7
1 Nicholas, Suite 726, Ottawa ON K1N 7B7 Telephone: (613) 233 7440 Fax: (613) 233 8361 E-mail: [email protected] Web: www.icad-cisd.com Introduction Le VIH et le handicap – les liens et les facteurs concourants De plus en plus d’intervenants, tant parmi ceux qui défendent les droits des personnes handicapées que dans les milieux qui luttent contre le VIH grâce aux programmes de sensibilisation, de prévention, de soins et de traitement, sentent le besoin d’une collaboration accrue. Les organismes de défense des droits des personnes handicapées commencent à concevoir et à mettre en œuvre des programmes efficaces pour sensibiliser les personnes handicapées aux traitements contre le VIH et aux techniques de prévention. Plusieurs de ces personnes sont exclues des programmes conventionnels de lutte contre le VIH, bien que la population dont elles font partie connaisse un taux d’exposition aux facteurs de risque du VIH semblable ou plus élevé que les personnes non handicapées. Malheureusement, la vaste majorité des programmes de lutte contre le VIH et le sida n’ont pas la formation, les ressources, et parfois, l’engagement nécessaires pour tenir compte des besoins de la population handicapée. De nombreuses études sont actuellement en cours pour examiner cette lacune et déterminer quelles mesures prendre afin d’offrir les accommodements requis. Si plusieurs organismes qui défendent les droits des personnes handicapées s’investissent activement dans la mise sur pied des programmes de lutte contre le VIH, il est urgent pour les organismes de lutte contre le VIH de modifier eux aussi leurs programmes afin de mieux intégrer les besoins des personnes handicapées. Le terme « handicap » signifie que les activités d’une personne sont limitées en raison d’obstacles élevés par la société dans laquelle elle vit. Lorsqu’une personne a accès aux possibilités et aux ressources, il n’y a aucune raison pour qu’une déficience physique ou mentale devienne un « handicap ». Qu’elles soient nées handicapées ou qu’elles aient été handicapées plus tard dans la vie, les personnes handicapées sont aussi susceptibles, sinon plus, d’être exposées à tous les facteurs de risque connus associés au VIH et au sida que la population en général. Cependant, plusieurs d’entre elles ne reçoivent pas les services de sensibilisation en matière d’hygiène sexuelle et de techniques de prévention nécessaires pour se protéger. De nombreuses personnes handicapées se voient refuser l’accès à l’éducation en milieu scolaire en raison de pratiques discriminatoires. Leur incapacité d’utiliser les moyens de transport, les installations et le matériel scolaire ainsi que la réticence des parents à « gaspiller » de l’argent pour éduquer un enfant handicapé entraînent souvent des taux de décrochage et d’analphabétisme extrêmement élevés chez les personnes handicapées. Parce que les personnes handicapées sont généralement considérées, à tort, comme des êtres asexués, plusieurs n’ont pas accès à l’enseignement formel (à l’école) ou à l’éducation informelle (à la maison) en matière d’hygiène sexuelle et de santé génésique. En raison de ce manque d’information, les personnes handicapées se trouvent souvent dans une situation de vulnérabilité qui peut favoriser l’incapacité de négocier des pratiques sexuelles moins risquées. En raison de l’effet combiné de la pauvreté et du handicap, il peut être très difficile d’avoir accès aux soins de santé. Ces soins sont rarement offerts à un coût abordable et, dans le cas des personnes handicapées, ne sont pas toujours accessibles. Par exemple, les tests de dépistage peuvent être reportés à cause du manque de confidentialité. Plusieurs personnes handicapées comptent sur le soutien des membres de leur famille ou des amis (pour le transport ou les services d’interprétation) Le VIH, le sida et le handicap Septembre 2008

Le VIH, le sida et le handicap - icad-cisd.com · Le VIH, le sida et le handicap 3 Programmes protéger et de promouvoir les droits sexuels des personnes handicapées. L’étude

Embed Size (px)

Citation preview

1 Nicholas, Suite 726, Ottawa ON K1N 7B7

Telephone: (613) 233 7440 ● Fax: (613) 233 8361 E-mail: [email protected] ● Web: www.icad-cisd.com

Introduction

Le VIH et le handicap – les liens et les facteurs concourants

De plus en plus d’intervenants, tant parmi ceux qui défendent les droits des personnes handicapées que dans les milieux qui luttent contre le VIH grâce aux programmes de sensibilisation, de prévention, de soins et de traitement, sentent le besoin d’une collaboration accrue. Les organismes de défense des droits des personnes handicapées commencent à concevoir et à mettre en œuvre des programmes efficaces pour sensibiliser les personnes handicapées aux traitements contre le VIH et aux techniques de prévention. Plusieurs de ces personnes sont exclues des programmes conventionnels de lutte contre le VIH, bien que la population dont elles font partie connaisse un taux d’exposition aux facteurs de risque du VIH semblable ou plus élevé que les personnes non handicapées. Malheureusement, la vaste majorité des programmes de lutte contre le VIH et le sida n’ont pas la formation, les ressources, et parfois, l’engagement nécessaires pour tenir compte des besoins de la population handicapée. De nombreuses études sont actuellement en cours pour examiner cette lacune et déterminer quelles mesures prendre afin d’offrir les accommodements requis. Si plusieurs organismes qui défendent les droits des personnes handicapées s’investissent activement dans la mise sur pied des programmes de lutte contre le VIH, il est urgent pour les organismes de lutte contre le VIH de modifier eux aussi leurs programmes afin de mieux intégrer les besoins des personnes handicapées.

Le terme « handicap » signifie que les activités d’une personne sont limitées en raison d’obstacles élevés par la société dans laquelle elle vit. Lorsqu’une personne a accès aux possibilités et aux

ressources, il n’y a aucune raison pour qu’une déficience physique ou mentale devienne un « handicap ». Qu’elles soient nées handicapées ou qu’elles aient été handicapées plus tard dans la vie, les personnes handicapées sont aussi susceptibles, sinon plus, d’être exposées à tous les facteurs de risque connus associés au VIH et au sida que la population en général. Cependant, plusieurs d’entre elles ne reçoivent pas les services de sensibilisation en matière d’hygiène sexuelle et de techniques de prévention nécessaires pour se protéger.

De nombreuses personnes handicapées se voient refuser l’accès à l’éducation en milieu scolaire en raison de pratiques discriminatoires. Leur incapacité d’utiliser les moyens de transport, les installations et le matériel scolaire ainsi que la réticence des parents à « gaspiller » de l’argent pour éduquer un enfant handicapé entraînent souvent des taux de décrochage et d’analphabétisme extrêmement élevés chez les personnes handicapées. Parce que les personnes handicapées sont généralement considérées, à tort, comme des êtres asexués, plusieurs n’ont pas accès à l’enseignement formel (à l’école) ou à l’éducation informelle (à la maison) en matière d’hygiène sexuelle et de santé génésique. En raison de ce manque d’information, les personnes handicapées se trouvent souvent dans une situation de vulnérabilité qui peut favoriser l’incapacité de négocier des pratiques sexuelles moins risquées. En raison de l’effet combiné de la pauvreté et du handicap, il peut être très difficile d’avoir accès aux soins de santé. Ces soins sont rarement offerts à un coût abordable et, dans le cas des personnes handicapées, ne sont pas toujours accessibles. Par exemple, les tests de dépistage peuvent être reportés à cause du manque de confidentialité. Plusieurs personnes handicapées comptent sur le soutien des membres de leur famille ou des amis (pour le transport ou les services d’interprétation)

Le VIH, le sida et le

handicap

Septembre 2008

Le VIH, le sida et le handicap 2

Sensibilisation croissante – études internationales et plaidoyer

et pourraient ne pas vouloir leur révéler de l’information personnelle. La discrimination dont font l’objet les personnes handicapées de la part des travailleurs de la santé constitue un autre obstacle. Les personnes handicapées sont souvent ridiculisées ou ne sont pas prises au sérieux lorsqu’elles demandent de l’information en matière de santé génésique parce qu’elles sont perçues comme étant peu attirantes et asexuées. Plusieurs femmes handicapées hésitent à demander des soins médicaux, craignant la stérilisation forcée. Par ailleurs, dans les régions rurales, il existe peu de services de réadaptation pour les personnes qui sont atteintes d’une déficience plus tard dans la vie, ce qui peut avoir énormément d’effet sur leur capacité de travailler et de refaire leur vie après un accident. Enfin, les personnes handicapées sont souvent les dernières à recevoir des soins. La société croit en général que les personnes handicapées auront une qualité de vie inférieure et contribueront beaucoup moins à la société sur le plan économique et social. Cette dépréciation des personnes handicapées aux yeux de plusieurs pourvoyeurs de soins de santé contribue à la réticence que manifestent nombre d’entre elles à demander des soins de santé et des tests de dépistage du VIH.

Les personnes handicapées étant plus souvent l’objet de violence sexuelle et de victimisation, elles sont plus vulnérables à l’infection par le VIH. Parce qu’elles comptent sur les autres pour répondre à leurs besoins quotidiens, surtout dans les institutions, plusieurs personnes handicapées sont vulnérables face aux mauvais traitements. Les taux d’exploitation sexuelle sont mêmes plus élevés dans les régions où existe la croyance traditionnelle selon laquelle avoir des relations sexuelles avec une vierge peut guérir d’une infection transmissible sexuellement. Les personnes handicapées, considérées comme physiquement faibles ou non susceptibles de signaler une agression, sont souvent ciblées parce qu’on présume qu’elles sont sexuellement inactives et donc, vierges.

L’avenir déjà incertain d’un enfant orphelin à cause du sida est encore plus précaire si cet enfant est handicapé. Les pourvoyeurs de soins responsables

de plusieurs orphelins n’ont pas le temps de répondre à tous les besoins d’un enfant handicapé. La situation est la même pour les enfants devenus adultes qui dépendent encore énormément de leurs parents. Sans la présence de pourvoyeurs de soins dévoués, les personnes handicapées courent davantage le risque d’être placées en institution, négligées, maltraitées, ce qui accroît leur risque de contracter le VIH. En résumé, les personnes handicapées sont aussi susceptibles, sinon plus, d’être exposées à tous les facteurs de risque connus associés au VIH que la population en général. Les coûts associés au soin d’une personne handicapée peuvent empêcher leurs pourvoyeurs de soins d’obtenir une formation dans le domaine du VIH et du sida. Les enfants handicapés qui sont orphelins en raison du sida sont particulièrement vulnérables puisqu’ils sont plus susceptibles d’être placés en institution. À cause du manque de scolarité, les personnes handicapées peuvent ne pas être au courant d’informations importantes sur le VIH et la santé sexuelle. Des systèmes de santé insensibles, peut compatissants et inaccessibles empêchent les personnes handicapées d’avoir accès à de l’information fiable, au dépistage et aux soins en ce qui concerne le VIH et le sida. Étant plus exposées à la violence sexuelle, les personnes handicapées courent plus de risque d’être infectées par le VIH. Tous ces facteurs illustrent clairement les liens entre le handicap et un taux d’exposition égal ou plus élevé à tous les facteurs connus de risque d’infection par le VIH.

Plusieurs études ont été menées à l’échelle internationale dans les milieux qui défendent les droits des personnes handicapées dans le but de définir les stratégies qui permettent de répondre aux besoins de cette sous-population dans le cadre des programmes de sensibilisation au VIH et de traitement. Parallèlement à ces études, des voix s’élèvent de plus en plus dans les gouvernements locaux et nationaux pour demander des lois afin de

Le VIH, le sida et le handicap 3

Programmes

protéger et de promouvoir les droits sexuels des personnes handicapées. L’étude internationale la plus complète sur le VIH et les personnes handicapées a été publiée par l’École de santé publique de l’Université Yale et la Banque mondiale en 2004. Intitulée « HIV and Disability: Capturing Hidden Voices. Global Survey on HIV/AIDS and Disability », cette étude conclut que le VIH constitue une menace importante pour les populations handicapées du monde entier. L’Ouganda s’est montré progressiste en incluant les membres de la population handicapée dans les programmes de sensibilisation et les processus décisionnel du gouvernement. Une analyse de la situation du VIH et des jeunes handicapés séropositifs au Rwanda et en Ouganda examine le fait que plusieurs d’entre eux ne sont pas inclus dans les conversations sur les pratiques sexuelles moins risquées et donne un aperçu des mesures qu’il faudrait prendre afin de les intégrer davantage. En outre, le Disability Stakeholder’s HIV/AIDS Committee de l’Ouganda, une coalition de plus de 15 organismes de personnes handicapées, a rencontré le Comité permanent du Parlement sur le VIH/sida pour discuter de l’inclusion du handicap dans les stratégies et les politiques nationales. À la suite de cette rencontre, la communauté des personnes handicapées s’est vue accorder le statut d’entité de coordination indépendante (Self-coordinating Entity), ce qui signifie qu’elle sera représentée au sein du Comité de partenariat, le comité national le plus important en la matière et participera donc à l’élaboration des politiques relatives au VIH et à la mise en œuvre des programmes au niveau national. Le 12 mars 2008, tous les participants à la deuxième assemblée générale de la Campagne africaine des personnes en situation de handicap et des personnes atteintes du VIH/SIDA ont signé la Déclaration de Kampala sur le handicap et le VIH. La Déclaration exhorte tous les intervenants, y compris les gouvernements africains, les pourvoyeurs de services liés au VIH et les organisations internationales à reconnaître la vulnérabilité des personnes handicapées face à l’infection par le VIH et à offrir les

accommodements nécessaires. La Déclaration demande également aux signataires d’encourager les membres de la population handicapée à participer aux futurs processus de prise de décision.

La communauté internationale étant de plus en plus consciente des liens entre le handicap et la vulnérabilité au VIH, un certain nombre de programmes innovateurs ont vu le jour dans les pays en développement. La majorité de ces programmes ont été mis en œuvre sur le continent africain et quelques autres sont réalisés dans certaines régions de l’Asie. Le manque de programmes documentés dans la majeure partie de l’Amérique du Sud constitue une importante lacune. Certaines initiatives ont modifié les programmes en faveur des personnes handicapées et réaménagé les ressources pour tenir compte du VIH tandis que d’autres ont trouvé de nouvelles ressources et conçu des trousses d’outils pour établir des programmes innovateurs. ● AFRIQUE Le lancement officiel de la Campagne africaine des personnes en situation de handicap et des personnes atteintes du VIH/SIDA en janvier 2007 a permis de franchir une nouvelle étape vers l’intégration de la population handicapée dans la réponse internationale au VIH et au sida. Réunissant des organisations oeuvrant auprès des personnes handicapées, des organisations regroupant les personnes vivant avec le VIH/sida, des organisations non gouvernementales, des organismes de lutte contre le sida, des chercheurs, des militants et d’autres citoyens, la Campagne africaine poursuit divers objectifs. Les membres ont convenu d’aborder les questions de l’accès égal à l’information et aux services liés au VIH et de coordonner une réponse pour obtenir des politiques et des programmes nationaux inclusifs en matière de VIH et de sida. L’Union africaine des aveugles (UAfA) (continent africain) Grâce au financement de l’Agence canadienne de développement international (ACDI) et de l’Institut national canadien pour les aveugles (INCA), l’Union africaine des aveugles a lancé en 2005 le « Programme de sensibilisation au VIH/sida et de

Le VIH, le sida et le handicap 4

formation pour les personnes aveugles et ayant une déficience visuelle en Afrique ». Six pays africains (le Cameroun, le Ghana, le Kenya, le Malawi, le Rwanda et la Tanzanie) se sont donnés les objectifs suivants : intégrer la sensibilisation au VIH dans l’ensemble de leurs programmes; établir des comités nationaux pour faire pression afin d’obtenir meilleur accès aux programmes et accroître la sensibilisation; mettre au point une formation spécialement conçue et des ressources documentaires adaptées; et assurer la participation des femmes aveugles et ayant une déficience visuelle à titre de porte-parole, d’éducatrices et de bénéficiaires. Des collègues agissant à titre de conseillers ont reçu une formation sur divers aspects liés au VIH, y compris les méthodes de transmission, le counseling et le dépistage, où et comment obtenir des services de santé, les aptitudes à la vie quotidienne, la thérapie anti-rétrovirale, les infections transmissibles sexuellement et les soins à domicile. Norwegian Church Aid (NCA) et le National Council of Churches in Kenya (NCCK) (Kenya) La NCA et le NCCK ont lancé un programme de sensibilisation au VIH pour les personnes handicapées et ont accordé la priorité à l’élaboration de ressources et de messages en langage gestuel, en braille et en format audio pour répondre aux besoins des personnes handicapées. Convaincu que l’autonomie et l’autosuffisance contribuent à réduire la stigmatisation et améliorent la capacité de se protéger contre les infections transmissibles sexuellement, le NCCK a également soutenu des activités génératrices de revenu pour les personnes handicapées, y compris la confection de vêtements, la fabrication de chaussures, la broderie de perles, l’artisanat, la menuiserie, la vente de fruits et légumes. Handicap International (HI) (continent africain) Les équipes de Handicap International qui font la promotion de la santé communautaire au Maroc, au Kenya, au Mozambique et au Burundi ont mis en œuvre plusieurs moyens pour intégrer des messages de prévention du VIH dans leurs programmes. À la suite de la nomination d’un conseiller médical VIH/sida pour la région de l’Afrique de l’Est, plusieurs travailleurs de la santé ont reçu une formation sur les questions de handicap. HI s’apprête à lancer un projet qui donnera aux personnes handicapées victimes d’exploitation sexuelle accès à

des services juridiques et de santé. Au Togo, le programme de HI intègrera de l’information sur la prévention du VIH dans les projets actuels de réadaptation, dans le but de réduire la vulnérabilité et la stigmatisation des personnes qui sont handicapées et séropositives. Family AIDS Caring Trust (FACT), Harare, Zimbabwe FACT, un organisme qui œuvre afin de réduire les effets du VIH au Zimbabwe, a commencé à former ses membres handicapés dans le cadre du programme « Stepping Stones », pour pallier au manque d’information et de communication. Ce programme de formation porte sur les aptitudes à la vie quotidienne, le changement de comportement et la communication. Il fait la promotion de l’équité entre les sexes, du respect entre les générations et de la solidarité avec les personnes séropositives. ● ASIE Ho Chi Minh City Deaf Club, Ho Chi Minh-Ville (sud du Vietnam) Ce projet de prévention des infections transmissibles sexuellement (ITS) et du VIH s’adresse aux jeunes sourds et malentendants membres du Club des personnes sourdes (30 jeunes et quatre adultes), aux conseillers et autres alliés des orphelinats et des écoles spéciales pour les enfants sourds. Les animateurs ont recours à l’éducation par les pairs pour promouvoir l’autonomie dans les programmes VIH et dans la diffusion de l’information au sein de la communauté des personnes sourdes. Le projet a pour but d’accroître le pourcentage de jeunes membres du Club qui mettent en pratique les techniques de prévention des ITS et du VIH et qui en font la promotion. Son objectif est d’améliorer les connaissances des jeunes qui sont sourds ou malentendants dans le domaine de la prévention des ITS et du VIH. Nethrajothi, Chenmai (sud de l’Inde) Depuis 1992, cet organisme met en œuvre des programmes de lutte contre le VIH pour les personnes qui ont un handicap visuel. Ce programme est considéré comme le premier (connu) qui se soit intéressé à la fois au handicap et au VIH/sida. Nethrajothi a commencé par convertir en braille l’information sur la prévention du VIH et travaille en étroite collaboration avec les organismes de lutte

Le VIH, le sida et le handicap 5

Recommandations visant l’inclusion des personnes handicapées dans les

programmes de lutte contre le VIH

contre le VIH et le sida. Présentement, l’organisme offre des programmes de sensibilisation dans les écoles pour les aveugles tout en maintenant ses programmes de soutien par les pairs. À cause de problèmes de financement, Nethrajothi n’a pas pu travailler de façon constante et régulière. La leçon la plus importante à tirer de l’expérience de Nethrajothi est qu’il est important de recourir à tout un éventail de techniques (le braille, des audiocassettes, des causeries et exposés, la collaboration avec d’autres secteurs qui s’intéressent tant au handicap qu’au VIH et au sida, la mise en place d’un système de soutien par les pairs pour joindre les personnes aveugles dans la communauté) afin d’être plus inclusif. Deaf Way, Delhi (nord de l’Inde) et Hyderabad (sud de l’Inde) Fondé en 2002, cet organisme a pour objectif premier d’offrir des ateliers sur tous les aspects de l’hygiène sexuelle et de la santé génésique. Les ateliers durent quatre jours et sont présentés en langage gestuel indien (IES). L’organisme présente en moyenne trois ateliers par année, à la demande d’autres organismes oeuvrant auprès des personnes handicapées. Jusqu’à présent, Deaf Way a tenu 15 ateliers, formant et sensibilisant 350 personnes sourdes. Les animateurs utilisent tout un éventail de techniques, y compris le langage gestuel, le sous-titrage, le mime, le jeu de rôle, etc. Comme pour Nethrajothi, cette variété favorise davantage l’inclusion.

The Mumbai District AIDS Control Society (MDACS) et l’Association for Blindness and Low Vision, Mumbai (ouest de l’Inde) La collaboration entre ces deux organismes a débuté en janvier 2005 lorsque l’Association a communiqué avec MDACS (organisme gouvernemental) pour lui demander de transcrire en braille et en gros caractères ses documents d’information sur le VIH. Ces documents ont ensuite été envoyés à toutes les écoles pour les aveugles et à tous les organismes oeuvrant auprès des personnes handicapées dans la région. Cette initiative montre l’importance d’une bonne stratégie de distribution et de diffusion ainsi que l’utilité de la collaboration avec les structures gouvernementales existantes.

The Devnar Foundation for the Blind et la Andrah Pradesh State AIDS Control Society (APSACS), Hyderabad (sud de l’Inde)

L’importance de la collaboration entre les secteurs est évidente dans ce projet. En 2006, après avoir constaté une lacune dans la documentation sur l’hygiène sexuelle et la santé génésique offerte aux jeunes qui ont une déficience visuelle, la Fondation Denvar a pris contact avec l’APSACS. Elle a proposé de traduire les documents en braille et demandé à l’APSACS de payer les coûts de production et de distribution.

Jusqu’à présent, peu de suggestions ont été faites pour l’intégration des personnes handicapées dans les programmes de prévention du VIH et du sida qui existent déjà. Cette intégration a été lente à se faire dans le passé en raison d’une hypothèse erronée qui a eu un effet paralysant; en effet, plusieurs travailleurs et organisateurs croient à tort que l’intégration des personnes handicapées dans leurs programmes entraînera des coûts exorbitants. Les nouvelles études contestent cette hypothèse.

En ce qui concerne l’inclusion, les auteurs de l’étude de Yale (Groce, Trasi et Yousafzai) proposent des lignes directrices qui portent sur un continuum d’inclusion et tiennent compte des ressources financières limitées dont disposent la plupart des programmes de prévention. Ce continuum comporte trois mesures. Premièrement, il est proposé d’inclure les personnes handicapées dans les initiatives de prévention et de traitement du VIH/sida et dans la société en général; la deuxième mesure explore la possibilité d’apporter des modifications mineures ou limitées aux programmes en place et à la documentation utilisée afin de faciliter l’accessibilité aux programmes et l’inclusion des personnes handicapées; la troisième mesure vise à élaborer des programmes et de la documentation qui s’adressent spécifiquement aux personnes handicapées, en concentrant plus particulièrement sur les personnes difficiles à joindre. De toute évidence, les coûts liés à ces diverses mesures vont croissants mais ils devraient être à la portée des organismes de prévention du VIH et du sida.

De plus, les auteurs de l’étude font remarquer que les personnes handicapées constituent un groupe

Le VIH, le sida et le handicap 6

Conclusion

Ressources

diversifié. Prises séparément, ces suggestions n’arriveront sans doute pas à faciliter l’inclusion de toutes les personnes handicapées dans une région donnée. Pour y arriver, il faudra probablement combiner les mesures suggérées.

Le VIH ne fait aucune distinction en raison du sexe, de la race, de l’orientation sexuelle ou des capacités physiques et mentales. Les intervenants se rendent de plus en plus compte que les programmes centrés sur la prévention du VIH, la sensibilisation et le traitement ne doivent pas non plus faire de distinction mais plutôt chercher à mettre en œuvre des moyens

pour sensibiliser et offrir des services à l’ensemble de la population. Les organisations qui s’intéressent spécifiquement aux droits et aux problèmes des personnes vivant avec un handicap ont déjà engagé la lutte contre le VIH en mettant à profit toutes les ressources disponibles pour sensibiliser leurs membres aux questions d’hygiène sexuelle et de santé génésique ainsi qu’aux mesures à prendre pour se protéger. Il y a maints exemples de cette tendance sur tout le continent africain, notamment depuis la récente mise sur pied de la Campagne africaine des personnes en situation de handicap et des personnes atteintes du VIH/SIDA, mais aussi sur le continent asiatique où les taux de transmission du VIH sont également élevés.

Campagne africaine des personnes en situation de handicap et des personnes atteintes du VIH/SIDA. Stratégie de la campagne pour la période 2007-2011. http://www.africacampaign.info/documents/main-campaign-documents/index.html Campagne africaine des personnes en situation de handicap et des personnes atteintes du VIH/SIDA. Déclaration de Kampala sur l’incapacité et le VIH/sida http://www.afub-uafa.org/forum/ezadmin/htmlarea/files/documents/102_declaration%20de%20kampala%20sur%20le%20handicap%20et%20vihsida.pdf AIDS action (1996-1997). Disability and HIV. http://www.aidsaction.info/pdf/aa35.pdf aidsmap (2002). Scaling up the FOCUS Programme of Family AIDS Caring Trust. http://www.aidsmap.com/en/docs/BF4808E4-B352-455D-A72C-BF11AEF522ED.asp Banda, Irene (2005). Disability, Poverty and HIV and AIDS. http://v1.dpi.org/lang-en/resources/details?page=326 Gil, Marta and Sérgio Meresman. Signs of Health for All: HIV/AIDS and People with Disability. http://siteresources.worldbank.org/EXTLACREGTOPHIVAIDS/Resources/AIDSMGSM.doc. Groce, Nora Ellen (2005). HIV/AIDS and Individuals with Disability. http://v1.dpi.org/files/uploads/hiv/Health%20and%20Human%20Rights%20-%20Published%20version.pdf Groce, Nora Ellen and Reshma Trasi (2004). Rape of Individuals with Disability: AIDS and the Folk Belief of Virgin Cleansing. http://cira.med.yale.edu/globalsurvey/virginrape.pdf

Le VIH, le sida et le handicap 7

Groce, Nora Ellen, Reshma Trasi and Aisha Yousafazi (2006). Guidelines for Inclusion of Individuals with Disability in HIV/AIDS Outreach Efforts. http://web.worldbank.org/WBSITE/EXTERNAL/TOPICS/EXTSOCIALPROTECTION/EXTDISABILITY/0,,contentMDK:20208464~pagePK:148956~piPK:216618~theSitePK:282699,00.html Handicap International (2008). Addressing the HIV/AIDS epidemic. http://www.handicap-international.org.uk/page_66.php Lindblom, Lina (2007). « DPOs fill a gap in the official response to HIV », Cape Times, 29 mars 2007. Morrow, Martha, M.C. Arunkumar, Emma Pearce and Heather E. Dawson (2007). Fostering Disability-Inclusive HIV/AIDS Programs in Northeast India: A Participatory Study. http://www.biomedcentral.com/1471-2458/7/125 Mulindwa, Innocent Najjumba (May 2003). Study on Reproductive Health and HIV/AIDS among Persons with Disabilities in Kampala, Katawki and Rakai Districts (Knowledge, Attitudes and Practices). http://cira.med.yale.edu/globalsurvey/mulindwa.pdf Norwegian Church Aid Eastern Africa. « Disability but not inability », 4 mai 2006. http://easternafrica.nca.no/article/articleview/5991/1/500/ Pearl S. Buck International Vietnam. HIV/STI Prevention for Deaf and Hearing Impaired Young Persons in Ho Chi Minh City Deaf Club: A Seed Project. http://cira.med.yale.edu/globalsurvey/vietnam.pdf Programme Management Office – Department for International Development (March 2007). Too Few to Worry About, Or Too Many to Ignore? The Exclusion of People with Disabilities from HIV Programmes in India. http://globalsurvey.med.yale.edu/research.html#fewmany World Bank (November 2004). Disability and HIV/AIDS at a glance. http://siteresources.worldbank.org/INTPHAAG/Resources/AAGEngDisabilityHIVr4.pdf World Bank (2004). Disability in Latin America & the Caribbean (feuillet d’information). http://siteresources.worldbank.org/DISABILITY/Resources/Regions/LAC/LACfactsheetEng.pdf World Bank (2004). Global Survey on HIV/AIDS and Disability. http://siteresources.worldbank.org/DISABILITY/Resources/Health-and-Wellness/HIVAIDS.pdf Yousafski, Aisha (Dr.), and Karen Edwards (2004). Double Burden: A situation analysis of HIV/AIDS and young people with disabilities in Rwanda and Uganda. http://v1.dpi.org/files/uploads/1600_DoubleBurden.pdf La CISD a pour mission de réduire la propagation et l’impact du VIH et du sida dans les communautés et pays pauvres en ressources, en apportant son leadership et sa contribution active à la réponse canadienne et internationale. Ce document a été produit grâce au

financement de l’Agence de la santé publique du Canada. Les opinions exprimées par les auteurs et chercheurs ne reflètent pas nécessairement la position officielle de l’Agence de la santé publique du Canada. This fact sheet is also available in English.