historiens de la philosophie de lire Finley ne saurait les surprendre, tant c'est dj pour eux une habitude ancienne que de recourir aux historiens. Il est par contre une autre discipline, malheureusement moins prise de ces mmes historiens de la philosophie antique, qui me parat un instrument irrempla- able pour avancer dans la voie de l'explication de la doctrine aristo- tlicienne de l'esclavage, c'est Y anthropologie sociale.

    6. M. I. Finley est particulirement prcieux par son anti-dogmatisme. La citation ci-dessus suffirait presque faire justice des accusations d'un cri- tique qui lui reproche, propos d'un autre de ses ouvrages, de tomber dans le marxisme le plus ordinaire (Emmanuel Todd, dans Le Monde du 12 fvrier 1982, p. 17). L'auteur de l'article avoue s'y tre peu retrouv dans un livre qui est un jardin plant l'anglaise plutt que taill la franaise . Peut-tre les Franais, qui ne me semblent plus tre les matres du monde intel- lectuel depuis prs de deux sicles, devraient-ils s'habituer cet air faussement nglig de l'expos chez les matres anglo-saxons. Il est en tout cas au moins dangereux, pour un critique, de dclarer incomprhensible un texte sous le seul prtexte qu'il ne l'a pas compris...

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  • La thorie aristotlicienne de l'esclavage 349

    Certes un pas dcisif avait t franchi par Louis Gernet et ses continuateurs comme Jean-Pierre Vernant et Pierre Vidal-Naquet (pour ne parler que des chercheurs de langue franaise), quand ils ont montr que les concepts de l'anthropologie s'appliquaient aussi la socit grecque ancienne. Cette dmarche, qui nous parat aujourd'hui aller de soi, avait permis un progrs important en deux domaines. Celui des tudes anciennes d'abord en mettant fin une conception, en dfinitive raciste, qui faisait de la civilisation hell- nique une culture part non justiciable des catgories qui nous servent penser les autres cultures : on songe un peu, mutatis mutandis, Darwin rfutant l'ide d'un rgne humain spar du rgne animal. Celui de l'anthropologie elle-mme ensuite : cette extension de ses concepts et mthodes l'aire culturelle grecque a contribu lui donner la force de devenir ce qu'elle devait tre, la science de toutes les formations sociales et non plus seulement l'tude des socits primitives .

    Or, l'heure actuelle, l'esclavage est au centre de la recherche anthropologique, notamment du fait de la multiplication des tudes portant sur les rapports de dpendance au sein des socits ligna- gres. Nous savons aujourd'hui - mais l'avons-nous jamais vrai- ment totalement ignor, mme du temps o un no-rousseauisme trouble rgnait sur l'anthropologie primitive ? - que les socits lignagres, socits pourtant sans Etat, donc, du point de vue marxiste, sans classes, non seulement taient traverses de rapports hirarchiques fort peu plastiques, mais avaient mme souvent des esclaves. Et il s'agit d'un esclavage vritable, non d'une forme de dpendance qui en aurait abusivement reu le nom. Les esclaves y sont des travailleurs acquis contre leur gr (par la guerre, l'enl- vement ou le commerce), qui sont proprit non, sans doute, d'un individu, mais d'un lignage, et qui, cependant, restent exclus de ce lignage : ainsi la plupart du temps reoivent-ils des noms sym- boliques qui rappellent leur asservissement, se voient-ils refuser les unions matrimoniales lgitimes, sont-ils exclus de la vie politique et religieuse, encourent-ils des punitions spcifiques. Leur infriorit est marque jusque dans la mort : souvent inhums la sauvette hors du champ sacr rserv la dpouille des hommes libres, ils sont parfois sacrifis pour accompagner leurs matres dans l'au-del ou manifester la richesse du lignage qui les possde. Plusieurs traits caractristiques, par contre, distinguent l'esclavage des socits lignagres de l'esclavage dans les socits tatiques et notamment dans la formation sociale grecque de l'poque d'Aristote, pour laquelle je parlerai de mode de production esclavagiste , en don-

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  • 350 Pierre Pellegrin

    nant cette expression un contenu plus descriptif que thorique. Relevons deux de ces traits. D'abord les esclaves sont en nombre limit, toujours trs minoritaires par rapport la population totale du lignage qui les possde. Prenant l'exemple d'un petit village adioukrou (basse Cte-d' Ivoire), Harris Mmel-Fot a pu calculer qu' la fin du xixe sicle, avant l'abolition officielle de l'esclavage par le colonisateur, la population servile, en majorit masculine, reprsentait 6,8 % de la population actuelle du village et qu' cette poque le village tait plus peupl qu'aujourd'hui ; si bien que chaque lignage possdait en moyenne deux esclaves 7. Dans de telles socits les matres pouvaient donc s'attendre une crimina- lit servile, mais ils n'avaient redouter aucun soulvement d'esclaves. Deuxime trait : il existe un procs d'intgration des esclaves aux lignages dont ils dpendent. A l'origine l'esclave est doublement hors lignage : il vient d'ailleurs - car on ne peut avoir comme esclaves des gens de son peuple, et dans les socits o existe la rduction l'esclavage en punition de certains dlits, les condamns sont cds d'autres peuples - , et sa descendance est par dfinition illgitime. Mais assez rapidement, souvent au bout de deux ou trois gnrations, les enfants issus d'esclaves peuvent tre intgrs au lignage par une union matrimoniale lgitime. Plusieurs tudes ont montr tout cela8.

    Il ne fait de doute pour personne que l'analyse aristotlicienne de l'esclavage - et surtout les chapitres qu'y consacre le livre I de la Politique - a une fonction idologique au sens marxiste du mot. Il s'agit bien, en dernier ressort, de justifier, en prtendant la fonder sur des faits naturels donc incontestables, la pratique sociale de l'esclavage. Sur le fond de cette justification, nulle surprise : le discours des classes dominantes a toujours prsent l'oppression non seulement comme ncessaire (naturelle), mais comme profitable aussi ceux qui la subissent. Il est donc bon pour l'esclave d'tre esclave.

    Pourtant nous aimons penser qu'Aristote, dont le livre I de la Politique et le livre X de VEthique Nicomaque nous montrent les positions paternalistes en ce qui concerne les relations entre matre

    7. Harris Mmel-Fot, Le systme politique de Lodjoukrou, une socit lignagre classes d'ge ( Cte-d' Ivoire ), Paris, d. Prsence africaine, 1980, p. 126, ouvrage excellent, l'un de ceux qui, sur un exemple prcis, dmontrent le mieux les mcanismes des socits lignagres.

    . voir par exemple

  • La thorie aristotlicienne de V esclavage 351

    et esclave, devait tre choqu par la brutalit avide des entrepre- neurs de son temps. Car la ralit de l'esclavage de son temps, c'est celle du mode de production esclavagiste, avec, notamment, de grandes concentrations de main-d'uvre servile dans ce qu'on peut appeler des manufactures. En fait, des ventuelles positions huma- nitaires du Stagirite en faveur des esclaves nous ne savons rien : si ses textes condamnent l'exploitation forcene du travail humain en vue des plus gros profits possibles, ce n'est pas pour allger la peine des esclaves, mais pour permettre aux matres cet panouissement intel- lectuel et affectif que peut seule procurer la vie de loisir. Pour lui donc les principales victimes du systme esclavagiste, ce ne sont pas les esclaves qui, en travaillant, ne font que raliser la fin que la nature leur a assigne, mais les matres guetts par la tentation du profit.

    Mais finalement, par-del les positions morales relles ou sup- poses d'Aristote dans cette affaire, ce qui nous tonne le plus, c'est peut-tre de le voir dfendre en la justifiant une forme d'esclavage domestique qui tait loin d'tre la forme de pointe son poque. Sans traiter ce problme en dtail, on peut remarquer que souvent - et l'on peut mme considrer cela comme une rgle - la justi- fication idologique d'une pratique sociale est dcale par rapport la pratique qu'elle prtend justifier. Ainsi voit-on notre poque de mainmise des grands groupes transnationaux sur l'conomie, la floraison chez certains idologues d'un discours libral. Peut-tre la justification, conduite dfensive et de ce fait incapable de pro- duire du nouveau, est-elle condamne chercher ses modles dans le dj-vu . Mais si l'on prtend entrer plus avant dans le texte d'Aristote, le recours l'anthropologie sociale devient invitable.

    Car il est insuffisant de dire que le Stagirite dfend une forme domestique de l'esclavage qui, son poque, n'est plus la seule exis- tante et n'est peut-tre mme plus la forme dominante de l'escla- vage. Je pense qu'on peut hasarder l'hypothse suivante : Aristote n'est pas partisan d'une forme restreinte du mode de production esclavagiste, au sens o certains de nos contemporains peuvent, contre les grandes entreprises, se dire en faveur d'usines visage humain , mais qui continuent fonctionner selon les normes de l'conomie capitaliste. L'esclavage qu'Aristote dfend n'est pas une conception hybride, mais cohrente : c'est l'esclavage lignager, sans doute prsent son poque et dans la mmoire collective grecque (et le texte aristotlicien n'est pas sans rfrences archaques : Homre, Hsiode), et chez les peuples barbares sans Etat dont les Grecs du ive sicle ne pouvaient pas ignorer l'existence. On peut asseoir cette hypothse sur plusieurs remarques.

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  • 352 Pierre Pellegrin

    II est d'abord certain que pour Aristote l'esclave n'est, dans la cellule productive que constitue la famille, qu'une force d'appoint en deux sens de cette expression. D'abord il est annex un lignage dj constitu. L'ordre mme d'exposition du texte de la Politique montre bien cela : Aristote n'y aborde le problme de l'esclavage qu'aprs y avoir dfini et tudi la famille et le village. Or il s'agit l de deux ralits lignagres : cela est vident pour la famille, et Aristote l'affirme expressment du village, puisque, dit-il, ses membres sont appels nourris du mme lait , enfants et enfants d'enfants (I, 2, 1252 b 17) ; or l'on sait que tout lignage se dfinit lui-mme par une consanguinit au moins mythique. Les esclaves, au contraire, sont des gens possds par le lignage mais non intgrs lui. Force d'appoint aussi en ce que les esclaves semblent devoir tre en nombre restreint. Certes ils sont ncessaires, puisque, ainsi que le rappelle un passage fameux et d'interprtation controverse, les navettes ne tissent pas toutes seules, mais ils sont comme rajouts au travail du chef de famille et de sa parentle. C'est en ce sens qu'il faut comprendre le passage dans lequel Aristote crit que le buf tient lieu de serviteur aux pauvres (I, 2, 1252 b 12).

    Comment un lignage se procure-t-il des esclaves ? Aristote n'aborde pas ce problme tout de suite, mais dfinit d'abord la place des esclaves au sein de la famille, puis les caractres qui font d'un individu un esclave par nature . Dans la logique de sa doc- trine selon laquelle doivent tre esclaves ceux qui la nature a donn une me d'esclave et pour lesquels il est la fois impossible de commander et avantageux d'obir, on devrait s'attendre ce qu'Aristote pense possible l'asservissement de certains membres de la famille reconnus stupides. D'autant plus que le Stagirite affirme souvent que, dans notre monde sub-lunaire, les alas de la reproduc- tion des vivants peuvent fort bien pourvoir le sage d'une descendance indigne, voire physiquement et intellectuellement monstrueuse. D'autre part, s'il rapporte plusieurs fois l'opinion que les barbares sont naturellement esclaves, il la prsente comme une opinion commune des Grecs qu'il appuie mme une fois de l'autorit d'Homre (I, 2, 1252 b 9) et ne la reprend pas expressment son compte : il s'interdit donc de poser un critre racial absolu qui donnerait une solution immdiate au problme de l'approvisionne- ment en esclaves9. Tout est donc en place pour qu'Aristote lie ce

    9. La perception des barbares par Aristote est complexe. Nul doute que, comme tous ses contemporains grecs, il ne croie la supriorit des Hellnes. Mais il essaye de fonder cette supriorit sur des donnes objectives : d'o la

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  • La thorie aristotlicienne de V esclavage 353

    problme la constitution d'une psychologie des aptitudes, ayant une fonction socio-idologique comparable celle de nos tests psychologiques, qui aurait donn un semblant d'objectivit la discrimination homme libre / esclave. Pourtant, en fin de compte, Aristote affirme en son nom propre, et non en citant l'opinion d'autrui que l'art d'acqurir des esclaves, celui qui est lgitime, (...) a rapport l'art de la guerre ou de la chasse (I, 7, 1255 b 37). Contre la logique mme de ses conceptions psychologiques et gntiques, Aristote soutient donc la thse que l'esclave c'est celui qui se capture : il est donc comme contraint par quelque chose qui est, en quelque sorte, plus fort que la logique de son propre discours10. Je suis assez enclin penser que cette chose vient du systme esclavagiste lignager : c'est le refus d'admettre la possibilit de l'asservissement d'un membre de l'ethnie au sein de cette ethnie. Le mode de production esclavagiste, au contraire, mme s'il a comme rgle gnrale d'aller puiser ses esclaves dans les formations sociales extrieures, n'hsitera pas asservir des concitoyens, pour dettes par exemple.

    Il est une autre contradiction de la position aristotlicienne qui peut prendre un sens si l'on dcle, derrire la justification de l'esclavage par le Stagirite, la prsence agissante de l'esclavage lignager. Il s'agit du problme, galement examin, nous l'avons vu, par Defourny, de l'affranchissement des esclaves. Sur l'affran- chissement et les affranchis nous en savons beaucoup moins pour l'poque d'Aristote que pour l'Empire romain par exemple. Ce qui est certain, c'est que le mode de production esclavagiste ne peut pas se proposer l'affranchissement comme le destin normal de l'esclave ou de sa descendance. Sans invoquer de raisons conomiques, et en s'en tenant aux sentiments conscients des acteurs sociaux, cela

    thorie des climats de la Politique (VII, 7) qui n'est peut-tre, de la part d'Aris- tote, qu'une rfrence un savoir labor par d'autres et considr par lui comme acquis (parmi ces autres il y aurait notamment l'auteur du trait hippocra tique Des airs, des eaux, des lieux). Ainsi lit-on dans la Politique (III, 14, 1285 a 20) : Comme les barbares sont par le caractre (x ^ 07)) naturelle- ment plus serviles que les Grecs, et que les Asiatiques le sont plus que les Euro- pens, ils supportent le pouvoir despotique sans jamais sourciller. Finalement les textes d'Aristote me laissent l'impression - qui requerrait une tude plua prcise pour devenir une conviction - que d'une part l'infriorit du barbare est tendancielle et non tablie pour tous les cas, et que, d'autre part, cette infriorit s'applique surtout au barbare dans son milieu go-politique.

    10. Aristote relve lui-mme plusieurs fois, chez ses prdcesseurs, le iait que la cohrence du discours se brise parfois sur quelque chose de plus solide qu'elle, notamment les faits. Cf. Parties des animaux, I, 1, 642 a 18 ; Gnration et corruption, I, 8, 325 a 17...

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  • 354 Pierre Pellegrin

    et reprsent un bouleversement inadmissible de l'ordre du monde : Georges Devereux l'avait montr propos des hilotes dans un article remarquable11. Or Aristote dclare qu'il faut promettre la libert comme rcompense de leurs bons et loyaux services tous les esclaves [Politique, VII, 10, 1130 a 31, repris par l'auteur de V Eco- nomique, I, 5, 1344 b 15 qui crit que la libert doit tre le terme- accomplissement (rXo) fix tous les esclaves). Je ne crois pas que l'on puisse soutenir que ces textes recommandent aux matres de faire de fausses promesses pour avoir la paix domestique. Si bien que cette affirmation d 'Aristote se trouve tre en contradiction non seulement avec l'idologie du mode de production esclavagiste, mais aussi avec la thorie aristotlicienne de l'esclavage naturel elle-mme. Car l'esclave par nature ne pourra faire qu'un mauvais usage d'une libert laquelle il est naturellement inapte. Or de mme que le mode de production esclavagiste scrte ncessaire- ment l'ide de la prennit de la condition servile (l'affranchissement tant r exception) de mme le systme esclavagiste lignager, les anthropologues que j'ai cits l'ont bien montr, ne peut faire autre- ment que de prsenter l'intgration aux lignages comme la fin, au sens de tsXo, de l'esclavage. Le maintien de son idologie patriar- cale, notamment, est ce prix. Encore une fois, donc, Aristote pense l'esclavage travers les catgories de la socit lignagre.

    Je ferai ma dernire remarque sous la forme d'un commentaire du passage dans lequel Aristote prtend tablir que l'esclave est un instrument dans l'ordre de la praxis et non de la production. Une lecture trop immdiate, et d'ailleurs encourage par le fait qu'Aris- tote ne donne comme exemples de travaux serviles que des travaux que nous dirions aujourd'hui d'intrieur (cuisine...), pourrait laisser penser que pour Aristote les esclaves sont des domestiques au sens actuel du terme12. Et Jacques Brunschwig en concluait dans un article rcent : (...) le rle que pouvait jouer l'esclavage dans la production agricole ou industrielle de la Grce antique est tout bonnement escamot par le thoricien Aristote 13.

    Reprenons rapidement la suite des ides de ce bref chapitre IV du livre I de la Politique. Il s'articule autour de deux grandes distinctions dont la premire entre instruments (organa) anims et inanims place l'esclave dans ceux-l. La deuxime, que l'on

    11. G. Devereux, La psychanalyse et l'histoire, une application l'histoire de Sparte, Annales, Economies, Socits. Civilisations. 1965. n 1. nn. 18-44. 12. Ainsi J. Aubonnet dans une note de sa traduction de la Politique t. I, p. 18, n. 1 (rejete p. 114).

    ' 13. L esclavage chez Aristote, Cahiers philosophiques (cndp, sept. 1979.

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  • La thorie aristotlicienne de l'esclavage 355

    retrouve souvent chez Aristote, oppose production (posis) et action (praxis). Cette seconde distinction est introduite par le membre de phrase suivant : Ta [lv o5v Xeyfi-evoc pyocva noir- Tix pyava

  • 356 Pierre Pellegrin

    compte en franais, mais plus faiblement, par une mtaphore biologique, en disant que l'esclave est membre de la famille.

    Nous avons dans cette non-sparation, en un sens quasi biolo- gique, du suprieur et des subordonns, une des caractristiques fondamentales de l'idologie lignagre. Dans les socits lignagres, en effet, grontocratiques, voire patriarcales, les dpendants sont de deux sortes (si on laisse de ct le cas des femmes pacifiquement acquises par l'change matrimonial). Il y a d'abord les enfants qui sont comme les membres du (ou des) pre (s) ou des anctres, comme les croyants sont membres du corps du Christ. Il y a aussi les esclaves, parties rajoutes et achetes, qui sont aux enfants ce que le manteau est au corps14.

    Certes l'esclave peut produire, et devenir de ce fait un instru- ment potique ; mais la main le peut aussi. Tous deux le feront par accident parce que leur matre et possesseur le leur enjoint. Mais fondamentalement Aristote pense l'esclavage dans une perspective organiciste qui est lignagre.

    Les historiens de la philosophie antique ne doivent donc pas se dsintresser de ce concept de socit lignagre et de tous les concepts conjoints que les anthropologues sont en train de construire.

    Pour en revenir au texte aristotlicien lui-mme, il est certain que sa principale tension est dans le dcalage entre la tentative de penser (et de justifier) l'esclavage sous sa forme lignagre et la ralit grecque environnante, qui tait celle d'un mode de produc- tion esclavagiste. On trouve, en filigrane du texte d'Aristote, l'ide que la forme prise par l'esclavage son poque est une perversion, due l'apptit de gain des matres, de la forme naturelle ligna- gre. Explication videmment faible pour rendre compte du pas- sage d'une forme une autre, radicalement diffrente.

    Et le texte de la Politique lui-mme rvle parfois d'o est faite cette rfrence un esclavage lignager depuis longtemps aboli : plusieurs fois on s'aperoit que c'est un citoyen-philosophe qui parle et non un chef de lignage et que son propos, donc, prsuppose le mode de production esclavagiste. Ainsi l'allusion une formation professionnelle des esclaves dans des coles spcialises (1255 b 22 sq.)

    14. De mme ceux que, sous l'Ancien Rgime, on appelait des domes- tiques taient la fois considrs comme des membres de la famille et sou- vent attels des travaux productifs notamment agricoles. Pour une tentative d'analyse de l'esclave comme instrument, mais hors de toute rfrence anthro- pologique, cf. parmi les publications rcentes : Pierre Camus, L'esclave en tant qu'opyavov chez Aristote, Schiavitatu, Manomissione e classi dependenti nel mondo antico, Padoue, 1979, pp. 99-104.

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  • La thorie aristotlicienne de l'esclavage 357

    qu'Aristote semble approuver, ou le conseil qu'il donne de se dcharger sur un intendant du soin de diriger le personnel servile (1255 b 36). Si bien qu'en dfinitive le discours d'Aristote est dou- blement dcal. Par rapport son temps d'abord : homme du ive sicle, il parle ses contemporains d'une forme lignagre, devenue trange, de l'esclavage. Mais dcal aussi par rapport ce mme esclavage lignager. Car tant amen produire un discours justificatif qui tienne compte des querelles idologiques de son poque (notamment propos du caractre conventionnel ou non de l'esclavage), il tient sur la socit lignagre un discours qui et t totalement incomprhensible dans n'importe laquelle des socits lignagres ayant rellement exist.

    Il est difficile aujourd'hui de mesurer l'efficacit idologique de ce recours au pass dans la thorie aristotlicienne de l'esclavage. Mais cette thorie n'est-elle pas, au moins, l'un des plus remar- quables exemples de la thse selon laquelle une ralit sociale ne devient vraiment pensable qu'aprs son abolition ?

    Pierre Pellegrin.

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    Article Contentsp. [345]p. 346p. 347p. 348p. 349p. 350p. 351p. 352p. 353p. 354p. 355p. 356p. 357

    Issue Table of ContentsRevue Philosophique de la France et de l'tranger, T. 172, No. 2, TUDES DE PHILOSOPHIE ANCIENNE: Hommage Pierre-Maxime Schuhl pour son quatre-vingtime anniversaire (Avril-Juin 1982), pp. 145-464Front MatterLA CIVILISATION ANTIQUE ET L'POQUE MODERNE [pp. 147-148]LES PRSOCRATIQUES ET LA PHYSIS SELON ANTONIO ESCOHOTADO [pp. 149-158]LE VERS 1.3 DE PARMNIDE ( LA DESSE CONDUIT A L'GARD DE TOUT ) [pp. 159-179]LA LANGUE ET LES MAINS [pp. 181-186]LA TAILLE ET LA FORME DES ATOMES DANS LES SYSTMES DE DMOCRITE ET D'PICURE ( Prjug et prsuppos en histoire de la philosophie) [pp. 187-203]LE SANG ET LA LOI DANS L' ANTIGONE DE SOPHOCLE [pp. 205-215]LA VOIE ROYALE DES DIALOGUES SOCRATIQUES DE PLATON [pp. 217-239]CPHALE ET PLATON SUR LE SEUIL DE LA VIEILLESSE RFLEXIONS SUR LE PROLOGUE DE LA RPUBLIQUE [pp. 241-247]L'UNICIT DU MONDE DANS LE TIME DE PLATON [pp. 249-254]PLATON GYPTOLOGUE [pp. 255-266]DROIT DE LA NATURE ET NATURE DU DROIT : CALLICLS, PICURE, CARNADE [pp. 267-275]DE PLATON A L'VANGILE: Note sur le bonheur des bons et le malheur des mchants [pp. 277-282]L' AMOUR MAGICIEN . AUX ORIGENES DE LA NOTION DE MAGIA NATURALIS : PLATON, PLOTIN, MARSILE FICIN [pp. 283-292]UN FRAGMENT DE XNOCRATE ET LE PROBLME DE LA CONNAISSANCE SENSIBLE [pp. 293-305]LA MATIRE DE L'INTELLIGIBLE: Sur deux allusions mconnues aux doctrines non crites de Platon [pp. 307-320]ARISTOTE ET LES SEPT SOPHISTES : POUR UNE RELECTURE DU FRAGMENT 5 ROSE [pp. 321-338]DEUX NOTES SUR ARISTOTE ET L'ESCLAVAGE [pp. 339-344]LA THORIE ARISTOTLICIENNE DE L'ESCLAVAGE : TENDANCES ACTUELLES DE L'INTERPRTATION [pp. 345-357] INDTERMIN ET INDFINI DANS LA LOGIQUE DE THOPHRASTE [pp. 359-370]LA MTHODE DES SCEPTIQUES GRECS [pp. 371-381]LE THME DE L'EXIL DANS LA PREMIRE GLOGUE DE VIRGILE [pp. 383-387]DIOGNE DE BABYLONE ET LA PREUVE ONTOLOGIQUE [pp. 389-395] DOUX PLOTIN ? ESSAI SUR LES MTAPHORES MILITAIRES DANS LES ENNADES [pp. 397-404]LE TEMPS, IMAGE DE L'TERNIT CHEZ PLOTIN [pp. 405-418]LA STRUCTURE DE L'ESPACE CHEZ PROCLUS [pp. 419-433]PROCLOS ET SPINOZA [pp. 435-448]ANALYSES ET COMPTES RENDUSANTIQUITReview: untitled [pp. 449-449]Review: untitled [pp. 450-456]Review: untitled [pp. 456-457]Review: untitled [pp. 457-457]Review: untitled [pp. 458-458]Review: untitled [pp. 458-460]Review: untitled [pp. 460-462]Review: untitled [pp. 462-464]