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Rev Rhum [l?d Fr] 2000 ; 67 SuppI : 154-6 0 2000 fiditions scientifiques et mtdicales Elsevier SAS. Tous droits rCserv& L&ions mhiscales dhgfMratives (mhiscose) Henri Dorfmannl, Thierry Boyer2 lService de rhumatologie, CH Au/nay, 93602 Au/nay-sous-Bois cedex ; ?service de rhumatologie, hbppital Bichat, 46, rue Hen+Huchard, 75018 Paris, France classification / definition / l&ion mhiscale dbghkrative / mhiscose classification / definition / degenerative meniscal lesion / treatment Les trois types de lesion meniscale sont represent& sur lajgure 1. La meniscose (Glimet in [l]) est une entitt mal dtfinie et source de confusion car elle dtsigne tantot une degenerescence histologique du m&risque et tantot l’ensemble des lesions qui caracttrise ce m&risque degtneratif. La meniscose dtsigne la dtgtntrescence du tissu mtniscal et n’a pas de traduction clinique ; son existence a Ctt parfaitement confirmte B posteriori par l’imagerie par resonance magnttique (IRM) [2, 31 qui montre le remaniement intrameniscal sans effraction de ses surfaces. Dans la litttrature, elle est malheureu- sement souvent confondue avec les lesions qui peuvent atteindre ce m&risque dtgtntratif dans l’arthrose (mtniscarthrose) ou en dehors de toute arthrose. Car- throscopie nous a appris en particulier qu’un m&risque interne dPgenPratif peut se rompre avec un aspect anatomopathologique particulier en dehors de tout traumatisme et independamment du degrt d’arthrose. Dans ces conditions, il nous parait preferable [ 1, 41 de reserver le terme de meniscose a la simple degtntres- cence du m&risque et de proposer une classification des lesions mtniscales degeneratives (LMD) dans le but de clarifier l’attitude therapeutique vis-a-vis de ces lesions. DliFlNlTlDN DES LMD La definition des LMD a ttt initialement fond&e [l] sur : l’aspect macroscopique en arthroscopie, les don- ntes histologiques et l’absence de traumatisme franc. Nous y avons adjoint une autre notion fondamentale : la radiographie standard normale (un discret pince- ment isole en schuss n’exclut cependant pas ce dia- gnostic de LMD). CLASSIFICATION C’est done le mtnisque interne degtntratif qui inte- resse le rhumatologue. Rappelons la classification @gwe 2) que nous avons proposee pour ces lesions meniscales degeneratives. _ Le type L ne devrait &tre aujourd’hui qu’une dtcou- verte fortuite d’arthroscopie, il est en rtgle silencieux. 11 est, par contre, bien reconnu en IRM sous l’aspect d’un signal intramtniscal non ouvert. 11 ne releve d’au- tune sanction therapeutique arthroscopique. _ Le type II, est en regle reconnu B la radiographie au sein dune chondrocalcinose. Une meniscocalcinose isolee n’est parfois reconnue qu’a I’arthroscopie. Sa tolerance est bonne ou marquee par des epanche- ments. Dans cette hypothese comme dans la chondro- calcinose, un lavage sous arthroscopie peut &tre pro- post. Ce m&risque est fragilist et la survenue d’une veritable rupture est possible relevant alors d’un geste mecanique de resection arthroscopique. - La fissure horizontale de gpe III est habituellement bien tokrte. Sa resection est rarement necessaire. _ Le type V represente une lesion complexe qui echappe B toute description. Une resection arthrosco- pique B la demande se just&e. - Le qpe IV est l’ensemble clinico-arthroscopique le mieux dtfini [l]. C’est lui qui dans toutes les series, just&e les gestes arthroscopiques les plus frequents. L’4ge n’est pas un crittre absolu : toutes les tranches d’ages peuvent &tre concernees. La predominance mas- culine est nette (sex-r&o 2/l), B I’inverse de la domi- nante feminine reconnue pour la gonarthrose. Dans la forme typique sans aucun traumatisme franc, le debut est brutal, ailleurs plus progressif. Plus Cvocatrice est la

Lésions méniscales dégénératives (méniscose)

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Page 1: Lésions méniscales dégénératives (méniscose)

Rev Rhum [l?d Fr] 2000 ; 67 SuppI : 154-6 0 2000 fiditions scientifiques et mtdicales Elsevier SAS. Tous droits rCserv&

L&ions mhiscales dhgfMratives (mhiscose)

Henri Dorfmannl, Thierry Boyer2 lService de rhumatologie, CH Au/nay, 93602 Au/nay-sous-Bois cedex ; ?service de rhumatologie, hbppital Bichat, 46, rue Hen+Huchard, 75018 Paris, France

classification / definition / l&ion mhiscale dbghkrative / mhiscose classification / definition / degenerative meniscal lesion / treatment

Les trois types de lesion meniscale sont represent& sur lajgure 1.

La meniscose (Glimet in [l]) est une entitt mal dtfinie et source de confusion car elle dtsigne tantot une degenerescence histologique du m&risque et tantot l’ensemble des lesions qui caracttrise ce m&risque degtneratif. La meniscose dtsigne la dtgtntrescence du tissu mtniscal et n’a pas de traduction clinique ; son existence a Ctt parfaitement confirmte B posteriori par l’imagerie par resonance magnttique (IRM) [2, 31 qui montre le remaniement intrameniscal sans effraction de ses surfaces. Dans la litttrature, elle est malheureu- sement souvent confondue avec les lesions qui peuvent atteindre ce m&risque dtgtntratif dans l’arthrose (mtniscarthrose) ou en dehors de toute arthrose. Car- throscopie nous a appris en particulier qu’un m&risque interne dPgenPratif peut se rompre avec un aspect anatomopathologique particulier en dehors de tout traumatisme et independamment du degrt d’arthrose. Dans ces conditions, il nous parait preferable [ 1, 41 de reserver le terme de meniscose a la simple degtntres- cence du m&risque et de proposer une classification des lesions mtniscales degeneratives (LMD) dans le but de clarifier l’attitude therapeutique vis-a-vis de ces lesions.

DliFlNlTlDN DES LMD

La definition des LMD a ttt initialement fond&e [l]

sur : l’aspect macroscopique en arthroscopie, les don- ntes histologiques et l’absence de traumatisme franc. Nous y avons adjoint une autre notion fondamentale : la radiographie standard normale (un discret pince- ment isole en schuss n’exclut cependant pas ce dia- gnostic de LMD).

CLASSIFICATION

C’est done le mtnisque interne degtntratif qui inte- resse le rhumatologue. Rappelons la classification @gwe 2) que nous avons proposee pour ces lesions meniscales degeneratives. _ Le type L ne devrait &tre aujourd’hui qu’une dtcou- verte fortuite d’arthroscopie, il est en rtgle silencieux. 11 est, par contre, bien reconnu en IRM sous l’aspect d’un signal intramtniscal non ouvert. 11 ne releve d’au- tune sanction therapeutique arthroscopique. _ Le type II, est en regle reconnu B la radiographie au sein dune chondrocalcinose. Une meniscocalcinose isolee n’est parfois reconnue qu’a I’arthroscopie. Sa tolerance est bonne ou marquee par des epanche- ments. Dans cette hypothese comme dans la chondro- calcinose, un lavage sous arthroscopie peut &tre pro- post. Ce m&risque est fragilist et la survenue d’une veritable rupture est possible relevant alors d’un geste mecanique de resection arthroscopique. - La fissure horizontale de gpe III est habituellement bien tokrte. Sa resection est rarement necessaire. _ Le type V represente une lesion complexe qui echappe B toute description. Une resection arthrosco- pique B la demande se just&e. - Le qpe IV est l’ensemble clinico-arthroscopique le mieux dtfini [l]. C’est lui qui dans toutes les series, just&e les gestes arthroscopiques les plus frequents. L’4ge n’est pas un crittre absolu : toutes les tranches d’ages peuvent &tre concernees. La predominance mas- culine est nette (sex-r&o 2/l), B I’inverse de la domi- nante feminine reconnue pour la gonarthrose. Dans la forme typique sans aucun traumatisme franc, le debut est brutal, ailleurs plus progressif. Plus Cvocatrice est la

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Lesions mtniscales d+n&atives 155s

Figure 1. Trois types de l&ions mkniscales.

survenue dune aggravation brutale rtcente sur une douleur ancienne. La douleur est quasi constante, se situe B la face interne du genou, major&e par la marche, la montte des escaliers, elle peut &tre nocturne selon la position en decubitus. Un gonflement est present dans 50 % des cas. Le derobement est un signe d’appel meniscal classique mais inconstant. Le blocage est encore plus rare. L’examen peut retrouver des diffe- rents signes mtniscaux. 11 est rare que le tableau objec- tif soit aussi franc que dans les lesions post-trauma- tiques. Le diagnostic repose sur les don&es anamnestiques, l’examen objectif et l’imagerie. La radiographie standard est normale (ou un discret pin- cement femorotibial interne en schuss). L’arthrogra- phie entre des mains expertes peut reconnaitre ces lesions. Dans tous les cas difficiles ou douteux et plus encore chez les personnes Bgees, 1’IRM est l’eltment electif permettant non seulement de reconnattre la lesion et son type mais aussi deliminer un diagnostic differentiel important chez le sujet age, la n&rose du condyle interne.

Dans le type IV, on est en presence d’une rupture B l’origine de fragments mobiles. La resection mtnis- tale simple sous arthroscopie constitue le traitement. Dans toutes les series, les rtsultats sont trts satisfai- sants. Le pronostic est discretement modifit par l’etat cartilagineux decouvert en arthroscopie. Les chon- dropathies notables (stade III ou IV) diminuent la qualitt du rtsultat. Dans notre serie, les resultats bons et t&s bons chutent de 86 % B 75 % [I]. Dans

Figure 2. Schkmatisation des diffkrents types 16sionnels.

deux enquetes [5, 61 avec recul, effect&es par la Societe franGaise d’arthroscopie, il se dtgage deux notions importantes. D’une part [3], l’individualisa- tion formelle et la reconnaissance de ces lesions mtniscales degeneratives expliquent l’augmentation de dix ans de l’hge moyen (toutes lesions mtniscales confondues), entre deux series 1983 et 1992, d’autre part avec un recul de dix ans si le risque arthrogene de la meniscectomie arthroscopique est reel, la meniscectomie partielle con&me ses bons rtsultats malgre la survenue frequente d’un pincement femo- rotibial interne.

CONCLUSION

Classiquement, 1 es 1 &ions meniscales degentratives sont inttgrtes dans la gonarthrose ou elles ne jouent en fait qu’un role accessoire.

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156s H. Dorfmann, T. Boyer

Au contraire, certaines lesions mtniscales d&en& ratives jouent un role important voire exclusif dans certaines gonalgies et mtritent un traitement particu- lier. Ainsi les lesions du type IV reprtsentent une entite qui doit &tre reconnue. Le rtsultat de leur simple resection est satisfaisant avec un recul mainte- nant superieur a 15 ans.

RtFhENCES

1 Dorfmann H, Juan LH, Bonvarlet JR Boyer Th. Lesions de& neratives du mtnisque interne en arthroscopie. Classificati& et traitement. Rev Rhum Ma1 Osttoartic 1987 : 54 : 303-10.

2 Kornick J, Trefelner E, McCarthy S, Lange R, Lynch K, Jokl I? Men&al abnormalities in the asymptomatic population at MR imaging. Radiology 1990 ; 177’: 463-5. _ _

3 Reicher MA. Hartzman A. Duckweiler GR. Bassett LW. Anderson LJ,‘Gold RH. Me&al injuries: detection using MR imaging. Radiology 1986 ; 159 : 753-7.

4 Boyer T Bonvarlet JR Dorhnann H. Arthroscopie et lesions menis- c&s d+generatives (LMD). J MM Lyon 1983 ; 1378 : 21-6.

5 Franck A. La lesion meniscale interne sur genou stable en 1992 (enquete tpidemiologique auprts des membres de la SFA). Ann SFA 1992 ; 2 : 34-41.

Dans le type V, des lambeaux mtniscaux peu- vent s’interposer entre des surfaces articulaires habituellement arthrosiques et jouer un role dans la symptomatologie (douleur et epanchement). Leur resection a titre palliatif, dans le cadre d’un net- toyage articulaire peut Ctre propose quand un trai- tement chirurgical radical de I’arthrose n’est pas indique.

- ,

6 Neyret Ph, Chambat I? Symposium : mtniscectomies sous arthrosco &dents c

ie a plus de 10 ans, sur un genou stable, sans antt- l!. nurglcaux. Ann SFA 1996 ; 6 : 93-154.