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M#decine et Maladies In fectieuses --. 1986 -- 5 Bis --. 361 & 365 Le paludisme, une mise au point par M. WERY** RI~SUMI~ Les voyageurs qui ont visit~ les pays de la ceinture tropicale ou sub-tropicale du globe peuvent avoir ~t~ infect~s par piqQre d'anoph~le. IIs pr~sentent d~s Iors, apr~s une p~riode d'incubation variable pouvant atteindre plusieurs mois en cas d'infection par P. vivax ou P. ovale, une fi~vre p~riodique parfois accompagn~e de splOnom~galie, glom~rulo-n~phrite ou an~mie. Les acces f~briles causes par P. falciparum s'accompagnent souvent de complications c~r~brales graves par anoxie tissulaire aigu~. Un contact ant~[ieur prolong~ avec le parasite conf~re une protection qui att~nue les sympt6mes ou permet le maintien ~ long terme de parasit6mies asymptomatiques. Celles-ci peuvent ~tre & I'origine du paludisme transfusionnel. Outre I'examen microscopique du sang, la s~rologie en immunofluorescence est, dans certains cas, utile pour le diagnostic. Des techniques utilisant des antig~- nes d~finis ou des anticorps monoclonaux seront bientbt disponibles. Le traitement est rendu complexe par la presence maintenant ubiquitaire de P. falciparum r~sistant ~ la chloroquine ou aux autres anti- paludiques. Un vaccin ~ base de sporozo'~'tes en est au stade de I'evaluation, mais I'application sur grande ~chelle n'est pas encore envisag~e. Mots-cl~s : Paludisme - Malaria -- Parasitoses import~es. REPARTITION GEOGRAPHIQUE La campagne mondiale d'~radication du paludisme a ~t~ un effort d'une vingtaine d'ann~es, situ~ entre 1955 et 1975. Le nombre de pays dans le monde o5 cette maladie est rest~e end~mique a certes diminu~, mais essentielle- ment dans les r~gions temp~r6es. Dans les pays des zones subtropicales et intertropicales, la transmission persiste encore actuellement. Elle a m~me, en beaucoup d'endroits, repris de I'importance. Tous les pays de I'Afrique au Sud du Sahara, toute I'Asie tropicale et subtropicale, depuis I'Arabie Saoudite jusqu'~ la Papouasie-Nouvelle Guin~e, toute I'Am~rique Centrale et du Sud y compris les ges de lamer des Carai'bes, pr~sentent une transmission active de plusieurs esp~ces de Plasmodium. Seule I'Australie et les 13esde I'Oc~an Paci- fique sont ~pargn~es, de m~me que le pourtour du Bassin m6diterran~en, ~ part la Turquie et quelques petits foyers r~siduels estivaux en Afrique du Nord, du Maroc ~ I'Egypte, De plus, dans certaines r~gions d~sertiques, ou particu- li~rement s~ches, les programmes de d~veloppement tels la construction d'un barrage et le lac de retensse qui en r~sul- te, ou I'irrigation permettant I'installation de I'agriculture (r~gion du G~zira, au sud de Khartoum, Soudan) ont cr~e des foyers de paludisme qui n'existaient pas auparavant en permettant aux anopheles vecteurs de paludisme de se reproduire de mani~re tr~s efficace en leur fournissant les collections d'eau de surface indispensables ~ leur d~velop- pement larvaire. Inversement, mais conduisant au m¢~me risque, la construction de la route trans-saharienne oblige le Gouvernement AIg~rien ~ mettre sur pied un syst~me de surveillance pour ~viter que des voyageurs des pays du Golfe de Guin~e, p0rteurs de plasmodiums ne viennent contaminer les anoph~.les invariablement presents dans les oasis du sud. * Communication pr~sent~e au Congr~s international organis~ par la Soci~t~ de Pathologieinfectieusede Langue Franqaiseet I'lnstitut de M~decine tropicale d'Antwerpen (Belgique), leg 6 et 7 juin 1986, & Anvers, sous letitre (( Actualit~s en Pathologieexotique )~. ** Institutde M~decine tropicale, Nationalestraat155, 2000 Ant- werpen, Belgique. ' 361

Le paludisme, une mise au point

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Page 1: Le paludisme, une mise au point

M#decine et Maladies In fectieuses --. 1986 -- 5 Bis --. 361 & 365

Le paludisme, une mise au point

par M. WERY**

RI~SUMI~ Les voyageurs qui ont visit~ les pays de la ceinture tropicale ou sub-tropicale du globe peuvent avoir ~t~ infect~s par piqQre d'anoph~le. IIs pr~sentent d~s Iors, apr~s une

p~riode d'incubation variable pouvant atteindre plusieurs mois en cas d'infection par P. vivax ou P. ovale, une fi~vre p~riodique parfois accompagn~e de splOnom~galie, glom~rulo-n~phrite ou an~mie. Les acces f~briles causes par P. fa lc iparum s'accompagnent souvent de complications c~r~brales graves par anoxie tissulaire aigu~. Un contact ant~[ieur prolong~ avec le parasite conf~re une protection qui att~nue les sympt6mes ou permet le maintien ~ long terme de parasit6mies asymptomatiques. Celles-ci peuvent ~tre & I'origine du paludisme transfusionnel. Outre I'examen microscopique du sang, la s~rologie en immunofluorescence est, dans certains cas, utile pour le diagnostic. Des techniques utilisant des antig~- nes d~finis ou des anticorps monoclonaux seront bientbt disponibles. Le traitement est rendu complexe par la presence maintenant ubiquitaire de P. fa lc iparum r~sistant ~ la chloroquine ou aux autres anti- paludiques. Un vaccin ~ base de sporozo'~'tes en est au stade de I'evaluation, mais I'application sur grande ~chelle n'est pas encore envisag~e.

Mots-cl~s : Paludisme - Malaria -- Parasitoses import~es.

REPARTITION GEOGRAPHIQUE

La campagne mondiale d'~radication du paludisme a ~t~ un effort d'une vingtaine d'ann~es, situ~ entre 1955 et 1975. Le nombre de pays dans le monde o5 cette maladie est rest~e end~mique a certes diminu~, mais essentielle- ment dans les r~gions temp~r6es. Dans les pays des zones subtropicales et intertropicales, la transmission persiste encore actuellement. Elle a m~me, en beaucoup d'endroits, repris de I'importance.

Tous les pays de I'Afrique au Sud du Sahara, toute I'Asie tropicale et subtropicale, depuis I'Arabie Saoudite jusqu'~ la Papouasie-Nouvelle Guin~e, toute I'Am~rique Centrale et du Sud y compris les ges de lamer des Carai'bes, pr~sentent une transmission active de plusieurs esp~ces de Plasmodium. Seule I'Australie et les 13es de I'Oc~an Paci- fique sont ~pargn~es, de m~me que le pourtour du Bassin m6diterran~en, ~ part la Turquie et quelques petits foyers r~siduels estivaux en Afrique du Nord, du Maroc ~ I'Egypte,

De plus, dans certaines r~gions d~sertiques, ou particu- li~rement s~ches, les programmes de d~veloppement tels la construction d'un barrage et le lac de retensse qui en r~sul- te, ou I'irrigation permettant I'installation de I'agriculture (r~gion du G~zira, au sud de Khartoum, Soudan) ont cr~e des foyers de paludisme qui n'existaient pas auparavant en permettant aux anopheles vecteurs de paludisme de s e reproduire de mani~re tr~s efficace en leur fournissant les collections d'eau de surface indispensables ~ leur d~velop- pement larvaire. Inversement, mais conduisant au m¢~me risque, la construction de la route trans-saharienne oblige le Gouvernement AIg~rien ~ mettre sur pied un syst~me de surveillance pour ~viter que des voyageurs des pays du Golfe de Guin~e, p0rteurs de plasmodiums ne viennent contaminer les anoph~.les invariablement presents dans les oasis du sud.

* Communication pr~sent~e au Congr~s international organis~ par la Soci~t~ de Pathologie infectieuse de Langue Franqaise et I'lnstitut de M~decine tropicale d'Antwerpen (Belgique), leg 6 et 7 juin 1986, & Anvers, sous letitre (( Actualit~s en Pathologie exotique )~. ** Institutde M~decine tropicale, Nationalestraat 155, 2000 Ant- werpen, Belgique. '

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La distribution des quatre esp~ces humaines de P/as- modium est modul~e :P. falciparum est present partout, mais se transmet plus difficilement dans les r~gions subtro- picales oO la temperature n~cessaire & sa transmission tombe b certains moments ~ la limite inf~rieure ; P. vivax, auquel les sujets de race bantoue sont r~fractaires (7),: se rencontre rarement en Afrique au sud du Sahara, il est plus frequent dens les pays d'Afrique orientale et Madagascar, il est present partout ailleurs ; P. ovale est predominant en Afrique de I'Ouest et Centrale, oi3 il remplace P. vivax ; P. rnalariae est present partout, rnais les infections qu'il produit ne sont pas souvent reconnues parce que sa multi- plication est plus lente et dens les infections mixtes, il passe le plus souvent inaperc.u.

ALLURE CLINIQUE D'UNE PRIMO-INFECTION

Lorsque des r~sidents d'une zone indemne de palu- disme voyagent dans les pays end(~miques, ils courent le risque d'etre piques par un anoph~le infectS. D~s Iors, le cours de I'infection sera implacable, le parasite se multi- pliant sans entrave sur un terrain vierge. La p~riode d'incu* bation, entre la piq~re infectante de I'an0ph~le et le d~but des sympt6mes peut ~tre de 10 ~ 30 jours ou plus, suivant I'esp~ce de parasite en cause et la dose de parasites inocul~s. Une premiere phase, asymptomatique de multiplication, durant 6 & 15 jours, se d~roule dens les h~patocytes. Ensui- te les parasites envahissent le sang, p~n~trant dans les glo- bules rouges pour s'y multiplier suivant un rythme de 4 8 heures pour les fi~vres tierces (P. vivax, P. ovale et P. falci. parum), de 72 heures pour la fi~vre quarte (P. malariae). Tout au d~but de I'infection sanguine les parasites, tr~s dilu~s, nese manifestent pas, ils ne sont m~me pas aperc.us dens les examens de sang au microscope. Mais apr~s quel- ques cycles schizogoniques, leur nombre augmentant, ils atteindront chez un individu toujours asymptomatique le seuil de patence parasit~mique (frottis ou goutte ~paisse positive) puis enfin le seuil clinique (environ un pour mille ~rythrocytes parasites) avec les classiques pouss~es fdbriles p~riodiques.

I'an~mie et la spl~nom~galie constituent des syndromes accompagnant souvent les acc~s de paludisme. Ces compli- cations sont dues b la formation abondante de complexes immuns circulants qui se d~posent dans le rein, b la syn- th~se d'auto-anticorps anti-~rythrocytaires (certains com- posants du parasite ~tant de composition prot~ique tr~s voisine de celle des globules rouges) (6) et b la phagocy- tose exag~r~e au niveau de la rate et du foie d'~rythro- cytes parasites ou non recouverts d'antig~nes plasmodiques. La redoutable malaria c~r~brale dont I'agent responsable est le seul Plasmodium falciparum est g~n~ralement le r~sultat de ph~nom~nes immunitaires : I'alt~ration de la paroi des capillaires c~r~braux par des complexes immuns circulants, la s~cr~tion de toxines vasomotrices par cer- taines populations de lymphocytes T e t I'accumulation de globules rouges parasites dans les capillaires, tous ces m~ca- nismes sont la cause de ralentissements ou m~me d'arr~ts circulatoires Iocalis~s. Des hypoglyc~mies s~vOres par hyper- s~cr~tion d'insuline ont ~galement ~t~ signal~es (11 ).

L'ACCES MALARIEN CHEZ LES INDIVIDUS SEMI-IMMUNS

L'immunit~ acquise oppose une r6sistance b la multi- :pl icat ion parasitaire, surtout au niveau de la sChizogonie sanguine~ ILes anticorps sdriques et I'immunit~ ce!lulaire ( lymphocytes polyclonaux) se partager~t ce r61e protecteur qui ab0utit ~i un ~quilibre entre la r~sistance de I'h6'te et la virulence du parasite et par Consequent ~ I'~tat de porteur asymptomatique. Des. IgG antiplasmodiums, Synth~tisOs par des populations de lymphocytes B neutralisent ~ cha- que fin de schizogonie un pourcentage ~lev~ de m~rozoi'tes libres en les emp~chant de p~n~trer dans un nouvel ~rythro- cyte. D'autre part, les macrophages activ~s secrbtent le fac- teur de n~crose tumorale et produisent des radicaux oxy- dents agressifs, capables de tuer des plasmodiums pendant leur ddveloppement intra-~rythrocytaire. Ces deux m~ca- nismes sont mis en branle par la presentation b une popu- lation de lymphocytes T helpers d'antig~nes plasmodiaux d~termin~s (2),

Deux faits m~ritent d'etre soulign~s : d'abord chez un patient qui fait de la temperature, los parasites sont d~jb presents dans le sang depuis plusieurs jours, les examens de sang sont positifs et il est urgent d'instaurer un traite- ment car dans le cas d'une infection ~ P. falciparum, le d~but des sympt6mes peut ~tre tr~s proche de la survenue des complications graves ; ensuite, la p~riode d'incubation, dens le cas d'infections b P. vivax et P. ova/e, pourra ~tre prolong~e jusqu'b plusieurs mois, car certains parasites au cours de leur d~veloppement h~patique pr~-~rythrocytaires ~voluent tr~s lentement. Ces hypnozoi'tes mettent de 1 18 mois pour atteindre la maturit~ et envahir le sang (5), de plus ils ne r~pondent pas b un traitement schizonticide classique. Seule la primaquine peut les supprimer.

A part la fi~vre dont .ia p~riodicit~ au rythme des schizogonies ~rythrocytaires :successives est. fr~quemment observ~e sans ~tre une r~gle absolue; la~glom~rulo-n~phrite,

Ce sont les sujets qui vivent en permanence dens les r~gions d'endemie stable qui jouissent de cette protection, acquise au fil des contacts r~p~t~s avec les parasites et grdce b la stimulation antig~nique d~coulant de la presence permanente de parasites dens leur sang. Cette protection ddcroTt dans les quelques mois qui suivent une st6rilisation

de I'organisme de I'individu par I'administration d'un trai- tement radical.

Chez les sujets semi-immuns, les acc~s malariens pour- font malgr~ tout survenir, b I'occasion d'une baisse d'effi- cacit~ de I'immunit~ comme c'est le cas, physiologique- ment, au cours de la grossesse; Les acc~s, toujours provo- qu~s par une ~l~vation de la parasit~mie seront toutefois moins S~vbres que chez un individu neuf~ les complications moins i fr~quentes et. tes .doses. th~rapeutiques beaucoup

' moins ~tev~es.

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P A L U D I S M E T R A N S F U S l O N N E L

L'augmentation de la fr~quence des voyages de courte dur~e dans les pays end~miques pose aux centres de trans- fusion des pays non end~miques le probl~me du contr61e des donneurs de sang potentiellement porteurs de plasmo- dium. La p~riode d'incubation chez le receveur sera plus courte que Iors de I'infection par piqere d'anoph~le, puis- que le cycle h~patique est inexistant, les parasites du don- neur continuent tout simplement leur multiplication dans le sang du receveur. Cependant, la magnitude du probl~me ne doit pas ~tre exag~r~e : aux U.S.A., on a observ~ dans les ann~!es septante 0,25 cas par million de dons de sang (8). Les mesures pr~conis~es pour pr~venir ces accidents r~si- dent dans I'interrogatoire des donneurs et I'application de la r~.gle des trois ans. Les donneurs potentiellement dange- reux sont les sujets ayant voyag~ r~cemment ou les immi- grants de pays end~miques, qu'ils aient fait, ou non, des ~pisodes de paludisme clinique pendant leur s~jour exo- tique. Apr~s la fin du voyage, trois ann~es sans sympt6mes et sans traitement leur rend le statut de donneur non dan- gereux. Cette r~gle des trois ans ~carte en effet les porteurs de P. falciparum, P. vivax et P. ovale. Cependant, P. mala- riae peut presenter des p~riodes asymptomaticlues beaucoup plus Iongues, et il est rare qu'un sujet reste trois ann6es sans presenter un quelconque ~pisode f~brile pour lequel I'absorption d'antipyr~tiques ou de sulfamid~s ayant en m~me temps une action plasmodicide aura ~t~ prescrite. C'est pourquoi le contr61e s~rologique est pr~conis~ : il permet de d~tecter un P. malariae latent et de reprendre un donneur avant les trois ans fatidiques s'il ne pr~sente pas d'anticorps.

MI~THODES DE DIAGNOSTIC

La survenue d'un acc~s de fi~vre ~tant li~e ~ une para- sit~mie importante, le diagnostic ~tiologique classique est ~videmment I'examen microscopique, apr~s coloration, d'un ~tatement mince ou ~pais de sang. Les caract~res mor- phologiques permettent de reconnaitre chacune des qua- tre esp~ces de Plasmodium pouvant infecter l'homme et d'adapter le traitement en consequence.

Cependant, chez des sujets ayant d~j~ commenc~ un traitement, ou sous prophylaxie, les parasites endommag~s seront plus difficilement reconnaissables et leur densit~ pourra ~tre ~ la limite de la d~tection microscopique. La s~rologie peut alors rendre des services, car tout sujet por- teur d'anticorps antiplasmodiums peut ~tre consid~r~ com- me ayant eu un contact r~cent avec le parasite. L'immunoo fluorescence est encore, dans le domaine du paludisme, la m~thode la plus utilis~e, car elle permet de voir au micros- cope la Iocalisation sur le parasite de la fixation des anti- corps sP~cifiques. ILes m~thodes faisant appel 8 des anti- g~nes solubles (precipitations, techniques immuno~nZym a- tique) deviendront utiles Iorsqu'un antigone: ou un m~lange d'antig~nes de diagnostic aura ~t~ purif~ ~t d~fini. '

Actuellement les mixtures antig~niques propos~es, m~me ~ partir d'une culture in vitro synchronis~e - ce qui n'est possible qu'avec P. falciparum - sont mal d~finies et des constituants asp~cifiques d'origine ~rythrocytaire peu- vent indGment s'y trouver. Les tr~s actives recherchas actuelles ayant pour but de fournir un antigone vaccinant aboutiront n~cessairement, dans un avenir rapproch~ & la d~finition d'une prot~ine plasmodiale utile pour le diag- nostic, tout comme la fabrication d'anticorps monoclonaux dirig~s contre tel antigone m~tabolique du parasite permet- tra la d~tection tr~s sp~cifique et tr~s sensible dans le plas-

. ma d'un patient d'un antigone plasmodial soluble circulant.

En attendant, I'immunofluorescence rend des services : - Iorsqu'il s'agit d'exclure le contact r~cent d'un don-

neur de sang avec un Plasrnodium dans les centres de trans- fusion sanguine dans les pays non end~miques ;

- - pour ~tablir le diagnostic ~tiologique r~trospectif chez un sujet ayant fait des acc~.s de fi~.vre sans qu'un diag- nostic parasitologique n'ait ~t~ pos~ au microscope (10).

II faut cependant souligner que, Iors d'une primo- infection, le diagnostic microscopique precede habituelleo ment la d~tection d'anticorps s~riques. Ceux-ci apparat- tront pendant ou apr~s la fin du traitement Iorsque le con- tact avec les antig~nes parasitaires aura ~t~ prolong~ et intensifi~ par la lyse parasitaire. Ce d~lai n'est pas observ~ Iors d'une r~infection.

Les anticorps sont sp~cifiques d'une esp~ce plasmo- diale, le titre obtenu avec I'antig~.ne homologue ~tant nettement plus ~lev~ qu'avec les antig~nes h~t~rologues. II faudrait par consequent, pour exclure la presence de Plasmodium chez un sujet, presenter les quatre esp~ces vis-,~-vis du s~rum de ce sujet pour s'assurer une sensibilit~ maximale de r~action avec chacun des antig~.nes ~ exclure. Cela n'est guOre possible dans la pratique car seule la four- niture de P. falciparum de culture peut ~tre garantie et I'accOs aux autres antig~nes d~pend de la presence d'un pa- tient infect~ chez qui on pr~lOvera quelques millilitres de sang parasit~ pour pr6parer I'antig~ne. Les plasmodiums de primates ont Iongtemps remplac~ les parasites humains en immunofluorescence mais les r~actions h~t~rologues ainsi obtenues sont actuellement d~laiss~es pour los r~actions homologues (4). On a m~me observ~ r~cemment que dans I'esp~ce P. vivax, la composition antig~nique variait d'une r~gion g~ographique 8 I'autre, les souches africaines et in- diennes r~agissant nettement plus ~ intens~ment avec les s6rums g~ographiquement homologues que si I'on croise les r~actifs (antigOne originaire de I'lnde avec s~rum provenant d'Afrique) (1).

T R A I T E M E N T

Dans presque toutes :les r~gions end~miques~ on observe actuellement le d~veloppement de souches de .P~ falciparum r~sistantes:aux agents tl3~rapeutiques habituels : . la ohloro- quine dev ient inefficace, comme les autres 4-aminoquino-

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16ines et la quinine voir son activitd diminuer ; les antifoli- niques (pyrimdthamine et proguanil) ont depuis Iongtemps perdu la confiance du corps mddical dans de nombreux pays end~miques alors que les nouveaux compos~s sont tr~s rares.

L'Afrique a ~td jusqu'en 1980 environ, 6pargnde par les souches rdsistantes ~ la chloroquine, mais aujourd'hui, six ans plus tard, tousles pays de ce continent ont signal~ la prdsence de ces souches probldmatiques, ave.c une fr6- quence nettement moindre en Afrique de I'Ouest qu'au centre et surtout ~ I'Est.

La riposte actuelle se r~sume b proposer des associa- tions (9). Certaines sont commercialisdes, comme la pyri- mdthamine avec la chloroquine (Darachlor), la pyrimdtha- mine avec les sulfamid~s (Fansidar), la pyrim~thamine avec les sulfones (Maloprim), le Fansidar avec la m6floquine (Fansimef). D'autres sont employdes par administration successive de deux produits : quinine suivie de tdtracyclines ou Fansidar suivi de quinine.

VACCINATION ANTIPALUDIQUE

La recherche des antig~nes induisant une protection est en plein essor (2). Jusqu'b pr6sent on s'est occup6 de I'antig~ne de surface du sporozo'(te de P, falciparum, la <( circum sporozo)'te protein )>. Elle a ~t6 isol~e et analys6e, on connait la partie du g~nome du parasite responsable de sa synth~se (3) et on I'a transplant~ sur un plasmide et de I~ dans le g~nome d'un colibacille.

La synth~se de cet antigone vaccinal est donc possible par les techniques du g~nie g~n6tique. La prot~ine ainsi pro- duite est t~ I'essai sur des volontaires humains aux Etats. Unis. L'effet de ce vaccin devrait etre une production chez I'individu vaccin~ d'anticorps qui neutraliseront les sporo- zo'ftes au moment de leur injection dans les tissus et dans la circulation sanguine par I'anoph~,le. On ignore encore quelle sera la dur~e de la protection obtenue et le spectre g~ogra- phique de son efficacit~. L'obtention d'antig~nes d'autres stades du cyle de Plasmodium falciparum (m6rozo'ftes, gam~tocytes) est ~ I'~tude.

SUMMARY Malaria, an updating.

During a visit to any tropical or subtropical country around the worM, travellers may be bitten by an infective anopheline mosquito. After a variable incubation period

possibly prolonged up to several months in case of infection with P. vivax or P. oVale, they will present periodical fever episodes sometimes accompanied by splenomegaly, glomerulo-nephritis or anaemia. Malaria caused by P. falciparum is often severe, with cerebral symptoms due to acute tissue anoxia. A prolonged previous contact with the parasite induces aprotection which results in milder episodes or even in long lasting asymptomatic periods with parasites in the peripheral blood. These may cause trans- fusion malaria. In supplemen t to the microscopical blood examination, immunofluorescence using whole parasites as antigens may be useful for the diagnosis in expectation of techniques using defined antigens or monoclonal antibodies. Treatment has become a complex procedure since resistant P. falciparum rendered several drugs less active. A sporozoite vaccine is being evaluated, but the application on a large scale is not yet planned.

Key words :

Malaria - Imported parasite infections.

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