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1 Ann Rocard et Nathalie Dupont - L’histoire entre en scène AVERTISSEMENT Ce texte a été téléchargé depuis le site http://www.leproscenium.com Ce texte est protégé par les droits d’auteur. En conséquence avant son exploitation vous devez obtenir l’autorisation de l’auteur soit directement auprès de lui, soit auprès de l’organisme qui gère ses droits (la SACD par exemple pour la France). Pour les textes des auteurs membres de la SACD, la SACD peut faire interdire la représentation le soir même si l'autorisation de jouer n'a pas été obtenue par la troupe. Le réseau national des représentants de la SACD (et leurs homologues à l'étranger) veille au respect des droits des auteurs et vérifie que les autorisations ont été obtenues, même a posteriori. Lors de sa représentation la structure de représentation (théâtre, MJC, festival…) doit s’acquitter des droits d’auteur et la troupe doit produire le justificatif d’autorisation de jouer. Le non respect de ces règles entraîne des sanctions (financières entre autres) pour la troupe et pour la structure de représentation. Ceci n’est pas une recommandation, mais une obligation, y compris pour les troupes amateurs. Merci de respecter les droits des auteurs afin que les troupes et le public puissent toujours profiter de nouveaux textes.

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1 Ann Rocard et Nathalie Dupont - L’histoire entre en scène

AVERTISSEMENT

Ce texte a été téléchargé depuis le site

http://www.leproscenium.com

Ce texte est protégé par les droits d’auteur. En conséquence avant son exploitation vous devez obtenir l’autorisation de l’auteur soit directement auprès de lui, soit auprès de l’organisme qui gère ses droits (la SACD par exemple pour la France).

Pour les textes des auteurs membres de la SACD, la SACD peut faire interdire la représentation le soir même si l'autorisation de jouer n'a pas été obtenue par la troupe.

Le réseau national des représentants de la SACD (et leurs homologues à l'étranger) veille au respect des droits des auteurs et vérifie que les autorisations ont été obtenues, même a posteriori.

Lors de sa représentation la structure de représentation (théâtre, MJC, festival…) doit s’acquitter des droits d’auteur et la troupe doit produire le justificatif d’autorisation de jouer. Le non respect de ces règles entraîne des sanctions (financières entre autres) pour la troupe et pour la structure de représentation.

Ceci n’est pas une recommandation, mais une obligation, y compris pour les troupes amateurs.

Merci de respecter les droits des auteurs afin que les troupes et le public puissent toujours profiter de nouveaux textes.

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2 Ann Rocard et Nathalie Dupont - L’histoire entre en scène

L’Histoire entre en scène (10 pièces historiques)

Comédies historiques

de Ann ROCARD

Approches historiques de Nathalie DUPONT

« L’Histoire entre en scène » (10 pièces de théâtre et 120 activités :

une éducation artistique dans la cohérence de la programmation de chaque classe)

est un classeur pédagogique paru en 2008 aux éd. BSSL/Scolavox. Ce classeur n’est plus disponible, les auteures en ont récupéré les droits.

Vous pouvez vous inspirer des illustrations (costumes, décors, accessoires...)

et télécharger les fiches d’activités sur le site www.annrocard.com

Les acteurs peuvent ajouter leurs touches personnelles sur les ............................. que vous trouverez par endroits.

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3 Ann Rocard et Nathalie Dupont - L’histoire entre en scène

Caractéristiques

Durées approximatives : • Préhistoire. La technique d’Ana Kronik : 4 mn 30. • Grèce antique. Enquête sur l’Olympe : 3 mn 30. • Gaule. Un Gaulois rigolo : 4 mn 30 (sans la danse finale). • Moyen Âge. La princesse Libellule : 20 à 25 mn (danses comprises). • Renaissance. Un ange passe... : 4 mn 30 + le défilé. • Fin de l’Ancien Régime. Le prince Bachibouzouc : 5 mn. • Révolution française. Tribunal révolutionnaire : 5 mn. • Premier empire. Mais qui est donc Napoléon ? : 3 mn 30. • Far West. Ne tirez pas sur le piano ! : 6 mn. • XXe-XXIe siècles. Le grand jour d’Alfred Ciboulo : 4 mn 30.

Distribution : • Préhistoire. La technique d’Ana Kronik : Pierre Kiroul, Ana Kronik, papi Louface, Lucie Lex. • Grèce antique. Enquête sur l’Olympe : 10 acteurs — Zeus, Héra, Athéna, Arès, Hermès, Apollon, Aphrodite, Héphaïstos, Artémis, Poséidon. • Gaule. Un Gaulois rigolo : Gallix, Suffix, Noémix, Duplix, Lupus (le Romain).

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Figurants éventuels : danseuses et danseurs gaulois à la fin du sketch. • Moyen Âge. La princesse Libellule : Au moins 11 acteurs : le roi, la reine, la princesse Libellule, au moins 4 fées et 1 magicien, Ludovic, Cédric, Loïc, la sorcière, le héraut, au moins 1 garde et au moins 1 serviteur (ils peuvent être supprimés s’il n’y a pas assez d’acteurs). Répartir le texte des fées et des gardes en fonction du nombre d’acteurs disponible. Figurants : le gardien du miroir, éventuellement fleurs et arbres, autres fées et magiciens, fou du roi... • Renaissance. Un ange passe... : Léonard de Vinci (âgé), la Joconde, un homme avec deux ailes d’ange. Figurants : machines extraordinaires (figurants déguisés ou bien hommes-sandwiches, les plans des machines étant dessinés sur de grands panneaux en carton). • Fin de l’Ancien Régime. Le prince Bachibouzouc : le duc, la comtesse, le prince turc Bachibouzouc, le brigand. • Révolution française. Tribunal révolutionnaire : 7 acteurs : le Président, Fouquier-Tinville, l’avocat de la défense, Chausson, la citoyenne Pantoufle et les deux assesseurs. Figurants éventuels : les gardes qui font entrer les accusés, le public qui assiste à l’audience. • Premier empire. Mais qui est donc Napoléon ? : Joséphine, la vieille dame, le médecin, Napoléon. • Far West. Ne tirez pas sur le piano ! : Max le patron, Jo le pianiste, Tipi-Pourra l’Indien. Figurants éventuels : les danseuses du saloon à la fin du sketch. • XXe-XXIe siècles. Le grand jour d’Alfred Ciboulo : 4 acteurs : Jules, le savant Ciboulo, Guy Tard, le clone Targui (Guy et son clone se ressemblent beaucoup — s’il sont jumeaux, c’est l’idéal !). Figurant éventuel : l’oncle qui peut aussi être représenté par un mannequin.

Accessoires : Pour obtenir des conseils précis, contactez l’auteure (schémas et illustrations disponibles sur le site : www.annrocard.com). • Préhistoire. La technique d’Ana Kronik : mains peintes sur un fond (en papier, carton, bois ou tissu) à la manière des peintures préhistoriques, panier, vraie ou fausse calculette, vrai ou faux téléphone portable suspendu à un fil visible, éléments de costumes futuristes (par exemple une cape en tissu argenté, un col en papier), différents os (en plastique, carton, pâte à papier..., par exemple : os tralie), un serre-tête-os et des

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serre-tête pour les chèvres (carton souple pour les éléments à agrafer sur des serre-tête ordinaires). • Grèce antique. Enquête sur l’Olympe : une chaise, éventuellement une barbe brune (fixée au moyen d’un élastique fin) et un éclair en carton jaune pour Zeus ; un javelot (tube en carton ou bâton sur lequel est fixé un petit triangle en carton) pour Athéna ; une fausse arme et éventuellement un bouclier (en carton) pour Arès ; un parchemin enroulé pour Hermès ; une canne pour Héphaïstos ; un trident (fourche à trois pointes en carton ou plastique) pour Poséidon ; un arc pour Artémis ; éventuellement un miroir pour Aphrodite, et un instrument de musique pour Apollon. Casques en carton souple (deux morceaux identiques, agrafés ou cousus bord à bord) pour Athéna et Arès. • Gaule. Un Gaulois rigolo : grand mouchoir en tissu, gros lézard vert en carton, plastique ou tissu. Casques en carton souple agrafé ou à partir de demi-ballons crevés sur lesquels petites ailes en carton et moustache en laine sont agrafés. • Moyen Âge. La princesse Libellule : lit (banc recouvert d’un tissu doré ou argenté), baguettes magiques, lances (tubes en carton ou bâtons), 3 épées (bois, plastique ou carton), balai de sorcière, cadre pour le miroir, papillon de lune suspendu au moyen d’un fil de nylon, gourdin (mousse ou polystyrène), tambour ou trompe (cône en carton), silhouettes de buissons ou d’arbres. • Renaissance. Un ange passe... : deux cadres verticaux (représentant l’encadrement des tableaux) comme dans « La princesse Libellule », pots et pinceaux, éléments de décor pour l’atelier du peintre, ailes en carton souple ou tulle rigide, sur lesquelles sont fixés deux morceaux d’élastique où enfiler les bras pour faire tenir les ailes sur le dos de l’ange. Décor : atelier de Léonard de Vinci, avec croquis et plans de machines. Les deux cadres (celui de Monna est posé sur une petite table, recouverte d’un tissu). • Fin de l’Ancien Régime. Le prince Bachibouzouc : lit (ex. banc), pistolet, collier (guirlande de petites boules dorées ou argentées), coffre ou grand carton (dans lequel le brigand sera enfermé), perruque en coton ou molleton, jabot en dentelle froncé et fixé autour du cou au moyen d’un élastique • Révolution française. Tribunal révolutionnaire : une table et 3 chaises, au besoin, 1 ou 2 drapeaux bleu blanc rouge, tunique noire et perruque faciles à mettre pour Chausson, des chaussures faciles à enlever, panier, mouchoirs. Cocardes : rubans bleu blanc rouge, froncés au bord (petits points avant) et agrafés ou cousus sur les chapeaux. Charlottes : ronds en tissu (élastique fin cousu ou enfilé dans une couture). Chapeaux du président et des assesseurs : 2 morceaux de carton souple (peints en noir ou recouverts de tissu noir, puis agrafés bord à bord) ; agrafer sur ce chapeau une cocarde et des plumes. • Premier empire. Mais qui est donc Napoléon ? : carnet et crayon ou plume, 2 chapeaux de Napoléon (2 morceaux de carton souple, peints en noir ou recouverts de tissu noir, puis agrafés bord à bord). Charlotte de la vieille dame : rond en tissu (élastique fin cousu ou enfilé dans une couture).

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• Far West. Ne tirez pas sur le piano ! : pancarte “SALOON”, pancarte “NE TIREZ PAS SUR LE PIANO !” (fixée au-dessus du piano), vrai ou faux piano (par exemple en carton ou bois peint) avec tabouret ou autre siège, tables et chaises, éventuellement bar et portes de saloon, deux revolvers, arc, flèches non pointues, plumeau pour faire la poussière, carquois (cylindre en carton, peint ou recouvert de feutrine), balai, torchon, verres et bouteilles non cassables. • XXe-XXIe siècles. Le grand jour d’Alfred Ciboulo : balai, au besoin plumeau, bocaux en plastique contenant des pilules (bonbons ou boules de cotillon), tableau « À FAIRE » (sur lequel est écrit au début de la pièce : pilule somnifère — clone), craie ou feutre spécial, chiffon pour effacer les mots écrits, rideau ou paravent derrière lequel se trouve l’oncle endormi, horloge par laquelle on peut passer la tête : morceau de bois ou carton troué, avec aiguilles qu’on peut bouger par l’arrière (aiguilles en carton fixées à l’aide d’une attache parisienne), sièges, table ou banc sur lequel s’allonge Guy, ustensiles variés en carton ou plastique (couteau géant, etc.), guitare électrique (vraie ou fausse), boîte à cloner (grand carton avec “porte”). Public : tout public. Synopsis : • Préhistoire. La technique d’Ana Kronik : Le devin Pierre Kiroul sait lire le passé, le présent et l’avenir. En son absence, papi Louface décide de le remplacer. Grâce à Ana Kronik, le devin reprendra sa place. (page 8) • Grèce antique. Enquête sur l’Olympe : Zeus enquête... Une façon comme une autre de découvrir les dieux grecs et leurs particularités. (page 12) • Gaule. Un Gaulois rigolo : Une histoire à mourir de rire peut-elle servir aux Gaulois dans leur lutte contre les Romains ? (page • Moyen Âge. La princesse Libellule : Comme dans un conte traditionnel, trois frères cherchent le moyen de guérir une princesse malade. En suivant les conseils des fées et du magicien, ils vont essayer de combattre la sorcière Grenouillère, car c’est elle qui a envoûté la princesse... (page • Renaissance. Un ange passe... : Deux tableaux se disputent : l’ange Ambroise, qui déclame sans arrêt, et la Joconde, qui a pourtant une patience d’ange. Léonard de Vinci revient dans son atelier... (page • Fin de l’Ancien Régime. Le prince Bachibouzouc : Le prince Bachibouzouc arrive de Versailles où il a attrapé une insolation. Malgré la fièvre, il saura éliminer un terrible brigand. (page

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• Révolution française. Tribunal révolutionnaire : Le citoyen Chausson, accusé de ne pas être conforme à son nom, sauve sa tête en prenant la place de son avocat... et parvient à faire pleurer le président, les assesseurs... et presque tous les témoins. (page • Premier empire. Mais qui est donc Napoléon ? : La journaliste Joséphine veut interviewer le célèbre Napoléon. Où se cache-t-il donc ? (page • Far West. Ne tirez pas sur le piano ! : Le piano du saloon est désaccordé ; qui l’accordera ? Peut-être l’Indien qui fait flèche de tout bois... (page • XXe-XXIe siècles. Le grand jour d’Alfred Ciboulo : Aidé de son assistant Jules, le savant Alfred Ciboulo va cloner le premier être humain qui entrera chez lui. Guy Tard, un musicien timide, frappe à la porte... (page L’auteure peut être contactée par courriel : [email protected] - ou par l’intermédiaire de son site : http:/www.annrocard.com/

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Approche historique (Nathalie Dupont)

La préhistoire est une période très longue qui a duré plus de 3 000 000 d’années. En Afrique de l’Est, des archéologues ont découvert des empreintes de pas, vieilles de 3 700 000 années. Les Australopithèques africains vivent en petits groupes et marchent en position verticale ; ils sont donc bipèdes. Leurs mains leur permettent de porter, de creuser… Et plus les mains font des actions nouvelles et plus le cerveau se développe.

Entre 2 500 000 et 1 500 000 ans, l’homo habilis, l’homme habile qui fabrique des outils, arrive en Europe. Les progrès de son cerveau et la transformation de la forme de son crâne ont permis l’apparition du langage. L’homo habilis peut expliquer aux autres ses techniques.

Il y a 1 500 000 ans, l’homo erectus s’adapte aux longues périodes très froides. Ce chasseur nomade établit ses campements dans des abris pour surveiller les passages des animaux. Il recueille le feu des incendies, de la foudre ou des volcans, et il l’entretient. Il ne réussit à faire du feu qu’il y a environ 400 000 ans. Il peut se chauffer, cuire ses aliments, se protéger des attaques des animaux, s’éclairer et se raconter des histoires autour du foyer.

Et puis c’est l’homo sapiens sapiens qui devient l’homme moderne qui nous ressemble. Il fabrique des outils en silex et en os, de plus en plus fins. Les archéologues ont retrouvé des aiguilles à chas pour la couture et des bijoux, des haches, des pointes de flèche... L’homo sapiens réalise des gravures et des peintures sur des rochers ; il fait des modelages et des sculptures. Il chasse le renne pour manger sa viande, pour tailler des pointes de sagaies et des harpons avec ses os, pour tanner ses peaux. Il chasse aussi le mammouth, le bison, les oiseaux… Il pêche. Il cueille des graines et des fruits.

À partir d’il y a 10 000 ans, c’est la période néolithique ; les outils en pierre dure sont taillés puis polis. Le climat devient plus doux et plus humide. La forêt se met à pousser. L’homo sapiens va y chasser le cheval et le cerf avec son arc et ses flèches. Il commence à cultiver des graines et à domestiquer les animaux. Alors petit à petit, il se fixe dans des villages : il devient sédentaire. Il fabrique des pots et des vases suspendus pour conserver ses récoltes. Il tisse des vêtements. Il tresse des cordes et des paniers.

Il y a 5 500 ans, les Sumériens (en Irak, aujourd’hui) inventent une écriture qui ressemble à des rébus. Chaque signe correspond à un mot ou à une syllabe. Les préhistoriens ont décidé que c’est la fin de la préhistoire.

Aujourd’hui quelles sont les traces de la vie de cette époque ? Elles sont constituées de découvertes archéologiques : des objets, des empreintes, des peintures murales, des trous de poteaux, des sépultures, des ossements, des pollens de plantes…

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La technique d’Ana Kronik Ann Rocard

Musique. Le devin* Pierre Kiroul regarde des mains peintes sur une paroi ; il fait des gestes étranges. Il s’interrompt quand arrive Ana Kronik* tenant un panier. Le grand-père, papi Louface, arrive sur scène et les écoute discrètement. Les acteurs sont vêtus de fausses peaux de bêtes. PIERRE : Ah, c’est toi, Ana ? ANA : As-tu des clients ? PIERRE : Pas pour l’instant. Aujourd’hui, personne ne veut se faire prédire l’avenir. ANA : Tant mieux ; j’ai besoin de ton aide, Pierre. Accompagne-moi faire des courses. PIERRE : Au Mammouth ? ANA : Oui, à la grande surface de viande “supermâchée”. Il me faut des os. PIERRE : D’accord. Musique. Pierre Kiroul et Ana Kronik s’éloignent vers les coulisses. Le grand-père prend la place de Pierre, faisant les mêmes gestes étranges. Lucie Lex le rejoint avec sa chèvre (ou ses chèvres, en fonction du nombre d’acteurs disponible). LUCIE : Que fais-tu, papi ? GRAND-PÈRE : (en se concentrant) Chut, Lucie Lex ! J’ai des visons... LUCIE : Des visions ? GRAND-PÈRE : C’est cela. LUCIE : Mais papi, ce n’est pas ton métier. Où est le devin, Pierre Kiroul ? GRAND-PÈRE : Parti. Je le remplace. LUCIE : Le devin ne sera pas content. GRAND-PÈRE : Tant pis pour lui. Qui va à la chasse perd sa glace*. LUCIE : Sa place. GRAND-PÈRE : C’est cela. Lucie Lex, tu me fais dire des... (Il hésite.) CHÈVRE : Bêêêêê ! GRAND-PÈRE : Des bêtises, exactement ! (en ronchonnant) Ah, de mon temps, on ne se contentait pas d’aller au super-Mazout. LUCIE : Super-Mammouth. GRAND-PÈRE : C’est cela, Lu*. On se déplaçait sans arrêt. On pêchait, on chassait et on cueillait des... (Il hésite.) CHÈVRE : Bêêêêê !

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10 Ann Rocard et Nathalie Dupont - L’histoire entre en scène

GRAND-PÈRE : Des baies, exactement ! Ah, de mon temps... LUCIE : Tu n’es jamais content, papi. GRAND-PÈRE : Moi, dès le.... (Il hésite.)

CHÈVRE : Bêêêêê ! GRAND-PÈRE : Dès le berceau, je domptais des dinosaures. LUCIE : Tu dis n’importe quoi, papi. GRAND-PÈRE : Lucie Lex, sois poulie ! LUCIE : Polie. GRAND-PÈRE : C’est cela. LUCIE : Les dinosaures ont disparu il y a plus de soixante-neuf millions d’années. GRAND-PÈRE : (en écarquillant les yeux) Qui te l’a dit ? LUCIE : Pierre Kiroul. Il sait lire le passé, le présent et l’avenir (en montrant les mains peintes) ... dans ces peintures. GRAND-PÈRE : (en fixant les mains) Moi, je n’y vois croûte... LUCIE : Goutte. GRAND-PÈRE : C’est cela. LUCIE : Voilà le devin ! Papi, tu ferais mieux de lui rendre sa place. GRAND-PÈRE : Pas question. (en montrant Pierre et Ana) Oh, j’ai la... (Il hésite.) CHÈVRE : Bêêêêê ! GRAND-PÈRE : La berlue, exactement ! Pierre Kiroul et Ana Kronik apparaissent, coiffés de serre-tête-os et vêtus de costumes futuristes. Ana porte un panier empli d’os. Ils s’arrêtent sur le côté de la scène. ANA : On trouve vraiment de tout dans cette grande surface. (en montrant les os au fur et à mesure) L’os tralopitek en toc. L’os sitodi-sitofait. (compléter) ....................................................................................................................... .......................................................................................................................................... PIERRE : (en montrant un os peint en bleu-vert) L’os éanpacifik. (en montrant les os au fur et à mesure - compléter)......................................................... .......................................................................................................................................... ANA : (en montrant un os en “L”) L’os tralie pouvant servir de boomerang. PIERRE : (en montrant son serre-tête) L’os Angeles est mon préféré. ANA : (en montrant le grand-père) Pierre, tu as de la visite. PIERRE : (surpris) Papi Louface, ici ? Aurait-il l’intention de me remplacer ? ANA : Je le crains. Laisse-moi faire. J’ai la technique.

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11 Ann Rocard et Nathalie Dupont - L’histoire entre en scène

Ana Kronik rejoint Lucie Lex et son grand-père. Pierre Kiroul reste un peu à l’écart.

ANA : Bonjour. GRAND-PÈRE : Bonjour, Ana Kronik. Je suis le nouveau divin. LUCIE : Devin. GRAND-PÈRE : Devin divin, c’est cela. Que veux-tu savoir ? ANA : Quel est l’âge de Pierre* ? GRAND-PÈRE : (en bougeant les mains) Heu... ANA : (en sortant une calculette et pianotant) Mauvaise réponse, papi Louface. Pi-R = 3,14 multiplié par un rayon de soleil, ce qui nous donne 20 ans et toutes ses dents. Aussi vrai que je m’appelle Ana Kronik et qu’il s’agit d’une calculette... GRAND-PÈRE : (en écarquillant les yeux) “Calculotte” ? ANA : Calculette que j’ai commandée sur internet. GRAND-PÈRE : Net ou pas net, là est la chanson ! LUCIE : Question. GRAND-PÈRE : C’est cela. Je vais finir par devenir chèvre ou... (Il hésite)

CHÈVRE : Bêêêêê ? GRAND-PÈRE : Ou berger, exactement. Pierre Kiroul les rejoint. GRAND-PÈRE : Reprends ta place, devin, je vais à la... (Il réfléchit en silence pendant trois secondes — éventuellement bruitage de clochette) ...chasse ! LUCIE : Bravo, papi. ANA : Tu n’as rien à ajouter ? GRAND-PÈRE : Il ne faut pas vendre la mousse avant de l’avoir tuée*... et Pierre Kiroul n’amasse pas l’ours*. LUCIE : (en riant) Surtout les ours mal léchés* ! PIERRE : (en montrant les mains peintes) Si j’ai besoin d’un coup de main, papi Louface, je t’appellerai. ANA : (en sortant un téléphone portable suspendu à un fil) Un coup de fil est vite passé. LUCIE : (en montrant le téléphone) Qu’est-ce que c’est ? PIERRE : Un téléphone portable. On l’a gagné à Mammouth dans une planchette de brise... GRAND-PÈRE : Pochette surprise ? PIERRE : C’est cela. Noir.

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Mini-dico : * Ana Kronik : il s’agit d’un jeu de mots. L’adjectif “anachronique” signifie “qui est d’un autre âge, d’une autre époque”. * Le devin : Une personne qui prédit l’avenir par des moyens surnaturels. * Qui va à la chasse perd sa place : Celui qui abandonne quelque chose pendant un moment risque de ne pas le retrouver à son retour. * Lu : diminutif du prénom Lucie (ou Lucile). * L’âge de pierre : Période de la préhistoire pendant laquelle les premiers hommes utilisaient uniquement des pierres comme outils. * Il ne faut pas vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué : Il ne faut pas disposer d’une chose avant d’être sûr de la posséder. * Pierre qui roule n’amasse pas mousse : Une vie aventureuse ne permet pas d’accumuler des richesses (au sens figuré). * Un ours mal léché : est un personnage grossier, mal élevé.

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Approche historique (Nathalie Dupont) L’Antiquité est une longue période de l’histoire qui commence il y a 3000 à 4000 ans au moment des plus anciennes civilisations de l’écriture. Mais il y a plusieurs Antiquités. L’Antiquité en Europe, c’est l’histoire de la Grèce, des Étrusques, des Romains… L’Antiquité en Afrique, c’est l’histoire de l’Égypte et de la Nubie… L’Antiquité en Amérique, c’est l’histoire des Aztèques, des Incas, des Mayas, des Olmèques… L’Antiquité en Asie, en Inde ou en Chine, c’est l’histoire des Hébreux, des Phéniciens…

L’Antiquité en Europe ne parle que de la Grèce et de l’Empire romain. En —146 avant JC, la Grèce était devenue une province du puissant Empire romain.

L’Olympe est une montagne grecque qui s’élève à 2917 mètres d’altitude. Les Grecs de l’Antiquité en ont fait la résidence de leurs dieux. Olympie est un centre religieux où sont célébrés les premiers jeux olympiques, à partir de —776 ans avant JC. Pendant 1000 ans, tous les 4 ans, les athlètes grecs s’affrontent dans des jeux dédiés à Zeus. (C’est dans le même stade d’Olympie qu’ont eu lieu en 1896 les premiers jeux Olympiques modernes.)

Les historiens ont décidé que l’Antiquité en Europe et en Asie se termine à la fin des grandes migrations sur ces deux continents. Cela correspond aussi à la chute de l’Empire romain en l’an 476, au moment des invasions barbares et du Moyen Âge. L’Antiquité en Amérique se termine quand les grands navigateurs débarquent aux XVe et XVIe siècles.

Aujourd’hui quelles sont les traces de la vie de cette époque ?

De nombreux bâtiments existent encore aujourd’hui en Grèce. L’Acropole est la citadelle de l’ancienne Athènes. Sur ce rocher est construit le temple du Parthénon dédié à Athéna, la déesse de la Sagesse et de l’Intelligence que les Romains appelaient Minerve.

Les récits de l’Iliade et de l’Odyssée, écrits par Homère, sont parvenus jusqu’à nous. Le poème épique de l’Iliade raconte une partie de la guerre de Troie. Dans celui de l’Odyssée, il s’agit des aventures d’Ulysse qui met dix ans à regagner sa patrie, l’île d’Ithaque.

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Enquête sur l’Olympe Ann Rocard

Les dieux grecs sont réunis autour de Zeus. ZEUS : Moi, Zeus le roi des dieux, j’ai réuni certains dieux grecs sur l’Olympe, cette montagne sur laquelle nous vivons... (en articulant) pour enquêter... TOUS : Enquêter ? ZEUS : Oui, cette nuit, quelqu’un s’est introduit dans ma chambre pendant que je dormais tranquillement avec mon épouse Héra. HÉRA : (en levant le doigt) Héra, c’est moi ! ZEUS : Et cet intrus a osé recouvrir mes sandales avec du miel. TOUS : (étonnés) Ciel ? ZEUS : Du miel ! Tous rient. ZEUS : On ne rit pas ! Vous êtes tous des suspects. TOUS : Nous, des suspects ? ZEUS : Je vais vérifier vos alibis*. Toi, Athéna, tu es connue pour ta sagesse. ATHÉNA : Oui, mon père. Et je suis d’un calme olympien*. ZEUS : Que faisais-tu entre trois heures et sept heures du matin ? ATHÉNA : Je m’entraînais au lancer de javelot pour les prochains Jeux Olympiques. ZEUS : À trois heures du matin ? ATHÉNA : Exactement. C’est le revers de la médaille* si je veux être prête. ZEUS : (en mettant les deux mains sur ses yeux) Tu as dit la vérité, Athéna. Athéna agite le bras et s’éloigne. Arès s’impatiente.

ARÈS : Mes deux fils, Épouvante et Terreur, m’attendent. Puis-je m’en aller ? ZEUS : Arès, dieu de la Guerre, dis-moi quel est ton alibi. ARÈS : À cette heure-là, je cassais ma canne sur la sculpture de mon voisin. TOUS : (horrifiés) Oh ! ZEUS : Pourquoi donc ? ARÈS : Simple accident. Je tenais beaucoup à cette superbe canne, je n’avais aucune envie de la casser. Il n’y a pas d’heure pour les braves. TOUS : Quel culot ! ZEUS : (en mettant les deux mains sur ses yeux) Tu as dit la vérité, Arès.

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15 Ann Rocard et Nathalie Dupont - L’histoire entre en scène

Arès fait un salut militaire et s’éloigne.

Hermès demande la parole en levant la main. Zeus lui fait signe de parler. HERMÈS : Moi, Hermès, dieu des marchands et des voyageurs. Moi, le messager des dieux, je portais un message secret pour toi, Zeus. ZEUS : C’est vrai ! Hermès fait un geste d’adieu et s’éloigne. Apollon est beau et content de lui.

APOLLON : Moi, Apollon, dieu de la Poésie et de la Musique... ZEUS : (en l’interrompant) On sait, on sait... APOLLON : Je chantais, ne vous déplaise* ! HÉRA : (moqueuse) Il chantait, j’en suis fort aise. APOLLON : Je peux danser maintenant ? Apollon commence à s’éloigner.

ZEUS : Minute, papillon*... Apollon s’arrête et prend une pose de statue grecque.

APOLLON : (en se montrant) Pas papillon, mais le bel Apollon*, c’est moi. ZEUS : (en mettant les deux mains sur ses yeux) Tu as dit la vérité, Apollon. Apollon fait quelques pas de danse et s’éloigne. Zeus fait signe à Aphrodite de parler. APHRODITE : Moi, Aphrodite, la déesse de la Beauté et de l’Amour, je parlais avec mon époux, Héphaïstos le boiteux... (Elle le montre.) Héphaïstos, le dieu du feu et de la métallurgie. HÉPHAÏSTOS : (en montrant son œil au beurre noir) On discutait fort calmement d’ailleurs. On parlait d’amour, vous vous en doutez ! ARTÉMIS : Moi, Artémis, déesse de la Chasse, je fabriquais un nouvel arc. ZEUS : En pleine nuit ? ARTÉMIS : Oui, car je fais de l’insomnie*. POSÉIDON : Moi, Poséidon, dieu de la Mer, je me sentais amer loin de ma mère... Je pêchais des merlans, du mérou et du merlu pour mon petit déjeuner. HÉPHAÏSTOS : (moqueur) Merveilleux ! Un poète qui travaille sans filet. Vexé, Poséidon pointe son trident* vers Héphaïstos. Artémis se place devant Héphaïstos pour le protéger. D’un geste, Zeus leur ordonne de se calmer.

ZEUS : (en mettant les deux mains sur ses yeux) Vous avez dit la vérité, tous les trois. Artémis, Poséidon et Héphaïstos s’éloignent. ZEUS : Héra, il ne reste plus que toi !

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16 Ann Rocard et Nathalie Dupont - L’histoire entre en scène

HÉRA : (en protestant) Je dormais à poings fermés. Tu n’as pas l’ombre d’une preuve. ZEUS : Alors prépare-moi de l’hydromel* comme j’aime tant en boire. HÉRA : De l’hydromel ? Heu... Il n’y a plus de miel, mon cher époux. ZEUS : Hier, la jarre* était presque pleine. HÉRA : (en s’agenouillant) J’avoue, mon chouchou ! J’avoue ! J’en avais assez que tu te prennes pour le chef. ZEUS : Tu ne mettras plus jamais de miel sur mes sandales ? HÉRA : Plus jamais, je te le promets ! ZEUS : (en s’éloignant) Alors mon enquête est terminée et tout est arrangé. Héra suit Zeus de loin en riant. HÉRA : (en s’adressant au public) Plus jamais de miel, d’accord... mais peut-être du beurre, de la compote ou que sais-je encore ? Elle rit. Noir. --------------------- Mini-dico : * L’alibi : L’activité permettant d’être disculpé, c’est-à-dire considéré non coupable. * Calme olympien : Imperturbable. * Le revers de la médaille : Le mauvais côté d’une chose. * Je chantais ne vous déplaise. Vous chantiez ? J’en suis fort aise... : Clin d’œil à la fable de Jean de la Fontaine, “La cigale et la fourmi”. * Un apollon : Un homme d’une grande beauté (mot familier). Un apollon est aussi un beau papillon de jour des montagnes d’Europe et d’Asie. * Minute, papillon ! : Expression qui signifie « Ne soyez pas si pressé ! » ou « Je ne suis pas de cet avis ». * L’insomnie : La difficulté à s’endormir ou à dormir assez. * Le trident : Fourche à trois pointes. * L’hydromel : Boisson faite d’eau et de miel, souvent fermentée.

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17 Ann Rocard et Nathalie Dupont - L’histoire entre en scène

Approche historique (Nathalie Dupont) Il y a 750 ans avant JC (Jésus Christ), le pays, qui va devenir la France, est occupé par des Celtes, par des Grecs, et aussi par des Ligures, des Ibères… C’est la période de l’âge des métaux. Les historiens distinguent deux périodes.

Durant la première, la Gaule celtique est indépendante, entre 750 ans avant JC et 52 avant JC.

Les Celtes ou Gaulois sont des agriculteurs. Ils cultivent des céréales et des légumes. Ils utilisent la forêt pour chasser, faire manger leurs porcs, ramasser du bois, cueillir des plantes pour se soigner. Ils habitent dans de grandes maisons isolées ou dans des petites maisons regroupées en villages. Il existe aussi quelques oppida qui sont presque des villes. Les Celtes ont de nombreuses croyances et de nombreux dieux dans la nature. Leurs lieux sacrés sont des roches, des sources, des rivières, des arbres. Les druides sont des personnages importants ; ils sont à la fois prêtres, juges, médecins, savants, chirurgiens et professeurs.

Les Gaulois sont aussi des artisans très habiles. Les bûcherons, les charpentiers, les sabotiers, les charbonniers, les menuisiers travaillent le bois. Les tonneliers fabriquent des tonneaux qui permettent le transport des marchandises et la conservation des viandes dans le sel. Les potiers fabriquent des céramiques, puis ils les décorent et parfois les peignent. Les tisserands tissent et cousent des vêtements plus pratiques que la toge drapée des Romains. Les forgerons fabriquent des armes décorées…

La seconde période commence quand Jules César conquiert la Gaule. C’est la Gaule romaine avec des populations gallo-romaines qui se mélangent et font de nombreux échanges.

Les Romains aménagent les rues. Ils installent l’alimentation en eau des oppida, par des aqueducs. Ils construisent des thermes pour les bains, des villas, des routes, des monuments… Mais en échange, ils découvrent et utilisent le travail des artisans gaulois.

Aujourd’hui quelles sont les traces de la vie de cette époque ?

De nombreux outils des artisans gaulois sont encore utilisés aujourd’hui.

Des mots de la langue celte sont toujours employés : savon, alouette, bec, char, glaise… Certains noms de lieux sont d’origine gauloise ; le mot dubron signifie eau (par exemple la rivière Durance), caranta signifie aimable (par exemple la Charente). Cependant la majorité des mots de notre langue est d’origine latine ; le latin était la langue des Romains.

Des constructions et des monuments gallo-romains sont bien visibles dans les villes et les paysages : les amphithéâtres, les arènes, les aqueducs, les plans de villes avec des rues perpendiculaires, les réseaux de routes et de chemins dans toute l’Europe.

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18 Ann Rocard et Nathalie Dupont - L’histoire entre en scène

Un Gaulois rigolo Ann Rocard

Lupus, un Romain, entre sur scène et regarde dans tous les coins. LUPUS : Jules ! Jules ! Il n’est pas là... ni là. Jules ! Jules ! (en s’éloignant) Gallix, le Gaulois rigolo, se promène en sifflotant. Soudain, il se met à rire si fort qu’il en tombe à la renverse (sans se faire mal) et se roule par terre. GALLIX : Ah, ah, ah ! Oh, oh, oh ! Que c’est drôle ! Ah, ah, ah ! Oh, oh, oh ! Je ne peux plus respirer... Arrivent Suffix, un autre Gaulois, et sa femme Noémix.

NOÉMIX : Regarde, Suffix ! SUFFIX : Quoi, Noémix ? NOÉMIX : (en montrant Gallix) Ce Gaulois qui rigole*. Suffix et Noémix s’approchent de Gallix. SUFFIX : Oh, là ! Es-tu malade ? NOÉMIX : Aurais-tu attrapé la maladie de la chatouille ? SUFFIX: La maladie de la grattouille ? NOÉMIX : La terrible maladie la scaramitouille* ? GALLIX : Non, ce n’est rien. Ah, ah, ah ! J’ai seulement pensé... Oh, oh, oh ! NOÉMIX : Quand tu penses, cela te fait rire ? Comme c’est amusant ! GALLIX : J’ai seulement pensé à... Ah, ah, ah ! SUFFIX et NOÉMIX : Pensé à quoi ? GALLIX : Ah, ah, ah, à une histoire drôle ! Une histoire à mourir de rire. SUFFIX : J’adore les histoires drôles. NOÉMIX : Moi aussi. SUFFIX : Raconte-la-nous. GALLIX : Une histoire à mourir de rire ? Tu es fou. Moi, Gallix, je ne suis pas un assassin. Je n’ai aucune envie de te tuer... Ah, ah, ah ! Oh, oh, oh ! Lupus repasse sur la scène. LUPUS : (en passant près des Gaulois) Excusez-moi... (en cherchant) Il n’est pas là ni là... NOÉMIX : Vous cherchez quelque chose, monsieur le Romain ? LUPUS : Oui, Jules Lézard.

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19 Ann Rocard et Nathalie Dupont - L’histoire entre en scène

NOÉMIX : Le célèbre empereur ? LUPUS : Mon copain Jules. L’auriez-vous vu ? De vos yeux, vu ? NOÉMIX : Non, désolée. Pas de Jules à l’horizon. LUPUS : Dommage. Merci quand même. Lupus s’éloigne pendant que Gallix s’essuie les yeux avec un immense mouchoir.

LUPUS : Jules ! Jules ! Où es-tu ? Jules ! Jules ! (Il disparaît.) Suffix et Noémix observent Gallix.

SUFFIX: (à Gallix) Tu ne ris plus ? NOÉMIX : Tu pleures maintenant ? GALLIX : Je pleure de rire. NOÉMIX : Viens donc au village, on va te présenter à notre chef Duplix. Gallix approuve de la tête. Tous les trois se dirigent vers un décor de huttes gauloises. SUFFIX : Chef ! Ohé, chef ! On vous apporte une arme secrète extraordinaire. Duplix apparaît, les poings sur les hanches. DUPLIX : Une arme secrète, ce Gaulois rigolo ? GALLIX : Gallix, c’est mon nom. NOÉMIX : Il connaît des histoires drôles à mourir de rire. DUPLIX : Et c’est efficace ? SUFFIX : On l’a vu tout à l’heure... Il s’en est sorti de justesse. DUPLIX : Parfait ! Gallix, je t’engage. GALLIX : Que dois-je faire ? DUPLIX : Tu vas te rendre au camp des Romains et tu leur raconteras les histoires les plus drôles que tu connaisses. (Il ricane en se frottant les mains) Rira bien qui rira le dernier* ! GALLIX : Ils ne m’ont rien fait, ces Romains-là. Je ne veux pas les faire mourir de rire. DUPLIX : C’est un ordre ! Voix de LUPUS : Jules ! Jules ! DUPLIX : Chut ! En voilà justement un qui arrive. Lupus se rapproche des huttes tout en appelant.

LUPUS : Jules ! Jules ! DUPLIX : C’est certainement un espion romain. GALLIX : Mais depuis que Vercingétorix s’est rendu à César, la guerre avec les Romains est terminée.

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20 Ann Rocard et Nathalie Dupont - L’histoire entre en scène

DUPLIX : (en mimant) Moi, Duplix, je ne me rendrai jamais. J’exterminerai tous les Romains de la terre. Je les écraserai. J’en ferai de la purée et je les mangerai. GALLIX : Vous êtes un fou dangereux ! DUPLIX : (sans écouter Gallix) Je deviendrai le maître du monde, l’empereur Duplix. Aux armes ! Tous les Gaulois avec moi pour zigouiller* les Romains ! (discrètement, au public) Ensuite, eh, eh, eh... je supprimerai aussi les Gaulois, ça va de soi. Bon débarras ! GALLIX : (à Suffix et Noémix) Il faut le mettre hors d’état de nuire. C’est un Gaulois dingo*, un zigoto zinzin. NOÉMIX : Vous croyez ? GALLIX : Oui, il est fou à lier*. Je vais lui raconter une histoire... SUFFIX et NOÉMIX : À mourir de rire ? GALLIX : Non, simplement une histoire très drôle. Laissez-moi faire, mais surtout, bouchez-vous les oreilles ! Suffix et Noémix se bouchent les oreilles. Gallix fait semblant de chuchoter une histoire à l’oreille de Duplix qui se met à rire si fort qu’il tombe à la renverse (sans se faire mal) et se roule par terre.

DUPLIX : Ah, ah, ah ! Oh, oh, oh ! Que c’est drôle ! Ah, ah, ah ! Oh, oh, oh ! Je ne peux plus respirer... Tout en continuant de chuchoter, Gallix entraîne Duplix dans sa hutte, puis ressort. Suffix et Noémix se débouchent les oreilles.

GALLIX : Je crois que nous venons d’échapper à une nouvelle guerre gallo-romaine. SUFFIX et NOÉMIX : Ouf ! Lupus sautille gaiement, un bras derrière le dos. NOÉMIX : Vous ne cherchez plus Jules ? LUPUS : Je l’ai trouvé ! Je l’ai trouvé ! SUFFIX : Où est-il ? LUPUS : (en montrant un gros lézard vert qu’il cachait derrière son dos) Là ! Gallix, le Gaulois et sa femme éclatent de rire. Éventuellement danse gauloise à la fin du sketch, s’il y a des figurants disponibles.

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21 Ann Rocard et Nathalie Dupont - L’histoire entre en scène

--------------------- Mini-dico : * Rigoler : Rire (mot familier). * La scaramitouille : Il s’agit d’un nom inventé qui n’a aucune signification. * Rira bien qui rira le dernier : Il y aura une suite et celui qui croyait avoir gagné perdra ou sera finalement puni. * Zigouiller : Tuer (mot familier). * Dingo : Fou (mot familier). * Fou à lier : Complètement fou.

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22 Ann Rocard et Nathalie Dupont - L’histoire entre en scène

Approche historique (Nathalie Dupont) Le Moyen Âge est une période de 1000 ans. En l’an 476, les invasions des Barbares mettent fin à la domination des Romains. Les Francs, ensuite les Mérovingiens, puis les Carolingiens et enfin les Capétiens vont successivement prendre le pouvoir en France. Aux IXe et Xe siècles, ce sont les invasions des Vikings.

À l’époque des Francs, la Gaule est divisée en petits “pays”. Les serfs (paysans esclaves) et les vilains (paysans libres) doivent obéir au Comte qui dirige le “pays”. Ce sont ces vassaux. Le Comte est à son tour le vassal d’un Duc ; il garde un château du Duc et il perçoit des impôts pour le Duc. Le seigneur Duc est lui-même le vassal du Roi ; il doit l’aider à défendre la France.

C’est cette obéissance ou cette fidélité des hommes les uns envers les autres qu’on appelle la féodalité. Trois états existent dans ce système de féodalité : ceux qui travaillent (paysans, artisans, marchands, mineurs, carriers, meuniers…), ceux qui combattent (chevaliers, les seigneurs…), ceux qui prient (moines, prêtres, évêques…) Dans les monastères, comme celui du Mont-Saint-Michel, des moines copistes recopient des livres à la main pour les faire connaître.

Si les seigneurs font des festins avec de multiples plats et des fruits, la nourriture des paysans est très simple : du pain, de la bouillie, des galettes, des soupes à la farine, des châtaignes, quelques légumes, et parfois du porc, des volailles et du fromage.

La fin du Moyen Âge est marquée par les malheurs terribles de la guerre de Cent ans qui a opposé les Français et les Anglais entre 1337 et 1453 ; puis c’est la famine et surtout la peste. Les historiens pensent qu’il y a 20 millions d’habitants en France, en 1300. Il ne reste que 10 millions d’habitants en 1450.

Aujourd’hui quelles sont les traces de la vie de cette époque ?

Des bateaux Viking ont été découverts dans des fouilles archéologiques en Norvège.

Les remparts des châteaux de pierre du XIIe et XIIIe siècles se dressent encore dans certaines villes (par exemple à Fougères ou Carcassonne). Ils indiquent l’emplacement de la ville médiévale. Par contre les archéologues ne trouvent que des mottes ou des trous de poteaux des premiers châteaux forts en bois du IXe, Xe et XIe siècles.

La Tapisserie de Bayeux est en quelque sorte la première “bande dessinée” de l’histoire. Cette longue bande brodée raconte la conquête de L’Angleterre, en 1066, par Guillaume Le Conquérant, Duc de Normandie. Elle nous donne de nombreuses indications sur la vie quotidienne des hommes, leurs travaux, les animaux et la bataille.

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23 Ann Rocard et Nathalie Dupont - L’histoire entre en scène

La princesse Libellule Ann Rocard

Scène 1

Musique triste. La princesse est allongée sur un lit. Le roi et la reine sont désespérés. Les gardes et serviteurs sont debout sur les côtés, l’air triste eux aussi. Au besoin, compléter le texte en écrivant sur les pointillés (soit ce que disent certains personnages, soit en développant les didascalies*). Musique triste choisie : ..................................................................... ROI : Notre fille, la princesse Libellule, est bien malade. REINE : Hélas ! GARDES : (en hochant la tête) Hélas ! SERVITEURS : (en hochant la tête plus vite) Trois fois hélas ! REINE : Tous les médecins du royaume ont essayé de la soigner. ROI : Ils n’ont pas réussi. REINE : Hélas ! GARDES : (en hochant la tête) Hélas ! SERVITEURS : (en hochant la tête plus vite) Trois fois hélas ! ROI : (en s’approchant de la princesse) Libellule, réponds-moi ! Est-ce que tu m’entends ? REINE : Les fées et le grand magicien la sauveront peut-être. GARDES et SERVITEURS : (en hochant la tête) ........................................................... ROI : (Il regarde par la fenêtre.) Les voilà justement ! Musique : ..................................................................... Arrivée des fées et du magicien.

REINE : Entrez ! Entrez vite ! Les fées et le magicien saluent. Ils se placent autour du lit de la princesse. Répartir le texte en fonction du nombre d’acteurs disponible. Musique étrange et éclairage différent (par exemple rouge).

Musique choisie : ...................................................................... Éclairage : ....................................

Le personnage qui parle (fée ou magicien) fait de lents mouvements avec sa baguette magique.

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24 Ann Rocard et Nathalie Dupont - L’histoire entre en scène

FÉE n°1 : La princesse est envoûtée*. FÉE n°2 : On lui a jeté un mauvais sort. FÉE n°3 : Qui lui a jeté un mauvais sort ? FÉE n°4 : Une femme laide et méchante. MAGICIEN : La sorcière Grenouillère ! GARDES et SERVITEURS : (en tremblant) ....................................................................... REINE : (en éclatant en sanglots) C’est terrible... ROI : (d’un ton catastrophé) Elle est perdue ! Notre fille est perdue. FÉE n°1 : Il n’y a qu’un seul moyen de la sauver. REINE et ROI : Lequel ? FÉE n°2 : Poser sur son visage le papillon de lune. GARDES : Le papa ? Le papi ? SERVITEURS : ....................................................... REINE : Le papillon de lune ? ROI : Quel est ce blabla ? FÉE n°3 : Le papillon de lune vit dans le repaire* de la sorcière Grenouillère. FÉE n°4 : Jusqu’à présent, personne n’a pu pénétrer dans ce repaire. GARDES : (discrètement, au serviteurs) Un père ? Quel père ? SERVITEURS : (discrètement, aux gardes) Pair ou impair comme à la roulette* ?

MAGICIEN : Majesté, prévenez les habitants de votre royaume, si vous voulez sauver la princesse Libellule. REINE : Mais comment se rendre chez la sorcière Grenouillère ? MAGICIEN : Il n’y a aucun repère. GARDES : (en écarquillant les yeux) Alors là, on s’y perd ! SERVITEURS : ................................................................... Musique : ........................................................................... Les fées et le magicien saluent le roi et la reine, puis ils s’en vont. Le roi va voir les gardes et leur explique par signes ce qu’ils doivent faire. Les gardes approuvent de la tête. La lumière s’éteint.

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25 Ann Rocard et Nathalie Dupont - L’histoire entre en scène

Scène 2

Musique : ..........................................................................

La lumière se rallume. Éclairage : ................................... Les gardes précèdent le héraut* qui marche dans la salle en frappant sur un tambour ou en soufflant dans une trompe (une corne dont le bout est évasé). HÉRAUT : Oyez, oyez, bonnes gens ! (roulement de tambour ou coup de trompe) Celui qui rapportera le papillon de lune au roi épousera sa fille, la princesse Libellule ! Oyez, oyez, bonnes gens ! (roulement de tambour ou coup de trompe) Le papillon de lune se trouve dans le repaire de la sorcière Grenouillère ! GARDE n°1 : (discrètement) Ce héraut n’est pas un héros. GARDE n°2 : (discrètement, en traçant les lettres avec un doigt) R-O ? (en mimant avec le pouce et l’index) Ou zéro ? GARDE n°3 : (discrètement) Traduction : ce messager n’est pas héroïque. GARDE n°4 : (idem) Il n’est pas fou ; il ne va pas se jeter dans la gueule du loup*. Le héraut fait son annonce à un autre endroit de la scène ou de la salle. HÉRAUT : Oyez, oyez, bonnes gens ! (roulement de tambour ou coup de trompe) Celui qui rapportera le papillon de lune au roi épousera sa fille, la princesse Libellule ! Oyez, oyez, bonnes gens ! (roulement de tambour ou coup de trompe) Le papillon de lune se trouve dans le repaire de la sorcière Grenouillère ! Le héraut s’en va.

Scène 3

Musique : ...............................................................................

Les gardes regagnent le château. Ludovic, Cédric et Loïc traversent la salle et arrivent sur scène.

LUDOVIC : Mes frères, je suis le plus grand et le plus fort. Je trouverai facilement le repaire de la sorcière et j’épouserai la princesse. CÉDRIC : Toi, Ludovic ? LUDOVIC : J’irai seul. C’est trop dangereux pour vous. CÉDRIC : Je ne suis pas d’accord. Qui ne risque rien n’a rien*. Qu’en penses-tu, Loïc ? LOÏC : Le soleil est au zénith*. Prenons chacun une route différente. CÉDRIC : Tu as raison, tous les chemins mènent à Rome*. LOÏC : Nous verrons bien qui découvrira le papillon de lune en premier.

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26 Ann Rocard et Nathalie Dupont - L’histoire entre en scène

LUDOVIC : Mais il faudra être prudent. CÉDRIC : Qui veut la fin veut les moyens*. LOÏC : Au revoir, Cédric ! Au revoir, Ludovic ! LUDOVIC et CÉDRIC : Au revoir, petit frère ! Musique : ................................................................................

Les trois frères s’en vont dans trois directions différentes. Cédric et Loïc disparaissent.

Scène 4

Bruitages : chants d’oiseaux (enregistrés ou imités par les bruiteurs) : ............................ Lumière étrange : ..................................................

Ludovic revient sur scène (devant les arbres de la forêt). LUDOVIC : (en marchant) Voilà des heures que je marche et je n’ai pas trouvé le repaire de la sorcière. Ludovic se frotte les bras pour montrer qu’il a froid. LUDOVIC : ATCHOUM ! Il fait un froid de canard. ATCHOUM ! Mon frère Cédric s’est trompé. ATCHOUM ! Tous les chemins mènent au rhume ! (en marchant) Il paraît qu’à l’entrée du repaire se trouve une sorte de miroir magique. Musique : ........................................................

Éclairage : ........................................ Ludovic s’approche du cadre derrière lequel se tient le gardien du miroir ; celui-ci fait exactement les mêmes gestes que celui qui lui fait face. LUDOVIC : Que fait cette glace en pleine forêt ? C’est peut-être le miroir de Grenouillère. (en touchant le cadre) Il y a sans doute un mécanisme secret. (en s’énervant) Pas moyen d’ouvrir ! (en faisant demi-tour) Tant pis, j’abandonne ! Bruitages : chants d’oiseaux : ...............................

Lumière étrange : .................................................. Ludovic s’en va. Peu après arrive Cédric.

CÉDRIC : Heureusement que j’ai rencontré un vieil homme savant dans la forêt. Il connaît les secrets de la sorcière Grenouillère. (Il s’approche du cadre.) Ah, voilà le miroir magique dont il m’a parlé ! Je l’ai enfin découvert. Musique : ........................................................

Éclairage : ........................................

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27 Ann Rocard et Nathalie Dupont - L’histoire entre en scène

En musique, Cédric fait quelques mouvements devant le cadre. Le gardien du miroir fait les mêmes mouvements, puis il ralentit peu à peu et s’immobilise. CÉDRIC : Le vieillard avait raison. Le gardien du miroir magique se fatigue vite. Cédric brandit son épée et saute à travers le miroir. CÉDRIC : Je dois faire attention... Un homme averti en vaut deux*, mais je n’ai qu’une seule épée. À nous deux, sorcière Grenouillère ! Musique : ........................................................

Éclairage : ........................................ Cédric avance à pas lents. La sorcière le suit, à cheval sur son balai.

CÉDRIC : (sans voir la sorcière) Si je rencontre Grenouillère, je la transperce d’un seul coup d’épée. Pas la moindre sorcière aux environs... Où est-elle donc ? SORCIÈRE : Ici, microbe ! CÉDRIC : (en se retournant) Tu pourrais prévenir quand tu arrives ! SORCIÈRE : Qu’entends-je ? Ce microbe ose me tutoyer ! CÉDRIC : Tu ne me fais pas peur, sorcière de malheur ! Musique angoissante : ................................................................... Jeux de lumière : ............................................................................

SORCIÈRE : Tu l’auras voulu, microbe ! Abracada-cruche picazimuche ! Cédric est transformé en statue. Il prend une pose facile, car il ne doit plus bouger jusqu’au mariage final. SORCIÈRE : (en ricanant) Une superbe statue de plus pour ma collection ! La sorcière s’éloigne en riant. Musique : ........................................................................

Scène 5

Bruitages : chants d’oiseaux : ............................... Lumière étrange : ..................................................

Loïc arrive dans la forêt. LOÏC : C’est certainement le miroir magique dont j’ai entendu parler ! Musique : ........................................................ Éclairage : ........................................

En musique, Loïc fait des mouvements devant le cadre. Le gardien du miroir fait les mêmes gestes, puis il ralentit peu à peu et s’immobilise.

LOÏC : Cette sorcière est sûrement très intelligente. Il faut que je sois plus malin qu’elle.

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28 Ann Rocard et Nathalie Dupont - L’histoire entre en scène

Bruitages : chants d’oiseaux : ...............................

Lumière étrange : .................................................. Loïc passe lentement à travers le miroir. Il marche avec précaution. Les arbres peuvent bouger en rythme, s’il s’agit de figurants. Musique : ........................................................

Danse des fleurs qui entraînent Loïc. Il finit par avoir le tournis et il glisse sur le sol. Bruitages inquiétants : ......................................................................

Les fleurs se recroquevillent et les arbres s’immobilisent. Loïc se relève, saisit un gourdin (en mousse ou polystyrène) et il se cache derrière un buisson. La sorcière arrive en chantant, à cheval sur son balai. SORCIÈRE : Ça vaut mieux que d’attraper la scarlatine* ! Ça vaut mieux que d’être un roi tout raplapla ! Ça vaut mieux que de danser la capucine ! Bien mieux que de mettre les pieds dans le plat* ! Inventer au besoin d’autres paroles :

SORCIÈRE : Ça vaut mieux ........................................................................ Ça vaut mieux ................................................................................... Ça vaut mieux ................................................................................... ........................................................................................................... La sorcière arrête de chanter et descend de son balai. SORCIÈRE : Je n’aurais jamais dû être sorcière. L’avenir est bouché. Je veux devenir chanteuse et donner des concerts aux quatre coins de la Terre. Chanson connue choisie : ................................................

La sorcière chante et danse comme sur une scène de cabaret (face au public). Loïc, armé de son gourdin, se place derrière elle en faisant les mêmes mouvements. Loïc lève son gourdin et il essaie d’assommer la sorcière qui bouge sans arrêt. Il finit par réussir. La sorcière s’écroule au ralenti en poussant un grand cri.

LOÏC : Sa carrière de chanteuse est définitivement terminée. Maintenant, il faut que je trouve le papillon de lune. Musique douce : ........................................................ Lumière “magique” : ..................................................

Loïc cherche le papillon, suspendu au plafond au moyen d’un fil de nylon qu’un accessoiriste fait bouger. Loïc saisit le papillon sans gestes brusques.

En s’éloignant, Loïc passe devant Cédric, toujours immobile.

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29 Ann Rocard et Nathalie Dupont - L’histoire entre en scène

LOÏC : Cette statue de pierre ressemble à mon frère... Étrange ! (en touchant la statue) Mais c’est Cédric ! La sorcière a dû le transformer en statue. Ne t’en fais pas, frérot ! (en lui caressant la tête) Comme Grenouillère est vaincue, tu devrais bientôt retrouver ta forme normale. Et je parie que tu diras un proverbe connu dès que tu pourras prononcer un mot ! Sois patient et à bientôt ! Loïc s’éloigne en emportant le papillon.

Scène 6

Musique : ........................................................ Éclairage : ........................................

En musique, Loïc se rend au château. Il montre le papillon aux gardes qui le laissent entrer. Le roi et la reine le guident vers le lit de la princesse.

REINE : Et si les fées et le magicien s’étaient trompés ? ROI : Nous le saurons dans quelques instants. GARDES : (en se rongeant les ongles) Aïe, aïe, aïe, botte d’oignons... SERVITEURS : ...................................................................................... Musique : ........................................................ Éclairage : ........................................

Loïc dépose le papillon sur le visage de la princesse qui se relève lentement. PRINCESSE : (en embrassant ses parents) Bonjour, mère ! Bonjour, père ! Vous avez l’air bizarres. REINE : Bizarres ? GARDES : Bizarres, elle a dit : bizarres... SERVITEURS : ..................................................................................... REINE : Nous allons tout t’expliquer, Libellule. Tu as failli mourir. PRINCESSE : (surprise) Première nouvelle ! ROI : (en montrant Loïc) Comme je l’ai promis, Loïc épousera ma fille Libellule dès aujourd’hui. PRINCESSE : (surprise) Deuxième nouvelle ! LOÏC : Je ne suis pas prince, mais je suis charmant. Et c’est moi qui t’ai sauvée. PRINCESSE : (surprise) Troisième nouvelle ! LOÏC : (à la princesse) Alors, c’est O.K. ? PRINCESSE : O.K.

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30 Ann Rocard et Nathalie Dupont - L’histoire entre en scène

REINE : Gardes, allez prévenir tous les habitants du royaume que ce soir aura lieu une grande fête. GARDES : À vos ordres ! ROI : Sonnez, trompettes ! Musique (on doit entendre au moins une trompette) : ......................................................

Les gardes partent au petit trot à travers la salle. Cédric recommence à bouger en rythme sur la musique, puis il s’adresse au public.

CÉDRIC : Un proverbe connu après avoir quitté mon rôle de statue ? (Il réfléchit en se grattant la tête.) Je n’en connais qu’un : tout est bien qui finit bien ! Musique et danses choisies : ......................................................................................... ........................................................................................................................................

Ensuite, Loïc et Libellule, le roi et la reine, les fées et le magicien, le héraut, Ludovic et Cédric, les gardes, les serviteurs etc. défilent.

Ils traversent la salle pendant que la sorcière se relève, en les montrant du doigt et repart, à cheval sur son balai. Noir.

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31 Ann Rocard et Nathalie Dupont - L’histoire entre en scène

Mini-dico : * Une didascalie : Une indication dans un texte théâtral ou audio-visuel (ce qu’on voit, entend, sent... mais que les acteurs ne disent pas). Dans le texte, les didascalies sont écrites en italiques (lettres penchées). * Envoûte : Ensorcelé (sens propre comme dans le texte). Charmé, fasciné (sens figuré). * Le repaire : endroit qui sert d’abri à une bête sauvage ou à une personnage dangereuse. * Pair ou impair comme à la roulette : La roulette est un jeu de hasard. Les joueurs misent sur un nombre particulier, une couleur et un nombre pair (2, 4, 6., etc.) ou impair (1, 3, 5, etc.) * Le héraut : Au Moyen Âge, officier chargé de transmettre les messages et de faire les annonces officielles. * Se jeter (se mettre, tomber...) dans la gueule du loup : S’exposer au danger en étant imprudent. * Qui ne risque rien n’a rien : On ne peut pas gagner, réussir, sans prendre des risques. * Au zénith : Au point le plus élevé dans le ciel pour celui qui est train d’observer (sens propre comme dans le texte). Au sommet, au point culminant (sens figuré). * Tous les chemins mènent à Rome : On peut arriver au même résultat par des moyens différents. * Qui veut la fin veut les moyens : Celui qui veut quelque chose ne doit pas reculer devant les moyens qu’il faut utiliser pour l’obtenir. * Un homme averti en vaut deux : Quand on sait ce que l’on doit craint, on fait deux fois plus attention. * Ça vaut mieux que d’attraper la scarlatine : Chanson française (1936). La scarlatine est une maladie contagieuse. * Mettre les pieds dans le plat : Mal se conduire, gaffer (sens figuré).

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32 Ann Rocard et Nathalie Dupont - L’histoire entre en scène

Approche historique (Nathalie Dupont) La Renaissance est une période de grandes découvertes. Il y a déjà longtemps que des marins se sont aventurés sur l’Atlantique. Mais les progrès techniques sont importants (la caravelle, un gros bateau à trois mâts ; la boussole venue de Chine…). Et les rois ont besoin d’or. Les explorateurs partent à la découverte de terres nouvelles. D’abord en longeant les côtes, vers les richesses de l’Afrique : l’or, le poivre, les épices et les premiers esclaves. Ensuite vers les Indes en contournant l’Afrique... ou en traversant l’Atlantique ; c’est ainsi que le continent des Amériques est redécouvert par Christophe Colomb en 1492, après probablement les Inuits, puis les Vikings. Le commerce avec les Amériques est très important et rapporte beaucoup d’or et d’argent.

La Renaissance est une période de nombreuses transformations dans les livres, les sciences et les arts. C’est au milieu du XVe siècle que Gutenberg met au point la technique de fabrication des caractères mobiles en métal pour imprimer des livres (mais les Chinois utilisaient déjà des caractères mobiles en bois au XVIe siècle). Gutenberg imprime sur des papiers fabriqués avec des vieux chiffons. Cela coûte beaucoup moins cher que de recopier sur des parchemins en peau d’animal et cela permet de reproduire beaucoup plus de livres et de gravures. Ainsi de plus en plus de gens ont accès aux connaissances. Et au XVIe siècle, des écrivains et des poètes utilisent la langue française, proche de celle que nous parlons aujourd’hui. Les livres ne sont plus seulement en latin.

En France, la société est toujours divisée. Le système de la féodalité continue : 9 personnes sur 10 (la plus grande partie de la population) sont paysans ou artisans. Les gens d’église sont riches et puissants. Les rois (en particulier François 1er, roi de 1515 à 1547), les princes et les seigneurs aiment le luxe ; ils protègent les écrivains, les musiciens, les artistes, les architectes, les scientifiques…

Léonard de Vinci (1452-1519) est un génie venu d’Italie. Il connaît la mécanique, l’anatomie, l’architecture, la sculpture, la peinture, les mathématiques.

Aujourd’hui quelles sont les traces de la vie de cette époque ?

Dans notre vie quotidienne, nous utilisons le système des nombres arabes, imprimé à partir du XVe siècle. C’est la place des chiffres les uns par rapport aux autres, de droite à gauche (sens de l’écriture arabe) qui donne la valeur du nombre.

Il est possible de visiter de nombreux châteaux de la Renaissance construits par les rois et les princes dans la vallée de la Loire.

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33 Ann Rocard et Nathalie Dupont - L’histoire entre en scène

Un ange passe... Ann Rocard

Musique. Deux cadres se trouvent dans l’atelier de Léonard de Vinci, cadres derrière lesquels se tiennent la Joconde et Ambroise, un homme avec des ailes d’ange ; tout d’abord, ils sont immobiles (poses de tableaux célèbres du peintre).

Puis l’homme déclame un poème tandis que la Joconde commence à s’impatienter. AMBROISE : Un vase dans la vase. La mousse sur le mousse. Un poil dans une poêle et un ver sur un verre. Dans l’arène, la reine prend les rênes des rennes. Le cygne lui fait signe. La chair est bien trop chère JOCONDE : (en soupirant) Ça recommence. Il peut déclamer pendant des heures. AMBROISE : Le coq dans une coque. Pompon pond sur le pont. Le pou a-t-il un pouls ? Le chœur chante avec cœur. Un sot au fond d’un seau. Pas d’encre sur cette ancre ! Omer est très amer. Sa mère est aussi maire. JOCONDE : (sans sourire) Silence ! AMBROISE : Monna, j’avais entendu dire que tu ne savais que sourire ! JOCONDE : Quand je suis seule, je décrispe mes lèvres. (Elle bouge ses lèvres.)

AMBROISE : Mais quel est donc ce charabia ? Nous sommes deux, car je suis là. (Il déclame en lui tournant le dos.) Le comte fait ses comptes. JOCONDE : (exaspérée) Des contes à dormir debout ! AMBROISE : (en déclamant) Du pain en haut du pin.

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34 Ann Rocard et Nathalie Dupont - L’histoire entre en scène

JOCONDE : (idem) Pin-pon pin ! Pin-pon pin ! AMBROISE : (idem) Le taon n’a pas le temps. JOCONDE : (idem) Tu m’en diras tant ! AMBROISE : (idem) Et un tour sur la tour. JOCONDE : (idem) Et tu oublies le tourd* avec un d ! Léonard de Vinci arrive en gesticulant. LÉONARD : Que se passe-t-il ? Monna ! Ambroise ! Vous vous disputez ! Léonard se frotte les oreilles, l’air surpris. Il observe les deux tableaux. LÉONARD : Ma parole ! Depuis quand les tableaux parlent-ils ? (les poings sur les hanches) Nom d’une pizza aux spaghettis, je n’ai jamais vu ça, même en Italie. JOCONDE : (en souriant) C’est notre botte secrète* ! LÉONARD : (en protestant) Impossible ! Vous n’êtes que des images... des représentations, de... MONA : (en l’interrompant) Léonard, ne nous traite pas de vieilles croûtes ! LÉONARD : Loin de moi cette expression ! Je dois me rendre à l’évidence : vous n’êtes ni muets ni sages comme des images. Ambroise et la Joconde parlent en même temps (pour les acteurs qui auraient du mal à le faire, la Joconde peut éventuellement parler après Ambroise). AMBROISE : (furieux) Elle se nomme la Joconde... et se croit la reine du monde !

JOCONDE : Léonard, fais-le taire ! Tire-lui les vers du nez* !

LÉONARD : (au public) Voilà où cela mène de miser sur les deux tableaux* ! Ambroise et la Joconde parlent en même temps. AMBROISE : (en gesticulant) Vends-la donc aux enchères ! Elle ne vaut pas cher. Je ne peux la voir en peinture*... Je vais me battre, ça c’est sûr, et lui arranger le portrait* !

JOCONDE : (en gesticulant) Vends-le donc aux enchères ! Moi, pas chère ? Quel toupet* ! Je ne peux le voir en peinture* ! (en levant les poings comme un boxeur) Même pas peur !

LÉONARD : (Il les interrompt en criant.) Ça suffit ! Ambroise et la Joconde se calment et reprennent leurs positions de départ. LÉONARD : Monna, exprime-toi clairement. JOCONDE : Malgré ma patience d’ange, je n’en peux plus.

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35 Ann Rocard et Nathalie Dupont - L’histoire entre en scène

AMBROISE : (à la Joconde) L’ange, c’est moi ! Ne l’oublie pas ! LÉONARD : (à Ambroise) Chacun son tour, Ambroise ! JOCONDE : (en montrant Ambroise) Il est bavard comme une pie. Il jacasse sans arrêt. LÉONARD : (à Ambroise) Est-ce vrai ? AMBROISE : Oui, je m’exprime en vers et cela l’exaspère. Ses tympans délicats ne le supportent pas. Son sourire moqueur... LÉONARD : (en l’interrompant, l’air mécontent) Oh, là ! Un sublime sourire énigmatique* qui va traverser les siècles et troubler des millions d’admirateurs. AMBROISE : ... Il ne me fait pas peur ! JOCONDE : (moqueuse) Ça ne rime pas avec énigmatique ! (avec un geste de la main) Et tac ! LÉONARD : (en se fâchant) Ça ne rime à rien ! Réconciliez-vous ! Le roi François 1er nous loge dans ce superbe manoir près de la ville d’Amboise ... AMBROISE : (en se montrant) Ambroise est à Amboise... Et au bord de la Loire, moi, je dors comme un loir. LÉONARD : (en l’interrompant) Une pause s’impose. JOCONDE : Si tu t’y mets aussi, Léonard, on n’a pas fini. Je préfère... AMBROISE : Un poète, ça va... Deux, bonjour les dégâts ! JOCONDE : (à Ambroise) Ne m’interromps pas ! (à Léonard) Je préfère quand tu joues les inventeurs, les savants et les artistes ! LÉONARD : (modeste) Allons, allons ! (Il se met à peindre le tableau de l’ange.) AMBROISE : (immobile) Non, pas de fausse modestie ! Léonard, tu as du génie ! LÉONARD : (en peignant) C’est vrai ! J’ai inventé des machines extraordinaires. Quelquefois, elles m’apparaissent en rêve : un vrai défilé ! Musique. Changement d’éclairage. Léonard peint le tableau de l’ange. La Joconde reprend sa pose de départ. Des figurants-machines défilent, puis disparaissent dans les coulisses. Au ralenti, Ambroise commence à sortir du tableau. Pendant quelques secondes de silence, Ambroise ne bouge plus, au moment où il franchit le cadre. JOCONDE : Oh, un ange passe*...

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36 Ann Rocard et Nathalie Dupont - L’histoire entre en scène

Ambroise recommence à bouger au ralenti.

JOCONDE : Il passe à travers le cadre. Il s’échappe du tableau. AMBROISE : C’est l’envers du décor*. Je ne sens plus mon corps. (Il agite ses ailes et s’éloigne.) Et je suis mon destin. C’est moi, l’ange gardien, un homme de terrain*... Ambroise vole à travers la salle. Éclairage normal. JOCONDE : Ma question est la suivante : quel est le but de l’ange gardien et de quel terrain s’agit-il ? LÉONARD : Un endroit vert et rectangulaire, sans doute... Un terrain de foot. JOCONDE : C’est fou ! Léonard, tu le laisses partir ? LÉONARD : Tel est le sort de mes créations... Désormais, Ambroise volera de ses propres ailes*. Ambroise disparaît. JOCONDE : Et moi ? (Elle mime des ailes avec ses mains.) LÉONARD : Pourquoi pas ? Léonard s’approche de la Joconde, un pinceau à main, et commence à peindre une aile. Tous les deux s’immobilisent. Noir.

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37 Ann Rocard et Nathalie Dupont - L’histoire entre en scène

Mini-dico : * Le tourd : C’est le nom de certains oiseaux (grives). * Une botte secrète : Coup d’épée qui prend l’adversaire au dépourvu (au sens propre) ; attaque imparable (au sens figuré). Cette réplique est un clin d’œil renvoyant à l’Italie qui a la forme d’une botte. * Tirer les vers du nez à quelqu’un : Lui faire dire des secrets, le faire parler (il s’agit du mot ver au pluriel). * Quel toupet ! : Quel culot ! (sens figuré). Le toupet : mèches de cheveux relevées au-dessus du front (sens propre). * Miser sur les deux tableaux : Se ménager un intérêt dans deux partis opposés pour ne pas perdre. * Ne pas (pouvoir) voir quelqu’un en peinture : Ne pas le supporter, le détester. * Arranger (ou : abîmer) le portrait : Battre, donner des coups au visage. * Énigmatique : Mystérieux, indéchiffrable. * Un ange passe : Il y a un temps de silence prolongé, les gens se taisent tous ensemble. * L’envers du décor : Le côté caché d’un décor de théâtre (au sens propre) ; l’aspect caché, ce qui n’apparaît pas d’abord (au sens figuré). * Un homme de terrain : C’est quelqu’un qui travaille sur les lieux mêmes de l’action. * Voler de ses propres ailes : Être capable d’agir seul, sans aide extérieure.

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38 Ann Rocard et Nathalie Dupont - L’histoire entre en scène

Approche historique (Nathalie Dupont)

Depuis la fin du règne de François 1er en 1547, jusqu’à la Révolution française en 1789, les historiens parlent d’une société de l’Ancien Régime. Trois ordres très inégaux prolongent les trois états de la féodalité au Moyen-âge. Il y a toujours ceux qui se battent et qui ont des privilèges (la noblesse : 1,5% de la population), ceux qui prient (le clergé : 0,5%) et les 98 % qui travaillent (le tiers état). Ces Français du tiers état la vie plus ou moins facile. Ils sont riches laboureurs ou pauvres paysans, ou bien marchands, artisans, compagnons, commerçants. Les plus misérables sont les domestiques, les ouvriers, les journaliers, les vagabonds et les mendiants.

Louis XIV (1638-1715), surnommé le Roi-Soleil, règne de 1643 à 1715. Le roi a tous les pouvoirs et il se considère comme le représentant de Dieu sur la terre ; c’est une monarchie absolue de droit divin. Il fait construire le château de Versailles et ses somptueux jardins, pour faire rayonner son image. Il donne des pensions et des titres de nobles à des artistes ou des écrivains qui vont réaliser des œuvres pour montrer sa grandeur. De même, il mène des guerres en Europe pour montrer sa puissance. Mais à la fin de ses 72 ans de règne, ses projets grandioses et les guerres ont ruiné le pays et les pauvres sont encore plus misérables.

La population augmente beaucoup jusqu’à la Révolution française en 1789 ; les paysans partent des campagnes pour chercher du travail dans les villes dans les grandes manufactures (usines). Les villes se transforment ; on construit rapidement beaucoup de logements, des hôpitaux, des halles…

Aujourd’hui quelles sont les traces de la vie de cette époque (XVIIe et XVIIIe siècles) ?

Jean-Baptiste Poquelin, dit Molière (1622-1673) est un auteur de théâtre qui a vécu au temps du règne de Louis XIV. Il a écrit de nombreuses pièces et farces pour divertir le Roi et sa cour à Versailles. Ces pièces sont toujours mises en scène dans les théâtres aujourd’hui. Jean de La Fontaine (1621-1695) est un poète auteur de contes, de nouvelles et de fables. Les enfants apprennent souvent quelques-unes de ces fables à l’école : Le corbeau et le renard, Le loup et l’agneau, La cigale et la fourmi, Le lion et le rat…

Le château de Versailles, avec ses jardins, ses fontaines, ses sculptures, était une petite cité royale. Sa visite permet de mieux comprendre la vie du Roi et de sa cour de princes et princesses, de ducs et duchesses, de comtes et comtesses, de marquis et marquises…

Aux XVIIe et XVIIIe siècles, l’agriculture fait des progrès. On plante des pommes de terre, du maïs et de nouveaux légumes rapportés des Amériques.

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39 Ann Rocard et Nathalie Dupont - L’histoire entre en scène

Le prince Bachibouzouc Ann Rocard

En musique (par exemple, sur un air de Lully*), la comtesse de Machinchouette et le grand duc de Faucontruc* font les cent pas, en marchant bien en rythme. Quand elle parle, la comtesse déclame lentement avec de grands gestes ; le grand duc, lui, parle toujours en articulant de façon exagérée. DUC : Viendra-t-il ? Ne viendra-t-il pas ? COMTESSE : Mon cher duc de Faucontruc, ne soyez pas inquiet. Quand on s’appelle “prince Bachibouzouc”, on tient toujours ses promesses. DUC : Oh, ma chère comtesse de Machinchouette, comme vous parlez bien ! COMTESSE : D’ailleurs, j’entends du bruit. Le voici ! Le prince turc, Bachibouzouc*, entre à pas lents ; il porte des lunettes de soleil. Il zozote (par exemple, il prononce « bonzour » au lieu de « bonjour »). (Repère pour l’exercice page 83 : <<)

BACHIBOUZOUC : Bonjour, chers amis. COMTESSE et DUC : Bonjour, cher prince. COMTESSE : Vous avez l’air d’avoir très chaud. BACHIBOUZOUC : J’arrive de Versailles où j’ai longuement parlé avec le Roi Soleil. DUC : (admiratif) Avec le Roi-Soleil ! (En mimant, il fait comprendre le rapport entre soleil et lunettes.) Je comprends ! C’est la raison pour laquelle vous portez des lunettes noires. BACHIBOUZOUC : Bien sûr ! Louis XIV est quelqu’un de très brillant*. (Il porte la main à son front et crie.) Aaaaaaaah... COMTESSE : Il a dû attraper une insolation ! DUC : Isolation ? Indication ? Inondation ? COMTESSE : (en haussant les épaules) Un mauvais coup de soleil. DUC : Mais c’est très grave. Quelle abomination ! Bachibouzouc s’évanouit et tombe au ralenti. COMTESSE : Vite, allongeons-le sur un lit ! DUC : Oui, mais sans précipitation. La comtesse tire Bachibouzouc par les pieds.

DUC : Attention, vous allez lui faire mal ! COMTESSE : Vous pourriez peut-être m’aider à le transporter sans défriser votre magnifique perruque ?

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40 Ann Rocard et Nathalie Dupont - L’histoire entre en scène

DUC : Si vous y tenez. (repère : >>) La comtesse et le duc transportent Bachibouzouc sur un lit (banc). COMTESSE : Il faut appeler un médecin. DUC : Pas besoin, comtesse. Je suis très savant. COMTESSE : Quelle révélation, mon cher grand duc ! DUC : Tout d’abord, il faut que le réanimer... COMTESSE : (en se penchant au-dessus du visage du prince) Je vais lui faire du bouche-à-bouche... DUC : (en écartant la comtesse) Non, il respire à peine, mais il respire encore ! COMTESSE : (en papillonnant des cils) Dommage ! Je suis un peu déçue... (Elle lui lance un baiser du bout des doigts.)

En musique, le duc examine Bachibouzouc. Quand il lui touche le bras droit, le prince lève la jambe gauche, et inversement quand il lui touche le bras gauche, le prince lève la jambe droite. Cela plusieurs fois de suite. À chaque fois, le duc et la comtesse sursautent et s’écrient :

COMTESSE et DUC : Ouf, il n’est pas mort ! On frappe à la porte.

COMTESSE : Je vais ouvrir. La comtesse ouvre la porte (ou fait semblant d’ouvrir).

Musique terrible. Un brigand bondit dans la pièce, un pistolet à la main). Le duc et la comtesse sursautent et ils font un bond en arrière en gardant la bouche grande ouverte et les yeux écarquillés. BRIGAND : Ne bougez plus ! La comtesse et le duc restent en équilibre sur un pied. BRIGAND : Ne bougez plus ! Mais fermez la bouche, vous allez gober des mouches ! La comtesse et le duc referment la bouche. Ils restent en équilibre sur un pied. Attention : au théâtre, quand le personnage chuchote, l’acteur parle assez fort pour que le public l’entende, en faisant un geste pour montrer qu’il s’agit d’un chuchotement.

DUC : (Il se penche discrètement vers la comtesse et chuchote.) Qui est-ce ? COMTESSE : (en chuchotant) Un brigand. DUC : (en chuchotant et bégayant) Un bri... Un bribri... Un grand bi... Un brigand ! Bachibouzouc lève une jambe de temps en temps.

BRIGAND : (à Bachibouzouc) J’ai dit : ne bougez plus !

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DUC : (en bégayant) Ne... Ne vous zozo... Ne vous occupez pas de lui, il est presque momo... BRIGAND : Momo ? DUC : Presque mort. BRIGAND : Vous l’avez tué ? COMTESSE : Pas du tout ! Il a attrapé un mauvais coup de soleil à Versailles. BRIGAND : Voilà le résultat quand on mène la vie de château* ! COMTESSE : Vous devriez avoir honte de vous moquer d’un prince. BRIGAND : Un prince qui vit aux frais de la princesse, évidemment ! La comtesse et le duc baissent lentement leurs jambes. BRIGAND : (en criant) Je répète : ne bougez plus ! DUC : Nous ne sommes pas sourds... mais mais... BRIGAND : Mémé ? DUC : Mais en équilibre instable*. COMTESSE : Que voulez-vous ? BRIGAND : Tout ce que vous possédez ! DUC : Tout ? Tout ? BRIGAND : Quel toutou ? Un chien, où çà ? DUC : Il n’y n’y... Il n’y en a pas... BRIGAND : (en grondant) Je veux tout ! COMTESSE : (en le montrant) Mes bijoux se trouvent dans ce coffre. BRIGAND : (en poussant le duc et la comtesse contre le mur) Restez là ! COMTESSE : Sur un ou deux pieds ? DUC : On ne ne... On ne sait plus sur quel pied danser*... BRIGAND : Silence ! (Il répète en tapant du pied.) Silence ! Le brigand leur tourne le dos et se dirige vers le coffre. La comtesse lui fait un pied de nez et le duc lui donne de loin un coup de pied. Le brigand se retourne ; la comtesse se gratte le bout du nez et le duc nettoie son soulier. Cela plusieurs fois de suite. BRIGAND : (en ordonnant d’un ton féroce) Je vous ai à l’œil ! DUC : (Il rit jaune.) Hi hi hi... Bon bon... BRIGAND : Bonbon ? DUC : (Il rit jaune.) Hi hi hi... Bon pied bon œil* ! BRIGAND : J’ai dit : silence ! (en s’approchant du coffre) On ne danse pas ! On ne bouge pas ! On ne rit pas ! On ne parle pas !

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42 Ann Rocard et Nathalie Dupont - L’histoire entre en scène

Musique. Le brigand ouvre le coffre, sort un collier (par exemple une guirlande de boules dorées ou argentées qui sert de décoration de Noël) et il le regarde, l’air ravi. Bachibouzouc se réveille. En silence, il fait quelques mouvements de karaté ou d’un autre sport de combat. Il se dirige sans bruit vers le brigand qu’il pousse dans le coffre (sans lui faire mal).

BRIGAND : (en gémissant) Ouille, ouille, ouille ! BACHIBOUZOUC : (en montrant son propre crâne) De la réflexion naît l’action ! Bachibouzouc fait encore quelques mouvements de karaté en poussant des cris bizarres. La tête dans le coffre et jambes en l’air, le brigand agite les pieds.

BACHIBOUZOUC : Ah yok ! Hiiiiiiii zouc ! (Le brigand disparaît dans le coffre.) Tous les coups sont permis, sauf les coups de soleil ! (Il referme le coffre et se frotte les mains, en éclatant de rire.) COMTESSE : Quelle joie ! Cher ami, vous êtes guéri. DUC : Et vous venez de nous débarrasser de cet affreux brigand. Félicitations ! BACHIBOUZOUC : (toujours en zozotant) Je crois que je ne supporte plus la chaleur. Je vais partir en voyage dans les pays froids. Venez avec moi, chère comtesse. COMTESSE : Avec plaisir. DUC : Et moi ? BACHIBOUZOUC : Je suis bon prince*, je vous laisse ma place. (Il lui tend ses lunettes noires.) Allez donc faire un tour au château de Versailles. Si vous n’attrapez pas d’insolation, vous y serez heureux comme un roi*. Ça va de soi ! Bachibouzouc et la comtesse s’en vont. Le duc met les lunettes et s’immobilise. Noir.

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43 Ann Rocard et Nathalie Dupont - L’histoire entre en scène

Mini-dico : * La chouette, le grand-duc et le faucon : Ces trois oiseaux sont des rapaces. * Jean-Baptiste Lully : Compositeur italien naturalisé français (1632-1687). Il a été le surintendant de la Musique du roi Louis XIV. Il a aussi composé des ballets et divertissements pour les comédies de Molière. * Un bachi-bouzouk : Cavalier de l’ancienne armée turque, enrôlé en temps de guerre. Ce mot vient d’un mot turc qui signifie “mauvaise tête”. * Quelqu’un de brillant : c’est quelqu’un de spirituel ou doué (sens figuré). * Personne ou objet en équilibre instable : Qui peut tomber d’un moment à l’autre. * Ne pas savoir sur quel pied danser : Être embarrassé (sens figuré). * La vie de château : Une vie agréable. * Aux frais de la princesse : Aux frais du gouvernement. * Bon prince : Personne d’un caractère généreux, accommodant (sens figuré). * Heureux comme un roi : Très heureux.

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44 Ann Rocard et Nathalie Dupont - L’histoire entre en scène

Approche historique (Nathalie Dupont)

La Révolution française, c’est l’ensemble des mouvements révolutionnaires qui se sont déroulés pendant 10 ans, entre 1789 et 1799. Les historiens considèrent qu’ils ont mis fin à la société de L’Ancien Régime (voir page 76).

En 1789, le royaume de France est le plus peuplé d’Europe avec 28 millions d’habitants. La vie est difficile pour beaucoup de gens. Les terres appartiennent toujours à des seigneurs nobles, qui perçoivent auprès des paysans, des impôts en argent, en nature (récoltes, animaux), en corvées (des journées de travail obligatoire pour le seigneur) ou encore des impôts pour l’utilisation obligatoire du moulin, du four et du pressoir du seigneur. Les paysans payent en plus des impôts au roi et au clergé. Ils sont désespérés par leur vie misérable, par les injustices et par les grandes différences de richesse. Ils vont écrire des cahiers de doléances pour se plaindre et ils vont se révolter.

Une suite d’évènements et de décisions va transformer leur vie :

Le 5 mai 1789, les Etats généraux se réunissent ; ils constituent une Assemblée nationale de députés avec des représentants de la noblesse, du clergé et du tiers état. Le 14 juillet 1789, le peuple prend le contrôle de la prison Bastille qui est le symbole du pouvoir royal. Le 4 août 1789, les privilèges (les avantages) des nobles sont abolis. Le 26 août 1789, la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen est rédigée. L’article Premier déclare que « Tous les hommes naissent libres et égaux en droits. »

La liberté signifie que chaque citoyen peut faire tout ce qui n’est pas contraire à la loi et qui ne nuit pas aux autres. L’égalité indique que les citoyens sont égaux en droits. Et les révolutionnaires pensent qu’il doit exister des liens de fraternité, de solidarité, d’entraide et d’amitié entre les êtres humains.

Le 22 septembre 1792, c’est l’an 1 de la République. Au contraire de la Monarchie, le pouvoir est partagé et le chef est élu ; il ne devient plus roi parce que son père était roi. Mais le 18 brumaire 1799 (9 novembre), le général Bonaparte s’oppose à la République et devient Premier Consul (dirigeant) de la France.

Aujourd’hui quelles sont les traces de la vie de cette époque ?

La France a été découpée différemment. En 1790, les “départements” remplacent les “pays” des seigneurs et les provinces des nobles. Les “communes” remplacent les “paroisses” des prêtres ou des évêques. Le drapeau bleu blanc rouge et l’hymne de la Marseillaise (1792) deviennent des symboles de la France.

Les objets, les livres et les œuvres d’art qui appartenaient au roi, aux nobles ou au clergé sont installés dans des musées ou des bibliothèques pour être partagés avec tout le monde.

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45 Ann Rocard et Nathalie Dupont - L’histoire entre en scène

Tribunal révolutionnaire Ann Rocard

Le président et ses assesseurs* s’assoient derrière la table. L’avocat de la défense et Fouquier-Tinville les rejoignent. PRÉSIDENT : Qui jugeons-nous aujourd’hui ? ASSESSEURS : Oui, qui jugeons-nous aujourd’hui ? FOUQUIER-TINVILLE : Le citoyen Chausson et la citoyenne Pantoufle, des je-ne-sais-quoi, tous les deux bons pour la guillotine. AVOCAT : Je proteste, citoyen Président ! Ils sont soupçonnés, mais pas encore coupables. PRÉSIDENT : Citoyen Fouquier-Tinville, donnez une chance aux accusés, aussi petite soit-elle. ASSESSEURS : Aussi petite soit-elle ! PRÉSIDENT : Appelez le citoyen Chausson ! ASSESSEURS : Appelez le citoyen Chausson ! PRÉSIDENT : (aux assesseurs) On a compris. ASSESSEURS : On a compris. Le Président leur lance un regard noir. Chausson entre, chaussures aux pieds.

FOUQUIER-TINVILLE : Est-ce vous, le citoyen Chausson ? CHAUSSON : Oui... FOUQUIER-TINVILLE : Vous avez été dénoncé par votre voisin, le citoyen Chaussette. AVOCAT : Je proteste ! Le citoyen Chausson est un brillant porte-parole et un bon révolutionnaire. Liberté, égalité, fraternité ! PRÉSIDENT : Quel est le motif d’accusation ? FOUQUIER-TINVILLE : Le citoyen Chausson porte des souliers, ce qui n’est pas conforme à son nom. AVOCAT : Je proteste ! Le citoyen Chaussette est un va-nu-pieds*, jaloux de ses voisins. D’ailleurs, il a aussi dénoncé la citoyenne Pantoufle. PRÉSIDENT : Faites-la entrer. La citoyenne Pantoufle entre, pieds nus. Elle fait des va-et-vient sur la scène.

FOUQUIER-TINVILLE : (à Pantoufle) Arrêtez-la ! ASSESSEURS : C’est déjà fait.

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FOUQUIER-TINVILLE : Empêchez-la de bouger ! (Pantoufle s’immobilise) Vous parliez de va-nu-pieds, citoyen avocat ? en montrant Pantoufle) Encore une citoyenne qui n’est pas conforme à son nom. CHAUSSON : Objection ! Est-ce que je peux poser une question ? FOUQUIER-TINVILLE : C’est moi qui pose les questions, ici ! CHAUSSON : Mais c’est moi qu’on juge, et je veux parler ! (Il se lève.) PRÉSIDENT : Accordé ! CHAUSSON : Comment vous appelez-vous, monsieur le président ? PRÉSIDENT : Je ne comprends pas... CHAUSSON : Quel est votre nom ? PRÉSIDENT : Président Souris. CHAUSSON : Je ne vois pas vos moustaches ni votre museau pointu... FOUQUIER-TINVILLE : L’accusé se moque de nous ! C’est un trouble-fête ! CHAUSSON : Si mon avocat s’appelait le citoyen Chat, il ne ferait qu’une bouchée de vous, Président Souris ! Pourtant, vous êtes un bon révolutionnaire. FOUQUIER-TINVILLE : (en rage) Objection ! C’est une honte ! Silence ! Qu’on le fasse taire ! Qu’on lui coupe le cou ! PRÉSIDENT : Objection refusée ! C’est une démonstration très intéressante. CHAUSSON : Connaissez-vous aussi la citoyenne Beauté qui est moche comme un pou, le citoyen Diablotin qui a une figure d’ange... et le citoyen Cocovin dont le crâne ressemble à un œuf et qui est une vraie poule mouillée ? AVOCAT : Laissez-moi m’exprimer ! Je suis avocat à la Cour, pas à la basse-cour ! CHAUSSON : (sans s’occuper de l’avocat) Avez-vous entendu parler du citoyen Sansouci qui mène une vie en dents de scie*... et de la citoyenne Sirène qui fait des queues de poisson ? AVOCAT : (en l’interrompant) Je suis votre avocat... et croyez-moi, ce n’est pas facile. CHAUSSON : (à l’avocat) Fini, terminé ! Je ne suis plus d’accord. Prenez ma place ! AVOCAT : Quoi ? Il n’y a plus de justice... Chausson enfile la veste de l’avocat, puis le force à s’asseoir à sa place. Les assesseurs et le président parlent pendant que Chausson s’habille. ASSESSEURS : (surpris) C’est une révolte ? PRÉSIDENT : Non, c’est une révolution* ! CHAUSSON : Maintenant, c’est moi l’avocat de la défense. À nous deux, citoyen Fouquier-Tinville ! FOUQUIER-TINVILLE : Citoyen président, il faut guillotiner cet hurluberlu immédiatement !

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PRÉSIDENT : Certainement pas ! Il emploie une méthode révolutionnaire : de l’audace, encore de l’audace, toujours de l’audace* ! ASSESSEURS : (au public) C’est de Danton, dit-on ! PRÉSIDENT : Cette plaidoirie est un chef-d’œuvre ! Je n’ai jamais vu de meilleur avocat. Je vous écoute, citoyen Chausson. CHAUSSON : (en montrant son avocat) Regardez ce pauvre homme ! Un avocat qui ne défend plus. Un éléphant sans défense... (sort son mouchoir) Citoyen président, Il ne faut pas trop mal le juger, car dans sa grosse tête se cache une cervelle de moineau, un pois chiche ! (en sanglotant) Citoyen président, un pois chiche ! Tout le monde commence à pleurer, sauf Fouquier-Tinville, au garde-à-vous, raide comme une statue.

CHAUSSON : Et la citoyenne Pantoufle qui possédait des bottes de sept lieues... PANTOUFLE : (étonnée) Moi ? CHAUSSON : La pauvre citoyenne Pantoufle a dû les offrir à son poissonnier en échange de quelques poissons-chats... (en sanglotant de plus belle) des poissons pourris, citoyen président ! Des poissons pourris ! PANTOUFLE : (en chuchotant) Ce n’est pas vrai... CHAUSSON : (discrètement, à Pantoufle) Chut ! Je suis en train de sauver votre tête. (tout fort) Des poissons pourris ! Et maintenant, elle va prendre froid, car elle n’a plus rien pour protéger ses petits pieds glacés. Le président pleure et se mouche. Tout le monde fait de même, sauf Fouquier-Tinville.

PRÉSIDENT : Qu’avez-vous à dire pour votre défense, citoyenne Pantoufle ? PANTOUFLE : Mon papa était cordonnier. PRÉSIDENT : Ce sont les cordonniers les plus mal chaussés*. ASSESSEURS : (en approuvant) On est témoins. Le président pleure encore plus fort et tout le monde l’imite, sauf Fouquier-Tinville. PANTOUFLE : Ce n’est pas juste. Il n’y a même pas de déclaration des droits de la chaussure. CHAUSSON : (en ôtant ses souliers) Alors moi, son nouvel avocat, je lui donne mes souliers... PRÉSIDENT : Moi aussi ! ASSESSEURS : Nous aussi ! CHAUSSON : (en sortant un chausse-pied de sa poche) Et même mon chausse-pied. La citoyenne Pantoufle présente son panier devant les différents acteurs qui y mettent leurs souliers, sauf Fouquier-Tinville.

CHAUSSON : Citoyen président, je plaide non coupable pour mes deux clients. PRÉSIDENT : (Il tape sur la table.) Acquittés* !

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48 Ann Rocard et Nathalie Dupont - L’histoire entre en scène

FOUQUIER-TINVILLE : Mais je n’ai même pas eu le temps de parler ! Quel coupe-gorge* ! Je proteste ! Je vais déposer une requête*. ASSESSEURS : (étonnés) Il veut faire la quête ? Le Président leur lance un regard noir. PRÉSIDENT : Vous avez suffisamment parlé, citoyen Fouquier-Tinville... et vous continuerez demain ! Estimez-vous heureux qu’on ne vous guillotine pas à leur place ! ASSESSEURS : Couic ! PRÉSIDENT : (aux assesseurs) On a compris. (à Fouquier-Tinville) N’oubliez pas que c’est la Terreur ! ASSESSEURS : Qui va à la fête perd la tête ! (Ils applaudissent.) Le Président leur lance un regard noir. Fouquier-Tinville porte les mains à son cou et sort en claquant des talons. AVOCAT et PANTOUFLE : (en serrant les mains de Chausson) Merci, citoyen ! C’était magnifique. CHAUSSON : Je n’ai fait que mon devoir. Rendez-vous demain, citoyen président. PRÉSIDENT : À demain ! Et n’oubliez pas vos pommes ! ASSESSEURS, AVOCAT et PANTOUFLE : Ses pommes ? CHAUSSON : Mes quoi ? PRÉSIDENT : Vos pommes, citoyen Chausson* ! Le Président et les assesseurs sortent en chantonnant sur l’air de la Marseillaise : PRÉSIDENT et ASSESSEURS : Pom pom pom pom pom pom pom... Noir.

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49 Ann Rocard et Nathalie Dupont - L’histoire entre en scène

Mini-dico : * Un assesseur : Un juge siégeant à côté du président. * Un va-nu-pieds : Une personne très pauvre, un vagabond. * En dents de scie : Qui a une forme découpée (sens propre). Irrégulier (sens figuré). * C’est une révolte ? Non, sire , c’est une révolution* ! : Dialogue entre Louis XVI et La Rochefoucault-Liancourt, grand maître de la garde-robe, annonçant la prise de la Bastille le 14 juillet 1789. * De l’audace, encore de l’audace, toujours de l’audace ! : Danton finit ainsi son discours du 2 septembre 1792 à l’Assemblée législative. * Les cordonniers sont toujours les plus mal chaussés : En général, on ne profite pas des produits de son propre métier. * Un coupe-gorge : Un lieu dangereux, fréquenté par des malfaiteurs. * Une requête : Une demande écrite pour réclamer quelque chose. * Acquitté : Déclaré non coupable. * Un chausson aux pommes : Pâtisserie formée d’un rond de pâte feuilletée, repliée et farcie de compote de pommes.

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50 Ann Rocard et Nathalie Dupont - L’histoire entre en scène

Approche historique (Nathalie Dupont)

La vie politique en France pendant la première moitié du XIXe siècle est compliquée. En 1799, le général Bonaparte devient Consul, puis le 2 décembre 1804, l’empereur Napoléon 1er de tous les Français et enfin, roi d’Italie en 1805. C’est un chef autoritaire qui veut conquérir le monde. Il engage des guerres pour avoir un immense empire. Mais à partir de 1812, il subit de terribles défaites et la France sera même envahie et vaincue. Après avoir été le petit roi de l’île d’Elbe (entre la Corse et l’Italie), il meurt en 1815 sur l’île de Sainte-Hélène (au milieu de l’Océan Atlantique entre l’Afrique et le Brésil). C’est alors le retour de la Monarchie. Les rois Louis XVIII, Charles X et Louis-Philippe sont les trois rois jusqu’à la révolution de 1848, puis la seconde république en 1850.

Au XIXe siècle, la vie quotidienne est encore difficile pour une grande partie de la population. Il n’y a pas assez de travail pour tous et la misère pousse les gens des campagnes vers les villes : c’est l’exode rural. Ils sont attirés par les usines et les activités qui demandent beaucoup de main-d’œuvre : la construction des habitations et des écoles, les installations pour le passage du nouveau chemin de fer, l’amélioration des routes ou le développement de la poste. Des enfants, dès l’âge de 8 ans, travaillent dans les ateliers ou les mines, quelquefois plus de 15 heures par jour. Ils mangent très mal et sont souvent malades.

Cependant la population est aussi composée de riches aristocrates qui ont fait fortune dans le commerce, les industries ou certaines professions (médecin, banquier…)

Il y a aussi l’école. Napoléon 1er s’intéresse seulement aux bourgeois et il crée pour eux des collèges et des lycées presque militaires. En 1833, une loi permet le développement des écoles pour tous, même pour les filles à partir de 1836. En 1870, l’éducation devient publique, c’est-à-dire qu’elle s’adresse à tous les enfants. Donc l’école est gratuite pour que ceux qui n’ont pas d’argent puissent y aller. Elle est laïque pour ne pas mélanger l’apprentissage des connaissances et les questions de la religion. Elle est obligatoire à partir de 1882, mais de nombreux enfants ne vont pas encore à l’école.

Aujourd’hui quelles sont les traces de la vie de la vie à cette époque ?

En 1798-1799, Napoléon Bonaparte a guerroyé en Égypte. Des savants l’ont accompagné. Ces égyptologues et archéologues se sont passionnés pour les traces de l’ancienne Égypte. En particulier Jean-François Champollion (1790-1832) qui a réussi à déchiffrer les signes de l’écriture égyptienne, vieille de 5000 ans (les hiéroglyphes). À Paris se dresse l’obélisque, offert à la France en 1831 par Muhammad Ali, Vice-roi et Pacha d'Égypte Cette grande pierre, gravée de hiéroglyphes, était un symbole du soleil pour les anciens Égyptiens.

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51 Ann Rocard et Nathalie Dupont - L’histoire entre en scène

Mais qui est donc Napoléon ? Ann Rocard

JOSÉPHINE : Mon journal “On ne vous cache rien !” m’a chargée d’interviewer Napoléon. Oui, l’empereur en personne ! Mais il n’est jamais chez lui. Je le cherche de ville en ville, de pays en pays. Il paraît qu’aujourd’hui, il se trouve ici incognito*. Comment le reconnaître ? (Elle fait les cent pas en réfléchissant.) Je sais ! (en mimant) Il se tient toujours comme ça, la main sur l’estomac. Une vieille dame arrive, une main sur l’estomac.

JOSÉPHINE : Ce n’est pas lui. À moins qu’il ne soit très bien déguisé. VIEILLE DAME : J’y étais à Austerlitz. J’y étais... JOSÉPHINE : (discrètement) C’est bien l’empereur déguisé en femme. (en s’approchant) Puis-je vous poser quelques questions ? VIEILLE DAME : (la main libre près de son oreille) Pardon ? JOSÉPHINE : Étiez-vous fier d’avoir gagné cette bataille ? VIEILLE DAME : Vous me traitez de sorcière qui sent l’ail ? JOSÉPHINE : (très fort) Pas du tout ! Je vous parle de la bataille d’Austerlitz*. VIEILLE DAME : (en s’éloignant) Austerlitz ? Ah, c’était le bon temps. J’étais cantinière. Je faisais la cuisine pour les soldats, de bons petits plats à l’ail, naturellement ! JOSÉPHINE : J’ai l’impression d’avoir commis une erreur... Ah, voilà quelqu’un d’autre. C’est bien un homme, cette fois-ci. MÉDECIN : (une main sur l’estomac) Ah, là, là, là, là... JOSÉPHINE : Vous ne vous sentez pas bien ? MÉDECIN : (en gémissant bruyamment) J’ai mal... JOSÉPHINE : À l’estomac ? MÉDECIN : Oui, terriblement. Comment le savez-vous ? JOSÉPHINE : J’ai vu votre main. Puis-je vous interroger ? MÉDECIN : Rapidement. JOSÉPHINE : Étiez-vous-vous à Austerlitz ? (en aparté) Deux précautions valent mieux qu’une. MÉDECIN : (en haussant les épaules) Évidemment ! Quelle question ! JOSÉPHINE : (en aparté) Donc c’est bien lui. (fort) La bataille a-t-elle été chaude ? MÉDECIN : J’ai eu un travail fou, il faut bien l’avouer. Aïe ! Ma douleur me reprend. JOSÉPHINE : Il faut vous faire soigner par votre médecin. C’est bien connu : le médecin de l’empereur est le meilleur de France.

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52 Ann Rocard et Nathalie Dupont - L’histoire entre en scène

MÉDECIN : (en faisant demi-tour) Ah, oui ? Je vous remercie. (Il sourit gentiment.) Car le médecin de Napoléon, c’est moi ! JOSÉPHINE : J’ai encore commis une erreur. Mais où est donc Napoléon ? NAPOLÉON : Ici ! Joséphine se retourne, regarde Napoléon d’un air soupçonneux.

JOSÉPHINE : Jamais deux sans trois ! NAPOLÉON : Que racontez-vous ? JOSÉPHINE : Je ne suis pas du tout sûre que vous soyez bien Napoléon. NAPOLÉON : Ah, ah, ah ! Et vous, qui êtes-vous ? JOSÉPHINE : Joséphine ! NAPOLÉON : Je ne vous crois pas. JOSÉPHINE : Si, Joséphine, journaliste du “On ne vous cache rien !” NAPOLÉON : Mais vous, vous me cachez tout ! JOSÉPHINE : Que voulez-vous dire ? NAPOLÉON : Sauriez-vous lire l’avenir dans les lignes de la main ? JOSÉPHINE : Bien sûr ! (Elle prend la main libre de Napoléon et l’observe attentivement.) Je vois des conquêtes, des exploits, des batailles ! NAPOLÉON : Ça, on le sait déjà. JOSÉPHINE : D’abord, tout va bien ! Les victoires se succèdent, et puis ça se gâte... NAPOLÉON : Qu’est-ce que cela veut dire : ça se gâte ? JOSÉPHINE : Je vois des défaites... NAPOLÉON : Impossible ! JOSÉPHINE : Je vois deux îles et vous, debout, seul sur une plage... NAPOLÉON : (en retirant sa main) Vous êtes complètement folle. Si vous continuez à proférer* de pareilles bêtises, je vous fais jeter en prison. Adieu ! Napoléon fait demi-tour et s’en va. Joséphine écrit des mots sur un carnet. JOSÉPHINE : Je pourrais écrire un superbe article, mais personne ne me croirait. (Elle bâille.) Il est tard et j’ai commis assez d’erreurs pour aujourd’hui. Joséphine range son carnet et son crayon, pose un chapeau de Napoléon sur sa tête, place sa main sur l’estomac et s’en va lentement. Noir.

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53 Ann Rocard et Nathalie Dupont - L’histoire entre en scène

Mini-dico : * Incognito : Sans être reconnu. * Bataille d’Austerliz : Victoire de Napoléon sur les empereurs d’Autriche et de Russie, le 2 décembre 1805, à Austerliz (qui se trouve actuellement en Moravie, une région de la République tchèque). * Proférer : Dire, articuler à voix haute.

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54 Ann Rocard et Nathalie Dupont - L’histoire entre en scène

Approche historique (Nathalie Dupont)

En Californie, dans les années 1850 pendant une quinzaine d’années, c’est la ruée vers l’or. Quelques pépites ont été trouvées. Les rumeurs disent qu’il est possible d’en ramasser plein et de devenir très riche. Des milliers de Mexicains, Péruviens, Australiens, Chinois… et immigrants venus d’Europe partent en Amérique. Certains voyagent par bateau jusqu’à San Francisco, d’autres traversent les États-Unis, en convois de chariots depuis l’Océan Atlantique jusqu’à l’Océan Pacifique. Ils creusent la terre ou filtrent l’eau des rivières pour récupérer des pépites d’or. Des camps et des villages s’installent très rapidement avec des épiceries, des blanchisseries, des hôtels et des saloons, des magasins qui vendent des pelles, des tamis et des tentes…

Depuis 30 000 ans, les Amérindiens sont installés sur tout le continent américain. Ils constituent des peuples et des tribus différentes : les Apaches, les Sioux, les Chiricahuas, les Cheyennes, les Pawnees, les Blackfeet… (en Amérique du Nord) ; les Mayas, les Incas… (en Amérique du Centre et du Sud). Au cours du XIXe siècle, ils font des échanges avec les blancs : chevaux contre carabines, couteaux et cartouches contre peaux de bison ou fourrures de loup. Mais de plus en plus de convois de chariots traversent les territoires des Indiens sans les respecter. Ils sont protégés par les Tuniques bleues de la cavalerie américaine qui n’hésitent pas à massacrer les Amérindiens et à brûler leurs villages. Sept millions de fermiers s’installent ainsi sur les terres fertiles des Amérindiens qu’ils déplacent dans des réserves loin de chez eux. Ils ont colonisé le Far West, ce qui signifie l’ouest lointain de l’Amérique.

Aujourd’hui quelles sont les traces de la vie de cette époque en Amérique (à la fin du XIXe et au début XXe siècle) ?

Des villes construites et abandonnées très vite par les chercheurs d’or existent encore dans le désert américain. Ce sont aujourd’hui des villes fantômes.

Les westerns sont des films qui racontent la vie en Amérique au XIXe siècle. Il y est souvent question des guerres entre les Amérindiens et les cowboys (fermiers gardiens des troupeaux de vaches)

Voici ce qu’a dit Crowfoot (Pied de corbeau), chef des Blackfeet (pieds noirs) : « Qu’est-ce que la vie ? C’est l’éclat d’une luciole dans la nuit. C’est le souffle d’un bison en hiver. C’est la petite ombre qui court dans l’herbe Et se perd au coucher du soleil. »

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55 Ann Rocard et Nathalie Dupont - L’histoire entre en scène

Ne tirez pas sur le piano ! Ann Rocard

Max balaie, puis range le bar, tout en grognant. MAX : Jamais à l’heure, ce pianiste de malheur ! JO : (entre lentement) Salut, patron ! MAX : J’ai failli attendre. Salut, Jo ! JO : Qui va piano va solo*, ce qui signifie... MAX : Qui va doucement va sûrement ! Tu le dis chaque jour. Tu radotes, mon pauvre Jo. JO : Oui, patron. (au public) Je préfère ne pas le mettre de mauvaise humeur. (en montrant Max) Max-la-menace est connu pour son tempérament bagarreur. MAX : (mécontent) Qu’est-ce que tu racontes ? JO : L’heure, c’est l’heure ! MAX : J’allais le dire. (en montrant le piano) Alors, qu’attends-tu ? JO : Je ne peux pas aller plus vite que la musique*... Max range. Jo s’assied lentement devant le piano, puis joue (ou fait semblant de jouer si la musique préenregistrée). C’est horriblement faux. JO : (Il sursaute et se lève en se bouchant les oreilles.) Aaaah ! Max sort ses revolvers et les pointe vers le piano. MAX : (en rugissant) Grrrr ! Que personne ne bouge ! Les femmes et les enfants d’abord ! Un pour tous et tous pour un* ! (bruitage : coup de revolver) JO : Pitié, patron ! Tu ne sais plus lire ? (en montrant la pancarte au-dessus du piano) C’est toi qui a rédigé cette pancarte. (Il lit difficilement en articulant et en montrant les mots au fur et à mesure.) Ne tirez pas sur le piano ! MAX : Il est faux, archi-faux ! Il me casse les oreilles... (en pointant les revolvers vers Jo) à moins que ce ne soit toi qui ne saches plus jouer ? JO : Non, non... Le piano est désaccordé, je te l’accorde*. MAX : (l’air menaçant) Fais ce qu’il faut pour protéger mes petits tympans fragiles ! JO : Mais, patron, je suis musicien. Je n’ai pas plusieurs cordes à mon arc*... L’Indien Tipi-Pourra apparaît sur le seuil du saloon, un arc à la main, des flèches et un plumeau dans son carquois. Il est chaussé de mocassins et porte un bandeau avec trois plumes. TIPI-POURRA : Moi, si ! JO : (Il s’approche de l’Indien et regarde l’arc de près.) Je n’en vois qu’une.

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56 Ann Rocard et Nathalie Dupont - L’histoire entre en scène

TIPI-POURRA : Façon de parler, visage pâle comme un cachet d’aspirine ! (Il lève la main droite.) Ugh ! JO : Moi, c’est Jo, pas Hugues. TIPI-POURRA : (en se présentant) Moi, Tipi-Pourra. Ugh, salut à toi ! JO : (en montrant Max) Lui, c’est Max-la-menace. TIPI-POURRA : Ugh ! MAX : Quel est le rapport avec le piano ? INDIEN : (en prenant le plumeau dans son carquois) Moi, grand spécialiste du plumeau ! (Il époussette le piano.) JO : Attention ! Pas touche ! TIPI-POURRA : Touche blanche ? Touche noire ? (Il rit jaune.) Ah ah ah ! Visage pâle comme un navet a beaucoup d’humour. (Il rit jaune.) Ah ah ah ! JO : Je ne l’ai pas fait exprès. MAX : (en s’énervant) Quel est le rapport avec le piano ? JO : Range tes revolvers, patron, ou notre visiteur va y laisser des plumes*. TIPI-POURRA : (Il rit jaune.) Des plumes : ah ah ah ! (Il arrête de rire et prend un air sérieux.) Trêve de plaisanterie ! L’Indien Tipi-Pourra fait semblant de toucher quelque chose dans le piano (bruitage bizarre). Jo a l’air inquiet. TIPI-POURRA : Visage pâle comme la neige peut reprendre sa place (Il montre à Jo le siège devant le piano.) JO : (admiratif) Vous parlez vraiment bien. (Il s’assoit devant le piano.) TIPI-POURRA : Moi avoir suivi des cours par correspondance, avec ma squaw*. (en mimant) Signaux de fumée hebdomadaires. MAX : Des dromadaires à présent ? Quel est le rapport avec le... JO : (en l’interrompant) Patron ! Bouchez vos oreilles au cas où il y aurait encore un petit problème... (Il montre le piano.) Max range ses revolvers et se bouche les oreilles. Musique. Jo joue ou fait semblant de jouer du piano. Max débouche l’une de ses oreilles, puis l’autre, l’air content. Éventuellement, Max et l’Indien dansent. TIPI-POURRA : (en tapant en rythme sur ses cuisses) Moi aimer la musique. (Il sourit et s’arrête de taper.) Moi me sentir léger comme une plume*. JO : (en regardant le bandeau de l’Indien) J’en vois trois. TIPI-POURRA : Façon de parler, visage pâle comme le corozo ! MAX : (en écarquillant un peu les yeux) Mon pauvre Jo, cet Indien te traite de zozo... ou je n’ai pas tout compris ?

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57 Ann Rocard et Nathalie Dupont - L’histoire entre en scène

TIPI-POURRA : Le corozo s’appelle aussi l’ivoire végétal. MAX : (en écarquillant beaucoup les yeux) Hein ? TIPI-POURRA : C’est une substance très dure et blanche de la graine du phytéléphas... MAX : (en sautant sur place) Je craque ! (sort ses revolvers) Faites-le taire ! Il parle comme un dictionnaire ! JO : Laisse-le terminer, patron ! Pour une fois qu’un homme cultivé met les pieds dans ce saloon. TIPI-POURRA : Le phytéléphas étant un palmier d’Amérique tropicale. Bruitage terrible. Musique dramatique. Max tourne sur lui-même, les revolvers levés. Jo se cache sous une table en tremblant. L’Indien utilise son plumeau comme flèche et tire vers la porte du saloon. On entend un cri perçant, suivi d’un gros boum. JO : (Il sort lentement de sa cachette et se relève en tremblant.) Qu’est-ce que c’était ? Mais qu’est-ce que c’était ? MAX : Arrête de radoter, mon pauvre Jo. Max va voir derrière la porte du saloon. MAX : C’était l’ennemi public numéro 472. JO : (en tremblant) C’était... ? MAX : Oui, il est mort d’un coup de plumeau. Félicitations, grand chef ! TIPI-POURRA : (l’air modeste) Facile comme ugh. MAX : Hein ? TIPI-POURRA : (l’air modeste) Facile comme bonjour. JO : (admiratif) D’un coup de plumeau ? (à Tipi-Pourra) Vous faites flèche de tout bois* ! Ouaaaah ! TIPI-POURRA : (en riant jaune) Ah, ah, ah ! Flèche de tout bois : ah ah ah ! Visage pâle comme du lait de coco n’étant plus la corde raide*... MAX : Au secours ! Aidez-moi ! Je n’y comprends goutte... (Il jette un coup d’œil dans une bouteille.) Mes petits tympans fragiles sont au bord du goulot*, non du gouffre*... JO : Calme-toi, patron ! Relax, Max ! Zen ! Laisse-le terminer ; il a peut-être le mot de la fin* à nous confier. TIPI-POURRA : Merci. Ugh ! Donc, le visage pâle n’étant plus sur la corde raide (en faisant mine de tenir des revolvers), c’est-à-dire dans une situation dangereuse, moi filer là où le devoir m’appelle ! (Il montre le fond de la salle.) Parole d’Indien, moi, être rapide comme une......... ! Musique de piano très rapide. L’Indien sort, traverse la salle à toute vitesse et disparaît. JO et MAX : Flèche* !

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58 Ann Rocard et Nathalie Dupont - L’histoire entre en scène

Éventuellement danseuses de saloon s’il y a des figurantes disponibles. Noir. ----------------- Mini-dico : * Qui va piano va solo : Qui va doucement va sûrement. * Aller plus vite que la musique : Aller très vite. * Les femmes et les enfants d’abord : C’est sur un bateau ce qu’on dit quand il y a un naufrage. * Un pour tous et tous pour un ! : Devise des Trois Mousquetaires. * Je te l’accorde : Je le reconnais, je suis d’accord. * Avoir plusieurs cordes à son arc : Avoir plusieurs moyens d’action, savoir faire plusieurs choses (sens figuré). * Laisser des plumes : Ne pas se tirer d’une situation sans perdre quelque chose. * La squaw : L’épouse d’un Indien. * Léger comme une plume : Très léger. * Faire flèche de tout bois : Mettre tous les moyens en œuvre pour réussir. * Être sur la corde raide : Être dans une situation dangereuse. * Le goulot de la bouteille : Le trou, l’ouverture étroite. * Au bord du gouffre : devant un danger très proche. * Le mot de la fin : L’explication finale. * Rapide comme une flèche : Très rapide.

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59 Ann Rocard et Nathalie Dupont - L’histoire entre en scène

Approche historique (Nathalie Dupont) Après un XXe siècle marqué par des guerres terribles, que cherche l’homme en ce début du 21ème siècle ? Il veut aller toujours plus haut pour explorer l’infiniment grand de l’univers (il a posé le pied sur la Lune pour la première fois en 1969). Il s’enfonce toujours plus profond, à la découverte des fonds des océans. Avec les nouvelles technologies, il cherche à communiquer et à se déplacer toujours plus vite. Avec les nanotechnologies, il plonge dans les mondes de l’infiniment petit. Avec la médecine, il veut reculer plus loin les limites de la vie, pour vivre toujours plus vieux et en meilleure santé. Avec les physiciens, les astronomes, les météorologues, il aimerait contrôler les évènements du climat.

Mais aujourd’hui, quelles sont les perspectives pour la vie future ?

Les ressources et les chances sont très inégales sur la Terre. L’eau coule à flots pour les uns et est un bien précieux et rare pour les autres.

Le nombre d’habitants augmente sur la Terre. Mais la répartition de la nourriture n’est pas équitable. Les uns ont trop à manger et souffrent d’obésité ; les autres, à cause des famines ou de la confiscation de leurs terres, souffrent de la famine.

Les chances de se soigner et de guérir sont très différentes. Une partie de l’humanité, la plus développée, vit très âgée et recherche la jeunesse éternelle ; les plus pauvres ne peuvent pas se soigner contre de simples épidémies de rougeole et ils sont en grand danger face à des virus mortels comme le sida.

Par négligence, l’homme semble avoir détraqué le climat de sa planète. Il subit les cyclones, les tornades, les séismes, les tsunamis, le réchauffement …

Dans certains journaux du futur, les chercheurs présentent des projets de nouvelles façons de vivre. Grâce aux nanotechnologies, nos aliments pourraient devenir des produits synthétiques à partir d’éléments chimiques. Nous commençons à consommer de la nourriture clonée. Toute l’eau de la maison pourrait être récupérée et recyclée après utilisation. Les murs et les sols de la maison seraient revêtus d’une matière qui changerait de couleurs et de dessins quand on le voudrait, et ils se nettoieraient même tout seuls. Avec l’électronique, nos vêtements deviendraient intelligents. Ils réagiraient à la chaleur, à la lumière, à un contact, à un bruit ou de la musique. Un tee-shirt contrôlerait le rythme du cœur. Le manteau du cycliste ou du piéton s’éclairerait sous la pluie ou de nuit. De nouveaux tissus sont déjà fabriqués en fibres de maïs, de soja et de bambou.

Mais est-ce qu’avec toutes ces découvertes, la vie humaine serait meilleure pour tous ?

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60 Ann Rocard et Nathalie Dupont - L’histoire entre en scène

Le grand jour d’Alfred Ciboulo Ann Rocard

Jules balaie et époussette le laboratoire. Arrive le savant Ciboulo.

À chaque fois qu’il y a un bruitage, compléter par une ou plusieurs onomatopées entre les crochets [....]

JULES : Bonjour, chef ! CIBOULO : (en bougonnant) Bonjour, Jules. Ne m’appelez pas comme ça. JULES : Oui, chef. Mal dormi ? (Il lui tend une pilule.) Prenez une pilule Z66 au kiwi chimique* pour vous remettre en forme. Bruitage : [.............................................]. Ciboulo avale la pilule (réaction fulgurante). JULES : C’est l’une de vos meilleures inventions. CIBOULO : (en pleine forme) Exact, Jules ! JULES : Nous n’en n’avons presque plus en stock. CIBOULO : J’en referai cinq kilos. JULES : Qu’allez-vous fabriquer aujourd’hui ? CIBOULO : Je fourmille d’idées*. JULES : (en gigotant) Chic ! J’ai justement des fourmis* dans les jambes. Fourmis ailées ? (Il grimpe sur une chaise ou un banc.) J’ai envie de m’envoler... CIBOULO : (en l’interrompant) Gardez les pieds sur terre, Jules ! Jules obéit et saute. Ciboulo regarde le tableau « À FAIRE ». CIBOULO : Hum... (en lisant à voix haute) Pilule somnifère. JULES : C’est déjà fait. CIBOULO : Alors, effacez ça ! JULES : (en effaçant) Vous avez expérimenté la pilule Y-B12 sur votre oncle. (Il montre le rideau ou le paravent derrière lequel se trouve l’oncle Louis.) CIBOULO : Je l’avais complètement oublié ! (Il ouvre le rideau ou écarte le paravent derrière lequel se trouve l’oncle endormi.) Ciel, oncle Louis ! JULES : Pauvre de Louis ! (Il rit.) Il y a un hic*. CIBOULO : (en donnant des claques à l’oncle [.........................................]) Réveille-toi, tonton ! Jules s’approche pour claquer l’oncle.

JULES : Je peux ?

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CIBOULO : Non, c’est une histoire de famille ! (à l’oncle) Réveille-toi, tonton, ce n’était qu’une pilule de rien du tout. Du Y-B12. JULES : Une pilule kaki très efficace ! Vous êtes le meilleur, un super savant génial. CIBOULO : (catastrophé) Qu’est-ce que je vais faire de lui ? JULES : Poubelle ! CIBOULO : Silence, Jules ! Ou je vous cloue le bec* avec du X888 ! JULES : (en aparté, en croisant les bras, vexé) Quel drôle d’oiseau*, ce Ciboulo ! CIBOULO : (soupçonneux) Qu’ouïs-je* ? JULES : Rien. CIBOULO : (en montrant le tableau) Note, Jules ! Régler le problème de tonton Louis. Pendant que Jules écrit “Régler le problème de tonton Louis”, Ciboulo enfile une blouse et se prépare tout en parlant. CIBOULO : Le grand jour est arrivé ! Je vais enfin réaliser mon rêve : cloner le premier visiteur qui entrera ici. JULES : Essayez avec l’oncle Louis, il ne protestera pas en cas d’échec. CIBOULO : Silence, Jules ! Voici du X888 pour avoir la paix*. (Il lui lance des pilules X888.) Ma dernière création ! JULES : Chic, j’adore les sucreries. Merci, chef ! (Il fait semblant de placer une pilule sur sa langue.) Ça pique ! Jules fait semblant d’avaler la pilule : [......................], puis il parle, mais aucun son ne franchit ses lèvres.

On frappe : [....................................]. Ciboulo hausse les épaules et écrit sur le tableau : “Améliorer Jules”, pendant que Jules va ouvrir la porte. Guy entre, l’air très timide. Jules claque la porte : [...........................]. Guy sursaute.

GUY : Bonjour, monsieur. Êtes-vous bien le célèbre savant Alfred Ciboulo ? JULES : Cui cui. (Il fait non de la tête et montre Ciboulo.) GUY : (étonné) Il est cuit ? Qui l’eut cru ? En agitant les bras comme un oiseau, Jules va se placer derrière l’horloge.

CIBOULO : (en s’approchant de Guy) Bonjour, monsieur. Je suis Alfred Ciboulo. GUY : Quel grand honneur de vous rencontrer ! Je m’appelle monsieur Tard. Guy Tard. CIBOULO : (en montrant l’horloge) Il est pourtant tôt, monsieur Tard. N’est-ce pas, Jules ? Jules passe la tête par le trou de l’horloge : JULES : Coucou ! Coucou ! Coucou ! (Il disparaît.)

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GUY : (très surpris) Qu’a donc votre assistant, monsieur Ciboulo ? CIBOULO : Le bec cloué. GUY : Ah... (inquiet) Est-ce contagieux ? CIBOULO : Non, rassurez-vous. GUY : (Il aperçoit l’oncle et sursaute.) Et lui ? CIBOULO : Louis ? Il avait faim. GUY : Qui dort dîne*. CIBOULO : Exactement. Asseyez-vous, monsieur Tard. Ciboulo et Guy s’assoient.

GUY : Il y a longtemps que je voulais venir vous voir... CIBOULO : Mieux vaut tard que jamais. GUY : (en montrant l’horloge) Il est pourtant tôt. JULES : (en sortant la tête par le trou de l’horloge) Coucou ! Coucou ! Coucou ! (Il disparaît et va ranger les bocaux de pilules.) GUY : J’ai un terrible problème, monsieur Ciboulo. CIBOULO : Je résous tous les problèmes, n’est-ce pas, Jules ? JULES : (en traversant la scène en faisant oui de la tête et en agitant les bras comme des ailes) Cui, cui, cui, cui, cui, cui ! (Il disparaît derrière le rideau ou le paravent.) GUY : Votre assistant aurait-il une cervelle de moineau* ? CIBOULO : Il a simplement des difficultés de digestion*. GUY : Oh... Il a un appétit d’oiseau, je présume* ? JULES : (en apparaissant et en faisant non de la tête) Cui, cui. CIBOULO : Il a du mal à avaler la pilule*. (Il croise les mains et toussote : [...................]) Et votre problème, monsieur Guy Tard ? GUY : Ma corde sensible... (Il respire bruyamment : [..........................].) Je suis peureux. Il y a plein d’endroits où je n’ose pas aller. CIBOULO : Par exemple ? GUY : Je suis musicien. Je joue de la guitare classique. Quand je dois monter sur scène, ça me rend malade. CIBOULO : Le trac vous rend patraque. GUY : Non, car au supermarché, c’est la même chose. Ah, si je pouvais envoyer quelqu’un d’autre à ma place... CIBOULO : J’ai ce qu’il vous faut. GUY : Est-ce possible ?

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CIBOULO : Allongez-vous, monsieur Tard. Guy s’allonge sur le banc. Musique. Changement de lumière. Guy est allongé. Jules apporte à Ciboulo des ustensiles variés (scie, couteau géant, en carton ou en plastique). Ciboulo fait semblant d’opérer Guy. Bruitages variés en fonction des outils utilisés :

[...................................................................................................................................]. Le clone, qui est le double de Guy, sort lentement de la boîte de clonage et s’immobilise.

Une sonnerie retentit : [.........................]. Jules applaudit : [.............................].

CIBOULO : (au public) Le grand jour ! Mon premier clone humain ! J’ai déjà essayé avec la tortue de la voisine, le chien de ma sœur et la chèvre de monsieur Seguin. Ce fut un succès total. Mais aujourd’hui, c’est une grande première. Ce clone humain va me rendre célèbre. (en tournant autour du clone) Oh, oh, parole de Ciboulo, il ne dit pas un mot. J’ai dû commettre une petite erreur de calcul. Jules, passe-moi une pilule pour délier les langues. Du W567. Jules tend un bocal à Ciboulo qui prend une pilule et la fait avaler au clone. Bruitage : [....................]. Le clone grimace et gesticule : [........................................]. Son comportement et sa façon de parler (voix grave) sont à l’opposé de ceux de Guy. CLONE : (Il commence à rapper, tout en bougeant en rythme.) Pac pac dans les packs quand le trac vous rend patraque ! (Puis il continue à danser sans parler.) JULES : (en se frappant la tempe du bout de l’index, l’air inquiet) Cui, cui ? CIBOULO : Vous avez raison, Jules. J’aurais dû utiliser l’oncle Louis, au point où il en était. CLONE : (en rappant) Pac pac dans les packs quand le trac vous rend patraque ! Plic plac dans le lac quand je crique et quand je craque ! (Puis il continue à danser sans parler.) Guy Tard se redresse lentement, sans voir le clone. Ciboulo fait signe à Jules de le suivre. Tous les deux se cachent derrière l’horloge. GUY : Monsieur Ciboulo, où êtes-vous ? J’ai fait un horrible cauchemar. (en montrant deux endroits différents) J’étais à la fois là... et là. CLONE : (en rappant) À la fois là et pas là, l’diapason* donne le la ! Quand j’y suis, je n’y suis pas pas... Guy aperçoit le clone et bondit sur ses pieds : [......................].

CLONE : Je réponds du tac au tac : quelle époque et quel micmac ! (Il continue à danser sans parler.)

GUY : (en montrant le clone) Mon cauchemar recommence. (Il hurle.) Aaaaaaaaaaaah ! CLONE : T’es qui, toi mon coco ? GUY : (en ayant du mal à parler) Monsieur Tard. Guy Tard.

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CLONE : (en montrant l’horloge) Il est pourtant tôt. JULES : (en sortant la tête par le trou de l’horloge) Coucou ! Coucou ! Coucou ! (Il disparaît.)

CLONE : (en montrant le tableau) C’est toi, le “neclo”, le clone ? GUY : Non... CLONE : Alors c’est moi ? Je ne vais quand même pas m’appeler comme toi, mon gars. (Guy fait non de la tête.) Je préfère Targui. O.K., mon coco ? C’est Guy Tard en verlan. (Guy fait oui de la tête.) T’as un problème, mon gars ? (Guy fait oui de la tête.) Yoooo ! Targui résout tous les problèmes, n’est-ce pas ? JULES : (en sortant la tête par le trou de l’horloge) Cui, cui ! (Il disparaît.) CLONE : (Il se donne un coup sur la tête.) Y en a là-dedans ! Je suis aussi “lin-ma” que toi. Malin, quoi ! Normal pour un clone ! (en prenant Guy par les épaules) Bon, arrête de faire cette tête-là ! On va se partager ta vie. GUY : (en gémissant) Non... CLONE : Ben si, mon gars ! Faut que tu t’y fasses ! Nous deux, c’est kif-kif*. (Il réfléchit, les mains sur les tempes.) Attends, j’me mets à ta place. Demain soir, tu dois donner un concert de guitare. Tu paniques déjà. GUY : Il lit dans mes pensées. C’est épouvantable. CLONE : Et qui va sauver dare-dare le pauvre monsieur Tard ? Allô, j’écoute ! GUY : Vous ? CLONE : Tu peux me tutoyer, mon gars. Eh oui, c’est ton pote Targui, le “mic-co” ! (en se montrant) Le comique de service qui montera sur scène, sacré veinard. (prend une guitare électrique) Et voici une petite démo. GUY : Démo comme démoniaque ? CLONE : Mais non ! Démo comme démonstration ! Musique : rock and roll ou hip-hop. Le clone s’agite et Guy est désespéré. Ciboulo regarde la scène par le trou de l’horloge en écarquillant les yeux.

Quand la musique s’arrête, Ciboulo s’adresse au public : CIBOULO : À part la pilule pour délier les langues, je ne vois pas ce que je peux faire. Ciboulo va discrètement prendre une pilule W567 et s’approche de Guy tandis que le clone danse : [..............................................].

GUY : (furieux) Monsieur Ciboulo, regardez ce que vous avez fait ! C’est une ca... ca... catastrophe ! Ma vie est fichue ! Cet ahuri va gâcher ma carrière ! (Il rugit, bouche grande ouverte.) Aaaaaaaaaaah ! Ciboulo fait mine de lancer la pilule dans la bouche ouverte de Guy : [...........................]

CIBOULO : (tout content) Touché ! GUY : (Il touche sa gorge et fait semblant d’avaler la pilule.) Qu’est-ce que c’était ?

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CIBOULO : Du W567 pour vous changer la vie. Bruitage : [............................................]. Guy grimace et bouge avec de petits gestes saccadés : [..................................................].

Guy parle avec une petite voix perchée, Targui une voix grave.

GUY : (en rappant avec une petite voix aiguë) Pac pac dans les packs quand le trac vous rend patraque ! (Il continue à danser sans parler.)

CLONE et GUY : (en rappant) Pac pac dans les packs quand le trac vous rend patraque ! Plic plac dans le lac quand je crique et quand je craque ! Tic tac, on s’en moque, car le coq n’est pas en toc ! Tactiqu’ fantastique ! Et que le grand Cric me croque ! ........................................................................................................................................ ........................................................................................................................................

........................................................................................................................................

........................................................................................................................................

Le clone et Guy continuent à danser et sortent : [..........................................................]

Ciboulo efface le mot “clone”, puis va rejoindre l’oncle. CIBOULO : Eh bien… tu l’as échappé belle, tonton ! Jules fait oui de la tête. Noir.

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66 Ann Rocard et Nathalie Dupont - L’histoire entre en scène

Mini-dico : * Fourmiller d’idées : Avoir plein d’idées. * Avoir des fourmis dans les jambes (les pieds) : Avoir des sensations de picotement. * Clouer le bec : Faire taire. * Quel drôle d’oiseau ! : Quelle personne bizarre ou bien peu sympathique ! * Qu’ouïs-je ? : J’ouïs (du verbe ouïr qui signifie entendre). * Avoir la paix : Être tranquille. * Qui dort dîne : Le sommeil fait oublier la faim. Quand on a faim, on rêve souvent qu’on mange quelque chose. * Avoir une cervelle de moineau : Ne pas être très intelligent. * Il a des difficultés de digestion : Il a du mal à digérer. * Présumer : Supposer. * Avoir un appétit d’oiseau : Avoir peu d’appétit et manger peu. * Avaler la pilule : Supporter quelque chose de désagréable sans protester (sens figuré). * La corde sensible : Le domaine où l’on réagit le plus, qui nous touche le plus. * Le diapason : Petit instrument métallique en forme de fourche à deux branches, qui donne la note la quand on le fait vibrer. * Kif-kif : Pareil, la même chose.

Fin