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LAURENT ASTIER

LAURENT ASTIER - la Cité internationale de la bande dessinée et … · 2012. 2. 27. · La bande dessinée semblait être un bon média, car le champ de combinaisons texte-image

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Séminaire PREAC

La BD de reportage une nouvelle forme d’investigation ?

mardi 25 janvier 2011

Rencontre avec

Laurent ASTIER

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Né en 1975 à Firminy, Laurent Astier a suivi des études d'expression visuelle et de communication. Il rejoint une équipe de développeurs de jeux vidéo et travaille pendant trois ans sur Evil Twin ou Cyprien's Chronicles, jeu de plateforme-aventure.Remarqué grâce à un concours organisé pour les 30 ans de l'éditeur Glénat, il signe un contrat pour le premier album de sa trilogie Cirk, qui paraît en 2002. Il réalise des illustrations pour Multisim, un éditeur de jeux de rôles et dessine les couvertures des deux volumes de La Reine de Vendôme, de Colin Marchika. En 2003, il publie chez Vents d'ouest Gong, ou l'histoire d'un boxeur racontée sur plus de cent pages. Après la trilogie Cirk, il se lance, toujours chez Vents d'ouest, dans une nouvelle trilogie baptisée Aven, « polar campagnard » dont le scénario est écrit par son frère. Poison est son premier album chez Dargaud, où il a signé un contrat pour huit albums.

Texte © Dargaud

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L’affaire des affaires

Un journaliste, romancier, Denis Robert, avec la collaboration de Yan Lindingre, raconte à la première personne sa vie (mouvementée), de son passage à Libé dans les années 1990 à sa mise en examen dans l'affaire Clearstream. Le livre explique d'une façon limpide les mécanismes (paradis fiscaux, banques offshore, manque de coopération entre Etats) qui permettent au crime organisé de prendre ses aises dans la nouvelle économie, mais rend également compte des blocages de la justice. Laurent Astier au trait acéré, transforme le tout en un incroyable thriller politico-financier.

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On doit désormais considérer cette affaire comme une machinerie à deux étages :

• L'étage politique, qui est censé opposer de front Nicolas Sarkozy et Dominique de Villepin, son prédécesseur Place Beauvau.

• Ce qui est sans doute la véritable affaire, l'étage « socle » qui n'est en vérité qu'une escroquerie pure et simple au renseignement.

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Précisément, pouvez-vous résumer le sujet traité, avec brièveté ?

L’Affaire des affaires traite en partie de la finance internationale. Tout le monde a entendu parler, ou subit de plein fouet la crise financière !?! Ça part en grande partie de ça. Par exemple, le deuxième tome parle de Clearstream, une chambre de compensation au Luxembourg. Ce nom s’applique à une sorte de banque des banques qui permet de faire des transferts entre agences bancaires ou entre banques internationales. Ça paraît un peu barbare comme ça, a priori. Mais je pense qu’une fois les albums lus, on comprend mieux les tenants et les aboutissants de cette crise. En tout cas, la plupart des gens qui ont lus les albums m’ont dit avoir enfin compris. ce qui est plutôt bon signe ! Vu par le petit bout de la lorgnette, à une échelle humaine, la finance internationale peut être comprise par tous. Et à partir du moment où l’on saura comment elle fonctionne, ça devrait soulever les masses. Monsieur Ford, le créateur des voitures du même nom, disait juste avant la grande crise de 1929 que « Si les gens connaissaient comment fonctionne le capitalisme financier, tout le monde serait dans la rue le lendemain matin »…

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Racontez-nous la genèse du projet : pourquoi le choix de faire une bd pour raconter l’affaire Clearstream ?

Laurent Astier : Malgré tout ce qu’il avait fait pour alerter l’opinion sur « l’affaire Clearstram », Denis avait l’impression d’être arrivé au bout de quelque chose, de se heurter presque à un mur. La campagne de dénigrement avait été si bien orchestrée, les cartes tellement brouillées, l’affaire politique cachait si bien la forêt financière, que plus personne ne viendrait fouiner pour savoir. Yan (Lindingre) et Denis sont amis et, lorsque ce dernier s’est retrouvé en pleine tempête judiciaire, Yan s’est mis à réfléchir à un moyen de faire remonter la vérité à la surface. Les livres, les films avaient atteint leur limite.Il fallait trouver un média plus accessible et surtout qui rendrait sa clarté à ce vaste imbroglio. La bande dessinée semblait être un bon média, car le champ de combinaisons texte-image est suffisamment riche et vaste pour rendre la complexité de cette histoire compréhensible par tous. On peut passer d’un schéma explicatif à une plage de rêve des îles Caimans sans nuire à la fluidité du récit. Car le but avoué de l’entreprise est de faire connaître la véritable « affaire » (qui n’est d’ailleurs pas qu’une simple affaire, mais un vaste système généralisé) au plus grand nombre. Une sorte d’ « affaire Clearstream pour les nuls.

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Avez-vous adapté votre style pour dessiner cette histoire ?

L.A. : En fait, j’adapte mon dessin, mon encrage, mon découpage,mon mode de narration pour chacune des différentes séries surlesquelles j’ai travaillé. Et celle-ci ne déroge pas à la règle. Car je n’aiqu’un but, que cet ensemble de choses servent une seule et uniquechose, l’histoire. Ensuite, il y a des raisons techniques et éditoriales.Un projet de 600 pages ne se pense en terme de dessin comme unrécit complet en 48 pages.Il faut adapter le dessin pour des raisons évidentes de rapiditéd’exécution. Je voulais aussi trouver un compromis entre mon styleet le dessin de presse pour coller à l’esprit journalistique du travailde Denis. Ce projet devait faire le pont entre la bd et le roman,entre ce projet et les autres livres de Denis. Un vrai « romangraphique » (nom largement galvaudé de nos jours).

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Yan Lindingre aurait trouvé son dessin trop « rigolo » par rapport au sérieux du propos. L’anecdote est-elle exacte ?

Rigolo n’est pas le mot. C’est juste qu’il ne voulait pas être en décalage par rapport à la réalité qu’ils allaient décrire et il trouvait que cela pouvait nuire à l’aspect pédagogique... Et puis, je pense qu’un projet de six cents pages lui a fait un peu peur… Et je le comprends car, à chacun des tomes, je ressors totalement épuisé. Depuis, j’ai un kiné qui m’aime beaucoup ! De plus en plus !!!Ce travail au long cours est super intéressant, mais si dense qu’il demande beaucoup d’implication ! Il y a des grandes scènes de dialogues, d’interviews, de rencontres. Mon dessin, ma narration, mon découpage doivent rendre fluides des choses qui, parfois, pourraient paraître complexes. Même si c’est quand même un exercice de vulgarisation : le but étant de parler au plus grand nombre et de faire comprendre, enfin, avec des mots simples, un sujet que certains voudraient laisser paraître incompréhensible pour le commun des mortels.

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Comment et pourquoi avez-vous été choisi pour intégrer ce projet ?

L.A. : D’après ce qu’on m’a dit, une petite dizaine de dessinateurs ont été pressentis sur le projet. Une fois le story-board bouclé, Yan ne se voyait pas réaliser les 600 pages du projet. Il trouvait que son dessin ne correspondait pas. Il voulait un dessin plus réaliste et donner une couleur très contemporaine, plus « polar » au projet. Je travaillais alors sur le tome 3 de Cellule Poison. Philippe Ostermanchez Dargaud avait le projet de Denis et Yan sur son bureau lorsqu’il a reçu mes premières pages de story-board. Il a fait le lien et m’a appelé pour me proposer de travailler sur L’Affaire des Affaires. Philippe connaissait aussi ma capacité de travail et ma rapidité d’exécution. Je suis de l’école des fumetti et j’aime bien cette idée de « tomber de la page ». On y trouve souvent la vérité nue car le dessin va à l’essentiel et seul la narration et le rythme sont privilégiés, ce qui est un bien pour le média bdhttp://www.pointgmagazine.fr/

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Faites-vous un acte d’engagement en participant à cette bande dessinée ?

L.A. : On ne peut pas ignorer l’aspect engagé dans ce genre d’histoire. J’ai apporté ma contribution en connaissance de cause car je pense faire partie d’une famille commune d’idées avec Denis et Yan. Comme eux, je viens d’un milieu ouvrier, de ceux qui se prennent les crises successives en pleine gueule. MAIS PLUTÔT QU’UNACTEUR ENGAGÉ, JE ME VOIS ICI COMME UN PASSEUR DE FLAMBEAU. J’aimerais toucher le plus grand nombre avec cet album, afin que le lecteur appréhende mieux les affaires, qu’il comprenne ce que celles-ci impliquent dans leurs dimensions mondiales et comment elles se répercutent au niveau personnel. Je souhaite que L’Affaire des affaires permette de mieux saisir le monde dans lequel on vit. Il permet, en tout cas, de dire ce que certains ne voudraient pas que l’on sache.

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Quels sont, outre le troisième tome, à venir, de L’Affaire des affaires, vos projets en cours ?

Il y a déjà toutes les séries en cours à terminer : le quatrième tome de Cellule poison (Dargaud), qui devrait paraître tout début septembre et que je suis actuellement en train de terminer. Le troisième tome de L’Affaire des affaires, ensuite, viendra clore la série. Après, il y aura encore le cinquième et dernier tome de Cellule poison. Puis, je vais aller vers d’autres horizons car nous venons de signer un projet à quatre mains avec mon frère Stefan, qui raconte l’histoire d’Hollywood depuis sa naissance en 1910 sur minimum soixante années, voire peut-être tout un siècle. Chaque album traitera d’une décennie sur une année phare. Nous avions déjà travaillé ensemble sur Aven chez Vents d’Ouest. Il était au scénario et aux couleurs. Pour le nouveau projet, il écrit et dessine le premier tome. Moi, j’écris le deuxième et il va le dessiner. Et, pour le troisième, on devrait le réaliser à quatre mains au dessin afin de trouver une sorte de compromis entre son style plus naïf et le mien plus réaliste, avant le quatrième tome que je réaliserai entièrement seul. Je suis donc booké pour encore pas mal d’années !

In : http://www.actuabd.com/Laurent-Astier-Prix-France-Info

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