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L es insectes pollinisent 70% des plantes à fleurs sauvages ou cultivées et rendent ainsi un service écologique très important. Mais l’évolution du changement climatique, l’uniformisation du paysage, le changement d’utilisation des sols, l’urbanisation… conduisent à une disparition progressive de ces pollinisateurs et de leurs ressources alimentaires. Pour remédier à cette situation, les agriculteurs peuvent jouer un rôle déterminant. La pollinisation correspond au transport des grains de pollen de l’anthère au stigmate de la même fleur ou d‘une autre fleur. Les insectes représentent 69 à 80% de la faune mondiale et sont majoritairement floricoles. En recherchant leur nourriture ou leur partenaire pour la reproduction, ils favorisent le transport de pollen. En Europe, 80% des espèces végétales sauvages dépendent de la pollinisation par les insectes et 84% des espèces cultivées. Plantes et insectes ont donc instauré des relations interdépendantes au fil de l’évolution en misant sur un service gagnant-gagnant. Le service de pollinisation rendu aux cultures alimentaires est estimé à 153 milliards d’euros par an. En France, les espèces cultivées qui dépendent le plus des insectes pollinisateurs sont : les variétés fruitières (fraise, pomme, poire), les espèces de grandes cultures (colza, féverole, tournesol…) et les légumineuses fourragères (luzerne, trèfles). Les fleurs, indispensables pour les insectes pollinisateurs • Il existe près de 20 000 espèces d’abeilles dans le monde – 2 000 en Europe ; 1 000 en France. 300 espèces d’abeilles sauvages en Hauts de France (Cavro 1956). • 80% des abeilles sauvages sont solitaires (ex : osmies) et 20% vivent en colonie (ex : bourdons). • Selon une analyse réalisée à partir de 42 études menées à l’échelle mondiale, la pollinisation maximale est obtenue par l’interaction de l’abeille domestique et des abeilles sauvages. • Les mosaïques de cultures et d’infrastructures agro- écologiques contribuent à un niveau de diversité et d’abondance des abeilles sauvages. Elles y trouvent ressources florales variées et matériaux de nidification. Le saviez-vous ? Les pollinisateurs : des petites b ê tes au grand pouvoir FAMILLE ESPÈCES Hyménoptères Abeilles domestiques (Apis mellifera), abeilles sauvages (andrènes, bourdons, osmies…), guêpes, tenthrèdes Diptères Syrphes, mouches Lépidoptères Papillons Coléoptères Scarabées, coccinelles, cétoines… Quel insecte est le plus pollinisateur ?

Les fleurs, indispensables pour les insectes pollinisateurs · pollinisateurs • Il existe près de 20 000 espèces d’abeilles dans le monde – 2 000 en Europe ; 1 000 en France

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Page 1: Les fleurs, indispensables pour les insectes pollinisateurs · pollinisateurs • Il existe près de 20 000 espèces d’abeilles dans le monde – 2 000 en Europe ; 1 000 en France

Les insectes pollinisent 70% des plantes à fleurs sauvages ou cultivées et rendent ainsi un service écologique très important. Mais l’évolution du changement climatique, l’uniformisation du paysage, le changement d’utilisation des sols, l’urbanisation…

conduisent à une disparition progressive de ces pollinisateurs et de leurs ressources alimentaires.

Pour remédier à cette situation, les agriculteurs peuvent jouer un rôle déterminant.

La pollinisation correspond au transport des grains de pollen de l’anthère au stigmate de la même fleur ou d‘une autre fleur. Les insectes représentent 69 à 80% de la faune mondiale et sont majoritairement floricoles. En recherchant leur nourriture ou leur partenaire pour la reproduction, ils favorisent le transport de pollen. En Europe, 80% des espèces végétales sauvages dépendent de la pollinisation par les insectes et 84% des espèces cultivées.

Plantes et insectes ont donc instauré des relations interdépendantes au fil de l’évolution en misant sur un service gagnant-gagnant.Le service de pollinisation rendu aux cultures alimentaires est estimé à 153 milliards d’euros par an. En France, les espèces cultivées qui dépendent le plus des insectes pollinisateurs sont : les variétés fruitières (fraise, pomme, poire), les espèces de grandes cultures (colza, féverole, tournesol…) et les légumineuses fourragères (luzerne, trèfles).

Les fleurs, indispensables pour les insectes pollinisateurs

• Il existe près de 20 000 espèces d’abeilles dans le monde – 2 000 en Europe ; 1 000 en France. 300 espèces d’abeilles sauvages en Hauts de France (Cavro 1956).

• 80% des abeilles sauvages sont solitaires (ex : osmies) et 20% vivent en colonie (ex : bourdons).

• Selon une analyse réalisée à partir de 42 études menées à l’échelle mondiale, la pollinisation maximale est obtenue par l’interaction de l’abeille domestique et des abeilles sauvages.

• Les mosaïques de cultures et d’infrastructures agro-écologiques contribuent à un niveau de diversité et d’abondance des abeilles sauvages. Elles y trouvent ressources florales variées et matériaux de nidification.

Le saviez-vous ?

Les pollinisateurs : des petites bêtes au grand pouvoir

Famille espèces

HyménoptèresAbeilles domestiques (Apis mellifera), abeilles sauvages (andrènes, bourdons, osmies…), guêpes, tenthrèdes

Diptères Syrphes, mouches

Lépidoptères Papillons

Coléoptères Scarabées, coccinelles, cétoines…

Quel insecte est le plus pollinisateur ?

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Agriculture & pollinisateurs, l’équation gagnante

les insectes pollinisateurs ont besoin de ressources alimentaires, enparticulier de pollen* et de nectar**. Toutes les fleurs produisent du pollen et sécrètent du nectar mais en quantités variables selon les espèces. la floraison s’échelonne tout au long de l’année (de février à octobre avec une concentration au printemps) pour les plantes du milieu naturel et se raréfie au fil des mois hormis en zones boisées (fleurs de ronce ou de lierre).

Jachères : une possibilité de ressource florale tout au long de l’année

POLLEN*élément mâle pour la reproduction des plantes, source de protéines et d’oligo-éléments pour les abeilles.

NECTAR**substance sucrée produite dans les fleurs pour attirer les insectes pollinisateurs, source d’énergie (sucres) et d’eau, essentielle pour la production de miel.

De par son occupation territoriale, l’agriculture contribue à la ressource alimentaire des pollinisateurs, notamment dans les périodes de disette à partir de l’automne. Avec des pratiques culturales adaptées, l’agriculteur peut leur apporter des moyens de subsistance, que ce soit sur des zones ponctuelles (parcelles gelées, bandes tampons, bords de champ) ou plus vastes dans le cadre des cultures intermédiaires dès lors qu’elles sont semées au plus vite après les récoltes estivales. L’association de légumineuses et colzas est aussi une piste prometteuse pour offrir une ressource florale diversifiée dès le mois de septembre. Sans oublier les éléments naturels du paysage (arbres, haies,..).

Parmi les différentes espèces autorisées dans le cadre des jachères classiques, certaines peuvent fournir une alimentation très utile aux pollinisateurs. Pour une ressource diversifiée, il est recommandé d’associer plusieurs espèces avec des périodes de floraison échelonnées tout au long de l’année. Les Jachères Environnement Faune Sauvage (contrats spécifiques avec les Fédérations de Chasse) permettent de recourir à un choix d’espèces plus vaste.

A M J J A S OGesse commune x x x x xLotier corniculé x x x x

Lupin blanc amer x x xLuzerne commune x x x x

Mélilot x x x x xMinette x x x x x x xSainfoin x x x x

Serradelle x x xTrèfle blanc x x x x x

Trèfle d'alexandrie x x x x xTrèfle de perse x xTrèfle hybride x x x x xTrèfle incarnat x x x x

Trèfle souterrain x x x xTrèfle violet x x x x x

Vesce commune x x xVesce de cerdagne x x x

Vesce velue x x x

Période de floraisonLégumineuses autorisées

dans le cadre des jachères

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Le cultures intermédiaires ou cultures dérobées : un bon plan pour l’automne Ce type de couvert est installé entre deux cultures. Dès lors que son implantation est suffisamment précoce, c’est-à-dire avant fin juillet, le choix d’espèces à développement rapide peut aboutir à une floraison sur les mois de septembre et octobre.

Deux possibilités : • implantation après pois de conserve (couvert obligatoire après pois de conserve récolté avant le 15 juillet) dans le cadre du programme actuel en zones vulnérables.

• implantation après orge d’hiver (*), en général possible dès la mi-juillet.

Dans le cadre de cette occupation pérenne, la règlementation autorise d’autres espèces, et ce en association avec les espèces classiques. Celles-ci sont présentes dans les abords de parcelles et ont un grand intérêt pour les pollinisateurs

Attention dès lors que la jachère fait office de

bande tampon le long d’un cours d’eau, les légumineuses ne sont pas autorisées en pur, mais doivent obligatoirement être mises en mélange avec d’autres familles.

Cas particuliers : les bandes tampons

Achillée millefeuille Cirse laineux OriganBerce commune Grande marguerite Succise des près

Cardère Grande sanguisorbe Tanaisie vulgaireCarotte sauvage Léontodon variable Vipérine

Centaurée des prés Luzerne à écusson VulnéraireCentaurée scabieuse Luzerne faux-tribule

Chicorée sauvage Mauve musquée

Espèces autorisées dans le cadre des bandes tampons

(*) : attention pour les parcelles avec apport organique pendant la période d’interculture, le choix des espèces doit se faire parmi les espèces à développement rapide : phacélie, moutarde, radis fourrager, associations avoine+vesce commune ou avoine+trèfle d’Alexandrie.

Moutarde blanche 6 à 7 semaines 3 semainesPhacélie 7 à 9 semaines 7 à 9 semainesRadis 7 à 9 semaines 3 semaines

Sarrasin 4 à 6 semaines 4 à 15 semainesTournesol 7 à 9 semaines 3 semaines

Trèfle d'Alexandrie 7 à 9 semaines 6 semaines

Espèces à intérêt floral dans le cadre des cultures

intermédiairesDélai semis - début floraison Durée de floraison

Et pourquoi pas des messicoles !Avec l’évolution des pratiques agricoles, les messicoles ont aujourd’hui quasiment disparu de la région. Un plan national vise à les préserver, mais aussi à les réintroduire dans l’espace agricole.

Depuis 2016, la Chambre d’Agriculture suit quelques parcelles, en partenariat

avec le Conservatoire Botanique National de Bailleul. Ces premiers essais pourraient aboutir à la proposition de mélanges adaptés à notre région, avec une perspective d’implantation dans le cadre de petites parcelles en délaissé ou de bandes implantées au bord des champs.

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avec le concours financier de :

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AGRO-ÉCOLOG

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GIE

MINISTEREDE L’AGRICULTURE

ET DE L’ALIMENTATION

avec la contributionfinancière du compted’affectation spéciale

«Développement agricoleet rural »

Contact : chambre d’agriculture du Nord-pas de calais03.21.60.57.60 - www.nord-pas-de-calais.chambre-agriculture.fr

• Semer des couverts d’intercultures précocement avec des espèces pouvant fleurir à l’automne

• En jachère, favoriser des mélanges d’espèces floristiques pérennes et privilégier des plantes à floraison la plus étalée possible

• Conserver les éléments paysagers (prairie, haie, talus, arbre isolé, ….) sur l’exploitation agricole

• Implanter des haies diversifiées avec des espèces locales et encourager les haies multistrates

• Entretenir la diversité floristique dans les prairies

• Adopter un mode de gestion des bordures de champ respectueux de la floraison

• Protéger les surfaces et lisières forestières adjacentes aux cultures, véritables réservoirs de pollinisateurs

• Utiliser des espèces d’origine locale dans les jachères, prairies ou bandes fleuries

• Préserver les zones refuges tournantes ou de petites surfaces non fauchées ou pâturées

• Privilégier la fauche au broyage des bandes enherbées et favoriser une intervention tardive

Les bonnes pratiques pour favoriser les pollinisateurs

Des légumineuses compagnes dans nos cultures, une opportunitéLes légumineuses captent l’azote via leurs nodosités. De nouvelles pratiques se développent pour les associer à nos cultures. Ainsi, l’association de trèfle blanc ou de lotier corniculé lors du semis de colza permet d’installer un couvert de légumineuses qui prendra le relais après la récolte du colza, avec une floraison automnale des légumineuses. De quoi rassasier les insectes pour un petit moment.