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1/4 Dans sa collection “Découvertes et invitation aux voyages, Le petit botaniste vous invite : A A A l l l a a a d d d é é é c c c o o o u u u v v v e e e r r r t t t e e e d d d e e e s s s t t t r r r a a a d d d i i i t t t i i i o o o n n n s s s d d d e e e N N N o o o ë ë ë l l l Chers amis fidèles du Petit Botaniste, ne fois n’est pas coutume, nous allons juste un instant faire une pause dans nos pérégrinations aventuro-botaniques qui nous ont conduit jusque là sur la Route des Epices, pour nous consacrer, tradition oblige, à Noël et ses symboles. Voici l’hiver et avec lui son blanc manteau, sa nuit profonde et son soleil qui chaque jour s’éloigne un peu plus de nous. Tout semblerait nous contraindre à l’hibernation forcée...Et pourtant, il suffit en ce début décembre de prononcer tout bas le mot magique de Noël pour qu’en un instant, toute la grisaille de nos journées disparaisse et donne naissance à un monde de lumières… ans cette ambiance féerique, petits et grands se préparent à accueillir cette période d’exception, à commencer par les alsaciens, les lorrains et les franc-comtois qui, dès le 6 décembre, vont célébrer Saint Nicolas (appelé encore Santa Klauss en Allemagne et en Belgique). L’histoire raconte que ce Saint, bienfaiteur et dispensateur de cadeaux et de douceurs exquises, était accompagné du non moins célèbre Père Fouettard, cet étrange et mythique personnage tant craint par les enfants polissons et paresseux. Sa spécialité ? Le pain d’épices, anciennement le pain au miel, à la saveur prononcée d’anis, de gingembre, mais aussi de girofle, de muscade ou de coriandre. Nous y revoilà ! “Incorrigible ce Petit Botaniste” allez-vous me dire, “il ne peut se passer de tout ramener aux épices...”. ans la nuit du 12 au 13 décembre, c’est au tour des norvégiens et des suédois de célébrer la mémoire de Sainte Lucie, dont le nom en latin signifie “lumière”. De nombreux textes racontent que cette Sainte, originaire de Syracuse, s’était illustrée au tout début de l’ère chrétienne, en apportant mets et boissons aux croyants en exil. Si vous vous trouvez un jour à Stockholm à cette période, ne soyez donc pas étonnés de voir défiler dans les rues des jeunes filles blondes coiffées de bougies, et surtout, ne manquez pas de déguster ces merveilleuses brioches au safran ou ces drôles de petits gâteaux au gingembre, en forme d’étoile ou de pantin. “Décidément, il insiste !” ajouterez-vous..., “tou- jours et encore des épices !”. Mais que voulez vous, les épices ont bercé notre civilisation et se retrouvent partout dans notre histoire. outes ces festivités, et croyez moi il y en a bien d’autres, nous rapprochent de Noël, ce moment magique empli de rêves et d’émotions. Toutefois, la fête ne serait pas complète si nous n’évoquions pas ce petit bonhomme jovial, dodu et souriant, à la jolie barbe blanche, le Père Noël. Vraisemblablement sorti tout droit de la légende de Saint Nicolas, le Père Noël était représenté, dès la fin du 19 ème siècle, vêtu tout de blanc, aux rênes de son fameux traîneau. Aujour- d’hui, on raconte aux enfants qu’il vient du Grand Nord habillé de son long manteau rouge et blanc. A qui ou à quoi devons-nous ce changement vestimentaire ? Si je vous répondais “aux américains”, me croiriez-vous ? Et bien figurez-vous que dans les années 1930, une société vendant un soda bien connu et désireuse d’aug-menter son volume de vente en hiver, décida d’ha-biller le Père Noël aux couleurs de sa marque, c’est à dire en rouge et blanc...Vous l’avez tous deviné, il s’agissait de Coca Cola ! Ahurissant, non ? U D D T Groupe Solabia Clin d’œil ethnobotanique Déc. 00 – N° 27 L L e e p p e e t t i i t t b b o o t t a a n n i i s s t t e e

Le petit botanistesolabia.com/solabia/content/nt000051d2.pdf · Chers amis fidèles du Petit Botaniste, ne fois n’est pas coutume, nous allons juste un instant faire une pause dans

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Dans sa collection “Découvertes et invitation aux voyages”, Le petit botaniste vous invite :

“““AAA lllaaa dddééécccooouuuvvveeerrrttteee dddeeesss tttrrraaadddiiitttiiiooonnnsss dddeee NNNoooëëëlll………”””

Chers amis fidèles du Petit Botaniste,

ne fois n’est pas coutume, nous allons juste un instant faire une pause dans nos pérégrinations aventuro-botaniques qui

nous ont conduit jusque là sur la Route des Epices, pour nous consacrer, tradition oblige, à Noël et ses symboles. Voici l’hiver et avec lui son blanc manteau, sa nuit profonde et son soleil qui chaque jour s’éloigne un peu plus de nous. Tout semblerait nous contraindre à l’hibernation forcée...Et pourtant, il suffit en ce début décembre de prononcer tout bas le mot magique de Noël pour qu’en un instant, toute la grisaille de nos journées disparaisse et donne naissance à un monde de lumières…

ans cette ambiance féerique, petits et grands

se préparent à accueillir cette période d’exception, à commencer par les alsaciens, les lorrains et les franc-comtois qui, dès le 6 décembre, vont célébrer Saint Nicolas (appelé encore Santa Klauss en Allemagne et en Belgique). L’histoire raconte que ce Saint, bienfaiteur et

dispensateur de cadeaux et de douceurs exquises, était accompagné du non moins célèbre Père Fouettard, cet étrange et mythique personnage tant craint par les enfants polissons et paresseux. Sa spécialité ? Le pain d’épices, anciennement le pain au miel, à la saveur prononcée d’anis, de gingembre, mais aussi de girofle, de muscade ou de coriandre. Nous y revoilà ! “Incorrigible ce Petit Botaniste” allez-vous me dire, “il ne peut se passer de tout ramener aux épices...”.

ans la nuit du 12 au 13 décembre, c’est au tour des norvégiens et des suédois de

célébrer la mémoire de Sainte Lucie, dont le nom en latin signifie “lumière”. De nombreux textes racontent que cette Sainte, originaire de Syracuse, s’était illustrée au tout début de l’ère chrétienne, en apportant mets et boissons aux croyants en exil. Si vous vous trouvez un jour à Stockholm à cette période, ne soyez donc pas étonnés de voir défiler dans les rues des jeunes filles blondes coiffées de bougies, et surtout, ne manquez pas de déguster ces merveilleuses brioches au safran ou ces drôles de petits gâteaux au gingembre, en forme d’étoile ou de pantin. “Décidément, il insiste !” ajouterez-vous..., “tou-jours et encore des épices !”. Mais que voulez vous, les épices ont bercé notre civilisation et se retrouvent partout dans notre histoire.

outes ces festivités, et croyez moi il y en a bien d’autres, nous rapprochent de Noël, ce

moment magique empli de rêves et d’émotions. Toutefois, la fête ne serait pas complète si nous n’évoquions pas ce petit bonhomme jovial, dodu et souriant, à la jolie barbe blanche, le Père Noël. Vraisemblablement sorti tout droit de la légende de Saint Nicolas, le Père Noël était représenté, dès la fin du 19ème siècle, vêtu tout de blanc, aux rênes de son fameux traîneau. Aujour-d’hui, on raconte aux enfants qu’il vient du Grand Nord habillé de son long manteau rouge et blanc. A qui ou à quoi devons-nous ce changement vestimentaire ? Si je vous répondais “aux américains”, me croiriez-vous ? Et bien figurez-vous que dans les années 1930, une société vendant un soda bien connu et désireuse d’aug-menter son volume de vente en hiver, décida d’ha-biller le Père Noël aux couleurs de sa marque, c’est à dire en rouge et blanc...Vous l’avez tous deviné, il s’agissait de Coca Cola ! Ahurissant, non ?

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“Vent frais, vent du matin,

vent qui souffle au sommet des grands pins…”

elle est la transition que j’ai choisie pour vous signaler que Dame Nature n’a aucunement l’intention de nous laisser

festoyer de notre côté. Elle aussi, veut participer à la Fête ! Jugez plutôt...

ommençons par le sapin, cet arbre majestueux à la robe toujours verte au cœur

de la saison morte... Voici plusieurs mois que nos chères forêts se préparent au grand événement du mois de décembre et réservent le meilleur accueil à ce roi de Noël. Symbole de la pérennité de la vie sur la mort, le sapin fut introduit coupé en branches, dès le 12ème siècle, dans de nombreuses maisons

alsaciennes, trois jours avant Noël. Considéré au 16ème siècle

comme l’arbre de la connais-sance du bien et du mal, il

fallut attendre le 18ème siècle avant qu’il ne devienne le sapin de Noël que nous connaissons. Cet « evergreen » sur le-

quel les alsaciens suspen-daient de belles pommes rouges pour rappeler

l’«arbre du paradis » vit dès 1850 ses branches s’orner de boules rouges en verre, les pommes venant à manquer à cette époque. Cette tradition perdura...

l existe un grand nombre de sapins mais le plus commun et le plus répandu est le pin

sylvestre, le pin de la forêt, de son nom latin Pinus sylvestris. Originaire des montagnes d’Europe centrale et d’Asie, ce conifère pousse de nos jours dans tout l’hémisphère nord. Pouvant atteindre jusqu’à 45 mètres de haut, le pin sylvestre présente une écorce brun-rouge offrant un beau contraste avec son feuillage bleu-vert. Les fleurs mâles sont de couleur jaune pâle tandis que les fleurs femelles sont rose pâle, avant de devenir violet-rose à la fin de leur floraison. Les cônes, plus communément appelés “pommes de pin”, sont également de la fête en cette fin d’année puisque par leur forme originale et leur couleur marron ils égaient tables et couronnes.

ais le sapin et la nombreuse famille des coniféracées ne se contentent pas de ravir

nos yeux dans un éblouissement éphémère, ils sont également bénéfiques pour notre santé. Et les abeilles le savent bien, elles qui butinent d’avril à juin les châtons mâles et les fleurs femelles rouge carmin ! Le miel obtenu, de couleur foncée, et de saveur douce et maltée caractéristique, rentre depuis des siècles dans les recettes médicamen-teuses de nos grands-mères pour ses nombreuses propriétés : antianémique, antiseptique, anti-inflammatoire des voies respiratoires, et diurétique. Du sapin est également tirée la térébenthine, substance localisée dans les canaux sécréteurs du jeune bois et recueillie après incision de l’écorce. Chaque espèce de Pinus donne une térébenthine différente. Le Pin sylvestre en l’occurrence fournit la térébenthine d’Allemagne dont l’essence est riche en pinène. La térébenthine entre dans la fabrication de différents emplâtres, crèmes et onguents destinés à combattre les affections rhumatismales et les névralgies.

es bourgeons de pin, sont utilisés pour la préparation de confiseries, de pâtes et de

pastilles. Mais ils ont aussi un grand intérêt cosmétique puisqu’ils présentent des propriétés antiseptiques et balsamiques. Les aiguilles de pin ne sont pas en reste, renfermant une huile essentielle douée de pro-priétés antiseptiques, purifiantes et apaisantes. Que diriez-vous d’ailleurs d’un bon bain de branches et d’aiguilles de pin ? Utilisée dans les bains, l’infusion de pointes de branches et d’aiguilles de pin stimule la circulation sanguine et la diurèse, favorisant ainsi l’état général et ayant un effet relaxant.

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ontemplons maintenant les autres invités majeurs de Dame Nature, ces “boules de Noël du jardin” : les baies.

Complicité de la nature ? Peut-être, car ces arbustes à feuilles persistantes arrivent à point nommé avec leur parure hivernale en cette période de disette florale : feuillage d’un vert éclatant, baies multicolores, tout contribue à faire de ces plantes les reines de Noël. En couronne ou au pied du sapin, sur la table ou suspendues au plafond, ces baies et leur feuillage participent à chaque instant au décor féerique de Noël.

tout seigneur tout honneur, commençons par le houx. Joyeusement paré de ses fruits

rouges vifs et de son feuillage scintillant, le houx porte haut les couleurs traditionnelles de Noël : le rouge et le vert. En raison de la verdure persistante de son feuillage, le houx était bénit et symbolisait l’immor-

talité. En même temps, son caractère épineux lui valut parfois d’être

interprété comme une re-présentation du diable. Son image festive remon-

te aux temps des romains, qui avaient

coutume d’échanger des branches de houx durant

les fêtes des saturnales, au mois de décembre ; cette tradition fut reprise par les premiers chrétiens et a perduré jusqu’à nos jours. Si aujourd’hui le houx est surtout utilisé en décoration, offert à un ami il reste un symbole d’amitié, et il apportera joie et bonheur dans la maison pour l’année qui va commencer. Son histoire, ses vertus, ses prouesses, sa longévité et sa force tranquille font de lui un arbuste d’exception. Même le nom latin du houx, Ilex aquifolium, a son histoire. Le nom de genre Ilex faisait autrefois réfé-rence au nom d’une espèce de chêne de la région méditerranéenne, possédant des feuilles aux bords épineux, le Quercus ilex. Linnée, gêné par le risque de confusion, attribua au houx le nom latin d’Ilex aquifolium, Ilex signifiant “pointe” en celtique. Mais que se cache-t-il derrière toutes ces légendes et histoires ?

e houx est un petit arbre (maximum

10 mètres de haut), origi-naire d’Europe, d’Asie et d’Afrique du Nord, appar-tenant à la famille des Aquifoliacées. Il croît principalement dans les haies et les sous-bois, et marque une nette préfé-rence pour les forêts de feuillus. Sa pousse est lente mais il peut vivre des siècles, ce qui a grandement contribué à forger les légendes qui l’entourent. Ses feuilles sont caractéristiques, de couleur vert foncé, brillantes et cireuses. Ses fleurs sont blanches mais c’est pour ses fruits, des baies rouge corail, qu’il est apprécié en décoration.

e houx était jadis cultivé pour fabriquer des manches d’outil et pour des ouvrages

précieux en marqueterie et en lutherie. Son bois souple et fin était en effet apprécié pour son grain fin, agréable au toucher. Ses vertus médicinales étaient également recon-nues : le vin de houx, vin blanc additionné d’une macération alcoolique de feuilles de houx, ainsi que diverses décoctions de feuilles ou d’écorce étaient recommandés dans le traitement des fièvres et des rhumatismes. En application topique, les feuilles de houx présentent des propriétés toniques et reminérali-santes. Les fruits en revanche ne sont utilisés que pour leur qualité ornementale car leur forte proportion en saponosides triterpéniques les rend toxiques.

t connaissez-vous le petit houx, également nommé “fragron” ? Cette plante vivace fut

ainsi surnommée du fait de sa forte ressemblance avec Ilex aquifolium. Si il est vrai que les feuilles épineuses vertes et les baies rouges de Ruscus aculeatus rappellent le houx, les actions de ces deux plantes n’ont rien de commun. En effet, le petit houx présente des propriétés vaso-constrictrices du système veineux, désinfil-trantes et diurétiques.

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l est minuit , le champagne pétille dans les verres qui s’entrechoquent pour annoncer

l’arrivée de la nouvelle année. Santé, joie, bonheur, réussite forment nos vœux. L’imposant bouquet entouré d’un beau ruban rouge, suspendu au-dessus de nos têtes est celui du gui porte-bonheur. Cette tradition, venue d’Angleterre, d’échanger ses vœux sous le gui, remonte à la mythologie celtique. Les druides en effet étaient les seuls autorisés à cueillir cette plante, considérée comme sacrée du fait de son feuillage persistant et de ses propriétés miraculeuses, dont celles de guérir certaines maladies et de protéger des méfaits de la sorcellerie. Ils offraient cette plante au peuple celte le premier jour du mois lunaire. De plus, lorsque les ennemis se rencontraient sous le gui dans la forêt, ils devaient déposer leurs armes et observer une trêve jusqu’au lendemain.

C’est de là que proviendrait la coutume, que chacun j’en suis sûr ne manquera pas de respecter le 31 décembre à minuit, d’échanger un baiser sous une boule de gui suspendue au plafond, en signe d’amitié et de bienveillance. Et pour ceux qui souhaitent respecter cette tradition à la lettre, sachez messieurs que vous devez retirer une baie du bouquet à chaque passage sous le gui. Quand il ne reste plus aucune baie, les embrassades sont terminées ! Mais attention, la nature est parfois trompeuse ! Derrière ces perles de beauté que constituent les belles baies rondes et blanches du gui, se cachent des fruits toxiques à ne surtout pas avaler !

onnaissez-vous enfin les “fraises de Noël” ? Et bien figurez-vous que sont ainsi dénom-

mées les baies de l’arbousier. Car, comme toutes les baies précédemment décrites, les fruits mûrissent à l’approche de Noël et ressemblent, de façon assez lointaine il faut bien l’avouer, aux bonnes fraises communément consom-mées en été. Une façon comme une autre d’appor-

ter un peu de soleil sur nos tables de fête…

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« Sous le gui, l’an neuf attend nos vœux !»

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4/4 Toute l’équipe du Petit Botaniste vous souhaite d’excellentes fêtes de fin d’année ! Que ce plant de sapin puisse vous apporter, ainsi qu’à vos proches, Santé, Joie et Félicité.