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La Revue canadienne de la maladie d’Alzheimer et autres démences • 19 L e rôle important des aidants naturels, dans le maintien des personnes atteintes de démence dans la communauté, est largement reconnu, mais il s’agit d’une tâche ardue. Le fait de donner des soins peut s’accompagner de consé- quences négatives sur les plans physique, psychologique, social et financier 1 . La prise en charge doit donc viser à soutenir à la fois les personnes atteintes de démence et ceux qui en prennent soin. Le présent article porte sur les recommandations visant à assister les aidants familiaux des personnes atteintes de maladie d’Alzheimer (MA), émanant de la troisième Conférence canadienne de consensus sur le diagnostic et le traitement de la démence (CCCDTD3) 2 . L’ensemble des recommandations peut être con- sulté dans une série d’articles publiée dans le numéro d’octobre 2007 de la revue Alzheimer’s and Dementia. Le présent article met l’accent sur certaines des 28 recommandations, touchant la prise en charge de la MA et des autres démences en phase légère ou modérée 3 , qui concernent les aidants familiaux. Les nombres placés entre parenthèses, dans le présent article, renvoient aux numéros des recommandations dans l’article de Hogan et coll. 3 L’article de Gibson et coll. (dans le présent numéro de la Revue canadienne de la maladie d'Alzheimer et autres démences) qui traite de la démence grave dans le contexte des CSP, demeure pertinent pour les aidants familiaux de personnes atteintes de démence. Présentation du cas M me Brown est une dame de 76 ans, vivant avec son mari dans un quartier résidentiel de classe moyenne, dans une petite ville de la Le rôle des aidants naturels dans le maintien des personnes atteintes de démence dans la communauté est une tâche ardue. Le fait de donner des soins peut s’accompagner de conséquences négatives sur les plans physique, psychologique, social et financier. La prise en charge doit donc viser à soutenir les personnes atteintes de démence de même que ceux qui en prennent soin. Les recommandations visant à assister les aidants familiaux des personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer (MA) , émanant de la troisième Conférence canadienne de consensus sur le diagnostic et le traitement de la démence (CCCDTD3), représentent un premier pas vers le soutien des aidants naturels dans leur tâche vitale et ardue. Par Dorothy Forbes, I.A., Ph.D., Maggie Gibson, Ph.D., C.Psych. et David B. Hogan, M.D., FACP, FRCPC Prendre soin d’un proche atteint de démence Dorothy Forbes, I.A., Ph.D. Nouvelle chercheure IRCS, Professeure agrégée, École d’infirmerie, Faculté des sciences de la santé, University of Western Ontario, London (Ontario) Maggie Gibson, Ph.D., C.Psych. Psychologue, Programme de soins des vétérans, Parkwood Hospital, St. Joseph's Health Care London, London (Ontario) David B. Hogan, M.D., FACP, FRCPC Professeur et président, Brenda Strafford Foundation in Geriatric Medicine, University of Calgary, Calgary (Alberta) Les recommandations de la CCCDTD3 sur la démence Le fait de donner des soins peut s’accompagner de conséquences négatives sur les plans physique, psychologique, social et financier 1 . La prise en charge doit donc viser à soutenir à la fois les personnes atteintes de démence et ceux qui en prennent soin.

Les recommandations de la CCCDTD3 sur la démence …€¦ · Conférence canadienne de consensus sur le diagnostic et le traitement de la démence (CCCDTD3)2. L’ensemble des recommandations

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La Revue canadienne de la maladie d’Alzheimer et autres démences • 19

Le rôle important des aidantsnaturels, dans le maintien des

personnes atteintes de démencedans la communauté, est largementreconnu, mais il s’agit d’une tâcheardue. Le fait de donner des soinspeut s’accompagner de consé -quences négatives sur les plansphysique, psychologique, social etfinancier1. La prise en charge doitdonc viser à soutenir à la fois les

personnes atteintes de démence etceux qui en prennent soin.

Le présent article porte sur lesrecommandations visant à assisterles aidants familiaux des personnesatteintes de maladie d’Alzheimer(MA), émanant de la troisièmeConférence canadienne de consensussur le diagnostic et le traitement de ladémence (CCCDTD3)2. L’ensembledes recommandations peut être con-

sulté dans une série d’articles publiéedans le numéro d’octobre 2007 de larevue Alzheimer’s and Dementia. Leprésent article met l’accent sur certaines des 28 recommandations,touchant la prise en charge de la MAet des autres démences en phaselégère ou modérée3, qui concernent

les aidants familiaux. Les nombresplacés entre parenthèses, dans leprésent article, renvoient auxnuméros des recommandations dansl’article de Hogan et coll.3 L’articlede Gibson et coll. (dans le présentnuméro de la Revue canadienne de lamaladie d'Alzheimer et autresdémences) qui traite de la démencegrave dans le contexte des CSP,demeure pertinent pour les aidants

familiaux de personnes atteintes dedémence.

Présentation du casMme Brown est une dame de 76 ans, vivant avec son mari dansun quartier résidentiel de classemoyenne, dans une petite ville de la

Le rôle des aidants naturels dans le maintien des personnes atteintes de démence dans lacommunauté est une tâche ardue. Le fait de donner des soins peut s’accompagner deconséquences négatives sur les plans physique, psychologique, social et financier. La prise encharge doit donc viser à soutenir les personnes atteintes de démence de même que ceux quien prennent soin. Les recommandations visant à assister les aidants familiaux des personnesatteintes de la maladie d’Alzheimer (MA) , émanant de la troisième Conférence canadiennede consensus sur le diagnostic et le traitement de la démence (CCCDTD3), représentent unpremier pas vers le soutien des aidants naturels dans leur tâche vitale et ardue.

Par Dorothy Forbes, I.A., Ph.D., Maggie Gibson, Ph.D., C.Psych. et David B. Hogan, M.D., FACP, FRCPC

Prendre soin d’un proche atteint de démence

Dorothy Forbes, I.A., Ph.D.Nouvelle chercheure IRCS,Professeure agrégée, Écoled’infirmerie, Faculté des sciencesde la santé, University of WesternOntario, London (Ontario)

Maggie Gibson, Ph.D., C.Psych. Psychologue, Programme de soinsdes vétérans, Parkwood Hospital, St. Joseph's Health Care London,London (Ontario)

David B. Hogan, M.D., FACP,FRCPCProfesseur et président, BrendaStrafford Foundation in GeriatricMedicine, University of Calgary,Calgary (Alberta)

Les recommandations de la CCCDTD3 sur la démence

Le fait de donner des soins peut s’accompagner deconséquences négatives sur les plans physique,

psychologique, social et financier1. La prise en chargedoit donc viser à soutenir à la fois les personnes

atteintes de démence et ceux qui en prennent soin.

20 • La Revue canadienne de la maladie d’Alzheimer et autres démences

Saskatchewan. Elle a complété sesétudes secondaires puis est devenuemère au foyer. Ses deux filles mariées vivent dans la même régionet ont elles-mêmes quatre enfants.Les filles s’entendent bien entreelles et avec leurs parents.

La clinique multidisciplinaireRural and Remote Memory Clinic a

récemment diagnostiqué chez Mme

Brown une MA débutante. Sonmari a noté une détérioration pro-gressive de la mémoire de sa femme(à savoir : troubles de la mémoirerécente, léger manque du mot, diffi-cultés à suivre des instructionscomplexes). Les problèmes ontdébuté de façon progressive il y atrois ans environ, et évoluent gradu-ellement depuis lors. Au cours dessix derniers mois, Mme Brown s’estmise à avoir besoin d’aide dansplusieurs activités de la vie quotidi-enne, comme d’utiliser la machineà laver et de préparer les repas.Moyennant rappels et supervision,elle arrive à s’habiller et à prendreson bain. Elle a parfois de la diffi-culté à dormir et M. Brown l’aretrouvée en train de se promenerdans la maison durant la nuit. Ellene conduit plus, car son mari craintqu’elle ne se perde. Son engage-ment auprès des groupes de laparoisse a diminué au cours desdeux dernières années, depuisqu’elle a plus de difficulté à par-

ticiper aux réunions. Au cours deleurs dernières vacances, Mme

Brown ne quittait pas son marid’une semelle et devenait trèsinquiète si elle le perdait de vue.Elle soutient que ses problèmes demémoire sont dus au vieillissementet ne croit pas être atteinte de MA.

Lors de l’évaluation, le score de

Mme Brown au MMSE (Mini-Mental State Examination ou testde Folstein) était de 23/30. Elleniait être déprimée et son score àl’échelle Geriatric DepressionScale (échelle de dépression engériatrie) était de 2/15. L’examenphysique était sans particularité, etne comportait aucun signe neu-rologique de localisation. Mme

Brown a accepté de prendre de lagalantamine; ce médicament,comme les deux autres inhibiteursde la cholinestérase disponibles auCanada, offre de modestes béné-fices dans le traitement de la MAlégère. Il n’y a aucun antécédentfamilial de démence. Mme Brownprésente une hypertension,maîtrisée par médicament. Elle esten bonne santé par ailleurs. M. etMme Brown ne fument pas et neboivent pas d’alcool.

M. Brown possède un diplômeuniversitaire en nutrition; il a tra-vaillé pour la Saskatchewan FoodProcessors Association. Depuiscinq ans, il présente un diabète traité

par médicament oral et régime. Ilprésente également une hyperten-sion maîtrisée par des médicaments.M. Brown a subi une légère crisecardiaque il y a un an. Après sonhospitalisation, il a participé à unprogramme de réadaptation car-diaque durant six mois. Il est suivide près par son médecin de famille.

Discussion du cas : lespremières étapesAprès son diagnostic de MA, Mme Brown devrait être revue parson médecin de première ligne(recommandation 1) afin de discuterdes points suivants : certitude dudiagnostic, pronostic, questions desécurité telles que conduite automo-bile, options de traitement, disponi-bilité de groupes de soutien etd’autres services, importance de laplanification (notamment : mettre àjour son testament, rédiger unedirective préalable et une procura-tion durable [recommandation 6]).Idéalement, non seulement Mme

Brown mais également son mari etses deux filles (si elles le désirent),devraient participer à ces discus-sions de façon à ce que tous appren-nent les informations de premièremain. Ceci permettrait à chacund’obtenir réponses à ses questions,et de voir ses besoins exprimés etreconnus. Il pourra être nécessaired’organiser des rencontres hors dela présence de Mme Brown (recom-mandation 26).

Naturellement, Mme Brown étaitperturbée lorsqu’elle a reçu sondiagnostic (recommandation 6).Elle devenait agitée lorsque safamille utilisait le terme de MA.Parler de la prise en charge de sesproblèmes de mémoire pourrait lui

Les recommandations de la CCCDTD3 sur la démence

Les personnes atteintes de démence présentent engénéral au moins une comorbidité, telle quel’hypertension, mais on ne peut se fier totalement àelles pour prendre soin de leurs problèmes de santé; ilfaut donc s’appuyer surtout sur les aidants naturels

La Revue canadienne de la maladie d’Alzheimer et autres démences • 21

paraître plus acceptable. Il seraitplus approprié de miser sur desmoyens non pharmacologiques,pour traiter son anxiété légère, qued’utiliser un psychotrope. En plusde leurs autres problèmes poten-tiels, les médicaments psychotropespourraient atténuer l’efficacité de lagalantamine.

Les membres de la famille ontbesoin de soutien, d’informations etde formation (recommandation 26).Il convient de les diriger vers laSociété Alzheimer de la région, p. ex.: (www.alzheimer.sk.ca/english/support/#support_for_caregivers) dans le cas de Mme

Brown). Le programme PremierLien, là où il est offert, permet demettre en contact les personnesvenant de recevoir un diagnostic deMA et leurs aidants avec une com-munauté d’apprentissage, de serviceset de soutien (www.alzheimerott.org/first_link). VON Canada est àélaborer une ressource d’informationà guichet unique ainsi qu’une lignetéléphonique d’information dispo -nible en tout temps aux aidantsnaturels. M. Brown devrait égale-ment contacter le programme localde soins à domicile, qui pourrait luidonner des informations sur lesressources disponibles dans la com-munauté, faire de la prévention,fournir de l’aide pour les soins per-sonnels au besoin et informer M. Brown sur les services de répitdisponibles, comme des programmesde jour et des services de répit àdomicile.

Traitement de la MA et descomorbiditésLes personnes atteintes de démenceprésentent en général au moins une

comorbidité, telle que l’hyperten-sion, mais on ne peut se fier totalement à elles pour prendre soinde leurs problèmes de santé; il faut donc s’appuyer surtout sur les aidants naturels (recommanda-tion 4). M. Brown devra éventuelle-ment s’occuper de donner à safemme ses médicaments pour l’hypertension et la MA. Il pourraitvouloir tenir un journal écrit de ses

impressions quant à l’évolution de safemme et quant à sa réponse auxmédicaments (recommandation 11).La participation de M. Brown à l’ob-servation de la cognition, des com-portements sociaux et du fonction-nement quotidien de sa femmeaidera le médecin à évaluer l’effica -cité de la galantamine à améliorer ouà stabiliser ses symptômes. Cesinformations sont essentielles afin dedéterminer l’existence ou l’absenced’avantages cliniques et de déciders’il convient de mettre fin au traite-ment (recommandation 16). Larecherche d’effets secondaires possibles de la galantamine, telsqu’anorexie, nausées, vomisse-ments, diarrhée, perte de poids àcourt terme et étourdissements estégalement importante, et M. Brownet ses filles peuvent y participer. SiMme Brown n’avait personne, à lamaison, qui puisse s’occuper de sesmédicaments, il faudrait utiliser

d’autres stratégies favorisant la fidé- lité au traitement, comme des outilsd’aide à l’observance et un systèmede rappel téléphonique automatisé4.

Traitements des perturbationsde l’humeur et ducomportementLes patients atteints de MA légèresont souvent anxieux (60 %), manquent d’énergie (55 %), sont

anhédoniques (manquent de plaisirlors d’activités normalementagréables; 51 %), sont agités (49 %), irritables (39 %), et présentent délire ou hallucinations (26 %)5. La dépression majeure seproduit le plus souvent lorsque lacognition est légèrement ou modé -rément atteinte, alors que la plupartdes autres symptômes psychia-triques apparaissent plutôt dans ladémence grave. Mme Brown ne semble pas déprimée. Toutefois, si des symptômes dépressifs appa raissaient, il faudrait d’abord envisager un traitement non pharmacologique. Si indiqué, unantidépresseur avec le moins possible d’activité anticholiner -gique, tel qu’un inhibiteur sélectif durecaptage de la sérotonine, représen-terait une autre option thérapeutique(recommandation 21).

Des perturbations du comporte-ment, telles que errance, nervosité

Prendre soin d’un proche atteint de démence

Les patients atteints de MA légère sont souventanxieux (60 %), manquent d’énergie (55 %), sont

anhédoniques (manquent de plaisir lors d’activitésnormalement agréables; 51 %), sont agités (49 %),

irritables (39 %), et présentent délire ou hallucinations (26 %)5.

22 • La Revue canadienne de la maladie d’Alzheimer et autres démences

générale, agitation et non coopéra-tion6, ont été rapportées chez 63 %des personnes atteintes de démencevivant dans la communauté7. Cesperturbations accentuent la détressedes patients atteints de démence etla tension ressentie par les aidants.Les patients qui présentent des per-turbations du comportement entrent

en centre de soins prolongé deuxans plus tôt que ceux qui n’enprésentent pas8.

La prise en charge des perturba-tions du comportement doit com-prendre une documentation précisedes comportements problématiques,de même que la recherche de déclenchants possibles. L’évaluationdevrait chercher à éliminer les causes contributives ou traitables.Dans le cas de certains comporte-

ments dysfonctionnels (errance,comportements agressifs), il fauts’assurer d’évaluer la sécurité de lapersonne atteinte de démence, de sesaidants et des autres personnes

présentes dans l’environnement(recommandation 20). Ici encore, M. Brown et ses filles ont un rôleimportant à jouer, en aidant à mieuxcomprendre les comportements ethumeurs de Mme Brown.

Beaucoup d’études et de revuessystématiques, dont des Cochranesystematic reviews, se sont penchées

sur l’efficacité d’interventionsdiverses en réponse aux symptômescomportementaux et psychologiquesde la démence (SCPD). Des programmes psychoéducatifs offertsaux aidants naturels soit en groupe9,soit à domicile4,10-12, portant sur laprise en charge des SCPD ont conduit à une diminution démontréede la fréquence et/ou de la gravitédes comportements dérangeants.Toutefois, l’accessibilité de ces pro-

grammes est limitée pour les gensqui vivent hors des grands centres,comme M. et Mme Brown. D’autresinterventions, telles que rétrospectivede vie13, thérapie par empathie14,

luminothérapie15, musicothérapie16,aromathérapie17 et stimulation multi-sensorielle18 semblent prometteusesmais n’ont pas d’avantages signifi-catifs clairement démontrés à longterme19. Bien que les données insuf- fisantes ne permettent pas de recom-mander fortement l’utilisationrégulière de ces interventions en casde perturbations du comportement,certaines personnes peuvent en béné-ficier (recommandation 23).

Mme Brown présente parfois desperturbations du sommeil (jusqu’à44 % des personnes atteintes dedémence vivant dans la commu-nauté peuvent présenter des prob-lèmes de cette nature)20. Insomnieet errance nocturne peuvent êtredifficiles à vivre pour M. Brown,surtout si son propre sommeil estinterrompu. Il faut recherchersoigneusement, chez Mme Brown,la présence de facteurs pouvantcontribuer à ce problème : douleur,dépression, bruits et luminositéambiants, siestes durant la journée(recommandation 22). Des ap -proches non pharmaco logiques (c.-à-d. hygiène du sommeil,marche quotidienne, exposition à lalumière) peuvent s’avérer effi-caces21,22 et doivent être consi -dérées en premier lieu. Si desmédicaments sont utilisés, il fautdonner la plus petite dose possibledu médicament choisi, le moinslongtemps possible (recommanda-tion 22).

Conduite automobile et MAMme Brown a volontairement cesséde conduire, ce qui n’est pas tou-jours le cas. Les hommes atteints dedémence peuvent se montrer plushésitants, particulièrement en zone

Les recommandations de la CCCDTD3 sur la démence

La prise en charge des perturbations du comportementdoit comprendre une documentation précise descomportements problématiques, de même que larecherche de facteurs déclenchants possibles.L’évaluation devrait chercher à éliminer les causescontributives ou traitables.

Les filles de M. Brown pourraient se prévaloir d’uncongé de soignant, qui leur accorderait 55 % de leursrevenus durant six semaines. En juin 2006, lescritères d’admissibilité en ont été élargis, de façon àle rendre accessible à un plus grand nombre demembres de la famille et d’amis proches23.

rurale, là où l’automobile est par-fois le seul moyen de transport.Toutefois, l’abandon de la conduiteautomobile fait partie des conséquences inévitables desdémences progressives telles que laMA, et les stratégies visant cettetransition doivent être mises enplace tôt dans la maladie. La conduite automobile est contre-indiquée chez les personnes qui,pour des raisons cognitives, ne peuvent par elles-mêmes accomplirde multiples activités instrumen-tales de la vie quotidienne ou touteactivité élémentaire de la vie quoti-dienne (recommandation 25). Pourdéterminer la capacité à conduireune automobile, il ne suffit pas d’utiliser des tests tels que MMSE,test de l’horloge ou toute autre évaluation rapide des fonctionscognitives. S’il existe un doutequant à la sécurité de la conduiteautomobile, il semble que la recom-mandation la plus juste soit d’effectuer une évaluation complète(examen écrit et test de conduite)tous les six à douze mois au moins,et plus rapidement si nécessaire(recommandation 25). Les straté-gies compensatoires (c.-à-d. réédu-cation, programmes de formation,utilisation de co-pilotes, de sys-tèmes de navigation et d’avertis-seurs de collision, permis de conduire avec restriction) sont inap-propriés dans le cas des personnesatteintes de démence considéréesinaptes à la conduite automobile(recommandation 25).

Soutien aux aidants naturelsLe rôle important des aidantsnaturels dans le soin aux patientsatteints de démence doit être reconnu

(recommandation 26).M. Browndevrait être vu régulièrement par sonmédecin afin de s’assurer que sespropres problèmes de santé sontsuivis et traités adéquatement. Lesrépercussions des soins donnés à sa

femme sur sa propre santé doiventêtre évaluées. Ses besoins de forma-tion et de soutien doivent être évaluéset pris en compte, au besoin, en ledirigeant vers le service local desoins à domicile et/ou vers la SociétéAlzheimer, qui pourront fournir desinformations sur les ressourcesdisponibles dans la communauté,faire de la prévention et fournir del’aide pour les soins personnels,lorsque cela sera nécessaire, ainsique des services de répit.

M. Brown trouvera peut-êtrenécessaire de se procurer des services de soutien privés : aidefamiliale, travaux à l’extérieur, pelletage de la neige. Il trouverapeut-être également nécessaire de seprocurer des services de répit privésen plus de ce que peuvent fournirgratuitement les services provinci-aux de soins à domicile. Il y aurasans doute d’autres dépenses, en rapport avec, par exemple, des fournitures pour l’incontinence, desmédicaments, des instruments facili-tant le bain. Il faut rappeler à M. Brown qu’il peut exister des programmes gouvernementaux desoutien financier. Par exemple, laplupart des personnes atteintes dedémence peuvent obtenir un crédit

d’impôt pour invalidité (FormulaireT2201, disponible à l’adresseh t t p : / / w w w. c r a - a r c . g c . c a /formspubs/menu-f.html). Les fillesde M. Brown pourraient se prévaloird’un congé de soignant, qui leur

accorderait 55 % de leurs revenusdurant six semaines. En juin 2006,les critères d’admissibilité en ont étéélargis, de façon à le rendre accessi-ble à un plus grand nombre de membres de la famille et d’amisproches23.

ConclusionLa génération du baby-boom com-mence à arriver à l’âge où le risquede démence est le plus élevé. De plusen plus de personnes atteintes dedémence vont vivre dans nos communautés24. Les coûts sociauxdes soins aux personnes atteintes dedémence vont augmenter subs tan -tiellement, particulièrement si nousne soutenons pas adéquatement lesaidants familiaux25 et si le placementprécoce en institution est néces-saire26. Les présentes recomman -dations visant les aidants familiauxconstituent un premier pas dans nostentatives de leur offrir un soutiendans leur tâche vitale et ardue.Toutefois, des recherches plus approfondies sont nécessaires afin demieux préciser quelles interventionssont les plus efficaces à rencontrerles besoins des personnes atteintes de démences et de leurs aidantsfamiliaux.

La Revue canadienne de la maladie d’Alzheimer et autres démences • 23

La génération du baby-boom commence à arriver àl’âge où le risque de démence est le plus élevé. De plus

en plus de personnes atteintes de démence vont vivredans nos communautés24.

Prendre soin d’un proche atteint de démence

24 • La Revue canadienne de la maladie d’Alzheimer et autres démences

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Les recommandations de la CCCDTD3 sur la démence