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Bulletin du centre d’études médiévales d’Auxerre | BUCEMA Hors-série n° 3 | 2010 Présentation et mise en valeur des sites archéologiques religieux en milieu urbain L’aménagement de sites archéologiques accessibles au public en contexte urbain : la politique adoptée par le canton de Genève Jean Terrier Édition électronique URL : http://journals.openedition.org/cem/11379 DOI : 10.4000/cem.11379 ISSN : 1954-3093 Éditeur Centre d'études médiévales Saint-Germain d'Auxerre Référence électronique Jean Terrier, « L’aménagement de sites archéologiques accessibles au public en contexte urbain : la politique adoptée par le canton de Genève », Bulletin du centre d’études médiévales d’Auxerre | BUCEMA [En ligne], Hors-série n° 3 | 2010, mis en ligne le 15 mars 2010, consulté le 19 avril 2019. URL : http:// journals.openedition.org/cem/11379 ; DOI : 10.4000/cem.11379 Ce document a été généré automatiquement le 19 avril 2019. Les contenus du Bulletin du centre d’études médiévales d’Auxerre (BUCEMA) sont mis à disposition selon les termes de la Licence Creative Commons Attribution - Pas d’Utilisation Commerciale - Partage dans les Mêmes Conditions 4.0 International.

L’aménagement de sites archéologiques accessibles au

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Page 1: L’aménagement de sites archéologiques accessibles au

Bulletin du centre d’études médiévalesd’Auxerre | BUCEMA

Hors-série n° 3 | 2010

Présentation et mise en valeur des sitesarchéologiques religieux en milieu urbain

L’aménagement de sites archéologiquesaccessibles au public en contexte urbain : lapolitique adoptée par le canton de Genève

Jean Terrier

Édition électroniqueURL : http://journals.openedition.org/cem/11379DOI : 10.4000/cem.11379ISSN : 1954-3093

ÉditeurCentre d'études médiévales Saint-Germain d'Auxerre

Référence électroniqueJean Terrier, « L’aménagement de sites archéologiques accessibles au public en contexte urbain : lapolitique adoptée par le canton de Genève », Bulletin du centre d’études médiévales d’Auxerre | BUCEMA[En ligne], Hors-série n° 3 | 2010, mis en ligne le 15 mars 2010, consulté le 19 avril 2019. URL : http://journals.openedition.org/cem/11379 ; DOI : 10.4000/cem.11379

Ce document a été généré automatiquement le 19 avril 2019.

Les contenus du Bulletin du centre d’études médiévales d’Auxerre (BUCEMA) sont mis à disposition selonles termes de la Licence Creative Commons Attribution - Pas d’Utilisation Commerciale - Partage dansles Mêmes Conditions 4.0 International.

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L’aménagement de sites archéologiquesaccessibles au public en contexteurbain : la politique adoptée par lecanton de Genève

Jean Terrier

1 Le rôle du Service cantonal d’archéologie consiste à recenser, découvrir, étudier,

sauvegarder et mettre en valeur le patrimoine archéologique conservé sur l’ensemble du

territoire genevois. Afin de mettre en œuvre cette politique dans un contexte actuel qui

n’est pas toujours acquis, il devient aujourd’hui primordial de développer une

communication efficace auprès du public afin de convaincre les élus politiques de

débloquer les fonds nécessaires à la prise en compte de cette dimension culturelle. La

réalisation et l’aménagement de sites accessibles sont les piliers de cette sensibilisation, le

succès de leur fréquentation étant leur corollaire indispensable. Au cours de ces quarante

dernières années, plusieurs dossiers scientifiques ont été menés à Genève dans le

contexte d’une approche systématique associant archéologies préventive et programmée

qui ont abouti à la réalisation d’espaces archéologiques ouverts à la population.

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Un site phare : la cathédrale Saint-Pierre

Fig. 1 – La cathédrale Saint-Pierre (cl. Marion Berti).

2 Les vestiges exceptionnels mis en valeur dans le sous-sol archéologique de la cathédrale

Saint-Pierre permettent d’aborder la genèse de la cité de Genève. L’intérêt majeur de cet

espace ouvert au public, outre la qualité de la présentation didactique ainsi que

l’envergure des lieux, réside dans la conservation de vestiges illustrant l’impact de la

christianisation sur l’urbanisation de la cité au cours de l’Antiquité tardive.

3 C’est à partir de la fin du IVe siècle, suite à la promulgation du christianisme en tant que

religion d’Etat au sein de l’Empire romain, que la ville se dotera d’une parure

monumentale impressionnante. Dès cette époque, ce ne sont pas moins de trois

cathédrales avec des fonctions bien précises qui s’organiseront autour du baptistère,

centre de la composition architecturale. Le pouvoir de l’évêque se manifestera aussi par

l’édification d’un palais comprenant plusieurs salles de réception ainsi qu’une chapelle

privée. Tous ces monuments seront sans cesse modifiés, transformés puis reconstruits

pour satisfaire à l’évolution de la liturgie ou pour marquer le règne d’un nouveau prélat.

Une telle complexité ne pouvait être abordée sur le plan archéologique qu’en poursuivant

des investigations sur le long terme et en élargissant également le champ des découvertes

au-delà de l’assiette de la cathédrale actuelle.

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Fig. 2 – La cathédrale Saint-Pierre (cl. Alain Germond).

4 Cette riche et longue évolution peut être perçue lors de la visite du site archéologique

aménagé sous la cathédrale dans un cadre résolument contemporain et à l’aide d’un

appareil didactique judicieusement disposé le long du parcours. La réalisation de ce

véritable musée de site a été honorée en 2008 par l’attribution d’une « Médaille Europa

Nostra » dans le cadre du Prix du patrimoine culturel de l’Union européenne rendant

hommage à un projet exemplaire dans un pays, la Suisse, qui ne fait pourtant pas partie

de cette instance politique. Si cette réalisation unique joue le rôle de véritable vitrine

pour l’archéologie genevoise, et cela bien au-delà des frontières, elle constitue surtout un

cadre de référence précieux à partir duquel peut s’articuler une véritable politique de

l’archéologie au sein du territoire cantonal.

Fig. 3 – Cathédrale, aménagements (cl. Alain Germond).

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Les autres sites

5 Plusieurs espaces archéologiques accessibles au public illustrent également certaines

pages de l’histoire de la cité par l’intermédiaire de vestiges particulièrement intéressants

présentés dans des cadres sensiblement différents. Le nouveau site aménagé en partie

sous l’église médiévale de Saint-Gervais met en lumière l’histoire d’un important

faubourg de la ville. La présentation du sous-sol de l’église de La Madeleine, localisée en

contrebas de la cathédrale, illustre les origines de cet édifice qui sont liées à

l’établissement d’un cimetière antique. Dans un tout autre contexte, le parking souterrain

de Saint-Antoine intègre un immense pan des fortifications bastionnées du XVIe siècle.

Des promenades archéologiques sont également proposées aux visiteurs en périphérie du

noyau urbain. Ainsi, les ruines de l’ancien prieuré médiéval de Saint-Jean-hors-les-murs

sont accessibles au sein d’un parc public. C’est aussi le cas d’une somptueuse demeure

antique étudiée pendant plusieurs années à l’intérieur du parc de La Grange dont les

vestiges sont présentés dans le cadre d’un concept paysager contemporain.

L’église Saint-Gervais

Fig. 4 – L’église Saint-Gervais (cl. M. Berti).

6 Un parcours archéologique à travers les vestiges retraçant les différentes occupations du

site est en cours de réalisation dans le sous-sol de ce monument historique. Le promeneur

pourra ainsi remonter le temps à la découverte d’un des quartiers les plus anciens de

Genève. Auparavant, il aura eu la possibilité d’effectuer la visite de l’église actuelle datée

de la première moitié du XVe siècle, visite agrémentée de panneaux explicatifs.

7 Les recherches archéologiques effectuées dans ce contexte ont mis au jour les traces de

l’établissement humain le plus ancien reconnu sur le territoire du canton de Genève; il

s’agit d’un habitat du Néolithique daté vers 4000 avant J.-C. Une tombe à incinération du

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Bronze final, témoin d’une aire d’inhumation plus récente, a également été retrouvée à

cet endroit.

8 Le premier témoignage attestant la présence d’un lieu de culte consiste en un alignement

de pierres dressées établi le long d’une voie. La datation de cet ensemble est délicate à

préciser. La voie fut déplacée entre 60 et 40 avant J.-C. Deux mégalithes furent alors

couchés afin de procéder à un nivellement de la zone pour permettre l’édification d’un

bâtiment en bois vers 40 avant J.-C. Ce bâtiment sera bientôt remplacé par d’autres

constructions en terre et en bois vouées au culte et à l’habitat. C’est durant la première

moitié du Ier siècle de notre ère que l’on bâtit un imposant sanctuaire gallo-romain en

brique crue et en pierre dont l’architecture et l’organisation des espaces sacrés seront

modifiés au fil des siècles. Cet ensemble religieux fut délaissé au IVe siècle suite à un

incendie.

9 Un mausolée sera bientôt installé à proximité immédiate de la voie. Ce monument est

sans doute à l’origine de la vaste église funéraire au plan en forme de croix qui sera

édifiée au Ve siècle. Un caveau semi-hypogé était aménagé sous le chœur de cet édifice

chrétien et son accès est aujourd’hui remis en valeur dans l’église actuelle.

Fig. 5 et 6 : Aménagement du site archéologique (cl. M. Berti).

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L’église de La Madeleine

Fig. 7 – L’église de La Madeleine (cl. M. Berti).

10 Le site accessible dans le sous-sol de l’église de la Madeleine correspond à un

aménagement temporaire au sein duquel les visiteurs peuvent aujourd’hui découvrir la

riche histoire de cette partie de la ville proche des rives du lac grâce à l’aménagement

d’un cheminement en bois.

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11 L’église de la Madeleine a été édifiée sur l’emplacement d’un ancien quartier portuaire

dont les origines remontent au dernier quart du IIe siècle avant J.-C. Une résidence sera

construite sur cette zone durant l’époque romaine. À partir de la fin du IIIe siècle et suite

à une période de trouble, l’étendue de la cité sera réduite au sommet de la colline par la

réalisation d’une enceinte fortifiée. Ce quartier semble alors ruiné et une aire funéraire se

développera sur ce secteur localisé désormais à l’extérieur de la ville enfermée dans ses

murs. Ce cimetière est bientôt entouré d’une clôture contre laquelle est adossé un petit

oratoire abritant une tombe vénérée ou de précieuses reliques

12 C’est au Ve-VIe siècle qu’une première église funéraire est édifiée en ce lieu. Elle est

ensuite en partie modifiée pour réaliser un édifice de plus grande dimension tout en

prenant soin de maintenir le petit oratoire en tant que chapelle. Au cours des temps

carolingiens, l’église est entièrement reconstruite avec une taille réduite. Dès cette

époque, la présence de fonts baptismaux semble attester la naissance d’une communauté

de fidèles préfigurant ainsi la paroisse médiévale de la Madeleine. Au cours du XIe siècle,

une nouvelle église est bâtie, dotée du traditionnel chœur carré caractéristique de nos

régions. Elle laissera ensuite place à l’église actuelle dont la construction remonte au XVe

siècle.

Fig. 8 et 9 – Site archéologique (cl. M. Berti).

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Le Parking Saint-Antoine

13 Lors des terrassements effectués pour la réalisation du parking souterrain de Saint-

Antoine, un vaste tronçon des fortifications protégeant la ville au XVIe siècle fut mis au

jour. Suite à cette importante découverte et au vu de la qualité des vestiges dégagés, il fut

décidé non seulement de conserver ces gigantesques murailles, mais également de les

mettre en valeur afin de permettre à un large public d’accéder ainsi à une page

importante de l’histoire genevoise. Aujourd’hui, des panneaux et une maquette

renseignent le visiteur sur l’évolution des fortifications de la cité, depuis la première

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enceinte du Bas-Empire jusqu’au démantèlement de l’ultime couronne bastionnée

intervenu au milieu du XIXe siècle.

Fig. 10 – Parking Saint-Antoine, vue des fortifications (cl. J.-B. Sevette).

14 La courtine visible dans le parking reliait le bastion du Pin à celui de Saint-Antoine. La

maçonnerie, d’une épaisseur de 2,20 mètres, est constituée principalement de petits

boulets mêlés par endroits à des blocs récupérés sur des édifices détruits lors de ce vaste

chantier de fortification. Aucun élément architectural ne vient rompre la monotonie de

l’ouvrage, hormis une poterne au sud qui aboutissait aux fossés situés au pied de la

muraille. Le flanc droit du bastion conservé dans le site archéologique correspond à celui

de Saint-Antoine, construit en 1560. Une galerie assurait la circulation à l’intérieur du

bastion; le long de son flanc, elle comportait de larges niches dans lesquelles pouvait se

positionner l’infanterie alors que des chambres de tir abritaient les pièces d’artillerie de

gros calibre. Des embrasures percées à la base des murs permettaient d’effectuer des tirs

rasants dans le fond des fossés aménagés au-devant des fortifications. Un tel dispositif

empêchait toute tentative d’approche de la part de l’ennemi.

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Page 11: L’aménagement de sites archéologiques accessibles au

Fig. 11 – Site aménagé dans le parking souterrain (cl. J.-B. Sevette).

Fig. 12 – Site aménagé dans le parking souterrain (cl. J.-B. Sevette).

L’ancien prieuré Saint-Jean-hors-les-Murs

15 Une promenade archéologique a été aménagée en 1973 afin de valoriser les vestiges du

monastère de Saint-Jean-hors-les-murs découverts en 1966. Placé dans un quartier

aujourd’hui fortement urbanisé qui est confronté à de lourdes nuisances liées à la densité

du trafic motorisé, cet aménagement constitue un véritable îlot de verdure au sein de la

ville invitant le promeneur à venir flâner dans les ruines de l’église romane et de son

cloître.

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Page 12: L’aménagement de sites archéologiques accessibles au

Fig. 13 et 14 – La promenade archéologique (cl. M. Berti).

16 Les origines du site sont anciennes puisqu’une église en bois avait déjà été édifiée en cet

endroit au VIIIe-IXe siècle. En fait, ce lieu était tout désigné pour accueillir un sanctuaire

chrétien, un récit de la Vie des Pères du Jura relatant la guérison de deux lépreux par

saint Romain dans une grotte que l’historiographie traditionnelle situe à proximité.

L’édifice religieux perpétuait peut-être la mémoire de ce miracle. Aux environs de l’an

mil, une basilique en pierre de près de 32 mètres de longueur, dotée de plusieurs annexes

conventuelles, succède à l’église en bois. Elle est remplacée au XIIe siècle par une église

romane érigée en prieuré. Le monastère est ensuite abandonné lors des événements liés à

la Réforme protestante, pour être finalement démantelé, les matériaux provenant de sa

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Page 13: L’aménagement de sites archéologiques accessibles au

démolition étant principalement utilisés pour l’édification des nouvelles fortifications

bastionnées.

Fig. 15 – La promenade archéologique (cl. M. Berti).

Le Parc de La Grange

17 Siège d’une fouille de grande envergure menée sur plusieurs années, le Parc de La Grange

est aujourd’hui considéré à Genève comme une véritable réserve archéologique. La mise

en valeur des découvertes effectuées, notamment les vestiges de mégalithes

préhistoriques et d’une villa gallo-romaine, est réalisée dans le cadre d’un concept

d’architecture paysagère alliant le métal, le minéral et le végétal. Aux trois entrées

principales du parc, des panneaux informatifs complets orientent le visiteur en l’incitant

à se diriger vers le lieu des découvertes. Sur place, quatre tables d’orientation,

positionnées aux quatre points cardinaux de l’établissement antique, fournissent des

explications sur les principales occupations du site.

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Page 14: L’aménagement de sites archéologiques accessibles au

Fig. 16 – Promenade archéologique (cl. M. Delley).

18 Dans la partie inférieure du Parc de La Grange, un établissement de l’âge du Bronze final a

été mis en évidence en bordure de la berge préhistorique du lac, alors qu’en amont, sous

l’emprise de la villa romaine, les restes d’un regroupement mégalithique, érigé

probablement entre le Néolithique et l’âge du Bronze, a pu être reconnu. C’est sur cette

zone et à partir du IIe siècle avant J.-C. qu’apparaissent les premières traces liées à un

établissement allobroge de grande importance. Subissant plusieurs transformations, cet

ensemble sera remplacé au début du Ier siècle de notre ère par une imposante villa à

atrium et péristyle. Cette nouvelle réalisation architecturale constitue un véritable palais

d’inspiration italique exprimant bien la volonté de son propriétaire, sans doute un

membre d’une grande famille aristocratique allobroge, de se référer à la culture romaine

tout en étalant sa puissance.

19 Dans le courant du IIe siècle après J.-C., ce vaste édifice sera agrandi sur son flanc ouest

par l’adjonction d’un bâtiment quadrangulaire qui se développera par la suite pour être

finalement doté d’une abside dans le courant du IVe siècle. L’ensemble restera

vraisemblablement en usage jusqu’au Ve siècle. Au-delà de cette période, il semble que

seule la partie occidentale soit maintenue; elle sera encore augmentée de petites

constructions annexes réalisées entre le Ve et le VIe siècle. Une importante bâtisse en bois

identifiée par une série d’alignement de trous de poteau reprendra le plan de l’édifice

précédent à l’aube du Moyen Âge, cette construction demeurera probablement en

fonction jusqu’au XIVe siècle.

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Page 15: L’aménagement de sites archéologiques accessibles au

Fig. 17 et 18 - Promenade archéologique (cl. M. Delley).

Une archéologie pour l’avenir

20 La mise en valeur des découvertes archéologiques et leur diffusion auprès d’un large

public constituent une mission primordiale du Service cantonal d’archéologie qui se doit

de porter ses activités à la connaissance du plus grand nombre et inciter ainsi à la

protection d’un patrimoine unique et fragile. Afin de faciliter les contacts avec la

population, un site internet (www.geneve.ch/patrimoine/sca) a été réalisé pour présenter

l’actualité archéologique genevoise ainsi que les possibilités de visites offertes à tous. De

plus, afin d’établir un véritable dialogue entre ces différents aménagements de sites et les

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riches collections d’objets archéologiques, un projet de réalisation de salles d’archéologie

régionale au sein du Musée d’art et d’histoire de la ville situé aux portes de la cité

médiévale est en cours. C’est donc au prix de tous ces efforts didactiques que la pérennité

de l’archéologie pourra être assurée et, par la même, la reconnaissance de sa valeur

patrimoniale auprès des générations futures.

BIBLIOGRAPHIE

Orientation bibliographique

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INDEX

Mots-clés : aménagement

Index géographique : Suisse/Genève

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