4
43 pratique vétérinaire Actualités pharmaceutiques n° 490 Novembre 2009 Une bonne connaissance des étapes du développement du chat permet de prévenir certains troubles de son comportement. Il est nécessaire de distinguer, parmi les attitudes adoptées par l’animal, ce qui relève du comportement “habituel” et du pathologique afin que le pharmacien puisse conseiller des solutions thérapeutiques et/ou comportementales. L e chat, contrairement au chien, appar- tient à une espèce territoriale qui passe la majeure partie de son temps à dormir ou à se reposer (55 %). Le reste de sa journée est partagé entre la chasse et les jeux (20 %), la toilette (20 %) et les comportements d’ingestion, d’élimination et de reproduction (5 %). Il s’agit, à la base, d’une espèce solitaire que l’apprivoisement par l’homme a conduit, petit à petit, à rendre sociale. Il n’est pas rare aujourd’hui de voir un chat partager avec plaisir son territoire avec un congénère ou un animal d’une autre espèce (chien, lapin, furet). Une organisation territoriale stricte La vie en communauté du chat n’est pas gérée par des interactions hiérarchiques mais bien par une organisation territoriale des plus strictes. Chaque animal délimite ses champs d’activité par des marques visuel- les (griffades) et/ou olfactives (phéromones faciales, podales ou urinaires). Les champs d’activité Il existe trois grands champs d’activité. Le champ d’isolement correspond aux lieux de couchage, de toilette ou d’observa- tion. Le chat privilégie des postes en hauteur , ensoleillés. Le champ d’activité inclut la chasse, les jeux, la nourriture, la reproduction et l’élimi- nation. Seuls les champs de chasse et de jeux peuvent être partagés par plusieurs chats. Les champs d’alimentation et d’éli- mination doivent être isolés les uns des autres. Il est important de prévoir le même nombre de litières que de chats présents dans la maison pour prévenir tout risque de malpropreté. Il est également capital de bien séparer la zone d’élimination de celle de l’alimentation. Le champ d’agression délimite un péri- mètre autour du chat (plus ou moins étendu selon l’individu). Le type de marquage L’interprétation du comportement du chat est propre au marquage félin. L’éjection de multiples spots urinaires signale la présence d’un occupant sur les lieux mais n’empêche pas un autre chat d’errer sur le territoire. Il s’agit d’un signal uniquement informatif. Le marquage uri- naire peut être plus important en cas de stress et d’inquiétude ou en période de reproduction. Les griffades, qui se font principalement à proximité du champ d’isolement, ont pour but d’éloigner les autres chats : c’est un signal dissuasif. Elles peuvent être exacer- bées dans un contexte de stress, d’intru- sion d’un nouvel animal dans l’habitat, de perturbation du territoire (déménagement, changement de mobilier...). Le chat peut également émettre d’autres types de marquage dans l’environnement ou sur des supports. Le marquage d’alarme libère, à l’occa- sion d’une peur intense, des phéromones de stress de manière non volontaire (vidange des glandes anales ou sudation des coussi- nets plantaires). Ces phéromones étant très adhérentes au support et reconnaissables à distance, les autres chats éviteront ces lieux, voire fuiront. C’est pour cette raison qu’il convient de toujours bien nettoyer les objets ayant été en contact avec un animal stressé (caisse de transport, table d’examen...) et de pulvériser Féliway ® (phéromone d’apai- sement) pour atténuer ce phénomène d’angoisse lors du passage du même chat ou d’un autre. Le marquage de familiarisation sert à identifier et marquer les êtres et objets d’atta- chement. Il correspond aux frottements des babines et du cou du chat sur les jambes ou le long d’un meuble (marquage facial) et possède un rôle d’apaisement. Un chat qui se frotte est donc un chat heureux, sans stress. Ces observations expliquent pourquoi tout changement dans l’organisation du territoire d’un chat pourra être source de stress et d’anxiété, et ainsi déclencher des troubles comportementaux. Les troubles du comportement du chat Le marquage urinaire Chez le chat, le marquage urinaire doit être distingué de la malpropreté. • Dans le premier cas, l’animal se tient en position debout, il piétine des pattes arrière, la queue est dressée. Des petits jets urinaires sont lancés à l’horizontale de manière répétée. • Dans le second cas, l’animal se place en position accroupie et l’élimination se fait par flaques, de façon verticale. Les griffades Les griffades doivent être distinguées du contexte où le chat “fait ses griffes”. • Dans le premier cas, les griffades se font généralement sur une surface verticale : le chat plante ses griffes en haut et se laisse descendre le long du support, ce qui laisse des marques parallèles et longitudinales sur le support. • Dans le second cas, l’animal “fait ses griffes” sur un support vertical ou horizontal en le pétrissant, une patte après l’autre, toutes griffes sorties. © Fotolia.com/Callalloo Twisty

Les troubles du comportement du chat

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: Les troubles du comportement du chat

43 pratique

vétérinaire

Actualités pharmaceutiques • n° 490 • Novembre 2009

Une bonne connaissance

des étapes du développement

du chat permet de

prévenir certains troubles

de son comportement. Il est

nécessaire de distinguer,

parmi les attitudes adoptées

par l’animal, ce qui relève

du comportement “habituel”

et du pathologique

afi n que le pharmacien puisse

conseiller des solutions

thérapeutiques

et/ou comportementales.

Le chat, contrairement au chien, appar-tient à une espèce territoriale qui passe la majeure partie de son temps

à dormir ou à se reposer (55 %). Le reste de sa journée est partagé entre la chasse et les jeux (20 %), la toilette (20 %) et les compor te ments d’ingestion, d’élimination et de reproduction (5 %). Il s’agit, à la base, d’une espèce solitaire que l’apprivoisement par l’homme a conduit, petit à petit, à rendre sociale. Il n’est pas rare aujourd’hui de voir un chat partager avec plaisir son territoire avec un congénère ou un animal d’une autre espèce (chien, lapin, furet).

Une organisation territoriale stricteLa vie en communauté du chat n’est pas gérée par des interactions hiérarchiques mais bien par une organisation territoriale des plus strictes. Chaque animal délimite ses champs d’activité par des marques visuel-les (griffades) et/ou olfactives (phéromones faciales, podales ou urinaires).

Les champs d’activitéIl existe trois grands champs d’activité.• Le champ d’isolement correspond aux lieux de couchage, de toilette ou d’observa-tion. Le chat privilégie des postes en hauteur , ensoleillés.• Le champ d’activité inclut la chasse, les jeux, la nourriture, la reproduction et l’élimi-nation. Seuls les champs de chasse et de jeux peuvent être partagés par plusieurs chats. Les champs d’alimentation et d’éli-mination doivent être isolés les uns des autres. Il est important de prévoir le même nombre de litières que de chats présents dans la maison pour prévenir tout risque de malpropreté. Il est également capital de bien séparer la zone d’élimination de celle de l’alimentation.• Le champ d’agression délimite un péri-mètre autour du chat (plus ou moins étendu selon l’individu).

Le type de marquageL’interprétation du comportement du chat est propre au marquage félin.• L’éjection de multiples spots urinaires signale la présence d’un occupant sur les lieux mais n’empêche pas un autre chat d’errer sur le territoire. Il s’agit d’un signal uniquement informatif. Le marquage uri-naire peut être plus important en cas de stress et d’inquiétude ou en période de reproduction.• Les griffades, qui se font principalement à proximité du champ d’isolement, ont pour but d’éloigner les autres chats : c’est un signal dissuasif. Elles peuvent être exacer-bées dans un contexte de stress, d’intru-sion d’un nouvel animal dans l’habitat, de perturbation du territoire (déménagement, changement de mobilier...).

Le chat peut également émettre d’autres types de marquage dans l’environnement ou sur des supports.• Le marquage d’alarme libère, à l’occa-sion d’une peur intense, des phéromones de stress de manière non volontaire (vidange des glandes anales ou sudation des coussi-nets plantaires). Ces phéromones étant très adhérentes au support et reconnaissables à distance, les autres chats éviteront ces lieux, voire fuiront. C’est pour cette raison qu’il convient de toujours bien nettoyer les objets ayant été en contact avec un animal stressé (caisse de transport, table d’examen ...) et de pulvériser Féliway® (phéromone d’apai-sement) pour atténuer ce phénomène d’angois se lors du passage du même chat ou d’un autre.• Le marquage de familiarisation sert à identifi er et marquer les êtres et objets d’atta-che ment. Il correspond aux frottements des babines et du cou du chat sur les jambes ou le long d’un meuble (marquage facial) et possède un rôle d’apaisement. Un chat qui se frotte est donc un chat heureux, sans stress.Ces observations expliquent pourquoi tout changement dans l’organisation du territoire d’un chat pourra être source de stress et d’anxiété, et ainsi déclencher des troubles comportementaux.

Les troubles du comportement du chat

Le marquage urinaireChez le chat, le marquage urinaire doit être

distingué de la malpropreté.

• Dans le premier cas, l’animal se tient en position

debout, il piétine des pattes arrière, la queue

est dressée. Des petits jets urinaires sont lancés

à l’horizontale de manière répétée.

• Dans le second cas, l’animal se place en position

accroupie et l’élimination se fait par fl aques,

de façon verticale.

Les griffadesLes griffades doivent être distinguées

du contexte où le chat “fait ses griffes”.

• Dans le premier cas, les griffades

se font généralement sur une surface

verticale : le chat plante ses griffes

en haut et se laisse descendre

le long du support, ce qui laisse

des marques parallèles et

longitudinales sur le support.

• Dans le second cas,

l’animal “fait ses

griffes” sur un support

vertical ou horizontal

en le pétrissant,

une patte après

l’autre, toutes griffes

sorties.

© F

otol

ia.c

om/C

alla

lloo

Twis

ty

Page 2: Les troubles du comportement du chat

44pratique

vétérinaire

Actualités pharmaceutiques • n° 490 • Novembre 2009

Différentes étapes du développement du chatLes différentes étapes du développement du chat infl uencent de manière très forte l’état psychique de l’animal à l’âge adulte. On peut ainsi distinguer, comme chez le chien, quatre grandes périodes, de durées inégales, même si les représentants de l’es-pèce féline sont bien plus précoces dans leur dévelop pement psychomoteur que ceux de l’espèce canine.

La période prénataleLors de la période in utero se développent les sens tactiles, gustatifs et émotionnels du futur chaton. Il est donc très important de :– caresser le ventre de la chatte gestante plusieurs fois par jour dès le 21e jour de gestation (contre J45 chez le chien), afin de permettre la mise en place des seuils de sensibilité tactile du futur nouveau-né. Ce dernier aura ainsi une tolérance accrue aux manipulations ;– limiter le stress chez la mère, car celui-ci est ressenti par le fœtus.

La période néonataleLa période néonatale s’étend de la nais-sance à l’ouverture des yeux, soit à environ J10 (contre J15 chez le chien). Durant cette période, l’attachement de la mère à ses chatons s’établit. Il est, à ce stade, à sens unique. Si les sens tactile et gustatif sont déjà développés, la période néonatale est marquée par l’éveil des compé ten ces senso-riel les et motrices. Il est donc important de respecter le temps de sommeil des petits et de continuer à les caresser régulièrement (en présence de la mère).À ce stade, les chatons sont complètement dépendants de leur mère (alimentation, élimi-nation, toilette, protection et réchauf fement). Il ne faut donc surtout pas les en séparer. Dans le cas du décès de cette derniè re ou d’une impossibilité de maternage, il faut soit les placer sous une autre mère nourricière capable de les élever, soit les allaiter de manière artifi cielle (biberonnage) toutes les 3 heures la première semaine, sans oublier de les réchauffer (lampe infrarouge) et de pratiquer le réfl exe périnéal après chaque tétée (caresser la région périnéale avec un linge tiède et humide afin de provo-

quer une élimination urinaire et fécale non automatique à cet âge). Ce geste doit être réitéré jusqu’à l’acquisition de l’élimination automatique des chatons (soit entre 2 et 4 semaines de vie).

La période de transitionDe l’ouverture des yeux jusqu’à l’appari-tion de l’audition à J15 (contre J21 chez le chien), la période de transition correspond à la “phase d’éveil”. Elle marque l’achèvement du développement cortical. Durant cette période, le chaton développe un attachement fort à sa mère : c’est le début de l’impré gna tion à l’espèce. La mère devient le repère rassurant à partir duquel il commen ce à explorer l’environ-nement (il marche autour du 15e jour de vie), d’où l’importance de laisser les petits à son contact permanent. Dans le cas où cela serait impossible (mère décédée, par exemple), les chatons doivent être mis en présence d’adultes de la même espèce, normo socialisés, qui prendront en charge leur éducation. À ce stade, leur manipulation plusieurs fois par jour doit être maintenue, mais toujours effectuée en présence de la mère.

La période de socialisationLa phase de socialisation ou “période sensi ble” s’étend de J15 à J60 environ. Durant cette période (la plus longue), le chaton acquiert véritablement ses compor-tements spécifi ques. Chaque stimulation ou événement, qu’il soit positif ou négatif, laissera une marque mnésique indélébile chez lui.• Socialisation intraspécifi que : le chaton s’identifi e à l’espèce féline.• Socialisation interspécifique : cette socialisation permet de prévenir les compor-te ments de prédation vis-à-vis d’une autre espèce animale (lapin, oiseau...) mais égale-ment les phobies sociales (peur des enfants). Il est donc important de mettre le chaton, dès la fi n du premier mois de vie, en contact avec d’autres animaux et de le familiariser avec les différents membres de la famille (bébé, enfants, homme à barbe, homme à grosse voix…). La socialisation inter spécifi que est très sen-sible aux expériences défavorables. Si le chaton est méfi ant vis-à-vis d’un individu, il

faut réitérer le contact jusqu’à acclimatation complète. Il est également important que la mère ne craigne pas un individu puisque son stress sera ressenti par ses petits comme un élément défavorable et associé à la personne concernée. Moins facile à réaliser et moins stable que la socialisation intra spécifi que, la socialisation interspécifi que nécessite de fréquents rappels, au risque d’être oubliée.• Acquisition des autocontrôles : l’ac-quisition de “signaux d’arrêt” nécessite un apprentissage de la part de la mère ou d’un autre adulte régulateur et de la fratrie. L’édu-cation passe par la sanction des compor-tements exagérés et permet ainsi d’éviter les morsures non contrôlées et donc fortes, les jeux violents et l’hypermotricité. Lors de ces punitions, la mère enseigne au chaton la posture de soumission (sur le dos, immo-bile), essentielle à la régulation des interac-tions intraspécifi ques agressives. Les autocontrôles doivent être acquis avant l’âge de 2 mois, un défi cit en la matière ayant pour conséquence le dévelop pement d’un syndrome HSHA (hypersensibilité-hyper-activité). Il est donc primordial de laisser le chat, avec toute sa fratrie, en contact de la mère jusqu’à 7 semaines minimum. Il est aussi important que la chatte ne soit pas elle-même hyperactive ou débordée (à cause d’une fratrie trop nombreuse). Le maître joue également un rôle important puisque, dès l’acquisition du chaton, il doit punir systé ma ti que ment les mordillements et griffures lors de jeux : il ne faut jamais infliger de punition physique mais saisir l’animal par la peau du cou et prononcer un « non » franc et fort. Parallèlement, on doit cesser immédiatement le jeu, puis le reprendre une fois le chaton calmé.• Acquisition de l’homéostasie senso-rielle : les stimulations diverses et variées d’intensité variable permettent au chaton de se créer tout un registre de bruits et de matières. S’il est élevé en milieu hypo-stimulant ou par une mère très peureuse, il présentera une réaction de peur à chaque stimulus excédant son niveau sensoriel de référence, jusqu’à l’apparition d’un état pho-bique. C’est ce qu’on appelle le syndrome de privation sensorielle.C’est durant cette période que prend forme le détachement de la mère pour ses chatons : elle refuse de les allaiter et

Page 3: Les troubles du comportement du chat

45 pratique

vétérinaire

Actualités pharmaceutiques • n° 490 • Novembre 2009

les repousse. Le détachement est initié à 1 mois, mais n’est effectif que lorsque les chats atteignent l’âge de 2 mois : ils sont alors prêts à l’adoption. Certaines races sont toutefois plus tardives que d’autres. Un sevrage trop précoce est responsable du maintien du comportement de succion chez l’adulte (“adulte téteur”).La prévention des troubles du comporte-ment passe donc par une bonne connais-sance des étapes du développement.

Cas cliniquesFace aux questions que peut poser un client dont le chat semble manifester un trouble du comportement, que peut conseiller le pharmacien ? Pouvoir évaluer les troubles à partir des explications du maître permet de conseiller des comportements ou thérapeu-tiques qui peuvent participer à les réduire ou à en venir à bout.

« Mon chat est agressif, n’arrête pas de nous griffer et feule sans cesse »Les agressions chez le chat peuvent être de trois types :– irritation (la plus fréquente), notamment lors d’anxiété de cohabitation (plusieurs animaux partagent un même territoire restreint), de déterritorialisation (déménagement), d’état algique, de dysendocrinie (seuil de tolérance abaissé), de cécité, de surdité… ;– peur ;– prédation.Quelle que soit la raison, si le chat est agres-sif, griffe ses maîtres et feule sans cesse, le traitement passe par une alimentation donnée ad libitum (la nourriture laissée à disposition a une action anxiolytique chez le chat) avec plusieurs gamelles en cas de cohabitation diffi cile (ou sur des perchoirs si le chat ne supporte pas le chien de la maison).En association, il faut utiliser des phéro-mones de type Féliway® (Félifriend® dans le cas d’anxiété de cohabitation, à pulvériser sur les deux animaux en confl it), ainsi qu’un nutraceutique (Anxitane® à base de thé vert ou Zylkène® à base de protéines de lait).Si cela n’est pas suffi sant, le pharmacien peut conseiller en plus un psychotrope pour diminuer la violence de l’agression et l’impul-sivité : fl uoxétine (1 à 2 mg/kg/jour en une prise le matin).

Le propriétaire du chat doit, par ailleurs, éviter de changer l’animal d’habitacle régulièrement ou de le réprimander de manière sévère. Une théra pie par le jeu est aussi envi-sageable ; elle comprend la mise à dis-position de nombreuses proies fictives (mobile, aquarium, boule distributrice de croquettes...).

« Je vais prendre un second chat, comment faire pour que tout se passe bien ? »Lors de l’introduction d’un second chat dans l’environnement familial, les premiers instants sont très importants pour la coha-bitation future. Il convient donc de préparer la rencontre avec soin :– avoir à disposition, au minimum, le même nombre de litières qu’il va y avoir de chats et les placer dans des endroits différents (mais toujours au calme et loin des regards) ;– prévoir une gamelle pour chaque chat, et les placer à distance l’une de l’autre ;– préparer des lieux de refuge pour chacun des félins (sous un lit, sur une armoire, dans un panier…) ;– diffuser la veille ou le jour de l’arrivée du deuxième chat Féliway® dans la maison (aux angles de quelques meubles, à l’entrée de chaque pièce et en diffuseur d’ambiance dans la pièce principale où seront installés les animaux) ;– ne surtout pas forcer, lors de l’arrivée du second animal, le contact mais placer les chats derrière une vitre (si le lieu s’y prête) afi n qu’ils se voient, se sentent sans toutefois pouvoir se toucher, au moins le premier jour. Quand l’acclimatation est faite, la porte doit être ouverte après avoir pulvérisé Félifriend® sur les deux félins. Il ne faut surtout pas inter-venir sauf si un chat est très agressif envers l’autre au point de mettre sa vie en danger.En règle générale, deux chats bien socia-bilisés cohabitent sans problème tout en s’ignorant. Il est beaucoup plus rare que deux chats adultes partagent le même terri toi re de façon amicale (partage du lieu de couchage, du champ d’activité, toilet-tage réciproque). Ce phénomène est plus courant lors de la mise en présence de deux chatons, ou d’un chat adulte et d’un chaton.

« Mon chat urine sur le canapé ou le lit »Dans le cas où le chat urine sur un canapé ou un lit, il convient de bien distinguer mal-propreté – marquage urinaire –, miction et défécation émotionnelles :– l’élimination urinaire se fait sur un support horizontal, en fl aques. L’animal se met en position accroupie, puis gratte le sol pour recouvrir ;– le marquage urinaire se fait sous forme de multiples spots émis sur un support vertical ; l’animal est debout, la queue dressée et il piétine des pattes arrière. Le marquage est normal chez un adulte non stérilisé après la puberté. Lors d’un déménagement, il peut se justifier par la disparition des repères du chat (marquages faciaux sur les meu-bles) et une désorientation. Il faut pulvériser Féliway® à l’entrée de chaque pièce sur des supports verticaux (angles des meubles) et ce, pendant plusieurs semaines, le temps que le chat “refasse” ses marques ;– lors de peurs intenses, l’animal peut émettre de l’urine ou des selles. L’émission se produit alors en prenant la fuite (les selles sont molles, le plus souvent) et d’autres signes accompa-gnent son geste (feulement, crachement…).Dans le cas d’une malpropreté avérée, le propriétaire de l’animal doit, en premier lieu, être orienté vers son vétérinaire traitant afi n d’écarter toute pathologie sous-jacente (dysen docrinie, infection ou calcul urinaire, insuffi sance rénale...) pouvant expliquer la malpropreté.Si l’animal est en bonne santé, la malpro-preté peut avoir différentes origines :– un défaut d’apprentissage et, dans ce cas, il est malpropre depuis son plus jeune âge.

Partage du lieu de couchage de deux chats • parfaitement sociabilisés.

© D

R

Page 4: Les troubles du comportement du chat

46pratique

vétérinaire

Actualités pharmaceutiques • n° 490 • Novembre 2009

Il est diffi cile de rendre un chat propre passé le délai des 2 mois ; l’apprentissage peut néanmoins être effi cace si un autre félin est présent, par imitation ;– un rejet de la litière développé suite à un événement défavorable (antécédent de cystite ou calcul urinaire, choc émotion-nel). Une anxiété y est associée ; elle devra être traitée par des psychotropes et une thérapie par le jeu.Dans le cas d’un défi cit des autocontrôles, les capacités de continence sont faibles et les éliminations fréquentes. Il s’agit d’un trouble du développement typique des chatons séparés trop tôt de la mère ou ayant reçu une mauvaise éducation. Le traitement passe par l’administration d’un inhibiteur sélectif de la recapture de la sérotonine (ISRS) et d’une thérapie par le jeu contrôlé (pour jouer avec le chat, choisir un jouet qui ne l’excite pas trop ; dès qu’il commence à montrer des signes d’excitation [mydriase, mordillement, griffades...], interrompre le jeu en prononçant un « non », puis s’en aller). Cette thérapie a pour but de restaurer les autocontrôles.Dans un contexte d’involution du chat âgé, il y a perte progressive des apprentissages et l’animal, auparavant propre, devient mal-propre, d’abord occasionnellement, puis de plus en plus souvent. Une visite chez le vétérinaire s’impose : celui-ci pourra pres-crire un traitement de soutien des fonctions cognitives.Dans tous les cas, il faut veiller au bon entretien de la litière, à ne pas changer le type de support (gravier, copeaux, sable...), ce qui peut déstabiliser le chat, de forme de bac (certains félins n’apprécient pas les couvercles sur leur litière) ainsi qu’à ne pas réprimander l’animal, car cela n’aura pour effet que de renforcer son anxiété déjà présente.Sur les souillures, un nettoyant neutre doit toujours être utilisé (pas d’eau de Javel qui dégagera, au contact de l’urine, une odeur que les chats apprécient tout particuliè-

rement). On peut utiliser un produit acide comme du vinaigre blanc dilué, de l’eau gazeuse ou du bicarbonate. Après un net-toyage effi cace, il est conseillé de pulvériser Féliway® sur les traces. En cas d’échec, le pharmacien peut également proposer de l’essence de citronnelle (à utiliser en très faible quantité, car elle dégage une odeur rapidement incommodante).Un traitement doux peut être conseillé pour le chat comme Zylkène® ou Anxi-tane®. Si ces médicaments sont sans effet, un traitement à base de fl uoxétine, très effi cace pour combat tre la malpropreté, pourra être entrepris sur plusieurs mois.

« Mon chat griffe tous les meubles et arrache les rideaux »Il faut établir de façon précise, auprès du propriétaire de l’animal, l’origine des grif-fades sur les meubles et rideaux.Suite à un état de stress (chat anxieux), une diminution des marquages faciaux et une augmentation du comportement de griffa-des peuvent être observées.À la faveur d’un déménagement ou d’un retour dans la maison après une longue période, le chat a perdu ses marques facia-les sur son territoire, ce qui a pour consé-quences fréquentes d’augmenter le mar-quage urinaire et les griffades.En raison d’un défi cit d’autocontrôles ou encore chez un chat très excité, très impul-sif, qui a du mal à canaliser son énergie lors des griffades, celles-ci sont alors plus marquées.L’attitude à adopter est de soustraire l’animal, lorsqu’il est en train de griffer le support , en lançant un objet mou sur lui ou en claquant des mains (action plus anxio-gène pour le chat), puis en lui présentant son griffoir, qui doit être placé en position verti-cale à l’entrée d’une pièce et non dans un lieu caché (pour le rendre attirant, le proprié-taire peut frotter un noyau d’olive dessus ). Il ne faut jamais réprimander le chat sur le fait, ce qui, une fois de plus, aggraverait son

anxiété. Féliway® spray peut être vaporisé sur le support griffé chaque jour. En cas d’anxiété seront associés Zylkène®, Anxi-tane®, en premier lieu, ou fl uoxétine, ainsi qu’une thérapie par le jeu (contrôlée en cas de défi cit d’autocontrôles).

« Mon chat se lèche sans cesse et perd ses poils »Si le chat se lèche constamment et perd ses poils, une affection cutanée (à élimi-ner par une consultation chez le vétéri-naire) ou un trouble anxieux (dans ce cas, aucune lésion n’est présente et l’alopécie est extensive, touchant principalement le ventre et l’intérieur des cuisses) peuvent être en cause.Lorsque survient un trouble anxieux ou dépressif, le chat peut présenter une acti-vité substitutive qui consiste à se lécher de manière frénétique.La marche à suivre est toujours la même : ne pas réprimander le chat (ce qui augmente-rait le stress à l’origine du trouble) et utiliser Féliway®-Zylkène® ou Anxitane® ou encore un psychotrope (si nécessaire) ; proposer une alimentation ad libitum.

ConclusionAvant de traiter des troubles du comporte-ment du chat, il s’agit d’évaluer s’ils sont de l’ordre du “normal” ou du pathologique. Pour cela, il est indispensable de connaître les dif-férentes étapes du développement de l’ani-mal. Ensuite, le pharmacien peut conseiller le propriétaire sur l’attitude à adopter ainsi que sur le traitement à mettre en place pour supprimer ces troubles ou du moins les réduire. �

Ségolène Courtin-Donas

Docteur en pharmacie, docteur vétérinaire,

Sainte-Foy-les-Lyon (69)

[email protected]