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Acta Medica Scandinavica. Vol. CVII, fasc. VI, 1941. Le paludisrne dans I’lran. Par K. LINDBERG. MBdecin-en-chef de Barsi Light Railway Curduvadi, India. (Ce travail est parvenu h la r6daction le 13 DBcembre 1940). I1 y a quelques annees, j’ai eu l’occasion de visiter des villes de 1’Iran situees sur le plateau et dans le golfe Iranien. RCcemment, un skjour en Iran un peu plus prolong6 m’a permis de prendre des notes aussi dans les provinces Caspiennes. Bien que je n’aie pas recueilli de renseignements sur I’incidence du paludisme dans certaines autres regions t r b vastes du pays, il est pourtant possible de se faire maintenant une idCe de la repartition de cette maladie dans une grande partie de l’Iran, en combinant les resultats de mes deux voyages. D’une faqon generale, on peut dire que le paludisme sCvit clans la region c6tiere de la mer Caspienne et sur le littoral du golfe Iranien et qu’il est beaucoup moins repandu sur le plateau, Cvidemment en raison de l’abondance des pluies et des cours d’eau ou de l’humiditk des deux premieres regions mentionnkes ainsi que d’autre part de l’aridite de la plus grande partie du reste du pays. Mais autrement, j’ai eu l’impression qu’on ne pouvait formuler aucune rPgle d’application generale sur l’incidence geographique de la maladie en Iran. Ainsi semblent exister d’une part des endroits presque indemnes dans les parties niaritimes du pays et d’autre part des ilots hyperendemiques sur le plateau m6me. En Iran, romme partout ailleurs, chaque localit6 doit naturellement faire l’objet d’unc etude speciale et une grande multiplicitk de conditions epidemiologiques differentes apparaitra sans doute comme le resultat de telles etudes A part des rCgions circonscrites du sud-ouest du

Le paludisme dans l'Iran

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Acta Medica Scandinavica. Vol. CVII, fasc. VI, 1941.

Le paludisrne dans I’lran. Par

K. LINDBERG. MBdecin-en-chef de Barsi Light Railway Curduvadi, India.

(Ce travail est parvenu h la r6daction le 13 DBcembre 1940).

I1 y a quelques annees, j’ai eu l’occasion de visiter des villes de 1’Iran situees sur le plateau et dans le golfe Iranien. RCcemment, un skjour en Iran un peu plus prolong6 m’a permis de prendre des notes aussi dans les provinces Caspiennes. Bien que je n’aie pas recueilli de renseignements sur I’incidence du paludisme dans certaines autres regions t r b vastes du pays, il est pourtant possible de se faire maintenant une idCe de la repartition de cette maladie dans une grande partie de l’Iran, en combinant les resultats de mes deux voyages. D’une faqon generale, on peut dire que le paludisme sCvit clans la region c6tiere de la mer Caspienne et sur le littoral du golfe Iranien et qu’il est beaucoup moins repandu sur le plateau, Cvidemment en raison de l’abondance des pluies et des cours d’eau ou de l’humiditk des deux premieres regions mentionnkes ainsi que d’autre part de l’aridite de la plus grande partie du reste du pays. Mais autrement, j’ai eu l’impression qu’on ne pouvait formuler aucune rPgle d’application generale sur l’incidence geographique de la maladie en Iran. Ainsi semblent exister d’une part des endroits presque indemnes dans les parties niaritimes du pays et d’autre part des ilots hyperendemiques sur le plateau m6me. En Iran, romme partout ailleurs, chaque localit6 doit naturellement faire l’objet d’unc etude speciale et une grande multiplicitk de conditions epidemiologiques differentes apparaitra sans doute comme le resultat de telles etudes A part des rCgions circonscrites du sud-ouest du

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pays, oh des recherches ont C t C faites par les mCdecins de la SociCtC Anglaise du PCtrole Iranien (notamment par le Dr. Frank Marsh) et les territoires des provinces Caspiennes, d’Arak (Soultanabad) et de Khorramabad prospectCs, par le Dr. Amid ZadCh, on peut, autant que je le sache, dire que l’immense pays reste encore inex- plorC au point de vue malariologique. Dans ces conditions, des obser- vations m&me fragmentaires ont de la valeur e t leur publication semble justifike. Par suite des circonstances de mon dernier con& mes voyages ont cette fois-ci C t C entrepris fin octobre et novembre dans le Nord; en janvier, fbvrier e t debut de mars dans le Sud. Ainsi la saison CpidCmique Ctait dCjA terminbe au moment de mes tour- nCes dans les provinces Caspiennes et elle n’avait pas encore dCbutC A 1’Cpoque oh j’ai visit6 les parties mkridionales du pays. De cette faqon, les rCcoltes de larves et d’anopheles adultes ont C t C assez maigres et, d’autre part, j’ai dans bien des endroits dii renoncer A visiter les Ccoles en vue de l’examen de la rate des enfants.

I1 me semble superflu de rCcapituler les donnCes connues rela- tives A la mCtCorologie, A l’hydrologie e t A la physiographie du pays, celles-ci Ctant accessibles dans des ouvrages gdographiques et dans certaines autres publications, et je ne donnerai qu’une courte de- scription des contrees parcourues et quelques notes sur les 1ocalitCs visitbes. Les examens de la rate ont dans presque tous les cas CtC faits au dbcubitus dorsal; 1’Age des enfants (garcons, sauf indication contraire) A C t C de 6 A 16 ans (la plupart entre 7 et 12). En Cvaluant les chiffres de l’index splknique obtenus dans les Ccoles, il faut prendre en consideration que la quinine est en general distri- buCe rCgulierement aux enfants dans les provinces Caspiennes. La majorite des anopheles ont C t C recueillis A 1’Ctat larvaire ou nymphale et identifiCs apres Cclosion des insectes adultes. Quand une autre source n’a pas C t C mentionnCe e t quand ils n’ont pas C t C donnCs d’une faqon approximative, les chiffres des populations ont C t C cites d’apres Ebtehadj. Les noms anciens des villes et des villages ont C t C donnCs entre parentheses.

I. Guilan, Mazendbran, Gorgan.

Ces provinces, comprenant les versants nord de la cha’lne de 1’Elbourz et la bande cBti8re traversCe par des rivihes extrCme- ment nombreuses, oh les markcages et les rizikres se succedent dans

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paludisme n’y a pas lieu, d’apr8s ce qu’on m’a assurC. (En Iran, une altitude de 2000 metres au-dessus du niveau de la mer serait la limite au-delQ de laquelle on ne trouve plus d’anopheles).

2) Zone des montagnes recouvertes de forcts, h nombreux cows d’eau et habitations humaines Cparses. Dans les ravins e t les hautes valldes, la forkt a Cte dPfrichCe h bien des endroits pour faire place ti des rizieres CtagCes en gradins, dont l’irrigation se fait aisCment en utilisant l’eau des ruisseaux. L’humiditC est ici tres BlevCe et le paludisme serait commun pendant 1’CtC. Les villages de Zirab et de Pol Safed, situCs dans la vallCe du Talar au sud de Chahi, ont une rCputation particulierement mauvaise comme foyers paludCens et le personnel de construction du chemin de fer etait sCverement atteint par le paludisme dans cette contrCe. , En suivant les torrents sur un parcours de plusieurs kilo-

metres, au-dessus de Ramsar (fin octobre) et de BChchahr (fin novembre), en pleine zone montagneuse et forestiere, je n’ai pu trouver aucune larve d’anophele dans les nombreux petits Ctangs et mares examinks; je n’y ai pas vu de rizieres.

Dans cette rCgion, on devra d’une part dCterminer s’il existe un vecteur gitant dans les torrents (on peut s’attendre Q y ren- contrer 1’A. superpictus), d’autre part des renseignements precis sont nCcessaires sur le r81e qu’y jouent les rizieres. Tout porte ti croire que ce sont elles, ainsi que leurs eaux d’kcoulement, e t lcs suintements formant des mares et des marais, qui sont responsables du paludisme de cette zone. Ilest probable que le probleme se posera ainsi: Faudra-t-il supprimer la culture du riz, ou sera-t-il possible de faire observer par les habitants une mCthode d’irrigation discon- tinue, avec assechement h intervalles rbguliers, et, dans ce cas, une telle mesure sera-t-elle susceptible de rCduire l’incidence de la maladie?

3) Region de la plaine. C’est la plus importante carc’est dans cette zone que se trouvent la plupart des villes e t des villages. Sa largeur varie de moins de 3 kilometres Q plus de 60 kilometres. La plus grande partie est encore recouverte d’une jungle epaisse oh on avance difficilement par suite, d’une part, des ronces et des buissons, d’autre part, des marais, formes par les eaux des nombreuses rivikres ti lits irreguliers qui descendent vers la mer ou des markcages tres etendus nourris dans les bas-fonds par les pluies abondantes. Les villages se cachent dans les broussailles, mais par places de vastes

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Cclaircies ont 6te amCnagCes pour la culture notamment du riz, mais aussi du tabac, de la canne h sucre, du coton, du froment e t des legumes.

Pour assainir cette rCgion, il s’agit d’une facon indvitable d’entre- prendre des travaux de grande envergure; mais tout d’abord, il est nkcessaire d’avoir une connaissance precise des bionomies des vecteurs principaux prCsumCs, A maculipennis, A. elutus e t A. superpic- tus; le r61e possible dans la transmission de la maladie d’A. pseudo- pictus, d’A. sinensis et d’A. bifurcatus doit Ctre ddtermind e t une etude faite des races d’A. maculipennis e t de leur &partition dans les provinces Caspiennes. L’existence d’autres vecteurs doit &re recher- chCe et leurs gites reperks, et l’absence possible de tout anophele susceptible de transmettre le paludisme dans certaines regions forestieres doit Ctre vCrifiCe. On peut cependant prevoir qu’une amelioration sera obtenue par un defrichement de la brousse sur une grande echelle, defrichement qui permettra la culture intensive des terres et l’augmentation du betail, et ainsi il faudra changer d’une faqon fondamentale tout l’aspect de ce pays qui, soit dit en passant, pourrait a ce qu’il semble, devenir l’un des plus prosperes du globe.

Les deux mesures essentielles $I appliquer h cette region me semblent &re: 1) les travaux de drainage systdmatique, 2) la suppression de la culture du riz.

A certains endroits, tels qu’h Ramsar, oh la plaine cbtiere est etroite, offre une declivite marquCe e t a dkjh 6th dCblayCe, le drainage des marecages et des champs, le redressement des cows d’eau et le comblement de certaines depressions m’a semblC &re une pro- position assez simple; ailleurs, les travaux hydrauliques doivent evidemment marcher de pair avec les defrichements e t les nouvelles cultures a entreprendre, canne sucre, coton, thC etc. La rectifica- tion des fleuves et des cows d’eau e t l’entretien des canalisations doivent naturellement Ctre soigneusement CtudiCs. Quant h la sup- pression des rizieres et leur conversion en cultures exigeant un sol bien draink, il faut prendre en consideration que, malgrd les rksul- tats excellents obtenus en Indo-Chine et ailleurs par la methode de l’alternance de l’ecoulement et de l’assechement hebdomadaire, ce prockde est des plus incertains dans les rizieres situdes dans la plaine ou 1’Ccoulement des eaux se fait difficilement. A bien des endroits, apres quelques jours sans pluie, j’ai vu l’eau stagner dans les trous assez profonds qu’on voit souvent entre les groupes des 37 - Acta med. scandinau. Vol. C V I I .

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tiges e t quelquefois j’y ai trouve des larves d‘A. maculipennis et d’A. pseudopidus. De plus, pendant une partie de la saison de pullulation, les pluies sont frequentes tout en n’8tant pas toujours assez abondantes pour emporter ou engloutir les larves e t les nymphes, e t ainsi il n’existe pas d’assechement pkriodique rdgulier.

4) La bande littorale, non encore envahie par la jungle, formhe dc dunes abritant des lagunes et des marais.

Trois facteurs sont en Oeuvre dans la formation de cette zone. D’une part, les fleuves et les rivieres apportant leur depcit alluvion- naire et dont les eaux se heurtent aux flots de la mer qui sont de direction presque constante par suite de la prkponddrance dcs vents nord et nord-ouest, d’autre part, le recul graduel que subissent depuis longtemps les eaux de la mer Caspienne.

On comprend ainsi la deviation des debouches des rivieres vers l’est, la production des barrieres sablonneuses e t la formation des lagunes derriere elles.

I1 est nkcessaire de mentionner ces processus naturels quand il s’agit de considkrer les mesures qu’on peut envisager dans cette region. J e ferai mention dans la suite des ports de Pahlevi, dci Bender Gaz et de Bender Chah, assez fortement impaludbs, qui st:

trouvent sur ce littoral. Des travaux destines B empecher la forma- tion des lagunes seraient sans doute trop cofiteux et peut-&re impra- ticables, mais la rectification de certains dCbouchCs de rivieres e t l’endiguement des berges, ainsi que le drainage des marais et le comblement des bas-fonds m’ont semblC Ctre dans le domaine drs possibilitbs, e t ces mesures m’ont apparu urgentes notamment B Bender Gaz.

D’apres les renseignements recueillis, les regions les plus affectees par le paludisme seraient la partie ouest du MazendCran (Toune- kaboun), surtout les villes e t villages de Tchalous, Nochahr (Dehno), ChahsCvar et Ramsar (Ab Garm); viennent ensuite le Guilan et l’est du Mazenderan, oh parmi les grandes agglomerations Amoul, BChchahr (Achraf), Chahi (Aliabad) et Sari seraient les plus impa- ludks, tandis qu’un informateur europken, apres de longs sCjours B Baboulser (Mechhedser), m’a affirm6 que le paludisme y est actuelle- ment presque absent; enfin c’est dans le Gorgan, dont une grande portion fait geographiquement partie de la steppe Turcomane, que la maladie est le moins rkpandue. Dans cette derniere province, ce

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sont, semble-t-il, les ports de Bender Gaz e t de Bender Chah qui souffrent le plus, mais les regions traversees par les deux fleuves principaux, le Gargan et I’Atrek, jouissent aussi d’une mauvaise reputation au point de vue paludken.

La saison d’incidence de la fievre palustre s’etendrait du mois de mai ou du mois de juin jusqu’a la fin du mois de septembre. Pen- dant ces mois, les anopheles seraient presents en grand nombre; ils diminueraient en octobre e t ils sont rares des le debut du mois de novembre, ce dont je me suis rendu compte dans le Tounekaboun et dans le Guilan. Dans ce dernier dkpartement, les mois les plus secs sont, soit juin, mai et avril, soit juin, juillet et aoQt (selon Rabino). Pendant tous les autres mois de I’annCe, les pluies sont en general tres abondantes, tant dans le Guilan que dans le Mazenderan.

J’ai deja enurnere les anopheles qu’on connait des provinces Caspiennes. De ccs six especes, je n’en ai rencontre que deux pendant les courts sejours quc j’y ai fait, fin octobre et debut e t fin novembre 1939. Dans des regions limitrophes du Caucase, possedant a peu pres la mPmc faune anopheleenne et des conditions climatiques simi- laires, il a ete observe que 1’A. bilurcafus (provenant de la gener- ation qui a 1iivcmC a 1’etat larvaire) est le premier a apparaitre au mois de mai, que ]’A. elutus ou 1’A. maculipennis devient ensuite I’espece preponderante et qu’un peu plus tard on trouve en grand nombre aussi bien ces derniers que 1’A. superpicfus. I1 se peut qu’il y ait une piriodicite identique aussi dans certaines rkgions des provinccs Caspiennes de ]’Iran, mais, sans doute, il y a-t-il de grandes variations, selon les localites, dans ces territoires tres vastes et tres diffirencies aux points de vues climatique e t physiographique. Ce que je peux dire, d’apres les quelques observations faites, c’est que les larves d’A. maculipennis semblent devenir tres rares des la fin du mois d’octobre et qu’elles disparaissent au mois de novembre, tandis que la pullulation d’A. pseudopictus est encore active A cette mPme epoque, mais que cette derniere espece cesse aussi tres vite de se multiplier vers le milieu ou vers la fin du mois de novembre. Du reste, il doit y avoir des variations d’une annee a l’autre. L’observa- tion d’adultes d’A. pseudopicfus a une Cpoque de I’annCe oh les accks de fievre paludkenne sont rares ou absents, les conditions de tempkrature et d’humidite restant encore favorables au deve- loppement des plasmodies, ferait penser que cette espkce ne doit pas joucr iin r6le important dans la transmission de la maladie.

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Quoiqu’il en soit, un fait epidemiologique de premiere importance est la restriction saisonniere aussi bien des anopheles vecteurs que de l’incidence clinique de la maladie, les recidives pouvant naturel- lement sc voir comme partout ailleurs B n’importe quelle autre saison de l’annee.

Pahlevi (EnzeIi) (Guilan), port de mer, 17.000 habitants. Dans les puits peu profonds et dans des citernes, je n’ai vu que dcs larves de Culex, mais dans des etangs et des marecages en dehors de la ville (c8tC Ghazian), j’ai trouv6 des larves assez nombreuses d’A. pseudo- picfus et une larve unique d’A. maculipennis. J’ai recolt6 quelques petites larves d’anopheles, non identifikes, aussi sur les bords du Mourd-Ab (oEau morte,, grande lagune d’eau douce) pres de petits ruisseaux. J e n’ai vu aucun anophele adulte. I1 y avait de grands troupeaux de porcs prPs de la ville. Index splknique 16.3 yo (Novcmbrc 10 a 12).

Rechf, 89.000 habitants, capitale du Guilan, situCe dans la plaine, prbs de dcux rivicrcs, dont l’une traverse la ville et I’autre la longe du c8te ouest. Tres nombreuses fosses, petits Ctangs, mares et marecages a proximite de la ville, dans lesquels sc trouvaient des larves d’A. pseudopicfus. Le paludisme serait assez frequent en ete, mais sevirait plutBt dans les villages de la rCgion que chez les habitants de la ville m h e . J e n’ai pu trouver aucun anopliclc adultc, mais j’ai apercu des Culex des deux sexes en nombre dnormc dans les lieux d’aisances de la ville. Index splknique de 4.6 yo a 11 Yo, selon les kcoles (Novembre 1. 7. 8.).

Lahidjan (Guilan), 20.000 habitants, centre de la culture du the. Villc situee au pied de collines recouvcrtes de thdiers, mais des rizieres existent aussi pres de I’agglomCration. J’ai recolte des larves d’A. pseudopicfus pcu nombreuses dans l’eau stagnante dc quclques unes de ces riziilres et dans des fosses et de petits Ctangs prbs du champ de rkcfeation; dans 1’Ctang de 1’Institut agricole, je n’ai trouvC aucunc larve et aucun anophele adulte dans les maisons visitCes. Index splenique de 13.6 yo B 16 yo. (Octobre 30. 31).

Lunguerortd (Guilan), 10.000 habitants, a environ 12 kilometres de la c8te. Une riviere traverse la ville; les rizieres et les marecages sont tres Ctendus dans les environs. J e n’ai pu rechercher des larves. Index splCnique de 26.3 yo B 29.6 yo (Novembre 2).

Kalafchuykh (Toundkahoun, MazendCran Ouest), village pres du bord de la mer. Larves d’A. pscudopicfus peu nombreuses dans une

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LE P A L U D I S M E D A N S L’IRAN. 555 fosse. Dans l’automne de 1935, le Dr. Amid Zadeh y a releve un index splenique de 52.9 % et un index parasitaire de 18.6% chez 70 enfants examines. (Novembre 7).

Rarnsar (Tounkkaboun, Mazenderan Ouest), station thermale de premier ordre mais encore insuffisamment achalandde; petit village h proximite. La plaine cbtiere n’est ici large que de 2 h 3 kilometres; la forkt a en grande partie etC defrichee pour donner de

I . Rarnsar Riziere. - (;We d’.L. rnnculipennia et d’d . pseudopiclus.

la place aux constructions nouvelles et pour permettre la culture des orangers, mais, des deux cBtCs, il y a aussi des rizieres et l’eau stagne Pgalcmcnt dans de petits etangs, des fosses e t des mares innombrahles. J’ai peu recherche les anopheles adultes A Ramsar, mais dans la premiere chambre ou je suis entre, deux miles d’A. pseudopictiis et line femelle d’A. rnaculipennis ont et6 trouves en peu de temps. La pullulation des larves d’A. pseudopicfus etait encore tres activc dans des mares, de petits etangs, des fosses e t dans des traces de sabots remplies d’eau, les larves &ant plus nombrcu- ses sur la hande littorale mCme que sur les pentes oh se trouvent les bitiments nouveaux et le village. Sur une trentaine d’anopheles

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adultes obtenus de ces larves, il y en a eu deux d’A. maculipennis. Selon les m6decins et les habitants europkens de Hamsar, personne n’kchapperait h la fievre pendant la saison qui s’6tend du mois de juin au mois de septembre. Ramsar a et6 l’un des rares endroits dans ces provinces du Nord, oh un assainissement par travaux anti- larvaires m’a semblC Ctre dans le domaine des possibilitks immCdia- tes. (Okt. 29. Nov. 4. 5.)

Baboul (Barferouch) (MazendCran), 10.000 habitants selon un professeur d’kcole. (Le chiffre de 40.000 donne par Ebtehadj est probablement trop Clevd). Ville situCe a 20 kilometres de la cbte sur un petit plateau tennine du cat6 sud par des pentes raides au bas desquelles on m’a dit qu’il existait autrefois de vastes marais assechh depuis 3 ans, sur la recommandation du Dr. Amid ZadCh. Maintenant on ne voit 18 qu’une vallCe bien drainCe par un ruisseau a bords nets, dans l’eau duquel fourmillent les petits poissons. A environ 1.5 kilometres A l’ouest de la ville se trouve le fleuve de Baboul, a lit argileux assez large et h hautes berges escarpees du cBtC est, tandis qu’h l’ouest elles sont au niveau de la plaine. L’eau de la riviere est peu utilisde; il n’y a pas de qanates (conduites sou- terraines); les mares e t les petits Ctangs semblaient assez rares pres

. de la ville; les puits sont peu profonds et contiennent de l’eau leg& reme’nt saumatre et cette eau sert B la plupart des besoins. Autant que j’aie vu, la culture aux environs de laville se rdduit z1 des champs de coton. J e n’ai aperqu des rizieres qu’a une distance de plus de 5 kilometres de l’agglomkration urbaine. Le Service d’agriculture possede h Baboul une pepiniere, oh on cultive surtout les orangers, les cypres et les eucalyptus. Le sol, compose d’humus dans la ma- jeure partie des provinces Caspiennes, m’a ici sembld plus sablon- neux. J e n’ai trouve aucune larve d’anophele dans les mares e t dans les petits Ctangs pres de la ville, ni dans le lit du fleuve, dans le ruisseau dejh mentionne ou dans les puits. Les C u l a adultes Ctaient assez nombreux, mais je n’ai vu aucun anophele adulte. Selon mes informateurs, le paludisme existe bien, mais ne serait pas tres frequent. Index splenique de 6 %. (Dans 1’CtC de 1935 l’index splknique relevC par le Dr. Amid ZadCh dtait de 36.7 yo et I’index parasitaire de 13.7 yo chez 77 enfants examines). (Novembre 21).

Chahi (Aliabad), 7.000 habitants, vieux village et ville nouvelle a environ 7 kilometres des montagnes. La for& a B t B abattue en

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L E P A L U D I S M E D A N S L ’ I R A N . 557 grantlc partie pour faire place A des rizieres. Le fleuve du Talar, a lit sablonneux et pierreux, se trouve ?i environ 4 kilometres B l’ouest de la ville. Drainage defectueux aux alentours de la petite agglomCiration, nombreuses fosses, mares et petits &tangs; des riziiws situees mCme dans les bas-fonds. Dans le village, puits assez profonds, sans larves. Eau de canalisation amenCe des mon- tagnes dans une grande citerne de I’usine de filature et distribuee dans la ville par des conduits. Larves d’A. pseudopicfus dans un

2. Chahi. Etiuig . - Cfte d’A. pseudopictus.

etang h 1.5 kilometres au sud du village, dans des fosses et dans des rizieres; quelques petites larves d’anopheles non identifiees aussi dans dcs mares sans vkgetation du lit du fleuve du Talar. Aucun moustique adulte trouvi.. La majoritk des malades alitCs h I’h6pital semblaient Ctre des paludeens chroniques, et, selon le mCdecin, le paludisme serait t r& frkquent a Chahi. De 8 enfants du village pris au hasard, 3 avaient une rate augmentde de volume; de 5 adultes, un avait une grosse rate. (Novembre 19. 20).

Sari, population de 55.000 selon Ebtehadj, mais probable- ment beaucoup moins; capitale du MazendCran, dans la plaine, B environ 25 kilometres de la Caspienne e t bien au-dessus de son niveau. Fleuve du Tedjen A environ 2 kilometres A l’est de la ville. Vaste bande de rizikres au sud de l’agglomkration, entre celle-ci e t des collines boiskes. TrZs nombreux ruisseaux B courant rapide, traversant e t dklimitant les champs de riz. Sol argileux. Cultures

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de coton et de tabac au nord e t a l’est de la ville. Eau amenee des montagnes dans une grande citerne souterraine. Puits du cbte nord de la ville. Eaux stagnantes a des endroits nombreux, mais au- cune larve, ni dans le lit du fleuve qui est large, pierreux et argileux, ni dans les rizieres au sud de la ville. Aucun moustique adultc trouve. Le paludisme serait commun en CtC, surtout hors de la ville; 40 yo de la population en serait atteint chaque saison selon le mkdecin municipal. (Novembre 22).

BChehahr (Achraf) 17.000 habitants, sur la pente m6me d’une haute chaine de montagnes, for6ts e t torrents dans les ravins. Rizieres, champs de coton et de tabac dans la plaine au nord de la ville. Aucune larve d’anophele dans les mares et dans les bras-morts de la petite riviere la plus proche, dont j’ai remonte le cows sur une distance d’environ 5 kilomCtres. Une femelle d’A. maculipennis capturde dans la chambre que j’ai occupde. Le paludisme serait tres frequent e t la plupart des malades de l’hbpital semblait en souffrir lors de ma visite. Sur 10 enfants non choisis, habitant A la limite sud de la ville, h la lisibre de la for&, 5 avaient une rate aug- mentee de volume. (Novembre 24).

Bender Gaz, 5.000 habitants. MarCcages Ctendus des deux cbtes de la ville, pres des bords de la Caspienne; fosses d’excava- tion a eau stagnante le long de la voie ferree. Une larve d’anophele unique, non identifike, trouvke dans un marais, a p r h des recherches prolongkes. Aucun moustique adulte. Plantations d’eu- calyptus dans la ville e t pres de la jetCe. Les moustiques scraient extremement nombreux pendant 1’Cte; la saison paludkenne dure- rait 5 mois et, selon le mCdecin municipal, 90 yo de la population souffrirait de paludisme. Au moment de ma visite, un tiers des malades traites au dispensaire municipal semblait atteint de mala- ria. Dans la ville, j’ai eu l’occasion d’examiner trois cas de paludisme chronique, maladies h grosses rates e t rechutes de fievre repetees. (Novembre 25).

MarCcages encore plus vastes qu’h Bender Gaz; terre sablonneuse; eau douce amenPe dans des tuyaux du pied des montagnes. Culex adultes des deux sexes en tres grand nombre dans les lieux d’aisances de la gare. Aucun anophele adulte apercu et aucune larve trouvCe. Les moustiques abonderaient pendant 1’Bte et le paludisme serait alors tres com- mun. (Novembre 26).

Bender Chah, environ 3.000 habitants.

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Gorgan (Aste‘rabad), 39.000 habitants, capitale de la province du m&me nom, a 110 metres au-dessus du niveau de la mer. Ville situee sur les pente des montagnes, A proximite de la plaine. Cul- tures de coton et de tabac pres de l’agglomkration; rizieres plus Cloignees. Ruisseaux nombreux et canalisations souterraines. Aucune larve dans les fosses et dans les mares pres de la ville. Aucun moustique adulte. Le paludisme serait frequent pendant I’Cte mais sevirait plutbt dans les campagnes que dans la villememe. Novembre 27).

11. Khouzistan.

Grande province du Sud-Ouest de 1’Iran dont les parties sud e t sud-ouest sont en quelque sorte le pendant iranien du bassin de 1’Euphrate e t du Tigre, tandis que le nord et l’est sont occupes par les prolongements des hautes montagnes du Louristan et du plateau central. Le fleuve principal, le Karoun, qui se jette dans le Chatt-el-Arab, forme, avec ses affluents e t les systemes de canaux anciens, un rCseau fort etendu fertilisant les parties nord et ouest, tandis que l’irrigation du sud et du sud-est se fait principalement par le Djerrahi et le Hindian; de plus, les khors (marigots), assujet- tissent de vastes regions de la cBte A des inondations periodiques. La plaine alluvionnaire, composee d’argile e t de sable, offre partout, exception faite de quelques basses chalnes de collines pierreuses, une surface unie oh rien ne s’oppose A l’action immoderee du soleil; les arbres n’y existent presque pas, sauf Ies dattiers de la region du Chatt-el-Arab et de la cBte et les faux jujubiers et les dattiers assez clairsemes dans le nord et dans l’est, au voisinage des versants des montagnes. Dans la plaine, il y a des cultures assez intensives de froment et d’orge, donnant une moisson au printemps. L’abon- dance des cows d’eau, le manque gkneral de dCclivit6 marqu6e e t I’existence de depressions localisees favorisent la formation pendant l’hiver et le printemps de marais et de marecages qui sont tres etendus surtout aux endroits oh l’argile prevaut sur le sable dans la composition du sol. I1 est en ainsi par exemple A Suse, pres de Bam Daj, a environ 36 kilometres au nord d’hhvaz, au sud de la station de Mian Dacht et pres de Mansouri et de Gorgor, et, plus au sud, le Djerrahi, fleuve imposant pendant la saison des pluies, s’epuise presque entierement, avant d’atteindre la mer e t le Karoun, dans

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un enorme bas-fond argileux, y formant des marais immenses, qui, en hiver, font figure de lacs intkrieurs. I1 est vrai que SOUS l’action du soleil et des vents d’ouest une tres grande partie de ces marais se desseche au cours du printemps et de l’etk, la vegetation est rapide- ment brillee et toute existence de moustiques et de vie larvaire ane- antie. La temperature la plus haute qui ait CtC observbe, A ma con- naissance, pendant les annCes 1928 A 1937 a C t B de 51” C A Ahvaz, en aoQt (1928), et de 51” C A Masdjed Solieman, pendant le m&me mois en 1930. En hiver, la temperature minimum tombe vers le 0 et peut mCme descendre au-dessous du point de congelation, tant dans les regions montagneuses que dans la plaine et sur le littoral; les temperatures les plus basses enregistrees pendant la periode dkja mentionnee ont B t C de - 5.5” C h Masdjed Solieman, en decembre 1931, et de - 4.4” C A Abadan, Bgalement en 1931.

La saison des pluies dure environ 5 mois; elle commence en general en novembre et se termine au mois de mars ou au mois d’avril. De mai h octobre, il ne tombe que rarement quelques gouttes d’eau et il en est ainsi aussi bien dans le nord et dans l’est montueux que dans la plaine et sur la cbte du golfe Iranien. La hau- teur annuelle des pluies prhente cependant de grandes variations selon les regions et selon les annCes. D’une faqon gCnCrale, les pluies sont plus abondantes dans les parties accidentees que dans la plaine et sur le littoral. Ainsi la hauteur annuelle moyenne a etB de 408 mm h Masdjed Solieman (19284937) tandis qu’elle n’a Bte que 165 mm A Abadan pendant la mCme pkriode de 10 ans, avec des maxima de 661 mm A Masdjed Solieman en 1935 et de 272 mm A Abadan en 1934, et des minima de 213 mm e t de 59 mm respecti- vement en 1932. L’humiditC de l’air presente aussi des Ccarts sai- sonniers tres notables, une humidit6 relative de 100 % ayant CtP observee h Abadan en fernier et de 10 yo en juin et en juillet dans la mCme localitk.

Les particularitks climatiques qui ont C t B brievement ment- ionnkes ont pour effet de favoriser deux pCriodes de transmission et d’incidence clinique paludeenne. Les anopheles cessent de se multiplier et disparaissent le plus souvent en hiver et pendant les fortes chaleurs de 1’CtB pBrissent aussi bien les adultes que les larves. Tant dans le nord-est que dans le sud-ouest, les deux saisons d’inci- dcnce maximum de la maladie sont, d’une part les mois de mai et de juin, d’autre part octobre et novembre, et le paludisme sBvit

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loujours plus severement pendant cette derniere phiode que pen- dant la premiere. Les trois especes d’hematozoaires existent; la f i h e estivo-automnale serait la plus commune et la forme quarte serait en voie de regression. Quant A la faune anopheleenne, nous sommes ici mieux renseignks que dans les autres parties de 1’Iran par suite des recherches des medecins de la Compagnie du Petrole, a laquelle il a deja kte fait allusion, ceux-ci ayant, dans leurs regions d’operations, signale la presence des 11 especes suivantes: A. super- pictus, A . stephensi, A. elufus, A. pulcherrimus, A. rhodesiensis, A . sergenti, A. apoci (Marsh) , A. furkhudi, A . hyrcanus var. niger- rimus, A . bifurcatus, A . algeriensis. Au cours de mes visites dans la province, j’ai retrouvk deux de ces especes. I1 faut cependant remarquer que la diagnose d’A. hyrcanus var. nigerrimus comprend peut-Ctre aussi bien la variCtC mesopotamiae, decrite par Chris- tophers d’aprks des specimens der Khoramchahr, que 1’A. pseudo- p idus , qui, selon une communication du Dr. Amid ZadCh, existe dans lc Khouzistan. L’A. sfephensi se trouve surtout dans les eaux stagnantcs des environs du Chatt-el-Arab et, comme partout ailleurs, c’est 1’A. superpictus qui est l’espece prkdominante dans les cours d’eau des regions montagneuses. La repartition de la maladie dans le Khouzistan prksente des inegalites dont l’explication est parfois loin d’Ctre apparente. Selon mes informateurs (notamment le chef du Service de Sant6 d’Ahvaz), les endroits les plus affectes sont les suivants: Abadan, Chadgan, IzCh, Khorramchahr, Mian Ab (entre Uam Daj et Chouch) e t dans l’une de ces localitks, j’ai pu constater les effets d’unc forte endemicite. De plus, j’ai decouvert un foyer hyperendemique A Suse. Par contre, les grandes villes riveraines d’Ahvaz ct de Dizfoul semblent peu impaludees, et m6me Chouchter, ancien centre d’irrigation, ne souffre pro- bablement que d’une fagon moderde de paludisme. Pres de ces villes, il ne semhle pas exister de marais d’importance et les collec- tions d’eau de pluie se formant pendant l’hiver se dessechent appa- remment toutes au cours du printemps.

Les conditions climatiques du Khouzistan ne sont pas defa- vorables a un assainissement au point de vue paludeen. Les Ccarts de temperature constituent sans doute un facteur limitant la pullu- lation ct la survie des anopheles, reduisant ainsi d’une fagon notable les pkriodes de transmission. Pour ameliorer la situation, ce sont des travaux de honification sur une vaste Cchelle qu’il s’agit

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d’entreprendre. Dans les marais dont il a dejB Ctd question, beau- coup d’eau se perd inutilement et le drainage par des fossb cou- verts e t des canalisations bien entretenues permettrait d’obtenir des territoires trks Ctendus pour les cultures des cCrCales e t de la canne a sucre. Il serait possible en mCme temps d’augmenter le betail, que la province entretient encore en nombre peu considerable. 11 me semble aussi que l’afforestation de la plaine

3. Mian Dachf. Fosses dexcavation le long de la voie ferrbe. - Dans la sertion sud du chemin de fer, ces fosses ont Bt8 creusdes en largeur et sont de profondeur tres faible, de sorte que 1’8vaporation de I’eau se fait rapidement, d8s la cessation des pluies. Elles sont ici probablement sans importance

comme Rites potentiels.

alluvionnaire devrait Ctre tentee; un enrichissement du sol pourrait Btre espere et une population plus prospere ferait ici comme ailleurs reculer le paludisme.

Ahuaz, 32.000 habitants. sur le deux rives du Karoun, dont les eaux servent A l’irrigation (pompes A moteur). Pas de puits e t t res peu de bassins dans la ville. En hiver nombreux etangs, mares e t marecages h proximite de l’agglomeration, B eau par places sau- miltre, par suite de la salinitC du sol a certains enaroits. ces collec-

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tions d’eau semblent toutes s’bvaporer au dCbut de la saison chaude. Hauteur annuelle moyenne des pluies pendant 6 ans (1928-1933) 186 mm avec des dcarts aussi considbrables que 286 mm (1929) e t 76 mm (1932). L’humidite relative de l’air serait particulierement basse pendant le printemps et I’Cte, peut-Ctre par suite du regime des vents d’ouest. Je n’ai trouve que des larves de Culex et quel- ques CuIw adultes; je n’ai vu aucune larve d’anophele et aucun ano-

4. A ~ L J Q I . Mare d’eau douce. - Ce genre de collections d’eau saisonnihres abonde en hiver aux alentours des villes et des villages du Khouzistan, mais

semble sans importance au point de vue malariologique.

phde adulte pendant mes skjours dans cette ville au ddbut de s e p tembw (1935), janvier et fin avril (1940). Pourtant, selon quelques informateurs, les moustiques seraient nombreux au printemps avant les fortes chaleurs e t quand l’air se refroidit en automme, ce que je suis a mCme de corroborer seulement en ce qui concerne les phlkbotomes. Presque tout le monde a Cte unanime ?i dire qu’il y a tres pcu de paludisme a Ahvaz. De 18 enfants pris au hasard, un seul avait une rate augmentbe de volume. Aucun des 6 adultes examinks n’avait une rate palpable. (Janvier 9 A 30).

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564 h . LINDBERG.

Khorramchahr (itilohammarih), 5.000 habitants, sur le I<aroun et le Chatt-&Arab. Centre de culture de dattiers; systemes d’irri- gation tres dCveloppes, h eau stagnante dans des fosses et dans dcs bras morts innombrables. Aucune larve trouvee au mois de janvier. Fin avril, j’ai C t C pique en plein jour par un anophele ayant l’appa- rance d’un A. hyrcanus (peut-&re un A . pseudopicfus ou un speci- men de la varietb mesopofamiae de Christophers). Index splCnique

5. Khorramchahr. Canalisation.

45.8 yo chez les les enfants; 16.7 yo chez les adultes. (Janvier 17 et Avril 26).

Plantations de dattiers des deux cBtes du Bahman- chir. Aucune larve aperque, mais tres nombreux gites potentiels. Le paludisme serait tres frbquent. L’huilage methodique s’impose dans ces deux dernikres localites (Janvier 16).

Bender Chahpour, peut-&re 300 habitants; port construit en 1930 sur un bras du Khor Mousa. Sol alluvial fortement impregne de sel, l’eau de pluie devenant rapidement saumAtre au contact de la terre. Nombreux etangs et mares A eau saline trks souillke. Eau

Abadan.

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douce amenee d’Ahvaz et conservke dans une citerne cimentee a ciel ouvert. Les moustiques seraient tres nombreux au printemps et en automne et, d’aprks les personnes rdsidant dans ce port, ils seraient apportks de temps en temps par le vent, soit du cBte de Bender Ma’chour (environ 12 kilometres au nord-est) soit de Chadgan sur le Djerrahi (environ 40 kilometres au nord-ouest). Selon la plupart des habitants permanents, le paludisme serait a

6. Suse. MarCcage. - Le village se trouve A environ 200 metres de ce vaste gfte, apparemment permanent, pres de la riviere Ab-Chaour.

peu prks absent a Bender Chahpour mCme. J e n’ai vu aucun mous- tique et aucune larve et personne a rate augmentke de volume (6 enfants ct .5 adultcs examines) (Janvier 20).

Chouch (Susc). Gros village (peut-&tre 2.000 habitants), sur les rives du Ah-Chaour, a 4 kilometrcs de la gare de Chouch. Riche vkgetation des bords de la rivikre e t vastcs marecages a proximite du village. J e n’ai trouve aucune larve lors de ma visite. Aux dires des habitants, les moustiques abonderaient pendant le printemps et ))tout le monde, souffrirait de fievre. Selon le chef de gare (ancien

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assistant du Dr. Amid ZadCh, malariologue de 1’Institut Pasteur de TihCran) la grande majorite des anopheles Chouch serait 1’A. superpictus; 1’A. maculipennis et 1’A. pseudopictus s’y rencontre- raient aussi, d ’aprb lui, mais tres rarement. Index splenique 100 yo. Rate moyenne 3.5.

Le nettoyage des bords de la riviere qui doivent Ctre rendus accores par des perrks, le drainage des marecages et le traitement antipaludique gbneral de la population sont des mesures nCcessai- res. Un dispensaire spkialisb dans le traitement du paludisme pourrait dans ce village rendre les services les plus efficaces et aug- menter d’une fagon incalculable le bien-6tre et la prosp6rit.C des habitants. (Janvier 11).

Chouchfer, ville d’environ 30.000 habitants, sur la bifurcation du Karoun en Ab-ChataIt e t Ab-Gargar (branche artificielle); terrain accident&, a collines et vallonnements. J e n’ai pas vu de bassins dans la ville e t rien qu’un puits pres des bords du Karoun. Deux larves d’A. rhodesiensis trouvies dans une mare du vieux canal Mianab (sAb-Minaou,) pres de la digue ancienne, maintenant icroulee; larves et nymphes de CuZex nombreuses dans d’autres mares de ce canal. Le paludisme ne serait pas frequent selon les personncs qucstionnies. De 12 enfants examines, pris au hasard, un avait une rate palpable (9 %). Parmi 10 adultes, egalemcnt non choisis, il y en avait 2 rate augmentie de volume. (Janvier 23).

Dizfoul, 40.000 habitants, sur 1’Ab-Diz, affluent du Karoun, a 220 metres au-dessus du niveau de la mer. L’eau de la riviere sert, comme a Ahvaz, a tous les besoins; pas de puits aperqus et pas de citernes a ciel ouvert. Des mares e t de petits Ctangs assez nom- 1)reux des deux cGtPs de la riviere, la plupart a eau fortement polluee. Aucune larve trouvee. Le paludisme serait de friquence moddrk selon les habitants. Sur 15 enfants non choisis, il y en avait 2 a rate palpable (13.3 yo).

Le comblement des fosses et des travaux de nivellement sur les deux rives devraient conduire un assainissement notable de la ville (Janvier 12).

Andimlchk (Salihabad), peut-6tre 1.500 habitants, ancien ter- minus du chemin de fer, pres de la limite nord de la plaine. Nom- breuses depressions a eau putride derriere les maisons; eau limpide amenCe des montagnes dans des canalisations; pas de puits, trks peu de bassins. J e n’ai vu aucune larve. Les cas de paludisme qui s’ob-

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L E P A L U D I S M E D A N S L ’ I R A N . 567 servent ici prendraient le plus souvent leur origine dans les vallCes du Louristan, selon un habitant europCen. (Janvier 12).

Quelques notes ont C t B incluses ici sur cette ville, bien qu’avec la region du KouhguilouyCh elle ne fasse plus partie du Khouzistan au point de vue administratif.

Ville de 2.400 familles en 1912 (Le Fars), en comptant probable- ment autant de nos jours, situCe dans une large vallke fertile B 7 kilometres de la riviere d’eau douce du Maroun, tributaire du

Bihbehan.

7. Bbhbehan. Citerne cimentCe d’eau de pluie, d’une profondeur de 6 mktres. - Ce type de rdservoirs ne semble pas servir de gftes aux anophkles.

Djerralii. Petits cours d’eau temporaires pres de la ville. Nom- breux puits, tous a eau saumiitre; plusieurs reservoirs d’eau douce cimentks, a ciel ouvert, dont l’eau s’epuise pendant 1’CtC. Sol argi- leux impregnk de sel. J e n’ai trouve aucune larve d’anophele, mais des larves et des adultes nombreux de Crtlex. La saison du palu- disme serait limitee au printemps et a l’automne et la maladie ne serait pas grave. Index splenique de 5 % a 9.3 yo, selon les Ccoles.

111. Bouchir.

Ville de 40.000 habitants, avec Khorramchahr et Bender’Abbas l’un des trois ports de mer les plus importants du sud de 1’Iran. Le climat y differe assez notablement de celui du fond du golfe et les quelques remarques dkja faites au sujet des conditions climati- 35 - Ada med. scandinau. Vo l . C V I I .

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568 K. LINDBERC.

ques h Abadan doivent &tre modifiCes en raison du climat de Bouchir. Les tempkratures minima semblent y Ctre un peu plus hautes, les temperatures maxima plus basses, la hauteur annuelle des pluies beaucoup plus ClevCe et l’humidit6 relative de l’air en C t B bien plus considkrable qu’h Abadan. Pendant une pCriode de 10 ans, la temperature maximum absolue a C t C de 44.7” C; la tem-

perature minimum absolue de 0” C; les tempdratures moyennes atteignant respectivement 31.5” C en aoat e t 14” C. en janvier (cite d’apres Artzt). L’humidite relative de l’air ne s’est pas abaissee au-dessous de 60 % en C t B et elle est montde h 71 yo en hiver. La hauteur moyenne annuelle des pluies a C t C de 360 mm pendant la pCriode de 10 ans CtudiCe par Artzt. Aucune prdcipitation atmos- phCrique n’a eu lieu pendant les mois de mai 21 octobre et pendant les six autres mois de l’annCe les hauteurs moyennes ont C t C les sui- vantes: novembre 40 mm, decembre 105 mm, janvier 86 mm, fevrier

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89 mm, mars 20 mm, avril 20 mm. Bouchir est & une distance des hautes montagnes de seulement une cinquantaine de kilomktres et l’humidite ClevCe en C t C et la hauteur relativement considdrable des pluies en hiver doivent trouver leur explication dans cette proximite des montagnes, les vents du sud surcharges d’humidite rencontrant les vents froids du nord-ouest.

La ville est situCe & I’extrCmitC nord-ouest d’une presqu’ile plate, d’elevation si faible au-dessus du niveau de la mer, que la bande de terre markcageuse, par laquelle elle tient au continent, peut en hiver se trouver submergCe; de plus, des inondations se produisant regulierement du fait des pluies hivernales font que la citC proprement dite, bltie sur un promontoire, devient sCparCe de sa banlieue et du restant de la presqu’ile, sauf par deux lambeaux de terre Ctroits, sablonneux, longeant le bord de la mer e t la baie de Chif; au-delh des faubourgs, d’autres vastes terrains sont pen- dant l’hiver transformCs en etangs et marais Ctendus. Toutes ces nappes d’eau de pluie, couvrant une superficie de plusieurs kilo- metres carres, deviennent rapidement saumltres & ca’use de la teneur du sol en sel, et la salinite de l’eau augmente d’une facon progressive des la fin de l’hiver par suite de l’kvaporation, la tem- pCrature de l’air allant toujours en croissant. Enfin, au printemps ou au debut de I’CtC, tout s’est dessCchC, e t seulement les efflorescen- ces salines tdmoignent encore de l’existence antdrieure de l’eau. Les puits a proximitt! de la ville ne contiennent que de l’eau saumltre, mais plus au sud, dans la presqu’ile mtme, il y a des puits assez pro- fonds a eau douce. L’approvisionnement de la population de Bouchir en eau potable se fait par des citernes cimentees, souvent construites sur les toits des maisons, dans lesquelles l’eau de pluie est recueillie. Des rCservoirs publiques (birkkhs), comme on en voit & BChbChan et dans la rCgion plus mkidionale du golfe, n’existent pas a Bouchir, sauf 3 ou 4 anciennes citernes delabrCes hors de la ville qui ne contiennent plus d’eau depuislongtemps. Les rCservoirs en usage que j’ai vus Btaient tous recouverts de planches ou de t61e, prkcaution necessaire pour amoindrir 1’8vapo- ration et conserver & l’eau sa fraicheur et sa puretC.

La maladie principale skvissant dans ce port de mer est le palu- disme. Pendant 1’annCe 1938, sur 33.281 malades trait& & h6pital municipal de Bouchir, 12.087, c’est-&-dire pres d’un tiers, Ctaient enregistrks comme des paludCens. La maladie se verrait pendant

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toute l’annee mais montrerait deux pCriodes de recrudescence saisonniere, l’une d’octobre A ddcembre, l’autre d’avril a juin. Malheureusement, et pour des raisons qui me sont inconnues, les chiffres des rapports mensuels de l’hbpital municipal, tres obligeam- ment communiquCs par le mkdecin en chef des Services Quarante- naires du golfe Iranien, ne se prctent pas a des dkductions quant a l’jncidence saisonniere de la maladie, mais ils montrent bien l’enorme probleme sanitaire que doit constituer le paludisme a Bouchir, le

8. Bouchir en hiver, vu de Sangi. - En eti on lie voit la que de la terre Ierme. I,e rBle malariologique de ces terrains inondCs est encore douteux.

pourcentage des malades paludPens sur le nombre total trait@, allant de 19 % en septembre jusqu’h 61 % en janvier. De 32 enfants, non choisis et apparemment bien portants, que j’ai examinks a Sangi, 24 avaient une rate augmentke de volume, un index splPnique de 75 yo, avec une rate moyenne de 2.37.

Pendant mon sCjour a Houchir, mi-fCvrier, je n’ai pu trouver aucun anophele adulte, et on m’a dit que les moustiques commen- Caient ii pulluler seulemement vers le milieu du mois de mars. Dans quatre petits etangs, A eau douce absolument infecte, sans vkgCta- tion, situCs dans des terrains vagues a Sangi et a Chaikari, j’ai dkcouvert des larves et des nymphes assez nombreuses d’A. mid- ticolor. Soit dit en passant, dans des collections d’eau fortement polluke de ce genre, j’ai dans 1’Inde rarement vu d’autres larves que celles d’A. subpictus. J’ai fait des recherches prolongCes c t

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repetkes dans l’eau saumltre des divers terrains inondes et dans des etangs et des marais, tant a Bouchir e t dans sa banlieue que dans la pCninsule du c8tB de Rkchir et jusqu’au village de Tchaghadak, situd sur le continent a une distance de 24 kilometres. Nullepart je n’ai trouve de larves dans ces terrains et dans ces collections d’eau semi-permanentes, de salinitC certainement tres variable. De mCme je n’en ai pas rCcoltB dans les puits e t danslesciternes examines.

On peut certes se demander d’oh vient ce paludisme qu’on peut qualifier d’hyperendemique a Bouchir. Autant que je le sache, la part que peut prendre 1’A. mulficolor comme vecteur n’est pas encore Ctablie, et m&me dans le cas ou cet anophble serait capable de transmettre la maladie, il me semble t r b douteux qu’il puisse jouer un r61e important pendant la saison dans laquelle a eu lieu ma visite, A cause du nombre tres restreint des gftes e t de leur caracttire transitoire. Cependant il faut prendre en considkration la possi- bilite qu’A. multicolor puisse se propager une Cpoque plus avancke de l’annee dans les terrains inondCs et dans les diverses collections d’eau saumstre. Dans ce cas hypothbtique, est-il le seul ano- phele ou s’y trouve-t-il en compagnie d’une autre espece dont le r81e de vecteur est connu? Puis il y a la question des citernes. Ce sont elles qui seraient responsables de la pullulation des anopheles transmettant la maladie selon le Dr. Amid ZadCh, qui a visit6 Bouchir au debut de I’etC, A une Cpoque ou il n’y avait de l’eau stag- nante nulle part, tous les Ctangs et les marais s’ktant dessCchCs. Enfin il faut envisager le cas ou les anopheles vecteurs principaux ne seraient que des immigrants venant du continent. Les remblais d’argile formant le Kouch-Mand du Tanguistan, a 40 kilometres au sud-est de la ville, m’ont semblC trop arides pour pouvoir offrir des gites pendant une phiode suffisante de I’annCe, et la plaine c6tiere au nord, a l’est e t au sud prCsente essentiellement les mdmes caracteres que les alentours de la ville. Restent les chaines de montagnes au nord et a l’est de Bouchir, dont les versants les plus proches se trouvent distants de 50 a 60 kilometres. Dans les torrents et les mares de rivieres de ces regions, on doit trouver presque partout des larves d’A. superpictus des la fin du mois de fkvrier, et, ktant donne que l’aire de dispersion de cet anophkle a C t B trouvCe supdrieure a 60 kilometres, on ne peut pas a priori nier la possibilite de la presence dans la ville de populations immigrantes d’A. superpicfus.

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Cette m&me CventualitC s’applique d’ailleurs aussi aux ports hyper- endemiques de LinguPh et de Bender ’Abbas.

Bouchir et ces deux autres villes, qui toutes les trois souffrent si cruellement du paludisme, frappant ici, h l’encontre de ce qui a lieu dans les provinces Caspiennes, une population pauvre, ma1 nourrie e t dCjh CnervCe par un climat torride, offrent un pro- bleme des plus intkressants, dont la solution serait susceptible de porter remede a une situation qui h present parait d6sespQee. Comme la question n’est pas encore rksolue, il serait hors de propos de faire dejh des recommandations. S’il ne s’agit que des citernes, ce sera naturellement le cas le plus favorable et la maladie pour- rait Ctre contrblee facilement e t h peu de frais, mais dans le cas oh on aurait A faire avec des anopheles immigrants venant de regions peu accessibles et en grande partie inhabitkes, le traitement general de l’agglomeration de Bouchir serait un sine qua non puisqu’alors il s’agirait avant tout d’empCcher ces moustiques de s’infecter.

Conclusion.

En choisissant les trois regions de 1’Empire dont il a etC question dans ces notes, j’ai cherchti h montrer aussi bien la complexit6 des problemes A rksoudre que la simplicit6 des points d’attaques, et on se demandera naturellement ce qu’on peut faire pour arriver a des rksultats pratiques dans un pays encore si peu developpe que 1’Iran. Evidemment c’est avant tout de l’argent qu’il faut, e t beaucoup d’argent, ainsi qu’un personnel specialement instruit, e t je crois que ces conditions pourront h l’heure presente s’obtenir plus facilement en Iran que peut-&tre n’importe oh ailleurs. Mais d’abord il faut une volontk bien arr&tCe, et la force motrice ne peut venir que d’en haut. En ceci, 1’Iran est particulierement favorise ayant un Souverain puissant e t intelligent, dont un mot fait loi, et une jeunesse h 1’Bme vibrant aux idCes de Patrie e t de Progres.

J’ai observe pendant cette derniere annCe, non sans Ctonne- ment, le grand succes du mouvement en faveur de l’aviation, e t je me demande s’il n’est pas possible de faire naitre un enthousiasme comparable, ou encore plus ardent e t plus general, pour une ques- tion vitale concernant la sante de la nation. Ne peut-on pas espdrer,

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qu’une fois le mot d’ordre donn6, quelque chose comme une croisade nationale contre le paludisme pourra &re mise sur pied par l’inter- mediaire de la presse, des professeurs, des mkdecins, des fonction- naires du Gouvernement e t de toutes les personnes influentes ayant A coeur le developpement et la prospCritC de leur pays? Une sou-

11111111 = Itineraires suivis.

scription nafionale ferait venir l’argent nbcessaire, et des que l’organisation technique aurait etC achevCe, il s’agirait de concentrer les campagnes antipaludiques d’abord dans certaines rCgions cir- conscrites.

Une vAssociafion nationale Iranienne pour la lutfe confre le palu- disme)) pourrait devenir un instrument puissant dans l’organisation des travaux A entreprendre.

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= ii

5.5 0

6.0 5.8 6.0 (i.5 0

b0.0 7.8 5.0 9.3

57.7 35.0

0 0

75.0

25.2

37.5 25.0 15.4

"3.0

8.3 20.0

13.3

0

9.5

13.5

4.2

45.8 16.7 14.0 16.7 13.6

K. L I N D B E R G .

Tableau des examens de rate.

3

1s 2% 3 2

1.11 1.00

1.07 1.08 1.06 1.06 1.00

2.70 1.11 1.05 1.14

1.00 1.00'

2.37

1.50 1.40

I 3.50

1.08 1.40

1.13

1.00

1.74 1.16 1.20 1.11 1.19

Ahvaz (Khouzislan) Enfants de la ville . . . , . . . . . . . . . . . . . . 18 Adultes de la ville . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6 Baboul (Mazendkran). Totaux des

enfants ........................ 234 Lyc6e Chahpour . , . . . . . . . . . . . . . . . . 138 Ecole Chadokht (filles) . . . . . . . . . . . . . . 50 Ecole Moukhtalit (mixte) . . . . . . . . . . . . 46 Adultes (professeurs et maftresses) . . . . 9 Bkhchahr (Gorgan) Enfants de la ville . . . . . . . . . , . . . . . . . . 10 Bkhbkhan (Fars). Totaux des enfants . . 115 L y b Pahlbvi . , . . . . .. . .. . . .. . . . . . 40 Ecole Moukhtalit (6 garcons, 69 filles) 75 Bender 'Abbas (Porls du Sud) 1935. . . . . . , . . . . . . . . 31 Adultes de la ville . . . . . . . , . , . . . . . . . . 20 Bender Chahpour (Ports du Sud) Enfants du port . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6 Adultes du port . . . . , . . . . . . . . . . . . . . , 5 Bouchir (Porls du Sud) Enfants des faubourgs . . . . . , . . . . . . . . 32 Broudjerd (Louristan). 1935. l'otaux

des enfants . . .. . . . . . . . . . , . . . . . . .. 333 Chahi (Mazendkran) Enfants du village . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8 Adultes du village . . . . . . . . . . . . . . .. 5 Chiraz (Fars). 1935. Totaux desenfants 715 Chouch (Khouzistan) Enfants du village . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12 Chouchler (Khouzislan) Enfants de la ville . . . . . . . . . . . . . . . , . . 12 Adultes de la ville . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10 Dizioul (Khouzislan) Enfants de la ville . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15 Ganaukh (Porls du Sud) Enfants du port . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5 lsfahan (lsfahan). 1935. Totaux des

enfants .......................... 402 Kachan (Kachan). 1935. Total des

enfants .......................... 156 Kerman (Kerman). 1935. Totaux des

enfants ........................ 333 Khorramchahr (Khouzistan) Enfants de la ville . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24 Adultes de la ville .. . . . . . . . . . . . . . . 18 Lahidjan (Guilan). Totaux des enfants 348 LycBe Iranchahr .. . . .. . .. . . . . . . . . . 84 Ecole Haqiqat .. . . . . . . . . .. . . . . . .. . 177

Totaux des enfants

- -

6 -

20 11 30 5 47 3 43 3 9 -

5 - 06 5 38 2 68 3

10 13

6 - 5 -

8 8

!49

5 ; 4 -

i05

I

11 :

-

8

13 : 5 -

364

I35

319

13 15 ; 299 3: 70 1 153 1.

Page 29: Le paludisme dans l'Iran

L E P A L U D I S M E D A N S L ’ I R A N .

Sirdjnn (Kerman). 1935. Total des enfants ........................

Tkhkran 1935. Total des enfants .... Yezd (Yezd) 1935. Total des enfants

575

127 186 147

76 6

145 16 8 2

81 9 56 5 93

24

I30

185 32

4

565 520 32 77 6

a26 8 217 18

I22 I75 143

- - B 2 ?.

- 3

4

3 0

-

4

3 3 2 8

= VI

2 -

z.$ B

m 3 m a

- 12.6

24.5 27.3 22.9 26.3 13.9

77.1

6.5

16.3

55.5

22.3 8.3

10.5 4.6

11.0

3.9 5.9 2.7

Les rdsultats des examens de 1939-40 ont 6th not& selon la rnbthode de Schuffner et la rate moyenne calculde en donnant la valeur 1 aux rates sans aug- mentation de volume, 2 aux rates palpables, 3 aux rates se trouvant dans la premiBre position, 4 A celles dans la seconde et 5 aux rates dans les positions trois et quatre. Des examens faits en 1935 ont dtd

inclus dans le tableau.

3 $ 5 ; $ 0 - 1.2(

1.41 1.3f 1.3: 1.5:

1.11

1.1: 1.11 1.0t 1.lt

-

Liate des gjttes larvaires trouvds en 1939-40. 1. Rizidres - A . maculipennis (Ramsar)

2. Marais et markcages - A. pseudopictus (PahlBvi, Lahidjan, Ramsar,

3. Etangs d’eau douce A vegetation abondante - A. maculipennis (Pahlbvi).

A . pseudopictus (Lahidjan, Ramsar, Chahi).

Chahi)./

A. pseudopictus (PahlBvi, Recht, Ramsar, Chahi).

Page 30: Le paludisme dans l'Iran

576 K. L I N D B E R C .

4. Etangs d’eau dome croupissante, sans vegetation - A. multicolor (Bouchir, Naql Taqi, pres Assalou).

5. Fosses - A. pseudopictus (Recht, Lahidjan, Kalatchaybh, Ramsar, Chahi.)

6. Mares de rivibres d’eau douce - A. rhodesiensis (Chouchter). A. super- pictus (Vallkes eatre Djam e t Firouzabad).

7. Mares de rivibres d’eau saumdtre - A. superpictus (VallBes entre Djarn et Firouzabad).

8. Torrents de montagnes d’eau douce et d’eau sautuhtre - A. superpictus (Vallees entre Djam et Firourabad).

9. Petites mares sans vkgetation dans des lits de torrents, ti fond de feuilles mortes en voie de decomposition - A. bifurcatus (Derbend, Keredj).

10. Traces de sabots -A. pseudopictus (Ramsar).

Liate des anopheles trouv6s en 1935 et 1939-40. (L) = larves; (A) = adultes

1. A. (Anopheles) bifurcatus Lin. (L) Derbend (Chbmiran), 15 kilometres au nord de Teheran. Octobre. (L) Keredj, 42 kilometres ti l’ouest de Teheran. Janvier.

(L) Pahlevi. Novembre. (L) Ramsar. Octobre, novembre, (A) Octobre. (A) BAhchahr. Novembre. (L) Isfahan. Septembre 1935. (L) Broudjerd. Septembre 1935.

3. A. (Anopheles) pseudopictus Gras. (L) Pahlbvi. Novembre. (L) Recht. Novembre. (L) Lahidjan. Octobre. (L) Kalatchaybh. Novembre. (L. A.) Ramsar. Octobre, novembre. (L) Chahi. Novembre. (A) Isfahan. Mars. (A) Khorramchahr. Avril.

4. A. (Myzomyia) rhodesiensis Theo. ( L ) Chouchter. Janvier.

5. A. (1Myzom.yia) culicifacies Gil. ( L ) Lar. Octobre 1935. (L) Bender ’Abbas. Octobre 1935.

6. A. (Myzomyia) turkhudi List. (L) Chiraz. Octobre 1935.

7. A. (Myzomyia) multicolor Camb. ( L ) Bouchir. FBvrier. (L) Naql Taqi, prbs Assalou, Fbvrier.

2. A. (Anopheles) maculipennis Meig.

Page 31: Le paludisme dans l'Iran

L E P A L U D I S M E DANS L’IRAN. 577 8. -4. (Myzornyia) superpictus Gras.

( I , ) Qoum. Septembre 1935. (L) Isfahan, Septembre 1935. (L) Broudjerd. Septembre 1935. (L) Chiraz. Octobre 1935. (L) Lar e t vallbes du Laristan. Octobre 1935. (L) Pays des QachqaIs (Sud du Fars), vallbes entre Djam e t Firouza-

bad (nombreux endroits). Fbvrier, mars. 9. A . (Myzomyia) stephensi List.

(L) Lar.-Octobre 1935.

J’ai le devoir bien agrCable de remercier tres vivement les nom- breuses personnes qui ont facilitk mes voyages. J’ai contract6 des dettes de reconnaissance surtout envers MM. les Directeurs de 1’In- struction Publique et de la Banque Nationale, les professeurs, les mkdecins et autres fonctionnaires ‘civils e t militaires, ainsi qu’en- vers MM. les ingdnieurs des SociCtCs Sentab e t Kampsax, tant pour l’hospitalite qu’ils m’ont accordee que pour les services mul- tiples qu’ils m’ont prodigues et pour la courtoisie parfaite que j’ai rencon tree aupres d’eux sans aucune exception.

Sommaire.

Une etude gCnCrale a C t C esquissCe sur 1’CpidCmiologie du palu- disme dans les provinces Caspiennes, dans le Khouzistan e t ii Bou- chir (golfe Iranien).

Les resultats des recoltes d’anopheles e t des examens de rate faits dans ces mdmes rCgions, ainsi que dans quelques localites du plateau ont CtC donnes. La prCsence d’dnopheles multicolor sur le littoral du golfe Iranien a Cte signalCe pour la premiere fois.

Des moyens de faire naitre une organisation antipaludique ont CtC proposes.

Bi bliographie.

Amid Zadeh: Rapport sup le paludisme a Soultanabad e t Khorr- amabad. Teheran 1934. (manuscrit). Amid Zadbh: Rapport sur le palu- disme dans le Gorgan, Mazendbran et Tounbkaboun. Tbhbran 1935 (manu- scrit). Artzt, Paul: N’irtschaft und Verkehr Persiens. Inauguraldiss. Wien 1934. Christophers, S. R.: A summary of recent observations upon the anopheles af the Middle Eeast. Ind. J1. Med. Res. 1920. VII. 710-716. Christophers, S. R. e t Shortt, 13. E.: Malaria in Mesopotamia Ind. JZ.

Page 32: Le paludisme dans l'Iran

578 K. L I N D B E R G .

Mpd. Res. 1920. VIII. 508. Le Fars. Governement Imperial de la Perse. Ministbre de 1’Intbrieur. Rapport de la Commission a S. A. le Ministre de I’Interieur. Teheran. 1913. Gilmour, J.: Rapport sur la situation sanitaire en Perse. Organisation d’Hygibne. SociBtb des Nations. GenBve. 1924. Greenfield, Gregor: Beitrag zur Frage der allgemeinen Hygiene in Persien, mit spezieller Beriicksichtigung der Malaria. Diss. Berlin. 1932. Green. field, Gregor. Beitrag zur Frage der Malaria in Persien. Arch. j . Schijjs- u. Trop. Hyg. 1935. XXXIX. 257-160. Lindberg, K.: Le paludisme dans 1’Iran (Notes de voyage). Rivista de Malariol. 1936. XV. 132-145. Moberg, Erik: Kemoterapien vid malaria och erfarenheter med de syntetiska anti- malaria medlen plasmochin och atebrin. Hygiea. 1934. XCVI. 689-701. Neligan, A. R.: Public Health in Persia 1914-24. Lancet. 1926. 690-691. Parsa, Seyfolah: Contribution a I’btude du paludisme en Perse. Thdse. Paris. 1933. Rabino, H. L.: Les provinces Caspiennes de la Perse. Le Guilan. Paris. Leroux 1917. (Revue du Monde Musulman No. 39). Societ6 du PBtrole Anglo-Iranienne: Rapports annuels. 1928 A 1937 (notammcnt. 1932, 53-71; 1936, 24-30; 1937, 19-31).

Cette bibliographie contient le titre des ouvrages cites dans le texte, mais d’autres publications ont ete ajoutkes en vue de donner une liste complete de tout ce qui a C t C Ccrit sur la question du palu- disme dans 1’Iran. L’auteur serait reconnaissant envers les person- nes qui voudraient bien signaler des omissions.