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prévention | formation OptionBio | Lundi 10 mars 2008 | n° 396 15 N ous sommes aujourd’hui confrontés à trois problèmes, concernant la grippe aviaire : 1) l’influenza aviaire avec épizootie chez les animaux (depuis décembre 2003, 60 pays sont touchés dont la France) ; 2) la grippe aviaire (animaux et hommes) à virus A/H5N1 avec 333 cas de personnes contaminées, confirmés dans 10 pays, dont 204 décès (personnes en contact très proche avec les oiseaux) ; 3) le risque de pandémie grippale chez l’homme (pas de démar- rage réel, hormis une alerte en Indonésie en juin 2006). Face à ces risques, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a défini 6 “phases” (de 1 à 6) que la France a légèrement adap- tées en 7 “situations” (voir encadré). Les mesures engagées Lors d’une pandémie potentielle future, le nombre de personnes touchées en France est estimé à 20 millions. La position gouver- nementale a été, dès 2004-2005, de prendre des mesures pour anticiper ces risques, évalués à trois niveaux : sanitaires, sociaux et économiques. La gestion des risques a fait l’objet d’une plani- fication, dans un cadre européen. Une des principales difficultés concerne la première vague de pandémie qui devra être gérée sans vaccination. En effet, la pandémie peut se répandre rapide- ment et il faut entre 4 et 6 mois pour fabriquer un vaccin. L’État a mis en place un plan national Pandémie grippale mobi- lisant l’ensemble de ses services. L’organisation des soins est prévue dans le plan Blanc ou plan Blanc élargi. Est également prévu un plan de protection collective (écoles sans doute fer- mées, etc.) et individuelle (se protéger d’une contamination par d’autres personnes, réduire les risques pour les autres). Plan national de prévention En cas de pandémie, une cellule interministérielle de crise sera nommée et un ministre (de l’Intérieur ou de la Santé) sera dési- gné pour coordonner l’action du gouvernement, organiser et adapter le système de santé en conséquence et maintenir l’acti- vité économique et sociale. Trois cents groupes de mesures sont prévus dans le plan, selon que l’on se trouve dans une situation de 1 à 6, accompagnées de 42 fiches techniques les explicitant un peu plus en détail. Par exemple, le groupe C des mesures de protection aborde les règles d’hygiène à mettre en place (lavage des mains, distance de sécurité, etc.) et les moyens de protection à utiliser (port de masques, antiviraux, etc.). Il est aussi recommandé de procéder au traitement des personnes à domicile pour ne pas surcharger les établissements de santé. Prévention dans le cadre des laboratoires En période pandémique, les objectifs à tenir pour un laboratoire sont d’assurer une continuité de l’activité (pour les personnes grippées et non grippées) et de réduire les risques d’exposition du personnel et de contamination entre les patients. Le ministère de la Santé a d’ores et déjà acquis 500 millions de masques FFP2 1 (700 millions prévus en 2008). Pour les professionnels de santé, il est prévu 4 masques/jour. La dis- tance de sécurité minimale entre deux personnes pour limiter la transmission est de 1 mètre en Italie, 2 mètres en France. L’analyse des prélèvements naso-pharyngés devra se faire en laboratoire de sécurité de niveau 3 (en début de situation 4, pour mieux connaître le virus et son impact). Les autres ana- lyses de biologie médicale ne requièrent pas de mesure de sécurité particulière par rapport aux pratiques habituelles. Conclusion Il est nécessaire de se préparer à la survenue d’une pandémie et de bien connaître le dispositif national 2 . Notons que chacun pourra être touché, y compris les dirigeants et les responsables. | CAROLE ÉMILE Biologiste, CH de Montfermeil (93) [email protected] Source Communication de D. Houssin, lors des JIB, Paris, novembre 2007. Notes 1. Demi-masque filtrant contre les aérosols solides ou liquides de classe P2. 2. www.grippeaviaire.gouv.fr Le biologiste face à la grippe aviaire Pour prévenir la pandémie de grippe aviaire, le gouvernement a établi une échelle de mesures en particulier préventives dans le cadre des laboratoires. Les sept situations de risque définies en France 1) Absence de circulation de nouveau virus aviaire chez l’animal ou l’homme. 2) Épizootie par un virus hautement pathogène sans cas humain (virus aviaire). 3) Cas humains isolés sans transmission (situation actuelle dans le monde). 4) Cas humains groupés, limités et localisés. 5) Larges foyers de cas humains non maîtrisés. 6) Pandémie grippale. 7) Fin de vague pandémique. Proposition de mesures préventives au laboratoire - nes et expliquer les règles. FFP2.

Le biologiste face à la grippe aviaire

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prévention | formation

OptionBio | Lundi 10 mars 2008 | n° 396 15

Nous sommes aujourd’hui confrontés à trois problèmes, concernant la grippe aviaire :

1) l’influenza aviaire avec épizootie chez les animaux (depuis décembre 2003, 60 pays sont touchés dont la France) ;2) la grippe aviaire (animaux et hommes) à virus A/H5N1 avec 333 cas de personnes contaminées, confirmés dans 10 pays, dont 204 décès (personnes en contact très proche avec les oiseaux) ;3) le risque de pandémie grippale chez l’homme (pas de démar-rage réel, hormis une alerte en Indonésie en juin 2006).Face à ces risques, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a défini 6 “phases” (de 1 à 6) que la France a légèrement adap-tées en 7 “situations” (voir encadré).

Les mesures engagéesLors d’une pandémie potentielle future, le nombre de personnes touchées en France est estimé à 20 millions. La position gouver-nementale a été, dès 2004-2005, de prendre des mesures pour anticiper ces risques, évalués à trois niveaux : sanitaires, sociaux et économiques. La gestion des risques a fait l’objet d’une plani-fication, dans un cadre européen. Une des principales difficultés concerne la première vague de pandémie qui devra être gérée sans vaccination. En effet, la pandémie peut se répandre rapide-ment et il faut entre 4 et 6 mois pour fabriquer un vaccin.L’État a mis en place un plan national Pandémie grippale mobi-lisant l’ensemble de ses services. L’organisation des soins est prévue dans le plan Blanc ou plan Blanc élargi. Est également prévu un plan de protection collective (écoles sans doute fer-mées, etc.) et individuelle (se protéger d’une contamination par d’autres personnes, réduire les risques pour les autres).

Plan national de préventionEn cas de pandémie, une cellule interministérielle de crise sera nommée et un ministre (de l’Intérieur ou de la Santé) sera dési-gné pour coordonner l’action du gouvernement, organiser et adapter le système de santé en conséquence et maintenir l’acti-vité économique et sociale. Trois cents groupes de mesures sont prévus dans le plan, selon que l’on se trouve dans une situation de 1 à 6, accompagnées de 42 fiches techniques les explicitant un peu plus en détail. Par exemple, le groupe C des mesures

de protection aborde les règles d’hygiène à mettre en place (lavage des mains, distance de sécurité, etc.) et les moyens de protection à utiliser (port de masques, antiviraux, etc.). Il est aussi recommandé de procéder au traitement des personnes à domicile pour ne pas surcharger les établissements de santé.

Prévention dans le cadre des laboratoiresEn période pandémique, les objectifs à tenir pour un laboratoire sont d’assurer une continuité de l’activité (pour les personnes grippées et non grippées) et de réduire les risques d’exposition du personnel et de contamination entre les patients.Le ministère de la Santé a d’ores et déjà acquis 500 millions de masques FFP21 (700 millions prévus en 2008). Pour les professionnels de santé, il est prévu 4 masques/jour. La dis-tance de sécurité minimale entre deux personnes pour limiter la transmission est de 1 mètre en Italie, 2 mètres en France.L’analyse des prélèvements naso-pharyngés devra se faire en laboratoire de sécurité de niveau 3 (en début de situation 4, pour mieux connaître le virus et son impact). Les autres ana-lyses de biologie médicale ne requièrent pas de mesure de sécurité particulière par rapport aux pratiques habituelles.

ConclusionIl est nécessaire de se préparer à la survenue d’une pandémie et de bien connaître le dispositif national2. Notons que chacun pourra être touché, y compris les dirigeants et les responsables. |

CAROLE ÉMILE

Biologiste, CH de Montfermeil (93)

[email protected] de D. Houssin, lors des JIB, Paris, novembre 2007.

Notes1. Demi-masque filtrant contre les aérosols solides ou liquides de classe P2.2. www.grippeaviaire.gouv.fr

Le biologiste face à la grippe aviairePour prévenir la pandémie de grippe aviaire, le gouvernement a établi une échelle de mesures en particulier préventives dans le cadre des laboratoires.

Les sept situations de risque définies en France

1) Absence de circulation de nouveau virus aviaire chez l’animal

ou l’homme.

2) Épizootie par un virus hautement pathogène sans cas

humain (virus aviaire).

3) Cas humains isolés sans transmission (situation actuelle

dans le monde).

4) Cas humains groupés, limités et localisés.

5) Larges foyers de cas humains non maîtrisés.

6) Pandémie grippale.

7) Fin de vague pandémique.

Proposition de mesures préventives au laboratoire-

nes et expliquer les règles.

FFP2.