L'Hebdo des socialistes n°774 - spécial Conseil national

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  • 8/9/2019 L'Hebdo des socialistes n°774 - spécial Conseil national

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    N°774DU 18 AU 24 AVRIL 2015

    Quatre motions

    en lice    d   e   s   s

       o   c    i   a    l    i   s   t   e   s

    SPÉCIAL CONSEIL NATIONAL

     AGEN

    DA 

    Le conseil national de synthèse a entériné le dépôt de quatremotions en vue du congrès de Poitiers qui se tiendra les 5, 6 et 7 juin.Les militants ont le choix entre la motion A « Le renouveau socialiste »présentée par Jean-Christophe Cambadélis, la motion B « À gauchepour gagner », présentée par Christian Paul, la motion C « Osons unnouveau pacte citoyen et républicain » présentée par Florence Augier etla motion D « La Fabrique » présentée par Karine Berger. Le débat estlancé. Les militants trancheront lors du vote sur les motions le 21 mai,puis pour l’élection du premier secrétaire le 28 mai.

    10, rue de Solférino75333 Paris Cedex 07Tél. : 01 45 56 77 52

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    DIRECTRICE DE LA RÉDACTION ET DIREC-TRICE DE LA PUBLICATION • Sarah Proust• RÉDACTRICE EN CHEF Sarah Nafti• PHOTO Mathieu Delmestre• MAQUETTE Florent Chagnon (79 44)• FLASHAGE ET IMPRESSION PGE (94)Saint-Mandé• N° DE COMMISSION PARITAIRE :

    1118P11223• ISSN 127786772“L’hebdo des socialistes” est éditépar Solfé Communications,tiré à 180 000 exemplaires

    21 mai 2015Vote surles motions

    28 mai 2015Élection duPremier secrétaire

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    LES INTERVENTIONS

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    Mes camarades au nom du premier secrétairenational, Jean-Christophe Cambadélis, et jele sais, en votre nom à tous, je voudrais rendrehommage à deux camarades, à deux amis, quinous ont quittés depuis notre dernière réuniondu Conseil national.

    Sénateur, maire de Clichy-sous-Bois de 1995 à2011, Claude Dilain nous a quittés le 3 mars der-nier. Il restera pour nous tous cette personnalitéau parcours singulier, connu et reconnu pour sonengagement sans faille en faveur des territoiresdélaissés. Médecin, pédiatre de formation, il étaitd’abord et avant tout un élu de terrain, fortementenraciné dans sa ville de Clichy-sous-Bois, unedes communes les moins favorisées de France. Ilse sera inlassablement battu pour la transformeret lui offrir des perspectives de développement.La bataille pour la reconnaissance des banlieues,trop souvent oubliées de la République, aura étéle combat de sa vie. En Seine-Saint-Denis, il a

    réussi à dépasser les clivages politiques pourdésenclaver son territoire : rénovation urbaine,arrivée du tramway, projet artistique avec la TourUtrillo, son empreinte sur Clichy aura été particu-lièrement forte. Président de l’association Villeset Banlieues de 2008 à novembre 2011, alors que

     j’assurai moi-même la présidence de l’associa-tion des maires des grandes villes de France,nous avons travaillé ensemble à de nombreusesreprises. En 2011, nos deux associations avaientpublié un manifeste commun pour la réforme dela politique de la ville. Je garde le souvenir d’unhomme engagé, d’un ami proche au regard bien-veillant, un beau visage de notre famille.

    C’est aussi avec beaucoup d’émotion que je veuxen votre nom rendre hommage à celui qui futmaire de Tours durant 19 ans. Sénateur d’Indre-

    et-Loire, à notre camarade et ami Jean Ger-main, disparu le 7 avril. Juriste de formation, ila enseigné le droit constitutionnel et les financespubliques. Président de l’université François-Ra-belais, Jean Germain a ouvert de nombreux chan-tiers : l’accompagnement de la démocratisationde l’accès à l’enseignement supérieur, la profes-sionnalisation d’un certain nombre de filières deformation, l’ouverture européenne des cursuspar la multiplication des programmes Erasmuset Comenius. Jean Germain était délégué natio-nal du Parti socialiste auprès de François Hol-lande, chargé de l’éducation et des universités.Il exerçait également l’intérim de la présidencede la région Centre à deux reprises en remplace-ment de Michel Sapin. La passion de Jean Ger-main, c’était sa ville, c’était Tours. Succédant àJean Royer en 1995 comme maire de Tours, JeanGermain a métamorphosé sa ville en l’espacede 19 ans. Je pense bien sûr au vaste chantierdu tramway, aux restructurations des places Pi-

    lorget, de la Tranchée, du Général Leclerc, auxgrands projets urbains, à son combat pour queTours devienne une métropole du XXIe siècle.

    Le Parti socialiste, la ville de Tours, la France aperdu un élu de qualité, pudique, humain et bonvivant, un homme qui a consacré une partie de savie à servir les autres. Il avait une haute idée dela politique, du service public, de son pays. Il nesupportait pas l’injustice et le déshonneur. Jeanva nous manquer. Je vous demande de bien vou-loir réserver une minute de silence.

    Je vous remercie. Nous allons passer sans tran-sition à notre ordre du jour de ce Conseil, qui,après l’intervention de Guillaume Bachelay pré-sentant le rapport d’activités, entendra les repré-sentants des différentes motions qui sont dépo-sées. Et je demande tout de suite à ce que lesporte-parole, les représentants de ces motions,puissent se rapprocher de notre coordination,de Bertrand Druon, qui est au pied de la tribune,pour les faire officiellement enregistrer. Nousaurons, ensuite après le rapport de GuillaumeBachelay, la présentation de ces différentes mo-tions. Et dans un deuxième temps, nous pourronsentendre les représentants des différentes sen-

    sibilités et des représentants des contributions,qui seront rattachés à l’une ou l’autre de ces mo-tions, qui pourront s’exprimer.

    Nous essaierons de tenir le temps qui est impar-ti, c’est-à-dire de 15 minutes pour chacune desmotions qui vont être enregistrées. En attendantcette présentation des motions, nous commen-çons par le premier point qui est à l’ordre du jour.Je demande à Guillaume Bachelay de bien vou-loir faire le rapport d’activités depuis notre der-nière séance du Conseil national.

    MICHEL DESTOTPRÉSIDENT DU CN

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    Chers camarades,

    Le rapport d’activité n’est pas l’unique point àl’ordre du jour, aussi mon propos sera-t-il bref. Jevoudrais, à l’entame de notre Conseil national, faireen quelques minutes un tour d’horizon de l’actioncollective du Parti ces deux derniers mois.Et d’abord, dans le champ international marquépar le terrorisme fondamentaliste qui a de nouveaufrappé. À Copenhague. À Bamako et Kidal au Mali.À Tunis. À Garissa au Kenya. À chaque fois, nousavons dit notre effroi face à ce déchaînement de vio-lence et tout notre soutien aux victimes. Nous avonsœuvré à des rassemblements de solidarité à Paris,devant les ambassades du Danemark et de Tunisie.Et avant-hier, nous avons dénoncé la cyber-attaquecontre TV5 monde revendiquée par Daech. Face à lamenace, la réponse est internationale et la mobili-sation totale.

    Dans la période récente, les socialistes ont éga-

    lement condamné des violations des droits del’homme, je pense au bannissement de l’ancienprésident réformateur iranien Mohammad Khatamidont les paroles, la photo et même le nom ont dis-paru des médias de son pays, ou encore à l’assas-sinat de Boris Nestov à Moscou. Nous avons saluédes avancées diplomatiques majeures. C’est sousl’impulsion du président de la République et de lachancelière allemande qu’a été négocié un cessez-le feu en Ukraine, l’accord de Minsk 2, étape indis-pensable pour, à terme, espérer aboutir à une réso-lution du conflit. C’est aussi la diplomatie françaisequi, à Lausanne, s’est impliquée pour l’élaborationd’un accord-cadre solide qui autorise l’Iran à enga-ger un programme nucléaire civil, tout en veillant àce qu’il ne soit pas en situation de pouvoir se doterde l’arme nucléaire. Pour la paix et la stabilité dansla région, contre la prolifération nucléaire dans le

    monde, une étape décisive a été franchie mêmes’il reste du chemin à parcourir, afin notammentde s’assurer que l’Agence internationale de l’éner-gie atomique puisse pénétrer dans tous les sites etmener toute sa mission. Dans le concert mondial, laFrance, nation indépendante et influente, est active.La France précisément, où notre action au servicedes Français se poursuit et s’amplifie. Plusieursavancées ont été initiées ou enregistrées ces der-nières semaines : prime d’activité en 2016 issuede la fusion du RSA activité et de la Prime pourl’emploi, réforme du collège qui complète celle duprimaire, nouveaux droits en faveur des malades etdes personnes en fin de vie, protection de la biodi-versité avec une gouvernance de l’eau rendue plustransparente, création du compte personnel d’acti-vité en 2017, projet de loi sur le dialogue social –dont les principes ont été récemment exposés parFrançois Rebsamen devant notre Bureau national.Il y a, bien sûr, les importantes conquêtes du pro-

     jet de loi santé : la lutte accrue contre les déserts

    médicaux, l’accès facilité à l’IVG, le « droit à l’oubli » permettant à d’anciens malades d’accéder à unprêt immobilier ou un crédit à la consommation etle tiers payant généralisé, dont nous pouvons êtrefiers car il fera date dans l’histoire de la Républiquesociale. Quant à la loi pour l’activité et la croissance,elle est actuellement débattue au Sénat.

    La situation économique s’améliore. Il y a unenouvelle donne qu’il faut bonifier, améliorer. Seconjuguent en effet une conjoncture internationaleet européenne (prix du pétrole, loyer de l’argenten Europe, euro moins cher – enfin !, comme quoic’était possible – pour nos entreprises exportatrices,notamment industrielles) et politique de redresse-ment menée en France – croissance, confiance desménages, consommation, production industrielle,dans l’automobile par exemple, déficits. Appuyer ceretour de la croissance est absolument essentiel :c’est la priorité pour l’emploi et le pouvoir d’achat.C’est pourquoi nous avons salué les mesures pourl’investissement privé comme public annoncéesmercredi dernier par le Premier ministre.Les deux mois qui se sont écoulés depuis notreprécédente réunion ont aussi été marqués par desactes et des propos graves, de nature xénophobe,antisémite, islamophobe, homophobe, anti-élus.

    Nous les avons condamnés et nous les combattons.Quand des personnes sont visées au nom de leursconvictions religieuses, de leur orientation sexuelle,de leur engagement citoyen, c’est la Républiquetoute entière qui est attaquée, et les socialistes quisont mobilisés.

    Ces dernières semaines, la vie de notre démocra-tie a bien sûr été rythmée par les élections. Deuxdépartements sur trois sont aujourd’hui dirigés parla droite malgré la campagne active menée par noscandidats et nos militants, malgré la qualité desbilans et des projets qu’ils portaient. Même si lagauche a su se rassembler au second tour face àla droite et à l’extrême-droite, les divisions du pre-mier tour ont pesé lourd. À l’issue de ces élections,le paysage politique est marqué, sur fond d’absten-tion forte, par l’affirmation de trois forces, une « tri-

    GUILLAUME BACHELAYSN À LA COORDINATION ET AUX ÉTUDES

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    bien sûr, mais aussi sur la retraite, sur la santé,sur les personnes âgées, sur le handicap. Quelleest notre réponse au déremboursement qu’ilssubissent des soins pour la Sécurité sociale ?Pourquoi certains de nos aînés modestes ont,pour la première fois de leur vie, payé un impôtsur le revenu l’an dernier ? Toutes ces questions,nous les avons entendues en porte-à-porte, tousles militants y ont été confrontés.

    C’est d’abord à eux, à ces Français, à ces élec-teurs de gauche déçus que le Congrès de Poitiersdoit répondre, c’est d’abord à eux que nous de-vons penser dans ces huit prochaines semainesqui nous amèneront à réinventer le Parti socia-liste pour les trois prochaines années. Si nous neleur répondons pas maintenant, alors nous neserons pas en ordre de marche pour 2017. c’estdonc aux électeurs de gauche que La Fabriquepropose des réponses, des mesures à prendretrès vite, dans l’année qui vient, pour stopper

    l’hémorragie de confiance que la gauche est entrain d’affronter.

    Notre motion, je l’ai dit, portera 80 propositionsautour de quatre grandes questions : « Comment

     peut-on reprendre la main politique dans la mondia-lisation ? », « Comment le Parti socialiste répond-il àl’angoisse sociale de nos concitoyens ? », « Comment

     peut-on reconstruire l’exemplarité de notre Répu-blique qui est si mise à mal par les électeurs du Frontnational ? », et « Comment renforce-t-on la démocra-tie en France ? ». Autour de ces quatre questions,nous porterons nos propositions de réforme, nosréponses aux militants. Ce sont parmi ces quatrequestions, celles que nous devons réussir à abor-der et pour lesquelles nous devons trouver desréponses avant 2017.

    En 2008, un modèle économique, politique, so-cial, moral s’est écroulé. Et l’état dans lequel lessocialistes ont retrouvé le pays en 2012 a néces-sité obligatoirement une première phase de re-dressement. Mais désormais, la situation exige larecherche de solutions radicalement nouvelles,tant sur le plan économique et social que sur leplan des questions sociétales, républicaines ouculturelles. Je vais présenter quelques-unes de

    ces propositions, évidemment pas les 80.Face au chômage, nous proposons de consacreraux chômeurs de longue durée 30 % des 34 mil-liards d’euros destinés chaque année à la forma-tion professionnelle, car aujourd’hui, sur ces 34milliards, seuls 2 % sont destinés aux chômeursde longue durée. Nous proposons aussi, et çadoit être débattu entre nous, de poser un mora-toire sur la baisse des dotations aux collectivi-tés territoriales inscrites à ce stade dans notreprogramme de stabilité, non pas pour arrêter lesefforts en matière de finances publiques, maistout simplement pour l’emploi dans les travauxpublics et dans le bâtiment.Face à la crise de confiance européenne, nousproposons de mettre en place un système deconsultation systématique du Parlement français

    au début de l’élaboration des nouvelles directivesde la commission européenne.Face à la crise sociale, nous proposons de créer,avant la fin de ce quinquennat, un service publicdes maisons de retraite.Je vous l’ai dit, je ne vais pas évidemment égrai-ner les 80 propositions, mais ces 80 proposi-tions, nous souhaitons les porter tout au long dudébat qui va s’installer dans les cinq prochainessemaines entre nous, et nous les soumettronssystématiquement aux autres motions qui sontdéposées aujourd’hui.

    Nous porterons nos propositions de réformedevant les militants et nous porterons aussi lesmoyens politiques de mener à bien ces réformessi les militants les choisissent. Moyens politiques,avec deux grandes questions. Première ques-tion : comment faire disparaître la fracture quinous déchire en deux ? Et deuxième question :comment faire pour que le Parti socialiste puisse

    transformer ses idées de réforme en réformesvéritables portées par notre gouvernement ?

    Première question : nous ne pouvons pas laissernotre parti se casser en deux. Cela créerait la dé-sespérance à gauche, cela interdirait l’union dela gauche au premier tour de la présidentielle de2017. Ce que nous avons vécu au sein du groupesocialiste au sein de l’Assemblée nationale de-puis de nombreux mois ne doit pas se repro-duire au sein du Parti socialiste. Parce que, oui,d’abord, nous avons à soutenir, par notre majo-rité, le gouvernement, et aussi parce que nousne pouvons pas laisser sous le tapis les débatsqui, aujourd’hui, nous divisent. Nous refusons devivre un Congrès bloc contre bloc où les positionsdes uns et des autres sont essentiellement tac-tiques. Nous demandons à ce que la synthèse nesoit pas faite avant que les militants donnent leuravis et avant que les militants aient tranché.

    Deuxième question : comment mettre en œuvredes moyens politiques pour que les réformes quenous choisirons dans ce Congrès soient portéespar notre gouvernement après ? Après nous êtreréunis sur des propositions claires, alors oui,nous pourrons agir dans la seconde partie du

    quinquennat. Pour cela, notre Parti doit redeve-nir une instance d’arbitrage politique auprès dela majorité et de l’exécutif. Nous savons tous quedepuis 2012, la courroie s’est distendue entre lesmilitants et les élus. Nous écrivons des textesmais dans les lois que l’on nous propose, on nousdemande parfois de voter l’inverse. Cela ne peutplus continuer. Les militants du Parti socialiste nese sentent plus partie prenante suffisante à cetexercice du pouvoir. Et si nous ne trouvons pas desolutions face à ce malaise, alors nous ne seronspas en mesure de l’emporter dans deux ans.

    Il faut que la parole des militants retrouve unpoids dans les décisions qui sont prises à Mati-gnon. Il faut que les demandes du Parti socia-liste soient de nouveau prises en compte parnotre gouvernement. C’est tout le sens de notre

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    motion : proposer de redonner aux militants unpoids dans l’exercice du pouvoir actuel. Notreengagement à tous doit être très clair à l’issue dece Congrès : ce que les militants auront voté, lesmembres du gouvernement et de la majorité de-vront le respecter, y compris dans les décisionsd’exercice du pouvoir.

    Enfin, pour rendre les militants fiers de notre par-ti, pour faire en sorte que cette fierté nous portevers la victoire en 2017, il faut aussi la fabriqued’une nouvelle génération politique à gauche, àl’intérieur de notre parti, et la motion La Fabriquefera en sorte d’organiser au maximum le passagede témoin vis-à-vis de cette nouvelle génération.On se l’est tous dit pendant la campagne dépar-tementale : quels étaient les visages jeunes surles affiches électorales ? Souvent, trop souventles visages des candidats du Front national.Les candidats jeunes dans les départementalesétaient plus souvent portés par le Front national

    que par les autres partis. C’est un enjeu clé de ceCongrès : faire que la jeunesse se reconnaisse denouveau dans la gauche pour les deux prochainesannées, et surtout pour l’avenir de notre parti.

    Nous devons transmettre le flambeau. Ce n’estpas facile quand on est jeune de se faire entendredans notre parti, c’est pour cela que notre motiona choisi, chaque fois que c’était possible, de por-ter à ces mandataires fédéraux la responsabilitéde le faire sur des jeunes candidats ou des jeunesélus de notre parti. Je vais prendre un exempleseulement. Dans le Var, notre mandataire fédé-ral, c’est la jeune secrétaire de section de Fréjusqui se bat jour après jour, avec Elsa bien sûr, faceau sénateur Racheline.

    En conclusion, mes chers camarades, réussirle Congrès de Poitiers, c’est l’ambition de tousles socialistes, parce que nous voulons pou-voir l’emporter en 2017 face à la droite et à l’ex-trême-droite, parce que nous voulons poursuivrela transformation de la France, parce que nousvoulons continuer à écrire le socialisme pouranticiper le changement et inventer la sociétéde demain. Alors, entre nous, on peut se le dire,

    réussir le Congrès de Poitiers, c’est possible,cela dépend uniquement de nous, c’est même in-dispensable, et c’est au service de cette réussiteque La Fabrique s’engage. Merci à tous.

    Chers camarades, notre motion Osons un nou-veau pacte citoyen républicain est le fruit d’unecollaboration étroite entre deux contributionsqui ont travaillé de la même façon. Il était donclogique qu’elles souhaitent se rejoindre autourd’un texte commun.Comment vous le savez, nous sommes une mo-

    tion participative, conçue par des militants et desmilitantes pour les militants et les militantes.Nous voulons un Parti socialiste qui ressembleaux Français, ces Français que nous rencon-trons quotidiennement, auxquels nous ressem-blons mais que nous ne prenons peut-être pasle temps d’écouter. Nous voulons l’avènement dela France plurielle. Les Français nous parlent. Ilsnous parlent à chaque échéance électorale ; ilsnous disent leurs angoisses, leurs peurs, maissurtout ils nous disent leur désarroi, et parfoisleur colère. Il est temps de les entendre. Nouspensons qu’il appartient au parti de leur propo-ser un nouveau pacte citoyen et républicain. Nousl’avons développé dans notre motion autour de

    trois axes : un, dire la vérité et proposer des solu-tions partagées ; deux, poursuivre la rénovationdu Parti socialiste et réconcilier les Français etles Françaises avec la politique ; trois, défendrela République.

    Dire la réalité et proposer des solutions parta-gées. Les citoyennes et les citoyens sont prêts,ils ont su se rassembler massivement pour pré-server la liberté après les événements tragiquesde janvier qui ont secoué notre pays. Il nous ap-partient et nous avons le devoir, nous, militantssocialistes, de proposer des solutions partagéespour rassembler les Françaises et les Français,les convaincre que leur avenir n’est pas dans lerepli sur soi, ni le conservatisme, ni le populisme,ni les extrémismes politiques ou religieux. Il fautramener les abstentionnistes aux urnes grâce

    FLORENCE AUGIERPREMIÈRE SIGNATAIRE DE LA MOTION C

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    à une nouvelle offre politique non basiste maiscitoyenne. Les classes populaires et moyennesdoivent être respectées. Nous les avons perdues,nous devons nous donner les moyens de les re-conquérir ; sans cela, nous serons l’opposition dedemain et pour longtemps.

    Ouvrir les portes et les fenêtres ne doit plus êtreun slogan de meeting, mais une réalité. Il faut al-ler plus loin, plus vite en ce qui concerne le déve-loppement de la démocratie participative à tousles étages : élus, associations, sociétés civiles etdans notre parti. La mise en place de nouvellesrègles du mieux vivre ensemble. Il faut refondernotre cohésion sociale, reforger notre identitécommune au sein de notre société. Il nous fautdes institutions démocratiques qui doivent res-sembler aux citoyennes et aux citoyens. Cela né-cessite la mise en place d’un statut de l’élu.La lutte contre le racisme, l’antisémitisme, l’isla-mophobie, et toutes les formes de discrimina-

    tion. Le problème, c’est que nous ne rêvons plusensemble une société plus juste, plus écologiste,plus équitable, une société où les jeunes trouventleur place, une société où les plus anciens de-viennent des passeurs d’histoires, de savoirs.Il existe trop de pauvreté, la grande pauvretétouche plus de 9 millions de personnes. Les iné-galités sociales, territoriales, fracturent notrepays, portent atteinte à la cohésion nationale,et nourrissent des extrémistes religieux et poli-tiques.

    Les années de l’ultralibéralisme triomphant ontfait de notre société un conglomérat d’individua-lités, qui a tué le vivre ensemble pour le rempla-cer par la peur, le mépris, le rejet de l’autre. Ilappartient au Parti socialiste de proposer uneautre vision du monde, et notre motion proposedes pistes de réflexions pour changer.Tous les sondages et toutes les enquêtes ledisent : la première préoccupation des Françaiseset des Français est l’emploi. Nous proposons uneréflexion sur les emplois d’avenir, en donnant lapossibilité de conclure des contrats de six ansqui peuvent permettre une véritable pérennisa-tion de l’emploi ; le développement des emploisde service dans le cadre de l’aide à la personne,

    en formant de véritables professionnels dans ledomaine ; le développement de l’économie verte,qui est un véritable gisement d’emplois. Nousformulons d’ailleurs dans ce domaine cinq pro-positions : la rénovation des logements classés Fet G, la création de régie locale d’énergie, la créa-tion d’une véritable filière bois énergie, l’innova-tion dans la communication et le financement desmesures prises. Et nous voulons faire des Fran-çais des acteurs incontournables. Il faut aussisoutenir l’investissement dans les collectivitésterritoriales, dont dépendent pour 75 % les acti-vités du BTP. Il faut ensuite poursuivre la rénova-tion du Parti socialiste, réconcilier les citoyenneset les citoyens avec la politique.

    Pour le Parti socialiste, nous devons exprimerfortement notre volonté commune de réformer le

    fonctionnement de notre parti, en proposant unedémocratisation complète, profonde et durable,seule susceptible de redonner force, dynamismeet crédibilité à la toute la gauche. Notre objectif :rendre la parole aux militantes et aux militants,leur donner les moyens de se faire entendre pourque chaque décision du parti soit l’écho d’un tra-vail collectif. Le monde change, notre sociétéchange, notre parti doit changer, tout en restantprofondément attaché aux valeurs humanistesde justice, de solidarité, de liberté, de progrèspour tous.

    Nous voulons un Parti socialiste au travail et enmouvement, qui regarde vers l’avenir, capabled’élaborer et de proposer une vision politiqueaux Françaises et aux Français. Nous avons ré-digé des propositions que vous pourrez lire dansnotre motion. Nous formulons également unedemande forte d’intégrer dans les statuts duParti socialiste la charte d’accessibilité que nous

    avons rédigée afin que le PS devienne véritable-ment un parti ouvert à tous, et en particulier auxpersonnes en situation de handicap.

    Pour réconcilier les Françaises et les Fran-çais avec la politique, nous formulons plusieurspropositions. Je me bornerai à en citer quatre :limiter les mandats dans le temps avec un seulrenouvellement possible pour la même fonction,réduire à deux le nombre de mandats, dont unseul mandat exécutif, pour avoir des élus enga-gés à plein-temps, rendre le vote obligatoire àtoutes les élections, comme cela se pratique déjàdans une douzaine de pays à travers le monde,comptabiliser les votes blancs dans les suffragesexprimés, les électeurs ne se sentant pas repré-sentés par l’offre politique pourront enfin se faireentendre et faire reconnaître leur voix. Le troi-sième grand chantier, le troisième axe que nousproposons est la défense de la République, seuleà même de garantir la préservation du modèlesocial français dont les soubassements sontcontenus dans la devise : Liberté, Egalité, Fra-ternité. Nous voulons incarner une nation soli-daire et debout. La liberté d’abord. Pas de libertésans sécurité, c’est pourquoi nous proposons unepolitique de sécurité inspirée et efficace. Je cite-

    rai trois propositions fortes : remettre la policeau cœur de la cité avec une police de proximité,créer un délit d’association de crime organiséafin de mettre en place une confiscation pré-ventive anti-crime organisé, et enfin, réutiliserces biens mal acquis à des fins sociales. Enfin,le droit de vote des immigrés, en fait des étran-gers non-communautaires, doit devenir une réa-lité, le plus rapidement possible. Il s’agit d’unepromesse de plus de trois décennies, et d’autrespays européens ont déjà donné l’exemple : la Bel-gique, les Pays-Bas. L’égalité ensuite. Je cite iciHubertine Auclert, dans son discours, c’est la finde son discours au Congrès socialiste ouvrier deMarseille en 1879, elle disait : « Ô prolétaires, sivous voulez être libres, cessez d’être injustes. Avecla science moderne, avec la conscience qui, elle, n’a

     pas de préjugés, dites égalité entre tous les hommes,

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    égalité entre les hommes et les femmes, ascensionde toute la race humaine unie dans la justice vers unavenir meilleur ». L’égalité, elle commence en don-nant au peuple les moyens d’accéder à la culture,l’éducation, l’ouverture d’esprit, le débat. Ellecommence quand on donne aux citoyennes etaux citoyens les moyens de s’émanciper, de pou-voir se faire une opinion en toute connaissancede cause. Il appartient aux socialistes de travail-ler sur ce thème et d’offrir aux citoyennes et auxcitoyens les moyens d’arriver à l’émancipation.

    La fraternité enfin. La fraternité est un des fon-dements de notre République, de notre cohésionsociale, et du vivre ensemble. La crise écono-mique, avec le chômage de masse, l’exclusion,les évolutions des modes de vie, les mutationstechnologiques, crée des fractures profondes

    dans le tissu social. La fraternité doit rester notremoteur. Des moyens existent. Une répartitionplus équitable est l’une des réponses. Nous pro-posons l’instauration du revenu minimum univer-sel, la croissance solidaire, la fraternité et la so-lidarité en Europe avec une Europe qui protège,une monnaie unique réellement démocratique,une Europe plus proche des citoyens, et enfin,une nouvelle politique de co-développement.En conclusion, pour répondre aux défis des tempsmodernes, liés aux mutations sociétales, éco-nomiques, à la montée des extrêmes, à la crisestructurelle et identitaire qui touche durablementnotre pays, il nous faut avoir une nouvelle visionpolitique. Elle passe par l’ouverture d’un chantierqui nous mènera vers un nouveau pacte citoyenet républicain. Je vous remercie.

    Chers amis et camarades, je défie quiconque icide considérer que le Congrès de Poitiers sera unCongrès ordinaire. Il n’est pas écrit d’avance et jerassure en cela Karine Berger.

    En effet, les tempêtes que nous traversonsdoivent au contraire nous stimuler et réveillernotre parti. C’est un Congrès, chers amis, c’estun Congrès pour faire gagner la gauche, sinon, ilne sert à rien. Cet enjeu a motivé notre rassem-blement, la mobilisation de beaucoup d’énergieset de talents, le dépassement, aussi, de plusieursdes courants existants du Parti socialiste. CeCongrès, surtout, est inséparable de l’état denotre pays. Et si nous sommes rassemblés, avec

    À gauche pour gagner, c’est que nous avons uneconscience commune de la gravité de l’état de laFrance.

    Les fractures françaises annoncent des tempsglaciaires. Bien sûr, la droite se réarme, maissurtout, la carte de France de la progressiondu Front national vient de s’aggraver une nou-velle fois alors que nous sommes au pouvoir.Ce n’est pas seulement la carte de nos défaiteslocales, mais c’est la carte de l’affaiblissementde la France, de son industrie et de sa ruralité.C’est la carte des abandons de la République, dela pauvreté et du chômage de masse. Que fai-sons-nous ? Nous n’agissons pas à la hauteur dudrame français, celui des vies précaires, des em-plois détruits sans que d’autres les remplacent.Nous ne parlons plus à ceux que nous devonsdéfendre et qui, dès lors, se détournent de nous.

    Notre pays a pourtant tous les atouts et tous lestalents pour stopper le déclin, ceux des ouvrierset des chercheurs, ceux des pôles d’excellence

    et de nos piliers industriels, ceux des créateurset des bâtisseurs. Alors, pourquoi ça ne marchepas ? Ça ne marche pas parce que le pays est,dans bien des endroits, démoralisé, que le capqui nous est fixé ne peut être un récit comptableou autoritaire du redressement. Les Françaissont fatigués de l’impuissance, et nous aussi. Ilne suffit pas de parler de réformes qui viennentd’ailleurs et qui n’arrivent jamais. Il faut parlerau pays de vision d’avenir, de conquérir plus de

     justice, de transformer la société française avecelle-même, pas sans elle et pas contre elle.

    Quatre défaites électorales, et nous étions tousaux premières loges, en moins d’un an nous ontrappelées durement à la réalité. Ne cherchezpas de précédent depuis Épinay, il n’y en a pas.Comment prévenir la cinquième aux régionales

    CHRISTIAN PAULPREMIER SIGNATAIRE DE LA MOTION B

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    et la sixième en 2017 ? Certainement pas ens’alarmant du tripartisme, c’est une vision tropsimple. Si la gauche était unie, ça se saurait. Sil’abstention n’était pas la première force, ça sesaurait aussi. Derrière l’apparent tripartisme, ily a tout simplement un peuple qui nous quitte.À simplifier, on se désarme. Ne nous habituonspas, mes camarades, à l’air irrespirable des soirsde défaite. En politique, je ne sais rien de pire quel’indifférence, celle des citoyens, et trop souventla nôtre. Pour faire réussir la France et pour fairegagner la gauche, il faut des valeurs et des résul-tats, de la justice et de l’efficacité. Nous n’avonspas d’autre obsession que d’aider à trouver dessolutions, dans la clarté, c’est bien le sens denotre motion. L’urgence, c’est de fixer ensemblel’agenda des réformes à engager, maintenant, enmoins de deux années, pour se concentrer surl’essentiel, montrer aux Français, et donc auxsocialistes, le sens de notre action. Là se rega-gnera l’unité des socialistes et l’adhésion de nos

    électeurs.Le compte à rebours de 2017 est engagé, vousle savez, plus une minute ne doit être gaspillée.Le Premier ministre a annoncé cette semainedes mesures dont je ne vais pas ici désapprouverla logique. Et pour cause, nous les demandonsdepuis un an jour pour jour, ici, à l’Assembléenationale, mais pour autant, elles ne sont pas àl’échelle, elles ne sont pas à la mesure du chô-mage de masse qui s’est aggravé. La politiqueéconomique, quand nous sommes au pouvoir,ce n’est pas la recherche du temps perdu ; noussommes au pouvoir depuis trois ans, le compte àrebours a largement commencé.

    J’ai écouté attentivement Manuel Valls, c’est vrai,mais j’ai également entendu depuis des mois leconstat implacable des économistes, ceux quenous adorons quand nous sommes dans l’oppo-sition mais qui sont oubliés quand nous sommesau pouvoir : les Thomas Piketty, Daniel Cohen ounotre collègue Pierre-Alain Muet. Ils le disenttous : sans effort massif d’investissement enFrance et en Europe, pas de salut collectif. J’aiécouté aussi les syndicats, et aussi des chefsd’entreprise qui ne sont pas tous formatés par les

    éléments de langage du MEDEF. Oui, nous auronsdans ce Congrès un débat capital de politiqueéconomique, pas pour le plaisir des chiffres, pourla réussite de la France. Sans un soutien massifaux investissements privés et publics, et en par-ticulier ceux des collectivités locales, aujourd’huien panne, la demande ne repartira pas.

    Ce débat engage notre réussite. Priorité à l’effi-cacité. Il engage aussi notre identité. Faire payerpar les Français un pacte de responsabilité de40 milliards d’euros qui ne marche pas, c’étaitun virage illégitime. Pour redonner confiance aupeuple, la politique spectacle a peu de poids ; ilfaut, je le redis, de la justice et des résultats. Ilfaut donc, dans cet agenda, vigoureusement cor-riger notre cap. Et je décris cet agenda en allantà l’essentiel, le texte bien sûr dira le reste : re-

    centrer la politique d’aide aux entreprises pourla rendre réellement efficace et porteuse d’em-plois. Sur ce sujet, tout a été dit, en particulier icià l’Assemblée nationale. Mais je redis l’urgencedu redéploiement de la moitié au moins des 40milliards accordés. Reprendre le chantier de laréforme bancaire. Nous ne pouvons pas renoncerà la régulation du secteur bancaire et du mondefinancier. La première loi bancaire a été, pour cequinquennat, une gigantesque occasion manquéeet sans levier pour notre économie. Améliorer defaçon sensible les conditions de vie des classespopulaires et des classes moyennes. Et là, je vou-drais vraiment tordre le cou à une idée que nousentendons tous les jours : l’inflation zéro qui jus-tifie pour les beaux esprits les gels des pensionsou la pause des salaires. L’inflation zéro n’existepas pour les travailleurs pauvres. Par la fiscalité,les retraites ou les salaires, les marges existent,utilisons-les pour soutenir le pouvoir d’achat etla demande. Pousser et encore pousser à la réo-

    rientation des politiques européennes. Oui, c’estvrai, en Europe, les égoïsmes sont en place. Leschangements récents de politique monétaire sontréels, mais ils viennent tard et rassurent peu. Lacrise de l’Europe n’en finit pas. Les inspirateursne sont plus aux commandes, et je ne veux pas,nous ne voulons pas, que notre génération soitcelle qui abandonne aux libéraux et aux popu-listes le soin de dépecer le rêve européen.

    J’entends aussi, dans nos rangs, que le socia-lisme doit venir au secours de la République.Mais, enfin, depuis un siècle, la République et lesocialisme vont la main dans la main. Et pour ledire à la manière de 2015 : nous ne combattronspas, mes camarades, ni le Front national, ni lescommunautarismes, ni la sécession des terri-toires qui se sentent abandonnés, sans affron-ter ici et maintenant la question des souffrancessociales. Et donc, nous appelons à une nouvellegénération de services publics dans les quartierset dans les villages, dans l’Hexagone et dansl’Outre-Mer. C’est notre plan République. Il n’ya pas de République dans l’esprit du 11 janviersans parler d’égalité réelle entre les Français etentre les territoires. Ne laissons pas s’éteindrece mouvement du 11-janvier, où enfin tant de

    consciences se sont réveillées.Il y a donc l’urgence et puis il y a l’avenir. Les so-cialistes sont des éclaireurs, les architectes duprojet français, pas des figurants. La politiquese perd quand elle ne désigne pas une destina-tion. Le cœur et le moteur de notre action, c’estun projet pour la France, c’est le projet français.Oui, nous savons gérer le pays, mieux que ladroite qui l’a laissé exsangue avec son systèmeproductif, qui a laissé les finances publiques nau-fragées. Donc, nous savons gérer le pays, noussavons gérer nos collectivités, mais savons-nousencore le transformer ? Et pourtant, c’est notreraison d’être. Le projet est un capital pour de-main, ne le mettons pas au coffre en jetant la clé.Nous pouvons nous retrouver, chers amis, pourun nouveau modèle de développement. L’éco-

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    socialisme est une sortie de crise, il doit deve-nir le visage moderne de la gauche. Notre projetpour le futur, c’est de ne pas cesser de protégerles salariés devant l’accélération de la mondia-lisation. C’est d’abord de respecter le droit dutravail, de l’actualiser sans le détruire. C’est nepas reculer à la première difficulté quand nousavons, oui, c’est vrai, parfois, heureusement, faitpreuve de courage. Et j’invite le gouvernement àappliquer sans retard le compte pénibilité de laréforme des retraites.

    Notre projet, c’est aussi le principe d’égalité, celuiqu’il faudrait parfois oublier parce qu’il ne seraitpas moderne. La question de l’égalité n’est pasderrière nous, elle est devant nous, pour l’école,le logement, la santé, l’emploi, le numérique.Nous plaidons pour que la gauche reste concen-trée sur cette question de l’égalité et qu’elle re-pense en profondeur les moyens d’y parvenir.Enfin, notre projet, c’est aussi beaucoup mieux de

    démocratie. Et si, d’une certaine façon, ce chan-tier conditionnait tous les autres ? Nous l’avonsexpérimenté au Parlement quand nous deman-dions le temps du Parlement, il y a là aussi un an

     jour pour jour. Notre engagement de rééquilibrerles pouvoirs ne doit pas rester lettre morte. Si lepays peine souvent, pardon... Si le pays connaîtsouvent l’immobilisme, et il est souvent dans lapeine c’est vrai, c’est qu’il n’y a plus de média-tion et de participation. Les Français ne sont plusdans les circuits de décision. Et c’est là aussi quenotre parti doit être utile au pays.

    Et donc, tous nos débats, mes chers camarades,seraient vains si le Parti socialiste et la gauchefrançaise étaient durablement en miettes. Notrerassemblement, celui de notre motion, a déjàfait mentir cette prophétie d’un Congrès jouéd’avance. Vous l’avez compris, nous n’irons pasà Poitiers pour faire des selfies, enfin pas seu-lement. J’ai accepté une mission : rassemblercelles et ceux qui le veulent pour agir et ne plussubir, pour retrouver le chemin de la gauche quigagne grâce à ses résultats et grâce à ses va-leurs. Ce Congrès, c’est important. Il n’a que troptardé. Pourquoi ? Parce que, d’abord, le parti doitchanger en profondeur. Entendez-le, ce Congrès

    n’est pas pour notre parti une épreuve. Nous de-vons en faire une chance, une nouvelle chance.Le parti a manqué le passage de l’opposition aupouvoir, le passage du projet à l’action. L’endor-missement du Parti socialiste, quand la gaucheest au pouvoir, quand la gauche est majoritaire,n’était pas une fatalité. Il n’y a pas de malédiction.Il faut lui trouver sa juste place entre l’exécutif etle Parlement. Notre parti doit inspirer l’action dugouvernement et garantir le respect de ses enga-gements. Vous conviendrez que nous en sommesloin. Combien d’exemples de positions jamaisdébattues, jamais défendues ? Et quand ellesétaient débattues, elles n’étaient pas défendues.Trois exemples : la loi bancaire, la réforme fiscale,et le travail du dimanche, sur lequel notre partiavait pris une position, qu’il n’a pas réellementdéfendu au Parlement. Il faut donc sonner la fin

    du laissez-faire, et c’est un enjeu de ce Congrès.L’unité se fera, qui peut en douter J’entends,comme souvent, le chantage à la désunion, la finde l’unité, on a même parlé ces derniers joursde dissolution si, comme je le crois possible, ily avait une nouvelle majorité au sein du Partisocialiste. L’unité, elle se fera dans la clarté desidées, pas dans l’habileté des textes. Que ceuxqui s’accordent avec nous sur le fond, et qui par-fois désapprouvent la forme, eh bien, se mettentd’accord avec nous sur la forme. Et que ceux, danscette salle et dans l’ensemble de notre parti, quipensent juste, décident d’agir vraiment. Et je vousl’assure, ça ferait, ça fera une très belle majorité.Et je le dis sans qu’il soit besoin de dramatiser.Les militants sont en proie au doute, vous le sa-vez, ils vous le disent tous les jours. Plus que qui-conque, au contact du pays, ils mesurent le grandécart entre les discours d’avant et les actes demaintenant. Dans ce Congrès, mes camarades,les militants prendront la parole. Je veillerai à ce

    qu’elle ne leur soit confisquée d’aucune manière.Il n’y aura dans ce Congrès aucune opacité. Jedéfendrai la clarté des idées, mais aussi partoutla transparence des pratiques.

    Ce Congrès est aussi important, bien sûr, pourque la gauche se retrouve sans retard. Nous ai-mons la gauche qui gagne, bien sûr. Pas seule-ment les élections, ça peut aider, mais qui gagneaussi les cœurs, durablement, pour la justice,pour l’amélioration de la vie des gens, de ces viesordinaires devenues des vies précaires, pour desbatailles communes immenses de préservationde notre planète. Nous aimons la gauche ras-semblée mais la grande gauche, pas une majo-rité rétrécie à chaque étape de ce quinquennat,une grande gauche cimentée par un contrat demajorité qui repose sur un projet partagé, et ille faut bien avant les élections régionales, et passeulement sur des accords électoraux conclus àla hâte ou des passages au gouvernement négo-ciés entre deux portes.

    Voilà, mes camarades, ce que je souhaitais vousdire au nom de tous celles et ceux qui se sontrassemblés au sein de cette motion. Pour termi-ner, je voudrais partager avec vous ces mots de

    René Char, des mots qui sont nés dans des mo-ments de résistance autrement douloureux maisils valent aussi pour un parti comme le nôtre, quiest héritier d’une très longue histoire et qui nedoit biaiser ni avec le réel ni avec son idéal. Jevous les dédie : « C’est l’enthousiasme qui soulèvele poids des années. C’est la supercherie qui relate lafatigue du siècle. » Alors changeons autant qu’il lefaut, sans simulacre, sans nous censurer, sansnous renier, et sans renoncer jamais à notre fier-té d’être socialistes. Merci.

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    François Pupponi, Michel Debout, Juliette Méa-del, Laurent Grandguillaume, Gérard Collomb,Christophe Caresche, Martine Aubry, Jean-MarcGermain, Alain Bergouniou, Guillaume Bache-lay et Henri Weber vous proposent non pas unesynthèse, mais une thèse autour d’une seule etgrande idée : le renouveau du Parti socialiste.Nous vous proposons un débat honnête et loyal,dans l’écoute respective et le respect des opi-nions - c’est un classique au Parti socialiste, nor-malement - autour de trois choses : l’avenir duParti socialiste, l’avenir de la fin du quinquennat,et l’avenir de l’unité de la gauche. Il faut, nous lesavons tous, dépasser le Parti socialiste tel qu’ilest advenu. Il faut un congrès qui permette dedéfricher l’avenir, mais surtout qui permette deconstruire le chemin de l’espoir.

    Alors, mes chers camarades et mes chers

    amis, le Parti socialiste est confronté à un pro-blème beaucoup plus vaste qu’un simple pro-blème d’ajustement économique. Aujourd’hui, lagauche en général, et le Parti socialiste en par-ticulier, sont confrontés à une crise de ciseau.D’un côté, ce qui faisait la force de la gauchedepuis les années 60 au début des années 80,c’était sa capacité à matricer le débat politique,à être au cœur de celui-ci, à faire en sorte quel’ensemble des forces politiques, quelles qu’ellessoient, se déterminent par rapport au Parti so-cialiste et à l’ensemble de la gauche. Aujourd’hui,en France, en Europe, nous voyons que les idéesportées par la gauche, le progressisme, l’éga-lité, la liberté, la fraternité, la transformationsociale, l’écologie politique, toutes ces idéessont là, mais d’autres structurent le champ poli-tique, et l’hégémonie qui était la nôtre est bat-

    tue en brèche. Pourtant, nous avons tous notéavec intérêt que notre peuple est capable de semobiliser, de se rassembler, de descendre dansla rue, avec dignité, défendant les valeurs de laRépublique quand celles-ci sont attaquées parles terroristes. Mais la question du sens, ce quifaisait que gauche réformiste et gauche radicaleétaient majoritaires, organisaient les manifesta-tions, dans l’opinion publique, cela vous le saveztous, n’est plus l’élément moteur. Nous sommesà la lutte avec d’autres forces, et pas simplementl’extrême-droite, il faut aussi, dans les discours,citer la droite et Nicolas Sarkozy.

    Oui, nous sommes à la lutte. Il est donc néces-saire de répondre à cette crise de sens, d’au-tant que, dans le même temps, nous sommesconfrontés au résultat de notre politique écono-mique. Tout le monde sait que nous serions, moncher Gaétan, dans une situation économique po-sitive, dans le sens où, mes chers camarades, les

    éléments de la politique économique sont là, àfleur. Tout le monde parle de frémissement, maisnos mandants, c’est-à-dire les citoyens français,ne perçoivent pas les résultats concrètementsur le terrain. Donc, il faut deux choses : il fauttout à la fois être en capacité de répondre à lacrise de sens, et tout à la fois aider et améliorerla politique économique telle que nous sommesen train de la mener parce que les résultats sontau bout et nous disons, nous, que notre objec-tif politique, c’est le réarmement idéologique etpolitique de la gauche, à commencer par le Partisocialiste, et dans le même temps, la victoire dugouvernement, car nous, nous voulons la victoiredu gouvernement.

    Dans la politique qui est à mener jusqu’à la fin duquinquennat, nous pensons qu’il est nécessaire,qu’il est advenu, qu’il est indispensable de mettreau coeur de nos problématiques la question del’égalité. C’est pour ça que vous verrez, dans lamotion que nous vous présentons, dix chantiersde l’égalité. Je ne vais pas les égrainer. Ils sontautant dans le domaine de l’écologie que dansle domaine de l’emploi, que dans le domaineéconomique, que dans toute une série d’autresquestions qui touchent tous les aspects de la vie

    économique et sociale. Et dans chacun des para-graphes touchant ces chantiers de l’égalité, vousavez tout à la fois l’identité du Parti socialiste etles questions que se posent les Français dans lesélections ou au-delà des élections

    Troisième question qui me semble, moi, essen-tielle, et qui n’est pas traitée, c’est la questionstratégique pour le Parti socialiste. Personnedans cette salle ne peut faire comme s’il y avait,à la fois en termes arithmétique, électoral et entermes social, une union, une convergence, unrapport de force dans l’ensemble de la gauchepar rapport à la droite et à l’extrême-droite.

    Personne ne peut penser qu’il y a aujourd’huiune dynamique politique, et que seul le Partisocialiste serait responsable de l’échec de cette

    JEAN-CHRISTOPHECAMBADÉLISPREMIER SECRÉTAIRE DU PS PREMIER SIGNATAIRE DE LA MOTION A 

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    dynamique politique. Non, chers camarades, jene partage pas cette idée, qui était extérieure ànos rangs, que le Parti socialiste serait le verroude la situation politique qu’il faudrait faire sau-ter. Je ne partage cette idée que des idées exté-rieures à nos rangs seraient celles qui devraientinnerver notre parti et le réorienter. Je ne partagepas cette idée que, aujourd’hui, la perspectivepolitique que nous devrions avoir, c’est de nousaligner avec ceux qui nous ont combattus au pre-mier tour sur leurs propres positions.

    Non, il faut proposer à l’ensemble de la gauche etaux écologistes un combat, un débat : un combatcontre la droite et l’extrême-droite, et un débathonnête sur la situation politique et comment laconjurer. Le texte propose la perspective d’unenouvelle alliance, la belle alliance, d’une alliancepopulaire qui ne regrouperait pas simplement lesétats-majors des partis à la veille d’une élection,mais qui serait capable de puiser dans ce qui est

    notre peuple, dans les citoyens, dans les asso-ciations, dans les organisations syndicales, avecdes intellectuels ou d’autres militants associatifspour essayer de faire surgir dans ce pays uneforce qui dépasse celle du Parti socialiste, quisoit un dépassement de l’ensemble des forcespolitiques telles qu’elles existent et sont structu-rées aujourd’hui pour pouvoir aller de maintenant

     jusqu’à la présidentielle et l’emporter. Parce quenous, notre objectif est clairement de se battrepour gagner l’élection présidentielle à venir.

    Mes chers amis, le Parti socialiste, dans ce mo-ment-là, va devoir tout à la fois faire en sorte qu’ilmène un combat honnête, loyal, je l’ai dit, apaisési c’est possible, entre militants socialistes res-ponsables pour un grand Congrès du Parti socia-liste qui marque le début de son renouveau. Maisen même temps, nous devrons être capables demener le combat contre la droite qui va se réor-ganiser. J’indique pour tout le monde que, huit

     jours avant notre congrès, la droite aura un nou-veau sigle, un nouveau chef, une nouvelle organi-sation, et sera en ordre de marche pour préparerles élections régionales, et bien sûr se préparer àl’après-présidentielle.

    J’attire votre attention que le débat, qui est unvrai-faux débat, au sein du Front national, seraderrière nous, et que nous aurons une redoutableorganisation qui aura utilisé le conflit politique enson sein pour se dédiaboliser un peu plus et fairecroire à nos concitoyens qu’ils n’ont plus rien àvoir avec l’extrême-droite. Je voudrais faire ob-server que nous ne faisons pas un Congrès enchambre, entre nous, que nous sommes sous leregard à la fois des médias et de nos concitoyens,et qu’il faut donc, dans ce Congrès, tout à la foisun débat, une discussion, un échange, encoremieux, mais qu’il faut à la fin un rassemblement,un rassemblement politique autour d’une majo-rité qui donne à la fois de la stabilité, du sens etdu soutien politique au gouvernement.

    Mes chers camarades, ce Congrès n’est pascomme les autres, à la fois sur le plan historique,nous le savons vu les défis que nous avons àporter, mais il n’est pas aussi comme les autressur le plan organisationnel. Nous avions l’habi-tude, jusqu’à présent, de faire des congrès qui seterminaient dans la nuit de la commission desrésolutions, au petit matin, où les journalisteshagards essayaient de voir comment nous avionsfait, après nous être battus pendant toute la nuitpour nous mettre d’accord sur une motion quepersonne ne lisait.

    Mes chers camarades, ceci a changé. Oui, il n’ya pas de commission de synthèse au congrès. Lacommission de synthèse, c’était aujourd’hui. Etdonc, ce qui va se passer au congrès, c’est unemajorité ou pas, une orientation ou pas, une in-flexion ou pas, un renouveau ou pas. C’est ça, cequi va se passer au congrès. Et c’est à cela queles militants socialistes sont confrontés. Et c’est

    là où il faudra prendre position. Il ne faut pascroire qu’à la fin, nous aurons une situation où ilsera possible de se rabibocher. Il faut, vous l’avezvoulu, très bien, il faut la clarté dans le parti surl’orientation que nous voulons fixer à l’ensembledes militants socialistes. Et nous allons avoir laclarté politique. Ce qui n’empêche pas de... Biensûr, mon cher camarade Guedj... Bien sûr, biensûr, chiche ! Nous avons fait beaucoup de mee-tings en commun. Ce qui n’empêche pas, moncher Guedj, de prendre un pot à la sortie. Parcequ’il y a un temps pour la politique, et il y a untemps pour l’amitié, mon cher camarade, pourl’amitié.

    Voilà mes chers camarades, mes chers amis, ceque nous voulions vous dire. Une motion qui per-met le renouveau du Parti socialiste, une motionqui permet de réussir par rapport à la demandedes Français, et une motion qui fixe une perspec-tive, un chemin de l’espoir, en rassemblant l’en-semble des forces de gauche et des écologistesdans une alliance populaire. Merci.

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    Chers camarades, je ne suis pas sûre, j’ai écoutéavec beaucoup d’attention ceux qui m’ont précé-dé, et je ne suis pas sûre que, finalement, ils neviennent pas confirmer la démarche de la motionLa Fabrique. Car c’est bien d’un bloc contre unautre bloc qu’on nous demande d’arbitrer.

    Et si entre la gauche radicale et la gauche degestion, il y avait la gauche de transformation ?Et je pense que ceux qui peuvent nous le dire,ce sont les militants. Comment vouloir transfor-mer la France si nous ne commençons pas par

    nous transformer nous-mêmes ? Et je voudraisreprendre une phrase de François Mitterrand,lorsqu’il parlait de la droite, il disait : « La seuleidée de la droite, c’est de garder le pouvoir ; mon pro-

     jet, c’est de vous le rendre. » Nous nous inspironsde François Mitterrand en disant : notre premierprojet, c’est de rendre la parole aux militants pourpouvoir ensuite rendre la parole aux citoyens.

    Comment imaginer qu’un nouveau parti poli-tique, qu’un renouveau idéologique puisse sefaire sans la base ? Ce que j’ai entendu avant,c’est des sachants qui expliquent aux uns et auxautres ce qu’ils doivent penser. Mais si, cherscamarades, et ne pas considérer que les citoyensont leur propre expertise, qu’ils ont des choses ànous apporter, que les militants ont des choses ànous dire… Mais si on était de si bons sachants,on ne perdrait pas les élections comme on lesperd, on ne perdrait pas les militants comme onles perd, on ne désespèrerait nos sympathisants

    comme on les désespère.Alors, je partage tout comme vous la volonté quece soit la gauche en 2017 qui l’emporte parcequ’effectivement, je n’ai pas envie de refaire unchoix entre la droite extrême et l’extrême droite.Mais pour cela, il faut redonner espoir, il faut re-donner confiance, c’est-à-dire retourner, savoirretrouver la voix de nos concitoyens, et ça passed’abord par la voix de nos militants. C’est pourcela que nous avons écrit une motion qui s’ap-pelle La Fabrique, car c’est ensemble, avec lesmilitants, et pas dans l’entre-soi, que l’on pourracréer un véritable projet dynamique et faire réus-sir la gauche en 2017.

    DOMINIQUE BERTINOTTISIGNATAIRE DE LA MOTION D

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    Bonjour, Thierry Perran, secrétaire fédéral à latransition énergétique à Paris, je viens défendrela motion militante, rédigée par des militants,qui s’appelle Osons un nouveau pacte citoyen etrépublicain.

    Comme Florence l’a dit, on estime que la res-source militante est une richesse insuffisam-ment exploitée au sein du parti. À ce titre-là,nous, entre militants, on a tous une expérienceprofessionnelle ou personnelle, et on s’est basélà-dessus pour faire des diagnostics très préciset notamment proposer des alternatives réali-sables.

    Par exemple, l’économie verte, on a mis quelquespistes à prendre pour améliorer la transitionénergétique. On a une loi très ambitieuse deSégolène Royal à ce niveau-là, et par exemple,nous, on propose de s’atteler à la rénovationthermique. Vous savez que ça avait été un des en-

     jeux des 60 engagements de François Hollande,

    un million de logements rénovés. Nous, on saitque par exemple en s’attaquant à la rénovationthermique des logements les plus faibles, c’est-à-dire ceux qui sont classés F ou G, très énergi-vores, on fait des mesures sociales.

    Il y a eu une étude, très récemment, qui montraitentre les populations précaires énergétiques etles populations normales que le simple fait d’êtreprécaire énergétique, c’est un facteur de surex-position aux maladies, que ce soit dépression,angine, etc. Et donc, on fait du social en s’atta-quant à ce niveau-là. Et maintenant qu’on saitpar exemple que les diagnostics de performanceénergétique sont obligatoires, on peut ciblerl’aide publique pour s’attaquer prioritairementaux logements dits passoires énergétiques.

    Et à ce titre-là, je vous donne un exemple, enFrance, il y a 4 à 8 millions de personnes qui seposent des questions pour régler leurs facturesd’énergie. Donc, voilà une première piste réali-sable.

    Sinon, nous, on a été influencé par la campagnedes cantonales, et évidemment la problématiquede l’emploi vient très régulièrement. Et nous, ona trouvé une astuce, notamment à travers l’éco-nomie verte, de proposer des emplois non délo-calisables. Par exemple, en France on a la plusgrande forêt d’Europe, et ce qu’on propose, c’estd’organiser la structure du bois-énergie pour jus-tement entretenir durablement nos forêts, et enmême temps pouvoir nous chauffer l’hiver, ce quicréerait un certain nombre d’emplois, on estimeà 100 000 emplois, très localement, qui pour-raient aider beaucoup de collectivités locales.

    Un autre point, il faut le savoir, très concret, c’est

    qu’en France, on perd à peu près 10 Gigawat-theures dans les fils électriques, c’est le trans-port, ce qu’on appelle les pertes en ligne. DixGigawattheures, ça représente à peu près la pro-duction annuelle énergétique d’une centrale nu-cléaire comme Fessenheim. Donc, pour diminuerce gâchis énergétique, ce qu’on propose, c’estde diminuer la distance entre la production etla consommation d’énergie et en encourageantles réseaux énergétiques dans les collectivitésterritoriales, c’est-à-dire que ce n’est pas quel’électricité, il y a aussi la chaleur, l’eau, etc. Et enraccourcissant ces distances, on pourrait commeça réduire les transports de l’énergie d’un pointÀ à un point B et finalement réduire ces pertesen ligne.

    Ça fait partie d’une série d’actes très concrets,des propositions alternatives réalisables, j’in-siste bien là-dessus, que l’on propose à traversnos expériences professionnelles qu’on a cou-chées sur le papier dans la motion que nous vousprésentons.

    THIERRY PERRANSIGNATAIRE DE LA MOTION C

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    Mes chers camarades, au titre de la motion B,À gauche pour gagner.

    Je vais prendre un point de notre motion surlequel nous allons insister tout au long de cecongrès, et qui est un sujet de préoccupation, jecrois, de sans doute toutes les motions. Dans uneinterview récente au Nouvel Observateur, Chris-tiane Taubira s’alarmait de cette défaite culturelleet sémantique de la gauche au point, dit-elle,d’adopter les mots de la droite sur la sécuritéou l’économie. Je crois qu’elle a raison. Je croisqu’elle a raison quand, aujourd’hui, sur le contratde travail, sur les retraites, sur le contrôle deschômeurs, sur l’écologie, nous donnons plus quele sentiment, faisons la démonstration que nousempruntons aux axiomes de l’adversaire pour

     justifier nos politiques.

    Je ne sais pas vous, mais il y a quand mêmebeaucoup de nos électeurs qui ont le sentimentd’un grand dérèglement, comme si dans le pay-

    sage politique français, les choses n’étaient plustout à fait à leur place. Une gauche qui parfoissinge la droite. Une droite qui se sent bien àl’extrême-droite. Et l’extrême-droite qui défendquoi ? La retraite à 60 ans, quand ce n’est pasparfois les 35 heures. Et ce paysage politiquedéréglé, il contribue à alimenter le désenchante-ment démocratique et politique.

    La question qui nous est posée parmi beaucoupd’autres, mais une des questions qui nous estposée à ce Congrès, si nous voulons qu’aux yeuxdes Français ils réhabilitent la politique, il est dedire de quelle manière, autour de quel agenda etavec quels mots nous allons faire en sorte aussi,qu’à côté des inflexions que nous apporteronsaux politiques économiques et sociales du gou-

    vernement, nous défendrons aussi beaucoupplus fièrement nos principes et nos valeurs, paspar fétichisme, pas par nostalgie, mais parce quesimplement, les mots ont une mémoire, ils ont unsens, et chaque fois que nous les utilisons ou neles utilisons pas, ça contribue de facto, commedisait le premier secrétaire, à matricer ou ne pasmatricer le débat politique.

    La nouvelle majorité que nous vous proposons sepropose aussi de mener cette bataille culturelleet idéologique, de ne pas se contenter de pro-poser des aménagements aux politiques tellesqu’elles sont mises en œuvre, mais aussi une vé-ritable ambition pour être en situation de résisterculturellement à l’extrême-droite, résister cultu-rellement à la droite, et reprendre l’offensive surnos principes et nos valeurs, ne plus aller cher-cher dans les mots, les idées et les axiomes del’adversaire matière à être moderne. Parce qu’aubout du compte, non seulement ça ne marche

    pas sur le plan des résultats politiques, mais enplus, cela désarçonne le cœur de notre électorat.Voilà ce que je voulais simplement vous dire.Et terminer par une recommandation : quelest le parti que nous souhaitons à l’issue de ceCongrès ? Christian Paul a dit préférer la clar-té des idées à l’habileté des textes. Il a raison.En tout cas, moi, j’ai souvenir que les grandesconquêtes sociales que les Français doivent à lagauche, ces grandes conquêtes sociales ont étépermises dans des périodes où, à côté d’un pou-voir qui avait les idées claires et les défendait, leParti socialiste n’abdiquait pas son rôle, pesaitsur les choix, pesait sur les grandes réformessociales. C’était le cas de Lionel Jospin, Premiersecrétaire avec François Mitterrand, c’était le casde François Hollande avec Lionel Jospin Premierministre. Dans ces moments-là, nous n’étionspas en situation d’automatiquement défendre laposition du gouvernement, mais le parti se met-tait en situation de pouvoir peser dans le débatpublic, dans le débat d’idées, à l’intérieur dugroupe, par le travail, par la constance, de pesersur les choix du gouvernement.

    Je souhaite donc que le parti ne soit désormaispas un invité par défaut, mais qu’il reprenne tout

    son rôle ; c’est le sens de la motion que nous dé-fendons.

    BENOÎT HAMONSIGNATAIRE DE LA MOTION B

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    Chers camarades, avec Martine Aubry et les si-gnataires de la contribution Réussir, nous noussommes engagés dans ce Congrès avec une vo-lonté forte, que ce Congrès de Poitiers soit utileaux Français, utile au pays, en ayant en tête lesmessages qu’ils nous ont adressés, récemmentlors des élections départementales, avant auxélections municipales, mais aussi les problèmesauxquels notre pays est confronté. Pour nous,être utile au pays, c’est d’abord répondre à lacrise économique par le progrès social et éco-logique. C’est aussi répondre à la crise d’iden-tité par un choc d’égalité. Et c’est enfin, commenous le développions dans notre contribution,répondre à cette crise de représentativité quialimente l’abstention, qui alimente également levote du Front national, par un sursaut de citoyen-neté. Voilà quel est le cœur de la réponse à lasituation actuelle que nous souhaitons apporteraux Français.

    Aujourd’hui, nous nous retrouvons autour d’une

    motion commune, la motion A, avec Jean-Chris-tophe Cambadélis et beaucoup d’autres, et jevais vous dire en quelques mots comment nousavons travaillé sur ce texte et quel en est le senspour nous.

    D’abord vous dire que ça n’allait pas de soi. Lesdébats que Christian Paul a rappelés, ils existent,ils ont été portés au Parlement, ils ont été débat-tus au sein du Parti socialiste, ils ont animé nosdébats entre les parlementaires et le gouverne-ment, entre le parti aussi et le gouvernement, etdonc ces débats, il fallait aller au bout de chacund’eux. Je vous le dis, chers camarades, très clai-rement, nous ne voulions pas le rassemblementpour le rassemblement. Nous savons, bien sûr, leprix du rassemblement, et on l’a encore mesuré

    lors des récentes élections, mais nous savonsaussi qu’un rassemblement qui ne se fait pas surle fond, c’est un rassemblement qui n’a pas devaleur, c’est un rassemblement qui ne dure pas,c’est un rassemblement qui n’est pas fondateurpour un rassemblement de la gauche que noussouhaitons tous.

    Mes chers camarades, si nous y sommes parve-nus, et je veux remercier Jean-Christophe toutparticulièrement d’avoir accepté de rentrer danscette démarche, c’est qu’effectivement, noussommes allés au bout de ces débats, de cha-cun d’entre eux. Rien n’a été mis sous le tapis.Personne n’a monopolisé la plume, personne neréclame de droits d’auteur, personne n’a ralliépersonne.

    Mes chers camarades, si ce rassemblementest possible, c’est qu’aujourd’hui, au fond, noussommes d’accord sur l’essentiel. J’entendais

    Christian Paul tout à l’heure défendre sa motion.On a beaucoup travaillé ensemble, j’aurais puécrire beaucoup de ce que je retrouve dans sontexte, je crois même que j’en ai écrit une partie.J’ai entendu aussi Karine Berger, on est assis àcôté à l’Assemblée nationale, on partage l’essen-tiel de ce qu’il faut économiquement pour sortirde la crise économique, avec Pierre-Alain Muetaussi, que je salue. Donc, nous partageons, cherscamarades, et je veux m’arrêter, si on m’accordequelques secondes de plus que les trois minutesimparties, sur cette question qui est essentielle,qui est d’abord la sortie de la crise, parce quenous partageons tous, chers camarades, l’idéeque si, dans deux ans, nous n’avons pas sorti lepays de la crise, si dans deux ans, nous n’avonspas des résultats très forts sur le chômage, surle pouvoir d’achat, alors nos débats de Congrèsauront été intéressants, mais ils resteront dansles archives de l’histoire.

    Pour sortir de la crise, nous l’avons tous dit, etpeut-être que quand nous aurons pris le tempsde lire les textes des uns et des autres, nous ver-rons que nous sommes d’accord, c’est qu’au fond,nous avons cette idée très simple, c’est qu’unepolitique de l’offre sans demande, c’est comme

    un couteau sans lame, ça veut dire une écono-mie sans croissance et sans emploi. Une foisqu’on a posé ce diagnostic, il faut évidemmentse dire comment y répondre. Et notre réponse,celle que nous avons portée dans notre contri-bution, c’est de dire qu’il faut trouver les margesde manœuvre là où elles existent, dans cet effortmassif que nous avons fait pour les entreprises,le pacte de responsabilité, le CICE, de regardercelles qui ont été utiles, d’éliminer celles qui nel’ont pas été, et de réinjecter cet argent dans desinvestissements publics, dans la grande réformefiscale que nous souhaitons tous et qui permettrade donner du pouvoir d’achat aux plus modestes,dans un dégel des dotations des collectivités lo-cales qui choisiront d’investir. Voilà ce que nousdisons dans cette motion et qui est fondamental

    JEAN-MARC GERMAINSIGNATAIRE DE LA MOTION A 

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    si nous voulons que la France réussisse. Main-tenant, nous avons un texte qui dit cela, et l’en-

     jeu, bien évidemment, et moi, je suis de ceux quiconsidèrent que les annonces de la semaine der-nière du Premier ministre sont un premier pastrès important pour 2015 pour relancer l’inves-tissement public et privé, mais que, bien sûr, toutva se jouer en 2016 et dans la capacité à faire ceschoix très importants dont je parle aujourd’hui.

    L’essentiel aussi, c’est une deuxième mi-tempsdu quinquennat qui est tel qu’on l’avait conçu avecFrançois Hollande, c’est-à-dire qu’après les deuxans, trois ans en réalité d’efforts, il y ait deux ansoù l’on soit capable de montrer aux Français leprogrès social, le progrès écologique et le pro-grès économique, notamment à travers les inves-tissements publics que nous souhaitons tous.

    Moi, je porte avec force cette idée d’une Sécuri-té sociale professionnelle. J’ai entendu certains

    qui disaient : « On n’a pas vu les milliards qui vontavec, donc ce n’est pas une vraie réforme ». Écoutez,chers camarades, ça fait vingt ans qu’on attendcette belle idée qui est que, tout au long de sa vie,on puisse progresser professionnellement par laformation, cette idée que plutôt que passer parla case chômage quand on perd son emploi, onpuisse être formé et puis rebondir professionnel-lement, cette idée aussi qu’on puisse gérer sontemps de manière plus souple, prendre un congésabbatique quand on a besoin de s’occuper d’unparent malade, d’un enfant qui a besoin qu’onsoit auprès de lui, eh bien, cette idée, chers ca-marades, nous la portons avec force dans notremotion, et non seulement dans notre motion,mais aussi comme une orientation que le Pré-sident de la République a annoncé comme lagrande réforme des deux années qui viennent.

    L’essentiel aussi, je vais être très rapide pourconclure, c’est la clarté sur notre cap idéologique.Nous défendons l’idée d’une nouvelle social-dé-

    mocratie. Nous récusons le social-libéralisme,non pas parce que ce serait une idée absurde,mais parce que nous avons constaté que le so-cial-libéralisme, à la fin, notamment dans les an-nées Blair et Schröder, c’est le libéralisme sansle social. Et enfin, chers camarades, nous parta-geons aussi l’idée de notre rôle, du rôle du parti,

     j’ai entendu Benoît Hamon à l’instant, j’aurais pufaire, à part son introduction, la même conclusionque lui, c’est que dans cette affaire, nous avons àpenser ce qu’est un parti au gouvernement. Çafait longtemps que nous avons pris l’habituded’être un parti de gouvernement, c’est-à-direqui est capable de penser, comme on l’avait faitautour de Martine Aubry, des projets qui sont à lafois ambitieux, qui répondent aux problèmes dumonde, mais en même temps réalistes, qui sontfinançables, et qu’on peut confronter à l’épreuvedu pouvoir. Mais ce qu’on n’a pas encore appris,c’est que faire quand on est un parti politique etque les nôtres sont au gouvernement ? Et la clef

    de ça, qui a fondé d’ailleurs la fronde des parle-mentaires à laquelle j’ai participé - là, je parle àtitre plus personnel -, c’est au fond ce lien orga-nique qu’on doit créer entre le parti et les parle-mentaires, et qui fait que les grandes orientationsque nous disons, que nous décidons, servent deguide d’actions pour nos parlementaires. C’estce que nous disons dans notre motion et qui, jecrois, est la clef de la réussite des deux ans quiviennent.

    Je termine juste en une phrase, en nous souhai-tant à tous un très bon congrès, en évitant lesmots qui blessent. J’ai entendu parler d’édredon,de simulacres, de selfies à l’instant, je crois quevous savez, les Français, ils peuvent acceptertous les débats, mais à condition qu’ils portentsur le fond et sur les idées. Nous allons avoir debeaux débats et je souhaite que ça se poursuive

     jusqu’au 7 juin et qu’ensuite, on se rassemble.Merci.

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    Mes camarades, c’est parti. Ça y est, on rentredans le Congrès depuis deux heures, et on n’apas le droit à l’erreur. On n’a pas le droit à l’er-reur parce que ce Congrès, il doit être utile, il doitêtre utile pour tous. On ne peut pas se regarderle nombril. Nous ne sommes plus majoritairesdans ce pays. Le Front national monte, et on estdans un contexte un petit peu particulier, on estau pouvoir, on est aux responsabilités. On peutdonc parler aux militants, mais on doit aussi etavant tout parler aux Français.

    Les Français, notre Congrès, ça ne les intéressepas, mais ça les concerne directement. Et c’estpour ça qu’à La Fabrique, la motion D - la mo-tion D comme « débat » -, on a décidé d’apporterun certain nombre de propositions. De proposi-tions parce qu’on ne veut pas trancher le débatsur les personnes, on veut trancher le débat surles idées. Faisons attention au calendrier, mescamarades. « C’est parti », je disais, c’est parti.En 2016, c’est la primaire à droite. En juin 2015,

    c’est le Congrès du Parti socialiste. Il y a doncsix mois entre le Congrès du Parti socialiste et ledébut de la campagne présidentielle. On ne peutpas sortir de ce Congrès sans idées et déchirés àcause de querelles de personnes. On est obligéde sortir de ce Congrès par le haut avec le débutd’un socle pour une présidentielle qui sera cellede 2017, que nous devons tous gagner ensemble,rassemblés.

    Alors, des idées, on en a quelques-unes, on ena 80, c’est un bon début pour une plate-formeprésidentielle. Et il y en a quelques-unes, et ellesnous paraissent importantes parce que c’est surces idées qu’on pourra rassembler la gauche.Rassembler la gauche, c’est absolument fon-damental, rassembler déjà les socialistes, puis

    ensuite les partis frères, et bien entendu, lescitoyens. Alors, on en a quelques-unes, il seraittemps de lancer une convention citoyenne, uneconvention qui rassemble le peuple de gaucheautour d’une chose qui nous unit : la contesta-tion des institutions de la Ve République. On peutse poser la question de la suppression du Sénat,on peut se poser la question de l’introduction dutirage au sort dans nos institutions, à commen-cer par le Conseil économique et social. Et puison peut se poser la question du cumul dans letemps. Le cumul dans le temps : pourquoi le Pré-sident de la République serait soumis au non-cu-mul dans le temps, à la limitation à deux mandatsconsécutifs, et pas les autres mandats ? Tironsle fil de la Constitution, allons jusqu’au bout etimposons le non-cumul dans le temps.

    Et puis, il y a quelques propositions économiquesqui nous rassemblent encore mes camarades,toute la gauche. Toute la gauche. Je pense à la

    fraude fiscale. On avait dit : « Mon ennemi, c’estla finance », on l’a combattue la finance, maispeut-être qu’il est temps de trouver de nouvellesarmes, trouver de nouvelles armes, en forger denouvelles pour aller encore un peu plus loin dansla lutte contre la fraude fiscale. Et puis, on fêtel’anniversaire d’une vieille dame cette année, en2015 ; on fête l’anniversaire de la Sécurité so-ciale, créée en 1945, nous sommes en 2015, laSécurité sociale a été inventée pour une Francequi n’existe plus, une France rurale, une France

     jeune, une France où l’espérance de vie dépassaitrarement 60 ans. Là encore, on a un beau chan-tier à lancer.

    Ce que je voulais vous dire ici, c’est que plutôtque de nous diviser sur les personnes, rassem-blons-nous sur les idées. C’est possible. On l’avu lors des interventions qui ont précédé. Nousavons des points de convergence. Rassemblonsce qui épars autour d’une seule pierre d’angle : laproduction d’un projet de transformation socialedans un cadre républicain, laïc et humaniste.Je vous remercie mes camarades.

    NICOLAS BRIENSIGNATAIRE DE LA MOTION D

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    Mes chers camarades, j’écoutais tout à l’heureBenoît Hamon. Je l’écoutais avec attention. Ildisait : « Les mots comptent ». Et moi, je suis deceux qui pensent que les mots comptent. Mais

     je pense que lorsqu’on est au pouvoir, les faitscomptent encore plus que les mots, et qu’on peutavoir le discours que l’on veut, orienté comme onle veut, si demain, on ne résout pas le problèmedu chômage de masse, si on ne résout pas leproblème de la précarisation d’une partie de laFrance, d’une partie de nos territoires, on pourrahabiller cette défaite de tous les mots que l’onveut, ce sera une défaite.

    Alors, qu’est-ce qu’il se passe aujourd’hui ? Pour-quoi sommes-nous dans notre situation ? Toutsimplement parce qu’en l’espace d’une dizained’années, et avec la droite, mes chers cama-rades, notre industrie s’est effondrée, que nousavons perdu en compétitivité. Celui qui dressaitce constat, ce n’était pas un homme de droite,c’était Louis Gallois, à la fois ancien du CERES

    et en même temps industriel qui reconnaissait laréalité des faits.

    Eh bien, mes chers camarades, si nous n’arrivonspas à redresser notre économie, demain, évi-demment qu’il n’y aura pas de grandes politiquessociales, que le chômage continuera à augmen-ter, que la précarisation d’un certain nombre deterritoires continuera à se développer. Alors, ceque nous avons décidé depuis quelques années,c’est de prendre le problème à bras le corps, dedesserrer la contrainte, de faire en sorte quenos entreprises retrouvent un certain nombre demarges quand aujourd’hui elles n’ont presqueplus de trésorerie. Et desserrer la contrainte, jeparle des PME, mes chers camarades, pas desmultinationales, parce qu’elles, elles se déve-

    loppent ailleurs qu’en France et elles ne vousdemandent pas votre permission pour investirdans d’autres pays que la France. Mais les PMEqui sont dans notre pays, elles doivent retrouverun certain nombre de marges pour pouvoir inves-tir, pour pouvoir ensuite créer de l’emploi.

    On voit quelle est la situation aujourd’hui, on voitbien que les mesures que nous avons prises sonten train de produire leurs effets, et qu’avec lespolitiques menées au niveau européen par MarioDraghi, jamais on n’avait mené de politique mo-nétaire aussi audacieuse, avec la baisse de l’eu-ro, avec la baisse de l’énergie, avec ce que nousavons pris comme mesures, notre économie estpeut-être en train de repartir.

    Aujourd’hui, ce n’est pas le moment de chan-ger de cap. Il faut effectivement continuer, allerde l’avant, et demain, nous pourrons avoir dansnotre pays une reprise de la croissance, nous

    pourrons avoir une reprise de l’investissement,nous pourrons avoir une reprise de la créationd’emplois et résorber ce chômage de masse quifait évidemment si mal dans nos banlieues. Com-ment voulez-vous qu’un certain nombre de ceuxqui habitent des banlieues où il y a 50 % de chô-mage chez les jeunes puissent voter pour nous ?On peut bien leur tenir le langage que l’on veut,employer les mots que l’on veut, si l’on ne résoutpas les faits, alors à ce moment-là, le Parti socia-liste, eh bien, l’avenir sera derrière lui.

    Chers amis, ce Parti socialiste, je l’aime, j’aimemon pays. Aujourd’hui, je pense que noussommes à la croisée des chemins, et que si nousavons le courage de continuer, même si à un mo-ment donné c’est difficile, eh bien, nous allons ànouveau porter un espoir.

    Si nous n’avons pas de bilan, mes chers cama-rades, dans deux ans, bilan économique et doncbilan social, ce ne sera pas la peine de penser à laprésidentielle. Nous serons battus, nous seronsécrasés. Continuons pour avoir ce bilan. Et puisen même temps, il faut effectivement que notreCongrès soit utile. Et moi, je demande qu’en-semble, plutôt que de se battre sur des ajuste-

    ments d’aujourd’hui, nous puissions réfléchirensemble, ouvrir très largement le débat. Tu ledisais, un certain nombre d’économistes, de so-ciologues, de philosophes, sont prêts à travailleravec nous. Discutons ensemble avec eux, dansleur diversité, parce qu’ils portent des analysesassez différentes de la situation française. Et àpartir de ce débat, portons ensemble un projet.Mes chers camarades, si nous réussissons dansles deux ans qui viennent, à la fois à avoir un bilanet à porter un projet, alors oui, les élections quiviendront pourront être des élections heureuses,et le Parti socialiste pourra inventer un nouvelavenir pour les Français.

    GÉRARD COLLOMBSIGNATAIRE DE LA MOTION A 

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    Chers camarades, Gérard Collomb nous invite àparler des faits, alors parlons des faits. Le chô-mage augmente, la précarité augmente, et nous ensommes à la quatrième élection perdue, et perduelourdement. Et si nous devons faire un Congrès envérité, en sincérité, moi je vous dirais mon désac-cord, mon désaccord avec certains camarades qui,au soir des élections nous disent : « Finalement, c’estmieux que si c’était pire. »  Certains camarades quinous disent : « Nous avons tellement entendu le mes-sage des Français que nous en tirons les conclusions,nous allons continuer comme avant, comme si de rienn’était, parce que le cap est bon. Certes, les résultatsse font attendre, mais le cap est bon. » Eh bien moi, j’aiun désaccord.

    Je ne crois pas que le problème soit que les Fran-çais ne voient pas les résultats ; le problème, c’estque le gouvernement ne veut pas voir le résultatdes élections et en tirer des leçons. Et la leçon, c’estque le cap, au moins en matière économique, n’estpas bon. Et qu’il ne faut pas seulement, et ce sera

    le débat du Congrès, cher Jean-Marc Germain, c’estpour ça qu’il faut un devoir en vérité et en sincérité,le débat, ce n’est pas de savoir s’il faut des ajuste-ments. Le débat, c’est : quel nouveau cap pour réus-sir la fin du quinquennat ? Est-ce que nous sommesd’accord oui ou non pour continuer cette politique quiconsiste à baisser les dépenses publiques, à baisserles cotisations sociales sous prétexte de retrouverla compétitivité ? Nous sommes un certain nombreà dire non. Nous sommes un certain nombre à direqu’en période de croissance atone, c’est-à-dire au-

     jourd’hui, il faut relancer le pouvoir d’achat, relancerle pouvoir d’achat en faisant tout simplement ce quenous préconisions nous-mêmes, nous socialistes, àl’unanimité, en 2011 et en 2012, c’est-à-dire faire parexemple la CSG progressive. J’entends que tout lemonde est d’accord, eh bien, faisons-le maintenant

    si tout le monde est d’accord. Et n’attendons pasl’année 2016 ou l’année 2017. En relançant l’investis-sement public et privé. J’entends que tout le mondeveut relancer l’investissement public, alors pourquoion continue à avoir un projet de loi de finances quiprévoit la baisse des dotations aux collectivités lo-cales ?

    Si tout le monde est d’accord dans le Parti socialiste,chers camarades, là pour le coup, nous pouvonsfaire la motion de synthèse maintenant. Faisons-latout de suite. On peut voter unanimement au Conseilnational : les socialistes réunis en Conseil nationaldécident que désormais, on ne baisse pas les dota-tions aux collectivités locales pour soutenir l’inves-tissement.

    Et je suis prêt à ce que Jean-Christophe Cambadélisle propose, et nous le voterons tous.Parce que chers camarades, et je finis par là, il fautrépondre à l’urgence économique et sociale. Il faut

    aussi répondre à l’urgence politique, et Benoît Ha-mon a eu raison de rappeler l’incroyable désarroiidéologique d’une gauche qui ne se reconnaît pas,parfois, dans les mots. Jean-Marc Germain par-lait des mots qui blessent. Mais moi, je vais vousen parler, des mots qui blessent. Je ne comprendspas comment on peut à la fois en appeler à un nou-veau Front populaire et tolérer que notre ministre del’Économie explique à longueur de colonnes que cequi fait que le chômage est si élevé en France, c’estque les travailleurs français sont trop protégés. C’estce qu’il a dit hier. Alors franchement, est-ce que c’estça, le devoir de sincérité entre nous ?Oui, nous voulons tous rassembler la gauche. Et moi,

     je suis désolé, je déteste le procès en illégitimité quiconsiste à dire que nous empruntons les idées auxautres. Moi, je suis socialiste, fier d’être socialiste,fier d’être militant au Parti socialiste. Je ne suis pasau Front de gauche, je ne suis chez les écologistes,mais parfois oui, c’est vrai, je ne reconnais pas monpropre parti quand j’entends certains camarades dugouvernement parler de la gauche et de son avenir.Oui, et j’ai le droit moi aussi de me revendiquer de lafierté d’être socialiste.

    Alors, chers camarades, si on veut rassembler lagauche, on ne la rassemble pas sur une ligne qui

    la divise et qui la fracture durablement. Pour cela, ilfaut un Parti socialiste qui soit fort, il faut un Parti so-cialiste qui soit autonome. Nous le dirons tous dansnos motions, mais là aussi, cher Gérard Collomb, lesfaits sont têtus : que ce soit sous Harlem Désir ousous Jean-Christophe Cambadélis, le parti a écritdes positions à propos de projets de loi du gouverne-ment. Il les a transmis au gouvernement. À chaquefois, la réponse a été la même : « Nous avons enten-du le message du Parti socialiste, c’est la raison pourlaquelle nous ne reprenons pas cette position