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immunologie | pratique D’autres marqueurs semblent prometteurs : EPCA-2 (early prostate cancer antigen) est un marqueur sanguin précoce et spécifique du cancer de la prostate. Plusieurs études récentes ont mon- tré l’intérêt de son dosage dans le sérum, avec, au seuil de 10 ng/mL, pour des patients ayant un PSAt compris entre 2,1 et 10 ng/mL, une spécifi- cité de 100 % et une sensibilité de 94 % pour le diagnostic de cancer de la prostate ; PCA3 (prostate cancer antigen 3). D’ores et déjà disponible sur le marché (Test Progensa ® PCA3), il s’agit d’un test moléculaire réalisé dans les urines recueillies après massage prostatique. Un ratio est établi entre le taux d’ARNm du PCA3 et le taux d’ARNm du PSA (valeur médiane = 35). Plus le ratio s’éloigne de 35 dans les valeurs basses, plus le risque d’avoir une biopsie positive est faible ; à l’inverse, pour un ratio supérieur à 35, la probabi- lité s’élève d’autant plus que l’on s’éloigne vers les valeurs hautes. Ce test est actuellement proposé en seconde intention, après la réalisation d’une première série de biopsies négatives, pour décider d’une seconde série. Il est aussi étudié d’emblée au diagnostic pour décider d’une première série de biopsies lorsque les autres arguments sont incertains. Des études complémentaires sont nécessaires pour préciser sa place ; gènes de fusion. Leur intérêt a été démontré dans un certain nombre de cancers, notamment des hémopathies (BCR-ABL). Dans le cancer de la prostate, il a récemment été découvert des gènes de fusion impliquant une partie du TMPRSS2 (Transmembrane protease, serine 2), gène régulé par les androgènes, et un membre de la famille du facteur de transcription ETS (erythroblast transfor- mation specific), ERG, ETV1 ou ETV2, intervenant dans les voies de signalisation cellulaire régulant la croissance et la différenciation cellulaire. Détec- tés par hybridation in situ en fluorescence (FISH), ces gènes de fusion ont été retrouvés chez 40 à 80 % des patients ayant un cancer prostatique et 20 % des néoplasies intra-épithéliales. TMPRSS2-ETS a également un impact pronostique : les patients “sous surveillance” (watchful waiting) exprimant ces gènes de fusion ont un score de Gleason plus élevé, un potentiel métastatique plus important et un risque de mortalité plus élevé ; une fois identifiés, ils pourraient bénéficier d’un traitement. Conclusion Le PSA est actuellement le marqueur prostatique le plus utilisé, mais sa faible spécificité vis-à-vis du cancer conduit à un risque de biopsies inutiles, de surtraitement et de morbidité. Une amélioration est souhaitable afin de mieux individualiser les patients ayant un profil agressif par rapport à ceux ayant une maladie indolente. L’intérêt de nou- veaux marqueurs tels qu’EPCA2, PCA3, AMACR ou TMPRSS2-ETS est aujourd’hui grandissant. Une association de plusieurs marqueurs (généti- ques, PCA3, etc.) semble prometteuse pour amé- liorer le dépistage du cancer de la prostate ; des études sur de grandes cohortes sont désormais nécessaires. | CAROLE ÉMILE Biologiste, CH de Montfermeil (93) [email protected] L’auteur n’a pas déclaré de conflit d’intérêts en lien avec cet article. Source Communication de S. Loric, lors d’une journée de formation organi- sée par le laboratoire Biomnis, Lyon, novembre 2010.

Marqueurs tumoraux et imagerie pour le diagnostic des cancers

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immunologie | pratique

D’autres marqueurs semblent prometteurs :– EPCA-2 (early prostate cancer antigen) est un marqueur sanguin précoce et spécifique du cancer de la prostate. Plusieurs études récentes ont mon-tré l’intérêt de son dosage dans le sérum, avec, au seuil de 10 ng/mL, pour des patients ayant un PSAt compris entre 2,1 et 10 ng/mL, une spécifi-cité de 100 % et une sensibilité de 94 % pour le diagnostic de cancer de la prostate ;– PCA3 (prostate cancer antigen 3). D’ores et déjà disponible sur le marché (Test Progensa® PCA3), il s’agit d’un test moléculaire réalisé dans les urines recueillies après massage prostatique. Un ratio est établi entre le taux d’ARNm du PCA3 et le taux d’ARNm du PSA (valeur médiane = 35). Plus le ratio s’éloigne de 35 dans les valeurs basses, plus le risque d’avoir une biopsie positive est faible ; à l’inverse, pour un ratio supérieur à 35, la probabi-lité s’élève d’autant plus que l’on s’éloigne vers les valeurs hautes. Ce test est actuellement proposé en seconde intention, après la réalisation d’une première série de biopsies négatives, pour décider d’une seconde série. Il est aussi étudié d’emblée au diagnostic pour décider d’une première série

de biopsies lorsque les autres arguments sont incertains. Des études complémentaires sont nécessaires pour préciser sa place ;– gènes de fusion. Leur intérêt a été démontré dans un certain nombre de cancers, notamment des hémopathies (BCR-ABL). Dans le cancer de la prostate, il a récemment été découvert des gènes de fusion impliquant une partie du TMPRSS2 (Transmembrane protease, serine 2), gène régulé par les androgènes, et un membre de la famille du facteur de transcription ETS (erythroblast transfor-mation specific), ERG, ETV1 ou ETV2, intervenant dans les voies de signalisation cellulaire régulant la croissance et la différenciation cellulaire. Détec-tés par hybridation in situ en fluorescence (FISH), ces gènes de fusion ont été retrouvés chez 40 à 80 % des patients ayant un cancer prostatique et 20 % des néoplasies intra-épithéliales.TMPRSS2-ETS a également un impact pronostique : les patients “sous surveillance” (watchful waiting) exprimant ces gènes de fusion ont un score de Gleason plus élevé, un potentiel métastatique plus important et un risque de mortalité plus élevé ; une fois identifiés, ils pourraient bénéficier d’un traitement.

ConclusionLe PSA est actuellement le marqueur prostatique le plus utilisé, mais sa faible spécificité vis-à-vis du cancer conduit à un risque de biopsies inutiles, de surtraitement et de morbidité. Une amélioration est souhaitable afin de mieux individualiser les patients ayant un profil agressif par rapport à ceux ayant une maladie indolente. L’intérêt de nou-veaux marqueurs tels qu’EPCA2, PCA3, AMACR ou TMPRSS2-ETS est aujourd’hui grandissant.Une association de plusieurs marqueurs (généti-ques, PCA3, etc.) semble prometteuse pour amé-liorer le dépistage du cancer de la prostate ; des études sur de grandes cohortes sont désormais nécessaires. |

CAROLE ÉMILE

Biologiste, CH de Montfermeil (93)

[email protected]

L’auteur n’a pas déclaré de conflit d’intérêts en lien avec cet article.

SourceCommunication de S. Loric, lors d’une journée de formation organi-sée par le laboratoire Biomnis, Lyon, novembre 2010.

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