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L’Encéphale (2014) 40, S11—S31 Disponible en ligne sur www.sciencedirect.com ScienceDirect journal homepage: www.em-consulte.com/produit/ENCEP MÉMOIRE ORIGINAL L’alcool en France et ses conséquences médicales et sociales : regard de l’entourage et des médecins généralistes Patterns of alcohol consumption in France and their medical and social consequences as seen through the family circle and friends and general practitioners N. Hoertel a,,b,c , A. Crochard d , F. Rouillon b,c,e , F. Limosin a,b,c a Service de psychiatrie de l’adulte et du sujet âgé, hôpital Corentin-Celton, groupe hospitalier des hôpitaux universitaires Paris-Ouest, Assistance publique—Hôpitaux de Paris (AP—HP), 4, parvis Corentin-Celton, 92130 Issy-les-Moulineaux, France b Université Paris Descartes, Sorbonne Paris Cité, 75006 Paris, France c Inserm, centre de psychiatrie et neurosciences, UMR 894, 75014 Paris, France d Lundbeck SAS, 37-45, quai du Président-Roosevelt, 92445 Issy-les-Moulineaux, France e Clinique des maladies mentales et de l’encéphale (CMME), groupe hospitalier Sainte-Anne, 75014 Paris, France Rec ¸u le 9 ecembre 2013 ; accepté le 7 evrier 2014 Disponible sur Internet le 21 mars 2014 MOTS CLÉS Alcool ; Consommation à risque ; Prévalence ; Conséquences sociales ; Pathologies ; Traitement Résumé Les connaissances sur la fréquence de la consommation d’alcool « à risque » en France et sur ses conséquences sociales et médicales restent parcellaires. Aussi avons-nous mené une étude en population générale franc ¸aise ayant pour objectifs : (i) d’évaluer la pré- valence de la consommation d’alcool nocive et « à risque », selon deux regards différents, celui d’une personne de l’entourage familial ou amical, et celui du médecin généraliste, et (ii) d’examiner la fréquence des événements sociaux et des pathologies associés aux diffé- rents profils de consommation définis à partir de l’AUDIT-C. Les données de cette étude sont issues de deux enquêtes nationales, menées en 2013, représentatives respectivement des méde- cins généralistes (n = 1308 patients) et de la population générale adulte (n = 1018 personnes). Les prévalences estimées des sujets ayant eu une consommation d’alcool nocive ou à risque au cours de l’année écoulée s’élevaient respectivement à 11,1 % dans la patientèle adulte des médecins généralistes et à 11,9 % dans la population générale adulte. La majorité des sujets ayant une consommation d’alcool à risque présentaient déjà des conséquences sociales Auteur correspondant. Adresse e-mail : [email protected] (N. Hoertel). http://dx.doi.org/10.1016/j.encep.2014.02.008 0013-7006/© L’Encéphale, Paris, 2014.

L’alcool en France et ses conséquences médicales et sociales : regard de l’entourage et des médecins généralistes

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Page 1: L’alcool en France et ses conséquences médicales et sociales : regard de l’entourage et des médecins généralistes

L’Encéphale (2014) 40, S11—S31

Disponible en ligne sur www.sciencedirect.com

ScienceDirectjourna l homepage: www.em-consul te .com/produi t /ENCEP

MÉMOIRE ORIGINAL

L’alcool en France et ses conséquencesmédicales et sociales : regard del’entourage et des médecins généralistesPatterns of alcohol consumption in France and their medicaland social consequences as seen through the family circle andfriends and general practitioners

N. Hoertel a,∗,b,c, A. Crochardd, F. Rouillonb,c,e, F. Limosina,b,c

a Service de psychiatrie de l’adulte et du sujet âgé, hôpital Corentin-Celton, groupe hospitalier deshôpitaux universitaires Paris-Ouest, Assistance publique—Hôpitaux de Paris (AP—HP), 4, parvisCorentin-Celton, 92130 Issy-les-Moulineaux, Franceb Université Paris Descartes, Sorbonne Paris Cité, 75006 Paris, Francec Inserm, centre de psychiatrie et neurosciences, UMR 894, 75014 Paris, Franced Lundbeck SAS, 37-45, quai du Président-Roosevelt, 92445 Issy-les-Moulineaux, Francee Clinique des maladies mentales et de l’encéphale (CMME), groupe hospitalier Sainte-Anne, 75014 Paris,France

Recu le 9 decembre 2013 ; accepté le 7 fevrier 2014Disponible sur Internet le 21 mars 2014

MOTS CLÉSAlcool ;Consommation àrisque ;Prévalence ;Conséquencessociales ;Pathologies ;

Résumé Les connaissances sur la fréquence de la consommation d’alcool « à risque » enFrance et sur ses conséquences sociales et médicales restent parcellaires. Aussi avons-nousmené une étude en population générale francaise ayant pour objectifs : (i) d’évaluer la pré-valence de la consommation d’alcool nocive et « à risque », selon deux regards différents,celui d’une personne de l’entourage familial ou amical, et celui du médecin généraliste, et(ii) d’examiner la fréquence des événements sociaux et des pathologies associés aux diffé-rents profils de consommation définis à partir de l’AUDIT-C. Les données de cette étude sontissues de deux enquêtes nationales, menées en 2013, représentatives respectivement des méde-cins généralistes (n = 1308 patients) et de la population générale adulte (n = 1018 personnes).

TraitementLes prévalences estimées des sujets ayant eu une consommation d’alcool nocive ou à risqueau cours de l’année écoulée s’élevaient respectivement à 11,1 % dans la patientèle adultedes médecins généralistes et à 11,9 % dans la population générale adulte. La majorité dessujets ayant une consommation d’alcool à risque présentaient déjà des conséquences sociales

∗ Auteur correspondant.Adresse e-mail : [email protected] (N. Hoertel).

http://dx.doi.org/10.1016/j.encep.2014.02.0080013-7006/© L’Encéphale, Paris, 2014.

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S12 N. Hoertel et al.

et médicales importantes. Ainsi, plus de sept consommateurs à risque chronique sur dix avaientété confrontés à au moins un événement social significatif potentiellement attribuable à l’alcool(par exemple, divorce/séparation, retrait de permis et isolement social). Plus de 10 % desconsommateurs à risque chronique présentaient une pathologie hépatique ou un diabète, prèsde 30 % une hypertension artérielle, et près de 50 % un trouble anxieux ou une dépressioncaractérisée. Notre étude indique que l’AUDIT-C permet d’identifier des profils de consomma-tion d’alcool qui forment un continuum en termes de conséquences sociales et médicales. Unrenforcement des actions de prévention apparaît donc nécessaire afin de favoriser la détectionet la prise en charge précoce des consommateurs à risque, idéalement avant la survenue decomplications sociales, médicales et le développement de la dépendance.© L’Encéphale, Paris, 2014.

KEYWORDSAlcohol drinking;Alcohol-induceddisorders;Social problems;Prevalence

SummaryBackground. — Data on the frequency of high-risk alcohol consumption and its medical and socialconsequences in the French general population remain fragmented. Therefore, our aim was two-fold: (i) to assess the prevalence of different patterns of alcohol consumption using the AUDIT-Cscale, according to two different perspectives, i.e., that of family circle members or friends,and that of the general practitioners (GPs), and (ii) to examine the prevalence of medical andsocial consequences associated with alcohol consumption profiles.Method. — Data were drawn from two national surveys conducted in 2013. Investigators wererespectively GPs and family circle members or friends. These surveys were respectively repre-sentative of GPs (n = 1308) and of the general adult population (n = 1018).Results. — The 12-month prevalence rates of harmful or at risk alcohol consumption rose res-pectively to 11.1% in the GPs adult patients and to 11.9% in the general adult population.The majority of participants with ‘‘at risk’’ alcohol consumption presented with significantsocial and medical consequences. Thus, more than seven out of ten participants with chro-nic at risk consumption endorsed significant negative social event potentially associated withalcohol like withdrawal of driving licence, getting divorced or separated, and losing friends.Over 10% of these participants had liver disease and diabetes mellitus, more than 30% increasedblood pressure and nearly 50% anxiety disorder or major depression. Following adjustments forsociodemographic characteristics and alcohol treatment, prevalences of numerous social andmedical consequences significantly differed between alcohol-dependent participants, chronicat risk consumers and episodic at risk consumers.Conclusions. — Our results suggest that more than one adult out of ten in France showed duringthe past year harmful or ‘‘at risk’’ alcohol consumption, which appears insufficiently detec-ted and treated. In addition, the majority of at risk alcohol consumers already presents withserious medical and social consequences. Furthermore, we found that AUDIT-C scale can iden-tify different patterns of alcohol consumption, which form a continuum in terms of medical andsocial consequences. Our study indicates the need for vigorous education efforts for the public,professionals and policy makers about alcohol use disorders, to encourage help-seeking amongthose who cannot stop drinking despite considerable harm to themselves and others, and ideallyto promote early detection and treatment of individuals with at risk alcohol consumption beforethe development of social and medical consequences and alcohol dependence.© L’Encéphale, Paris, 2014.

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ntroduction

’alcool est un facteur de risque majeur sur le planocial, sanitaire et économique [1]. Près de 55 millions’Européens, soit 15 % de la population adulte, ont uneonsommation d’alcool excessive, soit nocive (entraînantes dommages pour la santé, qu’ils soient physiques, men-aux ou sociaux), soit dite « à risque » (susceptible d’induirees pathologies ou des conséquences sociales si ces habi-udes perdurent) [2]. Après le tabagisme et l’hypertension

rtérielle, l’alcool est le troisième facteur de risque le plusmportant de morbidité et de mortalité prématurée [1].’alcool serait ainsi responsable d’une pathologie et d’un

lpt

écès prématuré sur 14 dans l’Union européenne [2]. En plus’entraîner une dépendance et de participer à la survenue’une soixantaine de pathologies somatiques, l’alcool estgalement responsable de fréquents dommages sociaux etffectifs de facon dose-dépendante, sans preuve d’effet-euil [1—3]. Les coûts associés à la consommation d’alcooleprésentent 1 % du produit national brut dans les pays àevenu élevé, dus principalement aux dommages sociaux4].

Le rapport d’objectifs de santé publique, annexé à la

oi du 9 août 2004 relative à la politique de santé publique,révoit, outre de poursuivre la diminution de la consomma-ion moyenne annuelle d’alcool par habitant, de réduire la
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L’alcool en France et ses conséquences médicales et sociale

prévalence de l’usage nocif ou à risque d’alcool et de pré-venir l’installation de la dépendance [5]. Pour atteindre cesobjectifs, il est nécessaire de disposer d’indicateurs perti-nents et fiables, dont les taux de prévalence de l’usage nocifou à risque d’alcool. Ces données épidémiologiques doiventêtre actualisées pour juger de l’efficacité des politiquesde santé publique appliquées. De facon complémentaire,la description des différents profils d’alcoolisation et deleurs conséquences médicales et sociales constitue ensuiteun préalable essentiel afin de mieux cibler les populations àrisque et d’adapter les actions de prévention et de réductionde la mortalité évitable [5].

En France, les connaissances sur l’impact de la consom-mation excessive d’alcool en population générale, enparticulier ses conséquences médicales et sociales, restentparcellaires [5]. Ce manque d’information vient notammentdu fait que, jusqu’à récemment, la majorité des donnéesissues des enquêtes en population générale, fondée sur desfréquences et des quantités de consommation, ne permet-tait pas de distinguer les modes de consommation modéréeet sans risque des comportements à risque [5,6]. De plus,la majorité des travaux de recherche s’est intéressée à ladépendance ou à l’abus d’alcool [7,8]. Enfin, les étudesnationales et internationales sont généralement basées surdes données déclarées par les personnes concernées, pou-vant être entachées d’une sous-estimation, voire d’un dénide la quantité d’alcool consommée et des conséquencesmédicales et sociales en découlant, du fait d’un biais dedésirabilité sociale [5].

Tenant compte de ces limites, l’introduction du testAlcohol Use Disorders Identification Test - Consump-tion questionnaire (AUDIT-C) dans les enquêtes nationales« Santé » de 2002 et 2006 [5,6,9] offre la possibilitéd’appréhender les différents modes de consommationd’alcool. De plus, l’entourage familial et amical d’unsujet ayant une consommation excessive d’alcool, ainsique son médecin généraliste, qui a pu tisser une rela-tion de confiance avec son patient, peuvent être unesource d’informations précieuses pour évaluer les modesde consommation d’alcool et les conséquences médicaleset sociales éventuellement associées.

Aussi avons-nous mené deux études complémentaires enmédecine générale et en population générale ayant pourobjectifs : (i) d’évaluer la prévalence de la consommationd’alcool nocive et « à risque », selon deux regards différents,celui d’une personne de l’entourage familial ou amical,et celui du médecin généraliste, et (ii) d’examiner la fré-quence des événements sociaux et des pathologies associésaux différents profils de consommations définis à partir del’AUDIT-C.

Méthode

Population de l’étude

Les données de cette étude sont issues de deux enquêtes

nationales, menées en 2013 auprès de médecins généralisteset de l’entourage proche de personnes ayant un « problèmed’alcool », appelés « répondants ». Les sujets pour lesquelsles données ont été renseignées par le médecin généraliste

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S13

t par le membre de l’entourage sont appelés respective-ent les « patients » et les « proches ».L’enquête « Entourage » est une étude nationale obser-

ationnelle transversale, menée auprès de la popula-ion adulte francaise métropolitaine. Un questionnaireostal auto-administré a été envoyé à un échantillon de0 000 sujets constitué selon la méthode des quotas à par-ir du Panel Postal de TNS Sofres. Pour pourvoir répondre

l’ensemble du questionnaire, les personnes devaient avoirépondu positivement à la question suivante : « Y a-t-il, dansotre entourage proche, une personne qui présente un pro-lème avec sa consommation d’alcool ? » et avoir accepté lerincipe de l’enquête. Le taux de réponse global était de8 %. Parmi les 7813 répondants, 13 % (n = 1018) déclaraientvoir dans leur entourage proche une personne présentantn problème avec sa consommation d’alcool.

L’enquête « Médecins généralistes » est une étudeationale observationnelle transversale, menée auprès’un échantillon représentatif des médecins généralistesxercant en France métropolitaine. Pour chaque médecinépondant, le protocole prévoyait : (i) un questionnaire éva-uant la taille de la patientèle et les habitudes de prisen charge des patients présentant un problème lié à laonsommation d’alcool et (ii) une fiche pour tous les patientsépondant aux critères d’inclusion. La population cibleomprenait les participants âgés de 18 ans ou plus, ayant ouyant eu une consommation excessive d’alcool et consultantu cours d’une période d’inclusion de 3 jours, quel que soit leotif. Au cours de cette période d’inclusion, 282 médecins

énéralistes ont recu en consultation 10 140 patients. Parmies patients, 12,9 % (n = 1308) étaient éligibles et ont éténclus.

Ces deux enquêtes entrent dans le cadre du numéro’autorisation permanente accordé à Kantar Health para Commission nationale de l’informatique et des liber-és (CNIL) le 8 septembre 2011 (no 1493177). L’enquêteuprès des médecins généralistes relève de la déclarationu Conseil national de l’ordre, réalisée par Kantar Healthans le cadre des accords simplifiés signés entre le CNO ete SYNTEC.

valuation des caractéristiques et des différentsrofils de consommation d’alcool

ans les deux échantillons, les caractéristiques desonsommations d’alcool au cours des 12 derniers moisomprenaient : la quantité journalière moyenne, la fré-uence, l’existence d’une consommation massive épiso-ique (à savoir, au moins six verres standard bus auours d’une même occasion) et sa fréquence, ainsi que’ancienneté de la consommation actuelle. Les scores de’AUDIT-C et les catégories de risque selon des seuils défi-is par l’OMS étaient calculés à partir de ces données.’AUDIT-C, une échelle structurée destinée à l’identificationrécoce des consommateurs d’alcool à risque, a été vali-ée dans des échantillons cliniques et populationnels [10],

compris en France [5,6]. Elle regroupe les trois premières

uestions de l’AUDIT et se réfère à l’année écoulée [9].es deux premières portent sur la consommation habituellefréquence et quantité) et la troisième interroge sur la fré-uence des consommations massives. Afin d’appréhender
Page 4: L’alcool en France et ses conséquences médicales et sociales : regard de l’entourage et des médecins généralistes

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es différents profils de consommation d’alcool, nous avonsdopté une typologie en six catégories (à savoir, les abs-inents, les consommateurs sans risque, occasionnels ouéguliers, les consommateurs à risque ponctuel ou chro-ique, et les « alcoolo-dépendants ») en suivant la méthoderécédemment décrite par Mouquet et Villet [6] et validéen population générale par Com-Ruelle et al. [5] (Annexe).es patients de l’échantillon « Médecins Généralistes » ontté alloués à l’une de ces catégories. Du fait de l’exclusiones sujets abstinents de l’échantillon « Entourage », lesroches ont été subdivisés au sein des 5 autres catégories.

aractéristiques sociodémographiques, médicales,ociales, motivation et prise en charge

our les deux enquêtes, les données sociodémographiqueses patients et des proches incluaient : le sexe, l’âge, letatut marital, la présence d’enfant(s) au domicile, le sta-ut professionnel et la présence d’une personne ayant uneonsommation excessive d’alcool au sein du cercle familial.n outre, l’existence d’un tabagisme actif ou d’une consom-ation de drogues illicites était recueillie dans l’échantillon

Médecins Généralistes ».Pour les patients et les proches ayant une alcoolo-

épendance ou une consommation d’alcool à risque selon’AUDIT-C, la motivation actuelle à l’arrêt ou à la diminutiones consommations était évaluée par le répondant à l’aide’une échelle numérique allant de 0 (absence de motiva-ion) à 10 (motivation très élevée) dans les deux enquêtes.es répondants de l’échantillon « Entourage » devaient éga-ement indiquer si le proche avait déjà tenté de diminuer saonsommation d’alcool et/ou tenté de l’arrêter avec l’aide’un professionnel de santé au cours de l’année écoulée. Lesédecins généralistes devaient détailler la prise en chargeu patient, notamment s’il avait bénéficié d’un sevragembulatoire ou hospitalier, d’un traitement médicamenteuxu d’une prise en charge en post-cure spécialisée.

Pour ces mêmes patients et proches, les donnéesuivantes ont également été recueillies dans les deuxnquêtes : (i) l’existence d’une pathologie potentiellementavorisée et/ou aggravée par l’alcool, comprenant : uneathologie psychiatrique (incluant un trouble anxieux, uneépression caractérisée ou un trouble bipolaire), hépatique,ancréatique ou neurologique, un diabète, une hypertensionrtérielle ou un cancer, ainsi que la survenue d’une hospita-isation en lien avec l’alcool au cours des 12 derniers mois,t (ii) les événements sociaux survenus au cours de la viet attribués par le répondant à la consommation d’alcool,ncluant : un accident routier, un retrait de permis, unenterpellation sur la voie publique, des violences conjugalesu dans un autre contexte, un divorce ou une séparation,n isolement social, un absentéisme au travail et une pertee travail. Le nombre de jours d’arrêt de travail chez lesctifs et le nombre de mois de chômage chez les chômeursu cours de l’année écoulée étaient également renseignés.

lan d’analyse statistique

es données de l’étude « Entourage » ont été pondéréesu niveau des individus, afin de tenir compte du biais deon-réponse et pour être représentatives de la population

prma

N. Hoertel et al.

dulte francaise en termes d’âge, de sexe, de catégorieocioprofessionnelle, de région d’habitation et de catégorie’agglomération (milieu rural ou urbain). Celles de l’étude

Médecins généralistes » ont été redressées au niveau desédecins généralistes en termes d’âge, de sexe, de région’exercice, de taille de la patientèle et de la proportion deatients ayant une consommation excessive d’alcool, pourtre représentatives de la population des médecins généra-istes.

Les pourcentages redressés et les moyennes (et leurrreur standard) ont été estimés afin de décrire les carac-éristiques sociodémographiques, de prise en charge etes conséquences médicales et sociales possiblement impu-ables à l’alcool, et ont été comparés selon les différentsrofils de consommation d’alcool. Afin de s’assurer que lesifférences observées en termes de conséquences médicalest sociales n’étaient pas dues à des différences de carac-éristiques sociodémographiques ou de prise en charge desatients/proches, nous avons ajusté sur ces variables. Lesests de comparaison des pourcentages entre les groupesncluaient un test du Chi2 sur l’ensemble de la variable puisn Z-test pour chacune de ses modalités (en cas de significa-ivité du Chi2 (p < 0,05)). Les moyennes ont été comparées

l’aide d’une analyse de variance (Anova). Les analysestatistiques ont été réalisées à l’aide du logiciel SAS (ver-ion 9.2 ; SAS Institute Inc, Cary, NC). Les groupes comparésncluaient : (i) les consommateurs à risque chronique versuses alcoolo-dépendants et (ii) les consommateurs à risqueonctuel versus les alcoolo-dépendants. Nous avons menées analyses dans les deux échantillons « Médecins généra-istes » et « Entourage » afin d’examiner la robustesse desésultats. Du fait de la nature transversale de l’étude,es odds ratios sont considérés comme des mesures de’association, sans que cela implique une relation de cau-alité [11]. La significativité statistique a été évaluée entilisant un risque de première espèce � de 0,05.

ésultats

ans l’échantillon « Entourage », parmi les 7813 répondants,3 % (n = 1018) déclaraient avoir dans leur entourageroche une personne présentant un problème avec saonsommation d’alcool. Dans l’échantillon « Médecins géné-alistes », sur les 10 900 patients recus en consultation,2,9 % (n = 1308) avaient ou avaient eu une consommationxcessive d’alcool. Parmi ces patients, les prévalences auours des 12 derniers mois des sujets alcoolo-dépendants, àisque chronique, à risque ponctuel, et sans risque, régu-iers et occasionnels s’élevaient respectivement à 30,6 %ES = 2,5), 39,0 % (ES = 2,6), 16,5 % (ES = 2,0), 0,9 % (ES = 0,5)t 3,8 % (ES = 1,0). Les abstinents représentaient 9,2 %ES = 1,6) des patients de cet échantillon. Dans l’échantillon

Entourage », ces proportions étaient respectivement de2 % (ES = 3,1), 31,3 % (ES = 2,8), 8,3 % (ES = 1,7), 1,3 %ES = 0,7 %) et 0,5 % (ES = 0,4 %) parmi les proches ayant unroblème d’alcool. Les prévalences annuelles estimées des

ersonnes ayant une consommation d’alcool nocive ou àisque s’élevaient à 11,1 % dans la patientèle adulte desédecins généralistes et 11,9 % dans la population générale

dulte.

Page 5: L’alcool en France et ses conséquences médicales et sociales : regard de l’entourage et des médecins généralistes

L’alcool en

France et

ses conséquences

médicales

et sociales

S15

Tableau 1 Caractéristiques sociodémographiques des patients de l’échantillon « Médecins généralistes » et des proches de l’échantillon « Entourage » selon leur profil deconsommation d’alcool défini à partir de l’AUDIT-C.

Échantillon « Médecins généralistes »(n = 1308)

Profils de consommationd’alcool selon l’AUDIT-C

Abstinents(n = 147)

Consommateurs sans risque(n = 40)

Consommateurs à risque(n = 689)

Alcoolo-dépendants(n = 432)

Consommateurs àrisque chronique vs.Alcoolo-dépendants

Consommateurs àrisque ponctuelvs.Alcoolo-dépendants

Occasionnels(n = 27)

Réguliers(n = 13)

Ponctuels(n = 182)

Chroniques(n = 507)

Caractéristiquessociodémographiques

% (ES) % (ES) % % (ES) % (ES) % (ES) p p

Sexe 0,006 < 0,001Femmes 36,4 (± 7,8) 38,5 (± 18,4) 6,6 44,8 (± 7,2) 29,7 (± 4,0) 21,4 (± 3,9)Hommes 63,6 (± 7,8) 61,5 (± 18,4) 93,4 55,2 (± 7,2) 70,3 (± 4,0) 78,6 (± 3,9)

Âge < 0,001 0,01418—29 5,5 (± 3,6) 14,1 (± 13,1) — 11,5 (± 4,6) 14,2 (± 3,0) 7,0 (± 2,4) < 0,001 0,09230—44 20,9 (± 6,6) 15,0 (± 13,5) 37,9 18,0 (± 5,6) 23,1 (± 3,7) 28,1 (± 4,2) 0,093 0,01145—64 50,6 (± 3,7) 68,0 (± 17,6) 39,3 60,3 (± 7,1) 47,2 (± 4,4) 53,4 (± 4,7) 0,068 0,13865+ 23,0 (± 6,8) 2,7 (± 6,1) 23,0 10,0 (± 4,4) 15,1 (± 3,1) 11,7 (± 3,0) 0,155 0,638

Statut marital 0,001 0,535Célibataire 15,1 (± 5,8) 31,1 (± 17,5) 6,9 16,7 (± 5,4) 28,5 (± 3,9) 21,2 (± 3,9) 0,013En couple 42,6 (± 8,0) 34,8 (± 18,0) 68,6 48,6 (± 7,3) 48,3 (± 4,4) 44,0 (± 4,7) 0,211Divorcé(e)/Séparé(e) 22,8 (± 6,7) 17,6 (± 14,4) 24,5 29,4 (± 6,6) 19,3 (± 3,4) 29,6 (± 4,3) < 0,001Veuvage 19,5 (± 6,4) 16,6 (± 14,0) — 5,3 (± 3,3) 3,9 (± 1,7) 5,2 (± 2,1) 0,424

Présence d’un enfant audomicile

< 0,001 < 0,001

Oui 47,2 (± 8,1) 38,2 (± 18,3) 63,8 46,3 (± 7,2) 38,7 (± 4,2) 27,9 (± 4,2)Non 52,8 (± 8,1) 61,8 (± 18,3) 36,2 53,7 (± 7,2) 61,3 (± 4,2) 72,1 (± 4,2)

Statut professionnel < 0,001 < 0,001Actif 41,2 (± 8,0) 52,1 (± 18,8) 30,9 59,5 (± 7,1) 47,7 (± 4,4) 36,1 (± 4,5) < 0,001 < 0,001Étudiant 1,0 (± 1,6) 5,8 (± 8,8) — 3,6 (± 2,7) 6,2 (± 2,1) 0,9 (± 0,9) < 0,001 0,043Retraité 14,7 (± 5,7) 30,6 (± 17,4) 29,6 17,9 (± 5,6) 21,5 (± 3,6) 20,5 (± 3,8) 0,768 0,530Chômage/Invalidité 38,2 (± 7,9) 1,2 (± 4,1) 17,1 14,7 (± 5,1) 18,0 (± 3,3) 34,0 (± 4,5) < 0,001 < 0,001Autres inactifs 4,9 (± 3,5) 10,4 (± 11,5) 22,5 4,5 (± 3,0) 6,6 (± 2,2) 8,5 (± 2,6) 0,328 0,117

Tabagisme 0,281 0,885Oui 52,1 (± 8,1) 39,1 (± 18,4) 39,5 51,5 (± 7,3) 51,4 (± 4,4) 51,9 (± 4,7)Non 47,9 (± 8,1) 60,9 (± 18,4) 60,5 48,5 (± 7,3) 48,6 (± 4,4) 48,1 (± 4,7)

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S16

N.

Hoertel

et al.

Tableau 1 (Suite )

Échantillon « Médecins généralistes »(n = 1308)

Profils de consommationd’alcool selon l’AUDIT-C

Abstinents(n = 147)

Consommateurs sans risque(n = 40)

Consommateurs à risque(n = 689)

Alcoolo-dépendants(n = 432)

Consommateurs àrisque chronique vs.Alcoolo-dépendants

Consommateurs àrisque ponctuelvs.Alcoolo-dépendants

Occasionnels(n = 27)

Réguliers(n = 13)

Ponctuels(n = 182)

Chroniques(n = 507)

Drogues illicites 0,525 0,115Oui 6,4 (± 4,0) 13,3 (± 12,8) — 6,0 (± 3,5) 10,0 (± 2,6) 12,3 (± 3,1)Non 93,6 (± 4,0) 86,7 (± 12,8) 100 94,0 (± 3,5) 90,0 (± 2,6) 87,7 (± 3,1)

Consommation excessived’alcool au sein du cerclefamilial du patient/proche

0,936 0,774

Oui 25,6 (± 7,1) 31,8 (± 17,6) 22,4 29,8 (± 6,7) 32,8 (± 4,1) 32,3 (± 4,4)Non 28,9 (± 7,3) 41,8 (± 18,6) 68,9 35,2 (± 6,9) 33,6 (± 4,1) 32,9 (± 4,4)Ne sait pas 45,5 (± 8,1) 26,4 (± 16,6) 8,7 35,0 (± 6,9) 33,6 (± 4,1) 34,8 (± 4,5)

Échantillon « Entourage » (n = 1002)

Profils de consommationd’alcool selon l’AUDIT-C

Consommateurs sans risque(n = 18)

Consommateurs à risque(n = 393)

Alcoolo-dépendants(n = 522)

Consommateurs àrisque chroniquevs.Alcoolo-dépendants

Consommateurs àrisque ponctuelvs.Alcoolo-dépendants

Occasionnels(n = 5)

Réguliers(n = 13)

Ponctuels(n = 82)

Chroniques(n = 311)

Caractéristiquessociodémographiques

% % % (ES) % (ES) % (ES) p p

Sexe 0,059 0,074Femmes — 21,1 29,3 (± 9,9) 28,2 (± 5,0) 21,3 (± 3,5)Hommes 100 78,9 70,7 (± 9,9) 69,6 (± 5,1) 75,4 (± 3,7)Donnée manquante — — — 2,1 (± 1,6) 3,3 (± 1,5)

Âge 0,489 < 0,00118—29 — — 13,5 (± 7,4) 3,0 (± 1,9) 1,8 (± 1,1) < 0,00130—44 25,5 29,3 30,1 (± 9,9) 24,0 (± 4,8) 22,8 (± 3,6) 0,19245—64 38,5 43,2 43,8 (± 10,7) 55,4 (± 5,5) 56,0 (± 4,3) 0,05265+ 36,0 27,5 12,6 (± 7,2) 17,6 (± 4,2) 19,4 (± 3,4) 0,186

Statut marital 0,553 0,065

Page 7: L’alcool en France et ses conséquences médicales et sociales : regard de l’entourage et des médecins généralistes

L’alcool en

France et

ses conséquences

médicales

et sociales

S17

Tableau 1 (Suite )

Échantillon « Entourage » (n = 1002)

Profils de consommationd’alcool selon l’AUDIT-C

Consommateurs sans risque(n = 18)

Consommateurs à risque(n = 393)

Alcoolo-dépendants(n = 522)

Consommateursà risquechroniquevs.Alcoolo-dépendants

Consommateurs àrisque ponctuelvs.Alcoolo-dépendants

Occasionnels(n = 5)

Réguliers(n = 13)

Ponctuels(n = 82)

Chroniques(n = 311)

Célibataire 18,8 22,0 24,0 (± 9,2) 14,8 (± 4,0) 14,9 (± 3,1)En couple 81,2 43,9 58,7 (± 10,7) 56,9 (± 5,5) 53,5 (± 4,3)Divorcé(e)/Séparé(e) — — 14,3 (± 7,6) 21,1 (± 4,2) 25,6 (± 3,7)Veuvage — 34,1 3,1 (± 3,8) 6,7 (± 2,8) 5,2 (± 1,9)Donnée manquante — — — 0,5 (± 0,8) 0,7 (± 0,7)

Présence d’un enfant audomicile

0,463 0,390

Oui 25,5 35,8 34,0 (± 10,3) 33,0 (± 5,2) 30,7 (± 4,0)Non 74,5 64,2 66,0 (± 10,3) 66,2 (± 5,3) 67,5 (± 4,0)Donnée manquante — — — 0,8 (± 1,0) 1,8 (± 1,1)

Statut professionnel < 0,001 < 0,001Actif 45,2 50,3 60,8 (± 10,6) 56,3 (± 5,5) 38,0 (± 4,2) < 0,001 < 0,001Étudiant — — 1,4 (± 2,5) 0,3 (± 0,6) — 0,856 0,179Retraité 36,0 42,0 23,4 (± 9,2) 24,5 (± 4,8) 30,1 (± 3,9) 0,097 0,267Chômage/Invalidité 18,8 7,7 10,0 (± 6,5) 13,4 (± 3,8) 25,6 (± 3,7) < 0,001 0,003Autres inactifs — — 3,4 (± 3,9) 5,2 (± 2,5) 6,2 (± 2,1) 0,658 0,451Donnée manquante — — 1,1 (± 2,3) 0,3 (± 0,6) 0,2 (± 0,4) 0,347 0,773

Consommation excessived’alcool au sein du cerclefamilial du patient/proche

0,173 0,188

Oui 18,8 62,2 46,7 (± 10,8) 50,6 (± 5,6) 55,6 (± 4,3)Non 81,2 29,5 51,2 (± 10,8) 47,0 (± 5,6) 40,9 (± 4,2)Ne sait pas — 8,3 2,0 (± 3,0) 2,4 (± 1,7) 3,5 (± 1,6)

Les valeurs des pourcentages sont pondérées afin de favoriser la représentativité des échantillons (méthode décrite dans l’article). Afin de comparer les pourcentages entre les groupes,un test du Chi2 sur l’ensemble de la variable puis un Z-test pour chacune de ses modalités [en cas de significativité du Chi2 (p < 0,05)] ont été utilisés ; les moyennes ont été comparées àl’aide d’un test Anova.Les p en gras indiquent leur significativité au risque 0,05.ES : erreur standard, ND : donnée non disponible, AUDIT-C : Alcohol Use Disorders Identification Test - Consumption questionnaire.

Page 8: L’alcool en France et ses conséquences médicales et sociales : regard de l’entourage et des médecins généralistes

S

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gélmtctl«dcsrdmatp

alm«rudPtdmtppmeacd

np

ahécApdàdtrmcDlfirdérpav

D

Àladfssqpnccudss

dpgucàrcffcestimation de ceux ayant une consommation importante

18

Dans l’échantillon « Médecins généralistes », les consom-ateurs à risque chronique étaient, comparativement

ux patients alcoolo-dépendants, plus fréquemment desemmes, célibataires, actifs ou étudiants, vivaient plus sou-ent avec un (des) enfant(s) au domicile, et étaient pluseunes et plus rarement divorcés/séparés, au chômage oun invalidité. Les mêmes différences étaient observéesntre les consommateurs à risque ponctuel et les partici-ants alcoolo-dépendants, à l’exception du statut marital.n outre, les différences concernant le statut profes-ionnel étaient globalement confirmées dans l’échantillon

Entourage » (Tableau 1).Logiquement, dans les deux études, la fréquence et la

uantité journalière de la consommation d’alcool au course l’année écoulée, ainsi que l’ancienneté de la consomma-ion actuelle, étaient significativement plus élevées chezes participants alcoolo-dépendants, comparativement auxonsommateurs à risque chronique et aux consommateurs

risque ponctuel. La quasi-totalité des consommateurs risque avait eu au moins une consommation massive’alcool au cours de l’année écoulée dans les deux études.

l’inverse, il n’était rapporté, pour aucun consommateurans risque, de consommation massive d’alcool (Tableau 2).

Après ajustement sur les caractéristiques sociodémo-raphiques, les sujets alcoolo-dépendants dans les deuxchantillons étaient décrits comme ayant une motivation àa diminution de la consommation d’alcool significativementoindre que les consommateurs à risque chronique et ponc-

uel. La motivation à l’arrêt était significativement moindrehez les sujets alcoolo-dépendants que chez les consomma-eurs à risque ponctuel dans les deux études, et que chezes consommateurs à risque chronique dans l’échantillon

Entourage ». Dans cet échantillon, les sujets alcoolo-épendants avaient plus fréquemment tenté d’arrêter leuronsommation d’alcool avec l’aide d’un professionnel deanté que les consommateurs à risque chronique, mais plusarement que les consommateurs à risque ponctuel. Près deseux-tiers des proches alcoolo-dépendants et des consom-ateurs à risque chronique et ponctuel avaient déjà tenté,

u cours de l’année écoulée, de diminuer leur consomma-ion, tandis que près d’un tiers avaient eu recours à unrofessionnel de santé pour arrêter l’alcool (Tableau 3).

Les pathologies étaient fréquentes chez les sujetslcoolo-dépendants et à risque chronique et ponctuel, eteur prévalence était d’autant plus élevée que la consom-ation d’alcool était sévère (Tableau 4). Dans l’échantillon

Médecins généralistes », plus de 10 % des consommateurs àisque chronique présentaient une pathologie hépatique oun diabète, près de 30 % une hypertension artérielle, et prèse 50 % un trouble anxieux ou une dépression caractérisée.lus d’un quart de ces consommateurs avaient été hospi-alisés pour une raison en rapport avec la consommation’alcool au cours de l’année écoulée et ce, plus d’une fois enoyenne. Dans l’étude « Médecin généralistes », après ajus-

ement sur les caractéristiques sociodémographiques et larise en charge pour l’alcool des patients, la prévalence desathologies hépatiques et neurologiques était significative-ent moindre chez les consommateurs à risque chronique

t les consommateurs à risque ponctuel, comparativement

ux patients alcoolo-dépendants, et les hospitalisations auours des 12 derniers mois en lien avec la consommation’alcool étaient significativement moins fréquentes et leur

dac

N. Hoertel et al.

ombre annuel plus faible chez les consommateurs à risqueonctuel.

Dans les deux échantillons, plus de sept sujets sur dixyant une consommation à risque chronique et plus deuit sujets sur dix ayant une alcoolo-dépendance avaientté confrontés à au moins un événement social signifi-atif potentiellement attribuable à l’alcool (Tableau 5).près ajustement sur les caractéristiques sociodémogra-hiques et la prise en charge pour l’alcool, aucuneifférence significative n’existait entre les consommateurs

risque chronique et les patients alcoolo-dépendantsans l’échantillon « Médecins généralistes ». À l’inverse,ous les événements sociaux, à l’exception des accidentsoutiers et des violences conjugales, étaient significative-ent plus fréquents chez les patients alcoolo-dépendants

omparativement aux consommateurs à risque ponctuel.ans l’échantillon « Entourage », les violences conjugales,

’isolement social et l’absentéisme au travail étaient signi-cativement moins rapportés chez les consommateurs àisque chronique ou ponctuel que chez les proches alcoolo-épendants. Les consommateurs à risque chronique étaientgalement moins fréquemment confrontés à un accidentoutier, un retrait de permis, une interpellation sur la voieublique, des violences conjugales, un isolement social, unbsentéisme au travail ou une perte de travail, comparati-ement aux proches alcoolo-dépendants.

iscussion

notre connaissance, cette étude est la première à éva-uer la fréquence des événements sociaux et des pathologiesssociés aux différents profils de consommation d’alcooléfinis à partir de l’AUDIT-C, dans la population généralerancaise. Notre étude révèle que la consommation exces-ive d’alcool continue de constituer un problème majeur deanté publique en France, tant concernant sa prévalenceue celles de ses conséquences sociales et médicales. Onourrait être surpris que la prévalence soit la même dansos deux échantillons alors que l’on aurait pu s’attendre àe qu’elle soit supérieure dans la file active des médecinsomme c’est le cas pour la plupart des pathologies suscitantne demande de soins. En fait, les addictions sont rarementes motifs de consultation, sauf en cas de complicationsomatiques, et n’ont donc pas de raison d’être largementurreprésentées parmi les consultants d’un omnipraticien.

Basés sur deux enquêtes nationales menées auprèse médecins généralistes et de l’entourage proche deersonnes ayant un « problème d’alcool », nos résultats sug-èrent que plus d’un adulte sur dix en France présenteraitne consommation d’alcool soit nocive, soit à risque auours de l’année écoulée. Cette estimation est inférieure

une précédente étude menée dans la population géné-ale francaise qui retrouvait que l’alcoolisation excessiveoncernait plus de quatre hommes sur dix et plus d’uneemme sur dix [5]. Cette sous-évaluation pourrait être leait de l’inclusion préférentielle des sujets présentant uneonséquence sociale ou médicale, à l’origine d’une sous-

’alcool mais sans complication. La majorité des sujetsyant une consommation à risque ou nocive présentait uneonsommation d’alcool sévère, dont la quantité journalière

Page 9: L’alcool en France et ses conséquences médicales et sociales : regard de l’entourage et des médecins généralistes

L’alcool en

France et

ses conséquences

médicales

et sociales

S19

Tableau 2 Caractéristiques des consommations d’alcool associées aux profils de consommation d’alcool, définis à partir de l’AUDIT-C, chez les patients de l’échantillon« Médecins généralistes » et les proches de l’échantillon « Entourage ».

Échantillon « Médecins généralistes »(n = 1308)

Profils de consommationd’alcool selon l’AUDIT-C

Consommateurs sans risque(n = 40)

Consommateurs à risque(n = 689)

Alcoolo-dépendants(n = 432)

Consommateursà risquechroniquevs.Alcoolo-dépendants

Consommateursà risqueponctuelvs.Alcoolo-dépendants

Occasionnels(n = 27)

Réguliers(n = 13)

Ponctuels(n = 182)

Chroniques(n = 507)

Caractéristiques desconsommations d’alcool aucours de l’année écoulée

Moyenne (ES) Moyenne Moyenne(ES)

Moyenne(ES)

Moyenne(ES)

p p

Fréquence des consommations < 0,001 < 0,0014 fois ou plus par semaine — 40,4 7,5 (± 3,5) 59,7 (± 4,3) 93,4 (± 2,4) < 0,001 < 0,0012 à 3 fois par semaine — 59,6 32,7 (± 6,3) 28,4 (± 3,9) 5,6 (± 2,2) < 0,001 < 0,0012 à 4 fois par mois 51,4 (± 13,9) — 38,9 (± 6,5) 11,0 (± 2,7) — < 0,001 < 0,0011 fois par mois ou moins 48,6 (± 13,9) — 20,9 (± 5,4) 0,9 (± 0,8) 1,0 (± 1,0) 0,143 < 0,001

Consommation massived’alcool (≥ 60 g/j au coursd’une même occasion)

0,002 1,00

Oui — — 100,0 97,7 (± 1,3) 100,0Non 100,0 100,0 — 2,3 (± 1,3) —

Fréquence des jours deconsommation excessive

< 0,001 < 0,001

> 1x/semaine — — — — 93,3 (± 2,5) < 0,001 < 0,0011x/semaine — — — 81,2 (± 3,4) 6,6 (± 2,4) < 0,001 < 0,0011x/mois — — 63,1 (± 6,4) 9,4 (± 2,5) 0,1 (± 0,3) < 0,001 < 0,001< 1x/mois — — 36,9 (± 6,4) 7,1 (± 2,2) — < 0,001 < 0,001Jamais 100,0 100,0 — — — — —

Catégories de risque selonl’OMS

< 0,001 < 0,001

Faible 100,0 100,0 100,0 65,2 (± 4,1) 14,9 (± 3,5) < 0,001 < 0,001Modéré — — — 31,8 (± 4,0) 31,2 (± 4,5) 0,899 < 0,001Élevé — — — 2,6 (± 1,4) 41,8 (± 4,8) < 0,001 < 0,001

Page 10: L’alcool en France et ses conséquences médicales et sociales : regard de l’entourage et des médecins généralistes

S20

N.

Hoertel

et al.

Tableau 2 (Suite )

Échantillon « Médecins généralistes »(n = 1308)

Profils de consommationd’alcool selon l’AUDIT-C

Consommateurs sans risque(n = 40)

Consommateurs à risque(n = 689)

Alcoolo-dépendants(n = 432)

Consommateursà risquechroniquevs.Alcoolo-dépendants

Consommateursà risqueponctuelvs.Alcoolo-dépendants

Occasionnels(n = 27)

Réguliers(n = 13)

Ponctuels(n = 182)

Chroniques(n = 507)

Très élevé — — — 0,3 (± 0,5) 12,2 (± 3,2) < 0,001 < 0,001

Quantité journalière(grammes)

2,2 (± 0,3) 14,9 8,5 (± 0,8) 29,0 (± 1,2) 59,5 (± 2,7)ET = 1,2 ET = 6,4 ET = 13,5 ET = 27,5 < 0,001 < 0,001

Ancienneté de laconsommation actuelle(années)

9,39 (± 3,01)ET = 10,82

14,07 7,65 (± 1,11)ET = 8,31

9,70 (± 0,81)ET = 9,30

11,27 (± 0,98)ET = 9,99

0,015 < 0,001

Échantillon « Entourage » (n = 1002)

Profils de consommationd’alcool selon l’AUDIT-C

Consommateurs sans risque(n = 18)

Consommateurs à risque(n = 393)

Alcoolo-dépendants(n = 522)

Consommateursà risquechroniquevs.Alcoolo-dépendants

Consommateursà risqueponctuelvs.Alcoolo-dépendants

Occasionnels(n = 5)

Réguliers(n = 13)

Ponctuels(n = 82)

Chroniques(n = 311)

Caractéristiques desconsommations d’alcool aucours de l’année écoulée

% % % (ES) % (ES) % (ES) p p

Fréquence des consommations < 0,001 < 0,0014 fois ou plus par semaine — 42,2 32,3 (± 9,9) 73,4 (± 4,8) 95,4 (± 1,8) < 0,001 < 0,0012 à 3 fois par semaine — 57,8 38,0 (± 10,3) 20,8 (± 4,4) 3,7 (± 1,6) < 0,001 < 0,0012 à 4 fois par mois 36,0 — 23,4 (± 9,0) 5,5 (± 2,5) 0,4 (± 0,5) < 0,001 < 0,0011 fois par mois ou moins 64,0 — 6,3 (± 5,2) 0,3 (± 0,6) 0,2 (± 0,4) 0,347 < 0,001

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L’alcool en

France et

ses conséquences

médicales

et sociales

S21

Tableau 2 (Suite )

Échantillon « Entourage » (n = 1002)

Profils de consommationd’alcool selon l’AUDIT-C

Consommateurs sans risque(n = 18)

Consommateurs à risque(n = 393)

Alcoolo-dépendants(n = 522)

Consommateursà risquechroniquevs.Alcoolo-dépendants

Consommateursà risqueponctuelvs.Alcoolo-dépendants

Occasionnels(n = 5)

Réguliers(n = 13)

Ponctuels(n = 82)

Chroniques(n = 311)

Consommation massived’alcool (≥ 60 g/j au coursd’une même occasion)

0,019 0,689

Oui — — 100,0 97,0 (± 1,9) 99,8 (± 0,4)Non 100,0 100,0 — 1,5 (± 1,3) 0,2 (± 0,4)

Fréquence des jours deconsommation excessive

< 0,001 < 0,001

> 1x/semaine — — — — 94,1 (± 2,0) < 0,001 < 0,0011x/semaine — — — 82,8 (± 4,1) 5,3 (± 1,9) < 0,001 0,0641x/mois — — 63,0 (± 10,2) 9,1 (± 3,1) — < 0,001 < 0,001< 1x/mois — — 37,0 (± 10,2) 5,1 (± 2,4) 0,4 (± 0,5) < 0,001 < 0,001Jamais 100,0 100,0 — — — — —Donnée manquante — — — 1,5 (± 1,3) — — —

Catégories de risque selonl’OMS

< 0,001 < 0,001

Faible 100,0 100,0 100,0 62,6 (± 5,3) 8,5 (± 2,4) < 0,001 < 0,001Modéré — — — 26,9 (± 4,9) 17,0 (± 3,2) < 0,001 < 0,001Élevé — — — 2,3 (± 1,6) 38,9 (± 4,1) < 0,001 < 0,001Très élevé — — — 0,8 (± 1,0) 25,1 (± 3,7) < 0,001 < 0,001

Caractéristiques desconsommations d’alcool aucours de l’année écoulée

Moyenne Moyenne Moyenne (ES) Moyenne (ES) Moyenne (ES) p p

Quantité journalière(grammes)

2,1 12,5 11,8 (± 1,6) 30,0 (± 1,5) 82,3 (± 5,5) < 0,001 < 0,001ET = 7,4 ET = 13,0 ET = 61,8

Ancienneté de laconsommation actuelle(années)

18,86 12,26 14,46 (± 2,52)ET = 11,32

14,94 (± 1,23)ET = 10,84

17,38 (± 1,04)ET = 11,97

0,004 0,045

Les valeurs des pourcentages sont pondérées afin de favoriser la représentativité des échantillons (méthode décrite dans l’article). Afin de comparer les pourcentages entre les groupes,un test du Chi2 sur l’ensemble de la variable puis un Z-test pour chacune de ses modalités (en cas de significativité du Chi2 (p < 0,05)) ont été utilisés ; les moyennes ont été comparées àl’aide d’une analyse de variance (Anova).ES : erreur standard, ET : écart-type, AUDIT-C : Alcohol Use Disorders Identification Test - Consumption questionnaire.

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S22

N.

Hoertel

et al.

Tableau 3 Motivation et prise en charge associées aux profils de consommation d’alcool définis à partir de l’AUDIT-C chez les consommateurs à risque ponctuel, consommateursà risque chronique et les participants alcoolo-dépendants dans les échantillons « Médecins généralistes » et « Entourage ».

Échantillon « Médecins généralistes »(n = 1308)

Profils de consommationd’alcool selon l’AUDIT-C

Consommateurs à risque(n = 689)

Alcoolo-dépendants(n = 432)

Consommateurs à risquechroniquevs,Alcoolo-dépendants

Consommateurs à risqueponctuelvs,Alcoolo-dépendants

Ponctuels(n = 182)

Chroniques(n = 507)

Motivation et prise en chargeau cours de l’année écoulée

Moyenne(ES)

Moyenne(ES)

Moyenne(ES)

pa pb pa pb

Motivation actuelle pour ladiminution ou l’arrêt desconsommations d’alcool(échelle numérique de 0 à10)Volonté d’arrêter les

consommations5,59 (± 0,29) 4,47 (± 0,21) 4,09 (± 0,24) 0,020 0,276 < 0,001 < 0,001ET = 2,21 ET = 2,43 ET = 2,44

Volonté de diminuer lesconsommations

6,11 (± 0,28) 5,40 (± 0,20) 4,81 (± 0,25) < 0,001 0,008 < 0,001 < 0,001ET = 2,07 ET = 2,22 ET = 2,42

% (ES) % (ES) % (ES) ORc [IC95 %] AORd [IC95 %] ORc [IC95 %] AORd [IC95 %]Prise en charge

A bénéficié d’une prise encharge

52,5 % (± 6,7) 36,5 % (± 4,2) 57,5 % (± 4,8) 0,43[0,33—0,56]**

0,50 [0,39—0,66]** 0,82 [0,59—1,14] 0,82 [0,59—1,14]

Sevrage ambulatoire ouhospitalier

15,6 % (± 4,8) 17,3 % (± 3,3) 40,7 % (± 4,8) 0,30[0,22—0,41]**

0,35 [0,26—0,47]** 0,27 [0,18—0,41]** 0,33 [0,22—0,49]**

Traitementmédicamenteux

32,6 % (± 6,3) 28,0 % (± 3,9) 35,6 % (± 4,7) 0,70[0,53—0,93]*

0,79 [0,60—1,05] 0,87 [0,61—1,24] 0,78 [0,54—1,12]

Post-cure spécialisée 13,7 % (± 4,6) 3,0 % (± 1,5) 8,7 % (± 2,8) 0,33[0,18—0,61]**

0,39 [0,21—0,74]** 1,66 [0,98—2,79] 1,72 [0,98—3,03]

Page 13: L’alcool en France et ses conséquences médicales et sociales : regard de l’entourage et des médecins généralistes

L’alcool en

France et

ses conséquences

médicales

et sociales

S23

Tableau 3 (Suite )

Échantillon « Entourage » (n = 1002)

Profils de consommationd’alcool selon l’AUDIT-C

Consommateurs à risque(n = 393)

Alcoolo-dépendants(n = 522)

Consommateurs à risquechroniquevs,Alcoolo-dépendants

Consommateurs à risqueponctuelvs,Alcoolo-dépendants

Ponctuels(n = 82)

Chroniques(n = 311)

Motivation et prise en chargeau cours de l’année écoulée

Moyenne(ES)

Moyenne(ES)

Moyenne(ES)

pa pb pa pb

Motivation actuelle pour ladiminution ou l’arrêt desconsommations d’alcool(échelle numérique de 0 à10)Volonté d’arrêter les

consommations3,70 (± 0,59) 2,69 (± 0,30) 2,30 (± 0,24) 0,052 0,025 < 0,001 < 0,001ET = 2,78 ET = 2,71 ET = 2,85

Volonté de diminuer lesconsommations

5,06 (± 0,61) 3,96 (± 0,32) 3,10 (± 0,26) < 0,001 < 0,001 < 0,001 < 0,001ET = 2,90 ET = 2,91 ET = 3,03

% (ES) % (ES) % (ES) ORc [IC95 %] AORd [IC95 %] ORc [IC95 %] AORd [IC95 %]Prise en charge

A déjà tenté de diminuer saconsommation d’alcool

72,6 % (± 9,5) 62,7 % (± 5,3) 60,3 % (± 4,2) 1,11[0,83—1,48]

1,20 [0,90—1,60] 1,77 [1,06—2,94]* 2,10 [1,24—3,57]*

A tenté d’arrêter lesconsommations avec l’aided’un professionnel

37,7 % (± 10,3) 23,0 % (± 4,6) 36,8 % (± 4,1) 0,52[0,38—0,71]**

0,61 [0,44—0,82]** 1,05 [0,65—1,68] 1,64 [1,03—2,59]*

Les valeurs des pourcentages sont pondérées afin de favoriser la représentativité des échantillons (méthode décrite dans l’article).Les valeurs des odds ratios et des p indiquées en gras sont statistiquement significatives (p < 0,05) ; *p < 0,05, **p < 0,01.ES : erreur standard, ET : écart-type, AOR : odds ratio ajusté, AUDIT-C : Alcohol Use Disorders Identification Test - Consumption questionnaire.

a Non ajustés et estimés à l’aide d’une analyse de variance (Anova).b Ajustés sur les variables sociodémographiques dont l’association différait significativement au risque 0,20 entre les consommateurs à risque chronique et les alcoolo-dépendants, et

estimés à l’aide d’une analyse de variance (Anova).c Non ajustés et estimés à l’aide d’un test du Chi2.d Ajustés sur les variables sociodémographiques dont l’association différait significativement au risque 0,20 entre les consommateurs à risque chronique et les alcoolo-dépendants, et

estimés à l’aide d’un test du Chi2.

Page 14: L’alcool en France et ses conséquences médicales et sociales : regard de l’entourage et des médecins généralistes

S24

N.

Hoertel

et al.

Tableau 4 Prévalences des pathologies médicales chez les consommateurs à risque ponctuel, les consommateurs à risque chronique et chez les participants alcoolo-dépendantsdans les échantillons « Médecins généralistes » et « Entourage ».

Échantillon « Médecins généralistes »(n = 1308)

Profils de consommationd’alcool selon l’AUDIT-C

Consommateurs à risque(n = 689)

Alcoolo-dépendants(n = 432)

Consommateurs à risquechroniquevs.Alcoolo-dépendants

Consommateurs à risqueponctuelvs.Alcoolo-dépendants

Ponctuels(n = 182)

Chroniques(n = 507)

Pathologies médicales % (ES) % (ES) % (ES) ORa [IC95 %] AORb

[IC95 %]ORa [IC95 %] AORb [IC95 %]

Pathologies psychiatriquesTrouble anxieux 67,0 (± 6,3) 59,7 (± 4,3) 55,5 (± 4,9) 1,42

[1,09—1,84]*1,28[0,98—1,67]

3,71 [2,47—5,57]** 1,05 [0,75—1,47]

Dépression caractérisée 36,4 (± 6,4) 44,8 (± 4,3) 40,8 (± 4,8) 1,35[1,04—1,75]*

1,47[1,12—1,92]*

1,27 [0,89—1,80] 0,99 [0,70—1,39]

Trouble bipolaire 2,2 (± 2,0) 7,2 (± 2,2) 4,5 (± 2,0) 1,81[1,02—3,23]*

1,90[1,08—3,36]*

0,65 [0,24—1,78] 1,08 [0,49—2,36]

Pathologie hépatique 7,4 (± 3,5) 10,7 (± 2,7) 29,2 (± 4,5) 0,32[0,23—0,46]**

0,41[0,29—0,58]**

0,61 [0,39—0,94]* 0,19 [0,10—0,36]**

Pathologie pancréatique 8,0 (± 3,6) 1,8 (± 1,2) 7,7 (± 2,6) 0,23[0,11—0,50]**

0,43[0,21—0,87]**

1,33 [0,72—2,47] 1,48 [0,77—2,82]

Pathologie neurologique 1,5 (± 1,6) 3,4 (± 1,6) 13,2 (± 3,3) 0,25[0,14—0,44]

0,28[0,16—0,48]**

0,12 [0,04—0,39]** 0,19 [0,08—0,47]**

Diabète 8,1 (± 3,6) 10,5 (± 2,7) 14,0 (± 3,4) 0,80[0,54—1,19]

0,94[0,64—1,39]

0,74 [0,42—1,29] 0,44 [0,24—0,82]**

Hypertension artérielle 14,8 (± 4,7) 30,0 (± 4,0) 27,9 (± 4,4) 1,23[0,93—1,65]

1,18[0,89—1,57]

0,61 [0,39—0,94]* 0,57 [0,38—0,85]**

Cancer 0,6 (± 1,0) 3,7 (± 1,6) 1,4 (± 1,1) 2,76[1,09—6,99]*

2,02[0,82—4,98]

0,39 [0,05—3,28] 0,53 [0,11—2,64]

Hospitalisation en lien avec laconsommation d’alcool aucours des 12 derniers mois

19,9 (± 5,3) 25,6 (± 3,8) 35,6 (± 4,7) 0,71[0,54—6,94]

0,82[0,61—1,09]

0,63 [0,42—0,94]* 0,64 [0,43—0,94]*

Page 15: L’alcool en France et ses conséquences médicales et sociales : regard de l’entourage et des médecins généralistes

L’alcool en

France et

ses conséquences

médicales

et sociales

S25

Tableau 4 (Suite )

Échantillon « Médecins généralistes »(n = 1308)

Profils de consommationd’alcool selon l’AUDIT-C

Consommateurs à risque(n = 689)

Alcoolo-dépendants(n = 432)

Consommateurs à risquechroniquevs.Alcoolo-dépendants

Consommateurs à risqueponctuelvs.Alcoolo-dépendants

Ponctuels(n = 182)

Chroniques(n = 507)

Pathologies médicales % (ES) % (ES) % (ES) ORa [IC95 %] AORb

[IC95 %]ORa [IC95 %] AORb [IC95 %]

Moyenne(ES)

Moyenne (ES) Moyenne(ES)

pc pd pc pd

Nombre d’hospitalisations enlien avec la consommationd’alcool au cours des12 derniers mois

1,23(± 0,15)ET = 0,50

1,59 (± 0,27)ET = 1,58

1,70(± 0,16)ET = 0,99

0,489 0,292 0,003 0,009

Échantillon « Entourage » (n = 1002)

Profils de consommationd’alcool selon l’AUDIT-C

Consommateurs à risque(n = 393)

Alcoolo-dépendants(n = 522)

Consommateurs à risque chroniquevs.Alcoolo-dépendants

Consommateurs à risque ponctuelvs.Alcoolo-dépendants

Ponctuels(n = 82)

Chroniques(n = 311)

Pathologies médicales % (ES) % (ES) % (ES) ORa [IC95 %] AORb [IC95 %] ORa [IC95 %] AORb [IC95 %]

Pathologies psychiatriquesTrouble anxieux 35,7

(± 10,2)39,9 (± 5,4) 37,3 (± 4,1) 1,14 [0,85—1,51] 1,12 [0,85—1,49] 0,94 [0,58—1,52] 0,85 [0,53—1,38]

Dépression caractérisée 22,1 (± 8,8) 32,5 (± 5,1) 32,2 (± 4,0) 1,02 [0,76—1,38] 1,16 [0,86—1,55] 0,61 [0,36—1,06] 0,58 [0,34—1,01]Trouble bipolaire 14,7 (± 7,5) 5,8 (± 2,6) 5,2 (± 1,9) 1,15 [0,63—2,09] 1,16 [0,63—2,11] 3,32 [1,64—6,72]* 3,20 [1,57—6,51]*

Pathologie hépatique 6,4 (± 5,2) 15,4 (± 3,9) 18,0 (± 3,3) 0,83 [0,57—1,21] 0,97 [0,67—1,39] 0,29 [0,11—0,73]** 0,54 [0,26—1,12]Pathologie pancréatique 1,0 (± 2,1) 4,1 (± 2,2) 5,1 (± 1,9) 0,80 [0,41—1,57] 0,89 [0,46—1,73] 0,23 [0,03—1,69] 0,11 [0,01—1,96]Pathologie neurologique 7,1 (± 5,5) 6,9 (± 2,8) 14,3 (± 3,0) 0,45 [0,27—0,73]** 0,49 [0,31—0,80]** 0,46 [0,19—1,10] 0,49 [0,21—1,14]Diabète 6,5 (± 5,2) 7,0 (± 2,8) 8,8 (± 2,4) 0,81 [0,48—1,36] 0,92 [0,55—1,55] 0,80 [0,33—1,93] 0,89 [0,37—2,12]Hypertension artérielle 8,4 (± 5,9) 16,3 (± 4,0) 14,6 (± 3,0) 1,14 [0,78—1,68] 1,04 [0,70—1,53] 0,53 [0,24—1,20] 0,34 [0,13—0,89]*Cancer 4,1 (± 4,2) 3,2 (± 1,9) 4,8 (± 1,8) 0,66 [0,31—1,39] 0,78 [0,37—1,62] 0,75 [0,22—2,56] 1,11 [0,38—3,27]Hospitalisation en lien avec la

consommation d’alcool aucours des 12 derniers mois

8,3 (± 5,9) 10,9 (± 3,4) 23,3 (± 3,6) 0,90 [0,75—1,30] 0,41 [0,27—0,61]** 0,88 [0,56—1,39] 0,30 [0,13—0,67]**

Page 16: L’alcool en France et ses conséquences médicales et sociales : regard de l’entourage et des médecins généralistes

S26

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vari

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a

béné

ficié

d’un

trai

tem

ent

au

cour

s

des

12

dern

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moi

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dans

l’éc

hant

illon

méd

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les

cons

omm

atio

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avec

l’ai

de

d’un

prof

essi

onne

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dans

l’éc

hant

illon

«

Ento

urag

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les

cons

omm

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N. Hoertel et al.

oyenne était estimée à plus de huit verres standard dans’échantillon « Entourage » et à plus de trois verres standardans l’échantillon « Médecins généralistes », et consommaitassivement de l’alcool au moins une fois par semaine dans

es deux échantillons.La majorité des sujets alcoolo-dépendants, mais éga-

ement des consommateurs à risque chronique, présentaitu moins une complication sociale et médicale. Ainsi, danses deux échantillons, il était rapporté isolément pour plus’un consommateur à risque chronique sur dix, un accidentoutier, une interpellation sur la voie publique, des vio-ences conjugales ou dans un autre contexte, ainsi qu’uneerte de travail, et pour plus de deux consommateurs àisque chronique sur dix un retrait de permis, un divorceu une séparation et un isolement social. Ces estimationspparaissent plus élevées que celles de précédentes études12], suggérant soit une aggravation des conséquencesociales de l’alcool, possiblement liée à l’augmentation dea fréquence des conduites d’alcoolisation massives, soit unenforcement de l’attention portée par la société sur lesonséquences de l’alcool. Cependant, ce résultat pourraitgalement être en partie expliqué par l’inclusion préfé-entielle de sujets présentant une conséquence sociale ouédicale de leur consommation d’alcool ou par l’apparitionlus précoce de la consommation excessive d’alcool ; enffet, les générations du baby-boom et la génération Xâgées de 30 à 64 ans) étaient décrites dans notre étudeomme ayant le risque le plus élevé d’avoir une consom-ation d’alcool à risque, marquant un changement de laistribution d’âge qui a déjà été identifié dans une étudeécente menée dans la population générale des États-Unis8]. Les pathologies médicales étaient également fréquenteshez les sujets alcoolo-dépendants et les consommateurs

risque chronique. Ainsi, dans l’échantillon « Médecinsénéralistes », plus de 10 % des consommateurs à risquehronique présentaient une pathologie hépatique ou un dia-ète, près de 30 % une hypertension artérielle, et près de0 % un trouble anxieux ou une dépression caractérisée.es résultats confirment la nécessité de rechercher sys-ématiquement et de prendre en charge une pathologienduite chez les personnes ayant une consommation exces-ive d’alcool [4,13].

Nos résultats suggèrent que les profils de consom-ation d’alcool identifiés à l’aide de l’AUDIT-C forment

n continuum en termes de conséquences sociales etédicales possiblement attribuables à l’alcool. Après ajus-

ement sur les caractéristiques sociodémographiques et larise en charge pour l’alcool, les prévalences de nom-reux événements sociaux et pathologies, connus pourtre favorisés et/ou aggravés par l’alcool, étaient signi-cativement différents entre les consommateurs à risqueonctuel, les consommateurs à risque chronique et les sujetslcoolo-dépendants. Ces résultats, qui sont globalementimilaires dans les deux échantillons, apparaissent robustest concordent avec ceux de plusieurs études qui indiquentue la consommation d’alcool, les dommages liés à l’alcoolt la dépendance à l’alcool forment un continuum [2,7].es individus peuvent évoluer dans ce continuum, y comprisonnaître des épisodes successifs d’abstinence et de rechute

u cours de leur vie [7].

Dans les deux échantillons de notre étude, nous avonsrouvé que la troisième question de l’AUDIT-C (à savoir,

Page 17: L’alcool en France et ses conséquences médicales et sociales : regard de l’entourage et des médecins généralistes

L’alcool en

France et

ses conséquences

médicales

et sociales

S27

Tableau 5 Prévalences des événements sociaux au cours de la vie chez les consommateurs à risque ponctuel, les consommateurs à risque chronique et chez les participantsalcoolo-dépendants dans les échantillons « Médecins généralistes » et « Entourage ».

Échantillon « Médecins généralistes »(n = 1308)

Profils de consommationd’alcool selon l’AUDIT-C

Consommateurs à risque(n = 689)

Alcoolo-dépendants(n = 432)

Consommateurs à risquechroniquevs.Alcoolo-dépendants

Consommateurs à risqueponctuelvs.Alcoolo-dépendants

Ponctuels(n = 182)

Chroniques(n = 507)

Événements sociaux % (ES) % (ES) % (ES) ORa

[IC95 %]AORb

[IC95 %]ORa

[IC95 %]AORb

[IC95 %]

Au moins un événement social, dont 72,4 (± 6,0) 81,7 (± 3,4) 83,2 (± 3,7) 1,38[1,00—1,90]*

0,98[0,69—1,40]

0,56 [0,35—0,90]* 0,51 [0,34—0,76]**

Accident de voiture 14,5 (± 4,7) 19,6 (± 3,4) 17,4 (± 3,7) 1,27[0,91—1,79]

1,34[0,95—1,90]

1,06 [0,67—1,69] 1,14 [0,73—1,78]

Retrait de permis 15,3 (± 4,8) 24,9 (± 3,8) 28,9 (± 4,4) 1,09[0,81—1,45]

1,16[0,85—1,68]

1,64 [1,06—2,50]* 0,58 [0,37—0,91]*

Interpellation sur la voie publique 8,9 (± 3,8) 18,2 (± 3,4) 24,2 (± 4,2) 1,28[0,93—1,79]

0,81[0,58—1,12]

0,40 [0,24—0,68]** 0,46 [0,28—0,74]**

Violences conjugales 14,0 (± 4,6) 17,2 (± 3,3) 20,3 (± 3,9) 0,91[0,65—1,27]

0,83[0,60—1,16]

0,85 [0,54—1,35] 0,65 [0,42—1,03]

Violences envers les autres 9,0 (± 3,8) 17,2 (± 3,3) 20,6 (± 4,0) 0,89[0,64—1,25]

0,96[0,68—1,36]

0,50 [0,29—0,85]* 0,55 [0,33—0,92]*

Divorce/séparation 20,3 (± 5,4) 23,1 (± 3,7) 34,8 (± 4,7) 0,64[0,48—0,85]*

0,87[0,65—1,17]

0,67 [0,45—1,00] 0,64 [0,43—0,95]*

Isolement social (perte d’amis) 26,6 (± 5,9) 39,7 (± 4,2) 46,9 (± 4,9) 0,88[0,68—1,14]

0,88[0,67—1,14]

0,61 [0,43—0,88]* 0,50 [0,35—0,72]**

Absentéisme au travail (actifs) 14,5 (± 4,7) 34,6 (± 4,1) 41,1 (± 4,8) 0,87[0,67—1,14]

0,83[0,63—1,08]

0,33 [0,22—0,51]** 0,21 [0,13—0,33]**

Perte de travail (actifs) 10,6 (± 4,1) 14,9 (± 3,1) 24,4 (± 4,2) 0,68[0,48—0,95]*

0,81[0,57—1,15]

0,50 [0,31—0,82]** 0,58 [0,35—0,94]*

Moyenne(ES)

Moyenne(ES)

Moyenne(ES)

pc pd pc pd

Nombre de jours d’arrêt de travail aucours des 12 derniers mois (chez lesactifs)

34,79 (± 7,24)ET = 21,67

23,16 (± 4,05)ET = 19,96

46,88(± 10,40)ET = 49,16

< 0,001 < 0,001 0,173 0,432

Nombre de mois de chômage (chez leschômeurs)

23,13 (± 9,16)ET = 22,44

21,00 (± 5,16)ET = 22,52

27,25 (± 4,56)ET = 25,15

0,086 0,216 0,570 0,078

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S28

N.

Hoertel

et al.

Tableau 5 (Suite )

Échantillon « Entourage » (n = 1002)

Profils de consommationd’alcool selon l’AUDIT-C

Consommateurs à risque(n = 393)

Alcoolo-dépendants(n = 522)

Consommateurs à risque chroniquevs.Alcoolo-dépendants

Consommateurs à risque ponctuelvs.Alcoolo-dépendants

Ponctuels(n = 82)

Chroniques(n = 311)

Événements sociaux % (ES) % (ES) % (ES) ORa

[IC95 %]AORb

[IC95 %]ORa

[IC95 %]AORb

[IC95 %]

Au moins un événement social, dont 68,0 (± 9,9) 79,6 (± 4,4) 89,0 (± 2,7) 0,46[0,30—0,70]**

0,55[0,37—0,81]*

0,24 [0,14—0,43]** 0,23 [0,14—0,39]**

Accident de voiture 20,8 (± 8,6) 18,9 (± 4,3) 27,3 (± 3,8) 0,63[0,45—0,88]*

0,69[0,50—0,97]*

0,72 [0,42—1,26] 0,73 [0,42—1,27]

Retrait de permis 30,4 (± 9,8) 22,3 (± 4,6) 37,3 (± 4,1) 0,49[0,36—0,67]**

0,56[0,41—0,76]**

0,75 [0,46—1,24] 0,67 [0,40—1,11]

Interpellation sur la voie publique 12,9 (± 7,1) 10,5 (± 3,4) 17,9 (± 3,3) 0,55[0,36—0,84]*

0,66[0,44—0,98]*

0,70 [0,36—1,36] 0,74 [0,38—1,43]

Violences conjugales 14,0 (± 7,4) 21,5 (± 4,5) 30,7 (± 3,9) 0,62[0,45—0,86]*

0,65[0,47—0,89]*

0,37 [0,20—0,71]** 0,37 [0,20—0,71]**

Violences envers les autres 21,9 (± 8,8) 21,8 (± 4,5) 24,1 (± 3,6) 0,89[0,64—1,25]

0,82[0,58—1,15]

0,93 [0,54—1,61] 0,85 [0,49—1,49]

Divorce/séparation 28,8 (± 9,6) 30,3 (± 5,0) 37,1 (± 4,1) 0,74[0,55—1,00]

0,87[0,65—1,17]

0,72 [0,43—1,19] 0,99 [0,62—1,61]

Isolement social (perte d’amis) 26,9 (± 9,4) 37,5 (± 5,3) 48,7 (± 4,2) 0,64[0,48—0,85]*

0,71[0,54—0,94]*

0,40 [0,24—0,66]** 0,45 [0,27—0,74]**

Absentéisme au travail (actifs) 18,0 (± 8,2) 19,2 (± 4,3) 27,9 (± 3,8) 0,61[0,44—0,86]*

0,69[0,50—0,97]*

0,56 [0,31—1,01] 0,45 [0,24—0,85]*

Perte de travail (actifs) 10,1 (± 6,4) 7,7 (± 2,9) 20,9 (± 3,5) 0,32[0,20—0,51]**

0,50[0,33—0,76]**

0,46 [0,22—0,94]* 0,74 [0,39—1,39]

Moyenne(ES)

Moyenne(ES)

Moyenne(ES)

pc pd pc pd

Nombre de jours d’arrêt de travail aucours des 12 derniers mois (chez lesactifs)

73,60(± 40,48)ET = 57,44

68,99 (± 53,63)ET = 97,92

82,56(± 25,37)ET = 84,51

0,634 0,494 0,778 0,389

Nombre de mois de chômage (chez leschômeurs)

46,17(± 30,15)ET = 37,76

28,05 (± 13,48)ET = 32,69

57,27(± 11,89)ET = 58,40

0,024 0,015 0,650 0,643

Les valeurs des pourcentages sont pondérées afin de favoriser la représentativité des échantillons (méthode décrite dans l’article).Les valeurs des odds ratios et des p indiquées en gras sont statistiquement significatives (p < 0,05) et estimées à l’aide d’une analyse de variance (Anova) ; *p < 0,05, **p < 0,01.ES : erreur standard, ET : écart-type, AOR : odds ratio ajusté, AUDIT-C : Alcohol Use Disorders Identification Test - Consumption questionnaire.

a Non ajustés et estimés à l’aide d’un test du Chi2.b Ajustés sur les variables sociodémographiques et la notion d’une prise en charge (variable « a bénéficié d’un traitement au cours des 12 derniers mois » dans l’échantillon « Médecins

Généralistes » et variable « a tenté d’arrêter les consommations avec l’aide d’un professionnel » dans l’échantillon « Entourage ») dont l’association différait significativement au risque0,20 entre les consommateurs à risque chronique et les alcoolo-dépendants, et estimés à l’aide d’un test du Chi2.

c Non ajustés et estimés à l’aide d’une analyse de variance (Anova).d Ajustés sur les variables sociodémographiques dont l’association différait significativement au risque 0,20 entre les consommateurs à risque chronique et les alcoolo-dépendants et la

notion d’une prise en charge (soit la variable « a bénéficié d’un traitement au cours des 12 derniers mois » dans l’échantillon médecin, soit celle « a tenté d’arrêter les consommationsavec l’aide d’un professionnel » dans l’échantillon « Entourage »), et estimés à l’aide d’une analyse de variance (Anova).

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L’alcool en France et ses conséquences médicales et sociale

« Combien de fois vous arrive-t-il de boire six verres oudavantage au cours d’une même occasion ? ») était celle quipermettait le mieux de distinguer le profil de consomma-tion des sujets. En effet, il n’était rapporté, pour aucunconsommateur sans risque, de consommation épisodiquemassive d’alcool au cours de l’année écoulée. Ces résultatsconfirment que cette question pourrait être bien plus infor-mative que la quantité journalière d’alcool consommée, à lafois pour dépister en routine clinique un patient ayant uneconsommation d’alcool nocive ou à risque, mais égalementpour évaluer la sévérité de cette consommation [5,6,10].

Par ailleurs, notre étude suggère que les personnesayant une consommation excessive d’alcool sont insuffi-samment dépistées et prises en charge. En effet, bien queplus de 60 % des sujets alcoolo-dépendants aient tenté, aucours de l’année, de diminuer leur consommation d’alcooldans l’échantillon « Entourage », seulement 36,8 % de cesproches ont tenté d’arrêter avec l’aide d’un profession-nel de santé. Dans l’échantillon « Médecins généralistes »,seulement 57,5 % des patients alcoolo-dépendants avaientbénéficié d’une prise en charge pour l’alcool. Ces résul-tats suggèrent que l’attention médicale sur la consommationexcessive d’alcool est insuffisante et pourrait même avoirdécliné [14,15], probablement pour plusieurs raisons : (i)l’incertitude que le dépistage d’une consommation « àrisque » soit justifié [8], (ii) l’alcoolo-dépendance reste for-tement stigmatisée, parfois plus que certaines pathologiesmentales [16], (iii) l’insuffisance de connaissances des pro-fessionnels de santé [8], (iv) le manque de confiance despatients et des professionnels de santé dans l’efficacitéd’une prise en charge [17] et (v) une insatisfaction desoptions thérapeutiques actuelles, encore souvent fondéessur l’idée que l’abstinence totale est le seul but acceptabledu traitement [17].

Pourtant, les données disponibles sur l’efficacité destraitements pour la dépendance à l’alcool contredisentces croyances négatives [8]. Tout d’abord, notre étudeindique qu’une proportion substantielle de consommateursà risque ponctuel, respectivement 52,5 % dans l’échantillon« Médecins généralistes » et 37,7 % dans l’échantillon« Entourage », a bénéficié d’une prise en charge pourl’alcool, malgré une consommation journalière moyenneinférieure à un verre standard. Il est probable qu’uneproportion importante de ces patients ait été prise encharge pour des consommations d’alcool plus élevées et aitréussi à réduire la consommation journalière. Par ailleurs,de nombreux essais randomisés démontrent l’efficacitédes interventions brèves dans la réduction de la consom-mation d’alcool pour les personnes dont les problèmesd’alcool ne sont pas encore chroniques et sévères [18].Pour les consommations plus sévères, et notamment pour ladépendance à l’alcool, des traitements pharmacologiques,comprenant la naltrexone, l’acamprosate, ainsi que destraitements psychothérapeutiques, incluant les entretiensmotivationnels, la thérapie cognitivo-comportementale ouune combinaison de ces traitements sont indiqués [8]. Cestraitements ont démontré une efficacité comparable à cellede nombreux traitements de routine pour d’autres patholo-

gies chroniques [19]. Enfin, nous assistons depuis plusieursannées à l’émergence d’un nouveau paradigme dans la priseen charge des patients présentant des conduites addic-tives : l’acceptation de la non-abstinence [17]. Le patient

rsef

S29

t son praticien peuvent décider ensemble de l’objectif’abstinence ou de réduction de la consommation à risque,n fonction de la motivation du patient et du retentisse-ent social et médical de sa consommation. En effet, unrojet thérapeutique dont les objectifs et la méthode sontartagés par le patient et son praticien, pourrait permettree favoriser l’adhésion aux soins et de diminuer le tauxctuellement élevé d’abandon de la prise en charge [20].’introduction d’un traitement pharmacologique visant àéduire la consommation journalière et le nombre de jourse consommation massive d’alcool, le nalmefene, pour-ait également bénéficier aux patients alcoolo-dépendantsui ne sont en mesure ni d’arrêter, ni de réduire leuronsommation d’alcool, après une évaluation initiale et unentervention brève [21].

Cette étude comporte plusieurs limites.Tout d’abord, l’AUDIT-C ne permet pas de réaliser un

iagnostic d’alcoolo-dépendance, qui est fondé sur des cri-ères cliniques. Cependant, il est à noter qu’une étudeécente [22] a estimé que la probabilité d’avoir une alcoolo-épendance pour un score de 12 à l’AUDIT-C (seuil utiliséans notre étude) était de 65 %. Deuxièmement, nousvons utilisé deux échantillons afin d’évaluer la prévalencet les conséquences médicales et sociales de différentsrofils de consommation d’alcool construits à partir de’AUDIT-C, selon les regards des médecins généralistes et de’entourage. L’inclusion préférentielle des personnes ayantn « problème d’alcool » a probablement conduit à uneous-estimation importante de la prévalence des consomma-eurs sans risque, occasionnels et ponctuels ainsi qu’à uneurestimation des conséquences sociales et médicales. Troi-ièmement, la nature transversale de l’étude nous interdit’inférer toute relation de causalité [11]. Enfin, les don-ées des deux échantillons, notamment d’ordre médical etocial, étaient déclaratives et n’émanaient pas directemente la personne concernée, ce qui a pu biaiser les propor-ions estimées des sujets ayant une consommation à risque,insi que les prévalences des pathologies et des événementsociaux. Par exemple, la qualité des informations rapportéesar la personne de l’entourage pourrait avoir été influencéear son degré de proximité avec la personne consommante l’alcool. Par ailleurs, il est possible que les événementsociaux aient pu être sous-estimés par le médecin généra-iste suite à une sous-déclaration par le patient du fait d’uniais de désirabilité sociale. Cependant, des tendances simi-aires étaient observées pour les deux échantillons et étaientohérentes avec les données de la littérature [12].

Malgré ces limites, notre étude suggère que plus d’undulte sur dix en France a présenté une consommation’alcool nocive ou à risque au cours de l’année écoulée.ne majorité de ces adultes présente déjà des consé-uences sociales et médicales importantes, possiblementttribuables à l’alcool. Enfin, notre étude indique quea consommation à risque ponctuelle, la consommation àisque chronique et la dépendance à l’alcool (telles queéfinies par l’AUDIT-C) forment un continuum en termes deonséquences sociales et médicales. Ainsi, une meilleureompréhension de cette pathologie, de ses signes et de sesisques par le grand public, ainsi qu’une meilleure connais-

ance des outils de dépistage des consommateurs à risquet des stratégies thérapeutiques disponibles par les pro-essionnels de santé, pourraient permettre de réduire la
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30

tigmatisation associée à cette maladie, d’augmenter laonfiance des patients pour les traitements proposés et deavoriser ainsi une prise en charge plus précoce, idéalementvant le développement de la dépendance.

éclaration d’intérêts

.H. ne rapporte aucun conflit d’intérêt en lien avec leexte publié ; A.C. est salariée de Lundbeck SAS ; F.R. et F.L.éclarent avoir percu, au cours de l’année 2013, des hono-aires pour des conférences et des réunions d’experts de laart de différents laboratoires (Janssen, Servier, Lundbeckt Roche).

emerciement

ous remercions le laboratoire Lundbeck SAS qui a financéette étude.

nnexe.

escription des six profils de consommation d’alcool, définis partir de l’AUDIT-C et des seuils de risque définis pas l’OMS,elon la méthode précédemment décrite par Mouquet et Vil-et [6] et validée en population générale par Com-Ruellet al. [5] :

(i) les personnes déclarant ne jamais consommer d’alcool,(ii) les consommateurs sans risque d’alcoolisation exces-

sive, occasionnels (ne consommant jamais 6 verresstandard ou plus en une même occasion et moins de14 verres standard par semaine pour les femmes etmoins de 21 verres standard pour les hommes ; la fré-quence de consommation d’alcool est inférieure à 2 à3 fois par semaine),

iii) les consommateurs sans risque d’alcoolisation exces-sive, réguliers (si leur fréquence de consommationd’alcool est inférieure à 2 à 3 fois par semaine),

iv) les consommateurs à risque ponctuel d’alcoolisationexcessive (consommant parfois 6 verres standard ouplus en une même occasion mais jamais plus d’unefois par mois, avec une volumétrie hebdomadaire infé-rieure ou égale à 14 verres standard pour les femmesou 21 verres standard pour les hommes),

(v) les consommateurs à risque chronique (consommant15 verres standard ou plus par semaine pour les femmesou 22 verres standard ou plus pour les hommes, et/ou6 verres standard ou plus en une occasion au moins 1 foispar semaine),

vi) les « alcoolo-dépendants » si la personne consomme49 verres standard ou plus par semaine quel que soitson sexe et/ou boit 6 verres standard ou plus au coursd’une même occasion chaque jour ou presque.

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