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Communications sur le thème 2S71 © MASSON Rev Neurol (Paris) 2004 ; 160 : 4 pt 2, 2S71-2S74 Le Questionnaire de Plainte Cognitive (QPC) : outil de dépistage de la plainte des sujets présentant une maladie d'Alzheimer ou un MCI Thomas-Antérion C. (1), Ribas C. (2), Honoré-Masson S. (3), Berne G. (2), Ruel P.H. (2), Laurent B.(1) (1) Unité de Neuropsychologie, service de Neurologie, CHU Bellevue, St Etienne, (2) Service de Neurologie B, CHG d'Annecy, (3) Laboratoire EMC, Faculté de Psychologie Lyon 2, Bron. On a pu observer une évolution concernant la plainte des déments : les travaux témoignant des plaintes au stade léger et modéré de la maladie d'Alzheimer (MA) se multipliant. La plainte de mémoire a pris aussi une importance capitale quand l'étude PAQUID a souligné qu'elle pouvait être pré- dictrice de démence en dehors même d'anomalie dans les tests. Enfin, la plainte de mémoire associée à un trouble de mémoire isolé dans les tests reste le maître symptôme du trouble cognitif léger (MCI). Le questionnaire (QPC) comporte 10 questions et 2 par- ties (patient et accompagnant). Les sujets doivent répondre simplement par « oui » ou par « non ». Le QPC est composé de deux questions préalables A et B où l'on demande au sujet s'il a ressenti un changement de sa mémoire dans les 6 derniers mois (A) et s'il estime que sa mémoire fonctionne aussi bien que celle de quelqu'un de son âge (B). Puis sont posées 8 questions concernant des domaines où sont fréquemment rapportés des chan- gements dès le début d'une MA : la mémorisation des faits récents (1), l'oubli des rendez-vous (2), la perte d'objets (3), l'orientation spatiale (4), le rappel d'un épisode entier (5), le manque du mot (6), les activités quoti- diennes (7) et le changement de caractère en terme de repli (8). Dans un travail préliminaire concernant 128 sujets, le QPC a permis de distinguer les plaintes de 49 patients Alzheimer (âge moyen de 74 ans ; MMS 18 à 26), de 15 sujets MCI et de leurs contrôles. Le pourcentage de réponses positives aux questions n'est corrélé ni à l'âge, ni au sexe, ni au niveau culturel des sujets. Un sujet répondant « oui » au moins 3 fois ou « oui » aux questions B,3,4,5,7,8 nous paraît devoir bénéficier d'une surveillance ou d'un bilan. La question B apparaît très intéressante car elle semble pouvoir susciter des réponses différentes selon le fait qu'il s'agisse d'un sujet MCI ou dément, selon le stade de la démence et selon que l'on interroge le patient ou sa famille. Les sujets restent capables d'évaluer dans la majorité des situations proposées leur gêne, comme leurs accompa- gnants. Le caractère nouveau et récent de la plainte doit inciter à être prudent. Les plaintes concernant la perte des objets, l'orientation, le rappel d'un épisode entier et les changements comportementaux et d'activités sont suspectes. L’hyperamorçage, marqueur des déficits sémantiques dans la maladie d'Alzheimer. Étude en tomographie par émission de positons Giffard B. (1), Eustache F. (1,2), Mézenge F. (1), Lalevée C. (1), de la Sayette V. (1), Desgranges B. (1) (1) Inserm E0218-Université de Caen, Laboratoire de neuropsy- chologie, CHU Côte de Nacre, Caen, (2) École Pratique des Hautes Études, CNRS UMR 8581, Université René Descartes, Paris 5. Récemment, une étude longitudinale (Giffard et al., 2002) explorant la mémoire sémantique dans la maladie d'Alzheimer (MA), grâce à un test d’amorçage sémantique, a montré un effet d’hyperamorçage survenant au tout début des déficits sémantiques (amorçage sémantique des patients supérieur à celui des témoins au niveau des attributs spéci- fiques). L’objectif de la présente étude est d’identifier les régions cérébrales responsables des premiers déficits sémantiques dans la MA, ceci en corrélant les scores de consommation cérébrale de glucose (CMRglc) avec les scores de mémoire sémantique. Dix-huit patients avec MA probable (âge : 72,5 ± 5,6 ; MMS = 23,1 ± 1,9) ont été évalués au moyen de tests de mémoire sémantique et d’une mesure TEP de la CMRglc au repos. La mémoire sémantique était évaluée avec des tests explicite (connaissances sémantiques) et implicite (effet d'amorçage sémantique). Dans la tâche d’amorçage (décision lexicale), les mots partageaient un lien de coordi- nation (tigre-lion) ou d’attribution (tigre-rayure) ou aucun Communications orales

L’hyperamorçage, marqueur des deficits sémantiques dans la maladie d’Alzheimer. Étude en tomographie par émission de positons

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Page 1: L’hyperamorçage, marqueur des deficits sémantiques dans la maladie d’Alzheimer. Étude en tomographie par émission de positons

Communications sur le thème

2S71© MASSON Rev Neurol (Paris) 2004 ; 160 : 4 pt 2, 2S71-2S74

Le Questionnaire de Plainte Cognitive (QPC) :outil de dépistage de la plainte des sujets présentant une maladie d'Alzheimer ou un MCI

Thomas-Antérion C. (1), Ribas C. (2), Honoré-Masson S. (3), Berne G. (2),Ruel P.H. (2), Laurent B.(1)

(1) Unité de Neuropsychologie, service de Neurologie, CHUBellevue, St Etienne, (2) Service de Neurologie B, CHG d'Annecy,(3) Laboratoire EMC, Faculté de Psychologie Lyon 2, Bron.

On a pu observer une évolution concernant la plainte desdéments : les travaux témoignant des plaintes au stade légeret modéré de la maladie d'Alzheimer (MA) se multipliant.La plainte de mémoire a pris aussi une importance capitalequand l'étude PAQUID a souligné qu'elle pouvait être pré-dictrice de démence en dehors même d'anomalie dans lestests. Enfin, la plainte de mémoire associée à un trouble demémoire isolé dans les tests reste le maître symptôme dutrouble cognitif léger (MCI).

Le questionnaire (QPC) comporte 10 questions et 2 par-ties (patient et accompagnant). Les sujets doiventrépondre simplement par « oui » ou par « non ». Le QPCest composé de deux questions préalables A et B où l'ondemande au sujet s'il a ressenti un changement de samémoire dans les 6 derniers mois (A) et s'il estime quesa mémoire fonctionne aussi bien que celle de quelqu'unde son âge (B). Puis sont posées 8 questions concernantdes domaines où sont fréquemment rapportés des chan-gements dès le début d'une MA : la mémorisation desfaits récents (1), l'oubli des rendez-vous (2), la perted'objets (3), l'orientation spatiale (4), le rappel d'un épisodeentier (5), le manque du mot (6), les activités quoti-diennes (7) et le changement de caractère en terme derepli (8). Dans un travail préliminaire concernant 128 sujets,le QPC a permis de distinguer les plaintes de 49 patientsAlzheimer (âge moyen de 74 ans ; MMS 18 à 26), de 15sujets MCI et de leurs contrôles.

Le pourcentage de réponses positives aux questions n'estcorrélé ni à l'âge, ni au sexe, ni au niveau culturel dessujets. Un sujet répondant « oui » au moins 3 fois ou « oui »aux questions B,3,4,5,7,8 nous paraît devoir bénéficierd'une surveillance ou d'un bilan. La question B apparaîttrès intéressante car elle semble pouvoir susciter des

réponses différentes selon le fait qu'il s'agisse d'un sujetMCI ou dément, selon le stade de la démence et selon quel'on interroge le patient ou sa famille.

Les sujets restent capables d'évaluer dans la majorité dessituations proposées leur gêne, comme leurs accompa-gnants. Le caractère nouveau et récent de la plainte doitinciter à être prudent. Les plaintes concernant la pertedes objets, l'orientation, le rappel d'un épisode entier etles changements comportementaux et d'activités sontsuspectes.

L’hyperamorçage, marqueur des déficits sémantiques dans la maladie d'Alzheimer. Étude en tomographie par émission de positons

Giffard B. (1), Eustache F. (1,2), Mézenge F. (1), Lalevée C. (1),de la Sayette V. (1), Desgranges B. (1)

(1) Inserm E0218-Université de Caen, Laboratoire de neuropsy-chologie, CHU Côte de Nacre, Caen, (2) École Pratique desHautes Études, CNRS UMR 8581, Université René Descartes,Paris 5.

Récemment, une étude longitudinale (Giffard et al., 2002)explorant la mémoire sémantique dans la maladied'Alzheimer (MA), grâce à un test d’amorçage sémantique,a montré un effet d’hyperamorçage survenant au tout débutdes déficits sémantiques (amorçage sémantique des patientssupérieur à celui des témoins au niveau des attributs spéci-fiques). L’objectif de la présente étude est d’identifier lesrégions cérébrales responsables des premiers déficitssémantiques dans la MA, ceci en corrélant les scores deconsommation cérébrale de glucose (CMRglc) avec lesscores de mémoire sémantique.

Dix-huit patients avec MA probable (âge : 72,5 ± 5,6 ;MMS = 23,1 ± 1,9) ont été évalués au moyen de tests demémoire sémantique et d’une mesure TEP de la CMRglcau repos. La mémoire sémantique était évaluée avec destests explicite (connaissances sémantiques) et implicite(effet d'amorçage sémantique). Dans la tâche d’amorçage(décision lexicale), les mots partageaient un lien de coordi-nation (tigre-lion) ou d’attribution (tigre-rayure) ou aucun

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lien sémantique (tigre-chaise). Les patients ont été répartisdans 2 groupes selon leurs troubles sémantiques: le groupeA était composé de 12 patients avec un score normal au test deconnaissances sémantiques, et le groupe B, de 6 patients avecun score pathologique. Les corrélations ont été obtenues grâceau logiciel SPM99 en s’affranchissant des effets de l’âge.Comparés à 15 sujets contrôles, les 2 groupes de patientsont des effets d’amorçage normaux en condition d’attribu-tion et un hyperamorçage en condition de coordination.Dans le groupe B, SPM99 montre des corrélations néga-tives (dans le sens attendu) significatives (p<0.001, noncorrigé) entre ce score d’amorçage en coordination et lesvaleurs métaboliques des gyri frontaux postérieurs (supé-rieur et médian) gauches (BA6). Aucune autre corrélationsignificative n’a été montrée dans ce groupe ni dans legroupe A pour l’ensemble des scores.Associé à des scores explicites pathologiques, l’hyper-amorçage est la seule mesure cognitive à révéler unsubstrat biologique des troubles sémantiques dans laMA, au niveau des aires frontales supérieure et médianegauches. Le cortex frontal inférieur gauche est engagé dansle langage et la mémoire sémantique (Cabeza & Nyberg,2000) et nos résultats suggèrent que les aires frontalessupérieure et médiane pourraient sous-tendre une formede mécanisme compensatoire inefficace.

Références

Cabeza and Nyberg. (2000). J Cogn Neurosci, 12: 1-47.

Saykin et al.(1999). JINS, 5: 377-92.

Analyse d'une épreuve de fluence verbale catégorielle en termes de clusters et de switchesdans la démence fronto-temporale et la démenced'Alzheimer débutante

Nootens J., Jean A.S., Godfrind G., De Partz M.P., Seron X.,Ivanoiu A.

Clinique de la Mémoire (Centre de Revalidation Neuropsychologique),Cliniques Universitaires Saint-Luc, Bruxelles, Belgique.

La fluence verbale catégorielle est sensible au déclin cogni-tif dans la maladie d’Alzheimer débutante (Monsch et al.,1992), tandis que la fluence littérale semble refléter mieuxle déficit constaté dans la démence fronto-temporale(DFT), (Mathuranath et al., 2000). Troyer et al., (1998) ontproposé d'analyser les productions des patients en considérantla taille moyenne des clusters (nombre de mots successifsappartenant à une même sous-catégorie) et le nombre deswitches (passage à une nouvelle sous-catégorie). Cesauteurs ont montré que la DTA se caractérisait par unediminution de la taille moyenne des clusters dans la fluence

catégorielle, tandis que les démences sous corticales(Parkinson, Huntington) présentaient une diminution dunombre de switches (Troyer et al., 1998). A notre connais-sance, cette analyse n'a été réalisée ni chez les patients DTAau stade débutant de « mild cognitive impairment » (MCI),ni dans la DFT. Notre objectif était d’analyser comparati-vement la taille moyenne des clusters et le nombre deswitches dans une tâche de fluence catégorielle chez despatients DTA, MCI et DFT

Vingt-six patients DFT (14 légers – MMSE 24; 12 modérés- MMSE < 24), 31 patients DTA (12 MCI et 19 au stade léger)ainsi que 31 sujets âgés normaux ont été inclus. La tâche pro-posée a été la fluence des animaux sur 2 minutes. L'analysedes clusters sémantiques et du nombre de switches a été faitepar deux juges indépendants, selon un protocole préétabli.L'analyse statistique a utilisé le test de Mann Whitney.

La différence de la taille de clusters a été significative(p<0,05) entre les trois groupes : DFT > normaux > DTA.Le nombre de switches a été significativement plus bas uni-quement dans la DFT : DFT < normaux = DTA. Lorsqueles performances des sous-groupes sont analysées, onconstate que les patients MCI et les patients DFT légersmontrent déjà des différences significatives les uns par rap-port aux autres et par rapport aux sujets normaux, dans lemême sens que l'ensemble de leurs groupes respectifs.Dans chaque groupe, les patients légers ne sont significati-vement différents pour aucune des deux mesures par rap-port aux patients plus atteints.

Les patients DTA et DFT présentent des profils de per-formance opposés pour l'analyse qualitative des productionsà la tâche de fluence verbale catégorielle en terme declusters et switches et cela dès le stade le plus précoce dela maladie.

Références

Monsch AU, et al. (1992). Comparisons of verbal fluency tasks in thedetection of dementia of the Alzheimer type. Arch Neurol, 49: 1253-8.

Mathuranath PS, et al. (2000). A brief cognitive test battery todifferentiate Alzheimer's disease and frontotemporal dementia.Neurology, 55: 1613-20.

Troyer AK, et al. (1998). Clustering and switching on verbal fluencytests in Alzheimer's and Parkinson's disease. J Int NeuropsycholSoc, 4: 137-43.

La mémoire de reconnaissance visuelle dans la maladie d'Alzheimer

Barbeau E., Didic M., Tramoni E., Felician O., Joubert S.,Sontheimer A., Ceccaldi M., Poncet M.

Laboratoire de Neurophysiologie et Neuropsychologie, InsermEMI-U 9926, Univ. Méditerranée et Service de Neurologie etNeuropsychologie, AP-HM Timone, Marseille.