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Mémoire réalisé en 2ème année de Master d'Enseignement pour étudier les Nursery Rhymes, ainsi que leur efficacité pour faire découvrir l'Anglais aux petits.
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Mémoire pour le diplôme au Master
Métiers de l’Enseignement, de l’Education et de la Formation
Année universitaire 2014-2015
Les « Nursery Rhymes » :
L’éveil à l’anglais en petite section de maternelle
Rédigé par : Mlle Alison Horne
Numéro d’étudiant : 33009890
Directrice : Mme Murielle Philippe
Nanterre, mai 2015
Remerciements
J’adresse tous mes remerciements à ma Directrice de mémoire, Mme Murielle Philippe,
pour sa disponibilité et ses précieux conseils.
Sommaire
Introduction
Première partie : Les atouts des « Nursery Rhymes » pour l’éveil à l’anglais en petite
section de maternelle
A - Que sont les « Nursery Rhymes » ?
B – Quel intérêt linguistique présentent-elles pour un apprentissage oral de l’anglais en petite
section de maternelle ?
1) La prononciation
2) La phonologie et l’accentuation
3) Le vocabulaire
C - Les bénéfices culturels, psychologiques et sociaux
1) L’aspect culturel
2) La sociabilisation
Deuxième partie : Mon expérience de l’apprentissage des « Nursery Rhymes » en petite
section de maternelle
A - Présentation de la classe
B - Quelles « Nursery Rhymes » enseigner en petite section de maternelle ?
C - Présentation des comptines
D - Descriptif de la séance d’apprentissage
E – Observations sur le déroulement des séances
Conclusion
1
Introduction
En France, les premières expériences d’apprentissage précoce des langues vivantes
apparaissent dès les années 60. Mais c’est dans les années 80, suite à la chute du mur de
Berlin et au développement de la construction des institutions européennes, que les
gouvernements ont manifesté leur volonté politique de faire progresser l’enseignement des
langues vivantes dans le but de rapprocher les peuples européens et de mieux les intégrer au
sein de l’économie mondiale.
Pour la première fois, dans les années 90, l’Union européenne présente un projet
d’enseignement des langues vivantes à l’école primaire : le dispositif EMILE (Enseignement
d’une Matière Intégrée à une Langue Etrangère) introduit l’apprentissage d’une matière non
linguistique dans une langue étrangère. Et au début des années 91-92, on commence
d’introduire l’enseignement des langues au niveau des cours moyens 1 et 2.
En 2002, le Bulletin officiel, modifié en 2007 (hors-série n° 8 du 30 août 2007) établit
les programmes de langues étrangères pour l’école primaire et la liste des huit langues
étrangères qui pourront être enseignées : l’anglais, l’allemand, l’italien, l’espagnol, le
portugais et le russe pour les langues européennes et l’arabe et le chinois.
En 2008, le Bulletin officiel hors-série n° 3 du 19 juin qui présente les programmes pour
l’école maternelle insiste sur le développement du langage. Mais il n’est pas question
d’enseigner les langues vivantes étrangères en petite section de maternelle.
Cependant, récemment en juillet 2014, le Conseil Supérieur des Programmes établit un
Projet de Programmes et Recommandations pour l’école maternelle 2014/2015. Il introduit la
notion d’« éveil à la diversité linguistique » et précise : « différentes situations et différents
supports (DVD d'histoires connues par eux, comptines etc.) peuvent donner aux enfants
l'occasion de constater que l'on communique par des langues autres que le français, langues
régionales, langues étrangères, langue des signes française (LSF). En fermant les yeux pour
écouter la « musique » d'une autre langue, en observant des locuteurs qui s'expriment par des
langages qu’ils ne connaissent pas, ils prendront conscience de la diversité des langues.
L’enseignant leur permettra d’en découvrir la richesse et de comprendre que toutes
nécessitent des apprentissages ».
2
Il n’est plus à prouver, en effet, que les très jeunes enfants possèdent d’énormes
capacités cognitives, dont une remarquable capacité de distinguer les sons qui se réduit peu à
peu dès l’âge de 6 à 12 mois. Vers l’âge de 10-11 ans, il se produit une sorte de « mise en
veilleuse » des capacités non sollicitées, plus ou moins irréversible.
Selon le linguiste Claude Hagège, dans L’enfant aux deux langues, « les chances de
succès de l’apprentissage bilingue sont directement liées au soin que l’on prend de le favoriser
dès le début de la vie ». De plus, il souligne que « l’absence de stimuli dans l’environnement
induit une sclérose des synapses… qui correspondent aux oppositions sonores qui n’existent
pas dans la langue maternelle ». Jacques Petit, dans son ouvrage Au secours, je suis
monolingue et francophone, parle de « stabilité récessive des synapses » : l’oreille agit
comme une sorte de filtre et ne laisse plus passer que les sons de la langue maternelle. Gilbert
Dalgalian, dans sa contribution Problématiques de l’éducation bilingue au Colloque de Saint
Vincent au Val d’Aoste en 1980, parle de « l’oreille nationale » qui apparaît vers l’âge de 10-
11 ans. Cette constatation l’a amené à souligner l’aspect purement oral dans l’apprentissage
précoce des langues.
Il apparaît donc judicieux, et les nouveaux programmes 2014/2015 le confirment, de
favoriser l’enseignement d’une langue vivante étrangère le plus tôt possible, bien avant
l’entrée au collège, période à laquelle débutait traditionnellement l’enseignement d’une
langue étrangère. D’autant qu’apprendre une langue est un travail qui s’inscrit dans la durée et
plus on débute tôt, plus on y consacre de temps, plus ce projet aura des chances d’être
couronné de succès.
En outre, l’enfant possède une personnalité dont la grande spontanéité tend aussi à
diminuer avec le temps. A l’âge d’entrer dans le secondaire, puis vers l’adolescence, la peur
de se tromper et de faire des fautes en s’exprimant devant autrui peut le conduire à se
réprimer lui-même, tant est grande sa crainte du jugement des autres et son souci de l’image
qu’il renvoie de lui-même.
Il apparaît fondamental de donner au jeune enfant l’envie d’apprendre cette nouvelle
langue et de l’utiliser pour communiquer avec les autres. Chez le très jeune enfant, il faut
trouver un moyen très motivant, qui lui procure un réel plaisir. Pour ce faire, il faut donner du
sens à cet apprentissage et l’insérer dans une vraie relation de communication : il ne faut pas
s’adresser à un « élève » mais à « l’enfant », pour tenter de le toucher au plus profond de lui-
3
même. Le vecteur idéal très simple et efficace pour qu’il s’investisse pleinement dans cette
relation de communication, c’est le jeu, qui est l’outil principal qu’utilise l’enfant pour
développer sa personnalité.
Il est tout naturel alors de penser à utiliser les comptines ou leur équivalent en anglais,
les « Nursery Rhymes ». Elles apparaissent non seulement comme un outil de qualité pour
sensibiliser les enfants à la langue anglaise, mais leur écoute et leur apprentissage apporteront
un grand plaisir aux enfants dès le plus jeune âge. En effet, elles sont la plupart du temps
scandées ou chantées, accompagnées de jeux de sonorités, de gestes, de mimes, de danses ou
autres jeux dont les enfants raffolent.
L’apprentissage de l’anglais chez le jeune enfant soulève cependant toutes sortes de
questions.
Ainsi on peut légitimement craindre que le jeune enfant, en pleine phase d’acquisition
de sa langue maternelle, puisse la mélanger avec la nouvelle langue qu’on lui propose à
l’école. Ce phénomène, qu’un spécialiste du langage comme Claude Hagège nomme les
« interférences », pourrait gêner l’enfant dans son développement langagier. L’éveil à
l’anglais comporte-t-il alors des risques ?
Par ailleurs le jeune enfant n’est pas encore en mesure de savoir lire et écrire
correctement. Il sera donc nécessaire de se fonder sur l’oral pour l’apprentissage de la langue :
quelle sorte d’apprentissage oral va-t-on envisager ?
Ces questions, entre autres, sont à prendre en compte. Nous tenterons d’y apporter des
éléments de réponse grâce à l’expérience sur le terrain en stage filé deux jours et demi par
semaine dans une classe de petite section de maternelle qui compte beaucoup de ses élèves en
pleine phase d’acquisition de leur langue maternelle, différente de la langue française, langue
du pays dans lequel ils sont scolarisés. En effet, ce contexte particulier peut engendrer de
nombreuses « interférences ».
Les comptines anglaises ou « Nursery Rhymes » apparaissent comme un outil privilégié
d’éveil à l’anglais chez les plus jeunes enfants, nous détaillerons leurs atouts dans la première
partie de ce mémoire. Dans la seconde partie, nous développerons notre expérience d’éveil à
l’anglais vécue en classe avec les enfants de petite section de maternelle et les remarques
qu’elle nous a inspirées.
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Première Partie : Les atouts des « Nursery Rhymes »
pour l’éveil à l’anglais en petite section de maternelle
A - Que sont les « Nursery Rhymes » ?
Les comptines sont des chansons ou des poèmes de tradition orale destinés aux jeunes
enfants. On les retrouve dans le monde entier. Toujours rythmées, elles sont chantées ou
scandées : en Grande-Bretagne, elles prennent le nom de « Nursery Rhymes ».
La première publication, Tommy Thumb’s Song Book, remonte au début du 18ème
siècle,
lorsque l’on a commencé à se préoccuper de l’éducation des enfants et à publier des livres qui
leur étaient destinés. Mais certaines remontent fort loin dans le temps. Les plus anciennes
étaient vraisemblablement des berceuses appelées « lullabies ».
Actuellement, on continue de créer des comptines dans le but de distraire et d’éduquer
les enfants.
Définir d’une manière précise les comptines anglaises est assez difficile car la frontière
entre chants, comptines ou poèmes est assez floue.
Elles sont récitées de manière particulière, parfois même scandées. Elles sont adaptées
aux enfants dans le sens où elles sont simples et très ludiques car accompagnées de mimes, de
jeux, de danses, etc.
La mélodie est courte, rythmée et facile à mémoriser et ne dépasse pas généralement une
octave. Or les programmes d’apprentissage pour l’école maternelle préconisent que, pour les
moyennes sections de maternelle, les mélodies ne doivent pas dépasser une octave et pour les
petites sections de maternelle, une quinte.
Elles se distinguent aussi des chansons car elles sont plus simples et plus courtes ;
parfois elles tournent en boucle et si elles racontent parfois une histoire, celle-ci n’a pas
toujours de sens ou de développement.
Les comptines anglaises traditionnelles sont très variées, on en dénombre plus d’une
centaine dont quelques dizaines sont toujours fréquemment entendues en Grande-Bretagne.
Elles sont souvent utilisées par les parents et les grands-parents : pour jouer avec les
tout-petits, par exemple Row Your Boat ou Lavender ; pour marquer de petits évènements de
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la vie quotidienne (comme Rain Go Away car il se met à pleuvoir) ; lors de fêtes religieuses
(par exemple We Wish You A Merry Christmas à Noël, Hot Cross Buns à Pâques) ou privées
(Happy Birthday pour fêter un anniversaire). De ce fait elles agissent comme passerelle
culturelle entre les générations.
Certaines évoquent même des faits historiques telle Jack and Jill qui fait allusion à la
mort du roi Louis XVI en France.
Nous en citons quelques unes parmi les plus connues : Hickory Dickory Dock, Jack and
Jill, Humpty Dumpty, Hey Diddle Diddle, Mary Had A Little Lamb, Round the Mulberry
Bush, Looby Loo, Head and Shoulders, Twinkle Little star, The Grand Old Duke of York etc.
Une difficulté sera de choisir parmi toutes ces comptines, celles qui sont adaptées aux
enfants de petite section de maternelle. En effet, certaines sont relativement longues et
comportent plusieurs couplets. Leur vocabulaire est parfois complexe, contient des
expressions désuètes, des mots peu utilisés ou des phonèmes difficiles à articuler.
B - Quels intérêts présentent-elles pour un apprentissage oral de l’anglais en
petite section de maternelle?
1) La prononciation
Selon Claude Hagège, dans L’enfant aux deux langues, « l’enfant apprend à parler
beaucoup plus tard qu’il n’apprend à entendre ». La prononciation peut très tôt s’acquérir
d’une manière optimale car le système auditif est mature dès l’âge de vingt-quatre mois, bien
avant la capacité de parler. Or, « l’articulation des sons sont des gestes sociaux et comme tels,
ils s’acquièrent le mieux avant sept ans ». L’enfant en petite section de maternelle, vers l’âge
de trois ans, est en train d’acquérir le langage alors que son système auditif est déjà excellent.
Une des difficultés qu’il rencontre, c’est la prononciation des mots qui demande une
véritable gymnastique des muscles articulatoires du visage, sollicitant la mâchoire, les joues,
le palais et la langue. En outre, cette gymnastique est différente que ce soit pour l’anglais,
pour le français ou pour sa langue maternelle par exemple. De plus pour scander ou chanter
les comptines, il faut aller assez vite, ce qui oblige l’enfant à articuler assez rapidement. Il
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faut donc veiller à adapter ces pratiques à l’âge de l’enfant en ralentissant le rythme si cela se
révèle nécessaire.
L’anglais comporte un grand nombre de sons qui n’existent pas en français, vocaliques
ou consonantiques, en particulier les diphtongues : répéter les comptines en anglais améliore
la prononciation des enfants car les diphtongues les entraînent à bien articuler. D’ailleurs cette
gymnastique articulatoire sera bénéfique aussi bien pour l’anglais que pour la langue
maternelle.
2) La phonologie et l’accentuation
Lorsque le système auditif du tout petit est performant, il peut commencer à reproduire
et jouer avec les sons. C’est ainsi qu’il va progressivement s’approprier les sonorités de sa
langue.
Cependant, l’auteur Catherine Hillman dans son introduction à Kay, Blue and Sparkle,
précise qu’« en maternelle, plus encore en petite section, les élèves sont dans une démarche
de réception plutôt que de production car certains enfants à cet âge ont encore de la difficulté
à verbaliser. Mais comme en langue 1, même s’ils ne s’expriment pas, ils engrangent
structures et vocabulaire pour les utiliser de façon différée ».
Les linguistes insistent tous sur l’importance de familiariser le plus tôt possible l’oreille
des enfants aux sonorités et aux accents de la nouvelle langue. (Hagège Claude, L’enfant aux
deux langues, Editions Odile Jacob, 1996 ou Adamczewski Henri, Caroline grammairienne
en herbe, PSN, 1995).
Ecouter les sonorités de la langue anglaise et chercher à les reproduire en jouant avec les
sons grâce aux « Nursery Rhymes » permettent aux enfants de petite section de se les
approprier petit à petit, tout comme les rythmes et les intonations des mélodies. Cet
apprentissage alliant répétition et jeu permettra aux enfants de se familiariser avec les
phonèmes qui n’existent pas en français.
En effet, le français et l’anglais sont des langues dont la phonologie est très
différente. L’anglais est une des langues qui contient une des plus grandes variétés de sons
(ou phonèmes) dans le monde, dont un grand nombre n’existe pas en français. Le français ne
comporte en phonétique que 16 voyelles et une vingtaine de consonnes alors que l’alphabet
phonétique international distingue 22 sons de voyelles et 25 de consonnes, dont pour
l’anglais, 20 voyelles et 23 consonnes.
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L’anglais se caractérise par un accent tonique placé en général sur les premières syllabes à
intervalle régulier et par de fortes variations de hauteur ; alors que le français place l’accent
tonique sur la dernière syllabe le plus souvent. Les diphtongues, très nombreuses en anglais,
n’existent pas en français.
L’écoute est donc primordiale et il faut entraîner les enfants à percevoir les sons qui
n’existent pas dans leur langue maternelle et à les reproduire. A noter que plus les voyelles de
l’anglais seront proches de la langue maternelle de l’enfant, plus il lui sera difficile de les
reproduire car il risque de les assimiler à celles de sa langue maternelle.
Par exemple, on peut faire répéter un phonème par les enfants en veillant à
l’articulation, en l’exagérant et en le répétant de plusieurs manières différentes sur différents
rythmes, lents ou rapides, à des hauteurs et des timbres variés afin que l’enfant puisse
explorer le phonème avant de le chanter dans la comptine.
Le rythme des comptines est un soutien important car il aidera le jeune enfant à la
mémorisation de l’emplacement des accentuations en l’anglais.
Ce travail est en accord avec les programmes scolaires précisés dans le BO spécial n°4
du 29 août 2002 : « Il s’agit, par un travail régulier, de faire entendre à l’enfant, de l’aider à
reconnaître, reproduire et produire sons, rythmes et intonations spécifiques à la langue
anglaise. Ces capacités de reconnaissance, de reproduction et de production sous-tendant en
effet les compétences de compréhension et d’expression orales. » A noter que la notion de
production semble pouvoir être envisagée dès la petite section de maternelle. Nous en
donnerons quelques exemples dans la seconde partie.
a) Les difficultés propres à la phonologie anglaise
Nous donnerons ici quelques exemples de ces difficultés, choisies parmi les comptines
que nous avons abordées avec les enfants. Dans cette optique, nous en avons sélectionné un
petit nombre, assez simples, pour nous adapter aux enfants de la petite section de maternelle.
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- Les diphtongues :
Elles sont vraiment très nombreuses et bien particulières en anglais. Nous avons étudié
les diphtongues : /əʊ/ /aʊ/ /aɪ/ dans la comptine Row Your Boat :
Row row row your boat
r/əʊ/ b/əʊ/t
Gently down the stream
d/aʊ/n
Merrily merrily merrily merrily
Life is but a dream
l/aɪ/f
Ou encore les diphtongues : /eɪ/ /əʊ/ dans la comptine Rain Go Away :
Rain, rain, go away
r/eɪ/n g/əʊ/ əw/eɪ/
Daddy wants to play
pl/eɪ/
Come again another day
əg/ɛn/ d/eɪ/
- Les consonnes :
Dans la comptine ci-dessus, nous trouvons dans une strophe suivante :
- Le son « the » : /ð/
Brother wants to play
br/ʌ//ð//ə/
Come again another day
ən/ʌ//ð//ə/
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Ce phonème n’existe pas en français mais il est très courant en anglais puisqu’il correspond à
l’article the (le). Il est difficile à prononcer : pour aider les enfants, on peut leur demander de
prononcer le son « z » puis de recommencer en plaçant le bout de la langue en haut sous les
dents.
- Le son « th » : /θ/
Il se prononce de la même manière que le /ð/ mais en prononçant le son « s ». Nous
l’avons relevé dans la comptine suivante qui est intéressante car elle présente également des
diphtongues :
Head, shoulders
Knees and toes
Eyes and ears
And mouth and nose
m/aʊ//θ/ n/əʊ/ʒ
- Le son « h » : il est expiré en anglais alors qu’il est ignoré ou aspiré en français. On peut le
faire travailler en enfants en leur demandant de le prononcer en soufflant sur le dos de leur
main par exemple.
- Le son « r » : il est différent du « r » français. Il est plus sonore et se prononce avec la
pointe de la langue appuyée sur le palais.
- Les voyelles : on peut habituer les enfants à distinguer les voyelles longues des voyelles
courtes. Par exemple, on distingue les i: longs de stream des ɪ courts de merrily dans la
comptine Row your boat.
Gently down the stream
stri:m
Merrily merrily merrily merrily
merɪlɪ
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Il est facile d’intéresser les enfants avec de petits exercices ludiques et variés de
quelques minutes pour ne pas les lasser (par exemple, leur demander d’exagérer les « i »
longs en traînant sur la voyelle en alternant avec des « i » très courts etc.).
Par ailleurs la fantaisie des comptines qui aiment jouer avec les mots, les rythmes, les
sons, avec des répétitions, des onomatopées, des sons farfelus, amuse les enfants et facilite
ainsi la mémorisation des phonèmes propres à l’anglais.
b) L’accentuation
Ici nous avons souligné les accentuations dans la comptine,
‘Rain ‘rain ‘go a’way
‘Daddy ‘wants to ‘play
‘Rain ‘rain ‘go a’way
‘Come a’gain a’nother ‘day
Pour aider l’enfant à prendre conscience de la bonne position de l’accent, on peut lui
demander de la souligner en frappant dans sa main en chantant la comptine ou de lancer la
main en l’air.
Nous avons vu plus haut que le jeune enfant prend conscience des nouvelles sonorités
de la mélodie et des rythmes de la langue avant de prendre conscience du vocabulaire et du
sens des mots.
Les comptines grâce à la répétition des mots, au rythme scandé, aident les enfants à
mémoriser, de même que la gestuelle qui les accompagne la plupart du temps. Elles
sensibilisent l’enfant à la mélodie, au rythme, à la différentiation des sons, à leur durée, à leur
timbre, à leur intensité, à la discrimination de l’intonation dans ses phases montantes et
descendantes que l’on peut accompagner d’un geste ascendant ou descendant pour guider les
enfants, aux contrastes entre les voyelles longues et brèves ou entre les consonnes sonores et
sourdes. Elles sont une porte d’entrée directe et vivante dans la langue anglaise.
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3) Le vocabulaire
L’apprentissage de l’anglais en petite section de maternelle est avant tout axé sur les
sonorités, mais l’on peut toutefois commencer à aller au-delà en essayant de leur faire
comprendre le sens des mots, d’autant plus que le vocabulaire des comptines est adapté au
monde de l’enfance.
En effet, celui-ci s’adresse à l’imaginaire poétique des enfants et à ce qui les concerne
directement : il nomme les parties du corps dans Head and Shoulders ; les vêtements, les
chaussures dans Buckle My Shoe ; les objets de la vie quotidienne et les animaux comme une
horloge et une souris dans Hickory Dickory Dock ; ou l’école et les couleurs, un petit agneau
blanc suit une enfant jusqu’à l’école dans Mary Had A Little Lamb ; il parle de la nature, de
la pluie, des saisons et des fêtes dans Jingle Jingle Bells ou O Christmas Tree ; des jours de la
semaine, des nombres etc., ce qui facilite l’apprentissage de l’anglais.
Il fait aussi appel à leur fantaisie et à leur sens de l’humour et même à leur sens de la
cruauté par exemple dans Humpty Dumpty qui met en scène un petit homme obèse en forme
d’œuf, qui tombe d’un mur et se casse en morceaux ou dans Jack et Jill qui évoque la mort de
Louis XVI, « and plastered his head with vinegar and brown paper » ( « et pansa sa tête avec
du vinaigre et du papier brun ») .
Pour aider les jeunes enfants à comprendre le sens des mots d’une comptine anglaise,
l’enseignant peut utiliser des mimiques du visage, des gestes, des images ou des sons. Nous
en donnerons quelques exemples dans la seconde partie.
Toutefois, il ne faut pas croire que les comptines parce qu’elles s’adressent à un jeune
public soient si simples. Le vocabulaire est souvent désuet et comporte des expressions rares
ou anciennes très compliquées.
Les comptines comportent une grande variété de structures syntaxiques. On y retrouve
toutes les formes de phrases : affirmatives, interrogatives, négatives, des dialogues etc. Et
bien « qu’il s’agisse de constructions de phrases simples ou complexes, toutes concourent à
l’imprégnation des règles linguistiques par la répétition de formulettes rythmiques et
mélodiques empreintes de magie » affirme Odile Tremouroux-Kolp dans Le chemin des
comptines.
Malgré tout, en accord avec les préconisations des programmes de maternelle, on
prendra soin de choisir celles qui utilisent un vocabulaire simple et courant ainsi que des
expressions usuelles et une syntaxe simple pour que l’enseignement soit utile et puisse
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également se prolonger dans des activités transversales ou favoriser le passage de la
reproduction à la production dans les classes de grande section par exemple.
C – Les bénéfices culturels, sociologiques et psychologiques
1) La culture
Selon le linguiste Claude Hagège, il existe un lien très fort entre langue et culture :
entrer dans une langue, c’est entrer dans une culture. Alors que l’enfant n’est pas encore
enfermé dans une citadelle de savoirs orientés mais au contraire a soif d’apprendre et de
découvrir le monde qui l’entoure, « il faut exploiter très tôt ce zèle et cette curiosité des
usages d’autrui tels que les reflètent les langues ».
L’enfant peut créer un rapport distancié par rapport à sa propre culture et celle de sa
famille. Pour l’enfant, le monde qui l’entoure est le même pour les autres. Petit à petit, il va
comprendre que chaque langue a sa propre identité et qu’une culture n’est pas supérieure à
une autre. Apprendre une autre langue est une école de tolérance, c’est s’ouvrir aux autres et
par là, s’enrichir soi-même.
On peut affirmer que les « Nursery Rhymes » sont un trésor patrimonial de la culture
anglaise : pour nos jeunes élèves, elles seront leur premier pas à la rencontre de la culture
anglaise car elles font partie intégrante du monde de l’enfance au Royaume-Uni dont elles
illustrent souvent les traditions et le mode vie, ainsi Eggs and Bacon citée dans This Little
Puffin.
Si en petite section de maternelle, il s’agit plus de s’imprégner des sonorités et des
rythmes de la langue, cette première approche s’inscrit dans le cadre d’une véritable démarche
culturelle. Les enfants vont intégrer un patrimoine commun grâce auquel ils vont pouvoir
échanger avec d’autres enfants et même d’autres adultes. C’est ainsi dans l’échange et le
partage que l’enfant se construit et devient un être social mais ceux-ci seront plus riches
encore car il sera confronté à une autre culture que celle de ses parents et de ses camarades.
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2) La sociabilisation
C’est à l’école que débute vraiment la vie sociale du jeune enfant : avec l’enseignant et
avec ses camarades dans la classe puis en jouant dans la cour de récréation avec eux.
Le fait de chanter des comptines avec les autres enfants de la classe ou de l’école à
certaines occasions comme lors de la fête de fin d’année ou pendant les récréations dans la
cour lui permet de s’insérer dans un groupe et de ressentir le plaisir d’être ensemble et
d’appartenir à une même communauté, de partager un même savoir ou aussi d’éprouver les
mêmes difficultés d’aborder ensemble un apprentissage nouveau. En effet, un enfant a moins
de mal à entrer dans un groupe lorsque celui-ci est réuni pour chanter et s’amuser. Chaque
enfant peut participer au temps de la comptine, quelles que soient ses difficultés. Même en
seulement tapant des mains, il participe et fait partie intégrante du groupe.
Il est probable que les plus timides se fondront dans le groupe et pourront prendre leur
part de l’apprentissage et du jeu sans se mettre en avant et gagneront de la confiance. Et les
plus impatients seront obligés de suivre le rythme du groupe et donc de se discipliner et
d’apprendre la vie ensemble. De plus, les enfants pourront établir un lien entre la maison et
l’école en rapportant fièrement les comptines chez eux et en se valorisant au sein de leur
propre famille. Cette hypothèse sera vérifiée dans la seconde partie.
Les « Nursery Rhymes » ont l’avantage de révéler de façon ludique aux jeunes enfants
les particularités de la langue anglaise en les imprégnant de ses sonorités, de ses rythmes, de
ses intonations et de ses accentuations, tout en leur permettant de mémoriser facilement son
vocabulaire et ses formes syntaxiques, grâce à la gestuelle qui les accompagne et au plaisir
qu’ils y prennent.
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Deuxième partie : L’apprentissage des « Nursery
Rhymes » en petite section de maternelle
Cet apprentissage aura lieu lors de mon stage filé qui s’intègre dans mon cursus
universitaire en seconde année de Master Enseignement. En effet, j’ai été affecté dans une
école maternelle en classe de petite section, avec de très jeunes enfants âges de trois à quatre
ans. J’y suis présente tous les jeudis et vendredis, ainsi qu’un mercredi sur deux.
A - Présentation de la classe
Avant de décrire comment je procède à l’apprentissage des comptines en anglais dans
ma classe de petite section de maternelle, il est nécessaire de vous la présenter.
Du point de vue strictement linguistique, ma classe comporte une particularité vraiment
intéressante : elle est composée de 26 enfants parlant à eux tous douze langues différentes !
Parlant de très jeunes enfants toujours en cours d’acquisition du langage, il est plus juste de
dire « baignant » dans un milieu linguistique comprenant douze langues différentes.
a) Concernant le français à la maison :
Nombre d’enfants
qui ne parlent pas du
tout le français à la
maison :
Nombre d’enfants
qui ne parlent que
très peu le français à
la maison :
Nombre d’enfants
qui parlent
principalement le
français à la maison :
Nombre d’enfants
qui parlent
uniquement le
français à la maison :
7
soit 27%
4
soit 15%
9
soit 35%
6
soit 23%
15
Soit 58% des élèves parlent correctement le français et 42% ne le parlent presque pas ou
pas du tout. Ce qui divise la classe en deux parties presque égales du point de vue
linguistique.
J’ai constaté que parmi les sept enfants qui ne parlent pas du tout français à la maison,
trois d’entre eux ont commencé à oser le parler seulement à partir du moment où j’ai débuté
mes séances d’anglais. Les autres ayant déjà commencé à le parler quelques semaines après la
rentrée. Ce qui m’amène à confirmer l’idée que l’apprentissage d’une nouvelle langue
étrangère, plaçant ces enfants au même niveau que tous les autres, leur a permis de se libérer
et de se « jeter à l’eau ».
b) Les langues les plus utilisées à la maison :
Les langues du Maghreb
Les langues de l’Afrique de l’Ouest
Arabe Berbère
(dont le kabyle)
Mandingue
(dont le soninké)
Wolof
11 enfants 3 enfants 2 1
c) Les autres langues
- Un enfant parle l’espagnol,
- un enfant parle le créole français,
- un autre le kmer (Cambodge),
- un autre l’ourdu (Inde)
- un enfant parle en plus de la langue familiale, la langue des signes arabe pour communiquer
avec un de ses parents.
La majorité des enfants étant déjà bilingues ou même trilingues, il en ressort un fait
évident : cette classe baigne déjà dans un contexte multilingue.
16
Bien sûr cette situation amène plusieurs questions : est-ce un avantage ou un handicap
pour la scolarité des enfants, est-ce bien raisonnable de confronter les enfants à une
expérience introduisant une nouvelle langue étrangère, l’anglais pour notre part ?
Nous aborderons ces questions au fur et à mesure du déroulement de notre exposé.
Mais face à cette situation assez exceptionnelle, je voudrais souligner la diversité et la
richesse linguistiques et culturelles potentiellement contenues dans cette classe.
C’est dans ce contexte d’une classe plurilingue que j’ai fait le pari d’introduire la
sensibilisation à l’anglais par les comptines.
B – Le choix des « Nursery Rhymes » en petite section de maternelle
Même si l’anglais n’est pas une discipline qui apparaît dans les programmes de la
maternelle, ce choix s’intègre parfaitement dans le cadre du Projet de programme pour l’école
maternelle à venir. En effet, parmi les attendus de fin de cycle, un des objectifs est de
« commencer à prendre la langue pour objet » en « commençant à s’intéresser à d’autres
langues que le français ».
Ce cadre précisé, me laissant malgré tout un espace de liberté assez large, j’ai décidé
d’en faire un projet sur plusieurs mois à partir du second trimestre. Je n’ai pas cherché à
donner aux enfants des cours de langue anglaise à proprement parler, mais j’ai tenté de les
sensibiliser à la langue et il s’agit plutôt d’« un éveil à l’anglais ».
J’ai souhaité aussi pour des raisons plus personnelles en faire profiter mes jeunes élèves
de trois à quatre ans et rédiger mon mémoire en fonction de cette expérience parce que je
porte moi-même cette langue dans mon cœur. En effet, je suis d’origine anglaise du coté de
mon père qui m’a chanté des « Nursery Rhymes » pendant toute mon enfance, et j’ai étudié
l’anglais pendant mes études.
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De plus, actuellement, on peut dire que l’anglais est la langue internationale et les
enfants devront l’étudier pendant tout le cours de leur scolarité. Dès l’école primaire, en effet,
c’est une discipline importante dans les programmes scolaires. L’anglais leur sera utile aussi
dans leur vie professionnelle et personnelle et leur permettra de communiquer lors de voyages
ou de rencontres par exemple.
Avec de très jeunes enfants, il est difficile d’entretenir une conversation. J’ai eu
l’occasion de remarquer que les comptines rendent cette communication possible, de plus elle
est heureuse et relaxante. Les comptines peuvent changer l’humeur d’un enfant effrayé, en
colère ou triste. Si un enfant n’est pas disposé à faire une activité, il le sera presque toujours
pour chanter une comptine.
Ainsi, il est arrivé qu’une de mes élèves, à la suite d’une réprimande très violente de la
part d’un adulte et en ma présence, s’est sentie bouleversée et est venue se réfugier dans mes
bras. Quelques instants plus tard nous avons débuté la séance d’anglais et très rapidement elle
s’est mise à participer et à oublier son chagrin.
De même, au moment où les mamans quittent leurs enfants le matin, certains pleurent
régulièrement. J’ai constaté que si la séance d’anglais se déroule juste après le temps
d’accueil, leur peine passe beaucoup plus rapidement que si l’on commence la journée par
une autre activité.
Un autre enfant encore, suivi par la psychologue scolaire à cause de son comportement
colérique, se montre beaucoup plus calme et semble apaisé pendant les séances d’éveil à
l’anglais.
Ces constatations ont progressivement influencé ma manière d’organiser mes séances, à
tel point qu’il m’est arrivé plusieurs fois de déplacer leur moment afin de m’adapter aux
comportements de mes élèves. S’ils sont particulièrement agités ou stressés, les séances
d’éveil à l’anglais les tranquillisent.
Pour toutes ces raisons, c’est donc en m’appuyant sur les « Nursery Rhymes » que j’ai
eu envie de faire découvrir l’anglais à mes élèves de petite section de maternelle.
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C – Présentation des comptines
a) Two Little Feet
Two little feet go stamp, stamp, stamp
Two little hands go clap, clap, clap
One little body stands up straight !
One little body goes round and round
And one little body sits quietly down.
J’ai choisi cette comptine parce qu’elle permet aux enfants de connaître et de nommer
en anglais les différentes parties de leur corps, tels que les pieds, les mains et parce qu’elle
met en scène des actions simples, telles que se lever, se tourner, s’asseoir, mais aussi des
gestes, comme la possibilité de frapper dans leurs mains et de taper des pieds. Elle évoque une
sorte de petite danse qui plait énormément aux enfants.
b) Head and Shoulders
Head, shoulders
Knees and toes
Knees and toes
My eyes and ears
And mouth and nose
Cette « Nursery Rhyme » est extrêmement ludique également. Les enfants en raffolent :
le rythme est entraînant et la chorégraphie aussi. Les enfants doivent toucher leurs épaules,
leurs genoux puis leurs orteils, ce qui les mène à prendre conscience du haut, du milieu et du
bas de leur corps qu’ils sont toujours en train de découvrir.
Ils ont ainsi l’occasion de commencer à utiliser un vocabulaire un peu plus complexe
concernant le corps, comme la tête « head », les épaules « shoulders », les genous « knees »,
les orteils « toes ». Mais ils sont aussi focalisés sur les éléments de leurs visages tels que les
yeux « eyes », les oreilles « ears », la bouche « mouth » et le nez « nose ».
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c) Row Your Boat
Row row row your boat
Gently down the stream
Merrily merrily merrily merrily
Life is but a dream
J’ai choisi cette comptine car elle est assez courte bien que complexe dans ses sonorités,
mais cela la rend intéressante. Cette comptine, douce et lente, ne nécessite pas beaucoup de
gestes si ce n’est celui de ramer, ce qui leur permet de se concentrer sur l’écoute, la répétition
et la mémorisation. Par exemple, les enfants ont pu repérer les « i » courts de « gently »,
« merrily » et « is », opposés aux « i » longs de « dream » et « stream » en faisant un exercice
amusant pendant lequel je leur demandais d’exagérer excessivement le « i » long de
« stream » ou au contraire de passer très rapidement sur les « i » brefs de « merrily ».
Au départ, je voulais travailler un plus grand nombre de comptines mais j’ai décidé,
faute de temps, de me limiter aux trois déjà mises en place pour faire un travail plus en
profondeur.
Le travail a été encore plus poussé pour Head and Shoulders puisque j’ai mené les
élèves vers la compréhension : je leur ai demandé en anglais de me montrer les parties de
leurs corps désignées dans la comptine (voir la dernière vidéo) et donc vers un travail de
production, ce qui est forcément difficile et limité en petite section de maternelle.
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D - Descriptif de la séquence d’apprentissage
J’ai choisi de mettre en place les séances d’anglais chaque jeudi et vendredi lors des
rituels. Chaque séance se déroule seulement pendant une dizaine de minutes pour ne pas
lasser les enfants.
Au niveau de l’organisation de la classe, mes élèves sont tous réunis au « coin
regroupement », assis sur des bancs tout autour de moi. Le cercle qu’ils forment tous
ensemble autour de moi me permet d’avoir une relation directe, de face à face, avec chacun
d’entre eux. Il y a un fort contact visuel et je peux ainsi instaurer un climat de confiance,
mieux les observer, les reprendre etc.
Comme matériel, je n’utilise que les comptines et une marionnette. Comme outils,
j’utilise ma voix et mon corps, et plus tard j’ai utilisé un CD audio.
J’ai pensé qu’il était judicieux avant de commencer cette activité de l’introduire auprès
des élèves. Pour expliquer l’activité avant la toute première séance, je me suis aidée du fait
que la plupart de mes élèves parlent une autre langue étrangère à la maison pour les interroger
sur ce que représente pour eux « une langue ». Je leur ai dit « nous allons écouter une
nouvelle langue qui s’appelle l’anglais ». Je leur ai expliqué que cette langue est différente du
français mais qu’elle est très jolie et rigolote à écouter et que surtout elle veut aussi dire
quelque chose.
Pour entrer dans l’activité, j’ai mis en place un rituel en me servant d’une marionnette
clown. En effet, les petits ont besoin de repères pour comprendre quand une activité débute.
La marionnette clown leur permet de comprendre que le cours d’anglais commence. De plus,
cela les captive. Je leur ai d’abord dit en français : « Monsieur Clown est votre professeur
d’anglais. C’est un chanteur qui ne chante qu’en anglais. Mais d’abord, il va vous dire
« bonjour » en anglais, il faut l’écouter puis répéter après lui : « Hello ». Le clown dit
« hello » deux fois et les élèves répètent. Puis, il prend le temps de dire « hello » à chaque
élève qui lui répond « hello » aussi.
Cette phase d’entrée dans l’activité terminée, je passe à une phase de découverte-
écoute : je récite simplement la comptine Two Little Feet en demandant aux élèves d’écouter
en silence.
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Je récite la comptine une deuxième fois et je laisse cette fois les élèves s’exprimer, ils
sont libres de chanter avec moi ou pas.
S’ensuit alors la phase répéter-parler : j’énonce des mots de vocabulaire précis à répéter
deux fois : « feet », « hands », « body », « stands up », « round », « down ». Lorsque je
prononce les différents mots du vocabulaire, je fais attention à la prononciation, à l’intonation
et surtout je le représente avec un geste.
Par exemple si je dis « feet », je bouge mes pieds ; si je dis « hands », je bouge mes
mains ; lorsque je dis « body », je montre tout mon corps ; lorsque je dis « stands up », je me
lève ; si je dis « round », je tourne sur moi-même et si je dis « down », je m’assois.
Un peu plus tard, je laisse les élèves découvrir la danse/mime qui accompagne cette
comptine dans une phase d’observation et d’association mot-geste.
Je récite la comptine Two Little Feet en l’associant à des gestes et je demande aux
élèves d’écouter et d’observer avec attention. En disant, « stamp », je tape des pieds ; en
disant, « clap », je claque des mains ; si je dis « stand up », je me lève ; si je dis « round and
round » je tourne et lorsque je dis « sit down » je m’assois.
Puis je récite la comptine une seconde fois et je laisse alors les élèves s’exprimer dans
une phase de reproduction.
Enfin, je clos la leçon de la même manière dont je l’ai ouverte, avec la marionnette -
clown qui dit au revoir « good bye » à chaque élève qui doit lui répondre.
Outre les objectifs d’écouter et de parler pendant les séances de répétition, la danse
permet d’aller un peu plus loin dans la découverte de l’anglais en essayant d’introduire un
objectif de compréhension. En effet, l’association mot-geste permet à l’enfant de se
représenter le sens du mot qu’il est en train de prononcer.
Les séances suivantes sont des séances de réinvestissement. Elles suivent le même
schéma et ont lieu très régulièrement. A force de régularité et de répétition, les élèves
commencent à mémoriser la comptine et à intégrer les sons jusqu’alors inconnus.
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Puis je peux aller plus loin dans la compréhension en traduisant en français pendant la
phase répéter-parler : « feet », ce sont les pieds, « hands » ce sont les mains ! Etc.
Les élèves peuvent alors découvrir la comptine Head and Shoulders. Le processus
d’apprentissage est le même que celui de Two Little Feet. On commence avec une phase de
découverte-écoute. Je récite la comptine et je demande aux élèves d’écouter en silence. Je
récite la comptine une deuxième fois et laisse cette fois les élèves s’exprimer. S’ensuit alors la
phase de répéter-parler : j’énonce des mots de vocabulaire précis à répéter deux fois :
« head », « shoulders », « knees », « toes », « eyes », « ears », « mouth », « nose ». Quand je
dis ces mots de vocabulaire, je fais attention à la prononciation, à l’intonation et surtout je le
représente avec un geste. Par exemple quand je dis « head » je tapote ma tête, quand je dis
« shoulders » je tapote mes épaules, quand je dis « knees » je tapote mes genoux, quand je dis
« toes » je tapote mes orteils. Puis quand je dis « eyes » je montre mes yeux avec mes index,
de même avec « ears », « mouth » et « nose ». Plus tard, je laisse les élèves découvrir la danse
qui accompagne cette comptine dans une phase d’observation et d’association mot-geste. Je
récite la comptine Head and Shoulders en l’associant à des gestes et je demande aux élèves
d’écouter et d’observer avec attention. Lorsque je chante « head », je mets les deux mains sur
le haut de la tête, je poursuis de la même façon pour « shoulders », « knees », « toes », etc. Je
récite la comptine une deuxième fois et laisse cette fois les élèves s’exprimer dans une phase
de reproduction. Les séances suivantes sont des séances de réinvestissement. Elles suivent le
même schéma et ont lieu régulièrement. A force de répétition, les élèves commencent à
mémoriser la comptine et à intégrer des sons jusqu’alors inconnus.
Je vais cependant au-delà avec cette comptine en ajoutant une phase de compréhension.
A force de répéter la traduction française pendant la phase de répéter-parler (« head », c’est la
tête, etc) et d’association mot-geste, certains élèves sont capables de me répondre
correctement lorsque je leur pose des questions. Par exemple, lorsque je leur demande de me
dire en français ce que signifie le mot « shoulders » et de me montrer l’endroit du corps
correspondant, ils sont tout à fait capables de me répondre : « c’est les épaules » en tapotant
leurs épaules. Les enfants qui ne parlaient pas ou très peu le français ne connaissaient pas les
mots « épaule », « genou » ou « orteil » et les ont découverts dans les deux langues en même
temps.
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La troisième comptine que les élèves ont apprise est Row Your Boat. Son apprentissage
suit exactement le même schéma. Cependant il n’y a pas de phase de compréhension car je
trouvais les mots trop complexes et difficiles à représenter. Du coup, je ne me suis pas
intéressée au vocabulaire qui n’était pas de grand intérêt pour les enfants, mais plutôt aux
sonorités. De même, le seul geste effectué était celui de « ramer » avec ses bras.
Pourtant cette mélodie plus lente, faite pour bercer les tout-petits ou les faire sauter sur
les genoux, plaît beaucoup à mes élèves. Elles apportent un moment plus doux et tranquille
dans le rythme de la classe
J’avais prévu également d’apprendre aux enfants la comptine Rain Go Away que j’ai
abordée dans la première partie théorique de ce mémoire, mais par faute de temps, elle n’a été
que découverte par les élèves. De ce fait, elle ne figurera pas dans cette partie pratique.
Nous avons dans la classe un coin écoute avec un lecteur CD et des casques audio. En
plus de ces séances dirigées, les élèves avaient donc la possibilité d’écouter les comptines lors
des ateliers libres.
Durant ces séances, plusieurs domaines des programmes de la maternelle sont mis en
avant :
- « S’approprier le langage » : même si ce n’est pas la langue française qu’ils s’approprient
ici, les élèves échangent et s’expriment. Ils redisent de manière expressive des comptines et
interprètent des chants qu’ils ont mémorisés. Ils ont aussi été amenés à comprendre une
langue vivante étrangère.
- « Devenir élève » en coopérant et devenant autonome, mes élèves participent au sein d’un
groupe formé pour réciter, chanter, mimer et danser les comptines. Ils acquièrent ici le goût
des activités collectives.
- « Agir et s’exprimer avec son corps » : il s’agit là plus particulièrement des activités
d’expression à visée artistique, tels que les jeux dansés, le mime, la danse qui permettent tout
à la fois l’expression par un geste maîtrisé et le développement de l’imagination. Grâce à cette
activité, les enfants acquièrent une image orientée de leur propre corps.
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- « Percevoir, sentir, imaginer, créer » : cette activité nourrit la curiosité dans la découverte du
monde; elle permet à l’enfant d’exercer sa motricité et elle l’encourage à exprimer ses
réactions. La voix et l’écoute sont très tôt des moyens de communication et d’expression que
les enfants découvrent en jouant avec les sons, en chantant, en bougeant. Ils inventent des
chants et jouent avec leur voix, avec les bruits, avec les rythmes. Les activités structurées
d’écoute affinent l’attention, développent la sensibilité, la discrimination des sons et la
mémoire auditive. Les enfants écoutent pour le plaisir, pour reproduire, pour bouger, pour
jouer... Ils apprennent à caractériser le timbre, l’intensité, la durée, etc.
E - Observations sur le déroulement des séances
En utilisant la répétition, les élèves ont rapidement compris que « hello » voulait dire
« bonjour ». Lorsque je leur demande de lever la main pour me dire comment on dit
« bonjour » en anglais, ils répondent tous correctement (voir vidéo). Il en est de même pour
dire au revoir.
L’entrée dans l’activité est toujours un moment d’excitation pour eux, ils se sentent très
investis et répondent à la marionnette avec joie.
J’ai également observé qu’ils répondaient « goodbye » à la marionnette tous en même
temps, en se levant et en faisant le geste d’un au revoir. Ils comprennent que la séance est
terminée et qu’il est temps de passer à une autre activité.
Parfois cependant ils sont timides et ne souhaitent pas répondre. Cependant tous les
enfants ont déjà répondu plusieurs fois. J’ai remarqué que certains enfants non francophones
« se libèrent » plus pendant les séances d’anglais.
Par exemple, parmi les enfants ne parlant pas correctement le français, il y a une petite
fille que je n’avais jamais entendue prononcer un seul mot ; je ne pense même jamais avoir
entendu le son de sa voix ! Eh bien, je l’ai entendue parler pour la première fois pendant la
phase d’entrée dans l’activité lorsqu’il fallait répondre « hello » à la marionnette clown !
J’ai aussi une très jolie anecdote à raconter concernant une enfant qui ne s’exprimait pas
du tout en classe encore au début du second trimestre. A la fin de la séance d’anglais pendant
laquelle nous avions chanté Row Your Boat, j’avais posé sur ma chaise de bureau le livre de
comptines que j’utilise et où figure le texte de cette « Nursery Rhyme » avec de jolies
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illustrations colorées d’un bateau avec des rameurs. Et j’ai soudain remarqué cette petite fille
devant ma chaise qui tenait le livre ouvert à la bonne page et qui regardait les images et je l’ai
entendue murmurer tout doucement les paroles. C’était un moment surprenant et un peu
émouvant !
Les séances d’éveil à l’anglais ont vraiment crée un double lien entre les enfants et leur
famille, et entre leurs familles et moi en tant qu’enseignante. Le temps d’accueil est un
moment opportun pour une rencontre entre le professeur et les familles. En effet, à ce moment
là beaucoup de parents sont venus me dire à quel point leurs enfants adoraient les « Nursery
Rhymes ». Ils étaient étonnés de constater avec quel entrain et avec quelle facilité leurs
enfants les chantaient sur le chemin de l’école ou à la maison. Certains parents m’ont aussi
fait part de leur surprise puisqu’ils avaient déjà appris à leurs enfants ces « Nursery
Rhymes ». Il est intéressant de constater que ces remarques venaient aussi bien de la part des
familles qui ne parlent pas ou peu le français que de celles qui le parlent.
Les élèves, à cause de leur vivacité et de leur enthousiasme, ont toujours eu du mal à
rester silencieux pendant les phases d’écoute. D’emblée, ils veulent participer en répétant mes
mots et mes gestes. Lorsque les enfants ont commencé à devoir chanter et reproduire la
comptine Head and Shoulders, ils s’y sont mis de bon cœur même s’ils avaient quelques
difficultés. Ils ont commencé d’abord à répéter les mots de fin de phrases et à mimer les
gestes.
Les comptines permettent un premier apprentissage de l’utilisation du geste qui n’est
pas forcément inné à cet âge. Pour reproduire les gestes à la perfection et au bon moment, cela
a été laborieux. Au terme de l’expérience, je peux dire qu’un groupe de sept élèves sait mimer
entièrement la comptine Head and Shoulders correctement.
La motricité est un domaine important en petite section : cette comptine leur a permis de
mieux prendre conscience de leur corps dans sa globalité, des notions de « haut », de « bas »
et de « milieu », mais aussi des éléments particuliers de leur corps, par exemple au niveau du
visage, les yeux, le nez etc.
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Pour ce qui est de la phase de répéter-parler, lorsque les élèves devaient répéter avec
moi les mots de vocabulaire, je les ai sentis très motivés : ils participaient avec enthousiasme
et surtout ils prononçaient pour la plupart correctement. Pour certains d’entre eux, leur accent
était pratiquement parfait.
J’ai découvert par moi-même ce que j’avais lu dans les livres théoriques et que j’avais
du mal à croire, à savoir que les enfants n’ont pas besoin de comprendre les paroles pour avoir
envie de les apprendre.
Pour des élèves plus âgés, le fait de ne pas comprendre peut produire un blocage, une
gêne dans la répétition des mots. Ils demandent toujours le sens des mots qu’ils apprennent.
Mes élèves eux ne m’ont jamais demandé le sens d’un mot. Il est vrai cependant que le sens
était évident de part la gestuelle et la traduction. La gestuelle, le mime favorisent la
compréhension, elle est un moyen de communication très appréciable à ce niveau.
A l’issue de ces séances, lorsque je me suis penchée avec un petit groupe d’élèves sur la
compréhension de Head and Shoulders et que je les ai accompagnés vers une tentative de
production, j’ai été heureusement surprise. Cette expérience légère très réussie de
compréhension orale du vocabulaire du corps me permet d’affirmer qu’agir avec le geste est
un prélude à la production.
De même lorsque j’ai fait découvrir la comptine Two Little Feet aux enfants, je les ai
amenés à comprendre le sens des mots en leur demandant d’effectuer la danse seuls sans mon
accompagnement : c’est-à-dire que je chante, mais sans faire la gestuelle. Ils devaient faire les
bons gestes au bon moment. Ils ont très bien réussi l’exercice. Ce sont surtout les
onomatopées qu’ils reconnaissaient, telles que « clap », « stamp », « up », « down ».
J’ai été très étonnée, et il faut dire très heureuse, de l’enthousiasme général qu’ont reçu
mes séances d’éveil à l’anglais. Du premier jusqu’au dernier cours, mes élèves ont adoré cette
expérience. Ils se réjouissaient de ce moment, le demandaient et le redemandaient. C’est un
apprentissage qui s’est fait doucement, progressivement, selon l’engagement, l’attitude, les
réactions de mes élèves. Ils ont tous participé, même les plus timides. Jamais le fait de ne pas
comprendre précisément le sens ne leur a posé de problème. Bien que je l’aie envisagé, je n’ai
pas utilisé de « flashcards » comme préconisé sur certains sites ou dans certains manuels. J’ai
préféré faire le plus simplement possible à ce stade de l’expérience. Et j’ai pensé que c’était
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bien aussi que mes élèves s’intéressent à leur propre corps qu’ils sont toujours en train de
découvrir, car cela les engage physiquement dans la musique.
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Conclusion
Au terme de ce stage dans lequel j’ai tenté de faire découvrir à des enfants de petite
section de maternelle, dont la plupart baignaient dans un environnement multilingue, une
nouvelle langue vivante étrangère, je suis convaincue du bien-fondé de cet enseignement.
En ce qui concerne la diversité linguistique, elle était difficile à exploiter pour plusieurs
raisons. Tout d’abord il nous a fallu à moi et à mes élèves un temps d’adaptation. En effet,
nous avons découvert ensemble le fonctionnement de l’école. L’expérience d’éveil à l’anglais
a donc débuté assez tard dans l’année, en janvier. Je peux cependant affirmer que plusieurs
élèves ne parlaient que dans leur langue maternelle avant la mise en place de mes séances, et
se sont mis à parler le français peu à peu lorsqu’ils se sont senti à égalité avec les autres
enfants qui découvraient eux aussi une nouvelle langue. Il serait intéressant de poursuivre une
étude sur ce sujet en suivant les mêmes enfants sur plusieurs années, de la petite section au
CM2 par exemple. Mon expérience peut donc servir de base pour une étude plus approfondie.
Ce premier essai m’a semblé très positif et m’a donné envie de continuer d’utiliser les
« Nursery Rhymes » dans ma carrière pour éveiller les enfants à l’anglais.
Mes observations personnelles m’ont démontré que les enfants s’épanouissaient en
chantant, mimant et dansant sur les airs des « Nursery Rhymes » qui semblaient parfaitement
adaptées à leur âge. Cette remarque tend à confirmer que ces comptines n’appartiennent pas
seulement à la culture anglaise, mais qu’elles ont une portée universelle auprès des enfants.
Bien que cette expérience ne soit qu’une première tentative, elle m’a paru très positive.
D’abord parce qu’elle m’a semblé réussie car elle a apporté beaucoup de plaisir aux enfants,
et l’objectif d’éveiller les enfants à l’anglais a été atteint dans la mesure où ils ont distingué
l’anglais du français et de leur langue maternelle, le cas échéant. Ensuite parce que cette
expérience est partagée car moi aussi, je me suis sentie enrichie et valorisée.
Commencer mon métier d’enseignante dans cette classe de petite section de maternelle
n’était pas très facile au départ. J’étais parfois découragée les premiers mois de ne pas pouvoir
communiquer avec les enfants comme je l’aurais souhaité. Mais au fur et à mesure des
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séances d’éveil à l’anglais, j’ai regardé mes élèves sous un nouveau jour et j’ai entrevu de
nouvelles possibilités.
Cela m’a amené à penser que toutes les compétences des enfants ne sont pas exploitées
suffisamment et ne sont pas assez mises en avant.
On se préoccupe beaucoup, et à juste titre bien sûr, de savoir si de ne pas parler
correctement le français à l’école est un handicap pour leur future scolarité ou s’il est bien
raisonnable d’introduire une langue vivante nouvelle alors qu’ils en pratiquent déjà plusieurs
de façon orale à ce stade de leur développement.
Pourtant je me pose la question, ne faudrait-il pas valoriser les compétences que ces si
jeunes enfants possèdent déjà en adaptant l’enseignement ? Ne faudrait-il pas assouplir le
cadre scolaire et développer beaucoup plus intensément l’enseignement des langues vivantes,
celles déjà parlées, pour certains, tout en introduisant une nouvelle langue comme l’anglais
par exemple ? Ne serait-ce pas possible d’associer cet enseignement à la musique car j’ai
constaté quel succès ces disciplines remportent auprès des enfants lorsqu’elles sont alliées ?
Bien sûr d’autres activités, artistiques telles que la danse, le dessin ou la lecture de
contes pourraient être envisagées ? L’écrivain et poète libanais francophone Salah Stétié,
confie dans L’aventure du bilinguisme d’Aleksandra Kroh que son amour pour la langue
française a débuté très tôt dans ses jeunes années en lisant des bandes dessinées françaises, car
à cette époque « dans les années trente, les livres en arabe pour les enfants étaient vraiment
très ennuyeux ». Cela montre à quel point on peut motiver les enfants par toutes sortes de
méthodes.
Egalement dans cet ouvrage, Alioum Fantouré, écrivain francophone, originaire
d’Afrique de l’Ouest, se souvient de son enfance en Guinée. Il explique « même dans ma
famille, il y a toutes sortes de groupes ethniques. Ma maman est à moitié malinké, j’avais un
cousin dont la maman était peule… Et le fait d’avoir connu ces eaux mêlées m’a beaucoup
aidé. Quand on grandit dans un milieu homogène totalement coupé du reste du monde, on se
dit, c’est ma région qui est la plus importante, c’est mon groupe qui compte, les autres ne sont
rien du tout. » Un peu plus loin, il raconte : « ma langue maternelle est le soussou, une langue
mandingue, mais j’ai connu dans mon enfance un métissage linguistique naturel, je parlais
tantôt le soussou ou tantôt le malinké, les langues de ma grand-mère ».
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Amadou Hampâté Bâ, écrivain francophone originaire lui aussi de l’Afrique de l’Ouest,
dans son célèbre ouvrage Amkoullel, l’enfant peul témoigne de la même expérience pluri-
linguistique.
Ces écrivains ont appris en outre le français (souvent aussi l’anglais et d’autre langues)
langue écrite qui leur a permis plus tard de s’exprimer dans leurs ouvrages et de communiquer
avec des lecteurs du monde entier.
Le linguiste Claude Hagège également qui s’est consacré dans son ouvrage L’enfant aux
deux langues au bilinguisme écrit qu’il a étudié les langues de l’Afrique de l’Ouest où de
multiples ethnies coexistent au sein même des familles « il est tout à fait courant de rencontrer
des individus qui possèdent une bonne pratique de cinq ou six langues orales ».
Cependant il explique que « la facilité d’apprendre n’a d’égale chez l’enfant, que celle,
tout aussi frappante d’oublier… et c’est durant toute la scolarité, de l’enfance à la sortie du
secondaire qu’il convient de maintenir l’élève dans une relation étroite avec « la langue
étrangère ».
Aussi pour que l’éveil à une langue étrangère porte ses fruits à plus long terme, il
conviendrait de le poursuivre de façon permanente afin d’entretenir les connaissances
acquises et nouvelles.
31
Bibliographie
Les programmes
BO hors-série n° 8 du 30 août 2007
Programmes de langues étrangères pour l’école primaire
BO hors-série n° 3 du 19 juin 2008
Conseil supérieur des programmes :
Projet de Programmes et recommandations pour l’école maternelle 2014/2015
Sur le bilinguisme
Adamczewski Henri : Caroline grammairienne en herbe, PSN, 1995
Deshays Elisabeth : L’enfant bilingue, Laffont, 1990
Hagège Claude : L’enfant aux deux langues, Editions Odile Jacob, 1996
Kroh Elisabeth : L’aventure du bilinguisme, L’Harmattan, 2000
Petit Jacques : Au secours, je suis monolingue et francophone, Presses universitaires de
Reims, 1992
Sur les comptines
Baucomont Jean : Les comptines de la langue française Seghers, 1970
Ben Soussan : 1,2,3, comptines ! Eres, 2001
Kennel Florence : Apprendre l’anglais en vingt comptines, IUFM Mâcon, 2007
Matterson Elizabeth : This little Puffin, A treasury of nursery rhymes songs and games, Puffin
1991
Tremouroux-Kolp Odile : Le chemin des comptines, Labor 2000
Littérature
Hampâté Bâ Amadou : Amkoullel, l’enfant peul, J’ai lu 2007
Les supports pédagogiques
Hillman Catherine et Kerneis Françoise : Kay, Blue and Sparkle, découverte de l’anglais en
maternelle, CND Académie de Nantes
Patricia Johnston : Je donne ma langue au chant
32
CD et Livrets 1, 2 et 3
Debi Gliori : Nursery Rhymes Book & CD (2007)
Marion Olivier (Auteur), Nadia Bouchama (Illustrations) :
Comptines anglaises CD audio – Livre audio, 2008
Sitographie
www.eduscol.education.fr
www.kidsfactorymusic.com
www.wikipedia.org (pour des notions sur les langues)
33
Annexes
Vidéo support du mémoire
Les « Nursery Rhymes » :
L’éveil à l’anglais en petite section de maternelle