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215 Pathologie infectieuse Les fièvres hémorragiques virales H. Zeller, M.C. Georges-Courbot Centre National de Référence des Fièvres hémorragiques virales, Unité de Biologie des Infections Virales Emergentes, Institut Pasteur, 21 avenue Tony Garnier, 69365 Lyon cedex 07. Correspondance : H. ZELLER, voir adresse ci-dessus. e-mail : [email protected] Résumé/Abstract Les fièvres hémorragiques virales H. Zeller, M.C. Georges-Courbot Les fièvres hémorragiques virales (FHV) regroupent une douzaine d’infections qui associent à une fièvre généralement élevée des signes hémorragiques d’intensité variable avec un taux de létalité important. Les virus responsables appartiennent à différentes familles dont les Flavivi- ridae (dengue, fièvre jaune, Omsk, Kyasanur, Alkhurma), et les Bunyaviridae (Crimée-Congo, fièvre de la vallée du Rift), transmis par des moustiques ou des tiques, les Arenaviridae (Lassa, Junin, ...) et les Hantavirus transmis par les déjections de rongeurs, et les Filoviridae (Ebola, Marburg) pour lesquels le réservoir naturel reste mal connu. La contagiosité inter-humaine de certaines FHV implique des mesures appropriées d’isolement des malades. La confirmation de l’étiologie virale est guidée par le contexte épidémiologique en parallèle avec la recherche d’autres agents microbiens ou parasitaires à l’origine de syndromes fébriles hémorragiques. Les traitements par antiviraux restent très limités (ribavirine pour les Arenavirus et Crimée- Congo). En cas de suspicion d’agents de classe 4, une procédure spécifique pour l’expédition des échantillons doit être appliquée ; le diagnostic rapide est initié en laboratoire P4 avec détec- tion directe de génome viral par RT-PCR ou d’antigène viral et détection d’anticorps IgM/IgG par ELISA. Mots-clés : fièvres hémorragiques, virus, épidémiologie, diagnostic. Viral hemorrhagic fevers H. Zeller, M.C. Georges-Courbot Viral hemorrhagic fevers (VHF) include a variety of infections which associated usually high fever with hemorrhages more or less intense with a high fatality rate. The viruses belong to different families : the Flaviviridae (dengue, Yellow fever, Omsk, Kyasanur, Alkhurma), and Bunyaviridae (Crimean-Congo, Rift Valley fever) transmitted by mosquitoes or ticks, the Arenaviridae (Lassa, Junin…) and hantaviruses transmitted by excretas from rodents, and finally the Filoviridae (Ebola, Marburg) with bats as possible natural reservoir. Human to human transmission which may occur for some viruses requires an appropriate management of the patients with isolation measures and a rapid diagnosis. Due to the large variety of infec- tious agents potentially responsible for hemorrhagic fever, epidemiological informations are needed for the biological investigation. Transportation of biological specimens to the reference laboratory for diagnosis must follow specific regulations. Ribavirin is the unique antiviral treat- ment available for Crimean-Congo and Arenavirus infections. Rapid diagnosis must be initia- ted in a P4 lab with direct detection of viral genome by means of RT-PCR or detection of viral antigen and IgM/IgG antibodies by ELISA. Key words: hemorrhagic fever, virus, epidemiology, diagnostic. Antibiotiques 2006 ; 8 : 215-220 © 2006. Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés Les fièvres hémorragiques virales (FHV) correspondent à des entités cliniques qui englobent des viroses très diverses. Souvent classées comme maladies émer- gentes, elles sont pour la plupart endé- miques selon les régions et peuvent engendrer parfois des épidémies impor- tantes [1]. Elles se caractérisent par une fièvre généralement élevée, des maux de tête, des arthralgies, des douleurs abdo- minales, et des signes hémorragiques d’intensité très variable (épistaxis, gingi- vorragies, vomissements sanglants, melena) suite à une augmentation de la perméa- bilité vasculaire et pouvant conduire au décès par choc cardio-vasculaire. Les ta- bleaux cliniques de fièvres hémorragi- ques sont peu spécifiques, les signes hé- morragiques peuvent être discrets et peu évocateurs et les étiologies multiples. Le paludisme doit être considéré en pre- mière ligne en régions tropicales de même que certaines infections bactériennes comme les shigelloses, la typhoïde, la lepto- spirose ou des hépatites. Les FHV sont des anthropozoonoses, at- teignant des populations animales mais pouvant aussi parfois toucher l’homme. Certaines d’entre elles sont transmises par des arthropodes qui jouent le rôle de vecteurs, ce sont des arboviroses comme la dengue ou la fièvre jaune. D’autres FHV sont transmises par inhalation de poussières contaminées par des déjec- tions de rongeurs ou autre réservoir ou par contact direct avec un animal infec- tant. L’apparition de contaminations interhumaines en chaîne parfois drama- tiques nécessite un diagnostic précoce et Introduction Epidémiologie des FHV

Les fièvres hémorragiques virales

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Page 1: Les fièvres hémorragiques virales

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Pathologie infectieuse

Les fièvres hémorragiques virales

H. Zeller, M.C. Georges-CourbotCentre National de Référence des Fièvres hémorragiques virales, Unité de Biologie des Infections Virales Emergentes, Institut Pasteur, 21 avenue Tony Garnier, 69365 Lyon cedex 07.Correspondance : H. ZELLER, voir adresse ci-dessus. e-mail : [email protected]

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Les fièvres hémorragiques viralesH. Zeller, M.C. Georges-Courbot

Les fièvres hémorragiques virales (FHV) regroupent une douzaine d’infections qui associent àune fièvre généralement élevée des signes hémorragiques d’intensité variable avec un taux delétalité important. Les virus responsables appartiennent à différentes familles dont les Flavivi-ridae (dengue, fièvre jaune, Omsk, Kyasanur, Alkhurma), et les Bunyaviridae (Crimée-Congo,fièvre de la vallée du Rift), transmis par des moustiques ou des tiques, les Arenaviridae (Lassa,Junin, ...) et les Hantavirus transmis par les déjections de rongeurs, et les Filoviridae (Ebola,Marburg) pour lesquels le réservoir naturel reste mal connu. La contagiosité inter-humaine decertaines FHV implique des mesures appropriées d’isolement des malades. La confirmation del’étiologie virale est guidée par le contexte épidémiologique en parallèle avec la recherched’autres agents microbiens ou parasitaires à l’origine de syndromes fébriles hémorragiques. Lestraitements par antiviraux restent très limités (ribavirine pour les Arenavirus et Crimée-Congo). En cas de suspicion d’agents de classe 4, une procédure spécifique pour l’expéditiondes échantillons doit être appliquée ; le diagnostic rapide est initié en laboratoire P4 avec détec-tion directe de génome viral par RT-PCR ou d’antigène viral et détection d’anticorps IgM/IgGpar ELISA.

Mots-clés : fièvres hémorragiques, virus, épidémiologie, diagnostic.

Viral hemorrhagic feversH. Zeller, M.C. Georges-Courbot

Viral hemorrhagic fevers (VHF) include a variety of infections which associated usually highfever with hemorrhages more or less intense with a high fatality rate. The viruses belongto different families : the Flaviviridae (dengue, Yellow fever, Omsk, Kyasanur, Alkhurma), andBunyaviridae (Crimean-Congo, Rift Valley fever) transmitted by mosquitoes or ticks, theArenaviridae (Lassa, Junin…) and hantaviruses transmitted by excretas from rodents, andfinally the Filoviridae (Ebola, Marburg) with bats as possible natural reservoir. Human tohuman transmission which may occur for some viruses requires an appropriate managementof the patients with isolation measures and a rapid diagnosis. Due to the large variety of infec-tious agents potentially responsible for hemorrhagic fever, epidemiological informations areneeded for the biological investigation. Transportation of biological specimens to the referencelaboratory for diagnosis must follow specific regulations. Ribavirin is the unique antiviral treat-ment available for Crimean-Congo and Arenavirus infections. Rapid diagnosis must be initia-ted in a P4 lab with direct detection of viral genome by means of RT-PCR or detection of viralantigen and IgM/IgG antibodies by ELISA.

Key words: hemorrhagic fever, virus, epidemiology, diagnostic.

Antibiotiques 2006 ; 8 : 215-220 © 2006. Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés

Les fièvres hémorragiques virales (FHV)correspondent à des entités cliniquesqui englobent des viroses très diverses.Souvent classées comme maladies émer-gentes, elles sont pour la plupart endé-miques selon les régions et peuventengendrer parfois des épidémies impor-tantes [1]. Elles se caractérisent par unefièvre généralement élevée, des maux detête, des arthralgies, des douleurs abdo-minales, et des signes hémorragiquesd’intensité très variable (épistaxis, gingi-vorragies, vomissements sanglants, melena)suite à une augmentation de la perméa-bilité vasculaire et pouvant conduire audécès par choc cardio-vasculaire. Les ta-bleaux cliniques de fièvres hémorragi-ques sont peu spécifiques, les signes hé-morragiques peuvent être discrets et peuévocateurs et les étiologies multiples. Lepaludisme doit être considéré en pre-mière ligne en régions tropicales de mêmeque certaines infections bactériennescomme les shigelloses, la typhoïde, la lepto-spirose ou des hépatites.

Les FHV sont des anthropozoonoses, at-teignant des populations animales maispouvant aussi parfois toucher l’homme.Certaines d’entre elles sont transmisespar des arthropodes qui jouent le rôle devecteurs, ce sont des arboviroses commela dengue ou la fièvre jaune. D’autresFHV sont transmises par inhalation depoussières contaminées par des déjec-tions de rongeurs ou autre réservoir oupar contact direct avec un animal infec-tant. L’apparition de contaminationsinterhumaines en chaîne parfois drama-tiques nécessite un diagnostic précoce et

Introduction

Epidémiologie des FHV

Page 2: Les fièvres hémorragiques virales

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Les fièvres hémorragiques virales H. Zeller, M.C. Georges-Courbot

une vigilance accrue des cliniciens et dupersonnel de soin dans les zones d’endé-mie majeure ou d’émergence potentielle,ainsi qu’une information de la popula-tion. Des cas d’importation peuvent aussiêtre observés [2, 3]. La manipulation deces virus nécessite des laboratoires desécurité biologique de type 3 ou 4 pourassurer la protection de l’environnementet du manipulateur [4]. Les traitementsantiviraux spécifiques n’existent que pourquelques virus et doivent être entreprisrapidement. Les propriétés de certainsde ces virus, parmi les plus pathogènesen font des agents potentiels d’armesbiologiques.

Par ordre d’importance, la dengue(DEN) représente la première arbovi-rose avec une très large distribution géo-graphique dans les régions tropicales ettouchant chaque année entre 50 et100 millions de personnes. Elle esttransmise par des moustiques du genreAedes largement répandus en zones tro-picales (tableau 1) [5]. La plupart desinfections sont inapparentes ou frustes.Il existe 4 virus différents de dengue quico-circulent et qui ne présente pas d’im-

munité croisée entre eux. Plusieurs dizainesde milliers de cas de formes hémorragi-ques sont rapportés chaque année, avecdes centaines de décès, notamment chezles jeunes enfants mais également des for-mes neurologiques. La fièvre jaune (YF),transmise également par des Aedes estprésente en Afrique subsaharienne(Afrique australe exclue) et en Amériquedu Sud. Malgré un vaccin efficace, desépidémies ont été signalées en 2005 enAfrique de l’Ouest (Guinée, Sénégal,Mali, Burkina Faso) et Afrique de l’Est(Soudan) et au Venezuela. Des cas d’im-portation sont régulièrement rapportéschez des touristes non immunisés (Bel-gique 2001, USA 2002) [6]. D’autres FHplus rares comme la FH d’Omsk pré-sente en Russie, la FH de la forêt de Kya-sanur en Inde (état de Kérala), ou biencelle liée au virus Alkhurma en ArabieSaoudite sont transmises par des tiques[7]. Les virus responsables de ces diffé-rentes infections appartiennent à la fa-mille des Flaviviridae, genre Flavivirus.Ce sont des virus enveloppés à ARN simplebrin de polarité positive.

D’autres virus enveloppés à ARN simplebrin tri-segmenté de polarité négativede la famille des Bunyaviridae induisentdes FHV. Le virus de la fièvre de la valléedu Rift (RVF), du genre Phlebovirus, et

transmis par des moustiques est respon-sable d’épizooties au niveau du cheptel.Les petits ruminants sont particulière-ment sensibles avec avortements et mor-talité des jeunes animaux, et ce avantgénéralement l’apparition de cas chezl’homme. Présente en Afrique sub-saha-rienne et Madagascar, la RVF a été res-ponsable d’épidémies majeures enÉgypte (1977, 1993), Mauritanie (1987)et Éthiopie (1997), et a brusquementémergé hors d’Afrique en Arabie Saou-dite et au Yémen en 2000 [8]. Le virus dela FH de Crimée-Congo (CCHF) transmispar des tiques présente une aire de ré-partition géographique très large en Afri-que et en Eurasie. L’homme se contaminepar piqûre de tiques infectées (tiquesdures dont les Hyalomma sp. souventprésentes sur le cheptel) ou par conta-mination directe lors de l’abattage d’ani-maux en phase de virémie [9]. L’infectionchez les animaux est totalement asymp-tomatique. Les cas humains sont spora-diques mais parfois lors d’une intensecirculation virale chez les tiques, l’épi-sode peut prendre un caractère épidé-mique comme au Kosovo en 2001 ou enTurquie en 2003 [10]. Des infectionsnosocomiales sont rapportées dans lesrégions où les mesures de protection dupersonnel soignant sont défaillantes. Enfévrier 2003 à l’hôpital de Nouakchott

Les arbovirus responsables de fièvres hémorragiques

Tableau 1Principaux virus responsables de fièvres hémorragiques.Main Viruses responsible for haemorragic fevers.

Genre Vecteur/Réservoir Maladie/Virus Localisation Classe

Flavivirus moustique"tique""

Fièvre jaune (YF) = virus amarilDengue (DEN) 1 2 3 4Maladie de la forêt de Kyasanur (KFD)Fièvre hémorragique d’Omsk (OMSK)Alkhurma (ALK)

Afrique, Am. SudTropiquesInde (Mysore)RussieArabie Saoudite

33333

Phlebovirus moustique Fièvre de la vallée du Rift (RVF) Afrique, Arabie 3

Nairovirus tique Fièvre hémorragique de Crimée Congo (CCHF) Afrique, Moyen-Orient Eurasie 4

Arenavirus rongeurrongeurrongeur?rongeur

F.H. d’Argentine (Junin : JUN)F.H. de Bolivie (Machupo : MAC)F.H. du Venezuela (Guanarito : GTO)FH du Brésil (Sabia : SAB)Fièvre de Lassa (LAS)

ArgentineBolivieVenezuelaBrésilzone Guinée-Nigeria

44444

Filovirus chauve-souris??

Ebola (EBO Zaire, Soudan)Ebola Côte d’IvoireMarburg (MBG)

Afrique centraleCôte d’IvoireAfrique Est, centrale

444

Hantavirus rongeur Fièvre hémorragique à syndrome rénal (FHSR) : (Hantan (HTN), Seoul (SEO), Puumala (PUU), Dobrava (DOB), Saarema (SAA)

Eurasie 2 et 3

" Syndrome Pulmonaire à Hantavirus (HPS) : Sin Nombre (SN), Andes (AND), …

Amériques 3

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ANTIBIOTIQUES, 2006 ; 8 : 215-220© 2006. ELSEVIER MASSON SAS. TOUS DROITS RÉSERVÉS

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Pathologie infectieuse

en Mauritanie, l’admission d’un patientau service des urgences a engendré 15 casd’infections nosocomiales dont 5 cas(2 décès) parmi le personnel soignant[11]. Un cas d’importation en France aété identifié fin 2004 en provenance duSénégal [12].

Plusieurs virus sont transmis par inhala-tion de poussières contaminées par desdéjections de rongeurs excréteurs de vi-rus comme les arénavirus. Ce sont desvirus à ARN monobrin bi-segmenté depolarité ambisens. Le virus de la fièvrede Lassa (LAS) est rencontré en Afriquede l’Ouest de la Guinée au Nigeria. Leprincipal réservoir du virus est un ron-geur péri-domestique (Mastomys nata-lensis) qui excrète le virus, l’hommes’infectant par inhalation de poussièrescontaminées. Des infections nosocomialessont décrites en milieu hospitalier dansdes conditions d’hygiène aléatoires. Ladécouverte du virus en 1969 s’est soldéepar la contamination des deux cher-cheurs qui l’ont isolé et le décès de l’und’entre eux. Cet accident a été à l’originede la mise en place de laboratoires dehaute sécurité. Les principaux foyers sontlocalisés au Sierra Leone et Liberia et auNigeria. Certaines estimations avancentplus de 30 000 cas cliniques de fièvre deLassa chaque année mais l’instabilitépolitique dans les régions concernées nepermet pas d’évaluer la situation réellede cette virose. En 2000, 4 cas de fièvrede Lassa d’importation en Europe, tousmortels, ont été diagnostiqués [13].D’autres arénavirus circulent en Amériquedu Sud : Junin en Argentine, Machupoen Bolivie, Sabia au Brésil et Guanarito auVenezuela [14].

Les Filoviridae incluant les virus Ebola(EBO) et le virus Marburg (MBG) sontdes virus à ARN monobrin, non seg-menté de polarité négative. Les infectionspar ces filovirus en Afrique Centrale sontlocalisées : environ 2 500 cas suspects autotal ont été signalés dans le monde de-puis l’identification de ces virus en 1967pour Marburg et en 1976 pour Ebola,mais le taux de mortalité peut atteindre90 %. Une douzaine d’épidémies identi-fiées : 4 au Gabon, 3 en République Dé-mocratique du Congo, 3 au Soudan,

1 en Ouganda, en Angola, 3 en Républi-que du Congo [1, 15]. La gravité desépidémies est liée à la contagiosité de cesvirus à l’origine de chaînes de transmis-sion intra-familiales et intra-hospitalières.Le personnel soignant directement ex-posé a payé un lourd tribu lors de cesépisodes [15]. Il existe plusieurs virusEbola différents en Afrique : Soudan,Zaïre et Côte d’Ivoire. La manipulationde grands singes morts en forêt a été àl’origine de plusieurs épidémies d’Ebolapour lequel les chauves-souris sont unréservoir potentiel [16]. Un autre virusEbola Reston identifié à Reston enVirginie (Etats-Unis) chez des singes enquarantaine en provenance des Philip-pines n’est pas considéré comme patho-gène pour l’homme [17].

Les Hantavirus, autres virus de la fa-mille des Bunyaviridae sont responsablesde Fièvres hémorragiques à syndromerénal (FHSR) dans lesquelles l’atteinterénale et la diurèse après la phase fébrilesont des marqueurs pathognomoniques[18]. Ils sont présents en Asie (Hantaan,Seoul), en Europe (Puumala, Dobrava,Saarema). Comme pour les Arenaviridae,chaque virus est inféodé à une espèce derongeur comme le virus Puumala enFrance chez le campagnol roussâtre,Clethrionomys glareolus [19]. Sur lecontinent américain, d’autres hantaviruscirculent comme Sin Nombre ou Andes ;ils sont responsables de syndrome de dé-tresse respiratoire (HPS) avec un fort tauxde mortalité [20].

La plupart des virus responsables de FHVont une affinité pour le système vascu-laire se traduisant par une augmentationde la perméabilité vasculaire et l’appa-rition de signes comme des injectionsconjonctivales ou des pétéchies associéesavec de la f i èvre e t des myalg ies(tableau 2). Des hémorragies multiplesmassives peuvent survenir s’accompa-gnant d’état de choc et de défaillancecirculatoire. La relative sévérité des ma-nifestations cliniques est très variable etdépend de multiples facteurs dont le vi-rus en cause, la charge virale et le moded’exposition [21]. Des études in vitrosuggèrent le rôle de certaines cytokinesdans l’induction de la perméabilité vas-culaire. Chez les singes infectés expéri-mentalement par Ebola, les monocytes,

macrophages et cellules dendritiquessont des cibles précoces et privilégiées,les cellules endothéliales étant infectéesplus tardivement [22, 23]. Une réponseimmune inadéquate ou retardée peutaboutir au développement d’une fortevirémie non contrôlée [24]. Des attein-tes et nécrose de certains organes ciblessont aussi rapportées. L’atteinte hépati-que est surtout observée pour la fièvrejaune, les filovirus, la fièvre de la valléedu Rift et Crimée Congo. Les atteintesrénales sont spécifiques des hantavirusmais peuvent aussi survenir pourd’autres viroses. Les hémorragies peu-vent être majeures pour les virus CCHF,YF, DEN, Ebola ou Marburg.

Les périodes d’incubation sont variablesen moyenne de 2 à 7 jours pour la plu-part des arbovirus, de 3 à 15 jours pourles filovirus et les arénavirus, de 2 à 5 se-maines pour les hantavirus. Les formescliniques bénignes se caractérisent parun syndrome fébrile pseudo-grippal avecforte fièvre, des myalgies, des lombalgies,des frissons, des nausées et vomissements,et une prostration. La durée de la maladieest le plus souvent de 3-5 j suivie d’unecomplète récupération dans les 2 semai-nes. Les formes plus sévères compren-nent une seconde phase s’accompagnantd’atteinte hépatique avec ictère pourla fièvre jaune et CCHF, de douleurs ab-dominales, épistaxis, gingivorragies, hé-morragies conjonctivales, albuminurieet anurie. Des formes fulminantes en2-5 jours sont rapportées. L’apparitionvers le 4e jour d’une éruption maculo-pa-puleuse sur la face, le tronc, les mem-bres pour les infections EBO et MBGest habituellement d’un mauvais pronos-tic et annonce l’apparition des signeshémorragiques. Il n’y a pas d’ictèremais une oligurie marquée. PourCCHF, les manifestations hémorragi-ques apparaissent entre le 4e et 5e jouravec hématémèse et méléna [9].

Des atteintes neurologiques peuventaussi survenir pour CCHF, RVF ou LASsous formes de tremblements, convul-sions, coma. Des manifestations oculairessont rapportées pour la RVF avec pertede vision centrale dans les 7 à 20 jourssuivant le début des symptômes. PourLAS, le début de la maladie est insi-dieux avec fièvre, faiblesse générale et

Les viroses transmises par des rongeurs et autres mammifères

Pathophysiologie

Clinique

Page 4: Les fièvres hémorragiques virales

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Les fièvres hémorragiques virales H. Zeller, M.C. Georges-Courbot

malaise, puis apparition de douleurspharyngées, toux, conjonctivite, ainsiqu’un œdème facial et parfois des hémor-ragies sous-conjonctivales et saignementsdiscrets (gengivorragies, epistaxis).

Le taux de mortalité varie de 1 à 30 %pour la plupart des arbovirus et des aré-navirus, et à plus de 70 % pour les filovi-rus. La grossesse est un facteur de risqueimportant pour LAS : la mortalité ma-ternelle est particulièrement élevéependant le 3e trimestre, et le taux demortalité fœtale proche de 100 % [25].Le taux de mortalité est de 0 à 5 % pourles hantavirus responsables de syn-drome rénaux (aucune mortalité asso-ciée au virus Puumala présent enFrance) et de 30 à 50 % pour les hanta-virus à syndrome pulmonaire) [20].

DIAGNOSTIC CLINIQUE

Le diagnostic clinique de FHV n’est passpécifique, les hémorragies qui ne sontpas toujours présentes peuvent se mani-fester sous forme de troubles de la coa-gulation, gingivorragies, vomissements

sanglants et diarrhées sanglantes. La re-cherche d’étiologies microbiennescomme la typhoïde ou des septicémieshémorragiques à méningocoques, ric-kettsiose, leptospirose, ou bien d’hépatitesvirales, et éventuellement de toxicosesdoit être entreprise. Un diagnostic diffé-rentiel doit être fait en fonction de la zonegéographique de contamination poten-tielle notamment pour le paludisme,(gouttes épaisses répétées, recherched’antigène). Le diagnostic virologique estréalisé principalement sur sang total(sérum) et EDTA, mais aussi en fonc-tion du contexte clinique sur LCR, ouprélèvements biopsiques (foie, peau…)[26, 27]. La recherche du virus LAS surles urines est aussi possible. La fixationau formaldéhyde à 10 % pour les prélève-ments biopsiques est requise pour l’im-munohistochimie.

DIAGNOSTIC VIROLOGIQUE

Il est basé sur l’identification directe del’agent causal en association avec uneinvestigation sérologique, la présenceconcomitante de génome viral et d’IgMcorrespondantes pouvant être observée.

La recherche directe du virus est faitepar RT-PCR (en temps réel ou classique),capture d’antigène et secondairementl’isolement viral [28-31]. La RT-PCR estindiquée dans les 5-6 jours suivant ledébut des signes cliniques pour les virusDEN, YF, RVF et jusqu’à 10-12 jourspour les arenavirus, filovirus et mais aussipour CCHF (figure 1). Les techniquesELISA (type immuno-capture) et im-munofluorescence sont habituellementutilisées pour le diagnostic sérologique[32, 33]. Dans les formes graves à issuefatale, la réponse immunitaire IgM peutêtre totalement absente, avec une chargevirale importante [34]. Le diagnostic deshantaviroses se fait habituellement parsérologie, les anticorps IgM étant pré-sents lors de la phase clinique. L’utilisationde tests rapides type bandelettes permetune différenciation rapide avec d’autresinfections comme la leptopsirose et d’éviterdes prescriptions inappropriées. Des tech-niques d’identification par RT-PCR ontété développées [35]. Tout résultat deFHSR (test positif ou douteux) doitêtre confirmé au CNR des FHV qui re-cueille également des informations épi-démio-cliniques correspondantes.

Diagnostic

Tableau 2Signes cliniques des fièvres hémorragiques virales selon l’agent étiologique, vaccins et traitement.Clinical pictures of haemorragic fevers as a function of aetiological agent, vaccines and treatment.

VIRUS Ebola Marburg

Fièvre de la vallée

du Rift

Fièvre de Crimée-

Congo

Fièvre jaune Dengue Fièvre

de LassaArenavirus Am du sud

Hantavirus Syndrome

rénal

Hantavirus Syndrome

pulmonaire

Classe de biosécurité 4 3 4 3 3 4 4 2 et 3 3

Incubation 3-15 j 2-7 j 1-12 j 3-8 j 3-10 j 5-15 j 7-14 j 2-5 semaines 2-5 semaines

Létalité (%) 50-90 0-10 5-30 10-70 1 10-15 5-50 0-5 30-40

HémorragiesRashPétéchiesEcchymosesMéléna

++++++++

+++

++

++

+++

+++++++

+++

+

++++++

+ +++

++

+

+++++

+

Choc +++ ++ +++ +++ +++ +++ +++ + ++

Atteinte hépatique + +++ +++ +++ +

Atteinte rénale + + + ++ + +++ +

Atteinte nerveuse + ++ + + ++ ++

Atteinte oculaire + +

Oedème +++ ++ ++ ++

Atteinte pulmonaire +/- +++

Traitement ribavirine + +

Vaccin humain non non non Oui non non Oui (JUN)* Oui (HTN)° non

* Vaccin Candid-1 pour le virus Junin (Argentine). ° Vaccin pour le virus Hantaan (Corée, Chine).

Page 5: Les fièvres hémorragiques virales

ANTIBIOTIQUES, 2006 ; 8 : 215-220© 2006. ELSEVIER MASSON SAS. TOUS DROITS RÉSERVÉS

219

Pathologie infectieuse

PROCÉDURES D’EXPÉDITION

Les prélèvements doivent être envoyésau CNR des FHV accompagnés de lafiche de renseignements indispensablepour la mise en œuvre des diagnosticset l’interprétation des résultats. Leséchantillons à tester (sang sur tube sec,sang sur EDTA) seront acheminés à4 °C par un transporteur agréé en tripleemballage selon la procédure pour toutéchantillon biologique potentiellementinfectieux à visée diagnostique, UN 3373[26]. Pour toute expédition d’unéchantillon infectieux avec suspiciond’agent de classe 4, un contact préala-ble avec le CNR est indispensable pourassurer la traçabilité de l’envoi et l’ini-tiation du diagnostic d’urgence en P4.

La ribavirine s’est montrée efficace pourle traitement de la fièvre de Lassa, ainsique dans celui des FHV d’Amérique dusud et pour la CCHF si le traitement estentrepris dans les 6 jours suivant le dé-but des signes cliniques [36-38]. Elle estutilisée par voie intraveineuse ou parvoie orale en parallèle avec un suivi bio-logique régulier des effets secondairesréversibles éventuels liés à la molécule(hémolyse modérée et suppression del’érythropoïèse).

Il n’y a pas de vaccins à usage humainen dehors du vaccin amaril 17 D (vaccin

vivant atténué fabriqué sur fibroblastesde poulet comprenant une seule injec-tion, à renouveler tous les 10 ans selonles règlements de vaccination interna-tionale), et le vaccin Candid 1 pour Ju-nin destiné uniquement à la populationexposée en Argentine dans la régionconcernée (agriculteurs…) [39]. Un vac-cin contre le virus Hanta est utilisé enCorée et Chine mais son efficacité de-mande d’être réévaluée [40]. Le déve-loppement de vaccins tétravalents pourla dengue fait l’objet de nombreuses re-cherches [41, 42]. De même, différentsvaccins expérimentaux ont été mis aupoint pour les filovirus ainsi que pour lafièvre de Lassa mais les applicationspour l’homme restent encore lointaines[43-47].

CONCLUSION

La prévention des FHV allie, à uneconnaissance des modes de transmis-sion de ces viroses, un respect des mesuresstrictes d’hygiène pour les soins des pa-tients suspects. L’identification rapidede l’étiologie passe par un dialogue entrecliniciens, virologistes, épidémiologisteset logisticiens. Elle permet d’adapter lesmesures en matière d’isolement de traite-ment antiviral éventuel ainsi que la re-cherche éventuelle des cas contacts. Surle terrain, l’information de la populationet une forte mobilisation sociale doiventêtre la priorité première pour arriver à

Traitement et prévention

FIG. 1. — Cinétique de la virémie et de l’apparition des anticorps IgM et IgG des principauxvirus responsables de fièvres hémorragiques, et stratégie en terme de diagnostic.

FIG. 1. — Kinetics of viremia and of IgM and IgG antibodies of the main viruses responsiblefor haemorragic fevers, and strategies for the diagnosis.

Antigène capture

RT-PCR

IgGIgM

Isolement

Sérologie :ELISA IgM IgG, IF…

Début des signes cliniques

80 4 1612

Virémie Dengue, fièvre jaune, Rift

Virémie Arenavirus , Filovirus , Crimée-Congo

juguler rapidement les épidémies, no-tamment celles liées aux filovirus. Desefforts de recherche sont entrepris pourpouvoir disposer de thérapeutiques an-tivirales spécifiques ainsi que de vaccinsadaptés.

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Références

Pour toute information complémentaire, contacter :

Centre National de Référence des Fièvres hémorragiques virales

21 avenue Tony Garnier, 69365 Lyon cedex 07

Tél. : 04 37 28 24 21/57, Fax 04 37 28 24 51

[email protected], [email protected]

site : http://www.pasteur.fr/sante/clre/cadrecnr/arboFHV-index.html

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