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MANCHE.GOUV - Mars 2012

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Manche.gouv, le magazine des services de l'Etat dans la Manche - Mont-Saint-Michel : Rétablissement du Caractère Maritime - La gestion du patrimoine immobilier de l'Etat - Pour un Mont-Saint-Michel : Lieu de culture - Le village du Mont-Saint-Michel - Les phares de la Manche - Les recherches sur le patrimoine archéologique - La résidence du Préfet de la Manche Entrevue avec Jean-Marc Bouré : Administrateur de l'Abbaye du Mont-Saint-Michel

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n° 4 - Mars 2012

20 ZOOM sur...Le Service Territorial de l’Architecture et du Patrimoine.

24 ENTREVUE...Jean-Marc Bouré

Administrateur de l’Abbaye du Mont-Saint-Michel

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w w w . m a n c h e . g o u v . f r

Kléber ARHOUL

Directeur Régionaldes Affaires Culturelles

manche. gouv 3 Mars 2012

édito

Avec plus de 450 monuments historiques, dont près de 170 classés en totalité ou partielle-ment, la Manche est un département très riche, à la diversité souvent occultée par l’écra-

sante présence du seul Mont-Saint-Michel, certes de re-nommée mondiale. Mais au-delà du nombre, sa richesse se traduit par une très grande variété typologique, cou-vrant toutes les périodes, de la préhistoire au XXe s.

Les découvertes archéologiques récentes attestent d’une implantation humaine précoce et dense, comme nous le montre le nombre de grandes abbayes médié-vales (14) ou l’important maillage du territoire par les manoirs si typiques de ce département (62) et les châ-teaux de plaisance ou de défense (73). Ces deux der-nières catégories illustrent bien plusieurs des caracté-ristiques de ce département : sa richesse agricole, son intérêt stratégique marqué par la présence de forts et redoutes (de l’antiquité au XXe s.), son attractivité qui, dès le XIXe s., s’est tournée vers le bord de mer, riche

en villas, casinos, et remarquables jardins. Bord de mer d’agrément ou défendu, mais aussi dangereux, d’où la présence en Manche des cinq phares qui ont été protégés au titre des monuments historiques bas-normands. Ce département a aussi été un laboratoire architectural ; on pense à l’importance de la cathé-drale de Coutances dans l’élaboration du gothique normand ou à ce chantier permanent qu’est le Mont, mais les vicissitudes souvent douloureuses de l’histoire au XXe s. ont également apporté à la Manche des élé-ments uniques ou pionniers : la gare maritime de Cher-bourg, le hangar d’Ecausseville et l’hôpital de Saint-Lô.

Recensement et protection au titre des monuments historiques sont un des moyens dont dispose la direc-tion régionale des affaires culturelles, dans sa conduite de la politique culturelle de l’État en région, pour faire connaître le patrimoine. Mais ce n’est pas le seul : ce département abrite les deux sites bas-normands ins-crits au patrimoine mondial de l’UNESCO que sont le Mont-Saint-Michel et les tours Vauban de Saint-Vaast-la-Hougue, bon nombre de  «  jardins remarquables  », de «  label patrimoine XXe s. », plusieurs « maisons des Illustres », deux de nos trois « pays d’art et d’histoire »...

Et au-delà de la seule protection, nous devons nous assurer de la conservation et de la pérennité de tous ces biens. La transmission du patrimoine aux généra-tions futures exige que l’État initie ou contrôle, le plus souvent en lien avec une aide financière, les opérations d’entretien, réparation et restauration. Le défi est impor-tant quand ce bien continue à fonctionner conformé-ment à sa vocation initiale, culturelle ou non, comme le montrent les exemples actuels de la mise aux normes du théâtre de Cherbourg et de l’hôpital-mémorial de Saint-Lô. Il l’est encore plus lorsqu’il s’agit d’assurer une nou-velle vie à un édifice ou un ensemble ; la recherche d’une réaffectation viable est en effet toujours délicate et dif-ficile à assurer ; cependant, avec des exemples comme l’ancienne gare maritime de Cherbourg et le renouvel-lement perpétuel depuis plus de trois siècles du site de Tatihou, la Manche ne manque pas de modèles de re-conversion réussie. En ce sens, le patrimoine est avenir.

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INDICATEURS ET CHIFFRES CLÉSde l’État dans la Manche

L’emploi salarié dans la Manche a augmenté de 0,8 % par rapport en 2011. Cela représente 870 emplois nets.

Les secteurs d’activités enregistrant une hausse sensible de l’emploi salarié sur 1 an sont : les activités de services administratifs et de sou-tien (+900 emplois) dont l’Intérim (+970), l’action sociale et héber-gement médico-social (+400), la métallurgie et fabrication de pro-duits métalliques (+160), la production et distribution d’électricité et de gaz (+130) et les activités juridiques, de conseil et d’ingénierie (+100). Sur un an, l’emploi salarié dans la Manche évolue de manière positive dans toutes les zones d’emplois. Les zones de Saint-Lô et Cherbourg ont connu les meilleurs taux de croissance de l’emploi dans les entreprises du secteur concurrentiel, respectivement 1,4% (+351 emplois) et +1,1% (+485). Dans la zone de Coutances, 0,8 % d’emplois en plus ont été créés (+89) et dans la zone d’Avranches-Granville +0,1% (+36).

Travail - Emploi Source INSEE - Taux de chômage localisés

2011 1er trimestre

2e trimestre

3e trimestre

Manche 8.3 % 8.2 % 8.1 %

Calvados 9.2 % 9.2 % 9.3 %

Orne 8.9 % 8.9 % 9.1 %

Basse Normandie 8.89 % 8.8 % 8.9 %

France 9.2 % 9.1 % 9.3 %

Taux de chômage par bassin d’emplois

2010 2011 Evo

Tués 46 37 - 9

Accidents mortels 44 35 - 9

Blessés 656 664 8

Accidents corporels 496 528 32

Accidentologie en 2011

Le bon résultat de l’année 2011 est consécutif à :

Un important eff ort de communication :Sur un ton volontairement « choc », la préfecture a multiplié les campagnes de communication en 2011, en particulier contre l’alcool au volant (trois campagnes de spots radio, une campagne d’affi chage et de distribution d’éthylotests auprès des maires pour équiper les salles des fêtes, et une campagne destinée aux parents)

Une politique très active de prévention auprès des jeunes (écoles, collèges, lycées)

Mais les eff orts doivent demeurer soutenus en 2012, avec trois priorités : • La lutte contre l’alcool au volant, qui demeure respon-

sable de 40 % des accidents mortels.• Une sensibilisation forte des personnes très âgées et de

leurs familles sur la nécessité de vérifi er leur aptitude à la conduite. En eff et, les plus de 75 ans constituent une part croissante des responsables et victimes d’accidents mortels.

• Une campagne de prévention et de contrôle auprès des deux roues motorisés : inciter les utilisateurs à porter un équipement vraiment protecteur.

Sécurité routière

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manche. gouv n° 4 Mars 2012

Magazine des services de l’État dans la Manche

ADMINISTRATIONPréfecture de la ManchePlace de la préfecture50 009 Saint-Lô Cedex

Tél. +33(0)2 33 75 49 50Fax. +33(0)2 33 57 36 66

DIRECTEUR DE LA PUBLICATIONAdolphe Colrat - Préfet de la Manche

DIRECTEUR DE LA RÉDACTIONBenoît Lemaire - Directeur de Cabinet

RÉDACTEUR EN CHEFMarc Lugand-Sacy - Responsable communication

RÉDACTEUR EN CHEF ADJOINTEValérie Desquesnes - Chargée de communication

ONT COLLABORÉ À CE NUMÉRO (*)

Jean-Marc Bouré // Administrateur du Mont-Saint-Michel Kleber Arhoul // Directeur Régional des Aff aires CulturellesJean de la Garanderie // Préfecture de la MancheCatherine Yvon // Préfecture de la MancheDenis Wahl // Préfecture de la MancheJean-Pierre Mayot // STAPDaniel Huguet // DDTM 50 Olivier Thirion // DDTM 50 Éric Pain // DDTM 50Eric Diouris // DRAC François Fichet De Clairfontaine // DRAC Alain Nafi lyan // DRAC Fanny Faure // Stagiaire Aff aires Maritimes

COMITÉ DE RÉDACTION (*)

Préfecture de la Manche, DDTM, DDFiP, DDPP, STAP,DRAC, SRM

CONCEPTION-MAQUETTE - PUBLICITÉSMarc Lugand-Sacy Charlotte Laisney /Stagiaire - Préfecture de la MancheLucie Alexandre /Stagiaire - Préfecture de la Manche

PHOTOS/PHOTOS DE COUVERTUREJean-Michel Enault / Couverture Préfecture de la Manche / ThinkstockphotosHervé Paitier / Inrap - A.Nafi lyan / DRAC - DDTM - Syndicat Mixte Baie du Mont-Saint-Michel Imagence - MG Design

IMPRESSIONEntreprise Diamen //Saint-Lô

TIRAGE900 exemplairesISSN//1769 - 5058

CONTACT RÉDACTIONTél. : +33(0)2 33 75 48 [email protected]

LES SERVICES DE L’ÉTAT DANS LA MANCHEwww.manche.gouv.fr

manche. gouv 5 Mars 2012

Zoom sur...

EDITO par Kléber ARHOUL - Directeur Régional des Aff aires Culturelles

Indicateurs et chiff res clés de l’État dans la MancheActus

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Jean-Marc BouréAdministrateur de l’Abbaye du Mont-Saint-Michel

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manche.gouv, un magazine soucieux de l’environnement

Le papier utilisé pour imprimer manche.gouv est recyclable et renouvelable. Le bois utilisé pour la fabri-cation de ce papier provient de forêts gérées selon les critères de développement durable.

L’imprimeur de manche.gouv bénéfi cie du label Imprim’Vert, qui garantit son respect des normes envi-ronnementales.

(*) SIDPC // Service Interministériel de Défense et Protections Civiles - DDTM // Direction Départementale des Territoires et de la Mer - DDCS // Direction Départementale de la Cohésion Sociale - DDPP // Direction Départementale Protection des Populations - DDFIP - Direction Départementale des Finances Publiques DREAL // Direction Régionale de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement - GGD50 // Groupement de Gendarmerie Départemen-

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La gestion du patrimoine immobilier de l’ÉtatPour un Mont-Saint-Michel : Lieu de cultureLe village du Mont-Saint-MichelCoup d’oeil sur la mare de VauvilleLes phares de la Manche Les recherches sur le patrimoine archéologiqueLe patrimoine du 20e siècle dans la Manche avant la Reconstruction

13-14-15-15-16-18-19-

Patrimoine(s)...

Service Départemental de l’Architecture et du Patrimoine

Jean-Marc BouréAdministrateur de l’Abbaye du Mont-Saint-Michel

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manche. gouv 6 Mars 2012

«Julie» s’affiche sur la façade de la Préfecture de la Manche

Les brèves...

ACTULa réforme de l’impôt sur la fortune ISF

Début août 2011 a été publié au journal officiel le projet de loi de Finances rectifi-cative pour 2011 réformant la fiscalité du patrimoine.

En 2011, concernant l’ISF, le champ d’applica-tion a été limité aux redevables qui disposent d’un actif net taxable supérieur à 1,3 million d’euros, contre 800  000 euros initialement, soit au plan national environ 300 000 contri-buables au lieu de 600 000 (pour la Manche, cela concerne environ 1000 foyers contre 2400 avant la réforme). Le barème de l’ISF est inchangé, avec 6 tranches d’imposition de 0,55  % à 1,80  %, dont une 1ère tranche à 0,55 % applicable dès 800 000 euros de patrimoine net. Pour 2012, le champ d’appli-cation de l’ISF reste identique à partir d’un patrimoine net de 1,3 million d’euros, mais le barème sera limité à 2 tranches d’imposition (0,25 % et 0,50 %), et les obligations déclara-tives adaptées :

Si le patrimoine net est compris entre 1,3 et 3 millions d’euros, les redevables seront taxés à 0,25 % et bénéficieront de modalités déclaratives très allégées : le montant de leur patrimoine est à porter sur leur déclaration de revenus 2011 déposée ou télédéclarée en mai 2012, le paiement se fera lors du paie-ment de l’impôt sur le revenu,

Si le patrimoine net est supérieur à 3 millions d’euros, les redevables seront taxés à 0,50 % et conserveront les mêmes obligations déclaratives qu’aujourd’hui. L’ISF restera un impôt autoliquidé avec date limite de paie-ment au 15 juin.

À l’occasion de la journée Internationale de la Femme, la sous-préfète de Coutances a réuni autour d’un déjeuner les femmes maires de son arrondissement.

Cette rencontre conviviale lui a permis de rendre hommage à l’engagement de ces femmes, trop peu nombreuses à des postes de responsabilité au sein des collectivités territoriales : sur les 130 communes de l’arrondissement de Coutances, on compte seulement 21 femmes maires. En revanche,

deux femmes président une communauté de communes (La Haye du Puits et Sèves-Taute) et deux femmes sont conseillères régionales.

Les échanges ont certes porté sur les difficultés rencontrées dans ce mandat, mais aussi sur la satisfaction de participer au développement d’une collectivité et de maintenir la vie dans les communes rurales. Ils ont aussi permis à des élues de cantons différents qui ne se connaissaient pas de partager leur expérience.

La Sous-Préfète de Coutances célèbre les Femmes

Près de 40% des accidents mortels, sur les routes de la Manche, impliquent un conduc-teur en état alcoolique. À l’occasion des fêtes de fin d’année, le préfet de la Manche a pour-suit ses actions pour sensibiliser aux dangers de l’alcool au volant.

La préfecture de la Manche affiche actuelle-ment sur sa façade une large bâche statique présentant Julie, une petite fille décédée à l’âge de 3 ans, dans un accident de voiture lié à l’alcool (Scénario fictif, qui fait néanmoins référence à une réalité malheureusement cou-rante). Les passants sont invités à comprendre que « l’alcool au volant ne tue pas que les conducteurs ».

L’affiche fait partie de l’opération de grande envergure lancée depuis juillet 2011 par le préfet de la Manche qui se traduit par :

• de nombreux contrôles d’alcoolémie,• une double campagne de communica-

tion au moyen de spots radio et d’une sé-rie d’affiches destinées aux collectivités, discothèques, débits de boissons.

Ce fut le cas lors des fêtes de fin d’année et la vigilance sera également forte lors des week-ends de fort trafic en mai prochain.

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manche. gouv 7 Mars 2012

C’est par la loi du 19 juillet 1811 qu’a été or-donnée la formation d’un sixième arrondis-sement de la Manche. Ce sixième arrondis-sement comprend les cantons de Beaumont, Cherbourg, Les Pieux, Octeville, Saint-Pierre-Eglise et 85 municipalités qui ont été «  dis-traites » de l’arrondissement de Valognes.

L’histoire avait pourtant débuté dès le lende-main de la nuit du 4 août, le 12 août 1789 alors qu’une pétition des habitants de Cherbourg, de la Hague et du Val de Cères, adressée à l’Assemblée nationale, avait réclamé l’établisse-ment d’une juridiction et d’un arrondissement à Cherbourg. En eff et Cherbourg est devenu ra-pidement la plus grande ville du département avec 15 000 habitants.

Il faudra attendre la venue à Cherbourg de Napoléon Ier, en visite pour contrôler l’avan-cée des travaux du port militaire, et de Marie-Louise à la fi n mai 1811 pour que soit décidée l’érection d’un tribunal de première instance, d’une sous-préfecture et l’année suivante, en 1812, d’une préfecture maritime.

Le premier titulaire à la sous-préfecture fut Augustin ASSELIN, qui prit ses fonctions le 9 novembre 1811. La sous-préfecture se tenait alors dans sa résidence personnelle, rue Em-

manuel-Lais. Depuis deux siècles, 62 sous-pré-fets se sont succédé à Cherbourg, traversant et épousant toute l’histoire de notre pays. La sous-préfecture se trouve actuellement au 106 de la rue Emmanuel-Lais, et ce depuis 1839, avec à sa tête le 62e sous-préfet, Yves Husson.

Aujourd’hui, la sous-préfecture de Cherbourg, dans le cadre de la réforme de l’État, est en pleine évolution. Elle est appelée à devenir une administration de mission tournée vers le développement du Cotentin au plus près de ses élus, ses acteurs socio-économiques, ses associations et de l’ensemble de ses habi-tants. Selon les chiff res de 2008, cet arrondis-sement compte 191  946 habitants répartis sur 189 communes. C’est l’un des plus grands arrondissements de France et il abrite le port et l’arsenal de Cherbourg ainsi que les centrales nucléaires de La Hague et de Flamanville.

Le 9 novembre 2011 a été célébré le bicente-naire de la création de l’arrondissement de Cherbourg. Lors de cette cérémonie, le préfet de la Manche, Adolphe COLRAT, a souligné la continuité et la modernité de l'institution préfectorale puis Bruno CENTORAME, histo-rien cherbourgeois, donna une enrichissante conférence sur l’histoire de la construction de cet arrondissement.

Faire progresser l’intercommunalité dans la Manche.

Le Bicentenaire de la création de l’arrondissement de Cherbourg.

Retrouvez l’info sur le portail : manche.gouv.fr

La France est un territoire émietté qui compte près de 36  600 communes. La Manche est particulièrement touchée par ce phénomène puisqu’elle compte 601 communes. C’est dans l’intercommunali-té qu’elles ont trouvé le moyen de pallier l’émiettement en se réunissant au sein de communautés de communes pour exer-cer des compétences en commun.

Très tôt plébiscitée, l’intercommunalité est aujourd’hui inscrite dans le paysage man-chois, mais le périmètre des communau-tés actuelles, calqué sur le périmètre des cantons, s’éloigne du territoire vécu par la population. Aussi, un travail de rationali-sation de l’intercommunalité a été entre-pris au début  2011, dans le cadre de la réforme des collectivités territoriales. Il vise à réduire le nombre de communautés de communes en les fusionnant et en adop-tant des périmètres plus pertinents, tout en intégrant les communes restant encore isolées.Les propositions de réorganisation de l’intercommunalité sont formalisées dans un schéma départemental. Ce document a été soumis à tous les conseils municipaux, communautaires et syndicaux du départe-ment puis modifi é pour tenir compte de leur avis. Il a été adopté, le 28 novembre 2011, par la commission départementale de commission intercommunale, présidée par le préfet de la Manche.

La mise en place défi nitive de cette nou-velle confi guration du territoire se fera au plus tard le 1er juin 2013. D’ici là, les élus devront s’accorder sur le fonctionnement (fi scalité, gouvernance, compétences…) et sur les «  frontières  » des diff érentes inter-communalités.

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DU MONT-SAINT-MICHEL

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DU MONT-SAINT-MICHEL

manche. gouv 9 Mars 2012

La construction de la digue route insubmersible ac-tuelle, sur 1 830 mètres, date quant à elle de 1879, sous l’impulsion de l’État. Elle fut réalisée en une année, avec de la tangue extraite sur place. Le train Moidrey – Le Mont-Saint-Michel sera mis en service sur cette digue en septembre 1901, en prolonge-ment de la ligne existante alors de Pontorson à Moidrey. Cette ligne sera fermée en 1938 pour être démontée pendant la Seconde Guerre mondiale.

Les origines du projet du rétablissement du carac-tère maritime du Mont-Saint-Michel (RCM) datent de la construction de la digue route elle-même, projet déjà décrié dès sa construction, notamment par l’administration des Beaux Arts.

Dès 1883, une commission extra-parlementaire, composée de quatre députés, demande qu’il soit réalisé des travaux « pour arrêter le colmatage à environ 1 000 mètres des remparts du Mont-Saint-

Michel ». Victor Hugo écrira d’ailleurs, en 1884 : « Le Mont-Saint-Michel est pour la France ce que la grande Pyramide est pour l’Égypte. Il faut le préser-ver de toute mutilation. Il faut que le Mont-Saint-Michel reste une île. Il faut conserver à tout prix cette double œuvre de la nature et de l’art. »Ces discussions déboucheront sur des études et plusieurs enquêtes publiques, en 1914, 1916, et 1929, prévoyant toutes la coupure de la digue route.

L’année 1966 va faire évoluer le site une nouvelle fois de façon importante avec l’installation du par-king maritime actuel pour la célébration du Millé-naire Monastique. Cette décision d’implantation a été prise malgré l’avis de la Commission Supérieure des Monuments Historiques appuyée par André Malraux (alors Ministre de la Culture), qui préco-nisait déjà l’installation de parkings sur les grèves avec mise en place d’un service de navettes. Les recettes de ce parking maritime payant (exploité

DU RÉTABLISSEMENT DU CARACTÈRE MARITIMEL’HISTORIQUE

DU MONT-SAINT-MICHEL

LA BAIE DU MONT-SAINT-MICHEL, SUR SON CÔTÉ SUD ESSENTIELLEMENT, A SUBI DE PROFONDES TRANSFORMATIONS À PARTIR DE 1856. À CET TE DATE,

M. MOSSELMAN OBTIENT UNE CONCESSION, DANS LA CONTINUITÉ DES TRA-VAUX RÉALISÉS DEPUIS LE MOYEN ÂGE DANS LA GRANDE BAIE (MARAIS DE DOL NOTAMMENT), AFIN DE POUVOIR CRÉER DES POLDERS GAGNÉS SUR LA MER, NOUVELLES TERRES FERTILES À CULTIVER. IL CRÉERA AINSI DES LINÉAIRES IM-PORTANTS DE DIGUES, NON SANS DIFFICULTÉS, AVEC L’AIDE NOTAMMENT DES DÉTENUS DE LA MAISON D’ARRÊT SITUÉE DANS L’ABBAYE DU MONT-SAINT-MI-CHEL JUSQU’EN 1863. DE CET TE PÉRIODE DATE NOTAMMENT L’ENDIGUEMENT DU COUESNON DANS SA FORME ACTUELLE, AFIN D’EN STABILISER UN TRACÉ JUSQU’ALORS PLUTÔT ALÉATOIRE.

Par Daniel Huguet - Olivier Thirion - Eric Pain // DDTM

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par le SIVOM nouvellement créé) vont alors permettre une partie du financement de la construction du barrage de La Caserne, qui empêchera la mer de remonter le Couesnon à marée haute.

Dans le même temps, le comblement de l’anse de Moidrey (ancienne anse marine qui s’est sédimentée à la suite de la canalisation du Couesnon), à quatre kilomètres en amont du barrage, est parachevé par des travaux de terrasse-ment.

Après l’aménagement de ce parking, une longue série d’études hydrauliques, sédimentologiques et environne-mentales va débuter, avec l’aide notamment du Labora-toire central d’hydraulique de France. La première modé-lisation physique de la baie sera ainsi réalisée en 1976. La digue de la Roche Torin sera démolie en 1983. Il s’agit là des premiers travaux réalisés en rapport avec le RCM (Réta-

blissement du Caractère Maritime).

Après de multiples rebondissements, l’ensemble des études réalisées débouchera, suite à des appels à idées (un tunnel avait ainsi été évoqué !), le 1er avril 1995, sur le discours du Premier Ministre Édouard Balladur annonçant le financement du projet actuel, en partenariat entre l’État et les collectivités locales. Ce discours fondateur aboutira, après huit années d’études, aux enquêtes publiques de 2003.

La maîtrise d’ouvrage du projet sera confiée en 1997 au Syndicat Mixte, nouvellement créé à cet effet, regroupant la Région Basse-Normandie, la Région Bretagne, les dé-partements de la Manche et d’Ille-et-Vilaine, ainsi que les communes concernées par le projet.

DU RÉTABLISSEMENT DU CARACTÈRE MARITIMELE PROJET

DU MONT-SAINT-MICHEL

[DOSSIER ] - Patrimoine

Le projet décidé par Édouard Balladur en 1995 a fait l’objet de nombreuses études jusqu’à

la déclaration d’utilité publique du projet (enquêtes publiques pour 14 motifs différents) en 2003. Le projet vise ainsi à :

Rétablir le caractère mari-time du Mont-Saint-Michel.

Rétablir et maintenir aux abords immédiats la présence intermittente de la mer nécessite de repousser les sédiments par la mise en œuvre de chasses hydrauliques à marées basses, d’une durée maximale de 3 heures. Cette opération est rendue possible grâce à un barrage per-mettant un remplissage par la mer à marée haute du Couesnon et à l’aménagement d’une réserve d’eau en amont (creusement de l’anse de Moidrey et curage du Couesnon, permettant de stocker un maximum de 1,5 million de mètres cubes d’eau sur un cycle de marée), des aména-gements hydrauliques à l’aval (seuil

de partage en enrochements, épis de divagation, creusement de deux che-naux...), et la suppression de la digue -route actuelle avec le remplacement de cette dernière par un pont pas-serelle. Le barrage permet, en outre, comme son prédécesseur, d’empê-cher la marée d’inonder les zones habitées en amont.Précisons une nouvelle fois ici que l’objectif du projet n’est pas de « dé-sensabler la baie du Mont-Saint-Mi-chel » comme on peut souvent le voir écrit, chose tout à fait utopique dans une baie à l’ensablement inéluctable, mais bel et bien de rendre son carac-tère maritime au Mont, c’est-à-dire de faire en sorte que le Couesnon puisse passer de part et d’autre du rocher.

Requalifier le site en valo-risant l’accueil et l’approche du visi-teur.

Pour cela, il est prévu de transférer les parcs de stationnement et d’y asso-cier les bâtiments d’accueil du public pour redonner au site sa dimension

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naturelle. Les remblais adossés aux remparts seront également dégagés, et des navettes permettront le transport des visiteurs depuis les parcs de stationnement jusqu’au Mont.

Le financement du projet est assuré pour moi-tié (hors parking) par l’État, et le reste par les collectivités locales (principalement régions Basse-Normandie, Bretagne, départements de la Manche et d’Ille-et-Vilaine), le Fonds eu-ropéen de développement régional (FEDER) et l’Agence de l’Eau.À l’échelle de la petite baie (50,8  km²), les

sédiments seront redistribués vers le fond de celle-ci. La progression des herbus en surface globale sera à peu près identique avec ou sans aménagements, mais les environs du Mont seront petit à petit redonnés au Couesnon et à la mer.

Le barrage, construit de 2006 à 2009 est main-tenant en service. Les aménagements hydrau-liques, la construction de la passerelle et de la nouvelle digue route, ont débuté à l’été 2011. L’achèvement des travaux est prévu fin 2013 pour la passerelle, et fin 2014 pour les amé-

nagements hydrauliques. Le parking et la navette, exploités dans le cadre d’une délé-gation de service public par la société VEOLIA Transports, devraient être mis en service le 28 avril 2012.

Dans sa tâche, le Syndicat Mixte est aidé par la Mission Mont-Saint-Michel de la direction départementale des territoires et de la mer de la Manche (DDTM50), qui assure la conduite d’opération pour la construction du barrage, et la réalisation des aménagements hydrau-liques.

DU RÉTABLISSEMENT DU CARACTÈRE MARITIMEDU MONT-SAINT-MICHEL

manche. gouv 11 Mars 2012

Page 12: MANCHE.GOUV - Mars 2012

LA BAIE DU MONT-SAINT-MICHEL CONSTITUE UN VASTE ESPACE DE HAUTE VALEUR PAYSAGÈRE ET ÉCOLOGIQUE. ELLE PRÉSENTE DES

ESPACES NATURELS AUSSI RICHES QUE VARIÉS. RECONNUE POUR SON CARACTÈRE NATUREL ET CULTUREL EXCEPTIONNEL, ELLE BÉNÉFICIE DE NOMBREUSES MESURES DE PROTECTION DONT L'INTÉGRATION AU RÉ-SEAU NATURA 2000 ET LE CLASSEMENT DES SITES QUI SONT PRISES EN COMPTE DANS LE PROJET DE RÉTABLISSEMENT DU CARACTÈRE MARI-TIME DU MONT-SAINT-MICHEL.

DU RÉTABLISSEMENT DU CARACTÈRE MARITIMELES ENJEUX

DU MONT-SAINT-MICHEL

L’ESTRAN SABLO-VASEUX ET LE SECTEUR MARIN SUBTIDAL

L’estran représente environ 20  000 hectares. Des structures originales s’y rencontrent (récifs d’hermelles) soumises à d’incessantes modifi cations naturelles. Les peuplements piscicoles : 90 espèces de poissons majoritai-rement marines sont présentes en baie à un moment ou l’autre de leur cycle biologique. On y rencontre également des poissons : sau-mon, anguille...... La baie a principalement un rôle de nurserie. Les mammifères marins : une population importante pour la façade atlan-tique de phoques veaux-marins, accompa-gnée de quelques phoques gris, est présente toute l’année. L’impact potentiel du projet serait un dérangement en phase travaux. Pour l’éviter, des mesures de précaution sont prises et un suivi mis en place. Le Grand Dauphin fréquente également la baie à la poursuite en particulier du maquereau.

LA FAUNE PISCICOLE DANS LES COURS D’EAU

Le Couesnon, tout comme la Sée et la Sélune, fl euves d’excellente valeur pour le saumon, est classé cours d’eau à migrateurs pour le sau-mon, la truite de mer, le brochet et l’anguille, ce qui implique d’assurer pour ces espèces le franchissement des ouvrages. L’aval de l’anse de Moidrey présente un peuplement piscicole fortement infl uencé par la salinité. La nouvelle

gestion du barrage de la caserne devrait favo-riser la migration du saumon et le caractère estuarien du Couesnon aval. Un suivi piscicole (saumon, civelles notamment) est assuré .

LA DIGUE ROUTE

Bien qu’a priori n’apparaissant pas comme un espace naturel exceptionnel, la présence d’une espèce végétale protégée, la crételle hérissée, a nécessité la mise en place de me-sures de transfert.

LES HERBUS

Leur superfi cie atteint près de 4 000 hectares. La rareté et l’étendue de certains groupe-ments végétaux, leur diversité, la présence d’espèces protégées en font un site de valeur internationale. Ils hébergent une faune riche et rare d’invertébrés, et constituent une zone d’alimentation et de nidifi cation pour les oi-seaux. Le projet n’aura pas d’impact sur l’évo-lution globale de l’herbu, mais en modifi era l’implantation géographique.

LES POLDERS ET MARAIS CONTINENTAUX

Les zones intéressantes des marais continen-taux (marais de Sougeal, de la Claire-Douve, ….) accueillent encore des colonies impor-tantes d’oiseaux d’eau ; aucune d’elles ne sera impactée négativement par les travaux.

L’anse de Moidrey recèle des associations vé-gétales caractéristiques de zones humides. Le peuplement d’invertébrés est riche, avec vingt espèces d’intérêt patrimonial, et présente une espèce de papillon protégée, l’écaille chinée. Quatre espèces de batraciens et reptiles pro-tégés ont également été trouvées. Des amé-nagements préventifs et un suivi sont réalisés notamment pour le pélodyte ponctué.

L’AVIFAUNE

Située sur la grande voie de migration ouest-européenne, la baie constitue un site d’impor-tance internationale pour l’avifaune migra-trice (anatidés, limicoles...). De plus, diverses espèces nicheuses utilisent le littoral de la baie.

- 132 espèces d’oiseaux ont été recensées dont une trentaine doit faire l’objet de me-sures spécifi ques de conservation.

Les roselières du Couesnon abritent quelques espèces (Rousserolle eff arvatte, Gorgebleue à miroir...) dont l’habitat est protégé au titre de l’arrêté du 29 octobre 2009 : des mesures compensatoires à l’atteinte à cet habitat in-dispensable au projet sont en cours d’étude; l’anse de Moidrey présente une importante richesse en espèces. Mis à part le dérange-ment provisoire lié aux travaux, le projet sera favorable à l’avifaune.

manche. gouv 12 Mars 2012

Page 13: MANCHE.GOUV - Mars 2012

Le préfet de département est également res-ponsable de la valorisation du patrimoine immobilier et de la préservation des intérêts patrimoniaux de l’État dans le département. Enfin, il décide des opérations immobilières intéressant un ou plusieurs services décon-centrés des administrations civiles de l’État et ayant pour objet une implantation nou-velle, la modification d’une implantation ou la réhabilitation d’un immeuble et donne son accord à la programmation financière.

Pour exercer cette fonction, le préfet s’ap-puie, au-delà de ses propres services préfec-toraux, sur les antennes régionales et dépar-tementales de France Domaine, rattachées à la direction générale des finances publiques (DGFiP), et sur le service des constructions publiques à la direction départementale des territoires et de la mer (DDTM).

Dans la Manche, le SPSI, constitué d’un volet « diagnostic » validé en Comité de l’admi-nistration régionale (CAR) le 16 décembre 2009 et d’un volet « stratégie » validé en CAR le 30 juin 2010, montre clairement que les implantations des services de l’État se répartissent sur les deux principales agglo-mérations du département, Saint-Lô et Cherbourg-Octeville.

Le volet « diagnostic » a recensé :

• 121 bâtiments hébergeant plus de

51% de surface de bureaux;• un parc immobilier loué à 67%;• un ratio d’occupation départemental

de 20,24m² de surface utile nette (SUN) par poste de travail

Le volet « stratégie » vise à :

• une réduction, voire une disparition des surfaces louées;

• une utilisation optimisée des bâti-ments, dont l’État, est propriétaire;

• l’amélioration du ratio d’occupation en tendant vers les 12m² de SUN par poste de travail.

Dans le cadre de la Réforme de l’administra-tion territoriale de l’État (RéATE), le regrou-pement des services appelés à constituer les Directions départementales interminis-térielles (DDI) a bien sûr été privilégié.

C’est pourquoi, dans un premier temps (2009-2011), les travaux de restructurations ont porté, à Saint-Lô chef-lieu du départe-ment, sur la création de la DDTM et la locali-sation dans un même bâtiment des services de la DDCS. La balance financière a égale-ment permis d’accompagner la relocalisa-tion de l’ex-DDCCRF et de réaliser, à Cher-bourg-Octeville, le relogement provisoire de la Délégation territoriale Nord (DTN) de la DDTM.

La gestion du patrimoine immobilier de l’État.

GESTION ...

manche. gouv 13 Mars 2012

Les grandes lignes du SPSI

À compter de 2012, comme cela a été prescrit par le SPSI, les services cherbourgeois de la DDTM ont vocation à être regroupés dans un seul bâtiment domanial libéré par le ministère de la Défense. Les services concernés sont la DTN, la délégation à la mer et au littoral, ainsi que les effectifs du patrouil-leur des affaires maritimes relevant de la Direction interrégionale à la mer (DIRMER) Haute et Basse-Normandie.

À Saint-Lô, les Inspections du travail, qui occupent actuellement des locaux du parc locatif, pourront être installées dans les surfaces libérées par la DDCS dans des bâtiments appartenant à l’État ou mis à disposition (à la cité administrative, place de la pré-fecture).

Les opérations immobilières de l’État dans le cadre de la RéATE sont financées par les cessions des biens appartenant à l’État dont les services ont déclaré l’inutilité. Un compte d’affectation spéciale retrace les recettes et les dépenses de ces opérations (CAS 723). Les loyers budgétaires que l’État prélève sur les budgets des administrations occupantes consti-tuent une autre recette (sur le budget opérationnel de programme BOP 309).

Le budget consacré au programme 2009-2011 du SPSI s’est élevé à 1 522 000 €. Il a été équilibré par le produit de 85% des cessions de biens réalisées dans la Manche au titre du CAS 723.

Pour l’entretien des bâtiments, les administrations de la Manche ont bénéficié de 117 702€ en 2011.Enfin des audits sur la performance énergétique des bâtiments et leur accessibilité ont été réalisés en 2010 et 2011. Les résultats de ces audits sont en cours d’exploitation afin de programmer les tra-vaux nécessaires pour contribuer aux objectifs du Grenelle de l’environnement et de la loi Handicap de 2005.

DANS LE CADRE DE LA STRATÉGIE IMMOBILIÈRE ARRÊTÉE PAR LE PRÉFET DE RÉGION, LE PRÉFET DE DÉPARTEMENT REPRÉSENTE L’ÉTAT DANS SON RÔLE DE PROPRIÉTAIRE VIS-À-VIS DES ADMINISTRATIONS OCCUPANTES ET

ÉLABORE UN SCHÉMA PLURIANNUEL DE STRATÉGIE IMMOBILIÈRE (SPSI) QUI FIXE LES ORIENTATIONS DE LA POLITIQUE IMMOBILIÈRE DE L’ÉTAT DANS LE DÉPARTEMENT POUR UNE PÉRIODE DE CINQ ANS. CE SCHÉMA ASSURE LA COHÉRENCE DES PROJETS IMMOBILIERS DE L’ÉTAT ET PRÉCISE LEUR LOCALISATION.

Par Denis Wahl // Préfecture de la Manche

Page 14: MANCHE.GOUV - Mars 2012

Aujourd’hui, il est temps de redonner à ce lieu si sublime un contenu culturel en résonance avec la requalifi cation esthétique et tech-nique du site induite par le rétablissement du caractère maritime.

Le Centre des monuments nationaux dont la mission est d’entretenir et d’ouvrir à la visite l’abbaye, mais aussi de l’animer, ne ménage pas ses eff orts dans ce domaine.

Il propose, depuis l’été dernier, une nouvelle scénographie à son ouverture nocturne esti-vale intitulée « Chant d’ombre à la Merveille ». Elle sera reprise du 3 juillet au 1er septembre prochain, encore améliorée, pour la plus grande joie des visiteurs (ils ont été plus de 48  000 enthousiastes à faire le parcours du soir en 2011).

Après les rapports entre les monuments et les animaux, traités en 2011 via une exposition de dessins d’Agathe David, c’est « Monuments et imaginaire  » qui a été choisi par Isabelle Lemesle, présidente du CMN, comme thème de la saison prochaine. On le croirait spécia-lement conçu pour le Mont-Saint-Michel  ! Le CMN continuera à s’allier avec un grand par-tenaire, le Musée de la chasse en 2011, la Cité

de la céramique de Sèvres en 2012, chargé du commissariat artistique des expositions décli-nées dans les monuments. Celle qu’accueille-ra l’été prochain l’abbaye sera présentée dans quelques semaines.Quant à la saison de concerts, elle nous a permis d’accueillir depuis 2010 des artistes et ensembles aussi réputés qu’Anne Queff é-lec, Jordi Savall et Hespèrion XXI, le Concert spirituel dirigé par Hervé Niquet, l’orchestre de la garde républicaine et son chef François Boulanger, l’organiste Vincent Warnier, début d’une liste que nous espérons aussi longue que prestigieuse.

Le rôle de l’administrateur de l’abbaye est crucial dans la réussite de ce développement culturel. Outre la conception de la program-mation et l’organisation de la logistique des concerts (plus complexe qu’ailleurs), il doit s’atteler à la recherche de ressources propres. Car le temps du fi nancement de ces opéra-tions de diff usion par le tout État est bien révolu. Si l’eff ort du CMN doit être souligné, avec une augmentation de 125 % des crédits destinés à la saison de concerts entre 2010 et 2012, il n’aurait pas été suffi sant sans l’apport des partenaires publics (Conseil régional de Basse-Normandie et Conseil général de la

Manche) et privés.

Qu’ils en soient remerciés, de même que le public, dont la présence nombreuse légitime cette nouvelle politique.

Ainsi, la Sodetour et les Tricots Saint-James d’abord, bientôt suivis par la Société Géné-rale, Véolia Transport, le groupe Mère Poulard, et l’Association des amis du Mont, ont mécéné la saison de concerts en 2011. Les mêmes par-tenaires nous suivront en 2012, rejoints (et la liste n’est pas close, je l’espère  !) par l’entre-prise Degaine S.N.C., fi liale de Vinci, spéciali-sée dans la restauration des monuments his-toriques.

Enfi n, l’association des Amis de l’Orgue par-ticipera fi nancièrement à la dernière phase des travaux de restauration de l’orgue Beu-chet-Debierre de l’abbatiale, que le récital de Thierry Escaich permettra de fêter.

Un Club des mécènes de l’abbaye du Mont-Saint-Michel verra le jour en 2012, afi n d’assu-rer le plus de visibilité possible à ceux qui ont choisi de soutenir le monument. Particuliers et entreprises, rejoignez-le !

LE MONT-SAINT-MICHEL SEMBLE AMNÉSIQUE SUR LA QUESTION DE SON RAPPORT RÉCENT À LA CULTURE. TROP SOUVENT DÉCRIÉ POUR SES ACTI-

VITÉS COMMERCIALES QUI GALVAUDERAIENT SON IMAGE, LE MONT EST RA-REMENT ÉVOQUÉ EN RÉFÉRENCE À SES ÉVÉNEMENTS ARTISTIQUES PASSÉS. POURTANT IL A CONNU DE RICHES HEURES. SANS REMONTER AU XIIE SIÈCLE ET À L’INTENSE VIE INTELLECTUELLE DE L’ÉPOQUE DE ROBERT DE TORIGNI, L’ABBAYE A ACCUEILLI CES QUARANTE DERNIÈRES ANNÉES DES MANIFES-TATIONS DIGNES D’ÊTRE ENCORE DANS LES MÉMOIRES  : LES NUITS MUSI-CALES DANS LES ANNÉES 70, LES IMAGINAIRES DIX ANS PLUS TARD, LES CONCERTS DE LA SAINT-MICHEL INITIÉS PAR LE PRÉFET VICTOR CONVERT DE 1996 À 1998, DES EXPOSITIONS D’ENVERGURE DUES À MES PRÉDÉCES-SEURS JEAN-PIERRE HOCHET ET NICOLAS SIMONNET… ALORS POURQUOI CETTE ALTERNANCE D’ANNÉES BRILLANTES ET D’ÉPOQUES MOINS ACTIVES ? L’ABSENCE D’IMAGE CULTURELLE DU MONT NE VIENT-ELLE PAS DE CES IN-CONSTANCES  ? PENDANT CE TEMPS, DE L’AUTRE CÔTÉ DE LA FRANCE, DES FESTIVALS, DANS DES LIEUX PARFOIS BIEN PLUS ORDINAIRES, BRILLENT DE MILLE FEUX CRÉATIFS, MÉDIATIQUES ET MONDAINS SANS INTERRUPTION DEPUIS DES DÉCENNIES.

manche. gouv 14 Mars 2012

Pour un MONT-SAINT-MICHELLieu de CULTURE Par Jean-Marc Bouré // Administrateur de l’Abbaye du Mont-Saint-Michel

Page 15: MANCHE.GOUV - Mars 2012

Aujourd'hui, la commune se compose d'édi-fices cultuels, défensifs et civils s'étendant sur une superficie de deux hectares trois. Outre l'Abbaye, son église, ses dépendances et les ouvrages fortifiés, tours, courtines et mu-railles, le Mont-Saint-Michel est constitué de quelques rues et venelles très étroites sur les-quelles vient s'accrocher un bâti médiéval for-tement remanié par l'intervention des archi-tectes-restaurateurs au cours de la seconde moitié du XIX° siècle.

Près d'une cinquantaine d'édifices sont ainsi protégés au titre des Monuments histo-

riques depuis 1862, date du premier classe-ment de l'Abbaye. Parmi ceux-ci, figurent de nombreuses maisons telles que celles « de la Sirène  », «  de Licorne  » ou du «  Logis St-Au-bert  », ou bien encore des auberges comme celles «Mouton blanc» ou «  de l'ECU de Bre-tagne  ». Certains jardins comme celui du musée Saint-Michel ou celui attenant à la Villa Bellevue restent encore les rares espaces non construits du village.

Le service de l'État en charge de la gestion du Mont-Saint-Michel, le Service Territo-rial de l'Architecture et du Patrimoine de la

Manche, doit accompagner ses interlocuteurs à remettre le village du Mont-Saint-Michel dans un état qu'il n'aurait pas dû quitter. Il doit aussi les aider à retrouver une cohérence architecturale entre le bâti et les couvertures, les percements, les façades commerciales , les enseignes, et doit veiller, avec la collectivité territoriale, à la remise en valeur de l'espace public (traitement des sols, éclairage public, câblage des réseaux et des fluides), constitué pour sa plus grande partie par des murs proté-gés des devantures éventrées et encombrées d'objets de toute sorte qui n'ont bien souvent pas leur place sur le Monument.

manche. gouv 15 Mars 2012

Coup d’œil sur la mare de Vauville

DEPUIS MAINTENANT PLUS DE 1300 ANS, LE MONT-SAINT-MI-

CHEL S’EST TRANSFORMÉ PROGRES-SIVEMENT EN VILLE FORTIFIÉE QUI S’AVÉRA EN MAINTES OCCASIONS UN LIEU DE REFUGE OU DE REPLI IDÉAL. PLACE FRONTIÈRE DURANT DES SIÈCLES, ELLE ABRITE LE SANC-TUAIRE DE SAINT-MICHEL, PRO-TECTEUR DU ROYAUME DE FRANCE PENDANT TOUT LE MOYEN-AGE.

Le village du MONT-SAINT-MICHEL

Située au nord-ouest du Corentin, la mare de Vauville est propriété du Conserva-toire du Littoral et gérée par le Groupe Ornithologique Normand. Étendue d’eau douce, isolée de la mer par un étroit cordon dunaire, vous la découvrirez des hauteurs de la route de Biville dans un magnifique paysage.Composée d’une succes-sion de mares, de dunes, de pelouses et de roselières, cette réserve est exception-nellement riche en biodiver-

sité avec plus de 300 espèces végétales, 150 espèces d’oi-seaux, des mammifères , des amphibiens et reptiles.

Vous pouvez y découvrir et admirer le busard des roseaux, le grand gravelot, le phrag-mite des joncs ou le fuligule morillon, ainsi que le triton crêté, le crapaud calamite ou le pélodyte ponctué. La ré-serve naturelle est ouverte au public, avec la possibilité de visite guidée.

LA MANCHE POSSÈDE UN PATRIMOINE NATU-REL D’UNE GRANDE RICHESSE ILLUSTRÉE PAR

LA PRÉSENCE DE CINQ RÉSERVES NATURELLES NA-TIONALES : LA MARE DE VAUVILLE, LES MARAIS DE LA SANGSURIÈRE ET DE L’ADRIENNERIE, LA TOUR-BIÈRE DE MATHON, LE DOMAINE DE BEAUGUILLOT ET LA FORÊT DOMANIALE DE CERISY.

Par Jean-Michel Germaine & Jean-Pierre Mayot // STAP

Par Daniel Huguet // DDTM

Page 16: MANCHE.GOUV - Mars 2012

Sous la responsabilité des ingénieurs des Ponts et chaussées chargés de la signalisation des côtes depuis un décret napoléonien de 1806, une politique de construction systéma-tique d’un réseau de phares se met progressi-vement en place. Elle aboutit au “programme d’éclairage des côtes de France” de 1825 qui prévoit la construction de cinquante et un phares classés en trois ordres selon la puis-sance de leurs feux. Elle a été rendue possible par les progrès technologiques des années 1810 et 1820 qui voient apparaître les feux à éclats grâce aux travaux de l’ingénieur Teulere et la lentille de verre à échelons successifs, inventée par Augustin Fresnel, qui a permis de multiplier par quatre l’intensité lumineuse des feux. Avec la mise en service du phare des Baleines en 1854 sur l’île de Ré, la signalisa-tion des côtes françaises est achevée. Grâce à l’expérience acquise par les industriels et les ingénieurs, notre pays possède jusque dans les années 1980 une expertise et une autorité mondialement reconnues dans la conception des phares. Depuis une vingtaine d’années, les phares ont progressivement perdu de leur utilité en raison de l’essor des systèmes de na-vigation par satellite et font leur entrée dans le patrimoine.

Impulsé par le ministère de la Culture et de la Communication et le ministère de l’Équipe-ment, un inventaire national du patrimoine lié à la signalisation maritime est lancé au début des années 2000. En Basse-Normandie, ce tra-vail aboutit en 2009 à la protection au titre des monuments historiques de cinq phares et un sémaphore, tous situés dans la Manche.

Situé sur la pointe de Barfleur à la dangero-sité reconnue dès le XVIIe siècle, le phare de Barfleur est un des rares bâtiments de signa-lisation maritime de l’Ancien Régime qui soit arrivé jusqu’à nous. Construit en 1775 dans un style classique très pur, il associe une tour de granit de 25 mètres de haut à un corps de bâtiments abritant logements et magasins et protégeant la base du phare. Jugé rapidement obsolète, il perd sa lanterne et est transformé en sémaphore par l’adjonction d’un étage d’attique en 1861. Afin de suppléer à l’insuffisance du phare de Barfleur, un deuxième phare est construit juste à côté de ce dernier entre 1828 et 1835.

Confiée à l’ingénieur Morice de la Rüe, la réa-lisation de cette immense tour de 72 mètres, qui fut pendant 70 ans le plus haut phare du monde, représente un véritable tour de force. L’ouvrage de Gatteville frappe par ses dimen-sions, par la sobriété et l’élégance de son architecture néo-classique, mais aussi par les innovations apportées à l’agencement inté-rieur du phare comme l’escalier à noyau de la tour et l’ouverture des logements et magasins vers l’intérieur de l’enceinte.

Situé sur la pointe du Roc et mis en service en 1828 pour signaler les dangers marquant l’entrée du port de Granville, le phare du Cap Lihou se présente comme une solide tour cy-lindrique en granit de Chausey de 11 mètres de haut aux lignes très pures. L’aménagement de la chambre du gardien est particulière-ment soigné avec sa cheminée de marbre, son grand lit clos lambrissé de chêne, ses plafonds et planchers ornés de marqueterie.

Construit entre 1834 et 1837 en mer pour

Un patrimoine maritime et technologique d’exception : les phares de la Manche

SI L’IDÉE D’UNE SIGNALISATION SYSTÉMATIQUE DES CÔTES DE FRANCE REVIENT À COLBERT, IL A FALLU PLUS D’UN SIÈCLE POUR QUE LES PREMIÈRES RÉALISATIONS VOIENT LE JOUR EN NORMANDIE AVEC LA RÉALISA-TION ENTRE 1773 ET 1775 PAR LA CHAMBRE DE COMMERCE DES TROIS PREMIERS ÉTABLISSEMENTS SPÉCIFI-QUEMENT DESTINÉS À RENDRE PLUS SûRE ET PLUS AISÉE LA NAVIGATION MARITIME.

manche. gouv 16 Mars 2012DRAC : Direction Régionale de l’Action Culturelle

Par Eric DIOURIS // DRAC

Page 17: MANCHE.GOUV - Mars 2012

Au XVIIéme siècle, de 1694 à 1699, Benjamin de Combes, directeur des fortifications de Nor-mandie, ingénieur militaire et élève de Vauban, fait construire le Fort de la Hougue. Cet édifice de vingt mètres de haut et seize mètres de dia-mètre au sol, est enserré de murailles fortifiées et relié au continent par une digue d’environ un kilomètre. Il demeure le témoin privilégié de l’excellence de l’architecture militaire de cette époque.

Benjamin de Combes construit cette base mili-taire pour protéger la baie de Saint-Vaast-la-Hougue et empêcher tous débarquements des flottes ennemies.Aujourd’hui encore, le Fort de la Hougue conserve une vocation militaire, d’où sa ferme-ture au public. Il se visite toutefois lors des jour-nées du patrimoine. Il est classé au patrimoine mondial de l’humanité, de l’UNESCO, depuis juillet 2008.

Pour mémoire, le classement par l’UNESCO vise à protéger les monuments et sites remar-quables en tant qu’héritage commun à l’hu-manité. Aujourd’hui, 936 biens ont été classés dans 153 États, dont trois biens en Normandie; le Mont-Saint-Michel et sa baie, le Havre, la ville construite par Auguste Perret et les fortifica-tions de Vauban, à Saint-Vaast-la-Hougue

/ Daniel Huguet, DDTM50

Le fort de la Houguesignaler les courants violents et les brisants du Raz Blanchard, le phare de la Hague a re-présenté pour Charles-Félix Morice de la Rüe une véritable gageure. La tour de 52 mètres est en effet le premier ouvrage français de ce type à être construite sur un rocher d’à peine dix mètres de rayon. Appliquant les principes fonctionnalistes et le style néo-classique qu’il avait déjà mis en oeuvre à Gatteville, l’ingénieur a repris le modèle des colonnes pour concevoir son élégante tour en granit de Flamanville comprenant sou-bassement, fût et couronnement avec astra-gale et cavet renversé surmonté d’une ba-lustrade métallique. Une vaste plate-forme, à laquelle on accède par un escalier à double révolution au dessin très réussi, protège la base de l’édifice tout en accueillant une ci-terne. Cette attention aux détails se retrouve dans l’aménagement intérieur, notamment le déport de l’escalier pour permettre d’iso-ler des espaces indépendants, pensé pour

favoriser le confort des gardiens. Le plan de 1825 n’avait pas prévu de phare à Chausey malgré les dangers que recèle l’archipel. La construction d’un phare de troisième ordre à la pointe Sud-Est de la grande île, à l’emplacement d’une ancienne tour du XVIe siècle, est donc confiée à l’in-génieur Pigeault-Beaupré sous l’égide de Morice de la Rüe et du directeur du service des phares Léonce Reynaud. Construit entre 1843 et 1847 dans le granit gris-bleu pour lequel Chausey est réputé, le phare présente de fortes similitudes avec celui de Carteret avec sa tour carrée alignée sur la façade arrière d’un bâtiment rectangulaire à deux étages abritant les logements des gardiens. Il bénéficie d’une architecture très soignée comme le montre l’encorbellement supé-rieur de la tour. Il présente enfin la particula-rité d’être entouré d’un jardin clos qui abrite notamment un magasin à poudre contem-porain du phare. Bien conservé, l’édifice sert aujourd’hui de centre de télécontrôle de la zone sud Manche.

Sis à Fermanville, le phare du Cap Lévi représente ici une originalité. Il s’agit d’un édifice de la Reconstruction, bâti en 1947-1948 pour remplacer son prédécesseur de 1858 dynamité par les Allemands. Contrai-rement à la tradition qui voulait que les phares soient construits par des ingénieurs, le phare a été conçu par deux architectes, René Levavasseur, l’auteur de la gare mari-time de Cherbourg, et Jacques Chauliat, un jeune confrère issu de Polytechnique. Bien campée sur une base tronconique, la forme retenue, une tour quadrangulaire à faces incurvées et angles abattus formant des arrêtes bien marquées, est élégante et pos-sède un élan certain. Le phare doit égale-ment sa réussite esthétique à l’alliance aty-pique d’un fut carré et de la rotonde à trois niveaux dégressifs qui le couronne, réussite renforcée par les parements en granit rose qui masque l’usage - modernité oblige – du béton.

Pris dans leur globalité, les ouvrages de si-gnalisation maritime protégés de la Manche témoignent du très haut niveau architectu-ral et technique atteint dans ce domaine exigeant du génie civil par les ingénieurs et architectes français des XIXes et XXes siècles, ce qui leur a valu une reconnais-sance patrimoniale méritée par leur inscrip-tion au titre des monuments historiques, le phare de Gatteville étant même classé par le ministère de la Culture et de la Commu-nication.

manche. gouv 17 Mars 2012

Page 18: MANCHE.GOUV - Mars 2012

Les recherches sur le patrimoine archéologique

Avec un peu plus de 5000 sites recensés, le patrimoine archéologique de la Manche fait l’objet de recherches dynamiques, sous le contrôle scientifique et technique du service archéologique de la DRAC, qui abordent tous les champs de l’histoire humaine depuis les premiers temps de l’homme vers 350  000 avant J.-C. jusqu’aux vestiges de la Seconde Guerre Mondiale.

Depuis 2000, la recherche a fortement pro-gressé et l’un des éléments les plus embléma-tiques de cette évolution est la découverte à Orval d’une riche tombe à char du IIIe siècle av J.C., témoignage d’une aristocratie domi-nante au sein du monde celte. Parallèlement, les archéologues ont su mener leurs enquêtes sur de nouveaux champs, abordant l’étude des pêcheries connues depuis la fin du Néo-lithique ou interrogeant sur la très longue durée d’évolution de la presqu’île de la Hague.

Les résultats des recherches ont été à la hau-teur des investissements consentis par l’État et le conseil général de la Manche, mais aussi par les aménageurs. Les fouilles conduites à Saint-Pierre-Église ont livré un atelier de taille du Paléolithique moyen (vers 80 000 av. J.-C.) utilisé par les Néandertaliens. Ce site est aussi

l’un des premiers à témoigner du retour de l’homme dans la région après les glaciations de la fin du Paléolithique (vers 11 000 av. J.-C.).

La période gauloise, objet de recherches préventives sur le tracé de la RN 174 ou sur la ZAC de Tirepied, aura été marquée par l’étude du site côtier d’Urville-Nacqueville. Sous le sable ont été mis au jour les vestiges d’un petit ensemble des IIes et Ie siècles av. J.-C.; dans le voisinage de maisons circulaires bâties dans un enclos à vocation commerciale ont été retrouvées des productions peu cou-rantes comme des monnaies en or, des osse-ments de baleines et du lignite provenant de Grande-Bretagne.

La période antique, qui a vu naître les villes de Valognes ou de Coutances, est l’objet d’un ambitieux projet de synthèse régional. Outre la route-digue romaine qui reliait à travers les marais de l’Ouve les villes précitées et dont on a conservé la structure empierrée retenue par une forêt de pieux, ce projet mentionnera pour la Manche les recherches menées à Mon-taigu-la-Brisette où un vaste et exceptionnel ensemble public de 2400 m² datant des Ier et IIIe siècles apr. J.-C. a été mis au jour dans un fond de vallée. Il associait des thermes à une

palestre encadrée de portiques et à une basi-lique à vocation sportive.La période médiévale réserve souvent bien des surprises, notamment la découverte au Mont-Saint-Michel de l’unique atelier de fabrication d’objets de pèlerinage connu en Europe. Ce dernier a livré une centaine de moules en schiste finement gravés avec des motifs empruntés au culte marial et à celui de saint Michel. Chaque pèlerin pouvait re-partir avec des bagues, un collier ou encore une petite enseigne en métal, preuve de son passage auprès de l’abbaye. Dans le cadre du rétablissement du caractère maritime du Mont-Saint-Michel, une vaste étude des rem-parts a été lancée. Elle a permis la découverte d’élévations du XIIIe siècle et la mise au jour en 2011 de la dernière tour « perdue » des forti-fications, la tour Denis érigée vers 1423 puis arasée et longtemps cachée aux regards.

Les temps modernes et contemporains ne sont pas oubliés par les archéologiques comme le montre l’étude de la briqueterie du Porribet, active à Saint-Fromont au XIXe siècle. On mentionnera aussi les fouilles soutenues par la Fondation Total, qui ont mis au jour, au pied de la tour Vauban de l’île Tatihou, les ves-tiges d’une caserne de l’Ancien Régime.

manche. gouv 18 Mars 2012DRAC : Direction Régionale de l’Action Culturelle

Par François FICHET DE CLAIRFONTAINE // DRAC

Page 19: MANCHE.GOUV - Mars 2012

Lorsque l’on évoque le patrimoine du XXe siècle dans le département, on pense tout naturellement au patrimoine de la Recons-truction. S’il est vrai que ce dernier a remo-delé considérablement nos bourgs et villes actuelles et qu’il constitue quantitativement la majorité du bâti, il ne faut pas oublier que le siècle dernier commence en 1900 et inclut donc près d’un demi-siècle de création ar-chitecturale antérieure à la Reconstruction! Quelques exemples de monuments histo-riques antérieurs à 1945 permettent d’illustrer

la diversité de ce patrimoine de la première moitié du XXe siècle, dont le ca-ractère maritime reste prédominant.

Le département de la Manche possède une zone littorale grande sur laquelle il subsiste un important patrimoine balnéaire construit entre 1900 et les années 30. Des ports comme Granville ont su profiter de la mode des bains de mer pour faire venir les estivants, et ce, grâce à la ligne du chemin de fer Paris-Gran-ville. Au titre du patrimoine de cette station de villégiature, on retiendra le casino, construit en 1911 par l’architecte parisien Bluysens, ins-crit au titre des monuments historiques.

Le caractère maritime du département de la Manche lui valut d’être choisi par le ministère de la Marine pour développer la surveillance

côtière des sous-marins ennemis au moyen de dirigeables durant le premier conflit mon-dial. Pour ce faire, il fut décidé de construire un hangar prévu pour leur stationnement, situé sur la commune d’Ecausseville, à côté de Montebourg. Ainsi fut élevé en 1917 un ouvrage unique en France et en Europe, pré-servé de toute démolition ultérieure. Il est au-jourd’hui classé au titre des monuments histo-riques. Toujours lié à la mer, le patrimoine de la Manche est riche de deux importants témoi-

gnages de l’histoire de l’immigration en Europe à Cher-bourg: l’hôtel dit «  Atlantique  », qui était un hôtel de transit pour les émigrants voulant atteindre les États-Unis. Construit en 1921 par l’architecte cherbourgeois Levavasseur, il comprend un hall central très élégant, au-jourd’hui propriété de la CCI. Quelques an-nées après, Levavasseur est chargé par le pré-sident de la CCI, Quoniam, de construire une nouvelle gare maritime, qui serait la vitrine en France, avec le Havre, des voyageurs venant d’outre-Atlantique. La gare est inaugurée en 1930, mais sera en partie détruite en 1944 puis restaurée. Toujours lié à la mer, l’organisation allemande « Todt » chargée de l’édification des défenses maritimes fortifie les côtes du département. Les Allemands utilisent à Cherbourg d’an-ciennes fortifications du XIXe siècle pour ins-taller des batteries qui devront défendre le

seul port en eau profonde. C’est le cas pour les batteries du Roule mises en service en 1942. Ces ouvrages sont aujourd’hui classés parmi les monuments historiques. À Granville, les Allemands utilisent le terrain et la pointe du Roc pour construire des batteries d’artillerie moyenne. Dominant les falaises, elles consti-tuaient un excellent point d’appui de défense, mais la ville ayant été libérée sans combat, elles n’eurent pas de

fonction mili-taire. Un autre ouvrage militaire allemand spectaculaire autant qu’original est le site de lancement de rampe de V1 à Brécourt (com-mune d’Équeurdreville-Hainneville) qui fut conçu à l’intérieur de galeries déjà existantes ayant servi de grands réservoirs de carburants pour la marine française. Engagés tardive-ment en 1944, les travaux d’aménagement des rampes furent (fort heureusement) ina-chevés et ne purent servir à leur destination finale, celle de bombarder l’Angleterre! Cet ouvrage est également classé parmi les mo-numents historiques.

Pour en savoir plus : Monuments historiques du XXe siècle en Basse-Normandie, Ed. In-quarto, 2010, 12 €

Le patrimoine du XXe siècle dans la Mancheavant la Reconstruction

manche. gouv 19 Mars 2012

Par Alain NAFILYAN // DRAC

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manche. gouv 20Décembe 2011

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LE SERVICE TERRITORIALDE L’ARCHITECTURE ET DU PATRIMOINE

manche. gouv 20Mars 2012

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LE SERVICE TERRITORIALDE L’ARCHITECTURE ET DU PATRIMOINE

LES SERVICES TERRITORIAUX DE L’ARCHITECTURE ET DU PATRIMOINE (STAP) SONT DES SERVICES RELEVANT DU MINIS-TÈRE DE LA CULTURE CHARGÉS DE PROMOUVOIR UNE ARCHI-TECTURE ET UN URBANISME

DE QUALITÉ, S’INTÉGRANT HARMONIEUSE-MENT DANS LE MILIEU ENVIRONNANT. UNI-TÉS TERRITORIALES DES DIRECTIONS RÉGIO-NALES DES AFFAIRES CULTURELLES (DRAC), LES STAP SONT IMPLANTÉS DANS CHAQUE DÉPARTEMENT. ILS ASSURENT LE RELAIS DE L’ENSEMBLE DES POLITIQUES RELATIVES AU PATRIMOINE ET À LA PROMOTION DE LA QUALITÉ ARCHITECTURALE, URBAINE ET PAYSAGÈRE AU NIVEAU DÉPARTEMENTAL.

Les services départementaux de l’architecture ont suc-cédé le 6 mars 1976 aux agences des bâtiments de France, nées dans l’immédiat après-guerre.

Rebaptisés « services départementaux de l’architecture et du patrimoine » (SDAP) en 1996, puis « services territoriaux de l’architecture et du patrimoine » (STAP) depuis 2010, ils interviennent principalement pour le compte du ministère de la Culture et de la Communication (MCC) et du ministère de l’Écologie, du Développement durable, des Transports et du Logement (MEDDTL). En 1996, ils ont été adminis-trativement rattachés au premier et mis à disposition du second.

Les responsables des STAP sont des architectes et urba-nistes de l’État (AUE) portant le titre d’architectes des bâti-ments de France (ABF). Ils s’intéressent à la fois à l’histoire de la construction, aux modes d’occupation de l’espace et à la façon dont les bâtiments s’insèrent dans le paysage.

Dans le cadre des missions de contrôle ABF, ils contribuent à l’amélioration des projets proposés par les particuliers et les collectivités.

manche. gouv 21 Mars 2012

Il est composé d’une équipe de six personnes répondant à de mul-tiples sollicitations et regroupant :

• deux architectes et urbanistes de l’État (AUE) assurant les fonc-tions d’encadrement du service, et exerçant les missions d’archi-tectes des Bâtiments de France (ABF) ;

• une Technicienne des Services Culturels et des Bâtiments de France assistant les AUE dans leurs diff érentes missions ;

• un personnel administratif assu-rant le secrétariat et la gestion des services composé de trois agents.

Les STAP sont à la disposition de tout citoyen ayant des projets élaborés ou ressentant le besoin de conseils pré-alables. C’est notamment le cas des propriétaires de monuments histo-riques et des habitants des espaces protégés. Le STAP accompagne

également les principaux décideurs dans l’ensemble du processus d’un projet d’aménagement : les respon-sables territoriaux (élus, services techniques, syndicats intercommu-naux), les fonctionnaires d’autres services de l’État intervenant dans le domaine de l’aménagement, les professionnels maîtres d’ouvrage ou maîtres d’oeuvre (promoteurs privés ou publics, architectes, paysagistes). Il est par ailleurs l’interlocuteur des chambres consulaires et des associa-tions.

Fonctionnaires de l’État, les agents du STAP travaillent en liaison étroite avec les autres services de l’État inter-venant sur le cadre de vie. DRAC et STAP veillent ensemble à la prise en compte du patrimoine et de la qua-lité architecturale dans les politiques d’aménagement du territoire menées en relation étroite avec les nouveaux enjeux du développement durable.

Le STAP de la Manche

Les missionsLe STAP a une vocation très ouverte fondée sur trois grandes missions :

Conseiller et promouvoir un urbanisme et une architecture de qualité.Contrôler et expertiser les projets menés dans les espaces protégés. Assurer la conservation des monuments historiques .

À ce titre, le STAP est chargé des missions suivantes :

• émettre des avis du point de vue architectural sur les demandes d’auto-risation au titre du code de l’urbanisme ;

• s’assurer de la mise en œuvre de l’aide architecturale ;• veiller à la sensibilisation des autorités locales et du public à la qualité

des constructions et à la mise en valeur des espaces naturels et bâtis ;• conseiller les maîtres d’ouvrage publics dans l’élaboration et la réalisa-

tion de leurs projets architecturaux ;• prendre part à la défi nition des orientations et à l’élaboration des docu-

ments d’urbanisme et veiller à l’insertion de prescriptions relatives à la qualité des constructions et à la protection des paysages ;

Par Jean-Pierre Mayot & Jean-Michel Germaine // STAP

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manche. gouv 22Mars 2012

LES ESPACES PROTÉGÉSLes espaces protégés couvrent une surface importante du territoire de la Manche. Ils englobent des éléments bâtis et paysagers de nature et d’époques diverses, des sites natu-rels (montagne, littoral) ou archéologiques, ou encore des ensembles urbains...

La réglementation distingue quatre grandes familles d’espaces protégés :

• les abords de monuments historiques  : un cercle de rayon de 500 mètres autour d’un monument historique ou périmètre de pro-tection modifié (PPM) ;

• les sites protégés au titre du code de l’environnement ;

• les secteurs sauvegardés ;• les Aires de mise en valeur de l’architec-

ture et du patrimoine (AVAP).

LA DÉLIVRANCE D’AVIS SUR LES PROJETSLa délivrance des avis représente une fonc-tion importante du STAP, qui est chargé par l’État de vérifier la conformité des projets particuliers aux dispositions d’intérêt général justifiées notamment par les mesures de pro-tection.

Ces avis, qui dans certains cas précis lient l’au-torité compétente pour délivrer l’autorisation (le plus souvent le maire), concernent les per-mis de construire, les déclarations préalables, les permis de démolir, les permis d’aménager et les certificats d’urbanisme.

L’architecte des Bâtiments de France donne donc un avis sur toute demande d’autorisa-tion de travaux situés dans un espace protégé, quelle que soit son importance ou sa nature. L’absence et, dans certains cas, le non-respect de cet avis peuvent entraîner l’annulation de l’autorisation.

Les champs d’action

• participer à l’application des législations concernant les monuments historiques, les sites protégés au titre du code de l’environnement, les Aires de mise en valeur de l’architecture et du patrimoine (AVAP)  et les secteurs sauvegardés, pro-poser toutes mesures de protection au titre de ces législations et, le cas échéant, instruire ces mesures ;

• contribuer à l’instruction des projets d’aménagement ou de travaux qui inté-ressent les abords d’un monument his-torique, un site protégé au titre du Code de l’Environnement , une Aire de mise en

valeur de l’architecture et du patrimoine (AVAP) ou un secteur sauvegardé et, éventuellement, instruire les demandes de subvention présentées dans le cadre des dispositions concernant ces  espaces

• veiller à l’application de la législation de la publicité extérieure et des enseignes et apporter en cette matière leur concours aux autorités locales ;

• mener des missions interministérielles relatives à l’aménagement durable du territoire et au développement des éner-gies renouvelables.

L’architecte des bâtiments de France (ABF) est un fonctionnaire d’encadrement supérieur appartenant au corps des architectes urbanistes de l’État (AUE), filière « patrimoine ». Affectés au sein des services territoriaux de l’architecture et du patrimoine (STAP), les ABF assurent des missions de service public dans les domaines de l’architecture et de l’urbanisme. Leur champ de compétence est triple :

• Le contrôle des espaces protégés  : l’ABF assure les missions à caractère régalien de gestion des espaces protégés conformément aux propres pouvoirs d’autorisation, d’accord ou de recommandation qu’ils tiennent des lois et règlements en vigueur. À ce titre, il veille à l’application des législations sur les abords de monuments historiques, les sites protégés, les secteurs sauvegardés et les aires de mise en valeur de l’architecture et du patrimoine (AVAP).

• La promotion de la qualité architecturale et urbaine  : l’ABF contribue, à travers son expertise en matière de projets d’aménagement, à promouvoir une architecture et un urbanisme de qualité s’intégrant harmonieusement avec le milieu environnant, en accord avec les orientations de la loi du 3 juillet 1977 sur l’architecture, de la loi paysage du 8 janvier 1993 et de la loi solidarité et renouvellement urbain (SRU) du 13 décembre 2000.

• La conservation du patrimoine  : l’ ABF participe à la surveillance de l’état sanitaire des immeubles protégés au titre des monuments historiques. Il est par ailleurs nommé conservateur des monuments historiques appartenant à l’État et affecté au ministère de la Culture.

Le STAP participe immanquablement, en s’intéressant à la fois à l’histoire de la construction ou encore à l’insertion des bâtiments dans le paysage, à la mise en place de projets cohérents en espaces protégés, ainsi qu’à la préservation des perspectives monumentales d’exception.

L’architecte des bâtiments de France (ABF)

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manche. gouv 23 Mars 2012

Avant la destruction, la résidence du pré-fet avait un style inspiré du Second Empire. L’Hôtel avait été construit luxueusement et solidement. Il se composait notamment d’un sol en granit, de corniches en pierre de Caen, d’une couverture en ardoise, d’une cour gra-villonnée, de tablages en granit et d’une large verrière. Cette résidence de 742m² abritait les appartements du préfet ainsi que les salles de réception, destinées tant aux visites officielles ou qu’aux visites privées. Le préfet disposait de six chambres à l’étage pour sa famille et lui-même ainsi qu’un cabinet de travail et de réception.

Mais lors de la deuxième guerre mondiale, plus de 90% de la ville de St-Lô disparut dans les bombardements et ni cette résidence ni la préfecture n’échappèrent à cette destruction. Louis Arretche fut l’architecte de la recons-truction de St-Lô. Il dirigea le chantier de re-construction de la préfecture. Il fut d’ailleurs nommé Chevalier de la Légion d’Honneur au titre de la reconstruction de la ville de St-Lô le 8 novembre 1948. L’architecture choisie par M Arretche est classique, sévère, avec des façades montées entièrement en maçonne-rie de schiste ou de granit ; une architecture assez étonnante, combinant une composition de façade complexe et un toit aux proportions importantes.

Aujourd’hui, la résidence du préfet est restée très fidèle à cette logique de reconstruction, et a conservé le même style. Elle affiche deux styles décoratifs différents suivant les pièces qui la composent. Un mobilier de style «em-pire» que l’on retrouve dans beaucoup de préfectures et par ailleurs un mobilier de style année 50. Sur l’un des murs de la petite salle à manger se trouve une tapisserie d’Aubusson relatant le défilé des quatre saisons : de l’autre côté trône le portrait de Jean-Pierre Bachas-

son, comte de Montalivet, premier préfet de la Manche.

Le grand salon, la chambre privée ainsi qu’une chambre destinée aux invités sont aménagés selon les préceptes du style décoratif des années 1950. Une exception, la chambre dite «Général de Gaulle » est d’influence Art Déco : les lampes de la chambre illustrant pleine-ment cet art des années 1920-1930, un style moderne et fonctionnel qui affiche des lignes pures.

La résidencedu préfet de la Manche

LA RÉSIDENCE DU PRÉFET EST UN BÂTIMENT D’ARCHITECTURE TYPIQUE DES ANNÉES 1950. CET ÉDIFICE FUT RECONSTRUIT EN 1953 À LA SUITE

DES RAVAGES DE LA SECONDE GUERRE MONDIALE.

COUP d’oeil ...

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manche. gouv 24 Mars 2012

uelles sont vos principales mis-sions ?

Je participe tout d’abord à l’élaboration, l’actualisation et l’application du schéma directeur du monument, outil de gestion sur 5 ans mis en place en 2010 par le CMN. Mais l’essentiel de mon activité reste la gestion quotidienne du monument, incluant la ges-tion budgétaire et humaine.

Rappelons que l’État n’est pas propriétaire que de la seule abbaye, mais il l’est aussi des remparts, et de plusieurs biens immobiliers du Mont (Les Fanils, la maison verte, le logis Sainte-Catherine, les murs de la mairie et de l’office de tourisme…). C’est tout ce patri-moine que je suis amené à superviser.

Dès le départ, il m’a été aussi demandé, dans ma feuille de route, de restaurer les rapports avec les collectivités territoriales et les par-tenaires publics et privés. Ce volet de ma fonction est fort important dans le contexte

du rétablissement du caractère maritime (RCM). Madame Isabelle Lemesle, présidente du CMN, s’est positionnée heureusement très clairement dès 2009 : le CMN approuve tota-lement la requalification esthétique et quali-tative du site que va apporter le RCM.

IL FAUT À CE STADE RAPPELER QUE L’ABBAYE DU MONT-SAINT-MICHEL EST UN ÉLÉMENT PRIMORDIAL DANS L’ÉQUILIBRE FINANCIER DE L’ÉTABLISSEMENT PUBLIC « CENTRE DES MONUMENTS NATIONAUX ».

Sur 97 monuments, seuls 6 sont excéden-taires financièrement et permettent donc aux 92 autres de rester ouverts. L’Abbaye est une locomotive financière pour l’ensemble de notre réseau.

Pour minimiser ce risque et également don-ner des conditions d’accueil meilleures aux visiteurs, notre souhait est d’ouvrir une bil-letterie sur le parking dans le futur centre d’information touristique. La gestion des ressources humaines occupe

quasiment 50  % de mon temps. Je suis confronté, comme dans tous les monuments nationaux, au double statut du personnel : nous avons à la fois du personnel fonction-naire d’État ainsi que du personnel contrac-tuel.Les règles applicables à ces personnels ne sont pas tout à fait identiques.

Dans le domaine financier, mon travail porte sur la gestion administrative, mais aussi sur la recherche de recettes nouvelles. Cela passe bien sûr par l’augmentation de la fréquenta-tion, donc des recettes d’entrée, mais aussi par la location de salles, appelée dans notre jargon « le domanial ». Je m’attache ainsi à faire savoir que l’Abbaye du Mont-Saint-Mi-chel est, au même titre que le Château de Ver-sailles par exemple, un lieu d’exception pour y organiser des événements. Bien entendu, il ne s’agit pas de tout accepter (pas de soirée dansante, pas de mariage, encadrement très strict des conditions d’accès, respect de la présence monastique).

Les invités des entreprises peuvent bénéficier ainsi d’un usage privatif de la terrasse ouest,

CLARINET TISTE, ANCIEN DIRECTEUR DES AFFAIRES CULTU-RELLES, ET DIRECTEUR D’ÉCOLE DE MUSIQUE , PROGRAM-MATEUR DE CONCERTS, JEAN-MARC BOURÉ A PRIS LE 1ER FÉVRIER 2010 EN TANT QU’ ADMINISTRATEUR LA DIRECTION DE L’ABBAYE DU MONT-SAINT-MICHEL. HOMME D’ACTION, ENTREPRENEUR, PASSIONNÉ DE CULTURE, JEAN-MARC BOURÉ S’EFFORCE DE DONNER AU MONT UNE SCÈNE CULTURELLE DE QUALITÉ

Administrateur de l’Abbaye du Mont-Saint-Michel

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manche. gouv 25 Mars 2012

de l’abbatiale, du cloître et du réfectoire. Cette acti-vité peut nous rapporter entre 10 000 et 15 000 € par soirée.

Enfin, la recherche de mécénat m’incombe, car au-jourd’hui un administrateur qui souhaite proposer des événements culturels dans son monument doit trouver d’autres sources de financement que le CMN, qui ne peut être unique contributeur.

Cela veut dire que vous gérez ce monument comme une entre-prise ? De plus en plus, et sans en avoir certains avantages... Il faut rappeler que le chiffre d’affaires du monument dépasse les 9 millions d’euros annuels, malgré la gra-tuité de l’entrée pour les moins de 26 ans. Nos bou-tiques sont parmi les plus actives du réseau. Penser en terme de gestion n’est donc pas étonnant. Pour autant, je ne suis pas favorable à la rentabilité à tout prix : l’ouverture d’un débit de boisson sur la terrasse ouest « imaginez le succès ! » n’est pas à l’ordre du jour par exemple.

Quelles sont les forces et les fai-blesses, les opportunités et les menaces du Mont-Saint-Michel ? La crise économique pourrait constituer une menace pour les monuments historiques, avec une diminu-tion des heures de personnel vacataire, un report des opérations de maitrise d’ouvrage (travaux), la sup-pression de crédits d’action culturelle par exemple. L’Abbaye du Mont-Saint-Michel, de par sa fréquen-tation et son symbolisme fort, échappe pour le mo-ment à cette problématique. De même, si au niveau national un débat sur les transferts de propriété des monuments nationaux de l’État vers les collectivités territoriales est toujours vif, je pense être autorisé à dire qu’il ne concerne pas ce monument.

Pour autant, l’Abbaye nécessitera dans les toutes pro-chaines années des investissements, d’ailleurs claire-ment prévus dans le schéma directeur du monument. Beaucoup d’investissements ont été faits dans les an-nées 1998-2000 et sont obsolètes. Prenons l’exemple des illuminations extérieures dont je me suis attaché à relancer l’entretien. Le dispositif est en partie à re-

Le Mont-Saint-Michel.Plus qu’un monument ... une Entreprise.

Depuis le 1er février 2010,

Administrateur de l’abbaye du Mont-Saint-Michel

Centre des monuments nationaux

Sept. 2001 à janv. 2010

Directeur des affaires culturellesVille de Maisons-Laffitte

De 1995 à 2001

Directeur adjoint de l’École nationale de musique

Auxerre-Yonne

[...]

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nouveler, d’une part parce que le matériel est usé, d’autre part parce que de nouvelles technologies plus économiques se sont développées depuis. Il faudra donc mettre à notre programme d’investis-sement la rénovation de cet éclairage, et recher-cher du mécénat pour cette opération. Il en sera de même pour la rénovation de la couverture de la Merveille et de sa façade nord (côté Manche).

4 grandes tranches de travaux dans l’abbaye ont cours actuellement : la remise en plomb des vitraux de la salle des hôtes, du réfectoire, et de la nef de l’abbatiale, la rénovation des logis abbatiaux, la mise en sécurité incendie, et la restauration de la terrasse aux Canons, belvédère situé au nord-ouest de l’abbaye.

La restauration des remparts, débutée par la DRAC et poursuivie par le CMN, a été imposée par le réta-blissement du caractère maritime.

Quelle est la part de visiteurs étrangers ?

Nous avons des statistiques très précises sur ce sujet puisque nous demandons l’origine géographique de chacun aux caisses. Les touristes étrangers sont désormais majoritaires (environ 55 %) dont 250 000 Japonais par an. De nouvelles nationalités émer-gent, russe et chinois notamment, depuis deux ans. Il est donc nécessaire de s’adapter aux nouvelles demandes de ce nouveau public.

Existe-t-il un impact sur l’afflux des touristes ?

Un gros point noir réside dans l’attente aux caisses les jours d’affluence. L’abbaye, c’est presque 10 000 entrées certains jours d’août et couramment plus de 5000. L’attente au droit d’entrée, qui peut at-teindre 40 minutes, nous fait perdre des visiteurs. L’ouverture d’une billetterie sur le parking est une des réponses à apporter. L’autre réponse consiste à améliorer l’accueil du public afin de le faire attendre dans de meilleures conditions : l’histoire du Mont pourrait être présentée sous forme de panneaux avant les caisses.

Je conseille au passage aux visiteurs d’éviter d’arri-ver à l’abbaye à l’heure du déjeuner, moment de grande affluence. Une rénovation totale de l’espace caisse et boutique doit être lancée en 2012. On sait désormais que le circuit de visite n’évoluera pas : le nouveau système de sécurité incendie en interdira toute modification. C’est l’occasion d’améliorer la signalétique qui a été voulue minimaliste par mes prédécesseurs.

L’offre culturelle était également un point faible, mais elle est en cours d’amélioration. Il faut savoir que le CMN a plus que doublé le budget qu’il consacrait à l’action culturelle dans le monument.

manche. gouv 26Décembre 2011

[...]

De 1991 à 1993

Chargé de mission au Département des études et de la prospective Ministère de la Culture

De 1990 à 1991

Chargé de gestion du personnel WYETH-FRANCE - MARTINET - Paris

De 1987 à 1990

Enseignant en droit du travail et droit commercial C.C.I de Rennes

De 1987 à 1990

Enseignant en droit du travail et droit commercial Chambre de Commerce et d’Industrie de Rennes

De 1987 à 1990

Adjoint d’enseignement musical École Nationale de Musique - Vannes

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