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Phytothérapie © Springer-Verlag France 2014 DOI 10.1007/s10298-014-0868-4 L’année de Grasse, 2014 Cette édition 2014 a été un franc succès avec l’apport interna- tional de représentants américains comme Chris Kilham, qui se désigne lui-même medicine hunter, et Mark Blumenthal, fonda- teur et directeur exécutif de l’American Botanical Council (ABC) et rédacteur en chef de HerbalGram et Herbclip. Kilham est un auteur très médiatique qui a exploré les plantes médicinales et les plantes à huiles essentielles dans plus de 30 pays. Nous devons sa présence au symposium grâce à son appartenance à la fondation Naturex située à Avignon. Il a défini l’aromathérapie comme une médecine par l’esprit (spirit) de la plante, qui fait la liaison entre le bulbe olfactif et la multiplicité des éléments volatils de nombreuses espèces végétales qui enflamment les sens et modifient santé et humeur. En effectuant avec cet exposé un bond rapide dans le monde de l’aromathérapie, nous ferons connaissance avec des huiles volatiles des plantes, avec l’ingéniosité du système nerveux humain et avec l’importance critique de la durabilité d’approvi- sionnement en plantes médicinales. Un débat important a eu lieu le second jour, incluant M. Blumenthal, R. Anton, T. Thévenin, H.P. Bodifee, L. Berti et P. Goetz. Pour introduire le débat du symposium, nous avons exposé le problème actuel du prescripteur professionnel d’aromaphytothérapie et les documents officiels (Escop, Commission E, EMA, Agence française). Ces travaux qui sont publiés avec parcimonie sur le Web sont des références, mais ils pourraient être plus que cela. Il est vrai que ces travaux demandent des experts, des résultats de recherches scientifiques, des finances ! Et les industriels de la plante médicinale n’ont pas les capacités des grands laboratoires. Les utilisa- teurs sont surtout les chercheurs universitaires et les laboratoires pharmaceutiques pour l’élaboration de dossier AMM. Pour l’enseignement de la phytoaromathérapie, pour la documentation professionnelle, le médecin a besoin d’autant de certitudes et de certifications en médecine par les plantes qu’en médecine par des produits de synthèse. Actuellement, l’accès aux informations est très difficile. Les médecins français ne connaissent pas ces dossiers et souvent ne comprennent pas suffisamment l’anglais (il n’y avait pas de texte en français). À la lecture des comptes rendus, on s’aperçoit rapidement que les expérimenta- tions pharmacologiques précliniques se font souvent sur des critères pharmacolo- giques mais non médicaux (qui ne répondent pas à l’objectif du médecin), et que les expérimentations cliniques laissent à désirer. Posologie : rares sont les données pour les enfants ou les moins de 12 ans. On peut se demander s’il existe une phytothérapie pédiatrique. Par ailleurs, les exclusions pour les femmes enceintes ou allaitantes sont-elles réelles ou simplement dictées par des excès de prudence ou des conclusions bibliographiques ?

L’année de grasse, 2014

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Page 1: L’année de grasse, 2014

Phytothérapie © Springer-Verlag France 2014DOI 10.1007/s10298-014-0868-4

L’année de Grasse, 2014Cette édition 2014 a été un franc succès avec l’apport interna-tional de représentants américains comme Chris Kilham, qui se désigne lui-même medicine hunter, et Mark Blumenthal, fonda-teur et directeur exécutif de l’American Botanical Council (ABC) et rédacteur en chef de HerbalGram et Herbclip.

Kilham est un auteur très médiatique qui a exploré les plantes médicinales et les plantes à huiles essentielles dans plus de 30  pays. Nous devons sa présence au symposium grâce à son appartenance à la fondation Naturex située à Avignon.

Il a défini l’aromathérapie comme une médecine par l’esprit (spirit) de la plante, qui fait la liaison entre le bulbe olfactif et la multiplicité des éléments volatils de nombreuses espèces végétales qui enflamment les sens et modifient santé et humeur. En effectuant avec cet exposé un bond rapide dans le monde de l’aromathérapie, nous ferons connaissance avec des huiles volatiles des plantes, avec l’ingéniosité du système nerveux humain et avec l’importance critique de la durabilité d’approvi-sionnement en plantes médicinales.

Un débat important a eu lieu le second jour, incluant M. Blumenthal, R. Anton, T. Thévenin, H.P. Bodifee, L. Berti et P. Goetz. Pour introduire le débat du symposium, nous avons exposé le problème actuel du prescripteur professionnel d’aromaphytothérapie et les documents officiels (Escop, Commission E, EMA, Agence française).

Ces travaux qui sont publiés avec parcimonie sur le Web sont des références, mais ils pourraient être plus que cela. Il est vrai que ces travaux demandent des experts, des résultats de recherches scientifiques, des finances  ! Et les industriels de la plante médicinale n’ont pas les capacités des grands laboratoires. Les utilisa-teurs sont surtout les chercheurs universitaires et les laboratoires pharmaceutiques pour l’élaboration de dossier AMM. Pour l’enseignement de la phytoaromathérapie, pour la documentation professionnelle, le médecin a besoin d’autant de certitudes et de certifications en médecine par les plantes qu’en médecine par des produits de synthèse.

Actuellement, l’accès aux informations est très difficile. Les médecins français ne connaissent pas ces dossiers et souvent ne comprennent pas suffisamment l’anglais (il n’y avait pas de texte en français).

À la lecture des comptes rendus, on s’aperçoit rapidement que les expérimenta-tions pharmacologiques précliniques se font souvent sur des critères pharmacolo-giques mais non médicaux (qui ne répondent pas à l’objectif du médecin), et que les expérimentations cliniques laissent à désirer.

Posologie  : rares sont les données pour les enfants ou les moins de 12  ans. On peut se demander s’il existe une phytothérapie pédiatrique. Par ailleurs, les exclusions pour les femmes enceintes ou allaitantes sont-elles réelles ou simplement dictées par des excès de prudence ou des conclusions bibliographiques ?

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Les indications sont trop imprécises, et les références à la tradition sont surannées. Ces insuffisances de précision sont-elles «  dictées  » par le législateur ou sont-elles vraiment les conclusions des experts ?

Une drogue végétale se définit, comme tout autre médicament, par sa qualité. Cette qualité dépend de la cueillette ou de la culture, de l’origine géographique, de sa conservation et du type de l’extraction. La standardisation a été un événement moderne en phytothérapie dans les années 1985–1995. L’extrait supercritique de lavande n’aurait pas l’odeur de la lavande  : de quoi s’agit-il alors  ? Le mode d’extrac-tion doit être connu par le médecin et il doit exister une certaine confiance, mais en raison de certains scandales touchant l’industrie du médicament, le doute s’est installé chez le médecin. La thérapie, et spécialement la phytothérapie, est un art difficile. C’est pourquoi l’information est capitale pour que le thérapeute exerce cette méthode thérapeutique en toute confiance.

Les diverses interventions grassoises de 2014 ont donné des réponses à ces questions. Nous les reverrons dans des publications à venir.

Paul GoetzRédacteur en chef

Dumenat de phytothérapie,Paris-XIII, F-93017 Bobigny, France

Les lauréats (photo) des prix du poster Springer ont été  :Prix de la Recherche des Éditions Springer : M.S. Pellegrin (faculté de pharmacie de

Montpellier) pour « Étude pilote de la graine de Nigelle (Nigella sativa) sur la sécrétion d’insuline chez le sujet volontaire sain ».

Prix d’Encouragement Springer : Laredj pour « Thymus capitatus Hoff. et Link fre la région de Guelma. Étude botanique et activité anti microbienne de l’huile essentielle ».

Prix de la ville de Grasse : S. Voundi pour « Effets inhibiteurs de la croissance cellu-laire et germinative des spores de quelques espèces du genre Bacillus par les huiles essentielles des plantes camerounaises et leur combinaison ».