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LE NOM DE LA « PORTE » EN BERBÈRE Le mot qui, dans la grande majorité des dialectes ber- bères, désigne « la porte b^ se trouve sous les formes sui- vantes '^ : Ouargla ' tawurt, iawert pi. fiwira Mzab * tawurt pi. tiwira 1. Un autre mot est employé dans quelques dialectes qui, en général, connaissent aussi tawurt : Ntifa : tiflut (Laoust, Étude sur le dialecte berbère des Ntifa, Paris, Leroux, 1918, p. 65) ; Ida ou Semlal ; tiflût, pi. tifëluin (Destaing, Étude sur la tactielhit du Soûs, t. I^', Vocabulaire français-berbère, Paris, Leroux, 1920, p. 226) ; Figuig : taflut, tafellut (René Basset, Notes de Lexi- cographie berbère, troisième série : Dialecte des K'çours Oranais, Jour- nal Asiatique, 1885, p. 61 du tirage à part) ; Ahaggar : taflut (le P. de Foucauld, Dictionnaire abrégé Touareg-Français (dialecte Afiaggar), Alger, Carbonel, tome I", 1918, p. 220, II][), pi. tiflûlln. Le même mot, chez les Ait Seghrouchen, tiflût, pi. tifëluin désigne « la planche ». Cf. Laoust, Mots et Choses berbères, Paris, Challamel, 1920, p. 4, n. 4. On trouve enfin dans cer- tains dialectes le mot arabe : bab (Siwah, Sened...). 2. Nous avons nous résoudre à unifier la transcription des différentes formes : mais pour parer aux inconvénients qui peuvent en résulter, nous avons donné chaque fois en note la référence exacte et la transcription de l'auteur. Les formes données par Biarnay et M. Destaing, en particulier, témoignent d'un minutieux souci de précision. 3. René Basset, Étude sur la Zenatia du Mzab, de Ouargla et de l'oued Rir', Paris, Leroux, 1893, p. 237 : OUR, taouourt, pi. tiouira. Biarnay, Étude sur le dialecte berbère de Ouargla, Paris, Leroux, 1908, p. 240, 1. 26 : taououert. 4. René Basset, Zen. Mzab, Ouargla, O. Rir', id. MÉLAnCKS BASSET. II 1

Le nom de la porte en berbère - André Basset

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Page 1: Le nom de la porte en berbère - André Basset

LE NOM DE LA « PORTE » EN BERBÈRE

Le mot qui, dans la grande majorité des dialectes ber-

bères, désigne « la porte b^ se trouve sous les formes sui-

vantes '^

:

Ouargla'

tawurt, iawert pi. fiwira

Mzab * tawurt pi. tiwira

1. Un autre mot est employé dans quelques dialectes qui, en

général, connaissent aussi tawurt : Ntifa : tiflut (Laoust, Étude

sur le dialecte berbère des Ntifa, Paris, Leroux, 1918, p. 65) ;— Ida

ou Semlal ; tiflût, pi. tifëluin (Destaing, Étude sur la tactielhit du

Soûs, t. I^', Vocabulaire français-berbère, Paris, Leroux, 1920,

p. 226) ;— Figuig : taflut, tafellut (René Basset, Notes de Lexi-

cographie berbère, troisième série : Dialecte des K'çours Oranais, Jour-

nal Asiatique, 1885, p. 61 du tirage à part) ;— Ahaggar : taflut

(le P. de Foucauld, Dictionnaire abrégé Touareg-Français (dialecte

Afiaggar), Alger, Carbonel, tome I", 1918, p. 220, II][), pi.

tiflûlln.— Le même mot, chez les Ait Seghrouchen, tiflût, pi.

tifëluin désigne « la planche ». Cf. Laoust, Mots et Choses berbères,

Paris, Challamel, 1920, p. 4, n. 4. — On trouve enfin dans cer-

tains dialectes le mot arabe : bab (Siwah, Sened...).

2. Nous avons dû nous résoudre à unifier la transcription

des différentes formes : mais pour parer aux inconvénients qui

peuvent en résulter, nous avons donné chaque fois en note la

référence exacte et la transcription de l'auteur. Les formes

données par Biarnay et M. Destaing, en particulier, témoignentd'un minutieux souci de précision.

3. René Basset, Étude sur la Zenatia du Mzab, de Ouarglaet de l'oued Rir', Paris, Leroux, 1893, p. 237 : OUR, taouourt, pi.

tiouira. — Biarnay, Étude sur le dialecte berbère de Ouargla, Paris,

Leroux, 1908, p. 240, 1. 26 : taououert.

4. René Basset, Zen. Mzab, Ouargla, O. Rir', id.

MÉLAnCKS BASSET. — II 1

Page 2: Le nom de la porte en berbère - André Basset

ANDRÉ BASSET

B. Snous ^

B. Iznacen»

B. Rached »

Ouarsenis *

Haraoua *

B. Menacer*

Chenoua '

Djebel Nefousa'

tuwùrt, tàwûrt

tawûrt

Idwurt

tawurt

tawurt

hàwïirt, tawûrt

haurt

taurl

Ghat» tawurt, tawert, tawart, tahort

Bougie" iuurt

pi. tiwùra tiwûra

pi. tiwùra

pi. tiiwura

pi. iuura

pi. tiwùra

pi. iiura

pi. hiura

pi. tuira

pi. ciur

1. Destalng, Dictionnaire Français-Berbère (dialecte des Beni-

Snous), Paris, Leroux, 1914, p. 284 : ^aip^ûr^, pi. f)ii{,r^ûra et £'/urfe

sur le dialecte berbère des Béni Snous, Paris, Leroux, t. I, 1907,

p. 371, 1. 26 : {n)-tê^ûra ;t. II, 1911, p. 17, 1. 10 : i)à^^ûr^ ;

1. 15 :

^axmûr^ ; p. 252, 1. 15 : e^i^^flrO.

2. Destaing, Dict. B. Snous, p. 284 : ^arp^ûr^, pi. Uui}ûra.

3. Ibid., p. 284 : ^âipi^urb, pi. Qûipiura.

4. René Basset, Étude sur la Zenatia de l'Ouarsenis et du Maghrebcentral, Paris, Leroux, 1895, p. 105 et p. 158, OUR, tliaouourth,

pi. thououra.

5. René Basset, Ouars. Magh. centr., p. 158 : thaouourth, pi.

thiououra.

. 6. René Basset, Lexic. Berb., deuxième série : le dialecte des

B. Menacer, 1885, p. 80 : thaouourtlx, pi. tliioura. — Destaing,

Dict. B, Snous, p. 259, 1. 16 (ouvrir) : hâip^ûrb7. Laoust, Étude sur le dialecte berbère du Chenoua comparé

avec ceux des Béni Menacer et des Béni Salah, Paris, Leroux, 1912,

p. 149 : OUR, haourth, pi. hioura.

8. A. de Galassanti-Motylinski, Le Djebel Nefousa, Paris,,Leroux,

1898-1899, p. 145 : taourt, pi. touira.

9. Le P. de Foucauld, Dict. Touareg-Franç., t. I, p. 432, Oj,tàouourt. — René Basset, Lexic. Berb., première série, 1883, Dia-

lecte de Ghat, p. 47 : taouert. — Nehlil, Étude sur le dialecte de

Ghat, Paris, Leroux, 1909, p. 192 : taouart, pi. tchiour. — Stan-

hope Freeman, A grammatical sketch of Tamahug language,

Londres, 1862 : tahort.

10. René Basset, Loqmân Berbère, Paris, Leroux, 1890, p. 329 :

OUR, thouourth.

Page 3: Le nom de la porte en berbère - André Basset

LE NOM DE LA <( PORTE » EN BERBERE 3

Matmatai tawîrl pi. tiwCira

B. Salaha laBdûrl

B. Messaoud * labbûrt

2ouaoua*

labburl pi. tibura

Ghadamès * taBBurt pi. taBurua, laBurawin

Ahaggar® iàhort pi. tihùr

Rif ; Ibeqqoien'

taw"rt, lawCi°rt, pi. tiuùtra

A. Ouriaghen*law"rt, UuuPrt, iagg"ri

Ikbdanen' taivû^rt, lawért

A. Touzin^" laBûrl

A. Temsaman" /au;«5/ pi. liwiiira

Ait Seghrouchen^^

tagg^urt pi. hwûra, tiggûra

Ida ou Semlal "taggml pi. tiggùra

La racine semble bilitère : la deuxième consonne est

nette ; R apparaît partout ; seul, en Temsaman, au sin-

gulier, appuyante, elle s'est vocalisée ; la première ne

saurait non plus faire grande difficulté ; la présence, à la

1. Destaing, Dict. B. Snous, p. 284 : Qai^î^tr'), pi. fiîifûra.

2. Destaing, Ibid., p. 284 : dabbùr^.

3. Destaing, Ibid., p. 259, I. 15 : Oabbarb.

4. René Basset, Loqmdn Berbère, p. 329 : OU R, thabbourth, pi.

ihiboura.

5. A. de C.-Motylinski, Le dialecte berbère de R'edamès, Paris,

Leroux, 1904, p. 148 : iaf'f'ourt, pi. iaf'ouroua et ief'ouraouin.

6. P. de Foucauld, Dict. Touareg-Franç. t. I, p. 432, Oj, tàhort,

p\, tihôr.

7. Biarnay, Étude sur les dialectes berbères du Rif, Paris, Leroux,

1917, p. 104: U R, ^auu'r%, pi. Hiuûîra; p. 159, 1. 11 : ^auûorb.

8. Biarnay, Ibid. : Oauu'rO, pi. ^iuûîra; cuu°rO ; p. 14, R,

5) G R : ^agg"rO.

9. Biarnay, Ibid., p. 104 : UR, eauflorô, ^auuêrO.

10. Biarnay, Id., p. 14 : R, 4) B R ôaôûrO.

11. Biarnay, Id., p. 104 : UR, 2) UÂ OauûaO, pi. fiiuuira.

12. Destaing, Étude sur le dialecte berbère des Ait Seghrouchen,

Paris, Leroux, 1920, p. 160, § 281 d : taggturl pi. liggûra; p. 194,

^ 379 a : hwûra, pi. de lagg'urt.

13. Destaing, Tachelhtt du Soûs,t. î, p. 226 itaggurt, pi. tiggûra.

Page 4: Le nom de la porte en berbère - André Basset

4 ANDRÉ BASSEt

fois, de 5 et deg' témoigne suffisamment que ces deux

sons sont secondaires : d'ailleurs la forme zouaoua com-

porte b dans un dialecte où g n'est que peu altéré : d'autre

part, l'évolution normale de ce son est de tendre à la

palatale, puis à la chuintante, et, terme extrême, à la

sifflante. Bref, nous sommes en présence de w maintenu

tel dans les dialectes faibles, devenu occlusif soit sous

forme de labiale, soit sous forme de gutturale dans les

dialectes forts : ce passage est d'autant plus naturel

que w, dans les notations particulièrement précises, est

géminé : sans doute s'agit-il d'une forme intensive quitraduit le caractère habituel de la fonction : et cette

gémination a entraîné le passage à l'occlusive suivant un

usage noté depuis longtemps en berbère pour les formas

d'habitude du verbe.

Quelques cas particuliers s'observent : au Chenoua et au

Djebel Nefousa, la sonante consonne, après avoir absorbé la

voyelle suivante, entre a et r est devenue deuxième élément

de diphtongue ; à Bougie, en même position, mais entre u et

r, elle est devenue voj^elle ; chez les Ait Seghrouchen, g a

commencé l'évolution normale de ce son : dans le sens

palatal ; chez les B. Salah, en bordure du groupe kabyle,

à Ghadamès, et dans une tribu rifaine, les Ait Touzin b

est à l'état de spirante bilabiale. Enfin, à part, est la

forme ahaggar qui se caractérise par la perte de l'articu-

lation, laissant place à un simple souffle : c'est chose fré-

quente en ce dialecte : témoin ehe, « la mouche », en face de

izi, tehe, « le col », en face de tizi, ihadar, « l'aigle », en face

d'igider, et surtout ahar, « le lion » en face de war.

Les voyelles ne sont pas moins claires : la premièreest a, la seconde u, long, dans une partie, du moins, du

domaine berbère : Ibkdanen, B. Snous, B. Iznacen, B. Me-

nacer, B. Salah, B. Messaoud, Matmata ; dans d'autres

dialectes, par contre, il semble qu'il y ait une opposition

entre la brève du singulier et la longue du pluriel, en par-

ticulier chez les Ait Seghrouchen, les Ida ou Semlal et en

Page 5: Le nom de la porte en berbère - André Basset

LE NOM DE LA « PORTE » EN BERBERE

ahaggar : quoi qu'il en soit, ce mot a un vocalisme a—u,

bien connu en berbère et signalé par M. RenéBasset

parmi les modes de formation du nom verbal : tawurt

rentre pleinement dans le système berbère : il est à placer

à côté de taddurt, par exemple, nom verbal de edderK

Mais leur valeur morphologique n'a pas empêché les

voyelles de subir de profondes altérations phonétiques, dues à

l'action des consonnes voisines. Comme nous l'avons signalé

précédemment, au Chenoua et au Djebel Nefousa w a

absorbé la voyelle suivante, à Bougie elle a en outre coloré

la voyelle précédente. L'une des formes relevées chez

les Ait Ouriaghen tagg^rt montre la voyelle en cours de

disparition, r étant sur le point de la suppléer en fonction

vocalique. Chez les Ibeqqoien et les Ikbdanen r dégage à

la suite de u une voyelle furtive plus ouverte qui tend à

s'ouvrir davantage encore et à se substituer à u à mesure

que ce son est absorbé par w : ainsi trouvons-nous lawért

chez les Ikbdanen, tawert à Ouargla, enfin tawert et tawart

à Ghat. La dernière forme pourrait faire croire à un nom

verbal à double vocalisme a, très fréquent en berbère,

mais son caractère accidentel, à Ghat même, rend cette

hypothèse peu vraisemblable.

Reste Matmata laïvirl : le vocalisme a— i se rencontre

aussi dans la formation des noms verbaux : tawurt et tawirt

pourraient donc être deux formes morphologiques diffé-

rentes, caractérisant peut-être deux groupes berbères.

Jusqu'à plus ample informé, nous voyons plutôt dans la

différence le résultat d'une action phonétique- : le phéno-

mène u> i par dissimilation est connu : la forme est isolée

dans le dialecte même, où le pluriel est en a : tiwûra;

enfin tiurdra des Ibeqqoien permet de saisir l'évolution en

cours d'accomplissement.Le vocalisme du pluriel est i—u—a ; dans certains dia-

1. René Basset, Études sur les dialectes berbères, Paris, Leroux,

1894, p. 158 D a.

Page 6: Le nom de la porte en berbère - André Basset

b ANDRE BASSET

lectes, il est i—

i—a

; dans d'autres ii—

ii—a : dans ce dernier

cas, il y a eu assimilation régressive ; dans le précédent,assimilation progressive : i de deuxième syllabe là où il

apparaît, semble en effet le résultat d'une action phoné-

tique car nulle part ni à Ouargla, ni au Mzab, ni au Djebel

Nefousa, ni chez les Ait Temsaman, il ne répond à un i

de deuxième syllabe au singulier, relevé uniquement,comme nous venons de le voir, chez les Matmata.

* *

Très répandu dans les dialectes berbères, le nlot tawurt

y paraît isolé : aussi a-t-on pensé à un emprunt, au latin

porta. Cette hypothèse, déjà ancienne, a été écartée parM. René Bassets II existe d'autres mots berbères que l'on

fait venir de termes latins à labiale sourde : tifirest, « le

poirier » (lat. pirus), tafaska, nom souvent donné à la

Grande Fête, et par extension à toute fête (lat. pascha),

et ebrir» ibrlr^ brll,... « avril » (lat. aprilis). L'histoire des

deux derniers est encore mal connue et nous devons,

avant tout, faire cas du premier. Néanmoins tifirest et

tafaska s'accordent pour présenter un / berbère en face

d'un p latin : le p de porta, en même position, à l'intervo-

calique, aurait subi le même traitement. Tifirest en outre

recouvre exactement le mot latin, en particulier pour les

consonnes : on n'en saurait dire autant de tawurt.

Il faut écarter également une étymologie— berbère

celle-là— proposée par Biarnay" et admise par M. Laoust^

qui ferait de tawurt un dérivé de ar a ouvrir ». W R et Rne sont pas en effet dans un rapport de dérivation connu

en berbère : ce sont deux racines distinctes, au sens abso-

lument différent.

1. René Basset, Lexic. Berb., première série, 1883, Dialecte du

Rif, p. 20.

2. Biarnay, Rif, p. 14.

3. Laoust, Mots et Choses berb., p. 4, n. 4,

Page 7: Le nom de la porte en berbère - André Basset

LE NOM DE LA « PORTE » E\ BERBERE /

Mais il existe quelques mots — très rares — et c'est

pourquoi ils ont échappé, qui sont incontestablement

apparentés à tawurt. En Touareg, tahort doit assurément

être rapproché de la série des formes suivantes^ :

eher, boucher [une ouverture, une chose ouverte] ; être

bouché, se boucher ; par ext. boucher [au moyen d'un

couvercle], couvrir, fermer [un objet quelconque, boîte,

caisse, marmite, puits, etc., ayant un couvercle].

zeher, faire boucher.

e/i/idr, boucher habituellement.

zâhâr, faire habituellement boucher.

éhîr, fait de boucheri

azher, fait de faire boucher.

iéhirt, difficulté de respiration (eher ounfas : boucher la

respiration.)

tehîret, mucosités de l'œil.

ahir, source d'un débit extrêmement faible, alimentée

par une ou plusieurs veines d'eau imperceptibles.

asher, bouchon, couvercle.

iashert, diminutif du précédent; signifie aussi : petit

disque au milieu duquel est attachée la tige de la datte

et qui, de l'autre côté, adhère à la datte et lui forme

comme un couvercle.

tassert, même sens.

Tahort qui, comme le décrit avec tant de précision le

Père de Foucauld est « la pièce mobile qui sert à fermer une

ouverture faite pour entrer et sortir » est, à n'en pas douter,le substantif verbal de eher.

Ce verbe se rencontre ailleurs : à Ghadamès :

eber, fermer;

eUer tadBurl en day^

: ferme la porte de la maison.

1., Le P. de Foucauld, Dzcf. Touareg-Franç., t. I, p. 428, 0\ eher.

2. Motylinski, R'edamès, p. 121, efer, ef'er taf'f'ourt en dadi.

Page 8: Le nom de la porte en berbère - André Basset

8 ANDRÉ BASSET

A Ghat, il apparaît sous la forme factitive d'un intensif

par redoublement^ :

sberber : boucher, couvrir, mettre un bouchon, un couvercla

En Zenaga, nous trouvons ":

iemmar, 3» p. s. m. aor., être fermé.

eèmir, l'^ forme, fermer, boucher.

iemmar, 5^ forme.

imir, bouchage.

iemmar, fermeture.

Ces formes ont été rattachées à la racine ^». Mais il ne

semble pas, à observer les emprunts du zenaga à l'arabe,

avec ç- pour première radicale, que ce son disparaisse

jamais complètement : les mots précédents appartiennentau groupe qui nous occupe, et le passage de m; à m ne

saurait faire difficulté.

Les Matmata connaissent iâsivert, « bouchon en roseau »*

et les Ibeqqoien laswarî « bouchon »^ L'étymologie pro-

posée S R, iaéirl « chêne » à l'Ouarsenis^ doit être écartée,

car ta.<irt appartient à une racine à gutturale sourde à la

quelle ne saurait être phonétiquement rattaché laswarî.

taswert, iaswarl ne sont pas autre chose que des noms

verbaux de la forme factitive du verbe *wer, tout commeasberber à Ghat', asher dans l'AhaggarS et haswarl au

Chenoua^.

1. Nehlil, Ghat, p. 135, boucher; p, 146, couvrir.

2. René Basset, Mission au Sénégal, t. I«', Paris, Leroux, 1909,

p. 241, MR.3. René Basset, Ibid., p. 272, yf:4. Destaing, Dict. B. Snous, p. 46 : boucher, ^âsx^er^, pi. 6isûnn.

5. Biarnay, Rif, p. 33 : S R, easuarO.

6. Biarnay, Ibid. : S R, 0asi>6, chêne. — Laoust, Mots et Choses

berb., p. 466, arbre, e).

7. Nehlil, Ghat, p. 135, boucher ; p. 146, couvrir.

8. Le P. de Foucauld, D/c/. Touareg-Franç., 1. 1, p. 428, Oj, eher.

9. Laoust, Chenoua, p. 149 : OUR, hasouourth, pi. hisouarin,

« couvercle ».

Page 9: Le nom de la porte en berbère - André Basset

LE NOM PE LA « PORTE » EN BERBERE ^

* *

*wer sortant de l'usage sauf en quelques dialectes du Sud,

eut donc une fortune bien différente de celle de tawuH qui

pourtant aurait dû le sauver de l'oubli en vertu de la

construction normale en berbère : eber tabburt notée à

Ghadamès^ C'est que, désignant un genre de fermeture

assez primitif, par simple application, tout au plus parcoincement, il dut subir de bonne heure la concurrence

redoutable pour lui des mots qui exprimaient des modes

plus perfectionnés. Et il dut la subir trop tôt pour pou-voir se dégager de sa valeur concrète comme l'ont fait,

le cas échéant, ses héritiers.

Ceux-ci sont nombreux. Chez les Ntifa*, à Demnat,s'il s'agit de caler une porte de l'intérieur au moyen d'une

perche ou d'une poutre, on emploie akel et sikel. — AGhat, enhes', sans doute d'origine arabe, à Ouargla* et au

Mzab* eqqes qui en est sans doute la forme d'habitude,

1. Cf. René Basset, Manuel de langue kabyle, Paris, Maison-

neuve, 1887, p. 53, § 59.

2. Laoust, Ntifa, p. 133 : sîkél, « caler une porte ».

Pour Demnat, cf. Saïd Boulifa, Textes berbères en dialecte de

l'Atlas Marocain, Paris, Leroux, 1909, p. 336, 2» col. : akil, « être

fermé, calé au moyen d'une perche », akkel, « fermer », f. factitive :

sikkel ; p. 184, 1. 34 : tesikkel tiflout n immi n tegemmi s oumazal...« Elle ferma la porte de la maison au loquet »

;1. 36 : mekda tak-

kel teflout... « lorsque la porte fut fermée... »; p. 206, 1. 34 : isikel

ts oumazal... « il ferma (la porte) au loquet »; p. 213, 1. 12 : tesikkel

tiflout... « elle ferma la porte »; p. 257, 1. 22 : siklen tiflout s ou-

mazal... « ils allèrent fermer la porte au loquet ».

3. Nehlil, Ghat, p. 160 : fermer avec une serrure, enkhes.

4. Biarnay, Ouargla, p. 333 : K'S, ek'k'es, a fermer une porteà clef »

;ek'k'es taouert, « ferme la porte »

; p. 295, 1. 36 : ik'k'es

taouourt s jaj, « il ferma la porte avec un piquet »; p. 302, 1. 34 :

ikkes (pour ik'k'es), fellas taouourt, « il ferma la porte sur lui ».

5. René Basset, Zen. Mzab, Ouargla, Rir', p. 222 : K S, akkes,« fermer une porte »; p. 135, 1. 24 : akkes taouourt ennem, « fermeta porte »

; p. 136, 1. 1 : kosen tiouira n temàint, « Us fermèrent

Page 10: Le nom de la porte en berbère - André Basset

10 ANDRE BASSET

désignent la fermeture à clef. Toutefois à Ouargla eqqes

apparaît aussi dans un cas où l'on utilise un piquet.—

Bien plus usité est rgel relevé chez les Ida ou Semlal»,

chez les NtifaS au Dadès% dans l'Ahaggar*, et sous les

formes rgel à. GhàtS r^er et rzer à Ouargla». Ce verbe exprime

les portes de la ville ». (La relation akkes kosen est inconnue dans

la conjugaison berbère; ce verbe ne suit pas le type des verbes

commençant par a; a, o sont des couleurs vocaliques dues au

caractère indéniablement emphatique de la consonne. Il s'agit

donc bien du mot relevé à Ouargla et à Ghat.)1. Destaing, Tachelhtt du Soûs, I, p. 126, fermer : « la porte est

fermée à clef », iaggurt tergel.

Pour le Tazerwalt, cf. Stumme, Handhuch des schilhischen

von Tazerwalt, Leipzig, Hinrichs, 1899, p. 131, 1. 21 : Ibab irgil,

« la porte est fermée ».

2. Laoust, Ntifa, p. 399, 1. 17, irgel fellas Ijama' « (la porte

de) la mosquée se referma sur lui »; 1. 18, irgel fellas, « elle était

fermée sur lui »; 1. 2Ô, hat irgel felU Ijama' « (la porte de) la mosquée

s'est refermée sur moi ».

Pour Demnat, cf. Saïd Boulifa, Textes Berbères, p. 149, 1. 15 :

Asint tasarout ii ouh'anou dag ellan irgazen, ergalent id fellasen

seg ougensou...« elles prennent la clef de la pièce dans laquelle se

trouvent les hommes et les y enferment »; p. 153, 1.7 : règlent

tigoumma / irgazen cnsent;aha efferent tisoura f ouarar'en n

our'alid, « elles enferment les hommes dans les maisons et prennentles clefs qu'elles cachent dans les trous extérieurs de la muraille »

;

p. 207, 1. 14 : irgel ed tiflout, iger tasarout g tek'rabt ennes, « il

ferma la porte, mit la clef dans son sac »; p. 209, 1.14: irgel ti-

flout Imâiçart, igg tasarout g' tak'rabt, « il ferma la porte du moulin,mit la clef dans son sac »; p. 211, 1. 33 : aha irgel tiflout n ouh'anou,« alors il ferma la porte de la chambre »; p. 212, 1. 35 : tergel fellas

tiflout, « elle ferme la porte sur lui ».

3. Biarnay, Six textes en dialecte berbère des Beraber de Dadès,Journal Asiatique, X^ série, t. XIX, 1912, p. 364, 1. 6, irgo^el

imi n ir'rem, « il ferma la porte de la ville ».

4. P. de Foucauld,D/c/. Touareg-Franç.,t. II, p. 407, \\'\'0,er(jel,

« fermer (n'importe quoi, de n'importe quelle manière) ».

5. Nehlil, Ghat, p. 160 : fermer, erdfel ;Freeman : irgel.

6. Biarnay, Ouargla, p. 317, RZR. Cf. rouer en regard de

roucl (p. 13, 13") ; azartil (At Ouaggin et At Brahim), azartil

(At Sissin) en regard de tagerlilt, a natte », des Ida ou Semlal.

Page 11: Le nom de la porte en berbère - André Basset

LE NOM DE LA « PORTE » EN BERBERE H-

également la fermeture à clef et il s'oppose avec ce sens

à sikel chez les Ntifa ; mais par ailleurs, il s'oppose à enlies

qui a ce sens, à Ghat; et en maint endroit, comme dans

l'Ahaggar, il a un emploi très étendu. Au reste, fixer la

valeur première de ce mot paraît bien difficile : son éty-

mologie est obscure et l'on ne saurait admettre sans exa-

men qu'il vienne du latin j-égùlu^.Le Chenoua^ nous offre des formes étranges : erkel,

nom verbal : arkal avec gutturale sourde, à côté de :

harcgal^ attendu d'après les autres dialectes. Or erkel

signifie : « fermer une porte, la caler avec une traverse »

et arkal : « le loquet de la porte, la poutre que l'on poseà l'intérieur de la porte pour la fermer ». Bref, ces deuxmots ont la valeur de akel. Au contraire haregalf désigne« une ancienne fermeture de la porte aujourd'hui disparue ».

Il semble que le Chenoua ait connu autrefois ergel et akel,

que le premier se soit substitué au second dans son em-

ploi, non sans s'altérer par contamination au moment,

toujours critique, du changement de sens, et que fidrcyali

soit resté vestige de la forme et du sens primitif de rgel ;

la question serait plus claire, si M. Laoust nous avait

expliqué la fermeture dont il s'agit.

Le terme le plus employé, de beaucoup, est eqqen.

On l'a relevé chez les Ida ou Semlal', chez les Ntifa*, les

1. Laoust, Mots et Choses Berb., p. 5, n. 2.

2. Laoust, Chenoua, p. 132, R K L.

3. Destaing, Tachelhît du Soûs, I, p. 126, fermer. « Ferme la

porte », qqen taggurt.

4. Laoust, Ntifa, p. 389, L 25 : tqqent felUitsmt tiflut, « (les anges)ferment la porte sur eux »

; L 28 : iqqen fellas ahanu, « il ferme sur

lui (la porte de) la pièce »; p. 390, 1. 10 : tqqen fellas ahanu, « elle

ferma (la porte de) la pièce sur elle ».

Pour Demnat, cf. Boulifa, Textes Berbères, p. 10, 1. 7 : ik'k'en t

id ennaib seg berra, « le naieb referma du dehors la porte »;

1. 36 : ek'k'enent fellasen tiflout, « elles ferment la porte sur eux »;

p. 42, 1. 1 : tek'k'en d fellas tiflout, « (la mère) a fermé ensuite la

porte sur lui »; 1. 8 : iazel ik'k'en tiflout n tegemmi, « il revint en

Page 12: Le nom de la porte en berbère - André Basset

42 ANDRÉ BASSET

IkbdanenS les Béni SnousS au Chenoua», dans l'Aurès*,

chez les MatmataS et sans précision de l'objet à fermer,

chez les Béni Iznacen», les Zkara% les Béni bou Sa'ïd»,

les Bel Halima, les Haraoua, et les A'chacha^. Ce mot est

le seul dont l'étymologie soit claire, la racine y N, « lier »

très vivante en berbère. Il s'agit donc, dans le principe,

d'une fermeture par ligature ; mais l'expression, très

usée, est loin d'avoir toujours gardé ce sens précis ; ainsi,

dans l'exemple de l'Aurès que nous avons donné ci-des-

sus en note, l'ouverture et la fermeture des portes se font

avec des clefs, et dans un texte de Demnat, nous trouvons

courant fermer la porte de la maison »; 1. 21 : afenl tek'k'en teflout

seg ouagensou : « elles trouvent la porte fermée en dedans »;

p. 133, 1. 28 : ek'k'enen d fellasen ahanoii seg ougensou, « ils s'enfer-

ment ».

1. Biarnay.^i?//, p. 320, 1. 9 : b'qqe'n tuuo'rb, « la porte se ferma ».

2. Destaing, Étude B. Snous, t. II, p. 60, 1. 1 : iqqên hsén

Ou?^t///rÔ, « (le roi) ferma la porte sur (les jeunes gens) »; p. 76,

1. 26 : itéqqcn tâij,i}ùr^ ; p. 77, 1. 11, et p. 78, 1. 19: iqqén hés ôâf^î^rîrO ,

« il s'enferma »; p. 99, 1. 10 : éqqnen hés netta itcmza, « on les enferma,

lui et l'ogresse »; p. 154, 1. 14 : Târbâténni tékkdl leqqén hlmânnes,

« cette jeune fille passait son temps enfermée à la maison »;

1. 28 .... si-ûhhâm énni mîhi teqqén himnnnes, « dans cette maison où

elle était enfermée »; p. 220, 1. 3 : àl-éqqnen Ijé§ tài^y,ûrb, « ils

fermeront sur toi la porte »; 1. 13 : éqqnen hés tâipjûrb, « ils fer-

mèrent la porte sur lui »; 1. 17 : st-qqnen hés tâi^r^ûrfi, « après qu'ils

eurent fermé la porte sur lui »; p. 299, ï. 3 : lénnets âqli eqqney hi

àh^âm, « et voilà que j'ai dû fermer ma maison ».

3. Laoust, Chenoua, p. 99, 1. 32 : Hargou hek'k'en fellas haourih,

« l'ogresse ferma la porte ».

4. Gustave Mercier, Le chaouia de l'Aurès, Paris, Leroux,

1896, p. 56, 1. 8 : ad' irezzem Hek'k'en d'i Ibiban, « il se mit à ouvrir

et à fermer les portes ».

5. Destaing, Dict. B. Snous, p. 130, fermer : el bâb iiqqen, « la

porte est fermée ».

6. Destaing, Ibid. p. 130, fermer.

7. Ibid.

8. René Basset, Nédromah et les Traras, p. 144, fermer.

9. René Basset, Ouars. et Magh. cent, p. 89, fermer.

Page 13: Le nom de la porte en berbère - André Basset

tE NOM DE LÀ U PORTE » EN BERBERE l3

cette alliance de mots : iqqen d fellas tifluin s usergeU.

Anef, « fermer la porte sans clef », chez les Ida ou Semlal*

n'est pas sans surprendre car ce mot signifie en général« mettre de côté, laisser »', et en particulier « ouvrir » chez

les Ntifa*.

*wer n'a pas subi seulement la concurrence des mots

indiquant un mode précis de fermeture, car nous trou-

vons err dans le sens de « fermer » chez les Béni SalahSles Temsaman* et les Ibeqqoien'. Or err est un verbe des

plus usités en berbère, qui, à côté de son sens originel de

« rendre », signifie çà et là : « remettre en place, renvoyer,

placer, mettre au milieu de, charger, traduire^ ramener,

changer^, rétablir, répliquer, repousser" » et un peu par-

1. Saïd Boulifa, Textes Berbères, p. 28, 1. 29 : ik'k'en d fellas

tijlouin s ousergel, « (le père) ferme sur (l'enfant) la porte avec la

targette ».

"2, Destaing, Tachelhît du Soâs, I, p. 126, ferme la porte (sans

clef), ànef taggurt.

3. Destaing, Ibid., p. 165, laisser, (à la fin). Stumme, Tazerwalt,

p. 165, ànef, « sich seitwârts wenden, abbiegen, beiseiteriicken »;

René Basset, Loqmân Berbère, p. 324 : N F, anef, « laisser »

(Zouaoua, K'çour, Bougie) ; Lexic. Berb., troisième série, Dialecte

des K'çours oranais et de Figuig, p. 50, laisser.

4. Laoust, Ntifa, p. 136 et p. 390, 1. 7 : tanêf-t, « elle ouvrit

(la porte de la chambre qui était fermée à clef) »; 1. 12, imma-k,

iunèf ahanu, « ta mère a ouvert (la porte de) la chambre ». Cf.

Boulifa, Textes Berbères, p. 338, anef, « ouvrir, écarter ».— L'infor-

mateur n'a-t-il pas voulu dire que la porte restait, en ce cas,ouverte?

5. Destaing, Dict. B. Snous, p. 130, fermer : ferme la porte,err ^aift^ûrb.

6. René Basset, Étude sur les dialectes berbères du Rif Marocain,p. 133, 1. 28 : tharra khefs thouourth, « elle ferma la porte sur lui

(de façon à prendre ses doigts et les lui briser) ».

7. Biamay, Rif, p. 139, 1. 11 : ufân OadVe 6'rrâ, « ils trouvèrentla porte fermée ».

8. Le P. de Foucauld, Dict. Touareg-Franç., t. II, p. 377, 0> ^rr.

9. René Basset, Mzab, Ouargla, Rir', p. 197 : R R, err,

10. Biarnay, Rif, p. 15 : R R, e'rr.

Page 14: Le nom de la porte en berbère - André Basset

14 ANDRÉ BASSEt

tout « vomir », notamment des êtres humains avalés pardes ogres^

Arabes sont ëqfel noté chez les Ait Segh^ouchen^ et

son substantif loqfel « serrure » usité chez les Ntifa*. Edri

du Djebel Nefousa* est sans doute apparenté à un mot quidans plusieurs dialectes désigne « l'épine » : iadri à SiwahSderi à Aoudjilah», tadra au Djebel Nefousa', cirdi à Ghat*,

tadri à Ouargla®, tadra au Mzab^", ou, par extension, « la

barrière » : Chenoua, uliru^^. Tadri ii tesdnan est à Ouarglale nom des « longues épingles en argent à l'aide desquelles

les femmes retiennent leur cherbouch sur la tête «^^ Le sens

du mot au Chenoua nous montre qu'il ne s'applique passeulement à la fermeture des vêtements, mais aussi,

sinon à celle de la porte, du moins à celle de l'enclos.

*wer a reculé aussi dans le sens de « boucher». Une racine

arabe^ a donné en Zenaga^^ ta^laq « fermer », et muylage

« le bouchon», chez les Béni Izuacen", lamuylagt, « le bou-

chon », et chez les Béni Snous", tn-(ûllCigll^« le bouchon ».

En Zenaga, on trouve zess, « fermer »", dont nous ne savons

1. René Basset, Loqmdn Berbère, p. 248, R R ; Mzab, Ouargla,

Rir',p. 197, RR, err; Zenaga, p. 208: RR, tarer; Laoust, Che-

noua, p. 131 : R R, err.

2. Destaing, AU Seghrouchen, p. 54 § 3 B c.

3. Laoust, Ntifa, p. 67.

4. A. de C. Motylinski, Djebel Nefousa, p. 132, fermer.

5. René Basset, Le dialecte de Syouah, Paris, Leroux, 1890,

p. 53, épine. _6. René Basset, Syouah, p. 53, épine.

7. A. de C. Motylinski, Djebel Nefousa, p. 131, épine.

8. Nehlil, Ghat, p. 157 : épine, tchirdi.

9. Biarnay, Ouargla, p. 314, D R.

10. René Basset, Mzab, Ouargla, Rir', p. 194, DR.11. Laoust, Chenoua, p. 130 : D' R, oud'rou.

12. Biarnay, Ouargla, p. 314, DR.13. René Basset, Mission au Sénégal, t. pr, p. 271, ,^^.14. Destaing, Did. B. Snous, p. 46, boucher : hoxichon, hamu4agb.15. Idem, Ba-nillâglfi.

16. René Basset, Mission au Sénégal, t. I^r, p. 116, fermer.

Page 15: Le nom de la porte en berbère - André Basset

LE Nom de la « pobte » en berbère 15

que penser; chez les Béni Snous^ kellef, « boucher »; chez

les NtifaS msël,'^a boucher, enduire », au Mzab, amsel,

« action de boucher »', à Ouargla*, msel « fermer, boucher »,

et asemsal « pâte qui sert à clore hermétiquement la mar-

mite dans laquelle on prépare le couscous ». Msel est

sans doute une forme dérivée d'un verbe auquel se rat-

tache le nom de la « marmite » dans un certain nombre

de dialectes : asil à. Ghat^ tasilt, en Harakta', iasilf à Bou-

gie', lasilt chez les Béni SalahS lasilt chez les Ait Sad-

den', et peut-être aussi le nom de la « suie » : à Ouargla,

as/iz^o, et chez les Béni Snous et les Béni Iznacen, isëludn^^.

Enfin *u;er a cédé encore devant les racines très répandues

DLetDN, « couvrir », ainsi qu'en témoigne cet exempletrès caractéristique de Ghadamès : 'iiiden tel s tunist sozet

tedurawin, « il ferma sur elle six portes à clef »".

Ainsi tawurt est bien un mot berbère, un nom verbal au

vocalisme régulier, voilé quelquefois par des modifications

1. Destaing, Dict. B. Snous, p. 46 : boucher, kellef.

2. Laoust, Ntifa, p. 126 ; Mots et Choses berb., p. 5.

3. René Basset, Mzab, Ouargla, Rir', p. 42.

4. Biarnay, Ouargla, p. 342, MSL.5. Nehlil, Ghat, p. 177, marmite.

6. René Basset, Loqmân Berbère, p. 268, S L; Notice sur les

dialectes berbères des Harakta et du Djerid Tunisien (IX« CongrèsIntern. des Orientalistes, Londres, 1891), p. 13 : marmite, tasilt.

7. René Basset, Harakta, p. 13 : marmite, thasilts.

8. Destaing, Dict. B. Snous. p. 213 : marmite (en terre, en

fer), Oasîlt.

9. Biarnay, Étude sur le dialecte des Bet't'ioua du Vieil Arzeu

(Extrait de la Revue Africaine, n° 277-282), 1911, p. 249, S L.

10. Biarnay, Ouargla, p. 324 : S L, aslou n tekhboucht, « suie aufond de la marmite ».

11. Destaing, Dict. B. Snous, p. 333, suie.

12. A. de C.-Motylinski, R'edames, p. 82, 1. 7 du texte : iouden

tel s tounist çoz'et tef'ouraouin.

Page 16: Le nom de la porte en berbère - André Basset

l6 ANDRÉ BASSEt

d'ordre phonétique. Point n'est besoin de lui chercher utte

origine étrangère : il appartient à une racine W R, distincte

de la racine R et l'on retrouve çà et là, dans le Sud en

particulier, des termes qui lui sont apparentés. Mais,

tandis que ces termes ou se faisaient rares ou disparais-

saient, tandis que *wer notamment était éclipsé par des

verbes de sens voisins comme del et aden, par des verbes

de sens vague comme err, mais surtout par des verbes

désignant des modes précis de fermeture, comme rgel ou

eqqen, tawurt connaissait une fortune extraordinaire et se

maintenait dans la presque totalité du monde berbère.

André Basset.

Rabat, février 1923.

Page 17: Le nom de la porte en berbère - André Basset

PUBLICATIONSDE L'INSTITUT DES HAUTES-ÉTUDES MAROCAINES

TOME XI

MÉLANGES

RENE BASSETÉTUDES NORD-AFRICAINES ET ORIENTALES

publiées par

L'INSTITUT DES HAUTES-ÉTUDES MAROCAINES

TOME II

PARIS

ÉDITIONS ERNEST LEROUX28, RUE BONAPARTE l(Vie)

1925

Page 18: Le nom de la porte en berbère - André Basset

TABLE DES MATIERES

Pages

André Basset — Le nom de la « porte » en berbère 1

A. Cour. — De l'opinion d'Ibn al-Hâtib sur les ouvragesd'Ibn Hâqân considérés comme source historique 17

J. Deny. — Chansons des janissaires turcs d'Alger (fin duXVIII® siècle) 33

E. Destaing. — Interdictions de vocabulaire en berbère... 177

Gaudefroy-Demombynes. — Une lettre de Saladin au

Calife almohade 279

E. Laoust. — Un texte dans le dialecte berbère des Ait

Messad 305

E. Lévi-Provençal. — Six fragments inédits d'une chro-

nique anonyme du début des Almohades 335

Georges Marçais. — Note sur les ribâts en Berbérie 395

W. Marçais.— Quelques observations sur le texte du Kilâb

el-Buhalâ' (le Livre des Avares) d'El-6âhiz 431

Bibliographie des travaux scientifiques de M. René Basset . 463

V

Société Française d'Imprimerie d'Angers. — 4, rue Garnier, ANr.Erts.