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Malades d'hier, malades d'aujourd'hui by Claudine Herzlich; Janine PierretReview by: André JulliardArchives de sciences sociales des religions, 29e Année, No. 58.2 (Oct. - Dec., 1984), pp. 269-270Published by: EHESSStable URL: http://www.jstor.org/stable/30125501 .

Accessed: 12/06/2014 21:01

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58.291 HEILMAN (Samuel C.).

The People of the Book. Drama, Fellowship and Religion. Chicago-Londres, The Univer- sity ot Chicago Press, 1983, 337 p.

S.H. est un remarquable ethno-sociologue qui s'inspire notamment des travaux de H. Garfinkel et surtout de ceux de Erving Goffman. II avait deja prouve ses qualites dans Synago- gue Life. A Study in Symbolic Interaction, 1976, paru chez le mime editeur, livre dont j'ai rendu compte (Arch., 42, no 392). Ce nou- vel ouvrage aborde, avec plus de metier en- core, un phenomene important dans la tradi- tion judaique orthodoxe, la pratique du Ivrnen (yiddishe l'etude, ), l'etude talmudique.

Celle-ci se pratique aujourd'hui, mais aussi autrefois, dans des groupes ou

<cercles, infor-

mels relativement stables. L'auteur a choisi de les etudier comme observateur participant- il est lui-mime de formation judaique ortho- doxe- a partir de six groupes assez divers, aux Etats-Unis et en Israel.

II aborde son sujet a plusieurs niveaux, is- sus a la fois de la realite qu'il vit et des theses de ses maitres a penser. Ainsi, dans des chapi- tres fourmillant de details amusants mais aussi pertinents, sans oublier les analyses tres subtiles, il nous donne a voir l'&tude talmudi- que. C'est un

, drame

, avec ses acteurs jouant

des r6les divers, ses moments de tension; c'est une performance, un <(sport) intellectuel ou l'emulation ne manque pas; c'est une forme intense de sociabilite, de mise en place de re- seaux sociaux et affectifs, de liens communau- taires; c'est un jeu, une culture, un langage -fonde sur des acrobaties signifiantes entre plusieurs langues (hebreu, yiddish, anglais).

L'A. rappelle que l'etude talmudique est etroitement associee a la pratique religieuse, dont elle constitue un element majeur dans la tradition orthodoxe. Cette celebration cul- tuelle, culturelle et communautaire permet aussi d'evacuer, un temps durant, les soucis de la vie quotidienne, mime si le monde contem- porain est aborde a travers des exemples asso- cies aux textes: citons les m~dicaments, les af- faires.

L'affinite culturelle, la sympathie qu'a l'A. pour ses enquit&s et leur activite, ont certaine- ment beaucoup contribue a rendre cet ouvrage un must pour, enfin, comprendre de maniere quasiment exhaustive ce phenomene mal

BULLETIN DES OUVRAGES

connu. Je dois tout de m~me emettre une rt- serve: l'ideologie qui sous-tend les propos de l'etude talmudique est quasiment absente de l'analyse. Le cercle talmudique, qui a des lea- ders intellectuels, notamment des rabbins, a inevitablement un r6le formateur sur le plan ideologique, et par ce qui s'y dit et par ce qu'on passe sous silence. De plus, il'y a toutes les conversations informelles avant et apres l'etude qui concernent l'actualite et le monde contemporain, en Israil et aux Etats-Unis. Se- lon ma propre experience (americaine) de ces cercles, ceux-ci, m~me lorsqu'il s'agit d'uni- versitaires distingues, sont un lieu de conser- vatisme, de quant-a-soi juif, A la limite du pre- juge raciste; au minimum I'etude talmudique ne me parait pas une source de reflexions sur le progres social, d'ouverture vers les autres, en particulier vers les non-juifs. Ce que S.H. nous montre, implicitement certes, c'est un re- pliement quasiment frileux. Mais que tous ceux qui veulent en savoir plus long sur I'etude talmudique se precipitent sur ce livre de grande qualite.

Jacques Gutwirth.

58.292 HERZLICH (Claudine), PIERRET (Janine).

Malades d'hier, malades d'aujourd'hui. Paris, Payot, 1984, 295 p.

Que le malade soit un personnage social n'est plus aujourd'hui a demontrer. Histo- riens, sociologues et plus recemment, anthro- pologues l'ont abondamment montre pour dif- ferentes epoques et regions de la France. II etait temps alors de s'essayer aux premieres syntheses. C'est ce que Cl. H. et J.P. tentent en reperant minutieusement - surtout pour les XIXe et XXe siecles- la succession et les transformations de statut et representation so- ciale de la condition de malade. Les auteurs distinguent quatre phases essentielles: -l'epo- que des epidemies qui ne laissent a l'individu aucun temps pour &tre malade: au XVIe sie- cle, on meurt brutalement et rapidement; -l'epoque de la maladie sociale oA le tubercu- leux, le phtisique, I'alcoolique du XIXe siecle regarde sa maladie comme une rv61lateur de son existence: romantique pour le riche, eco- nomique pour le pauvre; - l'epoque du droit d la santei ou la maladie au debut de ce siecle et surtout dans les annees 60, reclame le droit a

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ARCHIVES DE SCIENCES SOCIALES DES RELIGIONS

l'h6pital, au medecin et aux techniques les plus modernes; -l'epoque de la gestion du capital santei qui en 1980, retrouve entre au- tre, la maladie comme un fond toldrd d'arritde de travail et de protestation sociale. Mais cette evolution ne saurait se comprendre sans rappeler le profond changement qui s'opere dans les mentalites entre la premiere et la se conde epoques: avant, la maladie etait conse- quente du peche, maintenant elle est conse- quente du biologique. Autrefois elle etait faute, aujourd'hui elle est faille. Dieu ne donne plus sens au mal et n'assigne plus au malade sa place dans l'ordre du monde: elle est passee dans l'ordre du social. Nous regret- terons que les AA. ne se soient pas arr&tes plus longuement sur ce phenomene social et religieux qui, nous semble-t-il, a des conse- quences encore actuelles dans les comporte- ments therapeutiques: par exemple, dans le recours aux saints guerisseurs. Et c'est la no- tre second regret: a regarder le mouvement de la masse, on oublie qu'a c6te de l'epid6mie et de l'h6pital, on souffre aussi de maux indivi- duels qui requierent I'intervention de divers praticiens (apothicaire, barbier, guerisseur, etc.) et d'autres conduites de malade. Mais la synthese a besoin de schematisation, et recon- naissons aux auteurs le merite d'avoir su par- ler de la maladie en n'oubliant jamais que ma- lade et m6decin se regardent sans cesse lors- que eux en parlent.

Andre Julliard.

58.293 HILAIRE (Yves-Marie). Benoit Labre. Errance et saintete. Histoire d'un culte (1783-1983). Paris, Ed. du Cerf, 1984, 238 p. (Coll. ( Histoire )).

(cf. Arch., 58, no 242).

58.294

Historisch bewogen. Opstellen over de radi- cale reformatie in de 16e en 17e eeuw, aange- boden aan Prof. Dr. A.F. Mellink. (Engage par l'histoire. Essais sur la Reforme radicale aux XVIe et XVIII siecles, offerts au profes- seur A.F. Mellink). Groningue, Wolters- Noordhoff et Bouma's Boekhuis, 1984, VIII- 198 p.

Dans ce recueil offert a Albert Mellink, spe- cialiste du mouvement anabaptiste nierlan-

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dais du XVIe siecle, a I'occasion de son depart comme professeur d'histoire socio-religieuse a Groningue, I'on trouvera une courte biogra- phie du recipiendaire et une liste complete de ses publications, ainsi que huit contributions autour du theme de la Reforme radicale. Ana- lysant le volumineux livre de raison tenu entre 1580 et 1589 par le laboureur calviniste Abel Eppens refugie a Emden, W. Bergsma montre a quel point le paysage spirituel nord- neerlandais etait pluriforme avant la victoire graduelle du calvinisme; les notes pas tou- jours amenes d'Eppens jettent un pont entre le bouillonnement religieux d'avant la Revolte -mis en relief dans ce recueil par A. Mellink lui-mime pour la Groningue- et ce

< christia-

nisme sans Eglise, decrit par Kolakowski pour le XVIIe. En m~me temps, cette chroni- que fourmille d'observations permettant de si- tuer son auteur a la charniere des croyances populaires et des expressions plus rationali- sees de la religiosite. Bergsma a raison de plaider pour une analyse plus poussee de tels temoignages, emanant de la frange instruite mais non savante d'une paysannerie aisee, qui peuvent faire sauter le carcan rigide du schema religion populaire/religion d'elite.

Partant du temoignage de John Coke, se- cretaire des Merchant Adventurers d'Anvers (1534), I.B. Horst remet en cause l'image tra- ditionnelle qui depeint l'anabaptisme neer- landais comme le (<protestantisme des pau- vres ,>. 11 situe son recrutement plut6t dans les cercles socialement conservateurs des mar- chands aises et des corporations d'artisans, re- joignant ainsi les analyses iconoclastes de Kir- chhoff sur Munster (1973). Le caractere re- volutionnaire du mouvement se trouve, aux yeux de Horst, non pas dans son projet social, mais dans le projet socio-religieux plus global de renovation integrale de la societe. D'au- tres contributions au recueil concernent la re- conversion, apres Munster, du groupe ana- baptiste revolutionnaire de Jean Batenburg en organisation clandestine partiellement crimi- nalisee, en tout cas marginalisee (L. Jansma); la position de David Joris dans l'ensemble des courants anabaptistes vers 1536-39 (S. Zijls- tra); I'image des mennonites au XVIIe siecle neerlandais (S.B.J. Zilverberg). A la lumiere des evenements politiques de France dans les annees 1559-63, enfin, W. Nijenhuis analyse la radicalisation de la pensee de Calvin sur le droit de resistance des citoyens a l'egard de

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