L'Hebdo des socialistes n°788-789 "Vers une nouvelle alliance populaire"

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     AGENDA 

    19 septembre 2015Conseil national

    24 septembre 2015Entretiensde Solférino

        d   e   s   s

       o   c    i   a    l    i   s   t   e   s

    1,5€

    N°788 - 789DU 5 AU 11 SEPTEMBRE 2015

    10, rue de Solférino75333 Paris Cedex 07Tél. : 01 45 56 77 52

    [email protected]

    DIRECTEUR DE LA RÉDACTION ET DIRECTEUR DE LA PUBLICATION •Razzy Hammadi• RÉDACTRICE EN CHEF • Sarah Nafti• RÉDACTRICES • Nora Haddouche• Mélanie Modot • Anne Panissat• Camille Sauterey-Donon• PHOTOGRAPHES • Mathieu Delmestre

    • Vincent Jarousseau• Eric Spiridigliozzi• MAQUETTE • Florent Chagnon• FLASHAGE ET IMPRESSION PGE (94)Saint-Mandé• N° DE COMMISSION PARITAIRE :1118P11223• ISSN 127786772“L’hebdo des socialistes” est éditépar Solfé Communications,tiré à 29 000 exemplaires

    3DISCOURS DE JEAN-CHRISTOPHE CAMBADÉLIS

    8DISCOURSDE MANUEL VALLS

    Près de 4000 participants, des débats de qualité, l’édition 2015 de l’universitéd'été de La Rochelle a tenu ses promesses. À peine trois mois avant la Cop 21,le parti socialiste a affiché ses convictions : la social-écologie est le seul moyende préserver la planète tout en assurant un meilleur partage des richesses.Les débats ont également porté sur la préservation et la valorisation de laRépublique, indispensable au vivre ensemble. Mais cette rentrée politiqueétait aussi l’occasion de lancer un appel à l’unité de la gauche, et de donnerle coup d’envoi de la campagne pour les régionales.

    16COMPTES-RENDUSDES DÉBATS

     VERS UNE NOUVELLE  ALLIANCE POPULAIRE

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    Merci camarades, merci chers amis.L’université d’été de La Rochelle a étéun grand crû. Non seulement parceque nous avons bien accueilli dans tatrès belle ville, mon cher Jean-Fran-çois, beaucoup de participation, maiscette édition fut exceptionnelle, d’uneexcellente qualité à tous égards, af-

    fluence record, débats féconds, posi-tions fortes. Je voudrais dans monavant-propos, remercier les militants,les sympathisants, vous avez été fortnombreux et enthousiastes, patients,parfois impertinents. Les bénévoles,tous les services du parti et bien sûrle service d’ordre que vous pouvezapplaudir.

    D’ailleurs, vous faites bien de l’ap-plaudir, parce que le responsable duservice d’ordre, vous ne le savez peut-être pas, s’appelle Jaurès. Quand jesuis arrivé au parti, il y a un an, unmembre du service d’ordre me dit : ily a Jaurès qui t’appelle ! Je dis : tu essûr ? Il me répond : oui. Mais il ap-pelle qui ? O’Malley, parce que c’estmon pseudo. Bienvenue au Parti so-

    cialiste, donc Jaurès appelle les aris-tochats. Nous sommes des militants,mais nous sommes aussi fraternelset conviviaux. Un grand merci, ça aété fait par David, ce qui me permetde passer ce moment important duremerciement des présents lors denotre université.

    Permettez-moi quand même de sa-luer Cyril Chappet, le Premier secré-taire de notre fédération de Charentemaritime. Je vois Didier Guillaume,Bruno Le Roux a dû nous quitteret Pervenche Bérès qui dirige nosgroupes à l’Assemblée nationale, auSénat, au Parlement européen. Unsalut amical à l’ensemble des mi-nistres qui ont mis, moi aussi, de côtéle protocole pour se fondre dans lecollectif militant de l’université d’été.Et je voudrais que vous fassiez uneovation à un ministre qui aujourd’huiest au cœur du combat politique, quimène avec intelligence, avec déter-mination, la bataille pour défendrenotre agriculture, je voudrais parlerde Stéphane Le Foll. N’en faites pastrop… Il est timide.

    Enfin, une dédicace particulière à toi,Manuel. Nous connaissons la difficul-té de la tâche qui est la tienne, et quifut celle de Jean-Marc Ayrault. Nousconnaissons ta passion pour la Répu-blique et, crois-moi, nous apprécionsta détermination ouverte dans la miseen œuvre de l’action collective. D’ail-

    leurs, j’ai lu hier dans un quotidien dusoir que tu étais déjà désigné par lapresse comme le futur Premier se-crétaire du Parti socialiste, c’est direton talent !

    Mes chers amis, mes chers cama-rades, permettez-moi d’adresseren votre nom à toutes et à tous, unsigne amical au président de la Répu-blique, pour son action, la France estde retour !

    Chers amis, chers camarades, laprécédente université s’était dérou-lée dans une rentrée plus sportiveque celle-ci. Si vous vous souvenez,quelques ministres avaient quittéle gouvernement, un ministre avaitoublié de payer ses impôts, un livre

    JEAN-CHRISTOPHE CAMBADÉLIS

    « LA SOCIAL-ÉCOLOGIE,

    C'EST NOTRE DRAPEAU »

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    venait de bousculer le président,nos résultats demandaient persévé-rance, et les socialistes préparaientun congrès, cocktail obligatoirementexplosif. Mais, mes chers camarades,nous avons surmonté tout cela etnous avons eu un très beau et trèsgrand congrès qui nous a permis dedéfinir notre orientation et de nousrassembler.

    Cette année, la rentrée est marquéepar la gravité, la gravité que les Fran-çais ressentent, la gravité des évé-nements qui se déroulent sous nosyeux et sur notre sol bien souvent.Le premier événement, nous l’avonstous en tête, c’est celui du terrorisme.Nous savons que beaucoup est faitpour éviter que des hommes ou desfemmes en tuent d’autres sur notreterritoire. Nous savons que ceux quicommanditent ces attentats veulent

    porter la terreur au sein de la vie quo-tidienne des populations d’Europe.Nous savons qu’il s’agit de tuer, demutiler, de répandre le sang pourmieux permettre que les uns et lesautres s’animent de haine. Eh bien,nous savons la vigilance non seule-ment du ministre de l’Intérieur, maisde ses services, nous savons com-ment la France fait face à ces tenta-tives d’attaques sur notre sol.

    Mais ce qui est remarquable, et quidoit être remarqué, c’est l’attitudedes Français, la manière dont ils secomportent à chaque fois, parfoiscourageux, mais toujours dignes, fai-sant face, refusant de sombrer dansl’anathème ou dans la haine. Oui,nous allons vivre des époques diffi-ciles parce que ces problèmes ne sontpas derrière nous, ils sont encore de-vant nous. Et s’il y a une gravité danscette situation, il n’est pas anormalque le Parti socialiste soit à l’aune decette gravité, soit à la hauteur de cesenjeux. Les Français dans ces événe-

    ments nous regardent, et ils doiventvoir dans les socialistes une forma-tion qui est debout, qui fait front, quiest capable de les rassurer, de leurdire qu’il y a là, au gouvernement,mais aussi au niveau du Parti socia-liste, des hommes et des femmes quivont défendre ce que nous voulonsque soit la France.

    Gravité parce que jour après jour, surnos écrans de télévision, et parfoisdans nos rues, jour après jour, nousvoyons ces hommes et ces femmes,et ces enfants, qui se mettent enmarche pour espérer, pour souhai-ter obtenir un peu d’hospitalité. Ils semettent en marche des frontières dela Syrie ou du sud de l’Afrique, parcequ’ils cherchent un peu d’espoir, ils

    se mettent en marche parce qu’ilsvoudraient échapper au destin qu’onleur fait vivre, celui de la guerre, celuide la famine, ou tout autre exaction.Ils se mettent en marche, passentdes frontières, se glissent sous lesbarbelés, et parfois meurent dans uncamion. Et dans ce moment poignant,oui, il faut savoir que lorsqu’un enfantsanglote sur le bord de la route, c’estl’ensemble de l’humanité qui pleure.

    Il faut savoir que nous ne resteronspas indifférents à leur situation. Oui,nous, notre premier réflexe, notrepremière suggestion, quand on voitces gens arriver vers nous, c’est deleur tendre la main, c’est la frater-nité humaine, c’est la capacité de lesentendre, c’est l’accueil. C’est le pre-mier réflexe, et c’est un réflexe coura-geux parce que nous savons tous quece mouvement est instrumentalisépour développer la haine. Mais nous,nous voulons faire face, nous voulonsaccueillir, nous voulons réconforter.

    Et puis, évidemment, ceux qui de-mandent le droit d’asile dans le cadrede nos droits pourront être reçus, etceux qui viennent pour des raisonséconomiques, ne pourront pas lefaire. Mais la question posée, c’estcelle de la dignité, celle de la manière

    dont nous répondons à cette question,et je vous le dis chers amis, cherscamarades, je suis très fier d’avoirvu le président de la République allervoir madame Merkel et proposer quel’ensemble de l'Europe soit dans uneposition d’accueil par rapport à l’en-semble.

    Mais si nous voulons traiter ce pro-blème à la racine, il faut bien sûr lapaix dans les pays d’origines. Et noussavons que ce n’est pas si simple quecela. Si nous voulons traiter ce pro-blème à la racine, il n’y a pas commeobjectif, il ne peut pas y avoir commeobjectif de dresser des murs, sou-vent de papier, contre des gens quise mettent en mouvement. Il faut êtreen capacité de mettre en place ce

    que nous avions proposé au congrèsde Poitiers, c’est-à-dire une grandeconférence mondiale du type de celleque nous allons avoir dans quelquessemaines sur le défi climatique, etsi nous pouvons nous réunir dans lemonde ou en Europe sur la questionessentielle du défi climatique, pour-quoi nous ne pourrions pas nous

    réunir en Europe et dans le mondepour traiter clairement ensembletoute l’humanité, traiter le problèmedu mouvement des réfugiés quiviennent, pas simplement en Europe,mais dans l’ensemble du monde ?Voilà la position du Parti socialiste !

    Chers amis, chers camarades, dela gravité parce que dans quelquessemaines, sera organisé à Paris lesommet Climat. C’est un élément etun événement essentiel. Essentiel làaussi pour l’humanité, car les enjeux

    sont déterminants, il s’agit là, pourle coup, oui, d’un changement decivilisation, de manière de produire,de consommer. C’est l’équivalentde ce qu’on appelait la révolution del’immatériel, cette manière nouvellede produire qui cause tant de dégâtsdans nos industries, mais qui est lasituation actuelle de l'économie.

    Ce sommet est indispensable, et lefait que le premier jour où le pré-sident de la République est devenu

    président, nous avons fait acte decandidature à l’initiative de LaurentFabius pour que cette conférence setienne à Paris, démontre de notrevision et de notre détermination. Et

     je suis à peu près persuadé que cesommet sera une réussite, et elleest due, évidemment, à des prisesde conscience, mais aussi à la poli-tique diplomatique menée par Lau-rent Fabius et par François Hollandequi ont sensibilisé partout l’ensembledes décideurs. Quand nous voyonsBarack Obama dire : nous sommes

    la dernière génération qui peut agir,eh bien nous disons avec lui : noussommes d’accord, il faut agir mainte-nant, à Paris. Et quand nous voyons leprésident chinois qui prend lui aussiposition sur le sujet et veut que lesommet de Paris soit une réussite,ou que nous connaissons la prise deposition collective de l’ensemble despays de l'Europe, nous voyons bienqu’il y a là un mouvement qui s’en-clenche et que Paris est au cœur de cemouvement qui touche l’ensemble del’humanité, et qu’à Paris, ce sont lessocialistes qui ont été à l’avant-gardede ce combat pour faire en sorte queles générations à venir puissent vivredignement sur notre planète et quenous soyons capables d’écologiser laplanète.

    NOTRE PREMIERRÉFLEXE, QUANDON VOIT CES GENS ARRIVER VERS NOUS,C'EST DE LEUR TENDRELA MAIN, C'EST DE LAFRATERNITÉ HUMAINE,

    C'EST DE L'ACCUEIL.

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    La question écologique, pas simple-ment produit du sommet de Parispour le climat, mais parce que c’estdevenu une question importante pourles socialistes, déterminante pourles socialistes, c’est la raison pourlaquelle nous nous sommes portéscandidats. La question écologique estdevenue une question essentielle denotre combat. Au siècle dernier, lessocialistes ont été de tous les com-bats pour domestiquer le capitalismesauvage, pour offrir dans des lutteset dans des interventions par la loiou par la lutte, des droits sociaux.La bataille aujourd’hui, dans notresiècle, c’est la bataille pour les droitsvitaux, et les socialistes doivent êtreà l’avant-garde de ce combat. Oui, lasocial-écologie, c’est notre drapeau.Oui, nous avons hissé l’écologie auniveau de ce qui était notre ADN, àsavoir la question sociale. Oui, main-

    tenant, sur toutes les questions, quece soit budgétaires, de campagne

    pour des élections régionales ou pourdes élections présidentielles ou légis-latives, il y aura les deux piliers du so-cialisme français, la question socialeet la question écologique, parce queles deux sont liées, et que nous vou-

    lons défendre les deux.Chers amis, chers camarades, la gra-vité de la situation devrait m’amenerà parler de l'Europe, sinon PervencheBérès ne serait pas contente, mais jevoudrais parler plutôt de la situationéconomique. Les Français perçoiventce qui s’est passé il y a quelques

     jours sur les bourses asiatiques, etils se demandent à l’évidence si cecipourrait avoir des conséquences, parrapport aux efforts qu’ils ont fait et àla politique menée par le gouverne-ment.

    Aujourd’hui, la situation économiqueest améliorée. Nous ne pouvons pasfaire comme s’il n’y avait rien quis’était passé. Oui, la croissance, pas

    au niveau souhaité, mais déjà est là,mon cher Michel. Oui, le chômagen’est pas encore descendu, mais il y ales premiers signes qui arrivent. Oui,l’investissement. Oui, la constructionou la mise en place de nouvelles en-treprises. Oui, le commerce extérieur.Tout ceci sont des signes qui font etqui dénotent d’une amélioration dela situation. Nous le savons tous,même si certains peuvent avoir desappréciations sur la manière dont ondevrait se diriger.

    Il y a une amélioration de la situationéconomique, et si les socialistes nele disent pas, qui le dira ? Alors nousle disons. Ce n’est pas tout à fait ceque nous voulons, mais c’est déjà unmouvement vers ce que nous sou-haitons. Et, mes chers amis et meschers camarades, dans ce mouve-ment-là, le Parti socialiste dialogue

    avec le gouvernement. Alors j’ai vuque le Parti socialiste, adoptant unerésolution dans son bureau natio-nal, certains esprits chagrin s’étaientoffusqués que le Parti socialiste aittenté de faire synthèse et indiqué aupays ce qu’il pensait de la situation.Certains s’étaient offusqués que leParti socialiste mette dans une réso-lution noir sur blanc ce que les mili-tants avaient eux-mêmes voté. Mais

     je dois dire que si le débat n’est pasterminé avec le gouvernement, il y ades avancées que je voudrais souli-gner, même si nous restons, commeil se doit, dans une discussion entreamis, sur les positions que nousavons adoptées. Quand je vois que legouvernement a décidé de continuerla baisse des impôts telle que nousl’avons initiée aujourd’hui, parce qu’ilne faudrait quand même pas oublierque les impôts baissent en ce mo-ment, que nos compatriotes reçoiventleur feuille d’impôt, et ce n’est pas labaisse d’impôt qui va intervenir, maiscelle qui est intervenue, et ce que

    nous discutons, c’est la prochainebaisse d’impôts. Quand on parle dupouvoir d'achat, c’est un premier pas,et quand on parle de la réforme fis-cale, la décision de l’impôt à la sourceest un élément qui doit permettre d’yaller, le Parti socialiste restant sur cesujet sur sa position.

    Et quand le Premier ministre vientà La Rochelle, discute avec les élus,leur fait un certain nombre de propo-sitions pour soutenir l’investissementpublic, pourquoi voulez-vous que lePremier secrétaire et les socialistessoient mécontents de ces annonces ?Non. Il reste, j’ai bien compris, un dé-bat sur le périmètre, l’organisation dupacte de responsabilité, mais on peuten discuter.

    Ceci dit, je voudrais faire passer unmessage : le Parti socialiste va s’ex-primer. Prenez-en l’habitude. Il vas’exprimer sur tous les sujets. Il estun partenaire du gouvernement, cen’est pas un partenaire junior. Le Partisocialiste a débattu dans son congrèsd’un certain nombre de positions, etil compte bien dans le débat politique

    les affirmer, même si, à l’évidence,sous la Ve  République, la préémi-nence de l’exécutif est importante.Mais le Parti socialiste est là, et il veutfaire œuvre utile, il veut faire en sorteque non seulement les socialistes,mais les hommes et les femmes degauche, sachent qu’on discute dansle Parti socialiste, qu’on a des posi-tions, qu’on les défend, mais qu’onest aussi responsables pour l’en-semble des autres. Alors mes cherscamarades, comment se fait-il que, sila France va économiquement mieux,

    que les Français ne le perçoivent pasencore ? La France va économique-ment mieux mais elle ne s’en rendpas compte parce que politiquement,elle va mal. Politiquement, elle vamal. Pourquoi ? Parce que la droites’extrémisme, l’extrême droite se ba-nalise, car ce qui est en jeu, c’est unnouveau bloc électoral. Aujourd’hui,l’extrémisation de la droite classique,la banalisation de l’extrême droite estdue à une course poursuite, à une

    compétition pour un espace électoral

    qui s’est constitué au fil du temps à unniveau inégalé en France, qui a pourvecteur la hantise de l’islam, l’euro-phobie et la construction européenne.Mais, disons-là aussi, la socialopho-bie et les prises de positions toujoursrépétées contre le Parti socialiste etson gouvernement.

    Il y a une volonté menée par NicolasSarkozy de son côté, Philippot-Le Pende l’autre. Il y a une volonté de bana-liser cette formation d’extrême droitepour tenter une OPA sur cette baseélectorale, pour faire en sorte que leplafond de verre qu’a atteint le Frontnational tombe. Et que cette forma-tion politique puisse fondre sur cetélectorat. Et de l’autre côté, NicolasSarkozy, le grand responsable de la

    MAINTENANT,SUR TOUTES LESQUESTIONS, IL Y AURADEUX PILIERS DUSOCIALISME FRANÇAIS,LA QUESTION SOCIALEET LA QUESTIONÉCOLOGIQUE, PARCE

    QUE LES DEUX SONTLIÉES, ET QUE NOUSVOULONS DÉFENDRELES DEUX.

    IL Y A UNE AMÉLIORATIONDE LA SITUATIONÉCONOMIQUE.SI LES SOCIALISTESNE LE DISENT PAS,QUI LE DIRA?

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    banalisation du Front national, Nico-las Sarkozy espère, estime, souhaiteposer sa candidature dans le débatinterne de sa formation politique, surcet électorat-là. Et vous avez vu cetété ce qu’il a pu déclarer, c’est qu’ilfallait parler vrai pour pouvoir ré-pondre et discuter avec ces hommeset ces femmes qui sont dans l’extré-misation. Mais pour Nicolas Sarkozy,parler vrai, c’est parler front, c’estêtre capable de prendre les mots, lesattitudes, l’orientation des dirigeantsfrontistes. Et vous remarquerez qu’ilfait beaucoup d’émules.

    La deuxième raison, c’est que ladroite est sans boussole. Un jour,elle pense avec la tête de Philippots’exprimant dans la bouche de Ciotti,elle veut ouvrir des Guantanamo surtout le territoire. Un jour, elle penseavec la tête de Thatcher, s’exprimant

    dans la bouche de messieurs Wœrthet Fillon, elle propose de prendre auxpauvres pour donner aux plus riches.Quant à monsieur Juppé, il penseavec la tête de Claude François. Ehoui, je suis le mal aimé…À la défense : vous aurez un meilleurbudget. Aux entreprises : on fera plusd’efforts. Aux salariés : vous serezmieux payés. À l’Europe : il n’y aurapas de déficit. Et aux Français : onbaissera vos impôts.

    Mes chers camarades, si Juppépense à la présidentielle le matin ense rasant, il rase gratis. J’en rajouteun dans cette bande, c’est Dupont-Ai-gnan, le petit dernier qui… Au fait, jevoudrais dire un mot à Jean-Pierre.Jean-Pierre, Chevènement bien sûr,qu’est-ce que tu fais là-bas ? Jean-Pierre, reviens-nous, tu vas attraperfroid. Mais Dupont-Aignan a trouvé,lui, la formule pour essayer d’unifier,parce qu’ils sont tous en compétition,il vient de lancer l’idée d’une grandepétition pour proposer un référendum

    sur le rétablissement des frontièresen Europe.

    Vous voyez bien ce qui se prépare, quece qui est en train de mûrir, que ce quiexiste là, c’est une France dont nousne voulons pas, et dont on pense quela majorité des Français ne veulentpas. C’est une France extrémiste,fermée, et pour tout dire, bien sou-vent xénophobe. C’est une Franceincapable de s’ouvrir sur les défis denotre époque, c’est une France quine pense pas écologie, qui ne pensepas Europe, qui ne pense pas monde,mais qui pense la préservation depetits intérêts dans de petits coins.Cette France réactionnaire, elle està l’œuvre, elle est puissante, elle estlà, elle est présente, elle ne demande

    qu’à s’exprimer chaque moment etchaque jour.

    Alors face à cette France-là, le rôle,l’importance de la gauche, c’est des’unir. Et pourtant, nous sommesconfrontés à une très grande frag-mentation. La fragmentation de lagauche est incroyable, je dirais mêmeque c’est une période historique dupoint de vue de sa fragmentation. Par-tout où vous vous tournez, quand vousregardez les formations politiques,de l’extrême gauche ou du centregauche, elles sont toutes confron-tées à la fragmentation. Et nos amisécologistes n’y ont pas échappé. Hierencore, le patron du groupe au Sénat,à l’Assemblée nationale, ont claquéla porte. Il y a une raison à cela mescamarades, c’est qu’il y a le refus biensouvent dans les formations de pen-ser l’avenir clairement, ensemble, au

    niveau de l’ensemble de la gauche.Il y a le refus de penser une gaucheprésente et souvent l’idée de défendreune gauche du passé.

    Mais, mes chers camarades, il y aautre chose que je voudrais dénoncer.Moi, je comprends que l’on puisse,quand on est écologiste, s’offusquerde voir que dans un certain nombre

    de régions, précisément celles où il ya un risque frontiste, nos amis écolo-gistes qui gouvernent les régions avecnous, qui savent que nous travaillonsensemble avec Hulot et d’autres à laCOP21, qui ont voté le texte de Ségo-lène Royal, eh bien nos amis écolo-gistes tournent le dos à l’alliance avecles socialistes. C’est leur droit, l’auto-nomie et leur choix, encore que je leurdirais que c’est faire un pied de nez àVoynet, Blandin, ceux qui ont inventél’écologisme dans une alliance avecle Parti socialiste et la gauche !

    Mais, mes amis, mes chers cama-rades, ceci est encore gérable parceque je suis persuadé que ceux quisont dans l’autonomie et qui fontfausse route parce qu’ils affaiblissent

    la gauche, et donc le combat écolo-giste, je suis persuadé qu’au deu-xième tour des élections régionales,nous nous retrouverons. Mais, meschers camarades, ce n’est pas de çadont il s’agit. C’est que dans un cer-tain nombre de régions, l’alliance sefait avec d’autres. Et l’alliance se faitavec le Parti de Gauche. C’est leur

    droit. Mais quelle est la logique duParti de Gauche ? Indépendammentdes errements actuels sur l’euro,qui conduit l’un de leurs membres àproposer une alliance avec le Frontnational sur le sujet. Mais laissons çade côté. Qu’est-ce qui se passe ? Vousavez le droit de défendre Jean-LucMélenchon mes camarades, maisici, on est au Parti socialiste. Mais,mes chers camarades, moi, ce que

     je n’accepte pas, la compétition entreles formations politiques de gauchene me pose aucun problème, même

    si elle affaiblit globalement la gauche,mais ce que je ne peux pas accepter,c’est quand on dit qu’on ne votera paspour le parti de gauche le mieux placé,si je puis dire. Non. Ça, on ne peut pasl’accepter. C’est une remise en cause,non seulement à ce que la gauche amis en place depuis le congrès d’Epi-nay, François Mitterrand, mais c’estune remise en cause du désistementrépublicain qui a existé depuis le dé-but même de la République, et quandon est confronté au Front national, on

    ne plaisante pas avec ça. On ne plai-sante pas avec ça !

    Alors mes chers camarades, il fautlutter contre la fragmentation. Maisça dépend aussi de notre attitude.Chers camarades, ne tombons pasdans tous les pièges tendus par lesmédias. Hier, dans l’ancien temps,on disait de tel ou tel militant ouvrierqui en faisait un peu trop : reine d’un

     jour. Mais là, avec le buzz aujourd’hui,c’est reine d’une heure. Mais derrièrel’écume du buzz, il y a le peuple de

    gauche, et c’est à lui qu’il faut parler.Et si vous êtes extrêmement perti-nents dans vos formules, celles quevous postez sur les réseaux sociaux,utilisez votre talent contre la droite etl’extrême droite.

    Mes chers camarades, le Parti socia-liste a sa responsabilité. Cette res-ponsabilité, elle est historique. Voussavez, nous avons dit dans nos textes,

     je ne suis pas sûr que tout le mondeait vu, ait voulu ou apprécié l’impor-tance que nous avons voulu porter àcette partie du texte, nous avons parlédu dépassement d’un nouvel Epinay.Epinay, c’est un choix stratégique faitpar la SFIO, par François Mitterrandet beaucoup, à la fois pour répondreà 1968, pour faire en sorte que l’on

    POLITQUEMENT,LA FRANCE VA MAL.PARCE QUE LADROITE S'EXTRÉMISE,L'EXTRÊME DROITE SE

    BANALISE.CE QUI EST EN JEU,C'EST UN NOUVEAUBLOC ÉLECTORAL.

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    puisse être socialistes dans la fin dugaullisme, et en même temps c’estune compétition avec le parti com-muniste sur l’ensemble de la gauche,parce que la position du parti com-muniste empêchait la gauche d’arri-ver au pouvoir.

    Le nouvel Epinay a d’autres enjeux,mais il procède de la même chose.Notre enjeu à nous, c’est évidem-ment les défis que j’ai évoqués toutà l’heure. Notre enjeu à nous, c’estévidemment la social-écologie, etceci nécessite que notre formationpolitique se dépasse, se remette encause, soit capable d’aborder autre-ment les problèmes, parce que noussommes dans les temps nouveauxet qu’il faut aujourd’hui, ici et main-tenant comme dirait l’autre, modifiernotre rapport à l’ensemble de la po-pulation, parce que nous ne sommes

    pas dans les années 70. Ça, c’est pournous, mais il y a tous les autres.

    Moi, aujourd’hui, à La Rochelle, jevoudrais lancer un appel par rapportau défi de la droitisation, de l’écologieou même de la révolution de l’imma-tériel. Je dis à l’ensemble du peuplede gauche : nous ne pouvons pasrester les bras ballants devant cesenjeux. Nous ne pouvons pas accep-ter que s’installe dans notre paysune droite extrême alliée de fait avecune extrême droite. Alors je lance unappel pour bâtir ensemble une nou-velle alliance, une alliance populaire,une belle alliance où le Parti socia-liste aura sa place, mais pas toute laplace, et nous disons à tous, citoyens,militants, responsables associatifs,comme ça s’est passé dans cetteuniversité de La Rochelle : venez,venez avec nous construire la gauchedu temps présent, construire unealliance populaire pour relever l’en-

    semble des défis. C’est ce à quoi nousvous appelons.

    Pour conclure, quelques mots sur lesélections régionales. L’un des com-bats sera celui de l’unité, jusqu’audernier moment, jusqu’à la dernièreseconde, nous serons les combat-tants de l’unité, les combattantsdu rassemblement, du renouveau,d’une nouvelle offre politique. Noussavons combien les régions sontimportantes, nous savons commentà travers la réforme qui est interve-nue, c’est une nouvelle France qui estmise en place. Nous connaissons lesenjeux pour nos concitoyens, et nous

    leur disons : les élections régionales,l’enjeu, c’est votre quotidien. Et nosconcitoyens nous regardent, ils nousregardent répondre nationalementaux problèmes qui les touchent, maisils nous regardent aussi localementrépondre au problème du transport,mais aussi l’intérêt pour l’éducation.Ces élections régionales, nous allonsles mener avec cran et détermination.Nous ne sommes pas battus, il y aurades surprises parce qu’une élection

    à la proportionnelle, ce n’est pas uneélection au scrutin nominal à deuxtours. Il y a le premier tour qui compte,il est important, et nous ferons toutpour être au plus haut possible, audeuxième tour, nous rassembleronsl’ensemble des forces, écologiques etautres, pour gagner ces élections. Etnous pouvons le faire.

    Et je fais un signe amical aux candi-dats qui mènent des combats diffi-ciles, mais aujourd’hui, la populationn’est pas tournée encore vers lesélections régionales, et ce que voussemez, Pierre de Saintignon, CaroleDelga, vous allez le récolter. Parceque les milliers de kilomètres quevous faites dans vos grandes régionssont des rencontres avec les Fran-çais, et ce qui paie à la fin, c’est cela,c’est le quotidien des Français, et larencontre avec eux.

    Voilà chers camarades, nous allonsagir en commun, nous allons agirpour la gauche, nous allons agir parla gauche. Et l’avenir, je voudrais vousle dire, dépend de nous. Rien en poli-tique n’est jamais écrit. Alors, fortsde nos valeurs, que nous voulonsréaffirmer dans la République, fortsde nos réalisations, forts de notredétermination, nous allons mener lecombat politique tant du point de vuedu redressement de la France quedes élections régionales, mais plusloin, quelle tâche exaltante, fonderun nouveau cycle politique à gauche,c’est à cela que je vous appelle, à lacoordination, le développement detoutes les énergies de gauche pourfonder l’alliance populaire, une nou-velle gauche, une gauche moderne,une gauche sur ses valeurs. Mercimes chers camarades. Vive la Répu-blique, et vive la social-écologie !

    JE LANCE UN APPEL POUR BÂTIRENSEMBLE UNE ALLIANCE POPULAIRE.CITOYENS, MILITANTS,RESPONSABLES ASSOCIATIFS,VENEZ AVEC NOUSCONSTRUIRE LAGAUCHE DU TEMPSPRÉSENT!

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    DISCOURS DE MANUEL VALLS

    Chers amis,Chère Laura,Cher David,Cher Jean-Christophe,

    Il y a un an, pour la première foiscomme Premier ministre, je concluaisces Universités d'été … Douze mois ontpassé. Chaque jour, avec le président

    de la République, le gouvernement, lamajorité – à l’Assemblée, cher Claude,cher Bruno, au Sénat, cher Didier –nous avons continué de répondre auxattentes, aux espoirs, aux inquiétudesdes Français.

    Deux faits structurants – ô combiendifférents – ont marqué notre action.Le premier est une menace qu’il fautconjurer. Le second, une perspectivesur laquelle il faut travailler.

    Premier fait : nous pouvons plutôt par-ler d’un choc. Les attentats de janvierqui ont frappé notre pays au cœur. Le11 janvier, la France était débout. Et lesFrançais, avec force, dignité, ont envoyéun message très clair. Notre époque acette fâcheuse tendance à vouloir vite

    passer à autre chose avant que d'avoirtiré les leçons. Mais enfin ! Ces trois

     jours où des Français, terroristes du jihad, ont assassiné des journalistes,symboles de la liberté d’expression,des policiers, représentants de l’ordrerépublicain, des salariés au travail, des

     juifs parce qu’ils étaient juifs, et ce sur-saut –républicain, quoi qu'en disent les

    polémistes ! –, cette attente qui s'estaffirmée doivent être une exigence detous les instants. Le terrorisme est unemenace structurante, une menace éle-vée, qui va durer.

    Second fait : le retour de la croissance.Il y a douze mois, l’état d’esprit étaitun peu différent. Certains – c’était leurdroit – proposaient d’autres choix …Aujourd’hui, la croissance est là ; c’estainsi que nous ferons baisser le chô-mage. Oh pas de triomphalisme ! Il ya les incertitudes de la crise financièreasiatique. Mais il y a aussi des facteurspositifs : la croissance américaine, labaisse du prix du pétrole, ce qui estbon pour le pouvoir d’achat, la baissedes taux d’intérêt, la baisse de l’euro– bonne pour nos exportations – grâce

    à la politique favorable de la BCE pourlaquelle nous nous sommes battus.Lespremiers résultats sont là. Ils sont en-core insuffisants pour combattre le dé-sespoir de nombre de nos concitoyens,mais suffisants pour affirmer que noussommes sur la bonne voie, pour raviverl'espoir, pour réussir.

    11 janvier. Retour de la croissance. Cesfaits disent nos priorités : réformersans relâche pour consolider notreéconomie, notre modèle social, et ren-forcer sans cesse notre cohésion. C’estde cela que je veux vous parler. Et deuxmots doivent nous guider : volonta-risme et constance.

    Le volontarisme fait la grandeur denotre engagement. C’est le contrairedes petits calculs tacticiens que lesFrançais ne supportent plus. Nousqui croyons au progrès, nous savonsque c’est à force de volonté qu’ont étéconquis les droits que nous sommesfiers de défendre aujourd’hui. Aux fata-listes, aux déclinistes, nous répondons :aimer la France, c’est croire en elle. Ladécrier, c’est l’abandonner.

    « AIMER LA FRANCE,

    C'EST CROIRE EN ELLE »

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    Volontarisme, mais aussi constance.Les hésitations ne mènent nulle part.À droite, certains, pressés de revenirau pouvoir, sont prêts à adopter, tour àtour, tous les points de vue. Les Fran-çais ne sont pas dupes !

    Nous, nous savons ce que noussommes. Dans un monde d’incerti-tudes, d’instabilités, où tout change sivite, nous devons être forts. Forts pourrépondre à ce défi majeur, colossal,des grandes migrations. L’Europe, àses frontières, sur son sol, au milieu dela Méditerranée, est touchée de pleinfouet par les conséquences de phé-nomènes massifs : effondrement desEtats comme en Lybie, guerre en Syrie,en Irak, crise humanitaire dans la cornede l’Afrique, désordres climatiques enAfrique sub-saharienne et plus large-ment aspirations au départ de ceux quicherchent une vie meilleure.

    Depuis des mois, il y a un drame hu-main, une hécatombe. Des migrantsbravent tous les dangers, supportent lasouffrance, rencontrent la mort. Encore71 corps sans vie, retrouvés entassés,il y a deux jours, dans un camion enAutriche. 71 destins brisés. Depuis ledébut de l’année, le nombre d’entréesirrégulières dans l’espace Schengen aatteint 340 000. Beaucoup, proviennentdes Balkans, pour aller en Allemagne.

    C’est trois fois plus que l’année der-nière. Ce mouvement s’accélère. Et ilva durer.

    Alors, notre devoir, c’est de trouverdes réponses durables, fondées surdes valeurs : humanité, responsabilité,fermeté. Humanité parce que les mi-grants doivent être traités dignement.Abrités, soignés. Responsabilité parceque nous sommes viscéralement atta-chés au droit d’asile. Ceux qui fuient laguerre, les persécutions, la torture, lesoppressions, doivent être accueillis. Etdonc, chaque demande d’asile doit êtreexaminée. Rapidement.

    Je veux vous citer une phrase quim’a bouleversé : « Donnez-moi vospauvres, vos exténués, qui, en rangs

    serrés, aspirent à vivre libres, le rebutde vos rivages surpeuplés, envoyez-moi ces déshérités rejetés par la tem-pête … de ma lumière, j'éclaire la ported'or ». Cette phrase est martelée surle socle – oui, le socle – de la Statuede la liberté, cadeau de la France à la

     jeune démocratie américaine, phare dumonde nouveau, lueur d’espoir pourdes millions d’âmes. La France, par cecadeau aux Etats-Unis d’Amérique, n’apas seulement offert un extraordinaireouvrage d’architecture. Elle a transmisune partie de son âme et de son mes-sage universel, prolongeant les liensnoués par l’Hermione de Lafayette, etque la nouvelle Hermione – j’étais àson bord hier – continue de tisser au-

     jourd’hui.

    C’est la fidélité à ce message, à cet héri-tage qui guide notre action aujourd’hui.Nous avons adopté la loi sur l’asile qui

    réduira les délais d’instruction. Dès lemois de juin, nous avons pris des me-sures humanitaires fortes, décidé unplan d’urgence offrant 12 000 placesd’hébergement supplémentaires parrapport à il y a trois ans. C’est une aug-mentation de 45 % pour instruire digne-ment les 60 à 70 000 demandes d’asile– le chiffre est stable – que notre paysreçoit chaque année. En Allemagne, onparle de 800 000 !

    Enfin, fermeté. Il y a les migrants, éli-gibles au droit d’asile. Il y a aussi uneimmigration économique, irrégulière.Face à cela, il faut des règles strictes,la plus grande intransigeance pour lut-ter – et je pense à Calais, et la coopé-ration franco-britannique – contre lespasseurs, les trafiquants d’espoir quise repaissent de la misère humaine.Aucun pays européen ne parviendra àfaire face seul ! Encore moins les paysde première entrée. Comme l’ont dit,avec force, Sigmar Gabriel et Frank-Walter Steinmeier : l’Europe doit être àla hauteur.

    La France assume ses responsabilités.L’Allemagne également. Le Présidentde la République et la Chancelière alle-mande portent une initiative commune,sur la base d’un document rédigé parles deux ministres de l’Intérieur, Ber-nard Cazeneuve et Thomas De Mai-zière. D’abord, il faut converger vers unsystème unifié d’asile. Ensuite, il fautrenforcer les politiques de retour. Aider,enfin, les pays limitrophes à faire faceet réfléchir au déploiement de gardes-frontières européens. L’espace Schen-gen, ce n’est pas simplement l’abolitiondes frontières entre Etats-membres.C’est aussi le contrôle de nos frontièresextérieures. L’oublier, c’est le mettreen péril. C’est pourquoi, il faut aussides hot-spots – des centres d’accueil

    en Italie, Grèce, pour distinguer réfu-giés, demandeurs d’asile et migrantsirréguliers.Mais aucune réponse durable ne seratrouvée sans une politique ambitieusede développement, sans que nous noustournions vers les pays du Sud qui nedoivent pas se vider de leurs talents,de leur jeunesse. Regarder au-delà de

    la Méditerranée, construire des liensnouveaux avec l’Afrique – continent dedemain – c’est un grand projet pourl’Europe et pour la France.

    Nous prenons les choses en main.Et j’appelle la droite à faire preuve decohérence. Un jour, elle rejoint AngelaMerkel et nous donne des leçons ! Unautre, elle est contre la Chancelièreallemande, alors qu’en matière de mi-grations, celle-ci prend, avec la France,les bonnes décisions, et que le gouver-nement allemand de coalition combat

    l’extrême droite. La droite française,elle, court derrière le FN ! L’oppositionest incohérente. Nous devons incarnerla responsabilité, la stabilité, la protec-tion. Etre cette force qui met notre paysen mouvement.

    1. VOLONTARISME ETCONSTANCE POUR CONTINUERDE CONSOLIDER NOTREÉCONOMIE ET NOTREMODÈLE SOCIAL

    Mes chers amis,

    Il faut du volontarisme et de laconstance. D’abord, pour redressernotre économie.

    L’économie, ce n’est pas un objectifen soi. Tu as raison, Jean-Christophe !D’abord les valeurs ! Travail, émanci-pation des individus, égalité, protection.Je l’ai dit, il y a quelques jours. Ce sontnos valeurs qui définissent nos choixéconomiques. Et pas l’économie quidicte nos valeurs. Nous avons identi-

    fié les problèmes. C’est un diagnosticpragmatique, pas idéologique : endet-tement, perte de compétitivité, décro-chage de notre industrie, TPE et PMEen difficulté pour embaucher, rigiditéset blocages. Ces problèmes, nous lesavons attaqués à la racine. Depuis 2012,nous réformons. Et nous continuerons.

    Pour notre souveraineté ! 50 milliardsd’économie sont programmés entre2015 et 2017, pour faire passer le déficiten-dessous de la barre des 3 %. Nousn’en dévierons pas ! Et nous continue-rons à financer nos priorités : emploi,sécurité, école, culture, mais aussiinvestissement des collectivités. Je l’aidit cette semaine à nos élus : nous yconsacrerons un fonds d’un milliardd’euros. Nous continuerons à agir,

    DANS UN MONDED'INCERTITUDE,D'INSTABILITÉS, OÙTOUT CHANGE SI VITE,NOUS DEVONS ÊTREFORTS. FORTS POURRÉPONDRE À CE DÉFIMAJEUR DES GRANDESMIGRATIONS.

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    avec la même force, pour la compétiti-vité de nos entreprises, grâce au CICEet au Pacte de responsabilité et de soli-darité. Les acteurs économiques ontbesoin de visibilité. Sinon, commentbâtir le moindre projet ou embaucher ?La stabilité, la cohérence, c’est le soclede la confiance. Les zigzags, ce sont lessables mouvants de la défiance.

    Notre pays s’engage pour les entre-prises. Aux entreprises de s’engagerpour notre pays, pour sa croissance,ses emplois. D’elles nous attendonsqu’elles sachent prendre des initiatives.Prendre des risques. C’est cela entre-prendre !

    Nous allons, enfin, continuer la ré-forme fiscale. Le premier acte, c’étaitde rendre l’impôt plus progressif, dedemander aux plus riches de contri-buer davantage ! Nous avons créé la

    tranche à 45 %, mieux taxé les reve-nus financiers, réformé l’impôt sur lafortune, lutté contre la fraude fiscale.Avec des résultats ! Jamais l’ISF n’aautant rapporté. Aujourd’hui : 70 % del’impôt sur le revenu est payé par 10 %des Français les plus riches ! Dans unemême logique, nous avons fait en sorteque les allocations familiales, béné-ficient d’abord aux familles qui ont leplus besoin, et notamment celles descatégories populaires et des classesmoyennes.

    Le deuxième acte, c’était de baisserl’impôt des Français. Aujourd’hui cettebaisse est là : 9 millions de ménages leconstatent sur leur avis d’imposition.En moyenne, ce sont 300 euros d’impôtsur le revenu en moins, et donc 300 eu-ros de pouvoir d’achat en plus, pourdes ménages des classes moyenneset des classes populaires. Cette baisseva continuer. Le Président de la Répu-blique l’a annoncé. Elle sera inscritedans le projet de loi de finances pour2016.

    Le troisième acte, c’est la granderéforme des finances locales, avec laréforme de la dotation globale de fonc-tionnement et un vrai système de péré-quation. Ce sont des sujets que la droiten’avait pas traités ! Ce qui ne l’empêchepas de tenir des propos contradictoires.

    Et le quatrième acte, ce sera le prélè-vement à la source en 2018, décidé parle chef de l’État. C’est ce gouvernementqui l’engage ! Sans retour possible !Payer des impôts, c’est normal, c’estêtre citoyen. Mais payer trop d’impôts,c’est injuste, et c’est inefficace. Nousredonnons à la fiscalité tout son sens :faire contribuer équitablement, sans

     jamais décourager !

    Nous continuons de mener les ré-formes profondes dont notre économiea besoin. En poursuivant le mouvementengagé par la première loi croissanceet activité par Emmanuel Macron ! Enencourageant la création de valeurdans le domaine du numérique ! Et encontinuant à réformer notre marché dutravail, pour mieux garantir les droitsde ceux qui ont un emploi, tout en faci-litant l'accès de ceux qui n’en ont pas !Je l’ai déjà dit l’an dernier : il n’est pasquestion de revenir sur la durée légaledu temps de travail. Ce débat est clos.Ce qui m’intéresse, ce n’est pas le pas-sé, c’est l’avenir et notre agenda pourécrire le contrat social du XXIe siècle.

    Robert Badinter et Antoine Lyon Caen– deux figures de la gauche – font ceconstat d’un code du travail si complexequ’il en est devenu inefficace : activitébridée, salariés qui ne connaissent plusleurs droits. Il faut revoir en profondeurla manière même de concevoir notreréglementation. Jean-Denis Comb-rexelle travaille à des propositions. Ilfaut lui faire confiance. Il est celui qui,avec Hortense Archambault et Jean-Patrick Gille, a permis de trouver unesolution garantissant le régime des in-termittents. La gauche est elle-mêmequand elle est inventive !

    Nous devons donner plus de latitudeaux employeurs, aux salariés et à

    leurs représentants pour décider eux-mêmes de leur politique de formation,d’organisation du travail, d’insertiondes jeunes par des négociations auplus près de leurs besoins. Ce sera plusde souplesse pour les entreprises et,grâce à un dialogue social redynamisé,des droits – à la formation, à la prise encompte de la pénibilité – mieux assuréspour les salariés.

    C’est l’objectif également du comptepersonnel d’activité. Il suivra les sala-riés tout au long de leur carrière, y com-pris pendant les périodes de chômage,

     justement quand le besoin de forma-tion est le plus évident. La sécuritésociale professionnelle, c'est un vieuxrêve de la gauche. Nous le concréti-sons ! Et nous faisons la preuve qu’on

    peut agir pour les entreprises et pourles salariés. Pas de faux débats ! Nouspartageons les mêmes objectifs ! Alors,retrouvons-nous sur les moyens de lesatteindre. On peut lever les contraintes,tout en protégeant !

    Protéger, c’est aussi protéger nossecteurs industriels stratégiques -défense, énergie, transports … C’estlutter contre une loi du marché qui nerespecterait pas les règles ou qui seraitinjuste.

    Voilà pourquoi, avec Stéphane Le Foll,nous défendons notre agriculture. Leséleveurs français subissent de pleinfouet la concurrence d’autres pays, lacourse vers des prix toujours plus bas.Beaucoup ne peuvent plus, aujourd’hui,vivre de leur métier. Alors, nous allé-geons leurs charges, nous les aidonsà moderniser leur exploitation, à ex-

    porter. Il faut encourager ces jeunesagriculteurs, ces petits exploitants, quitriment et aiment profondément leurmétier. Voilà ce que c’est, défendre lavaleur travail ! Le travail qui rémunère

     justement, qui motive parce qu’il donneà chacun sa place. Le travail plutôt quela rente !

    Nous continuons aussi de porter lesréformes en Europe. L’Europe, c’est legrand destin de notre Nation. Passer àcôté, céder au populisme, au repli, ceserait perdre pied. Ce serait, pour tousles pays européens, s’effacer devant lesgéants de demain ; subir plutôt qu’agir,sortir de l’Histoire. La France est làaussi à l’initiative pour que l’Union re-mette la croissance, l’emploi, au cœurde son projet. Nous avons été entendusavec le plan Juncker qui investit 315milliards d’euros dans le numérique, latransition énergétique, les PME inno-vantes.

    Cet été, lors de la crise grecque, Fran-çois Hollande s’était donné un objectif :

    que la Grèce reste dans l’euro. Avec Mi-chel Sapin, nous avons sonné l’alarmepour faire taire les égoïsmes. Nousavons martelé que, sans solidarité,sans responsabilité, l’Europe était unprojet sans âme et sans fondement. Oui,l’essentiel était en jeu. Nous n’avonsménagé aucun effort. Et nous sommesparvenus à un accord. Les sceptiquesprétendaient que c’était impossible...Et pourtant, après avoir été adoptépar notre Parlement, par d’autres, parle Parlement grec, il se met en place !C’est vrai : un long chemin reste à par-courir. Mais, peu à peu, la Grèce relèvela tête. Alexis Tsipras a fait, résolument,le choix de l’Euro, et donc, résolument,le choix de l’Union européenne ; le choixcourageux d’agir, de réformer, d’assu-mer plutôt que celui, trop facile, de pro-

    L'EUROPE, C'ESTLE GRAND DESTINDE NOTRE NATION.PASSER À CÔTÉ,CÉDER AU POPULISME, AU REPLI, CE SERAITPERDRE PIED.

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    mettre l’impossible, qui aurait plongéla Grèce dans la catastrophe. C’est uneleçon politique et éthique pour toutesles gauches en Europe. Et moi, ici, ennotre nom à tous, je veux lui adressertout notre soutien pour la tâche difficilequi reste à accomplir.

    Cette crise – les Français ne s’y sontpas trompés – a été historique. Nousen tirons les enseignements : rendrela zone euro plus efficace économique-ment et plus légitime démocratique-ment.

    Cela suppose de doter – enfin ! – l’Eu-rope d’un gouvernement économique,d’organiser la convergence financière,fiscale et sociale. La France, par la voixdu chef de l’État, fera des propositionstrès prochainement. Et tous les termescomptent : financier, fiscal et social,car, trop souvent, on traite les uns au

    détriment des autres.Nous faisons preuve de volontarismeet de constance en Europe ! Et nousdisons à ceux qui confondent volonta-risme et esprit belliqueux que rien nes'est jamais construit sur la rancœur etle mépris. Confondre, c’est défaire l'Eu-rope – et nous savons que certains s'yemploient. Dans une Europe dominéepar les conservateurs, les lignes ontpourtant bougé : euro moins cher, planJuncker, soutien à la Grèce. Et cela,nous le devons à François Hollande !

    2. VOLONTARISME ETCONSTANCE POUR CONTINUERDE RENFORCER NOTRECOHÉSION NATIONALE

    Volontarisme et constance sont aussiles maîtres-mots pour renforcer notrecohésion nationale. Ce que les atten-tats de janvier ont révélé plus encore,ce sont les blessures profondes denotre société. Quand des enfants de laRépublique souscrivent à l’idée qu’il

    faut avilir, éradiquer les différences, serangent du côté de la barbarie contre lacivilisation au sens le plus large, c’estque quelque chose s’est cassé.

    Mais, si les terroristes ont frappé préci-sément notre liberté d’expression, nosvaleurs de tolérance, de laïcité, c’estaussi parce qu’ils pensent qu’ellessont nocives et qu’il faut asservir ceuxqui les incarnent. Or, la conquête de laliberté, l’invention de la laïcité, la pas-sion de l’égalité – cet idéal émancipa-teur de l’Homme – c’est l’histoire, c’estl’identité de notre pays. Si notre modèlerépublicain est affaibli. S’il n’est plusce cadre protecteur et émancipateur,notre devoir c’est d’agir.

    D’abord, par une lutte implacable.Noussommes en guerre contre un ennemiintérieur et extérieur – le radicalismeislamiste – dont les modes opératoiresévoluent sans cesse et qui fait desdégâts considérables chez une partiede notre jeunesse. Il faut donc traquerles individus, démanteler les cellules,protéger nos concitoyens, partout surle territoire. Services de l’État, Jus-tice, policiers, gendarmes, militaires,avec Bernard Cazeneuve, Jean-YvesLe Drian, Christiane Taubira sont tota-lement mobilisés. Dès 2012 – parceque nous étions lucides – nous avonsrenforcé nos moyens humains et ma-tériels de lutte anti-terroriste. Nousavons décidé de les accroitre encore.Nos armées sont déployées au Sahelet en Irak. Et nous avons donné à nosservices, avec la loi sur le renseigne-ment, les moyens d’être encore plusefficaces.

    Et ce que nous devons dire, c’est queMarine Le Pen, l’extrême droite ontcombattu ces décisions de protectiondes Français, tout comme la mise enplace, au niveau européen, de la trans-mission des données des passagers –le PNR. Mais quel genre de patriotessont-ils, eux qui montrent leur incon-séquence, même pour défendre notrepays !

    La République ne cédera jamais. Et laRépublique, ce n’est seulement sesforces de l’ordre. C’est à nous tous,chacun à notre niveau, de réveillernotre civisme, d’être alertes et réactifs.La fragilité de notre pacte républicain,ce n’est pas que la crise économiqueet sociale. C’est aussi une forme de dé-route morale, une faiblesse qui a laissél’antisémitisme, cette moisissure, faireson chemin, prospérer, s’enraciner,sans que nous nous sentions collecti-vement touchés. Comment la France a-t-elle pu en arriver là ? Comment n’a-t-elle pas vu que cette lame de fond,ce poison lent, mais puissant, était unemenace mortelle pour toute la Répu-blique ? Tant que les juifs de France neseront pas tranquilles apaisés, la Ré-publique ne pourra pas l’être non plus !

    La haine des musulmans, les amalga-mes, le racisme, rongent la dignité detant d’hommes et de femmes. Notresociété est percluse par cette violenceverbale, ces actes ravageurs. Je l’aidit, le 13 janvier, devant la représenta-tion nationale : je refuse que les juifsde France puissent avoir peur, et jen’accepte pas que les musulmans de

    France puissent se sentir stigmatisés.Il y a quelques jours, des criminels s’ensont pris à la Mosquée d’Auch. C’estune blessure insoutenable pour les fi-dèles. C’est aussi une attaque en règlecontre la laïcité, qui protège la libertéde croire et de pratiquer. Je veux direaux musulmans de France notre soli-darité et notre volonté de les protéger.Ils sont la France ! Tant que nos lieuxde cultes – mosquées, synagogues,églises –, nos cimetières, seront prispour cibles, nous ne baisserons pas la

    garde.Les discriminations du fait de l’origine,de la couleur de peau, de la religion, del’orientation sexuelle, ou parce que l’onest une femme, sont des humiliationsquotidiennes. Des humiliations quenous ne pouvons accepter, parce quenous sommes de gauche. Et nous pro-poserons un projet de loi pour l’égalitéet contre les discriminations, qui pren-dra en compte les travaux parlemen-taires, notamment ceux de Razzy Ham-madi.

    Agir, c’est corriger les faiblesses denos politiques publiques, regarder lesbrèches dans le fonctionnement denos institutions, au premier rang des-quelles – parce que c’est le pilier denotre pacte républicain – notre sys-tème éducatif. Avec volontarisme, nousavons engagé la refondation de l’Ecole.Et avec constance – Najat Vallaud-Belkacem y veille – nous allons en me-ner tous les chantiers : recrutement encinq ans de 60 000 enseignants – 35 200

    l’ont déjà été –, priorité donnée au pri-maire, rythmes scolaires, éducationprioritaire, formation des professeurs,réforme des programmes, du collège.Et j’y ajoute la revalorisation de l’allo-cation de rentrée scolaire. Un coup depouce important pour les familles !

    À quelques jours de la rentrée, rap-pelons que ces chantiers n’ont qu’unseul objectif : redonner à l’école répu-blicaine son sens et sa vocation : ins-truire, former, émanciper le citoyen.Notre école, parce qu’elle s’est adres-sée à tous, a longtemps permis à cha-cun de prendre place dans une histoirecommune, de se reconnaître dans desmêmes valeurs, de s’élever, d’aller plusloin. Cette école, c’est notre projet desociété.

    JE REFUSE QUE LESJUIFS DE FRANCEPUISSENT AVOIR PEUR,ET JE N'ACCEPTE PASQUE LES MUSULMANSDE FRANCE PUISSENTSE SENTIR STIGMATISÉS.

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    S’il ne devait y avoir qu’un enjeu surlequel nous rassembler – gauche etdroite – c’est celui de notre systèmescolaire. Il ne peut souffrir aucune ins-trumentalisation politicienne. Aucunprocès d’intention. Aucune tactiquepersonnelle. Car il y va de l’avenir denotre jeunesse, de notre pays.

    Alain Juppé a fait des propositions, cer-taines de bon sens, qui recoupent d’ail-leurs beaucoup ce que nous avons fait.Il faut d’ailleurs le lui dire ! Mais pardon,quel est projet éducatif de la droite ?Celui d’Alain Juppé ? Celui, inquiétant,de Bruno Le Maire ? Celui de FrançoisFillon ou de Nicolas Sarkozy qui, auxresponsabilités, ont sapé les fonde-ments de notre école ? La droite n’apas de cohérence sur ce sujet. C’est-à-dire qu’elle n’a pas de vision et doncpas d’ambition pour l’école de la Répu-blique.

    Chers amis, Au lendemain du 11 jan-vier, devant la sidération, la Frances’est d’abord retournée vers l’école,s’interrogeant sur ce qui y était trans-mis. C’est logique. Des mesures ontalors été prises pour mieux y promou-voir la citoyenneté. L’Ecole, c’est beau-coup. C’est essentiel. Mais, dans unesociété qui a changé, qui est devenueplus complexe, l’école ne peut pas tout.

    Car il y a aussi les failles béantes surnotre territoire qu’il faut combler. Lapromesse républicaine, c’est l’égalitépartout. Or cette égalité s’est étiolée.Elle s’est étiolée, sous l’effet de la criseéconomique, des mutations indus-trielles, du déménagement des ser-vices publics, mais aussi sous l’effet depolitiques publiques qui, de fait, n’ont

    pas endigué la paupérisation, la ségré-gation, la ghettoïsation. Avoir 20 ansdans un village ou dans un quartierclassé en politique de la ville, ce n’estpas vivre la même expérience, ni avoirles mêmes opportunités que d’avoir20 ans dans un centre riche d’une mé-tropole dynamique. Habiter dans unezone où le chômage est la norme, c’estsouvent vivre sans autre perspectiveque la mise en retrait du monde autourde soi.

    Comme le dit Malek Boutih, ce sontdans ces brèches que grandissent leradicalisme, pas seulement islamiste,mais aussi la rancœur, la défiance gé-néralisée, l’envie de tout envoyer bala-der, la violence, la délinquance, l’into-lérance. Pas de fausses promesses !Casser ces logiques d’isolement, de dé-sespérance, c’est une tâche immense.Il faudra du temps. En d’autres termes :du volontarisme et de la constance.

    La volonté, nous l’avons. Nous avonspris les sujets à bras le corps. Pourconstruire des logements ! Répar-tir le logement social ! Réformer lapolitique de la ville ! Développer leséquipements, les infrastructures enmétropole et Outre-mer ! Apporter le

    Très Haut Débit, partout ! Ramener lesservices publics – transports, santé,emploi – dans les quartiers populaires,dans les espaces ruraux ! C’est ce que

     je rappelle sans cesse, lors de mesdéplacements, pour affirmer que l’Étatest là, qu’il ne laisse tomber personnegrâce notamment aux contrats de planÉtat-Région, aux contrats de ville.

    Nous sommes à quelques semainesdes élections régionales, de la nais-sance de cette nouvelle France desterritoires que nous avons portée. Ceque nous faisons pour nos collectivités,pour notre démocratie locale, avec lenon-cumul, la parité, nous devons lerevendiquer.

    3.VOLONTARISME ETCONSTANCE POURCONTINUER DE CONSTRUIRE

    LE RASSEMBLEMENT DESPROGRESSISTES

    Mes chers amis, s’il nous faut fairepreuve de volontarisme et de constance,c’est, enfin, parce que les forces de pro-grès ont rarement été aussi fragmen-tées dans notre pays. Face à nous, il y aune extrême droite qui ose se dire « ré-publicaine », qui prétend parler au nomdu peuple mais dont le programmes’en prend d’abord aux petites gens,aux plus fragiles. Derrière cette vul-gaire saga familiale, se profile le risqued’un désastre national.

    Quand un responsable du patronat ditqu’il n’hésitera pas à voter pour le FN ;quand un économiste connu appelleà la constitution d’un front anti-euro ;quand un diocèse invite une députée

    LA PROMESSERÉPUBLICAINE, C'ESTL'ÉGALITÉ. OR CETTEÉGALITÉ S'EST ÉTIOLÉE.

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    frontiste, ce sont des barrières quitombent. Et donc, il ne faut rien aban-donner du combat que nous avonsmené, notamment lors des munici-pales, des départementales. Qui le fera,si nous ne le faisons pas ?

    Car, beaucoup, à droite, sont perdus.Beaucoup semblent prêts à sacrifierleurs principes. Plutôt que tirer lesleçons de ses échecs, la droite préfèrenous faire cet éternel procès en légiti-mité. Comme vous, j’écoute, j’observe,mais ce que je vois derrière cette enviede revanche de l’ancien Président de laRépublique, c’est que la droite n’a rienà proposer. Elle cherche seulement às'imposer.

    Oui, cher Jean-Christophe, c’est uneforme inédite de « bloc réactionnaire »que nous avons à affronter. Au sein dece bloc, certains veulent une commu-

    nauté nationale basée, pas sur la libreadhésion à un projet, mais sur l’exclu-sion. D’autres défendent une société duchacun pour soi, avec toujours moinsde protections, moins de servicespublics, moins d’État. Mais le résultatserait le même : une société dure, faitede divisions et de discriminations.

    Alors, il nous faut du volontarisme et dela constance pour répondre à deux exi-gences : le rassemblement et le renou-vellement. Rassemblement, car mesu-rons la responsabilité qui est la nôtre !Nous – la gauche – devons être les rem-parts de la République, incarner l’unitéde la Nation. Or, comment l’incarner, sinous-mêmes, nous sommes divisés ?

    Devant nous, il y a une échéance im-portante, capitale : les élections ré-gionales, avec de nouvelles grandesrégions. C’est unie que la gauche –socialiste, écologiste, radicale ! – doitcombattre, dès le premier tour, dansle Nord-Pas-de-Calais et Picardie, enProvence Alpes-Côte d’Azur. Et partout

    en France.La gauche est grande, la gauche estvictorieuse quand elle sort de son nom-brilisme pour s’adresser à tous, sansexclusive, sans petits calculs, sanssectarisme. Nous devons parler exclu-sivement aux Français. Et à pas à nous-mêmes. Nous devons être le parti de laNation. Alors construisons cette « bellealliance populaire », cher Jean-Chris-tophe. Redonnons cette envie militante.Organisons ce dépassement de ce quinous différencie, pour nous rassemblerautour de l’essentiel : égalité, solida-rité, laïcité, progrès, écologie, qu’il fauttraduire en actes concrets.

    J’en viens pour cela à la deuxième exi-gence : le renouvellement. Celui des

    talents, bien sûr. Mais aussi des idées.L’année 2016 marquera un double anni-versaire : le centenaire de la naissancede François Mitterrand, et le 80e anni-versaire de la victoire du Front popu-laire, c’est-à-dire les congés payés, lareprésentation des salariés, la cultureaccessible à tous ! Moi, je prends toutela gauche, son histoire, ses conquêtes,ses victoires, ses défaites. Et la gauche,c’est le progrès, le mouvement. Il fautévoluer, bousculer certains de nostabous, penser l’avenir pour le façon-ner. Il faut confronter nos certitudes àce monde en mutation. Ma conviction,c’est que si le monde n’a jamais eu au-tant besoin de la France, la France n’a

     jamais eu autant besoin de la gauche.

    Et quelle magnifique opportunité quela Conférence Paris Climat 2015 ! Quimieux que nous pour porter ce mes-sage de solidarité entre les peuples ?Pour dire que, face à l’évidence durisque climatique – records de tempé-rature, catastrophes naturelles – il fautun internationalisme de combat, unemobilisation planétaire. Le Présidentde la République, Laurent Fabius,Ségolène Royal œuvrent sans relâchepour parvenir à un accord contraignantquant aux émissions de gaz à effets de

    serre, pour contrer le réchauffementclimatique, promouvoir une crois-sance verte.

    Chers amis, j’ai souvent parlé de cettedifficulté de se réinventer au pouvoir…Je nous regarde, cher Jean-Chris-tophe, chers amis … Eh bien, je me disque ce défi immense, nous sommes entrain de l’accomplir, d’écrire une pagenouvelle de la social-démocratie. Nousle devons à un homme, un hommed’État qui, depuis la victoire de 2012,avec autorité, pugnacité, sang-froid,préside à la destinée de notre pays.Nous le devons à François Hollande ! Et

     je veux dire à quel point nous sommesengagés à ses côtés, dire notre estime,notre loyauté pour continuer l’actionque nous menons, notre fierté d’être

    à ses côtés. Toute notre fierté ! Soyonsfiers de cette gauche qui a compris quevolontarisme et constance sont les clefsde la réussite. Et nous allons réussir.Pas pour nous ! Mais pour notre pays !

    Soyons fiers des valeurs de la gauche :égalité, protection, travail, émancipa-tion ! Fiers de cette gauche que sait

    conjuguer efficacité économique et so-lidarité ! Qui généralise le tiers payant,grâce à la mobilisation de Marisol Tou-raine, qui crée des emplois d’avenir, quirevalorise et reforme le RSA ! De cettegauche qui n’a aucune leçon à recevoiren matière de sécurité ! Soyons fiers decette gauche qui refuse la facilité d’ac-cumuler une dette que nous léguerionsà nos enfants !

    Fiers de cette gauche qui réforme notrepays, notre État, pour redonner touteson autorité à la puissance publique,

    rendre son action plus économe et plusproche des besoins de nos concitoyens !Fiers de cette gauche qui revendique laNation, la patrie, la laïcité. Qui s’entête,et s’entêtera toujours à faire briller lesvaleurs de liberté, d’égalité, de frater-nité, qui font battre nos cœurs.

    Cette gauche dont l’histoire a du génie,et qui a toujours nourri le génie de laFrance. Ayons confiance en ce que nousavons été, et ce que nous sommes, eten tout ce que nous allons inventer.Ayons confiance en notre force. La forcede la République, la force de ce paysque nous aimons !

    Vive la République et vive la France !

    LA GAUCHE ESTGRANDE, LA GAUCHEEST VICTORIEUSEQUAND ELLE SORT DESON NOMBRILISMEPOUR S'ADRESSER ÀTOUS, SANS EXCLUSIVE,SANS PETITS CALCULS,SANS SECTARISME.

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    DAVID ASSOULINE

    Chers amis, et chers camarades, nousvoilà donc à cette séance de clôture denotre université d’été. Vous avez été4 000 comme l’an dernier à être venusdébattre, proposer, apprendre, com-prendre, pour nourrir vos convictions etvotre action.

    Ce type d’événement est plus que jamais nécessaire, le débat d’idées,

    l’échange argumenté, l’approfondisse-ment des sujets abordés, le temps pourle faire, la sérénité et la fraternité dansla controverse sont des bols d’oxy-gène pour la politique qui est en traind’étouffer des politiques faciles souventcaricaturales, violentes, se résumantà une petite phrase. Plus le mondeest complexe plus les sujets rendantcompte de la politique sont simplistes.Et après, on s’étonne que le populismemonte et que ce sont les extrémismesde tous bords qui ont le vent en poupe.Le socialisme, lui, a toujours eu besoind’intelligence et d’appel à l’intelligencede tous, de démonstration, de rationa-lité.

    Dans tous les débats, une question étaitlà dans le cœur de chaque socialiste,

    c’est celle du drame absolu que viventdes centaines de milliers de réfugiés,femmes et hommes, enfants, qui fuientla guerre, les massacres et les exac-tions. Le sentiment si fortement par-tagé ici que l'Europe et chaque pays quila compose doit tout faire pour accueil-lir et recueillir dignement cette partied’humanité en détresse, qu’il faut desmots forts, des solutions audacieuses

    et de la générosité, des océans degénérosité submergeant l’océan de ladétresse.

    Autre leçon : dans notre famille poli-tique, jamais la prise de consciencede l’enjeu environnemental écologiste

    n’a été aussi intégrée à notre pensée.Notre identité, c’est la social-écologie,et chacun a pris la conscience que lapréservation de notre planète et denotre espèce, sans gagner la bataillecontre le réchauffement climatique,sans réussir la COP21, rendraient déri-soires tous nos autres combats.Une autre leçon que je tire de ces dé-

    bats, c’est que le combat pour la Répu-blique, pour ses valeurs, liberté, égalité,fraternité, sont bien au cœur de notreengagement fondamental, dans cestemps de menace terrorisme et d’in-certitude sur l’avenir. Je veux mettreà l’honneur ce matin une femme quiest venue, qui a assisté à nos débatspendant deux jours et qui symbolisece combat pour la fraternité si souventrelégué, Latifa Ibn Ziaten.

    Ces dernières décennies, la Répu-blique n’a pas tenu toutes ses pro-messes, pour une grande partie deceux qui vivent dans les territoires lesplus déshérités. Et aujourd’hui, il fautreprendre avec fierté le combat, et cecombat pour la laïcité qui, comble deperversité, est attaqué parfois commeun intégrisme alors qu’il est l’antidoteaux intégrismes, il est aussi la pro-motion de la liberté individuelle, deconscience, de la possibilité de s’arra-cher à sa condition sociale et familiale.Alors pour finir, et c’est la dernièreleçon que j’ai tirée de cette université

    d’été, c’est que notre parti, ses cadres,ses élus et militants, forts de nos bi-lans, sont prêts à engager la batailledes Régionales, nos tête des listes,Pierre de Saintignon, Claude Barto-lone, et d’autres, je ne vais pas tous lesciter, portent de véritables projets pourl’avenir, pour des régions humaines etinnovantes, mais ont conscience de ladifficulté de ce combat et continueront

     jusqu’au dernier moment à dire : est-il possible de continuer comme si derien n’était ? À jouer le sectarisme oules petites querelles d’intérêts de petitsappareils quand deux grandes régionspeuvent basculer vers le Front natio-nal ? Celles qui ouvrent sur l'Europe dunord et la Méditerranée. Deviendront-elles les régions du repli sur soi ? Non.Alors pour finir, je dis : unité, et vite !

    « PRÉSERVER LES VALEURS 

    DE LA RÉPUBLIQUE »

    JAMAIS LA PRISEDE CONSCIENCEDE L'ENJEUENVIRONNEMENTAL N'AÉTÉ AUSSI INTÉGRÉE ÀNOTRE PENSÉE.

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    LAURA SLIMANI

    Dans notre famille, nous devons dé-battre, passionnément parfois, maisrespectueusement toujours. Les

     jeunes socialistes seront toujours auservice de notre famille politique, etvous le verrez lors des élections régio-nales ces prochaines semaines. Avantd’aborder la situation politique, laissez-moi avoir une pensée pour les famillesqui bravent les mers et les murs pour

    fuir la guerre, pour les réfugiés qu’onrefoule trop souvent, ces damnés dela guerre, dont 2000 sont morts depuishuit mois. Pour marquer ici notre deuil,notre indignation, notre solidarité, jesouhaite vous demander d’observerune minute de silence.

    Merci. 2 000 vies brisées, 2 000 espé-rances, 2 000 voix. À quoi cela tiendrait-il de sauver ces 2 000 vies ? À ouvrirdes voies d’accès légal à notre conti-nent pour les réfugiés, comme nousl’avons fait par le passé, à organiserla solidarité entre les Etats européenspour que les migrants soient accueil-lis décemment ? Nous demandons augouvernement européen une politiquemigratoire, non pas débridée, mais unepolitique migratoire tout court.

    Dans le temps et la désillusion s’im-misce partout, nous n’avons pas seule-ment milité en 2012 pour lutter contrele Sarkozysme, c’était aussi le fait d’ou-vrir une nouvelle page pour les Fran-çais et l’avenir, pour la généralisationdu tiers payant, pour que la santé desFrançais ne dépende pas de l’épais-seur de leur portefeuille, et en ouvrant

    la prime d’activité aux jeunes, plus de100 millions d’euros supplémentairespar mois.

    Nous n’avons pas oublié ce qu’était laFrance dirigée par la droite et ce qu’ellepropose aujourd’hui. Pour les femmes,pour les jeunes, pour les habitants desquartiers populaires, nous n’avonsaucune envie que ces conservateursreviennent au pouvoir. Et c’est parceque nous connaissons bien le visagede la droite, dans aujourd’hui trop dedépartements, trop de villes, que noussommes exigeants envers la gauche. Ilnous faut mesurer notre responsabilité,à l’heure où l’extrême n’a plus besoinde se tapir dans l’ombre. Elle progressedans les esprits, dans les campagnespar une pseudo-guerre identitaire et senourrit de l’abandon ressenti dans lesquartiers populaires.

    La bataille de l’espoir passe par plusd’égalité, car seule l’égalité peut ame-ner un parent à savoir que son enfantvivra mieux que lui demain. L’enjeupour la gauche est de faire que l’égaliténe soit pas seulement une promesse,mais aussi et surtout une réalité dansle quotidien de nos concitoyens.L’égalité, cela passe nécessairementpar la question sociale. Alors quenotre pays compte chaque année plusde millionnaires et plus de pauvres,

     je m’adresse aux parlementaires etau gouvernement : depuis dix ans, lesrichesses créées dans notre pays se

    traduisent par plus d’argent à la findu mois pour les consultants et moinspour les caissières, plus pour les tra-ders, moins pour les infirmières, pourles maçons, pour les éboueurs, les ou-vriers agricoles et tous ceux qui viventdifficilement. Il paraît que la questionsociale n’est plus le moteur du débatpolitique. C’est peut-être vrai, mais le

    quotidien de nos concitoyens, l’essen-tiel, c’est la question sociale, ce qui leurreste sur le compte en banque à la findu mois. Pour le débat budgétaire, laquestion, c’est savoir si les Français quigagnent le Smic vivront mieux en 2017.Ce qui a été accompli par la gauchedepuis 2012 est considérable : emploid’avenir, augmentation des boursesen 2013 et 2014, etc., ce sont autantde petits mieux pour ma génération.Nous proposerons l’allocation d’auto-nomie en 2017 et nous la réaliseronsavant 2022.

    Nous avons besoin des socialistes enEurope pour dire que dès lors que nousavons une monnaie commune, descontraintes budgétaires communes,il faut de hautes normes communes.Par exemple, la taxe sur les transac-tions financières, il ne s’agit plus d’enparler mais bien de l’imposer. Oui, nousavons besoin des socialistes pour direque la priorité aujourd’hui ce n’est pasun pourcentage de déficit en plus ou enmoins, mais la priorité est de ré pondre

    à l’urgence climatique. Oui, ça coûte del’argent et ça veut dire mettre fin auxpolitiques d’austérité en Europe, maissi nous continuons aujourd’hui, nousverrons que dans quelques années, ily aura des dettes bien plus lourdes àgérer que les dettes budgétaires.L’intérêt des gauches, c’est de tra-vailler ensemble, c’est vrai en Europeet c’est vrai en France. Le moteur del’union de la gauche, ça ne peut pasêtre simplement l’agitation du péril del’extrême droite. Ce qui unira la gauche,c’est un projet commun de transforma-tion sociale.

    « FAIRE QUE L'ÉGALITÉ NE SOIT 

    PAS QU'UNE PROMESSE »

    LA BATAILLE DEL'ESPOIR PASSE PAR

    PLUS D'ÉGALITÉ.

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    COP 21 : LES PARTIS S’ENGAGENT

    « À NOUS PARTIS DE GAUCHE

    DE MOBILISER LA SOCIÉTÉ »

    La réussite de la conférence cli-mat en décembre à Paris, estun enjeu crucial pour l’avenir

    de la planète. Huit partis progres-sistes ont répondu à l’appel du Partisocialiste pour en discuter lors dela première plénière de l’universi-té d’été.

    C’est « à nous la gauche, à nous partisde gauche de mobiliser la société », alancé François Lamy lors de la plé-

    nière. « Nous pouvons être fiers que cetteconférence majeure pour l'avenir de nosenfants se déroule en France, à Paris, a-t-il ajouté. François Hollande, a vouludès 2012 que la France soit ainsi à l'avant-garde de cette bataille décisive pour notreavenir commun. »

    Pour Jean-Christophe Cambadélis, lespartis doivent être moteurs pour unevéritable transition écologique. Décri-vant une planète « théâtre de chan-gements radicaux et irréversibles », lePremier secrétaire du Parti socialiste asouhaité que l’on passe enfin à l’action.« Il n’y aura pas de richesses sur une pla-nète morte », a-t-il rappelé, jugeant que« cela doit provoquer un débat écono-mique et social ». La transition énergé-tique est dès lors « un défi majeur lancé

    à l’économie mondiale ». « Le risque estvital, le monde doit se désintoxiquer desénergies fossiles »,  a-t-il affirmé. Lesuccès de la conférence climat ne peutêtre que mondial, et en décembre « lemonde a rendez-vous avec son destin ».« C’est le sommet de la dernière chance.Ce n’est pas une fin, mais un commence-ment pour un changement indispensabledes comportements. L’échec n’est pasune option, c’est un suicide. »

    Au-delà d’un accord indispensable, « ilest question de la transformation de notremonde », a constaté Corinne Lepage,présidente de Cap 21. Et pour cela, lespartis politiques doivent s’appuyer surla société civile, car « les entreprises,les associations sont souvent à la pointede l’innovation ». Yves Petrasanta, pré-sident de Génération Ecologie a lui jugéqu’il fallait aller au-delà de « ces grand-messes » pour atteindre des résultatsconcrets. Jean-Luc Bennahmias, pré-

    sident du Front Démocrate, a ajoutéque « la France et l’UE devaient prendretoutes leurs responsabilités, afin qu’il

     y ait au moins un continent qui réagisseface au réchauffement climatique ». Ducôté du Mouvement des Progressistes,Jean-Noël Carpentier a souhaité quel’on cesse « d’opposer l’économie etl’écologie », au sein d’une gauche qui

    a longtemps été productiviste. « Pourmener de front le combat social et éco-logique, la clé est dans la solidarité et lalutte contre les inégalités ». Ce qui passenotamment par l’instauration d’unetaxe mondiale sur les transactions fi-nancières.

    FINANCEMENT

    « Il faut articuler la lutte contre leréchauffement climatique et la crois-sance », a noté Jean-Luc Laurent, duMouvement Républicain et Citoyen. Cequi nécessite selon lui de se fixer desobjectifs atteignables et de « préservernotre souveraineté énergétique », enn’abandonnant pas le nucléaire.

    Pour Alain Pagano, conseiller nationaldu Parti communiste, « s’intéresseraux questions économiques et sociales,c’est aussi parler d’environnement ». Il aestimé que l’investissement public étaitindispensable pour réussir la transitionénergétique. Quant à Jean-Michel Bay-let, président du PRG, il a disserté sur

    l’importance de l’unité de la gauche,dans tous les combats qu’elle doit me-ner, l’environnement, comme les pro-chaines élections.

    Pour conclure, Emmanuelle Cosse,présidente d’EELV a rappelé que c’était« l’avenir de la planète qui se jouait danstrois mois ». Pour elle, la clé de laréussite de la Cop 21 réside dans sonfinancement, et elle s’est égalementprononcée pour l’instauration de la taxesur les transactions financières. « Pouraccompagner les pays du sud, la Francedoit donner plus, alimenter le fondsverts ».

    L’ÉCHEC N’EST PASUNE OPTION, C’ESTUN SUICIDE.

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     LES FRACTURES FRANÇAISES

    COMPRENDRE LE DÉSAMOUR

    DU POLITIQUE

    Réputés pessimistes et crispéssur certains sujets de socié-té, les Français apparaissent

    pleins de paradoxes dans une nou-velle étude menée par l'Ifop et laFondation Jean Jaurès. Alors quelest le véritable rapport de nos conci-toyens à la politique, aux institutionsou à la mondialisation ?

    À la question « Peut-on fait confiance à la plupart des gens ? », 79 % des personnes

    interrogées par l’IFOP montrent un fortniveau de défiance. Idem vis à vis deleurs représentants, 66% estiment quela plupart des hommes et des femmespolitiques sont corrompus.

    Ce constat pessimiste est tiré d’unevaste enquête menée sur trois ans parl’institut de sondage et la FondationJean Jaurès. Publiée il y a peu, celle-ci porte sur de nombreux aspects dela société française actuelle, dans sagrande complexité. Alors quelles sontaujourd’hui les fractures françaises ?Quels sont les clivages qui l’animent ?Des questions posées cette après-midipar Gilles Finchelstein de la FondationJean Jaurès, à Pascal Perrineau, pro-fesseur à Science-Po et à Brice Teintu-

    rier, directeur général délégué de l’ins-titut IPSOS.Un chiffre retient particulièrement l’at-tention des intervenants et du public :si le régime démocratique est tou-

     jours très plébiscité, 24% pensent que« d’autres systèmes peuvent être aussibons que la démocratie ». « Un pourcen-tage qui marque sa désacralisation », es-time Brice Teinturier. Un fait nouveau.

    Autre élément marquant, la diminu-tion du clivage gauche-droite, affirme

    Paul Perrineau. Si le spécialiste notedes fractures politiques importantessur des questions marquées, elles nesont pourtant plus l’apanage d’un partiou d’un autre. Ainsi, pour 69 % de Fran-çais, la société actuelle évolue vers tropd’assistanat. Une idée majoritaire àl’UMP et au FN, loin d’être négligeableau PS.

    DES CLIVAGESQUI S'ACCENTUENT

    De la même façon, l’étude montre quel’idée « il y a trop d’étrangers en France » est présente dans toutes les famillespolitiques, bien qu’à des degrés divers.Pourtant l’attitude à l’égard du FNreste majoritairement hostile. Le parti

    frontiste est toujours largement perçucomme un parti d’extrême droite, xéno-phobe et dangereux. À noter cependantqu’un tiers des personnes interrogéesestime que celui-ci pourrait gouverner.Pour Pascal Perrineau, ce désamourdu politique et cette fracture sociétalene sont pas nouveaux, mais tendent às’accentuer.« Le temps politique est longet a du mal à s’adapter au temps social etéconomique bien plus rapide ».

    Un fait qui, selon lui, explique égale-

    ment cette envie « d’autres choses »et ce retour d’une volonté autoritaire,minoritaire mais présente. Pour PascalPerrineau, « toute une série de clivages(de classe, état fédéré-centralisé…),ont été mis en place à la fin du XIXe et

     XX e  siècle. Ces clivages ont été gelés pendant un siècle et aujourd’hui, ils sedégèlent. De fait la société est plus diffi-cile à lire ».

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     LA SÉCURITÉ SOCIALE PROFESSIONNELLE

    LA FORMATION,

    UN DROIT DU TRAVAIL

    Pascale Gérard animait un atelierconsacré à la sécurité socialeprofessionnelle, afin de nour-rir la réflexion et l’action poursuiviespar le Parti socialiste depuis plusieursannées.

    La secrétaire nationale au travail, àl’emploi, et à la formation profession-nelle a rappelé la doctrine rédigée parle Parti socialiste en 2011 qui défi-nit la sécurité sociale professionnellecomme le droit à la qualification, à larequalification et à la mobilité proté-gée comme un droit pour tous, effectif,tout au long de la vie professionnelle.Un objectif qui n’est pas encore atteint,mais qui compte des avancées commele compte personnel de formation.

    Cet atelier s’est concentré autour desprochaines étapes : améliorer l’effica-cité du compte personnel de forma-tion, créer le compte personnel d’acti-vité, développer l’apprentissage etc. Lecompte personnel de formation est né

    de la conviction qu’il était essentiel de« construire des outils pour cumuler desdroits au moment des transitions profes-sionnelles » a expliqué Catherine Beau-vois, secrétaire générale du Conseil na-tional de l’emploi de la formation et de

    l’orientation professionnelle. 1,7 mil-lion de comptes sont déjà ouverts et33 000 dossiers ont été validés dontdeux tiers sont ceux de demandeursd’emploi.

    DÉVELOPPERL’APPRENTISSAGE

    La formation professionnelle « est undroit du travail » estime Denis Robillard,député du Loir-et-Cher, qui a travaillésur la création du compte personnel deprévention et de pénibilité. 1 salarié sur5 dispose désormais de ce compte quipeut remplir très rapidement le comptepersonnel de formation (au minimum500 heures de formation par an) et per-mettre aux salariés en situation de péni-bilité de se former et changer d’emploi.

    Ce qui ne dédouane pas les employeurset les entreprises qui ont toujours l’obli-gation d’adaptation et de maintien del’employabilité.

    Enfin, Marion Canales, secrétaire na-

    tionale en charge de l’apprentissage avanté les mérites de l’apprentissage quiconcourt à l’insertion des jeunes dansl’emploi et au dynamisme des entre-prises. Le plan de mobilisation annon-cé par le Premier ministre au mois demai sera l’enjeu de la rentrée scolaireet politique. Pour Marion Canales, àquelques mois des élections régio-nales, il est essentiel de mettre la droiteface à ses échecs à ce sujet et de mar-teler que la gauche, ce sont des régionsqui mettent en place des outils pourlutter contre le décrochage des jeunes.

    En conclusion, Pascale Gérard a rap-pelé que l’accès au premier niveau deformation est « le premier pas vers lasécurisation professionnelle ».

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    COP 21 : LES SYNDICATS S’ENGAGENT

    VERS UN MEILLEUR

    PARTAGE DES RICHESSES

    Les leaders du mouvement syn-dical se sont retrouvés à LaRochelle pour défendre l'envi-

    ronnement et les travailleurs.

    Face au changement climatique, il fautune transition écologique mais égale-ment sociale et économique de nos so-ciétés. Il ne faut pas simplement repen-ser nos façons de consommer l’énergieet les biens, il faut revoir nos manièresde produire, de travailler, d’aménageret même de se déplacer. Avec la tran-

    sition écologique, un nouveau modèlede développement et de productionest possible, plus vert mais aussi plus

     juste, avec de nouveaux droits et pourun travail décent.

    Marylise Léon, Secrétaire nationale àla CFDT, a débuté son intervention enprécisant : nous ne vivons pas une criseéconomique mais une véritable muta-tion : « il nous appartient d’inventer unnouveau modèle de production, une éco-nomie de la qualité qui passe par un meil-leur partage des richesses qu’elles soientéconomiques ou naturelles, voila ce qui

     portera le développement. Les ques-tions d’emplois ne sont pas des consé-quences de la transition écologique maisbien la clé de la réussite ». Mais avant

    de franchir le pas d’une nouvelle éco-nomie, il est impératif que les salariéscomprennent comment ils vont devoirévoluer dans leur parcours profession-nels, et plus précisément dans leurentreprise. En ce sens, la négociation,l’information et la concertation qui sontau coeur de l’ANI (accord national inter-professionnel) voté en 2013 constituentun point d’appui pour les mutations àvenir : « Les représentants des salariés

     peuvent consulter la vision, la stratégieà court et moyen terme de l’entreprisedans laquelle ils travaillent, y sont par-

    ties prenantes mais peuvent aussi anti-ciper les changements que leur emploiva connaître: qu’ils s’agissent de compé-tences ou de qualifications ».

    QUESTION SOCIALE

    Les intervenants ont tous insisté surun point : les dommages sur l’envi-ronnement ne peuvent être dissociésde la question sociale. Et si notre res-ponsabilité, individuelle mais aussicollective est engagée, il nous appar-tient d’être à l’initiative de propositionsconcrètes. Carole Couvert Présidentede la CFE-CGC a présenté des mesuresapplicables aux entreprises, comme lacréation d'une Commission RSE danslaquelle les salariés pourraient mettre

    en débat l