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Labora~oire de Neurophysiologie appliqu~e, Gen~ve. Le r61e du thalamus dans l'organisation de la douleur par Marcel Monnier, Gengve. Avec 3 Figures. La douleur ne r~sulte pas simplement des excitations nfies dans les fibres r6ceptives nociceptives et de leur propagation vers le centre cortical de la sensibilitfi douloureuse. Elle r6sul[e d'une organisation physiologique complexe. I1 existe en effet une organisation de l'exp~- rience douloureuse, comme il existe une organisation des r6actions motrices h la douleur. Le thalamus joue, dans cette organisation, un r61e primordial, que nous avons eu l'occasion d'6tudier au cours de certaines interventions neuroehirurgicales chez l'homme. On sait que, dans certains cas de douleurs de la face ou des mem- bres, rebelles h tout traitement neurochirurgical (n6vralgies de la Ve paire apr~s zona, causalgies des extr~mit~s), le soulagement n'est r6alisfi que par l'interruption des voles de la sensibilit~ douloureuse au niveau de leur relais thalamique (noyau ventro-post6rieur). Pour atteindre ee relais et le d~truire, il faut une technique neuro-physio- logique permettant de rep~rer la structure, d'y introduire une ~lec- trode, d'en dhriver les variations de potentiel 61eetrique, de la stimu- let et de la eoaguler. Ces coagulations th~rapeutiques ont fit~ l'un des objeetifs de notre Laboratoire de Neurophysiologie appliqufie au eours de ees 4 derni~res anuses. Elles nous out apport5 des satisfac- tions th~rapeutiques et enrichi nos connaissanees sur le r51e du tha- lamus darts l'organisation de la douleur. Elles ont ~t~ le fruit d'un travail en 5quipe, po,ur lequel il eonvient de rendre h ommage h nos eollaborateurs suceessifs: les Drs. David, Talairach et Hdcaen h Paris 1, le Dr. Fischer ~t Gen~ve 3, 4, 5, le Dr. Weber, Chef de Cli- nique du Pr. Krayenbiihl h Ziirich. Technique. Nous ne nous attarderons pas ici sur les questions d'ordre tech- nique; elles ont fair l'objet d'une publieation d~taill~e r~cente ~. Rap- pelons simplement que pour atleindre le relais thalamique des voles

Le rôle du thalamus dans l'organisation de la douleur

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Page 1: Le rôle du thalamus dans l'organisation de la douleur

Labora~oire de Neurophysiologie appliqu~e, Gen~ve.

Le r61e du thalamus dans l'organisation de la douleur par

Marcel Monnier, Gengve.

Avec 3 Figures.

La douleur ne r~sulte pas s implement des excitations nfies dans les fibres r6ceptives nociceptives et de leur propagat ion vers le centre cortical de la sensibilitfi douloureuse. Elle r6sul[e d 'une organisat ion physiologique complexe. I1 existe en effet une organisation de l'exp~- rience douloureuse, comme il existe une organisat ion des r6actions motrices h la douleur. Le thalamus joue, dans cette organisation, un r61e primordial , que nous avons eu l 'occasion d'6tudier au cours de certaines intervent ions neuroehirurgicales chez l 'homme.

On sait que, dans certains cas de douleurs de la face ou des mem- bres, rebelles h tout t ra i tement neurochirurgical (n6vralgies de la Ve paire apr~s zona, causalgies des extr~mit~s), le soulagement n'est r6alisfi que par l ' in terrupt ion des voles de la sensibilit~ douloureuse au niveau de leur relais tha lamique (noyau ventro-post6rieur) . Pour at teindre ee relais et le d~truire, il faut une technique neuro-physio- logique permet tant de rep~rer la structure, d 'y introduire une ~lec- trode, d 'en dhriver les variations de potentiel 61eetrique, de la stimu- let et de la eoaguler. Ces coagulations th~rapeutiques ont fit~ l 'un des objeetifs de notre Labora to i re de Neurophysiologie appliqufie au eours de ees 4 derni~res anuses. Elles nous out apport5 des satisfac- tions th~rapeutiques et enrichi nos connaissanees sur le r51e du tha- lamus darts l 'organisat ion de la douleur. Elles ont ~t~ le f rui t d 'un travail en 5quipe, po,ur lequel il eonvient de rendre h ommage h nos eol laborateurs suceessifs: les Drs. David, Talairach et Hdcaen h Paris 1, le Dr. Fischer ~t Gen~ve 3, 4, 5, le Dr. Weber, Chef de Cli- nique du Pr. Krayenbiihl h Ziirich.

Technique. Nous ne nous a t tarderons pas ici sur les questions d 'o rd re tech-

nique; elles ont fair l 'objet d 'une publieat ion d~taill~e r~cente ~. Rap- pelons s implement que pour atleindre le relais thalamique des voles

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M. Monnier: Le r61e du thalamus dans l'org~nisution de lu douleur. 85

de ta sensibilit5 do~ulo,ureusc et le co,aguler, nous avons conslruit un apparei l stSr~otaxique inspire, darts ses grands principes, de celui de Horsley-Clarke. Cet apparei l se compose d 'un syst~me de content ion du cr~ne, solidement fix~ ~ une table d 'op~ration mobile et trans- portable d 'un service ~ l 'autre, de la salle de radiologie ~ la salle d'op~raSon, par exemple. Sur le syst~me de contention, qui d~ter- mine le plan de base du cr~ne passant entre le condui t audit if ex- terne et l 'orbite, vient s '~chafauder l 'ins:trument st~rSotaxique destin~

rep~rer le relais tha lamique au moyen d 'une ~lectrode enfonc~e de haut en bas. Ce rep~rage est contr61~ ~ l 'aide d 'un modSle anato- mique que l 'on radiographie et que l 'on compare au ventriculo- gramme d~u malade, effectu~ dans des conditions ~denfiques. Un dernier contrSle - - le plus efficace sans doule - - est effectu~ au cours de l 'op~ration elle-m~me p a r st imulation 61ectrique des structures sous-corticales avant la coagulat ion ~, 6, 7

R~sultats.

1. ConsidSrons d ' abord les r~sultats de la stimulation dlectrique du thalamus; elles Stair indispensable pour contr61er la localisation des s tructures que l 'on se proposai t de coaguler.

La st imulation ~lecIrique de la r~gion ven/ro-postSrieure du tha- lamus r~v~le tout d ' abord l 'existence d 'une somatotopie sensitivo- motr ice bien d~finie (Fig. 1):

a) Sur un plan transversal antgrieur, le membre inf6rieur est re- prSsent5 dans la r~gion dorso-lat~rale, le membre sup6rieur darts une r~gion plus ventrale, cor respondant au noyau ventro-post~ro- lateral (vpl) et la face darts le noyau ventro-postSro-m~dian (vpm). La st imulation de ces structures produit des mouvements de carac- t~re extra-pyramidal: longue latence, d~roulemeut lent, tonique, mouvements antagonistes de flexion-ex[ension, adduct ion-abduet ion, pronat ion-supinat ion, mouvements automatiques de m~chonnement , de lappement .

b) Sur un plan transveral plus post~rieur, passant par la com- missure post6rieure, l'61eetrode p~n~tre dans le relais des voles aff6- rentes de la sensibilit5 g6n6rale et douloureuse (Traetus spino-thala- mique, Lemniscus Nervi V, Lemniseus medialis), /~ l 'endroit off elles aboutissent dans les noyaux ventro-post~rieurs. La ,stimulation pro- voque alors des rdaetions de d~fense g~ndralisdes ~ la douleur.

En g6n~ral, pour ce qui concerne les sensations, la st imulation des structures nucl6aires n'6veille que des sensations vagues, protopa- thiques, quoique locatis~es ~t un segment d~fini du corps, mais sans douleur franche. Au contraire, la st imulation des structures fascicu- laires, des voies aff~rentes, telles que le Lemniseus medialis, Lem-

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86 M. 5Ionnier:

niscus Nervi Ve t Tractus spino-thalamicus provoquent une douleur rive, massive, avec gEmissements, cris, reaction de d~fense gEnE- ralisEe.

2. L'exploration de l'activit~ biodlectrique revile que la stimula- tion ou rirritation des structures ventro-postEro-mEdianes modifie l'activit6 61ectrique des structures dienc@haliques: rythmes th6ta 6 cycles/sec, et delta 3 cycles/sec. Ces modifications se retrouvent,

Fig. 1. Repr6sentation somatotopique des diverses parties du corps dans la r6giort ventro-post6ri- eure du thalamus. R6sultats de la stimulation du thalamus chez l 'homme.

plus discr~tes, ou niveau de l'6corce c6r6brale, plus prononc6es du m6me c5t6 et dans les r6gions post6rieures m6dianes (Fig. 2). Si la stimulation est particuli~rement forte (irritation), on recueille m6me des complexes pointe-onde o u des on,des par:oxystiques bilat6rales synchrones, spEcifiques de l'6pilepsie diencEphalique, mats toujours prEdominantes du cbtE de l'irritation.

3. La coagulation des noyaux ventro-postErieures provoque un sgndrome sensitif d~ficitaire contralatdral, en rapport avec le seg- ment somatotopique EliminE: deficit de la sensibilitE superficielle 6picritique et surtout analgEsie, thermanesthEsie et abolition de la sensibilitE profonde avec ataxie, adynamie, atonie. Disparition des nEvralgies (Fig. 3).

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Le rgle du thalamus d~ns l'organisation de la douleur. ~7

Au cours des jours, des semaines et des mois qui sui- vent la eoagul.afion, une r6- e'up6r~tion parfielle .des sen- sibili,t~s se p r o d u i l , pr6do- minante dans les parties du eo.rps eo.rrespon.dant aux champs du th.al,amus les mains .d6truits. La sensi.bi- lit6 6pieritiq.ue reparait plus rapidement et plus eompl~- temenl que la sensibilit6 pro- fonde. A ee moment, on eonstate qu'une stimu,lat.ion profond,e, intense d'un,e par- tie du eorps (pinee~nent, com- press,ion) provoque, mfime s~ eette pa,r,tie es,t anesth~s~que, une r~action douloureuse h dis~an,ee (tans l,es autres par- ties du corps moins anesth& siques: hyperpathie h dis- tance. Les nfvralgies ne re- para!s:s:ent plus jamais a,vee la m~me aeuit6; par aitteurs, ]e siujet m.anifeste s.ouvent

leur ~gard, une eertaine indiff6renee, co,rome apr~s uue leueotomie.

Conclus ions .

L a sfimu,lation d, lec,trique du dienc6plmle au cours des opera, ions h m o n t r ~ qu'i , l ex'iste ehez l'homme, une re- presentation mortice e,t sen- sitive des d,ivers segments du corps dans le thalamus ven - t r o - p o s t ~ r i e u r ~ som.a to to - pie. Pour ee qui con,ee'rne les sensations, la stimulation des noya:ux latfira], ventro- postfirieur l:a,t~ra.l et ver~tro-

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Le rS[e du thalamus d~ns l'org~nis~fion de lu douleur. 89

post~rieur m~dian (structures nuclSaires) provoque des sensations protopathiques vagues dans un segment d~termin5 du corps, sans douleur franche. I1 s'agit de sensations de gSne, de striction, avec mouvements d'impatience des doigts, de la main ou du pied, et ratio- nalisation secondaire: ((Je suis trop serr~ dans~te garrot!~) ((Quand vient le masseur!)) La stimulation 41ectrique des faisceaux aff~rents (structures fasciculaires) provoque par contre des douleurs aigues, semblables h celles des n~vralgies, avec r~actions g~n~ralis~es de d~- lense. Ce type de r6ponse s'obtient surtout quand on sfimule le Tractus spino-thalamique, qui parait ~tre localis6 plus en arri~re que le Lemnfiscus m~dian.

La d~rivation des aetivit~s ~lectriques du thalamus et du cortex montre qu'une irritation l~g~re du thalamus engendre, dans la r~gion des noyaux ventro-posl6rieurs, des rythmes lents (thSta 6 eycles/sec., delta 3 cycles/see.) que l'on d6c~le aussi au niveau du cortex, mats plus discr~tement. Cette rSpercussion corticale est plus manifeste dans les r6gions postSrieures et m~dianes de la convexitY, du mSme c6t~ que le stimulus. Si l'irritation a ~t~ tr~s intense et si elle se pro- longe, on d~rive des ondes lentes bilat~rales synchrones, paroxy- stiques, et des complexes pointe-onde semblables h ceux de l'~pilepsie diene~phalique essentielle et souvent pr~dominants du c6t~ de l'irri- ration. Ces manifestations 61ectriques peuvent s'aecompagner de manifestations cliniques: douleur, rage, ~pilepsie jacksonienne lo.ca- lisle, puts ~pilepsie g~n6ralis~e. Nous avons affaire ici h u n pro- cessus d'irradiation commun h la douleur paroxystique et '~ l'exci- iation ~pileptog~ne qui se traduira par des r~actions hyper~motives, suivies d'abolition subite de la conscience.

La coagulation provoque une hypoesth~sie contralat~rale quand les noyaux ventro-post~rieurs ont ~t4 coagul~s et une anesth~sie .contralat~rale, quand le Tractus spino-thalamique et le Lemniscus m~dian ont 5t5 interrompus. Le d~ficit de la sensibilit6 pr~domine dans les segments du corps correspondant aux segments du centre de la representation sensitive d~truits h l'int~rieur du thalamus. Les n~vralgies disparaissent dans le segment du corps eorrespondant aux segments du centre coagulS. La sensibilil~ superficielle est moths atteinte que la sensibilit~ profonde (alg6sies, thermesth6sies, sens des po.sitions); elle r~cup~re plus rite. Si la coagulation a insensibilis~ un segment du corps, on constaie que des douleurs spontan~es ou provoqu~es par pincement, ou piqfire, clans une pattie quelconque du corps du mSme c6t~, apparaissent encore parrots m~me avee une intensit~ accrue dans les segments voisins du segment insensibilis~ (hyperpathie h distance). Cetie hyperpathie se d~veloppe done dans les territoires adjacents, qui ont une sensibilit~ encore partiellement

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conserv4e; la sensi.bilit4 de ces terri toires para i t accrue et c o m m e libfir~e d 'une inhibi t ion (enthemmt) . Souvent, ces dysesthfisies s ' a ceompagnen t de sgmptdmes hgpersympathicotoniques du mdme cdt~ pendan t des mois apr~s la coagulat ion (diminution d ' ampl i tude des oscillations art6rielles, d iminut ion de la t empera tu re eutan~e, augmenta t ion de la rfisistanee cutan4e).

L ' ana lyse des ph~nom~nes d ' hype rpa th i e apvbs la coagulat ion nous incite ~ admet t re que le t ha l amus eontient, en plus des relais pr i - ma i res de la sensibilit4, un appare i l qui favorise la diffusion, l ' i r ra- diat ion (Ausbreitung) des excitations douloureuses. Si ces excitations ne s'fieoulent plus dans le terri toire 61imin4 par coagulat ion, elles se d6versent pa r eontre avec une intensit~ accrue dans les terri toires adjaeents, qui deviennent hypersensibles, hyperpa th iques , peut-fitre mfime hypersympath ieo ton iques .

L ' appa re i l responsable de eette i r radia t ion et de eelte distr ibution compensa t r ice des exci tat ions douloureuses est p robab lemen t assimi- lable au sgst~me intralaminaire du thalamus et aux structures int~- gratives en r a ppo r t avec lui. (Centre mfidian de Lugs.)

I1 est int~r,essant de eonsta ter que l ' appare i l qui entretient et g~n6- ralise la douleur est p robab lemen t le m6me que ce lu i qui eont r ibue au main t ien de la conscience et ~ l ' exaeerba t ion de la conscience au eours des quelques seeondes q u i precedent la crise d'~pilepsie, avee perte de conscience. C'est p,(mrquoi, darts les c as extr~n~es, on ne peut abolir la douleur sans abol i r la conscience et sans reeour i r ~ la n~areo,se. L,a narcose elle-mfime esl, par ailteurs, l 'unique sfidation effi- eace dans les fitats de m a l @ilept ique (status ~pileptique).

Signalons enfin que les syst~mes d ' in t~grat ion du tha l amus sont p r o b a b l e m e n t les syst~mes qui eonf~rent ~t la douleur sa tonalitY, sa valeur ~m.o,tive. C'est le eas d,u syst~me dorso-m~dian, qui assure les eorr61ations entre le tha lamus et le lobe f ronta l d 'une part , entre le t ha l amus et l ' hypo tha lamus , organisa teur de la vie v~g6talive, d ' au t r e part . L ' indif f~rence que mani fes ten t les ma l ade h l '~gard de leurs n6vralgies apr~s la coagula t ion du tha l amus ressemble h celle des patients chez qui l'o.n a pratiqu~ une leueotomie pr~fro,ntale. C'est pourquoi il est ~ cra indre que l 'on ne puisse abolir d6finit ivement les douleurs ehroniques extremes sans alt~rer et d6eolorer dans une eer- taine mesure, la p e r s o n n a l i t 6 .

R~sum6.

1. Au cours d'intervenfions neuro-ehirurgicales, ayant pour but de coaguler le relais thalamique des voies de la sensibilit6 douloureuse, le thalamus a 6t6 sfimul6 syst6mafiquement chez l'homme. L'observation des effets de ees stimu- lations a permis de pr6eiser la somatotopie, e'est-h-dire la repr6sentation des segments du corps et de leurs fonefions sensitivo-motrices dans le thalamus.

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Le rSle du thalamus d~ns l 'organisation de la d0uleur. 91

2. La d6rivat ion des activit6s 61ectriques du cerveau au moyen d'~lectrodes fix6es sur le cuir chevelu ou d'61ectrodes implant6es dans le cerveau avec l 'ap- parei l st6r6otaxique de l 'auteur, a montr6 que les sympt6mes appara issent simul- tan6ment dans l '~corce c6r~brale et le thalamus. Les ph6nom~nes irr i tat ifs (d6- charges de complexes pointe-onde) sont plus prononcds au voisinage de l'61ec- trode st imulatr ice et au niveau de l '@orce c6r6brale correspondante du m~me c6t6.

3. La coagulation du tha lamus ventro-post6rieur, relais des v6ies de la sen- sibilit6 douloureuse supprime les n6vralgies et produi t une h6mianesth6sie con- tralat6rale, avec atonie et ataxie. Pa r la suite, une hyperpathie peut se d6velop- per dans les segments adjacents du segment anesth6si6 par la coagulation.

4. Cette hyperpath ie tha iamique incite ~t penser qu'i l existe dans le thalamus, en plus de l 'apparei l de conduct ion sp6cifique des excitations scnsitives et dou- loureuses, un apparei l charg6 de main teni r et de g6n6raliser les excitations dou- loureuses. Get apparei l est assimilable ~t celui qui a pour fonct ion de main ten i r la conscience.

Zusammenfas sung .

1. Im Verlauf neurochi rurg ischer Eingriffe, mi t dem Ziel der Koagulat ion der tha lamischen Schaltstelle in den Leitwegen der Schmerzsensibilit~it, wurde der menschl iche Tha lamus systematisch erregt. Die Beobachtung der Wirkungen gesialtete, die Somatotopie, d .h . die Darstel lung der KSrpersegmente und ihrer sensi t iv-motor ischen Funk t ionen im Thalamus, zu best immen.

2. Die Ahleitung der Hirnelektrizit/it mittels auf der Kopfhaut hefestigter oder mittels dem Gehirn mit Hilfe des stereotaxischen Apparates des Verfassers implant ier ter Elekt roden zeigte, daf~ die Symptome gleichzeitig in Gehi rnr inde und Tha lamus auftreten. Die Reizerscheinungen (Entladung von Spitzwellenkomplexen) sind in der N~ihe der erregenden Elektrode und auf der Ebene der kor respondierenden Gehirnr inde derselhen Seite deutl icher aus- gepr~gt.

3. Die Koagulat ion des ventro-poster ioren Thalamus, der Schaltstelie der Leitwege der Schmerzsensibilit~it, unterdr i ickt die Neuralgien und ruff eine kon- t ralaterale Hemianiisthesie, mi t Atonie und Ataxie, hervor. In der Folge kann sich in den benachbar t en Segmenten d e r durch die Koagulat ion an/is thesierten Segmente eine Hyperpathie entwickeln.

4. Diese tha lamische Hyperpathie veranlai3t uns anzunehmen, dab im Tha- lamus, aul3er dem spczifischen Lei tappara t der Empfindungs- und Schmerzerre- gungen, ein Apparat besteht, dessert Aufgabe in der Aufrechterhal tung und General isat ion der Schmerzerregungen liegt. Dieser Apparat k a n n mi t dem- jenigen verglichen wcrden, dem die Aufrechterhal tung des Bewuf~tseins obliegt.

�9 Summary.

1. In the course of neuro-surgical interventions, which a im at coagulating the t h a l a m i c relay of the pathways of pain sensibility, the tha lamus has been systematical ly s t imulated in man. The observat ion of the effects has permit ted to determine the somatotopia, i.e., *:he representa t ion of the segments of the body and their sensit ivo-motoric functions in the thalamus.

2. The derivation of the electric bra in acti~cities by means of electrodes fixed on the scalp or of electrodes implanted in the bra in wi, th the au thor ' s stereotaxic apparatus , has shown tha t the symptoms appear simul- taneously in cerebral cortex and thalamus. The irr i ta t ive phenomena (discharge

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9.0 M. Monnier: Le rSle du thalamus d~ns l'organisati0n de l~ douleur.

o f pointwave complexes) are more strongly marked near the stimulating elec- trode and at the level of the corresponding cerebral cortex of the same side.

3. The coagulation of the ventro-posterior thalamus, the relay of the path- ways of pain sensibility, suppresses the neuralgiae and produces a contralateral hemianaesthesia, with atonia and ataxia. In consequence, a hyperpathy may develop in the adjacent segments of the segment anaesthetized by the coagu- lation.

4. This thalamie hyperpathy prompts us to presume that in the thalamus, in addition to the specific conducting apparatus of the sensitive and pain excita- tions, exists an apparatus which is in charge of maintaining and generalizing the pain excitations. This apparatus may be compared with the one which function is conscience maintaining.

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