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L’obligation vaccinale, est-ce obligatoire ?

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Page 1: L’obligation vaccinale, est-ce obligatoire ?

90 // REVUE FRANCOPHONE DES LABORATOIRES - FÉVRIER 2009 - N°409

L’obligation vaccinale, est-ce obligatoire ?Le sénateur Jean-Claude Manceron attire l’attention de la ministre de la Santé sur l’obligation vaccinale, pour lui dire que cette obligation est remise en cause, notamment par Liberté Information Santé, qui a réagi aux recommandations de l’OMS sur la sécurité vaccinale et le respect des calendriers vaccinaux. Le parlementaire n’est pas le premier à poser cette question, il demande si une réflexion sur l’obligation est menée au minis-tère et si cette réflexion a conduit à des propositions pour les vaccinations obligatoires et facultatives.

La réponse du ministère est claire. En matière de vaccination obligatoire, jusqu’en 2007 les sujets titulaires de l’autorité paren-tale exerçant une tutelle sur un mineur, qui ne s’assuraient pas que ce mineur avait bénéficié des vaccinations obligatoires, s’exposaient à des sanctions, mais qui différaient en fonction de la vaccination concernée.

La commission d’enquête relative à l’influence des mouvements à caractère sectaire et aux conséquences de leurs pratiques sur la santé physique et mentale des mineurs, dans son rapport du 12 décembre 2006, a proposé d’unifier les dispositions pénales prévues en cas de refus des parents de vacciner leurs enfants. Cette proposition a fait l’objet d’une traduction législative.

En effet, les dispositions de l’article 37 de la loi n° 2007-393 du 5 mars 2007 réformant la protection de l’enfance ont modifié l’article L.3116-4 en appliquant à toutes les vaccinations obli-gatoires les sanctions qui s’appliquaient à la vaccination de la tuberculose. Il est à noter que pour cette dernière vaccination, l’obligation vaccinale a été suspendue par le décret n° 207-11 du 17 juillet 2007. Pour les mineurs seuls restent obligatoires les vaccins diphtérie, tétanos et poliomyélite.

Se défendre contre les maladies vectorielles : le palu d’aéroportLe député Éric Ciotti décrit à la ministre de la Santé « le cas rarissime d’un couple de Parisiens atteint de paludisme en été 2008 alors qu’il n’a pas quitté le sol français », et demande si cette situation risque de se reproduire, si des mesures de pré-vention doivent être prises… pour ce qui est de toute évidence un paludisme autochtone.

Le cas cité concerne deux sujets de 21 et 25 ans, n’ayant jamais voyagé hors d’Europe ni en zone(s) d’endémie. La pre-mière suspicion est venue du constat d’une fièvre inexpliquée puis d’une baisse du taux de plaquettes. Les patients ont été traités au CHU de Nice et le diagnostic a été confirmé par le centre de référence. Le problème était de savoir où et quand la contamination s’était produite.

Un véritable jeu de piste s’est engagé entre le sud de la France, l’aéroport de Roissy et alentours, la Normandie, dans des centres hospitaliers de la région parisienne, etc., là où ces deux sujets sont passés Une information a été lancée vers les généralistes, pédiatres et biologistes des communes autour de Roissy. Une recherche d’anophèles a été menée : recherches épidémiolo-giques et entomologiques ont été négatives.

En revanche, une étude génétique du parasite a confirmé que les deux patients avaient été vraisemblablement contaminés par le même vecteur. Le diagnostic de paludisme autochtone, variante

d’aéroport, a été retenu, la contamination ayant pu survenir à l’aé-roport de Roissy, circonstance connue (bien que rare), un vecteur encore viable importé (par avion) d’un pays impaludé ayant piqué les deux sujets. Autre hypothèse : le vecteur a pu survivre du fait de la saison (on était en août) et voyagé dans un véhicule, la piqûre ayant pu aussi se produire dans le sud-est de la France.

Bien que rare, le paludisme d’aéroport doit être évoqué devant un syndrome fébrile persistant et une baisse du taux de plaquettes chez les personnes résidant autour des aéroports internationaux. De 1969 à 1999, 27 cas ont été rapportés.

Conclusion : cette histoire montre l’importance de la désinsec-tisation des avions et de la sensibilisation des professionnels de santé, la découverte de ce type de paludisme devant faire penser à une défaillance de ce système de protection. Or il existe des directives très précises dans le règlement sanitaire international (RSI, Code de la santé publique article L.3115-1). C’est aux agents de la DDASS de vérifier que la lutte anti-vectorielle a bien été appliquée et en quantité suffisante aux avions. Ils doivent aussi en rappeler régulièrement la nécessité aux compagnies aériennes sensibles.

Effet biologique du jus de pamplemousse sur les médicamentsMuriel Marland-Militello, député, s’inquiète auprès de la ministre de la Santé, de l’interaction médicaments-aliments, inconvé-nients souligné récemment par l’AFSSAPS, notamment après la médiatisation d’une communication scientifique sur la baisse d’efficacité d’un médicament ingéré avec du jus de pamplemousse, ce dernier pouvant avoir… l’effet inverse. Pour la parlementaire, deux classes de médicaments seraient ainsi déstabilisées par ce jus d’agrume : les hypolipémiants de la classe thérapeutique des statines (augmentation de l’absorption, risque musculaire) et les immunosuppresseurs post-greffe (risque rénal). Même s’il y a une mise en garde sur la notice du médicament, les Français ne se douteraient pas du risque de cette interaction…

Effectivement, l’AFSSAPS (le gendarme du médicament) a com-muniqué sur le jus de pamplemousse l’automne dernier à la suite de la médiatisation d’une communication d’un scientifique, le Pr David Bailey, le 19 août 2008, lors du congrès de l’American Chemical Society à propos de l’effet inhibiteur du jus de grape-fruit, via l’un de ses composants, la naringine, sur un médicament anti-allergique connu, la terfénadine (indiquée dans la rhinite allergique et l’urticaire avec prurit). Précisons que le Pr Bailey est un scientifique éminent qui étudie depuis plusieurs années les interactions de ce type.

Bien que l’étude ne concernât qu’un seul médicament, souligne la réponse du ministère, les médias ont extrapolé la dite interac-tion aux médicaments en général. Par ailleurs, aucune interaction avec d’autres types de jus de fruit n’a été mise en évidence par d’autres équipes et les résultats de D. Bailey doivent donc « être interprétés avec prudence ». Pour cette raison, l’information dif-fusée par l’AFSSAPS a eu pour objectif d’informer et de mettre en garde les professionnels de santé.

Pour le grand public, l’AFSSAPS a souligné que la notice des médicaments indiquait toutes les interactions possibles avec des aliments, solides ou liquides. Il faut donc bien lire la notice avant de prendre un traitement. Qui le fait vraiment ?

Jean-Marie Manus