L'Évangile tel qu'il m'a été révélé, de Maria Valtorta

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Clouée au lit depuis de nombreuses années déjà, Maria Valtorta reçoit, au plus sombre de la 2ème guerre mondiale, la vision complète des scènes de l'Évangile.Écrites sans aucunes ratures, les milliers de pages manuscrites relatent, dans un style vivant et passionnant, les actes et les enseignements de Jésus au cours de ses trois années de vie publique, et les scènes de son enfance.

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MARIA VALTORTA Emilio Pisani, Editeur Le Pome du Homme-Dieu / LEvangile tel quil ma t rvl (Ed. 1985, Centro Editoriale Valtortiano srl Italie Reprinted in 1999) Dieu me possda au commencement de ses uvres (Salomon : Proverbes 8, 22) Maria Valtorta " L'Evangile tel qu'il m'a t rvl" Vol 1 La prparation Vol. 2 La premire anne de la vie publique Vol. 3 La deuxime anne de la vie Vol 4 (deuxime partie) Vol. 5 La troisime anne de la vie publique Vol. 6 (deuxime partie) Vol 7 (troisime partie) Vol. 8 La prparation la Passion Vol. 9 La Passion Vol 10 La Glorification MARIA VALTORTA Maria Valtorta naquit Caserte (Italie) en 1897. Elle frquenta les coles primaires Milan, et Voghera; et c'est sous la contrainte de sa mre, femme trs autoritaire, qu'elle dut rentrer en 1909 au Collge Bianconi de Monza o elle se distingua par son intelligence trs vive et son caractre bien trempe. Plus tard, Florence Maria se fiana avec un brave jeune homme, qu'elle dut pourtant quitter cause du mauvais caractre de sa mre. Aprs une priode de grande crise, en 1916 elle eut de la part du Seigneur un signe rvlateur. et en 1917 entra dans les rangs des infirmires 'samaritaines' et prodigua tous ses soins aux soldats de l'hpital militaire de Florence. En 1920 un extrmiste la frappa aux reins: tait le dpart de sa future infirmit. En 1925 sous l'exemple de la Petite S.Therse elle s'offrit l'Amour misricordieux et en 1931 elle voulut s'offrit aussi la Justice Divine. Du 1934 elle ne quitta plus son lit. Le 12 octobre 1961, aprs avoir offert tous Dieu, jusqu' sa propre intelligence, Elle laissa comme souvenir la phrase suivante: 'J'ai fini de souffrir, mais je continuerai aimer'. En 1943, sous la Direction du Pre Romualdo Migliorini, et aprs de Corrado M. Berti, des Servites de Marie avait commenc son activit d'crivain 'porte-parole' 'petite Jean': 'dictes' et 'visions' qu'elle dclarait 'rvls'. Son oeuvre la plus importante est publie en Italie sous le titre 'Il Poema dell'Uomo-Dio' et aprs publi comme : 'L'Evangelo come mi stato rivelato'. L'oeuvre, continuellement rimprime sans aucune publicit, est dsormais largement connue dans le monde entier: au niveau personnel a t apprcis par plusieurs Papes; dernirement l'Oeuvre de Maria Valtorta (voir Pre G.M. Roschini: ' La Sainte Vierge dans les crits de Maria Valtorta ' Editions 'Centro Editoriale Valtortiano' ; e-mail: [email protected]) a t reconnue comme 'rvlation prive' (tel que les crits de S Catherine de Siene).

..De lAutobiographie, voulue par le Pre Migliorini (pieux prtre, des Servites de Marie, autrefois missionnaire son directeur spirituel) et crite selon ses capacits, Marie passa aux dictes et aux visions, quelle dclarait recevoir par rvlation. quinze mille pages : Jai fini de souffrir, mais je continuerai aimer Ses restes mortels purent avoir leur spulture privilgie Florence, dans la Chapelle du Chapitre au Grand Clotre de la Santissima Annunziata. Il Poema dellUomo-Dio ? LEvangile tel quil ma t rvl son uvre principale, continuellement rimprime et diffuse sans aucune publicit est dsormais largement connue en Italie et dans le monde entier il sagit dune des plus grandes rvlations prives : elles sont dailleurs admises par la thologie catholique comme des manifestations possibles, subordonnes la rvlation publique et dignes de foi humaine, que Dieu accorde certaines personnes pour le profit spirituel de tous les hommes. Nous demandons nos lecteurs de nous excuser pour quelques imperfections de cette premire dition franaise. DITEUR Centro Editoriale Valtortiano 03036 Isola del Liri (FR) ITALY tel 0776 807032, fax 0776 809789 E.mail: [email protected] & [email protected] DISTRIBUTEURS AUSTRALIA: Gatto & Co., Unit 4 / Wanneroo Road P.O. Box 248, Tuart Hill, WA 6060, Phone 09.3443032, Fax 09.3443035 CANADA: Liberairie Mdiaspaul, 250 nord boulevard St. Franois, Sherbrooke, Qubec J1E 2B9, Phone 819.5695535, Fax 819.5655474 ENGLAND: Veritas, Lower Avenue, Leamington Spa, Warwickshire CV 31 3 NP, Phone 0926.451730, Fax 0926.451733 HONG KONG: Catholic Truth Society, Catholic Centre, G.P.O. Box 2984, Hong Kong INDIA Examiner Bookshop, 35 Dalal Street, Fort, Mumbai 400 001 IRELAND: Faith & Family, Books & Media, P.O. Box 73, Callan-Co.Kilkenny, Phone and Fax 056.25784 Veritas Company Ltd. Veritas House, 7/8 Lower Abbey Street, Dublin 1, Phone 788177, Fax 744913 MALAYSIA: Melaka-Johor Diocesan Secretariat, P.O. Box 319, 80730 Johor Bahru - Johor, Fax 7.248501 PHILIPPINES: Legion of Little Souls, 518 Buendia Avenue Extension, Forbes Park North, 1200 Makati, Metro Manila, Phone 810-7697 & 810-7698

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Le Poeme du Homme-Dieu / LEvangile tel quil ma t rvl Vol. 1 : La prparation * = 20% EN LIGNE VOL.1. Chapitres 1-10 1. On peut appeler Marie la pune du Pre 2. Joachim et Anne font un voeu au Seigneur 3. Anne prie au Temple et Dieu exauce sa prire 4. Joachim avait pous la sagesse de Dieu renferme 5. Anne, avec un cantique annonce sa maternit 6. La Sans-Tache ne fut jamais prive du souvenir de Dieu 7. Naissance de la Vierge Marie 8. Son me apparat belle et intacte comme quand Dieu la pensa 9. Dici trois annes tu seras l, mon Lys 10. Voil la parfaite Enfant au coeur de colombe VOL. 1. Chapitres 11-20 11. Ma joie, commente sais-tu ces choses saintes ? Qui donc te les dit? 12. Le Fils naurait-il pas mis sur les lvres de sa Mre sa propre sagesse? 13. Marie prsente au Temple 14. Lternelle Vierge na eu quune seule pense: adresse vers Dieu son coeur 15. Mort de Joachim et dAnne 16. Tu devrais tre la Mre du Christ 17. Elle revoyait tout ce que son esprit avait vu en Dieu. 18. Dieu te donnera ton poux et il sera saint puisque tu tes confie Dieu. Tu lui diras ton voeu 19. Joseph dsign comme poux pour la Vierge 20. Mariage de la Vierge avec Joseph * VOL. 1. Chapitres 21-30 21. Joseph est plac comme un sceau sur un sceau, comme lArchange au seuil du Paradis 22. Les poux arrivent Nazareth 23. Lannonciation 24. La dsobissance de la premire Eve 25. La nouvelle Eve a pratiqu lobissance en toutes occasions 26. Encore un mot dexplication sur le pch originel

27. Lannonce Joseph de la grossesse dlisabeth 28. Confie Moi le soin de te justifier prs de lpoux 29. Marie et Joseph se rendent Jrusalem 30. De Jrusalem la maison de Zacharie VOL. 1. Chapitres 31-40 31. Ne vous dpouillez jamais de la protection de la prire 32. Arrive la maison de Zacharie 33. Marie rvle le Nom Elsisabeth 34. Marie parle de son Enfant 35. Le don de Dieu doit toujours nous rendre meilleurs 36. La naissance du Baptiste 37. Lesprance spanouit comme une fleur pour celui qui appuie sa tte sur mon sein maternel 38. La circoncision du Baptiste 39. Disposez votre esprit accueillir la Lumire 40. La prsentation du Baptiste au Temple * VOL. 1. Chapitres 41-50 41. Si Joseph avait t moins saint, Dieu ne lui aurait pas accord sa lumire 42. Marie de Nazareth sexplique avec Joseph 43. Laissez au Seigneur le soin de vous proclamer ses serviteurs 44. Ldit de recensement 45. Aimer est satisfaire celui quon aime au-del du sentiment et de lintrt 46. Le voyage vers Bethlem 47. Naissance de Jsus notre Seigneur 48. Moi, Marie, jai rachet la femme par ma divine maternit 49. Adoration des bergers 50. Chez les bergers se trouvent toutes les qualits requises pour tre les adorateurs du Verbe VOL. 1. Chapitres 51-60 51. Visite de Zacharie 52. Joseph protge aussi les mes consacres 53. Prsentation de Jsus au Temple 54. Enseignements qui jaillissent de la scne prcdente 55. Berceuse de la Vierge 56. Adoration des trois Mages 57. Rflexions sur la foi des Mages 58. La fuite en gypte 59. La douleur a t pour nous lamie fidle. Elle a eu tous les diffrents aspects et tous les noms 60. La Sainte Famille en gypte VOL. 1. Chapitres 61-70 61. Dans cette maison lordre est respect 62 Premire leon de travail Jsus 63 Je nai pas voulu maffranchir bruyamment des rgles de la croissance 64 Marie, matresse de Jsus, de Jude et de Jaques 65 Prparation des vtements pour la majorit de Jsus 66 Le dpart de Nazareth

67 Lexamen de la majorit de Jsus au Temple 68 La discussion de Jsus avec les docteurs au Temple 69 La douleur de Marie la disparition de Jsus 70 Mort de Saint Joseph VOL. 1. Chapitres 71-72 71 Marie a prouv une souffrance aigu la morte de Joseph 72 En conclusion de la vie cache

Le Pome du Homme-Dieu / LEvangile tel quil ma t rvl (Ed. 1985, Centro Editoriale Valtortiano srl Italie Reprinted in 1999) Dieu me possda au commencement de ses uvres (Salomon : Proverbes 8, 22) Vol. 1 : La prparation

MARIA VALTORTA Vol. 1 : La prparation

21. JOSEPH EST PLACE COMME UN SCEAU SUR UN SCEAU COMME LARCHANGE AU SEUIL DU PARADIS. Jsus dit : Que dit le livre de la Sagesse, en chantant ses louanges ? Dans la Sagesse, se trouve en effet lesprit dintelligence, saint, unique, multiple, subtil. Il continue en numrant ses qualits et termine avec ces paroles : quelle peut tout, quelle prvoit tout, quelle comprend tous les esprits, quelle est intelligente, pure, subtile. La sagesse pntre tout par sa puret, cest une manation de lesprit de Dieu et donc en elle, il ny a rien dimpur cest une image de la bont divine. Tout en tant unique, son unit peut tout, immuable comme elle est, elle renouvelle toutes choses. Elle se communique aux mes saintes et forme les amis de Dieu et les Prophtes. 89 Tu as vu comment Joseph, non par culture humaine mais par surnaturelle instruction, sait lire dans le livre scell de la Vierge sans tache, et comment il frle par sa vue les vrits prophtiques en voyant un mystre surhumain l o les autres ne voient quune grande vertu. Imprgn de cette sagesse, qui sexhale de la Vertu de Dieu et qui est une manation certaine de la Toute Puissance, il se dirige dun esprit tranquille et sr dans la mer de ce mystre de Grce quest Marie, se rencontre avec Elle en des changes spirituels o, plutt que les lvres, ce sont deux esprits qui se parlent dans le silence sacr des mes o ils nentendent que la voix de Dieu et ne la reoivent que ceux qui sont agrables Dieu, parce quils Le servent fidlement et sont remplis de Lui. La Sagesse du Juste, qui saccrot par lunion de la prsence de la Toute Grce, le prpare pntrer dans les secrets les plus hauts de Dieu pour pouvoir les protger et les dfendre des piges humains ou dmoniaques. Et tout lui est occasion de renouvellement. Dun juste elle fait un saint, et

dun saint le gardien de lEpouse et du Fils de Dieu. Sans soulever le sceau de Dieu, lui le chaste, qui maintenant porte sa chastet un hrosme anglique peut lire la parole de feu crite sur le diamant virginal par le doigt de Dieu et il y lit ce que dans sa prudence il ne dit pas, mais qui est bien plus grand de ce que Mose a lu sur les tables de pierre. Et, pour quun il profane ne dflore pas le mystre, il se place, sceau sur le sceau, archange de feu sur le seuil du Paradis, dans lequel lEternel prend ses dlices se promenant la brise du soir et en parlant avec Celle qui est son amour, Bois de lys en fleur, brise parfume darmes, Brise frache matinire, belle Etoile, Dlice de Dieu. La nouvelle Eve est l, devant lui non pas os de ses os ni chair de sa chair, mais compagne de sa vie. Arche vivante de Dieu dont il en reoit la tutelle et quil doit rendre Dieu pure comme il la reue. Epouse de Dieu il tait crit dans ce livre mystique aux pages immacules Et quand le soupon de lpreuve lui souffla son tourment, lui, comme homme et comme serviteur de Dieu, souffrit, comme personne au monde, pour le sacrilge souponn. Mais ce fut l lpreuve future. A prsent, en ce temps de grce, il voit et il se met au service plus vrai de Dieu. Cest ensuite que viendra lorage de lpreuve, comme pour tous les saints, pour tre prouvs et pour tre rendus coadjuteurs de Dieu. 90 Que lit-on dans le Lvitique ? Dis Aaron, de ne pas entrer en tout temps dans le sanctuaire qui se trouve derrire le Voile, devant le Propitiatoire qui couvre lArche, pour ne pas mourir lorsque japparatrai dans la nue au-dessus de loracle, de ne pas entrer sans quil ny aura fait dabord ces choses : il offrira un veau, sacrifice pour le pch, et un mouton en holocauste ; il revtira la tunique de lin et avec les caleons de lin couvrira sa nudit. Et rellement Joseph entre, quand Dieu le veut et autant que Dieu le veut, dans le sanctuaire de Dieu, au-del du voile qui cache lArche sur laquelle plane lEsprit de Dieu, et soffre et offrira lAgneau, holocauste pour le pch du monde et lexpiation de ce pch. Et cela, il le fait, vtu de lin avec son corps mortifi par son vu pour en abolir les instincts qui, un jour, au commencement des temps ont triomph, lsant les droits de Dieu sur lhomme, et qui maintenant il sera pitin dans le Fils, dans la Mre et dans le pre putatif, pour que les hommes retournent la grce, et quil soit rendu Dieu son droit sur lhomme. Il fait cela avec sa chastet perptuelle. Joseph ntait pas au Golgotha ? Il vous semble quil ne soit pas parmi les cordempteurs ? En vrit, je vous dis quil en fut le premier et pour cela il est grand aux yeux de Dieu. Grand par le sacrifice, la patience, la constance, la foi. Quelle foi plus grande que la foi de celui qui a cru sans avoir vu les miracles du Messie ? Louange mon pre putatif, exemple pour vous de ce qui vous manque le plus : puret, fidlit, amour parfait. A celui qui a merveilleusement lu le Livre scell, instruit par la Sagesse, pour savoir comprendre les mystres de la Grce, celui que Dieu a choisi pour protger le Salut du monde contre les embches de tous ses ennemis.

22.

LES EPOUX ARRIVENT A NAZARETH

Le ciel le plus azur dun tide mois de fvrier stend sur les collines de Galile. Les douces collines que dans ce cycle de la Vierge enfant je nai jamais vu et dont laspect mest dsormais

aussi familier que si jy tais ne. La route principale, humide par suite dune pluie rcente, tom91 be peut-tre la dernire nuit, nest ni poussireuse, ni non plus boueuse. Elle est rgulire et propre comme une rue de ville et elle se droule entre deux haies daubpines en fleurs. Cest comme une surface neigeuse do sexhale un parfum amer et de bois, coup par dnormes groupes de cactus aux feuilles grosses et plates, toutes hrisses daiguillons et garnies dnormes groupes de fruits bizarres pouss sens ordre lextrmit des feuilles. Leur forme et leur couleur voquent toujours en moi les profondeurs marines avec les polypiers, les mduses et autres animaux des fonds marins. Au-del des haies qui servent de limites de proprits, et qui sallongent en tous sens, en formant un bizarre dessin gomtrique avec des courbes et des angles, des rhombes, des losanges, des carrs, des demi-cercles, des triangles aux angles aigus ou obtus les plus invraisemblables, cest un dessin tout saupoudr de blanc comme un ruban capricieux quon aurait ainsi tendu, pour le plaisir, le long des champs et sur lesquels volent, piaulent, chantent, par centaines, des oiseaux de toutes espces, dans la joie de lamour et de la construction des nids- au-del des haies, les champs avec les bls en herbe qui sont dj plus hauts que ceux de Jude et des prs tout fleuris et sur eux en rponse aux lgres nues du ciel auxquelles le crpuscule donne des teintes de rose, de lilas clairs, de violettes, de pervenches, dopale azure, dorange corail par centaines et centaines les nues des arbres fruit : blanches, ross, rouges avec toutes les nuances intermdiaires. Avec le lger du soir, papillonnent et tombent les premiers ptales des arbres en fleurs. On dirait des essaims de papillons la recherche du pollen sur les fleurs de la campagne. Et dun arbre lautre des festons de vignes encore dnues, sauf qu leur sommet l o le soleil tape davantage, cest louverture innocente, tonne, palpitante des premires petites feuilles. Le soleil se couche tranquille dans le ciel si doux dans son azur que la lumire rend encore plus clair et il fait briller au loin les neiges de lHermon et dautres cimes lointaines. Un char va sur la route. Cest celui qui porte Joseph et Marie avec ses cousins. Le voyage se termine. Marie regarde, du regard anxieux de qui veut connatre et mme reconnatre ce quil voit et dont il ne se rappelle pas et le sourit quand quelque souvenir imprcis revient et sarrte sur telle 92 et telle chose, sur un point particulier. Elisabeth et avec elle Zacharie et Joseph laident se souvenir en prcisant telle ou telle cime, telle ou telle maison. Maisons, dsormais, car Nazareth dj se montre, tendue sur londulation de sa colline. Frappe gauche par le soleil couchant, la cit montre ses petites maisons blanches, larges et basses que surmonte une terrasse teinte de rose. Certaines, que le soleil frappe en plein, semblent claires par un incendie tant de leur faade est rougie par le soleil qui fit briller leau des canaux et des puits bas, presque sans parapets, do montent les seaux pour la maison et les arrosoirs pour le potager. Enfants et femmes se mettent sur le bord de la route jetant un coup dil dans le char, et saluent Joseph, bien connu. Mais aprs ils restent perplexes et intimids devant les trois autres. Mais quand on entre dans la cit proprement dite, il ny a plus ni perplexit, ni crainte. Beaucoup et beaucoup de tout ge se trouvent au dbut du pays sous un arc rustique de fleurs et de feuillage et peine le char apparat de derrire le coude de la dernire maison campagnarde qui chappe lalignement, cest une roulade de cris aigus ; les gens agitent des rameaux et des bouquets. Ce sont les femmes, les jeunes filles et les enfants de Nazareth qui saluent lpouse. Les hommes plus retenus se tiennent en arrire de la haie remuante et bruyante et saluent avec gravit.

Maintenant le char a t dcouvert avant darriver au pays car le soleil nest plus gnant et permet ainsi marie de bien voir la terre natale. Marie apparat belle comme une fleur. Blanche et blonde comme un ange, elle sourit avec bont aux enfants qui lui jettent des fleurs et lui envoient des baisers, aux jeunes filles de son ge qui lappellent par son nom, aux pouses, aux mres, aux vieilles qui la bnissent avec leur voix chantantes. Elle sincline devant les hommes et spcialement devant lun deux qui est peut-tre le rabbin ou le principal personnage du pays. Le char avance au pas par la rue principale suivi dune grande partie de la foule pour laquelle larrive est un vnement. Voici ta maison, Marie dit Joseph en indiquant avec le fouet une petite maison qui se trouve exactement au bas dune ondulation de la colline et qui par derrire un beau et vaste jardin tout en fleurs qui se termine avec un tout petit olivier. Plus loin lhabituelle daubpine et de cactus marque la limite de 93 la proprit. Les champs, autrefois Joachim, sont plus loin Il test rest peu de chose dit Zacharie. La maladie de ton pre fut longue et coteuse. Coteuses aussi les dpenses pour les rparations, les dgts faits par Rome. Tu vois, la route a supprim les trois principales dpendances, on a utilis une partie de la colline qui fait la grotte. Joachim y gardait les provisions et Anne ses mtiers. Tu feras ce qui te semblera bon. Oh ! que ce soit peu de chose, nimporte ! Cela me suffira toujours. Je travaillerai Non, Marie. Cest Joseph qui parle. Cest moi qui travaillerai. Tu ne feras que les travaux de lingerie, de couture de la maison. Je suis jeune et fort et je suis ton poux. Ne me mortifie pas avec ton travail. Je ferai comme tu veux. Oui, pour cette question, cest ma volont. Pour tout le reste tous tes dsirs font loi, mais pas pour cela. Ils sont arrivs, le char sarrte. Deux femmes et deux hommes, respectivement sur le quarante et cinquante ans, sont prs de la porte, et avec beaucoup de bambins et de jeunes. Dieu te donne la paix, Marie dit lhomme le plus g et une femme aborde Marie, lembrasse et la baise. Cest mon frre Alphe et Marie sa femme et ceux-ci sont leurs fils. Ils sont venus exprs pour te fter et te dire que leur maison est la tienne, si tu veux dit Joseph. Oui, viens Marie, sil test pnible de vivre seule. La campagne est belle au printemps et notre maison est au milieu des champs en fleurs. L, tu seras la plus belle fleur dit Marie de Alphe. Je te remercie, Marie. Bien volontiers je viendrai. Je viendrai de temps en temps et sans faute pour les noces. Mais je dsire tant de voir, de reconnatre ma maison. Jtais toute petite quand je lai quitte et jai oubli son aspect maintenant je la retrouve et il me semble de retrouver ma mre que jai perdue, mon pre bien aim, de retrouver lcho de leurs paroles et le parfum de leur dernier soupir. Il me semble ntre plus orpheline puisque autour de moi jai lembrassement des murs Comprends-moi, Marie, . La voix de Marie trahit son motion et des larmes perlent ses cils. 94 Marie dAlphe rpond : Comme tu veux, aime. Je veux que tu me sentes comme ne sur et une amie et un peu aussi une mre parce que je suis de beaucoup plus ge que toi.

Lautre femme savance : Marie, je te salue. Je suis Sara, lamie de ta mre. Je tai vu natre. Et voil Alphe, petit fils dAlphe et grand ami de ta mre. Ce que jai fait pour ta mre, je le ferai pour toi, si tu le veux. Vois-tu ? Ma maison est la plus proche de la tienne et tes champs sont maintenant nous. Mais, si tu veux venir, tu le peux toute heure. Nous ferons un passage dans la haie et nous serons ensemble, tout en restant chacun chez soi. Voil mon mari. Je vous remercie tous et pour tout. De tout le bien que vous avez voulu faire aux miens et que vous voulez me faire. Que vous bnisse le Dieu Tout-Puissant. Les lourdes caisses sont dcharges et portes la maison. On entre, et je reconnais la petite maison de Nazareth, telle quelle est plus tard, dans la vie de Jsus. U Joseph prend Marie par la main geste habituel- et il entre ainsi. Sur le seuil, il lui dit : Et prsent, sur ce seuil, je veux de toi une promesse. Que nimporte quelle chose survienne ou qui tarrive tu naies pas dautre ami, dautre aide vers qui te tourner que vers Joseph et que, pour aucun motif tu naies tenfermer dans ta peine. Je suis tout entier ta disposition, rappelle-toi et ce sera l ma joie de rendre heureux ton chemin et, puisque le bonheur nest pas toujours en notre pouvoir, au moins de te le faire paisible et sr. Je te le promet, Joseph. On ouvre portes et fentres. Le soleil couchant entre, curieux. Marie, maintenant a quitt le manteau et le voile parce que, sauf les fleurs de myrte, Elle a encore le vtement de noces. Elle sort dans le jardin en fleurs. Elle regarde et sourit avec toujours sa main dans celle de Joseph, Elle fait le tour du jardin. Elle semble reprendre possession dun lieu perdu. Et Joseph lui montre ses travaux : Tu vois, ici, jai fait ce trou pour recueillir leau de pluie, car ces vignes ont toujours soif. A cet olivier, jai coup les branches les plus vieilles pour le revigorer. Jai plant ces pommiers parce que deux taient morts, et l jai mis des figuiers. Quand ils auront pouss, ils protgeront la maison dun soleil trop ardent et des regards curieux. L est lancienne tonnelle, jai seulement chang les supports pourris 95 et travaill avec les ciseaux. Elle donnera beaucoup de raisin, jespre. Et l, regarde et tout fier, il la conduit vers la pente qui se dresse au dos de la maison et qui fait la limite du verger, et l jai creus une petite grotte et je lai taye, et quand ces petites plantations auront grandi, elle sera peu prs aussi grande que celle que tu avais. Il ny a plus la source mais jespre amener un filet deau. Je travaillerai pendant les longues soires dt quand je viendrai te voir Mais comment ? dit Alphe. Vous ne faites pas les noces cet t ? Non. Marie dsire filer les draps de laine, unique chose qui manque au trousseau. Et jen suis heureux. Elle est si jeune, Marie, quil ny a pas dimportance quElle attende un an ou plus. En attendant, Elle shabitue la maison. Ah ! tu as toujours t un peu diffrent des autres et tu les encore maintenant. Je me demande qui naurait pas hte davoir pour femme une fleur comme Marie et toi, tu attends des mois !... Joie longuement attendue, joie plus intensment gote rpond Joseph avec un fin sourire. Le frre hausse les paules et demande : Et alors quand penses-tu aux noces ? Quand Marie prendra ses seize ans. Aprs la fte des Tabernacles. Elles seront douces les soires dhiver pour les nouveaux poux ! Et il sourit encore, en regardant Marie. Un sourire dentente scrte et pleine de douceur, dune consolante chastet fraternelle. Puis il reprend son tour : ici, cest la pice dans la butte. Si tu veux, jen ferai mon atelier quand je viendrai. Elle communique mais nest pas dans la maison. Ainsi il ny aura ni bruit ni dsordre. Si pourtant tu veux autrement Non, Joseph, a va trs bien ainsi.

On rentre la maison et on allume les lampes. Marie est fatigue dit Joseph. Laissons-la tranquille avec les cousins. Tous saluent et sen vont. Joseph reste encore quelques minutes et parle Zacharie voix basse. Ton cousin te laisse Elisabeth quelque temps, es-tu contente ? Moi, oui, parce quelle taidera devenir une parfaite matresse de maison. Avec elle tu pourras disposer toutes choses ton got et ranger le mobilier et je viendrai tous les soirs taider. Avec elle tu pourras te procurer la laine et tout ce quil faut. Cest moi qui 96 rglerai les dpenses. Souviens-toi que tu as promis de tadresser moi pour tout. Adieu, Marie. Dors ton premier sommeil de dame, dans cette maison qui est toi, et que lange de Dieu te le rende paisible. Que le Seigneur toit toujours avec toi. Adieu, Joseph, que toi aussi tu sois sous laile de lange de Dieu. Merci, Joseph. Pour tout. Autant que je le puis mon amour rpondra au tien. Joseph salue les cousins et sort. En mme temps la vision cesse.

Jsus dit : Le cycle est termin, et avec lui, si doux et si suave, ton Jsus ta porte sans secousses hors du tumulte de ces jours. Comme un petit enfant revtu dune douce laine et pos sur des coussins moelleux, tu as t plonge dans ces visions bienheureuses pour ne pas ressentir, terrorise, la frocit des hommes qui se hassent, au lieu de saimer. Tu ne pourras plus supporter certaines choses et je ne veux pas que tu en meures, parce que jai soin de mon porte-voix. Elle va cesser, dans le monde, la cause pour laquelle les victimes ont t tortures par tous les dsespoirs. Pour toi aussi, Marie, va cesser le temps de souffrir terriblement pour trop de raisons qui violentent tes sentiments personnels. Tu ne cesseras pas de souffrir : tu es victime. Mais une partie de tes souffrances : celle-l va cesser. Puis viendra le jour o je dirai comme Marie de Magdala mourante : Repose-toi. Il est temps pour toi de reposer. Donne-moi tes pines. Il est temps de roses. Repose-toi et attends. Je te bnis, bnie. Je tai dit cela et ctait une promesse et tu ne las pas comprise au moment o arrivait le temps o tu serais plonge, roule, enchane, couverte par les pines, dans la plus profonde obscurit Cela je te le rpte maintenant avec une joie telle que seul lamour que je suis, peut prouver quand il peut faire cesser une douleur pour son aime. Cela, je te le dis maintenant le temps du sacrifice cesse. Et Moi, qui sais , je te le dis pour le monde qui ne sait pas, pour lItalie, pour Viareggio, pour ce petit pays, o tu mas apport mdite le sens de ces paroles- le merci rserv aux holocaustes pour leur sacrifice. Quand je tai montr Ccile, vierge pouse, je tai dit quelle tait imprgne de mes parfums et qu leur odeur elle a entran mari, beau-frre, serviteurs, parents, amis. Tu as fait sans le savoir, mais moi je te le dis, Moi qui sait, le rle de Ccile dans ce monde devenu fou. Tu es toute remplie de Moi, de ma parole ; tu as port mes dsirs parmi les personnes et les meilleurs ont compris et aprs toi, victime, beaucoup et beaucoup en sont sortis et, si ce nest pas la ruine complte de ta patrie et des lieux qui te sont les plus chers, cest parce que beaucoup dhosties ont t consumes la suite de ton exemple et de ton activit. Merci, bnie. Mais continue encore. Jai grand besoin de sauver la terre, de racheter la terre. Vous, les victimes, vous tes le prix du rachat. La Sagesse qui a instruit les saints et tinstruit par un enseignement direct, tlve toujours plus lintelligence de la Science de vie et sa pratique. Dresse, toi aussi, ta petite tente prs de la maison du seigneur. Enfonce aussi

97 les pieux de la tente dans la demeure de la Sagesse et reste-y sans jamais en sortir. Tu reposeras sous la protection du Seigneur qui taime, comme un oiseau au milieu des branches fleuries et Il te mettra labri de toutes intempries spirituelles et tu seras dans la lumire de la gloire de dieu do descendront pour toi des paroles de paix et de vrit. Va en paix. Je te Bnis, bnie. Tout de suite aprs Marie dit : A Marie, le cadeau de la maman pour sa fte. Une chane de cadeaux. Et sil y a parmi eux quelque pine, ne ten plains pas au Seigneur qui ta aime comme Il en a aim bien peu. Je tavais dit, au dbout : Ecris sur moi. Toute peine trouvera sa consolation. Tu as vu que cest vrai. Ce cadeau ttait rserv pour ces temps troubles. Nous navons pas seulement soin de lesprit, mais nous savons nous proccuper aussi de la matire qui nest pas reine, mais servante utile pour lesprit, pour lui permettre daccomplir sa mission. Sois reconnaissante au Trs-haut qui, pour toi, est vraiment Pre, mme au sens affectueusement humain et qui te berce en des suaves extases, pour te cacher ce qui tpouvanterait. Aime-moi toujours plus. Je tai porte avec moi dans le secret de mes premires annes. Maintenant tu sais tout de la Maman. Aime-moi comme fille et sur dans ta destine de victime. Et aime Dieu le pre, Dieu le fils, Dieu lEsprit Saint en perfection damour. Que la bndiction du Pre, du Fils, et de lEsprit Saint passe par mes mains, quelle prenne le parfum de mon maternel amour pour toi, et sur toi elle descende et repose. Sois surnaturellement heureuse.

23. LANNONCIATION Voici ce que je vois: Marie, une trs jeune adolescente quinze ans au plus la voir- est dans une petite pice rectangulaire. Une vraie chambre de jeune fille. Contre le plus longue des deux murs, se trouve le lit: une couchette basse, sans rebords, couverte de nattes ou de tapis. On le dirait tendus sur une table ou une claie roseaux. Ils sont en effet rigides et ne forment pas de courbes comme il arrive sur nos lits. Sur lautre mur, une tagre avec une lampe huile, des rouleaux de parchemin, un travail de couture soigneusement pli que lon dirait de la broderie. A ct, vers la porte qui est ouverte sur le jardin, mais couverte dun rideau quun vent lger remue, est assise sur un tabouret bas la Vierge. Elle file du lin trs blanc et doux comme de la soie. Ses petites mains, un peu moins claires que le lin, font tourner agilement le fuseau. Le petit visage, jeune, est si beau, si beau, lgrement courb, ave un lger sourire, comme si elle caressait ou suivait quelque douce pense. Un profond silence, dans la petite maison et le jardin. Une paix profonde, tant sur le visage de Marie que dans son environnement. La paix et lordre. Tout est propre et en ordre, et le milieu trs humble en son aspect et dans lameublement, presque comme une cellule, a quelque chose daustre et en mme temps de royal cause de la nettet et du soin avec lequel sont disposes les toffes sur le lit, les rouleaux, la lumire, le petit broc de cuivre prs de la lumire et, avec dedans un faisceau de branches fleuries, branches de pchers ou de poiriers, je ne sais, mais ce sont

certainement des arbres fruit avec des fleurs lgrement roses. Marie se met chanter voix basse et puis elle lve un peu la voix. Ce nest pas du grand chant, mais cest dj une voix qui vibre dans la petite pice et o on sent vibrer son me. Je ne comprends pas les paroles, cest certainement de lhbreu. Mais comme elle rpte frquemment:Jhovah je comprends quil sagit de quelque chant sacr, peut-tre un psaume. Peut-tre Marie se rappelle les cantiques du Temple et ce doit tre un doux souvenir car elle pose sur son sein les mains qui tiennent le fil et le fuseau et elle lve la tte en lappuyant en arrire sur le mur; son visage brille de vives couleurs et ses yeux, perdus dans je ne sais quelle douce pense, sont rendus plus luisants par des pleurs retenus mais qui le font paratre plus grand. Et pourtant ses yeux rient, sourient une pense quils suivent et labstraient de ce qui lentoure. Le visage de Marie merge du vtement blanc et trs simple, ros et encadr par les tresses quelle porte comme une couronne autour de la tte. On dirait une belle fleur. Le chant se change en une prire: Seigneur, Dieu Trs-Haut, ne tarde pas denvoyer ton Serviteur pour rapporter la paix sur la terre. Suscite le temps favorable et la vierge pure et fconde pour lavnement de ton Christ. Pre, Pre Saint, accorde ta servante doffrir sa vie dans ce but. Accorde-moi de mourir aprs avoir vu ta Lumire et ta Justice sur la terre et davoir vu, accomplie, la Rdemption. O Pre Saint, envoie la terre ce qui a fait soupirer les Prophtes. Envoie ta servante le Rdempteur. Qu lheure o se terminera ma journe souvre pour moi ta demeure parce que ses portes auront dj t ouvertes par ton Christ, pour tous ceux qui ont espr en Toi. Viens, viens, Esprit du Seigneur. Viens vers tes fidles qui tattendent. Viens, Prince de la Paix! Marie reste ainsi hors delle-mme Le rideau remue plus fort, comme si quelquun, par derrire faisait un courant dair ou le secouait pour lcarter. Et une lumire blanche de perle, associ largent pur, rend plus clairs les murs lgrement jaunes, plus vives les couleurs des toffes, plus spirituel le visage lev de Marie. Dans la lumire, et sans que la tenture soit carte sur le mystre qui saccomplit mme elle ne remue plus: elle pend absolument rigide contre les montants, comme si stait un mur qui isole lintrieur de lextrieur- dans cette lumire se prosterne lArchange. Il doit ncessairement prendre un aspect humain. Mais cet aspect transcende lhumain. De quelle chair est forme cette figure trs belle et fulgurante? De quelle substance Dieu la-t-elle matrialise pour la rendre sensible aux sens de la Vierge? Seul Dieu peut possder ces substances et sen servir si parfaitement. Cest un visage, cest un corps, ce sont des yeux, une bouche, des cheveux et des mains comme les ntres, mais ce nest pas notre opaque matire. Cest une lumire qui a pris la couleur de la chair, des yeux, de la chevelure, des lvres, une lumire qui se meut et sourit et regarde et parle. Salut, Marie, pleine de Grce, salut! La voix est un doux accord comme de perles qui tombent sur un mtal prcieux. Marie tressaille et baisse les yeux. Et elle tressaille davantage quand elle voit cette crature de lumire agenouille un mtre environ de distance delle, les mains croises sur la poitrine la regardant avec un infini respect. Marie se dresse debout et se serre contre le mur. Elle devient ple, puis rouge. Son visage exprime tonnement, effarement. Elle serre inconsciemment les mains sur son sein, en les cachant sous ses longues manches. Elle se courbe presque pour cacher le plus possible son corps. Une attitude de suave pudeur. Non. Ne crains pas. Le Seigneur est avec Toi! Tu es bnie entre toutes les femmes. Mais Marie continue craindre. Do est venu cet tre extraordinaire? Est-ce un envoy de Dieu pu un Trompeur? Ne crains pas, Marie! rpte lArchange. Je suis Gabriel, lAnge de Dieu. Le Seigneur ma envoy vers Toi. Ne crains pas parce que tu as trouv grce au prs de Dieu. Et maintenant, tu vas

concevoir dans ton sein et enfanteras un Fils et tu Lui donneras comme nom Jsus. Il sera grand. On lappellera le Fils du Trs-Haut (il le sera en ralit) et le Seigneur Dieu Lui donnera le trne de David son pre et il rgnera ternellement sur la maison de Jacob et son Rgne naura jamais de fin. Comprends, Sainte Vierge, aime du Seigneur, sa Fille bnie, appele tre la Mre de son Fils, quel Fils tu engendreras. Comment cela peut-il se faire si je ne connais pas dhomme? Est ce que le Seigneur Dieu naccueille pas loffrande de sa servante et ne me veut pas vierge par amour pour Lui? Non, ce ne sera pas par oeuvre dhomme que Tu seras Mre, Marie. Tu es lternelle Vierge, la Sainte de Dieu. LEsprit Saint descendra sur Toi et la puissance du Trs-Haut te couvrira de son ombre. Pour cela, on appellera Saint celui qui natra de toi, Saint et Fils de Dieu. Tout est possible au Seigneur notre Dieu. lisabeth, strile, a conu dans sa vieillesse un fils qui sera le Prophte de ton Fils, celui qui Lui prparera le chemin. Le Seigneur lui a enlev son opprobre et son souvenir restera parmi les peuples uni ton nom, comme le nom de sa crature celui de ton Saint, et jusqua la fin des sicles les nations vous proclameront bienheureuses pour la grce du Seigneur venue jusqu vous et jusqu toi spcialement, venue aux nations par ton intermdiaire. lisabeth est en son sixime mois et le poids quelle porte fait monter en elle la joie et la fera monter davantage quand elle connatra ta propre joie. Rien nest impossible Dieu, Marie, pleine de Grce. Que dois-je dire mon Seigneur? Ne te laisse pas troubler par aucune pense. Le Seigneur veillera sur tes intrts si tu te fies Lui. Le monde, le Ciel, lEternel attendent ta parole Marie, croisant son tour ses mains sur sa poitrine et se courbant en une profonde inclination, dit: Voici la servante du Seigneur. Quil me soit fait selon sa parole. LAnge tincelle de joie. Il adore, parce que certainement il voit lEsprit de Dieu sabaisser sur la Vierge, toute courbe dans son consentement. Puis il disparat, sans remuer la tenture quil laisse tire sur le Mystre saint.

24. LA DESOBEISSANCE DE LA PREMIERE EVE Jsus dit : Ne lit-on pas dans la Gense que Dieu donna lhomme la domination sur tout, sauf sur Dieu et les Anges ses ministres ? Ny lit-on pas quIl fit la femme pour tre la compagne de lhomme pour partager sa joie et sa matrise sur tous les tres vivants ? Ny lit-on pas quils pouvaient manger de tout sauf des fruits de larbre du Bien et du mal ? Pourquoi ? Quest-ce qui est sous-entendu dans ces paroles quil domine ? Quest-ce quil y avait dans larbre de la Science du Bien et du Mal ? Vous tes-vous jamais demand cela, vous qui cherchez tant de choses inutiles et ne savez pas demander votre me les vrits clestes ? Votre me si elle tait vivante, vous le dirait, elle qui, quand elle est en tat de grce est comme une fleur entre les mains de votre Ange, elle qui, quand vous tes en tat de grce rassemble une fleur qui reoit le baiser du soleil, rafrachie par la rose, par laction de lEsprit Saint qui la rchauffe et lclaire, larrose et lembellit par des lumires clestes. Que de vrits vous dirait votre me si vous saviez converser avec elle, si vous laimiez comme ce qui vous donne la ressemblance avec Dieu qui est Esprit, comme votre me est esprit. Quelle grande amie vous auriez

en votre me si vous laimiez au lieu de la har jusqu la tuer. Quelle grande et sublime amie avec laquelle vous pourriez parler des choses du Ciel vous qui tes si avides de parler et vous vous dgradez lun lautre avec vos amitis. Ces amitis, si elles ne sont pas indignes ce qui arrive parfois- sont cependant peu prs toujours inutiles ne donnant occasion de sexprimer qu un flot de paroles vaines et nuisibles, et toujours, toujours terrestres. Nai-je pas dit : Qui maime gardera ma parole, et mon Pre laimera et nous viendrons lui, et nous ferons en lui notre demeure ? Lme en tat de grce possde lamour, et possdant lamour, elle possde Dieu, c'est--dire le Pre qui la conserve, le Fils qui la gouverne, lEsprit qui lclaire. Elle possde donc la Connaissance, la Science, la Sagesse. Elle possde la lumire. Pensez donc quelles conversations sublimes pourrait lier votre me avec vous. Ce sont elles qui ont rempli le silence des prisons, le silence des cellules, le silence des ermitages, le silence dinfirmes pieux. Ce sont elles qui ont rconfort les prisonniers dans lattente du mar102 tyre, les clotres la recherche de la Vrit, les solitaires aspirant une connaissance anticipe de Dieu, les infirmes lacceptation, mais que dis-je, lamour de leur croix. Si vous saviez galement interroger votre me, elle vous dirait la signification vraie, exacte, vaste comme le monde, de cette parole pour quil domine, et qui est celle-ci : Pour que lhomme domine sur tout. Sur tous ses trois tats. Ltat infrieur, animal. Ltat intermdiaire, moral. Ltat suprieur, spirituel. Et que tous les trois linclinent une seule fin : possder Dieu. Le possder en le mritant avec cette domination absolue qui tient assujetties toutes les forces du moi et les faits servantes de cet unique but : mriter de possder Dieu. Elle vous dirait que Dieu avait interdit la connaissance du bien et du mal, parce que le bien, Il lavait accord gratuitement ses cratures, et le mal Il ne voulait pas que vous le connaissiez, parce que cest un fruit doux au palais, mais qui descendu avec son suc dans le sang y apporte une fivre qui tue et produit une soif ardente, si bien que plus on ne boit de ce suc mensonger et plus on en a soif. Vous objecterez : Et pourquoi ly a-t-Il mis ? Et pourquoi ? Parce que le mal est une force qui est ne delle-mme spontane comme certains maux qui sattaquent aux corps les plus sains. Lucifer tait un ange, le plus beau des anges. Esprit parfait infrieur Dieu seulement. Et pourtant dans son tre de lumire naquit une vapeur dorgueil quil ne dissipa pas, mais au contraire il la condensa en la couvant. De cette incubation est n le mal. Il existait avant que lhomme existt. Dieu avait prcipit hors du Paradis le maudit qui avait couv le mal qui avait souill le paradis. Mais il est rest lternel incubateur du mal et, ne pouvant plus souiller le paradis, il a souill la terre. Cette plante symbolique sert dmontrer cette vrit. Dieu avait dit lhomme et la femme : Vous connaissez toutes les lois et mystres de la cration. Mais nusurpez pas mon droit dtre le Crateur de lhomme. Pour propager la race humaine il suffira mon amour qui circulera en vous, et sans luxure, par le seul mouvement de la charit, il suscitera des nouveaux Adams de la race humaine. Je vous donne tout. Je ne me rserve que ce mystre de la formation de lhomme. Satan a voulu enlever lhomme cette virginit de lintelligence, et avec sa langue de serpent a flatt et caress les membres et les yeux dEve en produisant des rflexes et une excitation que les 103 premiers parents ne connaissaient pas parce que la malice ne les avait pas empoisonns. Eve vit. Et en voyant elle voulut essayer. Ctait lveil de la chair. Oh ! si elle avait appel Dieu ! Si elle avait couru Lui dire : Pre, je suis malade. Les caresses du serpent ont excit le trouble en moi, le Pre laurait purifie et gurie de son souffle qui, comme il lui avait infus la vie Il pouvait lui infuser une nouvelle innocence en lui faisant oublier le poison du serpent et mme en mettant en elle horreur du serpent, comme ceux qui, attaqus par un mal, en ont t guris et conservent envers ce mal une instinctive rpugnance. Mais Eve ne va pas au Pre. Elle se dirige

vers le Serpent. Cette sensation lui est douce. En voyant que le fruit de larbre tait bon manger, beau pour les yeux, gracieux voir, elle le cueillit et en mangea. Et elle comprit. Dsormais la malice tait descendue en ses entrailles avec sa morsure. Elle vit avec des yeux nouveaux et entendit avec des oreilles nouvelles les murs et les voix des brutes. Et les dsira dun dsir fou. Elle commena seule le pch. Lacheva avec son compagnon. Voil pourquoi sur la femme pse une condamnation plus grande. Cest par elle que lhomme est devenu rebelle Dieu et quil a connu la luxure et la mort. Cest par elle quil na plus su dominer ses trois rgnes : de lesprit, parce quil a permis que lesprit dsobisse Dieu ; de la conduite morale, parce quil a permis que les passions le dominent ; de la chair, parce quil a rabaiss au niveau des lois instinctives des brutes. Le Serpent ma sduite, dit Eve. La femme ma offert le fruit et jen ai mang dit Adam. Et la triple concupiscence sattache alors aux trois rgnes de lhomme. Il ny a que la Grce qui puisse russir ralentir ltreinte de ce monstre impitoyable. Et si elle est vivante, trs vivante, maintenue toujours plus vivante par la volont du fils fidle, elle arrive trangler le monstre et navoir plus rien craindre. Plus de tyrans intrieurs. A savoir, de la chair et des passions. Plus de tyrans extrieurs : le monde et les puissants du monde. Plus de perscutions. Plus de mort. Cest comme dit lAptre Paul : Je ne crains aucune de ces choses, et je ne tiens pas ma vie plus qu moi-mme, mais uniquement pour que jaccomplisse ma mission et le ministre reu du Seigneur Jsus, pour rendre tmoignage lEvangile de la grce de Dieu.

25. LA NOUVELLE EVE A PRATIQUE LOBEISSANCE EN TOUTE OCCASIONS. Marie dit : Dans la joie parce que, lorsque jai compris la mission laquelle Dieu mappelait, je fus remplie de joie- mon cur souvrit comme un lys ferm et il sen pancha le sang qui fut le terrain pour le Germe du Seigneur. Joie dtre mre. Je mtais consacre Dieu ds le premier ge car la lumire du Trs-Haut avait mis pour moi en pleine lumire la cause du mal du monde et javais voulu, pour autant que ctait en mon pouvoir, effacer de moi lempreinte de Satan. Je ne savais pas que jtais sans tache. Je ne pus penser que je ltais. La seule pense de ce privilge aurait t prsomption et orgueil. Ne en effet de procrateurs humains, il ne mtait pas permis de penser que ctait moi lElue appele tre la Sans-Tache. LEsprit de Dieu mavait instruite sur la douleur du Pre devant la corruption dEve qui avait voulu savilir et, de crature de grce, descendre au niveau des cratures infrieures. Je portais en moi le dsir dadoucir cette douleur en levant ma chair une puret anglique avec la volont de me garder inviole dans mes penses, mes dsirs et dans les relations humaines. Seulement pour Dieu, les battements de mon cur, seulement pour Lui, mon tre tout entier. Mais si je navais pas en moi la fivre brlante de la chair, il y avait pourtant encore en moi le sacrifice de ne pas tre mre.

La maternit, exemple de tout ce qui maintenant lavilit, avait t aussi accorde Eve par le Pre Crateur. Douce et pure maternit, sans pesanteur des sens ! Jen ai eu lexprience. De combien sest appauvrie Eve en renonant cette richesse ! Plus que de limmoralit. Et que cela ne vous paraisse pas exagration. Mon Jsus et moi avec Lui, sa Mre, avons connu la langueur de la mort. . Moi, la douce langueur o, puise je me suis endormie, Lui latroce langueur du condamn mort. A nous donc aussi est venue la mort. Mais la maternit sans violation daucune sorte est venue moi seule, Eve nouvelle, afin que je puisse dire au monde de quelle douceur aurait t le sort de la femme appele devenir mre sans souffrance dans sa chair. Et le dsir de cette maternit pouvait exister et existait de fait dans la Vierge qui tait toute Dieu, car cette maternit est la gloire de la femme. 105 Si vous pensez ensuite en quel honneur tait tenue la femme devenue mre, chez les isralites, vous pouvez encore mieux apprcier le sacrifice que javais consenti en acceptant par mon vu cette privation. Maintenant sa servante, lEternelle Bont faisait ce don sans menlever la candeur dont javais t revtue pour tre une fleur sur son trne. Et moi jen ai prouv une suave jubilation davoir la double joie dtre mre dun home et dtre la Mre de Dieu. Joie dtre celle par laquelle la paix ressoudait ensemble le Ciel et la terre. Oh ! avoir dsir cette paix, pour lamour de Dieu et du prochain et savoir que ctait par mon intermdiaire moi, pauvre servant du puissant, quelle venait au monde ! Dire : Oh ! hommes, ne pleurez pas. Je porte en moi le secret qui vous rendra heureux. Je ne puis vous le dire parce quil est scell en moi, en mon cur, comme est renferm en mon sein inviol le Fils de Dieu. Mais dj je vous lapporte parmi vous, mais chaque heure qui passe rapproche le moment o vous le verrez et connatrez son Nom saint. Joie davoir donn la joie Dieu : joie de croyante pour son Dieu rendu heureux. Oh ! avoir enlev au cur de Dieu lamertume de la dsobissance dEve et lorgueil dEve, de son incrdulit ! Mon Jsus a fait comprendre de quelle faute le premier Couple sest souill. Jai annul cette faute refaisant rebours ces tapes de sa descente. Le commencement de la faute se trouva dans la dsobissance : Ne mangez pas et ne touchez pas cet arbre avait dit Dieu. Lhomme et la femme, les rois de la cration, qui pouvaient toucher tout, manger de tout, except de cet arbre parce que Dieu voulait que seuls les anges fussent suprieurs, eux ne tinrent pas compte de sa dfense. Larbre : le moyen pour mettre lpreuve lobissance de ses fils. Quest-ce que lobissance aux commandements de Dieu ? Cest le bien, car Dieu ne commande que le bien. Quest-ce que la dsobissance ? Cest le mal, car elle met dans lme les sentiments de rbellion, terrain propice au travail de Satan. Eve sapproche de larbre quelle aurait du fuir pour en recevoir le bien, mais dont le voisinage, au contraire, lui en a donn le mal. Elle y va, entrane par la curiosit purile de voir ce quil avait de spcial, et par limprudence qui lui fait juger inutile le com106 mandement de Dieu, car elle est forte et pure, la reine de lEden o tout lui est soumis, o rien ne pourra lui faire du mal, Sa prsomption sera sa ruine, la prsomption qui est dj le levain de lorgueil. Aprs de la plante, elle trouve le Sducteur. A son inexprience, sa candide inexprience de vierge, la faiblesse de son inexprience, il chante la chanson du mensonge : Tu crois quil y a du mal ? Non. Dieu te la dit parce quIl veut vous garder esclaves de son pouvoir. Vous croyez tre rois ? Vous ntes mme pas libres comme lest la bte fauve. A elle, Il a accord daimer dun vrai amour. Pas vous. A elle, Il a permis dtre cratrice comme Dieu. Elle engendre des fils et voit

grandir souhait sa famille. Pas vous. A vous cette joie est refuse. A quoi bon donc vous avoir fait homme et femme si vous devez vivre ainsi ? Soyez des dieux. Vous ne connaissez pas la joie dtre deux en une seule chair et den crer une troisime et davantage. Ne croyez pas aux promesses de Dieu de jouir de votre postrit en voyant vos fils crer de nouvelles familles, vous quitter pour tre pres et mres. Il vous a donn un semblant de vie. La vie relle cest de connatre les lois de la vie. Cest alors que vous serez semblables des dieux et que vous pourrez dire Dieu : Nous sommes tes gaux. Et la sduction se poursuivit parce que Eve neut pas la volont de la repousser, mais plutt de la suivre et de connatre ce qui nappartenait pas lhomme. Voil que larbre dfendu devient pour la race, rellement mortel, parce qu ses branches pend le fruit de lamer savoir qui vient de Satan. Et la femme devient femelle et avec le levain de connaissance satanique au cur, sen va corrompre Adam. La chair est ainsi avilie, les murs corrompues, lesprit dgrad, ils connurent la douleur et la mort de lesprit priv de la Grce et de la chair prive de limmortalit. Et la blessure dEve engendra la souffrance qui ne disparatra, jusqu la mort du dernier couple sur la terre. Jai parcouru rebours le chemin des deux pcheurs,. Jai obi. En toutes circonstances jai obi. Et aprs avoir aim la virginit qui me faisait pure comme la premire des femmes avant quelle ne connt Satan, Dieu me commanda dtre pouse. Jai obi, relevant le mariage ce degr de puret o il tait dans la pense de Dieu quand Il avait crs les deux premiers parents. Convaincue dtre destine la solitu107 de dans le mariage et au mpris du prochain pour ma strilit sainte, alors Dieu me demanda dtre Mre. Jai obi. Jai cru que cela serait possible et que cette parole venait de Dieu parce quen lcoutant jtais inonde de paix. Je nai pas pens : Je lai mrit.. je ne me suis pas dit : maintenant le monde madmirera parce que je suis semblable Dieu en crant la chair de Dieu. Non. Je me suis anantie dans lhumilit. La joie a jailli dans mon cur comme une tige de rose fleurie. Mais elle ne se garnit tout de suite dpines aigus et je ne fus treinte, enveloppe par la douleur comme les branches autour desquelles senroulent les liserons. La douleur de la douleur de lpoux : cest le pressoir au sein de la joie. La douleur de la douleur de mon Fils : voil les pines au milieu de ma joie. Eve voulut la jouissance, le triomphe, la libert. Jacceptai la douleur, lanantissement, lesclavage. Je renonai ma vie tranquille, lestime de lpoux, ma propre libert. Je ne me rservai rien. Je devins la Servante du Seigneur dans ma chair, dans ma conduite, dans mon esprit, me fiant Lui, non seulement pour la conception virginale, mais pour la dfense de mon honneur, la consolation de mon poux, pour le moyen de le porter la sublimation du mariage, de faon faire de nous ceux qui rendent lhomme et la femme leur dignit perdue. Jai embrass la volont du Seigneur, pour moi, pour mon poux, pour ma Crature. Jai dit : OUI pour nous trois, certaine que Dieu naurait pas menti sa promesse de me secourir dans ma douleur dpouse qui voyait quon la jugeait coupable, de mre qui voyait quelle engendrerait pour livrer son Fils la douleur. OUI jai dit. OUI. Cela suffit. Ce OUI a annul le NON dEve lordre de Dieu. Oui, Seigneur, comme tu veux. Je connatrai ce que tu veux. Je vivrai comme tu veux. Je jouirai comme tu veux. Je jouirai si tu le veux. Je souffrirai pour ce que tu veux. Oui, toujours oui, mon Seigneur, depuis le moment o ton rayon me fit Mre jusquau moment o tu mas appele Toi. Oui toujours oui. Toutes les voix de la chair, toutes les inclinations de ma sensibilit, sous le poids de ce oui perptuel qui est moi. Et comme au-dessus dun pidestal de diamant, mon esprit qui manque les ailes pour voler vers Toi, mais qui est le matre de tout mon moi dompt et asservi pour te servir dans la joie, pour servir dans la douleur. Mais, souris, Dieu. Et sois heureux. La faute est vaincue. Elle est enleve, elle est dtruite. Elle gt sous mon talon. Elle est 108

lave dans mes larmes, dtruite par mon obissance. De mon sein natra lArbre nouveau. Il portera le Fruit qui connatra tout le mal pour lavoir souffert en Lui-mme, et donnera tout le bien. A Lui pourront venir les hommes et je serai heureuse sils le cueillent, mme sans penser quil nat de moi. Pour que lhomme sa sauve et que Dieu soit aim, quon fasse de sa servante ce que lon fait de la terre o un arbre se dresse : une marche pour monter. [Marie : il faut toujours savoir tre une marche pour que les autres montent Dieu. Sils nous pitinent, cela ne fait rien. Pourvu quils se runissent aller vers la Croix. Cest larbre nouveau qui porte le fruit de la connaissance du Bien et du mal. En effet, il dit lhomme ce qui est mal et ce qui est bien pour quil sache choisir et vivre. Et il sait, en mme temps, devenir une liqueur pour gurir ceux qui se sont empoisonns avec le mal quils ont voulu goter. Notre cur sous les pieds des hommes pour quaugmente le nombre des rachets et que le Sang de mon Jsus nait pas t vers sans produire le fruit. Voil la destin des servantes de Dieu. Mais aprs, mritons-nous de recevoir dans notre sein, lHostie sainte, et au pied de la Croix, ptrie de son Sang et dans nos larmes nous pouvons dire : Voici, Pre, lHostie immacule que nous toffrons pour le salut du mande. Garde-nous, Pre, fondues en Elle et par ses mrites infinis, donne-nous ta bndiction. Et moi, je te donne ma caresse. Repose-toi, ma fille, le Seigneur est avec toi. ]

26.

ENCORE UN MOT DEXPLICATION SUR LE PCH ORIGINEL

Jsus dit : La parole de ma Mre devrait dissiper toute hsitation mme dans la pense de ceux qui sembrouillent le plus dans les formules. [ Et il y en a tant ! Ils veulent raisonner en matire de choses divines avec leurs mesures humaines et prtendraient que Dieu mme dt raisonner ainsi. Mais, il est si beau au contraire de penser que Dieu raisonne dune manire qui est souverainement et infiniment au-dessus de lhomme. Et il serait tellement beau et propos de raisonner non pas selon les vues humaines mais selon lesprit et de suivre Dieu. Ne pas rester ancrs l o votre pense humaine sest accroche. L aussi cest de lorgueil parce que cest supposer la perfection dans lesprit humain. Au contraire, en fait de perfection, il ny a que la Pense divine. Elle peut, si elle veut, et croit utile de le faire, descendre et devenir Parole dans la pense et sur les lvres dune de ses cratures m109 prise par le monde parce que aux yeux du monde elle est ignorante, mesquine, borne, enfantine. La Sagesse aime dsorienter lorgueil de lesprit, se rpandre sur ceux qui sont rejets par le monde, qui nont pas dides personnelles et encore moins une doctrine acquise par la culture, mais ils sont tous pleins damour et de puret, grands par leur volont de servir Dieu en le faisant connatre et aimer, aprs avoir mrit de le connatre et aimer, et aprs avoir mrit de le connatre, en laimant de toutes leurs forces. Observez, hommes, Fatima, Lourdes, Guadalupe,

Caravaggio, la Salette, donc partout o il y a eu des apparitions vraies et saintes, les voyants, ceux qui ont t appels voir sont des pauvres cratures qui, pour lge, culture et condition, sont parmi les plus humbles de la terre. Cest ces inconnus, ces riens que la Grce se rvle pour en faire ses hrauts. Que doivent alors faire les hommes ? Sincliner comme le publicain et dire : Seigneur, jtais trop pcheur pour mriter de te connatre. Sois bni pour ta bont qui me console par lintermdiaire de ces cratures, me donne un appui cleste, un guide, un enseignement, une esprance de salut. Et ne pas dire : Mais non ! Ce sont des prjugs, des hrsies ! Ce nest pas possible ! Comment nest-il pas possible ? Quun tre peu dou devienne savant dans la science de Dieu ? Pourquoi nest-il pas possible ? Nai-je pas ressuscit les morts, guri les fous, soign les pileptiques, ouvert la bouche aux muets, les yeux aux aveugles, louie aux sourds, lintelligence des diminus ; naije pas de mme chass les dmons, command aux poissons de se jeter dans le filet, aux pains de se multiplier, leau de devenir du vin, la tempte de se calmer, leau de devenir solide comme une surface pave ? Quest-il impossible Dieu ? Mme avant que Dieu, le Christ, Fils de Dieu, ft parmi vous, est-ce que Dieu na pas opr des miracles par le moyen de ses serviteur qui agissaient en son nom ? Ne sont-elles pas devenues fcondes les entrailles strile Sara dAbraham pour quelle devienne Sara et senfantt dans sa vieillesse Isaac destin tre celui avec lequel Je conclurais le pacte ? Ne se sont-elles pas chang en sang les eaux du Nil et remplies danimaux immondes au commandement de Mose ? Et toujours par sa parole ne sont-ils pas morts de la peste les animaux et tombes ulcres les chairs des hommes, et fauchs, hachs les bls par une grle dvastatrice et dpouills les arbres par les sauterelles, et teinte pendant trois jours la lumire, et frapps de mort les premiers ns, et entrouverte la mer pour le passage dIsrael, et adoucies les eaux amres et tombes en abondance les cailles et la manne, et leau nest-elle pas jaillie du rocher aride ? Et Josu na-t-il pas arrte la course du soleil ? Et le jeune David na-t-il pas terrass le gant ? Est-ce que Elie na pas multipli la farine et lhuile et ressuscit les fils de la veuve de Sorepta ? Est-ce qu son commandement la pluie nest-elle pas tombe sur la terre dessche et le feu du Ciel sur lholocauste Et le Nouveau Testament nest-il pas un bosquet fleuri dont chaque fleur est un miracle ? Qui donc a pouvoir sur le miracle ? Quest-ce qui est donc impossible Dieu ? Qui est comme Dieu ? Courbez la front et adorez. Le temps arrive de la grande moisson et tout doit tre rvl avant que lhomme cesse dexister, tout : les prophties postrieures au Christ et celles davant le Christ et le symbolisme biblique qui a commenc ds les premiers mois de la Gense, et si Moi je vous instruis sur 110 un point jusquau prsent inexpliqu, accueillez ce don et tirez-en le fruit et non la condamnation. Ne faites pas comme le Juifs du temps de ma vie mortelle qui voulurent fermer leur cur mes enseignements et, ne pouvant mgaler dans la comprhension des mystres et des vrits surnaturelles, me traitrent de possd et de blasphmateur.] Jai dit : Arbre mtaphorique. Je dirai maintenant : Arbre symbolique. Peut-tre vous comprendrez mieux. Le symbole en est clair : daprs la faon dont les deux fils de Dieu se comporteraient par rapport elle, on comprendrait si leurs tendances iraient vers le bien ou vers le mal. Comme leau rgale qui est la preuve pour lor et la balance de lorfvre qui en donne le poids en carats, cette plante, devenue une mission pour le commandement de Dieu par rapport elle, a donn la mesure de la puret du mtal dAdam et dEve. Jentend dj venir lobjection : Na-t-elle pas t excessive la condamnation et puril le moyen employ pour quelle se produise ? Non. Si vous commettiez actuellement cette dsobissance vous qui avez eu deux cette hritage,

ce serait moins grave que cela ne la t pour eux. Vous, vous tes rachets par moi, mais le venin de Satan reste toujours prt resurgir. Cest comme pour certaines maladies dont leffet nest jamais compltement neutralis dans le sang. Eux, les deux premiers parents taient en possession de la Grce sans avoir jamais t dflors par la Disgrce. Ils taient donc plus forts, plus soutenus par la grce, source en eux dinnocence et damour. Infini tait le don que Dieu leur avait fait, bien plus grave par consquent leur chute en dpit de ce don. Symbolique aussi le fruit offert et mang. Ctait le fruit dune exprience quils avaient voulu faire par instigation satanique contre le commandement de Dieu. Je navais pas interdit lamour aux hommes. Je voulais uniquement quil ft sans malice. Comme je les aimais dun amour essentiellement saint, ils devaient aaimer dune affection sainte quaucune luxure ne vienne souiller. Il ne faut pas oublier que la Grce est lumire et que celui qui la possde sait distinguer ce quil est utile et bon de connatre. La Pleine de Grce connut tout parce que la Sagesse linstruisit, la Sagesse qui est Grce, et Elle sut se conduire avec saintet. Eve connaissait donc ce qui lui tait bon de connatre. Rien de plus, parce quil est inutile de connatre ce qui nest pas bon. Elle neut pas foi dans la parole de Dieu et ne fut pas fidle sa promesse 111 dobissance. Elle a cru Satan, elle a rompu sa promesse, et a voulu savoir ce qui ntait pas bon, et elle laima sans remords, lamour que je lui avais donn si saint, elle en fit une chose corrompue, une chose avilie. Ange tomb, elle sest roule dans la boue et dans lordure, alors quelle pouvait courir heureuse parmi les fleurs du Paradis terrestre et voir fleurir autour delle sa descendance, comme une plante se couvre de fleurs sans traner sa frondaison dans le bourbier. [Ne soyez pas comme ces enfants insenss dont je parle dans lEvangile. Ils ont entendu chanter et se sont bouch les oreilles. Ils ont entendu le tambourin et nont pas dans. Ils ont entendu pleurer et ils ont voulu rire. Ne soyez pas troits ni ngateurs. Recevez, recevez sans malice et docilement sans ironie, ni incrdulit, la Lumire.. On a assez parl sur ce sujet. Pour vous faire comprendre quel point vous devez tre reconnaissants Celui qui est mort pour vous faire arriver au Ciel et pour vaincre la concupiscence satanique, jai voulu vous parler en ce temps de prparation la Pque de ce qui a t le premier anneau de la chane par laquelle le Verbe du Pre fut tran la mort, lAgneau Divin labattoir. Jai voulu en parler parce que prsentement le 90% dentre vous sont semblables Eve, empoisonns par le souffle et la parole de Satan. Vous ne vivez pas pour vous aimer mais pour vous rassasier. Vous ne vivez pas pour le Ciel mais pour la boue. Vous ntes plus des cratures doues dune me et du sens de raison, mais des chiens sans me et sans raison. Lme vous lavez tue et la raison dprave. En vrit je vous affirme que les brutes vous surpassent dans lhonntet de leur amour. ]

27.

LANNONCE A JOSEPH DE LA GROSSESSE DELISABETH

Voici que mapparat la petite maison de Nazareth o se trouve Marie. Marie toute jeune comme lorsque lAnge de Dieu lui apparut. Rien que de la voir me remplit lme du parfum virginal de

cette demeure, du parfum anglique qui persiste encore dans la pice o lAnge a ondul ses ailes dor, du parfum divin qui sest tout concentr sur Marie pour faire delle une Mre et qui prsent se dgage delle. Cest le soir, car les ombres commencement envahir la pice o tait avant, descendue du Ciel, une si grande lumire. Marie, genoux prs de son petit lit prie, les bras en croix sur sa poitrine, le visage tout inclin vers la terre. Elle est encore 112 vtue comme Elle ltait au moment de lAnnonciation. Tout est pareil : le rameau fleuri dans son vase, les meubles dans la mme ordre. Seulement la quenouille et le fuseau sont placs dans un coin avec son plumet de filasse pour lune, et pour lautre le fil brillant qui y est enroul. Marie cesse de prier et se lve, le visage tout enflamm. La bouche sourit, mais une larme fait briller son il dazur. Elle prend la lampe huile et lallume avec la pierre feu. Elle prend garde que tout soit bien en ordre dans la petite chambre. Elle remet en place la couverture de la couchette qui stait dplace. Elle ajoute de leau dans le vase du rameau fleuri et le porte au dehors la fracheur de la nuit. Puis Elle rentre. Elle prend la broderie place su le meuble tagre, et la lampe allume. Elle sort en fermant la porte. Elle fait quelque pas dans le jardinet le long de la maison et puis Elle entre dans la petite pice o jai vu ladieu de Jsus et Marie. Je la reconnais, bien quil manque quelque objet qui sy trouvait alors. Marie disparat, emportant la lumire dans une autre petite pice voisine, et je reste l, avec la seule compagnie de son travail pos sur le coin de la table. Jentends le pas lger de Marie qui va et vient, je lentends remuer de leau comme pour laver un objet, puis faire du menu bois. Je me rends compte que cest du bois par le bruit quil a fait. Je maperois quElle allume le feu. Puis Elle revient. Elle sort dans le jardinet et Elle rentre avec des pommes et des lgumes. Elle met les pommes sur la table, sur un plateau de mtal grav au burin : il me semble de cuivre boulin. Elle retourne la cuisine (cette pice tait bien la cuisine). Maintenant la flamme du foyer se projette joyeusement par la porte ouverte et fait danser des ombres sur les murs. Il se passe quelque temps et Marie revient avec un petit pain bis et une tasse de lait chaud. Elle sassied et trempe des tranches de pain dans le lait. Elle les mange lentement. Puis, laissant la tasse moiti, Elle entre de nouveau dans la cuisine et revient avec des lgumes sur lesquels Elle verse de lhuile et les mange avec le pain. Elle se dsaltre avec le lait, puis Elle prend une pomme et la mange. Un repas de fillette. Marie mange et rflchit et sourit une pense intrieure. Elle se lve et tourne les yeux vers les murs qui elle semble communiquer un secret. De temps en temps elle devient srieuse, presque triste, mais aprs, le sourire revient. 113 On entend frapper la porte. Marie se lve et ouvre. Joseph entre. Ils se saluent. Puis Joseph sassied sur un tabouret en face de Marie, de lautre ct de la table. Joseph est un bel homme, dans toute la force de lge. Il aurait trente cinq ans, au plus. Ses cheveux chtain sombre et sa barbe de mme couleur encadrent un visage rgulier avec deux yeux doux, chtains presque noirs. Le front est large et lisse, le nez petit, lgrement arqu, les joues rondes dun brun pas olivtre avec des pommettes roses. Il nest pas trs grand, mais robuste et bien fait. Avant de sasseoir, il a enlev son manteau, (cest le premier que je vois de ce gendre) il est de forme ronde, ferm la gorge par un crochet ou quelque chose du mme genre, avec un capuchon. Il est de couleur marron clair et dune toffe impermable en laine grge. Il rassemble un manteau de montagnard adapt pour abriter des intempries. Avant de sasseoir il offre Marie deux ufs et une grappe de raisin, un peu avanc mais bien conserv. Et il sourit en disant : On me la apport

de Cana. Les ufs cest le centurion qui me les a donns pour une rparation que jai fait de son char. Il avait eu une roue abme et leur travailleur est malade. Ils sont frais. Il les a pris dans son poulailler. Bois-le. Ils te feront du bien. Demain, Joseph, maintenant jai mang. Mais le raisin, tu peux le prendre, il est bon, doux comme du miel. Je lai port avec prcaution pour ne pas labmer. Mange-le. Il y en a dautre. Je ten apporterai demain un petit panier. Ce soir je nai pas pu parce que je viens directement de la maison du centurion. Oh ! alors, tu nas pas encore soup. Non, mais nimporte. Marie se lve tout de suite et va la cuisine. Elle revient avec encore du lait, des olives et du fromage. Je nai pas dautre chose dit-Elle. Prends un uf. Joseph ne veut pas. Les ufs sont pour Marie. Il mange avec apptit son pain avec le fromage et boit le lait encore tide. Puis il accepte une pomme et le repas est termin. Marie prend sa broderie aprs avoir dbarrass la table de la vaisselle. Joseph laide et reste lui aussi dans la cuisine quand Elle en revient. Je lentends bouger pendant quil remet tout en place et attise le feu car la soire est frache. 114 Quand il revient, Marie le remercie. Ils parlent entre eux. Joseph raconte comment il a pass la journe. Il parle de ses neveux. Il sintresse au travail de Marie et ses fleurs. Il promet dapporter des trs belles fleurs que le centurion lui a promises. Ce sont des fleurs que nous navons pas. Il les a apports de Rome. Il men a promis des plants. Maintenant que la lune est favorable, je vais te le planter. Elles ont une belle couleur et une odeur trs agrable. Je les ai vues lt dernier car elles fleurissent en t. Elles te parfumeront toute la maison. Je vais pouvoir les planter et les greffer. La lune est favorable. Cest le moment. Marie sourit et remercie. Un silence. Joseph regarde la tte blonde de Marie, penche sur la broderie. Un regard damour anglique. Certes, si un ange regardait une femme dun amour dpoux, cest ainsi quil la regarderait. Marie, comme si Elle prenait une dcision pose sur son sein la broderie et dit : Joseph, jai aussi quelque chose te dire. Je nai jamais rien dire car tu sais comme je vis dans la retraite. Mais aujourdhui, jai une nouvelle. Jai appris que notre parente Elisabeth, femme de Zacharie, attend un enfant Joseph carquille les yeux et dit : A cet ge ? A cet ge rpond Marie en souriant. Le Seigneur peut tout et Il a voulu donner cette joie notre parente. Comment le sais-tu ? La nouvelle est-elle sre ? Il est venu un messager, quelquun qui ne saurait mentir. Je voudrais aller chez Elisabeth pour lui rendre service et lui dire que je me rjouis avec elle. Si tu le permets Marie, tu es mon pouse, et moi je suis ton serviteur. Tout ce que tu fais est bien fait. Quand veux-tu partir ? Le plus tt possible, mais je resterai l-bas des mois entiers. Et moi, je compterai les jours en tattendant. Pars tranquille, je penserai ta maison et au jardinet. Tu trouveras tes fleurs belles comme si tu les avais soignes. Seulement attends. Je dois aller avant la Pque Jrusalem pour acheter quelques objets utiles mon travail. Si tu attends quelques jours, je taccompagnerai jusque l. Pas plus loin parce que je dois revenir promptement.

Mais jusque l nous pouvons aller ensemble. Je suis plus tranquille si je ne te sais pas seule sur les chemins. Au retour, tu me le feras savoir, je viendrai ta rencontre. 115 Tu es bon, Joseph. Que le Seigneur te rcompense par ses bndictions et tienne loin de toi la douleur. Je le prie toujours pour cela. Les deux chastes poux se sourient angliquement. Le silence se rtablit quelque temps, puis Joseph se lve, il remet son manteau, relve le capuchon sur la tte. Il salue Marie qui, Elle aussi, sest leve, et sort. Marie le regarde sortir. Elle pousse un soupir comme si Elle tait peine. Elle lve les yeux au Ciel et prie certainement. Elle ferme la porte, plie son ouvrage, va la cuisine. Elle teint le feu ou le couvre. Elle regarde si tout est bien en ordre. Elle prend la lampe et sort en fermant la porte. Elle protge de la main la flamme qui tremble au vent froid de la nuit. Elle entre dans sa chambre et prie encore. La vision se termine ainsi.

28. CONFIE Marie dit:

MOI LE SOIN DE TE JUSTIFIER PRES DE LEPOUX

Fille bien chrie, quand cessa lextase qui mavait comble dune inexprimable joie, mes sens se rouvrirent aux choses de la terre. La premire pense qui, acre comme les pines dune rose, pera mon coeur enseveli dans les roses du Divin Amour devenu mon Epoux depuis quelques instants, ce fut la pense de Joseph. Je lui avais dsormais donn mon amour mon saint et attentif gardien. Depuis le moment o la volont de Dieu, travers la parole de son Prtre, mavait voulue pouse de Joseph, javais pu le connatre et apprcier la saintet de ce Juste. Unie lui, javis senti disparatre ma solitude dorpheline et je navais plus pleur lasile du Temple que javais perdu. Auprs de lui, je me sentais en scurit comme Prs du Prtre. Toute hsitation tait tombe et non seulement tombe, mais oublie tellement elle stait loigne de mon coeur de vierge. Javais compris quaucune hsitation, aucune crainte ne se justifiait lgard de Joseph. Plus tranquille quun enfant dans les bras de sa maman tait ma virginit confie Joseph. Maintenant comment lui dire que jallais tre Mre? Je cherchais les mots pour le lui annoncer. Difficile recherche. Je ne voulais pas me flatter du don de Dieu et ne pouvais en aucune faon justifier ma maternit sans dire: Le Seigneur ma aim entre toutes les femmes, et de moi, sa servante, Il a fait son pouse. Le tromper en lui cachant mon tat, je ne le voulais pas non plus. Mais, pendant que je priais, lEsprit Saint dont jtais remplie, maavais dit: Tais-toi. Laisse moi le soin de te justifier prs de ton poux. Quand? Comment? Je ne lavais pas demand. Je mtais toujours fie Dieu, comme une fleur se fie leau qui la porte. Jamais lEternel ne mavait laisse sans son aide. Sa main mavait soutenue, protge, guide jusquici. Il le ferait encore maintenant Ma fille, comme elle tait belle et rconfortante, la foi en notre Eternel, Bon Dieu! Il nous recueille entre ses bras comme un berceau, nous porte comme une barque au lumineux port du Bien,

nous rchauffe le coeur, nous console, nous nourrit. Il nous donne le repos et la joie. Il nous donne la lumire et nous guide. La confiance en Dieu cest tout et Dieu donne tout qui a confiance en Lui: Il se donnes Lui-mme. Ce soir-l je portai ma confiance de crature la perfection. Maintenant, je pouvais le faire puisque Dieu tait en moi. Javais dabord eu la confiance de la pauvre crature que jtais: toujours un rien, mme si javais t la Tant Aime que je dusse tre la Sans Tache. Mais maintenant javais une confiance divine parce que Dieu tait moi; non Epoux, mon Fils! Oh! Joie! tre Une avec Dieu. Non pas pour ma gloire, mais pour laimer dans une union totale, mais pour pouvoir Lui dire; Toi, Toi seul qui es en moi, agis avec ta divine perfection en tout ce que je fais. Si Lui ne navait pas dit: Tais-toi!, jaurais peut-tre os, le visage contre la terre dire Joseph: LEsprit est entr en moi et jai en moi le Germe de Dieu; et lui maurait cru, parce quil mestimait et parce que, comme tous ceux qui ne mentent jamais, il ne pouvait croire que les autres mentent. Oui, pour lui pargner la douleur venir, jaurais surmont ma rpugnance mattribuer une telle louange. Mais jai obi au divin commandement et, pendant des mois, partir de ce moment, jai senti la premire blessure qui me faisait saigner le coeur. La premire douleur de ma destine de Cordemptrice. Je lai offerte et supporte pour vous donner vous une rgle de conduite dans ces moments analogues de souffrance, lorsque vous devez taire loccasion dun vnement qui vous met sous un jour dfavorable auprs de quelquun qui vous aime. Remettez Dieu la garde de vos rputations et des affections qui vous tiennent coeur. Mritez par une vie sainte la protection de Dieu, et puis allez tranquilles. Mme si tout le monde tait contre vous, Il vous dfendra. Auprs de ceux qui vous aiment et fera ressortir la vrit. Repose, maintenant, ma fille et sois toujours davantage ma fille.

29.

MARIE ET JOSEPH SE RENDENT A JERUSALEM

Jassiste au dpart pour aller chez Sainte Elisabeth. Joseph est venu prendre Marie avec deux nes gris : un pour lui, lautre pour Marie. Les deux animaux ont - lun- la selle habituelle augmente dun bizarre dispositif dont je comprends quil est fait pour porter la charge. Cest une espce de porte bagages sur lequel Joseph dispose un petit coffre de bois : une valise, dirions-nous maintenant, quil a apport Marie o Elle peut mettre ses vtements labri de la pluie. Je sens Marie remercier vivement Joseph pour son cadeau prvoyant dans lequel Elle dispose tout ce quElle enlve dun paquet quElle avait prpar auparavant. Ils ferment la porte de la maison et se mettent en route. Cest le point du jour, car je vois laurore qui rosit peine lOrient. Nazareth dort encore. Les deux voyageurs matinaux rencontrent seulement un berger qui pousse devant lui ses brebis qui trottinent, lune contre lautre encastrs comme autant de coins les unes dans les autres, et qui blent. Les agneaux blent aussi plus que les autres avec leurs petites voix aigues. Ils voudraient chercher encore la mamelle maternelle. Mais les mres se htent vers le pturage et les invitent trotter avec leurs blements plus puissants. Marie regarde et sourit aprs stre arrte pour laisser passer 118 le troupeau, Elle se penche sur sa selle et caresse les douces btes qui passent en frlant sa monture.

Quand le berger arrive avec un petit agnelet tout nouveau-n dans ses bras et sarrte pour saluer, Marie sourit en caressant le petit museau rose de lagneau qui ble dsesprment. Marie dit : Il cherche la maman. La voil la maman, elle ne tabandonne pas, non, petit. De fait, la mre brebis se frotte au berger et se dresse pour lcher sur le museau son nouveau-n. Le troupeau passe, faisant un bruit de pluie sur les frondaisons et laisse derrire lui la poussire souleve par tous les petits sabots qui se pressent et toute une broderie dempreintes sur la terre du chemin. Joseph et Marie se remettent en route. Joseph a son manteau. Marie est emmitoufle dans une sorte de chle rayures car la matine est trs frache. Les voil dsormais en pleine campagne et ils cheminent lun prs de lautre. Ils parlent rarement. Joseph pense ses affaires et Marie suit ses penses et recueillie comme Elle lest dans ses penses, Elle leur sourit et sourit aux choses qui lentourent. Parfois Elle regarde Joseph, et un voile de tristesse lui assombrit le visage. Puis le sourire revient mme quand Elle regarde son poux attentif qui parle peu et nouvre la bouche que pour demander Marie si Elle est bien commode et si Elle na besoin de rien. Maintenant les routes sont frquentes par dautres personnes, spcialement au voisinage de quelque pays ou dans la traverse. Mais les deux ne sintressent pas aux personnes rencontres. Ils vont sur leurs montures qui trottent avec un grand bruit de grelots et ne sarrtent quune fois, lombre dun bosquet pour manger un peu de pain avec des olives et boire une source dont leau descend dune petite grotte. Ils doivent sarrter une seconde fois pour se mettre labri dune averse violente qui tombe dun nuage trs obscur. Ils se sont mis labri de la colline sous la saillie dun rocher qui les protge du plus gros de la pluie. Mais Joseph veut absolument que Marie prenne son manteau de laine impermable sur lequel leau coule sans le mouiller. Marie doit cder la pressante insistance de son poux qui, pour la rassurer sur son sort, se met sur la tte et sur les paules une petite couverture grise qui tait sur la selle, la couverture de lne probablement. Maintenant Marie rassemble un petit frre avec le capuchon qui lui 119 encadre le visage et le manteau marron ferm la gorge et qui la couvre entirement. Laverse se calme mais fait place une pluie ennuyeuse et fine. Les deux reprennent leur marche sur le chemin devenu boueux. Mais cest le printemps, et aprs un moment, le soleil commence rendre le chemin plus facile. Les deux montures courent plus allgrement sur la route. Je ne vois pas autre chose car la vision sarrte l.

30.

DE JERUSALEMMM A LA MAISON DE ZACHARIE

Nous sommes Jrusalem. Je la reconnais bien dsormais avec ses rues et ses portes. Les deux poux se dirigent dabord vers le Temple. Je reconnais lcurie o Joseph a laiss lne, le jour de la prsentation au Temple. Maintenant encore il laisse les deux montures aprs les avoir soignes et, avec Marie, va adorer le Seigneur. Puis, ils sortent, et Marie se rend avec Joseph dans une maison de personnes de connaissance, semble-t-il. L ils se restaurent et Marie se repose jusqu ce que Joseph revienne avec un petit vieux. Cet homme va par le mme chemin que toi. Tu auras trs peu de chemin faire seule pour arriver chez la parente. Aie confiance en lui, je le connais. Ils reprennent leurs montures et Joseph accompagne Marie jusqu la Porte (cest une autre Porte que celle par o ils sont arrivs). Ils se saluent et Marie va seule avec le petit vieux qui parle, autant que Joseph tait silencieux, et sintresse mille choses. Marie rpond patiemment. Maintenant sur le devant de la selle Elle a le petit coffre que portait lne de Joseph et Elle na

plus le manteau. Elle na pas mme son chle qui est pli sur le coffre. Elle est toute belle avec son vtement dazur fonc et le voile blanc qui la protge du soleil. Comme Elle est belle ! Le petit vieux doit tre un peu sourd car, pour des faire entendre, Marie doit parler trs fort, Elle qui parle toujours voix basse. Mais maintenant il en a fini, il a puis tout son rpertoire de questions et de nouvelles, maintenant il somnole sur la selle, 120 se laissant conduire par sa monture qui connat bien le chemin. Marie profite de cette trve pour se recueillir en ses penses et prier. Ce doit tre une prire quElle chante voix basse en regardant le ciel azur et en tenant le bras sur son sein. Son visage par leffort dune motion de lme est lumire et batitude. Je ne vois pas autre chose. [Et maintenant que la vision est suspendue pour moi, comme hier je reste avec la Maman prs de moi, visible pour ma vision intrieure, avec tant de nettet que jen puis faire le portrait : le rose clair de la joue, un peu joufflue, mais dune douceur agrable, le rouge vif de la petite bouche et la douce splendeur de ses yeux dazur sous le blond fonc de ses cils. Et puis dire comment les cheveux qui se sparent au sommet de la tte descendent agrablement en trois ondulations de chaque ct jusqu couvrir moiti les petits oreilles roses et disparaissent avec leur or clair et lumineux derrire le voile qui couvre la tte. (Je la vois en effet avec le manteau sur la tte, avec son vtement de soie paradisiaque et son manteau lger comme un voile et portant opaque, de la mme toffe que le vtement). Je puis dire que le vtement est serr la taille par un cordon plus gros, toujours de soie blanche qui descend avec deux pompons sur les cts. Je puis aller jusqu dire que le vtement serr au cou et la taille, fait sur la poitrine sept plis doucement arrondis, unique ornement de son trs chaste habit. Je peux dire limpression de chastet qui se dgage de laspect de Marie, de ses formes si dlicates et si harmonieuses qui la font angliquement femme. Et plus je la regarde et plus je souffre en pensant quel point on la faite souffrir et je me demande comment on a pu ne pas avoir piti dElle, si douce et gentille, si dlicate, mme dans on aspect physique. Je la regarde et jentends les hurlement du Calvaire, contre Elle aussi, toutes les railleries et les bouffonneries, toutes les maldictions quon lui adresse parce quElle est la Mre du Condamn. Je la vois belle et tranquille, maintenant, mais son aspect actuel ne peut effacer le souvenir de son visage tragique lheure de lagonie et de la dsolation quil exprimait dans la maison de Jrusalem aprs la mort de Jsus. Et je voudrais pouvoir la caresser, baiser ses joues si dlicatement roses pour enlever par mon baiser le souvenir de ses larmes, demeur en Elle comme en moi Je ne puis croire quelle paix cela me donne de lavoir tout prs de moi. Je pense que mourir en la voyant serait doux autant et plus que la plus douce heure de la vie. En ces derniers temps que je ne la voyais pas ainsi toute entire pour moi, jai souffert de son absence comme de labsence dune maman. Maintenant je ressens lineffable joie qui ne me quitta pas en dcembre et dans les premiers jours de janvier. Et je suis heureuse. Heureuse malgr le voile de douleur dont la vue des dchirements de la passion assombrit ma flicit. Il est difficile de dire et de faire comprendre ce que jai prouv et ce qui 121 est arriv depuis le 11 fvrier le soir o jai vu souffrir Jsus dans sa Passion. a t une vue qui ma radicalement change. Que je meure maintenant ou dans cent ans, cette vision gardera toute son intensit et son influence. Avant cela, je pensais aux douleurs du Christ. Maintenant, je les vis, car il me suffit dun mot, dun coup dil sur une image pour souffrir de nouveau ce que jai souffert ce soir pour prouver lhorreur de ces supplices, pour prouver langoisse de sa souffrance dsole et mme si rien ne me le rappelle, son souvenir mtreint le cur. Marie commence parler et je me tais. ]

31.

NE VOUS DEPOUILLEZ JAMAIS DE LA PROTECTION DE LA PRIERE

Marie dit : Je ne vais pas te parler longuement, parce que tu es bien lasse, ma pauvre fille. Jattire uniquement ton attention et celle des lecteurs sur lhabitude constante de Joseph et la mienne de donner toujours la premire place la prire. Scheresse, hte, chagrin, occupations ctait des choses qui nempchaient pas la prire, mais au contraire ils la favorisaient. Elle tait toujours la reine de nos occupations, notre rconfort, notre lumire, notre esprance. Si aux heures de tristesse elle tait le rconfort, aux heures heureuses elle devenait un chant. Mais elle tait lamie fidle de notre me. Elle nous dtachait de la terre, de lexil, elle nous tournait vers les hauteurs du Ciel, la Patrie. Ce ntait pas seulement moi, qui portais Dieu en moi et qui navais qu regarder mon sein pour odorer le Saint des Saints, mais Joseph aussi se sentait uni Dieu quand il priait, parce que notre prire tait une adoration vritable de tout ltre qui se fondait en Dieu en ladorant et en recevant ensuite son embrassement. Et regardez, moi qui portais lEternel, je ne me pensais pas dispense de la frquentation respectueuse du temple. La saintet la plus leve ne dispense pas de se sentir un rien devant Dieu, et dhumilier ce nant, puisque Lui nous le permet, en un continuel hosanna sa gloire. Etes-vous faibles, pauvres, pleins de dfauts ? Invoquez la saintet du Seigneur : Saint, Saint, Saint ! Appelez-le, ce Saint bni, au secours de votre misre. Il viendra faire passer en vous sa 122 saintet. Etes-vous saints et riches de mrites ses yeux ? Invoquez galement la saintet du Seigneur. Cette saintet infinie fers croire toujours plus la vtre. Les anges, qui sont des tres suprieurs aux faiblesses de lhumanit, ne cessent pas un instant de chanter leur Sanctus et leur beaut surnaturelle saccrot chaque invocation de la Saintet de notre Dieu. Imitez les anges. Ne vous dpouillez jamais la protection de la prire, contre laquelle smoussent les armes de Satan, les malices du monde, les dsirs de la chair et lorgueil de lesprit. Ne dposez jamais ces armes qui ouvrent le Ciel et en font pleuvoir grces et bndictions. La terre a besoin dun bain de prires pour se purifier des fautes qui attirent les chtiments de Dieu. Et, tant donn que les mes de prire sont peu nombreuses, elles doivent prier beaucoup pour suppler la carence des autres. Il leur faut multiplier leurs prires vivantes pour faire le poids ncessaire lobtention de la grce. Des prires vivantes elles le seront quand elles auront leur source dans lamour et le sacrifice. [Et que toi, ma fille, tu souffres car cest une chose excellente que ta souffrance unie a mienne et celle de mon Jsus, elle est agrable Dieu et mritoire. Il mest si cher ton amour de compatissant. Mais veux-tu me donner un baiser ? Baise les plaies de mon Fils. Mets-leur le baume de ton amour. Jai ressenti en mon esprit la douleur des fouets et des pines, la torture des clous et de la croix. Mais je ressens galement toutes les caresses donnes mon Jsus. Ce sont autant de baisers qui me sont donn. Et puis, viens. Je suis la Reine du Ciel, mais je suis toujours la Maman

Me voil heureuse ! ]

32.

ARRIVEE A LA MAISON DE ZACHARIE

Je suis dans un pays montagneux. Ce ne sont pas de hautes montagnes, mais ce ne sont plus des collines. Elles ont dj des cimes et des gorges de vraies montagnes comme on en voit sur notre Apennin tosco-ombrien. La vgtation est drue et magnifique. Il y en a en abondance des eaux fraches qui conservent vertes les prairies et productifs les vergers peupls de pommiers, de figuiers avec, autour des maisons, des vignes. Ce doit tre le printemps car les grappes sont dj grosses comme des grains de 123 vesce et les pommiers commencent ouvrir leurs bourgeons qui maintenant paraissent verts, sur les branches suprieures des figuiers il y a des fruits qui sont dj bien forms. Ensuite les prs ne sont que tapis moelleux aux mille couleurs. Les troupeaux sont en train dy patre, ou bien ils se reposent, taches blanches sur lmeraude de lherbe. Marie gravit, avec sa monture, un chemin en assez bon tat qui doit tre la principale voie daccs. Elle monte, parce que le pays dont laspect est assez rgulier est situ plus haut. Celui