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«le savoir au service du patient» Eté 2011 Connaître le cerveau L’imagerie bouleverse la recherche Soigner le cerveau Sur la piste de nouveaux traitements Neurones et esprit: la révolution

Neurones et esprit: la révolution · Soigner le cerveau Sur la piste de nouveaux traitements Neurones ... Eclaircissement Le stress chez les tout-petits 32 | Exercices ... Une recherche

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  • le savoir au service du patient

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    2011

    Connatre le cerveau Limagerie bouleverse la rechercheSoigner le cerveau Sur la piste de nouveaux traitements

    Neurones et esprit: la rvolution

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    ditorial

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    chuv | magazine en bref

    Prix de lUNIL dcernFormation Pionnire dans le domaine des sciences infirmires, Cline Goulet sest vu dcerner le Prix de lUniversit de Lausanne. En 2007, la professeure invite de lUNIL a fond lInstitut universi-taire de formation et recherche en soins (IUFRS), qui aujourdhui pro-pose un Master aux personnes en possession dun Bachelor en soins infirmiers, ainsi quun programme de doctorat. Elle reoit le prix pour son engagement en faveur du rayonnement de luniversit.

    Bill Gates soutient le CHUVFinancement LInstitut de micro-biologie du CHUV et de lUniversit de Lausanne a reu un subside de 100000 dollars de la part de la Fondation Bill et Melinda Gates dans le cadre dun projet de recherche sur le virus du sida. Les laurats du Grand Challenges Explorations, Amalio Telenti, Angela Ciuffi et Jacques Fellay, visent dcouvrir des marqueurs biologiques spcifiques la priode de latence du VIH. Ceux-ci per-mettraient dvaluer les stratgies dradication de linfection.

    Maladies gntiques dcryptesPublications Deux travaux du CHUV et de lUniversit de Lausanne ont t simultanment publis dans la prestigieuse revue The American Journal of Human Genetics. La premire publication prsente une nouvelle maladie gntique baptise chondrodys-plasie avec luxations congni-tales, qui atteint le squelette des nouveau-ns. La seconde concerne lidentification dun gne impliqu dans la rtine pigmentaire, une maladie hrditaire qui entrane une diminution de la vue.

    Vieillissement Le nombre de personnes ges dpen-dantes de soins va fortement saccrotre ces prochaines annes en raison du vieillisse-ment de la population.

    Selon une tude de lObserva-toire suisse de la sant (Obsan), ce chiffre va passer de 125000 en 2010 170000 dans le meil-leur des cas en 2030 (+36%). Cette volution saccompagnera

    Les neurosciences constituent un des ples dintrt et de dveloppement de la place acadmique et mdicale de Lausanne depuis des dcennies. Notre rgion a en effet la chance de compter, de trs longue date, sur son petit territoire, des neurologues, des psychiatres et des chercheurs de renomme internationale. Nombre dentre eux ont, chacun dans leur domaine, fait voluer la science grandes foules. Aujourdhui cependant, nous assistons une acclration historique des progrs en neurosciences qui sexplique par deux facteurs au moins.

    Le premier est le phnomnal dveloppement que connat linformatique. Grce lintgra-tion soudainement possible dun nombre infini de donnes, en raison de limagerie virtuelle, linformatique permet de sapprocher au plus prs de la ralit, de la modliser pour mieux l'apprhender. Elle a dj fait faire des bonds spectaculaires dans des domaines comme lorthopdie o, grce limagerie virtuelle, il est devenu possible de comprendre la com-plexit des mouvements du corps et donc de mieux rparer celui-ci en cas de blessure. Aujourdhui, cest dans le champ des neurosciences que linformatique entrane des bouleversements sans prcdent, au point quil nest plus interdit dimaginer exploit inenvisageable voil encore dix ans de modliser le cerveau (voir pp. 14-15).

    Le second facteur est sans nul doute la volont des individus. Car cette pousse spectaculaire de linformatique vient en effet sajouter une culture nouvelle de la transversalit. Ainsi, dans le domaine des neurosciences, on voit dsormais collaborer des radiologues, des physiciens, des mathmaticiens, des psy-chiatres, des spcialistes des biomatriaux ou des neurologues. Cest en conjuguant leurs savoirs quils permettent une comprhension nouvelle des neurones et de lesprit.

    Cette conjonction de technologies, de talents et de cerveaux (voir pp. 5-7), cet effort com-mun dinstitutions de la place lEPFL, lUNIL et le CHUV auxquelles vient sajouter lex-pertise dautres universits et hpitaux tels que ceux de Genve sont prometteurs de soulagements inesprs pour les patients.

    AcclrationTransplantation

    Donner un organeCest avec le slogan Tous ont raison: ils expriment leur volont que lOffice fdral de la sant publique (OFSP) lance sa campagne dinformation 2011 sur la transplantation, le don dorganes, de tissus et de cellules. La Suisse enregistre, de manire rpte, un taux extr-mement faible de donneurs. Selon Swisstransplant, seuls 98 dons dorganes (12,6 par million dhabitants) de personnes dcdes ont t effectus en Suisse en 2010, contre 20 par million dhabitants dans les pays voisins. La liste dattente pour un organe compte, quant elle, plus de 1000 personnes. LOFSP distribue une carte de donneur qui permet chacun dindiquer sil consent ou non faire un don en cas de dcs. Plus dinfos: www.transplantinfo.ch

    sommaire

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    05 | Enqute Des cerveaux au service du cerveau08 | infographie Lausanne au centre de linvestigation sur le cerveau10 | Eclairage Des routes dans la tte12 | recherche Un cerveau virtuel pour simuler les maladies psychiques14 | dcryptage Soigner grce l'imagerie

    20 | Perspective La banque du cerveau 22 | Clinique Une prise en charge all around the clock24 | interview Jean-Franois Dmonet La maladie de Parkinson sera galement traite.26 | Focus Pourquoi dormons-nous?28 | innovation Lutte contre les tumeurs crbrales: le CHUV la pointe30 | Eclaircissement Le stress chez les tout-petits32 | Exercices Entranez votre cerveau35 | agenda Culture36 | Gurison Maryse Rousseau Opre dune tumeur crbrale, elle sort le jour mme.

    Editeurs responsables Pierre-Franois Leyvraz, directeur gnralBatrice Schaad, responsable de la communicationrdaction LargeNetwork (Benjamin Bollmann, Stanislas Cavalier, Olivia de Quatrebarbes, Cynthia Khattar, Melinda Marchese, Daniel Saraga), Pierre-Franois Leyvraz (DG), Bertrand Tappy (DG), Caroline de Watteville (DG), Batrice Tille (PMU), Gabriella Sconfitti (DG), Eric Droze (CEMCAV) Coordination et graphisme LargeNetworkCoordination au CHUVBertrand TappyinfographiesLargeNetwork SwissInfographics

    images CEMCAVimpressionSRO-Kndigtirage10000 exemplairesCouverturePhotographe: Philippe GtazModle: Jrme BoillatContactCHUVBatrice SchaadRue du Bugnon 21CH-1011 LausanneVous souhaitez ragir un sujet, faire une suggestion pour une prochaine dition, reproduire un article: merci de vous adresser [email protected]

    ISSN 1663-0319

    iMPrESSUM Et 2011Le CHUV | Magazine parat quatre fois par an. Il est destin aux collaborateurs ainsi quaux patients et visiteurs du CHUV intresss par le cours de la vie de notre institution. Le CHUV | Magazine est imprim sur du papier Cyclus Print, 100 % recycl. Son sommaire est conu grce aux suggestions des correspondants du Service de la communication, qui se trouvent dans les dpartements, services et hpitaux affilis du CHUV.

    CONNATRE

    sOigNER

    dune augmentation du nombre de personnes atteintes de la maladie dAlzheimer et dautres formes de dmence. De plus, les progrs mdi-caux et sociaux auront tendance relever lge dentre en tablissement mdico-social. La demande de services de soins domicile va ainsi augmen-ter. Aujourdhui, 90% des personnes entre 80 et 84 ans vivent encore chez elles. Pass cet ge, ce taux diminue fortement pour atteindre moins de 55% 95 ans et plus.

    Soins domicile: la demande augmente

    Le Lausannois Jrme Boillat (35 ans), opr avec succs dun mningiome par gamma Knife (voir p. 36) au mois daot 2010.

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    Depuis une quinzaine dannes, les progrs de limagerie mdicale (grce lutilisation gnralise de lIRM) ont provoqu dnormes modifications dans la perception du corps humain. Aujourdhui, il nest en effet plus ncessaire douvrir un corps pour voir fonctionner son intrieur.

    Au-del de cette prouesse technolo-gique, ce sont galement de nom-breuses promesses qui sont esquisses, du dpistage prcoce lamlioration des traitements. Lhistoire de la mdecine est faite de ces avances comme la microbiologie ou la gn-tique qui nous font dcouvrir de nouveaux continents, analyse le prof. Vincent Barras, directeur de lInstitut dhistoire de la mdecine du CHUV. On ne pourra probablement pas tout expliquer avec les neuros-ciences, mais on ne peut que se rjouir de cette volont de rassembler les nergies afin de trouver de nouvelles pistes de recherche.

    Le Programme national de recherche SyNAPSy (PRN SyNAPSy), auquel participent notamment les universits

    Runir parmi les plus brillants spcialistes en neurosciences afin de dcouvrir les racines biologiques (ou marqueurs) des maladies mentales: voil lobjectif du Programme national de recherche SyNAPSy, cr au mois doctobre 2010 et dirig par le prof. Pierre Magistretti de lEPFL et de lUNIL/CHUV.

    de Lausanne et de Genve, lEPFL, le CHUV et les HUG, est une concrti-sation de ces espoirs. Derrire ce projet se cachent en effet des dizaines dquipes de psychiatres, de biologistes, de mdecins, de chirurgiens, mais galement dingnieurs, dinformaticiens, de mathmaticiens et de statisticiens issus des diffrentes institutions de la Suisse occidentale.

    Une recherche en rseauLeur objectif? Arriver reprer, grce limagerie crbrale, les marqueurs des maladies mentales ou cognitives. Le catalogue des pathologies tudies va donc de la schizophrnie la dpression, en passant par lAlzheimer et les troubles du comportement ou encore Parkinson. Il faut voir ce projet comme le rouage qui permet dentra-ner tous ces composants de la

    Des cerveaux au service du cerveau

    Neurones et esprit: la rvolution

    Connatre soigner

    connatre

    Premire ParTie: 4-17 SecOnDe ParTie: 20-34

    Aujourdhui, il nest plus nces-saire douvrir un corps pour voir fonctionner son intrieur.

    Le dfi principal est dlaborer de gigantesques ordinateurs suffisamment

    sophistiqus pour pouvoir observer notre cerveau, cette machine formidable

    qui ne consomme presque rien! Prof. Richard Frackowiak

    De gauche droite: les profs. richard Frackowiak, Pierre magistretti et Patrice guex.

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    recherche dans un mme lan, illustre le prof. Pierre Magistretti, son directeur. Un lan soutenu par toutes les institutions partenaires ainsi que le Fonds national suisse de la recherche scientifique, qui a dcid dinvestir plus de 17 millions de francs sur quatre ans, pour un budget total de 43 millions. Lune des forces du PRN est de parvenir runir les deux recherches (fondamentale et clinique) dans une optique qui met le patient au centre des proccupations.

    Cette mobilisation formidable dcoule dune vision commune des institutions lausannoises (UNIL-CHUV et EPFL), qui ont sign un accord ds 2004 pour crer un ple denvergure des neurosciences, prcise le prof. Magistretti. Cet accord a ensuite permis de runir les moyens et les personnalits essentiels ce

    projet. Parmi elles, on peut notam-ment citer les profs. Henry Markram, directeur du projet Blue Brain (voir pp. 12-13), Richard Frackowiak et Bogdan Draganski, respectivement chef du Dpartement de neurosciences cliniques et directeur du Laboratoire de recherche en imagerie mdicale (voir pp. 14-15), plus rcemment Jean-Franois Dmonet (voir pp. 24-25), futur directeur du Centre Leenaards de la Mmoire CHUV, ainsi que les cher-cheurs engags au Brain Mind Institute de lEPFL. Tous sont des pionniers denvergure internationale, attirs par les fabuleuses promesses que gnrent des projets tels que le PRN.

    Ne pas rduire le patient sa maladieAvec le vieillissement de la popula-tion, les cas de maladies neuro- dgnratives telles quAlzheimer ou Parkinson vont plus que doubler dans les dcennies venir. Pouvoir amlio-rer le dpistage, et donc le traitement de ces maladies, est devenu capital. Ce programme reprsente toutefois de nombreux dfis: tout dabord un challenge dordre technique qui consiste selon les mots du prof. Richard Frackowiak raliser des ordinateurs suffisamment puissants pour tudier notre cerveau, cette

    formidable machine qui ne consomme presque rien!

    Un des autres enjeux essentiels rside dans lencadrement des patients qui souffrent actuellement de ces maladies. Grce aux progrs de la recherche, notre faon de percevoir les pathologies va changer, explique le prof. Patrice Guex, qui va prochai-nement prendre sa retraite aprs (entre autres) huit ans passs la tte du Dpartement de psychiatrie du CHUV, et lun des principaux acteurs de louverture de la discipline vers les neurosciences. Cest selon moi l que la psychiatrie aura toujours un rle important jouer: mme si lon devait un jour dfinir les causes de toutes les pathologies, il nempche que lindividu sera encore en proie ses doutes et ses angoisses face la maladie. Il est donc toujours essentiel de garder en tte la dimen-sion humaine du problme.

    A lchelle de la recherche, les quatre ans que durera le PRN SyNAPSy peuvent paratre fort courts; mais aprs valuation, le FNS peut prolon-ger le financement pour deux nou-velles priodes de quatre ans, pour un total de douze ans. Ds lors, limpul-sion donne tous les domaines de la recherche devrait permettre Lausanne de simposer une place de choix dans le paysage internatio-nal. En attendant de trouver encore dautres nouveaux traitements.

    plus dinfos: www.nccr-synapsy.ch

    Magistretti-Frackowiak: les photographes dintrieur

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    voil dj trente ans que les deux chercheurs se sont rencontrs en Suisse lors dun congrs international sur limagerie dans les montagnes suisses. Lun travaille Londres, lautre genve. a cette poque, on nous appelait les neuro-impressionnistes, ou les photographes dintrieur, samuse le prof. Pierre magistretti. Les deux hommes gardent ensuite le contact

    distance, jusqu la nomination du prof. richard Frackowiak au poste de chef du Service de neurologie du chuv en 2008: mais ce nest pas parce que je suis venu en Suisse que nous navons plus besoin de le-mail, prcise ce dernier! en effet, mme si leurs bureaux ne sont dsormais spars que de quelques kilomtres, leurs agendas ne leur permettent pas de se voir plus souvent:

    Ladministratif, lenseignement, la recherche en laboratoire, la recherche de fonds cela implique un engagement personnel trs important. Je nous compare volontiers des commis voyageurs de nos propres travaux, avoue le prof. Pierre magistretti. mais cest le prix payer pour pouvoir exercer un mtier si fascinant! il faut tre passionn.

    neurones et cellules gliales, les deux principaux types de cellules qui composent le cerveau.

    Il est toujours essentiel de garder en tte la dimension humaine du problme Lnergie dont

    se nourrit chaque jour le cerveau, soit la consom-mation dune petite ampoule de bureau.

    Le chiffre

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    Lausanne

    PERSONNEL EN SUISSEFINANCEMENT

    Recherche fondamentale et clinique: 4%

    Recherche clinique: 25%

    Recherche fondamentale: 71%

    41%collaboratrices

    59%collaborateurs

    Sur un total en CHF de

    43,2 millions

    RECHERCHES

    34projets

    4cohortes tudies

    Plus de

    60 collaborations

    travers le monde

    milliardsCot en CHF des maladies neuropsychiatriques en Suisse8,6

    EPFL: 37,1%

    Fonds national suisse: 40,4%

    FMI Ble: 3,4%Univ. de Ble: 3,2%

    Univ. de Lausanne et CHUV: 5,4%

    Univ. de Genve et HUG: 10,5%

    34directeurs de recherche

    108personnes au total

    Lausanne au centre de linvestigation sur le cerveauSous lgide de cinq institutions lmaniques (EPFL, UNIL, UNIGE, CHUV et HUG), le ple de recherche SyNAPSy rayonne tout autour du globe. Prsentation en quelques chiffres.

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    Des routes dans la tteLtude des connexions de notre cerveau propose de nouvelles thories sur lorigine de certaines maladies neurologiques.

    Pour les neurologues, les troubles psychiatriques studient sous un angle dsormais global. A laide de techniques dimagerie de plus en plus raffines (voir pp. 14-15), les scientifiques observent chez des patients les corrlations entre lacti-vit de diffrentes zones du cerveau. Par exemple, la maladie de Gilles de la Tourette caractrise par din-tenses tics musculaires ou verbaux pourrait se comprendre comme un problme de connexions crbrales.

    Une rcente tude a dcouvert que des liens entre une dizaine de zones du cerveau de personnes atteintes par le syndrome de Gilles de la Tourette sont plus faibles que chez des personnes saines, relve Bogdan Draganski, prof. assistant de neuro-logie au CHUV. De mme, on observe un chevauchement important de diffrentes zones dans des maladies telles que la schizophrnie ou Alzhei-mer. Mme Parkinson, que lon croyait trs bien localis, influence dautres rgions.

    Des thrapies lectriquesIl est pour linstant impossible de recbler le cerveau, mais dautres pistes existent pour renforcer les liens affaiblis, comme par exemple lutili-sation de mdicaments renforant la production de neurotransmetteurs tels que la dopamine. Une autre technique est la stimulation crbrale profonde, qui montre depuis une dizaine dannes une efficacit

    tonnante, ajoute le prof. Bogdan Draganski. Elle peut rduire les tremblements dus Parkinson mais galement la svrit de maux de tte extrmement intenses appels cluster headaches. Un implant lectrique insr dans une zone du gyrus cingulaire, une voie de trans-mission neuronale importante, a mme pu aider un cas de dpres-sion. Mieux connatre les connexions du cerveau peut alors aider mieux prvoir et donc viter les effets secondaires occasionns par un implant, comme des pro-blmes dexpression verbale.

    Ces nouvelles approches ancrent les maladies psychiques dans le cerveau une vision que les Grecs avaient pressentie voil plusieurs sicles. Ils voyaient dj la mlancolie comme un problme en partie biologique et le traitaient par des mdicaments tels que lellbore ou lopium, note le prof. Vincent Barras, historien de la mdecine. La stimulation cervicale laide dimplants voque les lectrochocs qui, malgr leur mauvaise rputa-tion, ont rgulirement t utiliss par le pass. Ces deux approches reposent sur le mme principe: stimuler lectriquement la matire crbrale, poursuit lhistorien. Avec la diffrence que les implants actuels, guids par limagerie mdicale, sont appliqus de faon trs slective et dose approprie, non plus de manire aveugle mais cible.

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    Reconstruire un cerveau sur ordinateurLe projet Blue Brain sest attel simuler une colonne corticale dun rongeur, une structure spcialise rassemblant quelque 10000 neurones se rptant en milliers dexemplaires dans le cerveau. Pour y arriver, les scientifiques prlvent dabord des fines tranches de cortex. ils tudient ensuite les connexions existant entre une dizaine de neurones et classifient ces cellules suivant leur forme et la manire dont elles trans-mettent linformation lectrique. avec ces donnes, ils nourrissent ensuite leur modle informatique, qui cre automati-quement les connexions (les synapses) et reconstitue le circuit neuronal et lectrique dun petit millimtre cube dun cerveau de rat.

    Un projet un milliardavec son human Brain Project, henry markram de lePFL part la pche au milliard. Son projet a t prslectionn pour un soutien financier de 100 mil-lions deuros par an sur une dcennie, dans le cadre des programmes Flagships (vaisseaux amiraux) de la commission europenne. Parmi les six projets retenus, trois sont origi-naires de Suisse. La dcision devrait tomber dici lautomne 2012.

    Une quipe lausannoise poursuit lun des plus grands projets scientifiques du sicle: simuler le cerveau humain laide de superordinateurs.

    Lobjet le plus complexe de lunivers ne pse que 1,5 kg. Mais avec ses 100 milliards de neurones et un nombre encore plus vertigineux de connexions (un million de milliards), le cerveau humain reste encore un mystre pour les scientifiques. Pas pour longtemps, pense Henry Markram, directeur du projet Blue Brain lEPFL. Le chercheur veut simuler notre cerveau laide dordi-nateurs et affirme pouvoir en percer le fonctionnement dici dix ans.

    Pour y arriver, il lui faudra rassembler le travail dun millier de scientifiques parpills dans une centaine dinstitu-tions et bnficier dun superordina-teur 1000 fois plus puissant que les machines existantes. Une partie importante des cots proviendra de llectricit ncessaire pour faire tourner la simulation, explique Richard Walker, responsable de communication du projet. Nous

    estimons quelle consommera lquiva-lent dune ville de 10000 habitants.

    Avec cette simulation, les chercheurs veulent tudier les troubles neurolo-giques. Ils intgreront des donnes cliniques fournies, entre autres, par lquipe du neurologue Richard Frackowiak du CHUV. Au lieu de tester des mdicaments sur des cultures cellulaires ou des animaux, nous pourrons utiliser ces modles pour, par exemple, tudier comment la modification dun neurotrans- metteur agit sur le fonctionnement du circuit neuronal, explique Richard Walker. Les chercheurs esprent utiliser leur modle informatique pour comprendre le fonctionnement du cerveau, en effectuant des expriences virtuelles qui seraient bien trop invasives pour tre ralises sur une personne en chair et en os.

    Du rat au robotLes scientifiques ont dj simul une minuscule partie du cortex dun rat. Jusquau cerveau humain, le chemin sera encore long. Nous allons travail-ler sur le cerveau de chats et de primates avant darriver lhomme, qui contient bien plus de neurones que les rongeurs, dtaille Richard Walker. Il faudra inclure davantage de dtails comme, par exemple, prendre en compte le rle jou par les neurotrans-metteurs tels que la dopamine et la

    srotonine. Les chercheurs devront mieux connatre la manire dont sorganisent les diffrentes zones du cerveau. Surtout, il faudra intgrer la facult dapprentissage du cerveau, qui passe par sa plasticit: lorsquils travaillent, les neurones modifient constamment leurs connexions. Ltape finale consistera relier ce cerveau virtuel un robot afin quil puisse percevoir son environnement et agir sur lui. Cest seulement ce moment que lon pourra rellement savoir si le monstre de silicium consti-tue bien une intelligence artificielle. Rendez-vous dans dix ans. Nous allons

    travailler sur le cerveau de chats et de primates avant darriver lhomme

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    Un cerveau virtuel pour simuler les maladies psychiques

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    Outil central dans la recherche portant sur les maladies mentales, limagerie crbrale permet de percer les secrets les plus intimes de notre cerveau. Le prof. Bogdan Draganski, responsable du Laboratoire de recherche en neuro-imagerie de lUNIL-CHUV (LREN), explique comment.

    Soigner grce limagerie

    Difficile pour le profane de se reprsenter le nombre de chiffres, de mesures et dimages qui seraient ncessaires pour dresser la fiche technique complte dun cerveau humain: Outre le volume, on sintresse notamment la structure des deux tissus du cerveau, savoir la substance grise et la substance blanche, explique le prof. Bogdan Draganski, directeur du LREN: on mesure leur surface, leurs proprits (teneurs en fer, myline, eau, etc.), et lon dfinit lanatomie des connexions grce des modlisations en 3D. Nous nous occupons gale-ment de limagerie fonctionnelle, qui prend des mesures du cerveau en train de travailler. Ce sont grce ces chiffres que lon peut dfinir les zones du cerveau qui fonctionnent lorsquun individu prend une dcision, par exemple.

    Et ce nest quun dbut. Notre objectif est simple: nous voulons extraire toutes les informations possibles afin de reprer les mar-queurs de maladies neurodgnra-tives telles que lAlzheimer, continue le prof. Bogdan Draganski. Mais la tche nest pas simple; personne na le mme cerveau, pas mme des vrais jumeaux!

    La seule IRM ne pourra jamais se substituer au clinicien!

    Pour tablir des algorithmes capables de raliser ces mesures et ainsi crer de nouveaux outils pour la recherche, le LREN emploie une quinzaine de neuropsychologues, de statisticiens, dingnieurs et de mdecins issus des quatre coins du globe. Rien dtonnant finalement: pour tudier un rseau de neurones, il faut un rseau de spcialistes.

    Limportance de la proximit du patientContrairement la majorit des autres laboratoires dimagerie, le LREN sest vraiment spcialis dans la recherche de ces marqueurs qui nous permettront de dceler plus rapidement des pathologies telles que lAlzheimer, se rjouit le mdecin. Alors que lon pourrait trs bien travailler loin dun hpital

    comme cest le cas pour la recherche fondamentale, nous avons besoin dtre quotidiennement confronts la ralit des patients, afin de pouvoir esprer amliorer les traitements. Un rle important pour le neurologue: On rduit ainsi le foss qui peut parfois sparer la recherche fondamentale et lapplica-tion concrte.

    Ainsi, ce nest donc pas seulement la vie du patient qui risque dtre bouleverse par les dcouvertes venir; mais galement celle du mdecin, qui bnficiera de nou-veaux outils dune prcision encore jamais vue pour laborer son diagnostic. Mais la seule IRM ne pourra jamais se substituer au clinicien! conclut le prof. Bogdan Draganski.

    La modlisation 3D permet de mesurer la surface, les proprits ainsi que lanatomie des connexions des tissus du cerveau.

    Prof. Bogdan Draganski: Nous voulons extraire toutes les informations possibles afin de reprer les marqueurs de maladies neurodgnratives telles que lalzheimer.

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    De nombreuses ides reues sur le cerveau persistent de gnration en gnration. Exemples.

    Des clichs qui ont la tte dure

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    Les motions rsident dans le curDans lantiquit, aristote dfendait bien cette ide do lexpression se faire briser le cur! Son matre Platon voyait lactivit mentale dans la tte, mais en raison de la ressemblance de cette dernire une sphre, qui pour lui reprsentait la forme gomtrique parfaite. au Xviie sicle, Descartes exposa son principe du dualisme, selon lequel lesprit consiste en une substance distincte du corps mais qui interagit avec celui-ci travers une glande se situant au centre du cerveau. il faudra attendre le XiXe sicle pour que les mdecins constatent le rle essentiel que le cerveau joue dans la personnalit.

    Lexpression avoir la bosse des maths trouve son origine dans la phrnologie, une thorie sur le cerveau aujourdhui clairement rfute. Populaire du XiXe jusquau dbut du XXe sicle, celle-ci attribuait aux bosses du crne, qui elles-mmes taient censes reflter la forme du cerveau, les traits de caractre dun individu, tels que la dfensivit, la bienveillance, ou la justice.

    Les humains ne possdent de loin pas le plus gros cerveau parmi les animaux, bien quils soient les plus intelligents. alors que leur organe pse 1,4 kg en moyenne, celui dun grand cachalot peut atteindre 8 kg. et le cerveau dalbert einstein ne pesait que 1,23 kg, soit un peu moins que la

    On nutilise que 10% de notre cerveau

    Limagerie crbrale rvle que prs de la totalit des rgions du cerveau sactivent simultanment durant la journe. Si une grande partie du cerveau tait inexploite, une lsion dans

    une de ces rgions naurait aucun effet visible. Or, chaque partie du cerveau a des consquences sur le corps si elle est endommage.

    Le cerveau dun joueur dchecs est plus dvelopp que celui dun footballeur

    Les performances crbrales requises pour jouer aux checs peuvent facilement tre reproduites sur un ordinateur. en 1996

    dj, lordinateur Deep Blue diBm crase garry Kasparov, champion du monde de lpoque. en comparaison, les

    performances quaccomplit le cerveau dun footballeur sur le terrain sont extraordinaires. celui-ci sollicite de nombreuses

    rgions crbrales pour valuer la situation et guider lensemble de ses mouvements, souvent inconsciemment. Bien entendu,

    rien nindique que lun ou lautre soit plus intelligent!

    Manger de la cervelle rend plus intelligentcette ancienne croyance relve plus de la magie que de la ralit. Les cerveaux de veau ou dagneau ne sont, par exemple, pas trs intressants dun point de vue nutritionnel: ils ne contiennent que peu de protines et de lipides ainsi quun taux de cholestrol particulirement lev. il faut toutefois noter que, comme dautres abats, la cervelle renferme une grande quantit de vitamine B12 et de phosphore, deux composants indispensables au bon fonctionnement des neurones.

    moyenne! La question de savoir ce qui rend lespce humaine particulirement intelligente reste dbattue. certaines rgions du cerveau seraient proportionnellement plus marques. Par ailleurs, de rcentes tudes suggrent des diffrences dans la structure microscopique ou mme molculaire du tissu.

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    ce dessin du Xviie sicle illustre les interactions entre le monde perceptible et les facults psychologiques.

    Plus le cerveau est lourd, plus on est intelligent

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    Plus le crne est bossu, plus on est matheux

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  • portfolio: mmoire fige

    Mmoire figeSur la Cte dAlbtre, au pays de Caux, se dresse un curieux monument, fig sur lun de ses angles, dans les galets au pied dune falaise imposante.

    Ce bunker, tapi au bord de l-pic, a su rsister pendant plus de cinquante ans aux violentes temptes de la mer du Nord, mais, au fil des annes, les lments ayant peu peu rong la falaise, le bloc de bton sest retrouv en quilibre dans le vide, puis sest finalement laiss glisser sur la grve en avril 1995.

    Souvenir insolite dune poque tourmente, la deuxime guerre mondiale, le blockhaus de Sainte-Marguerite-sur-Mer dfie dsormais les rafales et nargue les pcheurs. Comme toute cicatrice du pass, il attend dsormais que le monde loublie, au milieu des galets, loin des hauteurs

    portfolio: mmoire figec

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    Runir lensemble des images de cerveau provenant des scanners de tous les hpitaux suisses, voici lambi-tion du prof. Richard Frackowiak, chef du Dpartement des neurosciences cliniques du CHUV. Le neurologue aimerait ainsi crer la plus grande base de donnes dimagerie par rsonance magntique au monde. Une fois mise sur pied, mdecins et chercheurs autoriss pourraient lutiliser pour tudier et mieux diagnostiquer des maladies telles que lAlzheimer ou dautres formes de dmence.

    Le systme de sant suisse paie des sommes considrables pour la neuroradiologie, constate le pionnier. Pourtant, ces images ne sont utilises quune seule fois puis archives locale-ment, o elles ne servent plus rien. Pour la recherche, cette masse de donnes reprsente toutefois une opportunit unique: des milliers de cerveaux, sains et malades, pourraient tre classs, analyss, compars. Par ailleurs, un tel systme pourrait servir comparer les anormalits anatomiques des nouveaux patients par rapport tous ceux dj enregistrs.

    Le professeur et son quipe ont donc rcemment dpos une proposition de financement du projet au niveau fdral. Ils esprent bientt commen-cer rcolter les fichiers aux quatre coins de la Suisse et les stocker dune manire anonyme sur des serveurs cen-traliss. A cela sajoute lide dinstal-ler, dans les hpitaux, un logiciel informatique qui enverrait automati-quement toutes les nouvelles images IRM aprs anonymisation.

    Prvenir la dmence Premire application de la base de donnes: sonder les cerveaux des personnes de plus de 50 ans dans le but de mieux comprendre la maladie

    dAlzheimer. En Suisse, les dmences touchent en effet plus de 100000 personnes et engendrent des cots annuels de plus de 6 milliards de francs. Le nombre de cas ne devrait cesser de crotre en raison du vieillissement de la population.

    Lobjectif consiste prdire la maladie partir de lanatomie du cerveau avant mme que les premiers symptmes napparaissent, explique le prof. Richard Frackowiak. Analyser des milliers dimages permettrait didenti-fier les rgions qui prsentent les premires atrophies. Celles-ci ne causent en gnral aucun effet visible sur le comportement, car le cerveau possde une importante capacit de compensation. On sait par exemple que dans le cas de la maladie de Parkinson, jusqu 60% dun certain type de neurones peuvent tre perdus sans que la maladie ne se manifeste pour autant. Effectu avec succs, un diagnostic prcoce laisserait ainsi la place ltape suivante: ralentir

    la dgnration neuronale pour la repousser, idalement, au-del de lesprance de vie.

    meilleur dpistage Aujourdhui, le dpistage des maladies du systme nerveux reste trs subjectif: Concrtement, le mdecin value les symptmes en parlant avec le patient et en lexaminant, rsume le prof. Richard Frackowiak. Il convient de mettre au point des techniques bases sur des critres beaucoup plus fiables. Candi-date potentielle, lanalyse gntique ne fournit pas forcment la solution. Certaines maladies, comme lAlzhei-mer, saccompagnent de mutations de plusieurs gnes, alors que dans dautres cas, une seule mutation peut tre la cause de plusieurs maladies. Une banque de donnes permettrait de combiner les images anatomiques du cerveau avec le profil gntique des patients. Reste dcouvrir, pour chaque maladie, une combinaison de critres qui les caractrisent de manire univoque.

    La banque du cerveau nest pas une exposition dans du formol, mais bien une banque dimages.

    soignersoigner

    soignerSecOnDe ParTie: 20-34

    La banque nationale de limagerie crbrale

    Le prof. Richard Frackowiak lance lide de rcolter, grce aux hpitaux suisses, la plus grande base de donnes dimagerie rsonance magntique (IRM) au monde. Cette masse de donnes pourrait servir mieux comprendre et diagnostiquer la maladie dAlzheimer.

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    Chaque anne en Suisse, des milliers de personnes sont victimes de lsions crbrales. Leur rducation au CHUV fait lobjet dune prise en charge pointue et pluridisciplinaire.

    Une prise en charge all around the clock

    Contrairement une ide qui a longtemps prvalu, stimuler trs tt une personne neuro-lse apporte des rsultats positifs, souligne Karin Diserens, mdecin responsable de lUnit de neurorducation prcoce avec surveillance intensive (NPSI) au CHUV. La rducation des patients dbute donc trs tt, parfois mme lorsque le malade est encore dans le coma. Une personne incons-ciente ressent ce qui se passe autour delle. Nous utilisons une approche neurosensorielle qui stimule ses cinq sens.

    Dans prs de la moiti des cas, les lsions crbrales rsultent dun accident vasculaire crbral (AVC). Les traumatismes cranio-crbraux (TCC), conscutifs par exemple un accident de voiture, sont la deuxime cause des lsions crbrales, suivis par les maladies neurodgnratives (par exemple la sclrose en plaques) et infectieuses.

    Pour les patients et la famille, cest une preuve trs difficile, constate la prof. Stephanie Clarke, cheffe du Service de neuropsychologie et de neurorhabilitation (NPR) l'Hpital Nestl CHUV. Il y a un deuil faire. Le patient va rcuprer mais il ne sera plus jamais comme avant. Le cerveau commandant lensemble du corps, une atteinte de cet organe peut donc avoir des rpercussions sur tous les membres. Nous avons des patients qui ne peuvent plus parler, dautres qui ont une hmiplgie, cest--dire une moiti du corps paralyse, et bien dautres cas encore.

    Avec le temps, il est possible de restaurer certaines facults, poursuit Karin Diserens. De nouvelles connexions synaptiques peuvent stablir pour compenser celles lses. Par ailleurs, une zone non atteinte du cerveau peut prendre la fonction dune autre rgion. Pour permettre cette rorganisation, il faut stimuler

    Journe type en neurorducation

    les fonctions de manire intensive, souligne la prof. Stephanie Clarke.

    Les quipes de lUnit NPSI et du service NPR comprennent des infirmires spcialises, physiothra-peutes, ergothrapeutes, logop-distes, neuropsychologues et mdecins neurorducateurs. Ds le dbut, il est primordial de favoriser une troite collaboration interdisci-plinaire entre les thrapeutes et lquipe mdico-soignante. Afin dorganiser au mieux les diffrentes prises en charge, un coordinateur responsable thrapeutique, Loric Berney, veille favoriser la communi-cation et les valuations des patients sur leur potentiel de rducation et leur pronostic.

    Toute cette organisation permet que leffet de la stimulation neu-rosensorielle des thrapies perdure 24 heures sur 24 dans toutes les activits du quotidien.

    7h30: rveil en hospitalisation aiguaprs avoir fait le tour du lit, relev les diffrents signes vitaux et valu le patient dans sa globalit, nous posons un cadre temporel et spatial laide de questions qui semblent a priori simples (savez-vous o vous vous trouvez, quel jour sommes-nous, pourquoi tes-vous ici?), explique Agns Wauters, infirmire clinicienne et praticienne formatrice au Service de neurologie du chuv. en effet, les patients neuro-lss sont souvent dsorients. il sagit non seule-ment de chercher des informations sur ltat du patient mais surtout de les rassurer en leur donnant des repres.

    aprs le petit-djeuner, le patient reoit les soins dhygine et de confort. Lobjectif est de mobiliser le patient de manire cible et adapte ses dficits, en fonction de son potentiel de rduca-tion, sans oublier dintgrer les recom-mandations des physiothrapeutes, poursuit agns Wauters. Dans le cas dune personne hmiplgique, par exemple, nous lencourageons laver la partie du visage quelle ne sent plus afin quelle en reprenne conscience.

    9h00 12h00: thrapies

    Les consignes des physiothrapeutes sont prises en compte tout au long de la journe.

    Les patients ont souvent plusieurs symptmes associs, comme des difficults de langage en mme temps quune paralysie, expliquent mia Frey-mond et agns amanrich, physiothra-peutes dans le Dnc. il est donc primor-dial que toute lquipe travaille ensemble. en thrapie, il est parfois ncessaire de rappeler les automatismes, par exemple en utilisant une rampe pour intgrer le bras atteint lors de la marche. Dautres moyens sont utiliss ds la phase pr-coce (table de verticalisation, standing lectrique, etc.) quand les patients sont difficilement mobilisables hors du lit.

    12h00: repas

    Toute la journe, nous pensons neuror-habilitation, mme durant le repas, af-firme Agns Wauters. Dans le cas dune personne hmiplgique, il est important de toujours sensibiliser son ct dfi-cient. certains patients ont galement du mal dglutir et il faut les aider, cest--dire les surveiller, les guider, en tenant

    compte des conseils des logopdistes spcialises en dglutition. aprs la phase aigu, qui dure gnralement une dizaine de jours, le patient est transfr lhpital nestl, en nPr avec un rapport de prise en charge interdisciplinaire.

    14h00 aprs-midi: repos et thrapies en NPR

    Le repos contribue la rcupration et est une thrapie en soi, rappelle mia Freymond. en effet, un bon positionnement au lit est primordial non seulement pour le confort, mais encore pour atteindre dautres objec-tifs: stimuler la sensibilit du ct ls, donner des repres corporels, ou rgulariser le tonus musculaire. Par exemple, une per-sonne hmiplgique peut ne plus ressentir son bras et risque de diminuer son potentiel de rcupration en entretenant des positions spcifiques ou en se couchant dessus. a lquipe qui entoure le patient dy tre attentive et dy remdier.

    en fonction de lvaluation des capacits du patient et de ses symptmes, les exer-cices de rducation vont tre cibls et adap-ts en nPr, explique Stephanie clarke. Par exemple, dans certains types daphasie (perte du langage), une thrapie base sur la musique peut tre mise en place, afin que la personne rapprenne parler en chan-tant. Pour renforcer les processus mn-siques (en opposition amnsique) par une technique dapprentissage sans erreur, nous avons dvelopp des logiciels de rducation qui permettent aux patients de travailler de manire autonome sur lordinateur, note Laurence Schneider, logopdiste lhpital nestl (nPr) chuv.

    chaque sance dure quarante-cinq minutes. il faut que cela soit le plus intensif possible,

    affirme Stephanie Clarke. Si le patient le sup-porte, il peut faire jusqu cinq sances par jour. en fonction des symptmes du patient, il peut sagir dexercices lis lusage de la parole et du langage (logopdie), la m-moire, lattention et la concentration (neuro-psychologie), la mobilit (physiothrapie), la psychologie ou aux activits de la vie quotidienne (ergothrapie).

    Lhpital nestl possde un ensemble doutils divers afin de favoriser la rcupration des patients (piscine, salle dexercices, cuisine, baignoire, ordinateurs, table de ping-pong, menuiserie, etc.). En fin de rducation, un sjour dans un appartement individuel peut tre propos, afin que les personnes puissent retrouver leur autonomie. nous sortons souvent de lhpital avec les patients. nous allons faire des courses ou nous prenons le mtro afin de voir sils arrivent se dbrouiller dans un contexte habituel, explique Krystel Bruyre, ergothrapeute. nous essayons de rendre les personnes le plus autonome possible.

    18h00: repas et visites

    Les proches sont trs importants pour le patient qui se retrouve en sjour intensif de neurorhabilitation pendant plusieurs semaines, voire plusieurs mois, explique Laurence Schneider. nous essayons de les intgrer le plus possible la prise en charge, de les conseiller afin quils adoptent des comportements adapts visant lautonomie du patient.

    20h00: coucher

    en soire et pendant la nuit, lintgration de thrapies (cf. repos et positionnement) conti-nue par lquipe soignante en sus des soins dhygine et de confort habituels.

    soignersoigner

    Le repos contribue la rcupration et est une th-rapie en soi

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    En 2012, le CHUV inaugurera le Centre Leenaards de la Mmoire CHUV, vritable ple de rfrence pour la maladie dAlzheimer et dautres troubles cognitifs lis lge avanc. Entretien avec son futur directeur, le prof. Jean-Franois Dmonet, neurologue franais la rputation internationale.

    Comment lutter contre lpidmie silencieuse

    CHUV Quelle est la ncessit dun centre de la mmoire dans le canton de Vaud? Jean-Franois dmonet Les dmences et troubles de la mmoire chez les personnes ges constituent une relle pidmie silencieuse. On annonce en effet 5000 nouveaux cas dans les vingt ans venir dans le canton. Comme la population vieillit, ces troubles sont de plus en plus frquents et coteux, puisque lon peut tre malade longtemps. Evidemment, il y a galement une immense douleur affective. Face limportance de ces maladies, le Dpartement de la sant et de laction sociale du canton de Vaud a donc dcid de crer ce centre, dans le cadre de son dispositif canto-nal Alzheimer. Dautres antennes existent dj ou vont galement tre mises en place dans le canton. Lobjectif du Centre Leenaards de la Mmoire CHUV sera de coordonner les activits du rseau en jouant un vritable rle de rfrence.

    Quels types de troubles y seront traits?Le centre soccupera essentiellement des troubles des fonctions sup-rieures du cerveau: pas seulement la mmoire, mais aussi ceux du langage ou encore de la capacit

    mettre des jugements. Si la maladie dAlzheimer constitue un problme en soi, reprsentant 50% des cas de dmence, la maladie de Parkinson sera galement traite, ainsi que les cas de dmence frontale (se caractrisant par une sociopathie) qui touchent des personnes plus jeunes. On sintressera aussi la dmence vasculaire, lie laccumu-lation de petits accidents vasculaires dans le cerveau. Plus on vieillit, plus la probabilit est grande daccumuler ces diffrents troubles. Tout leffort du centre visera une meilleure prise en charge des patients et de leurs familles pour prvenir et pallier les troubles.

    Quel sera le fonctionnement du Centre Leenaards de la mmoire CHUV?Soutenu par la Fondation Leenaards, le centre sera multidisciplinaire, avec la coopration de trois dparte-ments du CHUV: les neurosciences cliniques, la mdecine interne (griatrie) et la psychiatrie (service de lge avanc). La vocation du centre est triple. Dabord le soin mdical, qui visera amliorer le potentiel du centre universitaire en tant que centre dexpertise, de consultation et de dpistage. Deuxime axe: la forma-tion des jeunes mdecins, des psycho-

    logues, infirmiers et travailleurs sociaux. Enfin, la recherche clinique, qui sera translationnelle, ce qui signifie quelle tablit des liens entre la recherche en biologie et en imagerie et applique ces connaissances fonda-mentales pour un meilleur diagnostic et traitement des patients.

    Quen est-il de la prvention?Le Centre Leenaards de la Mmoire CHUV proposera des check-up crbraux, intgrs dans lensemble du plan daction cantonal. On ne doit pas banaliser les signes avant-cou-reurs. Ds 50 ans, si des personnes se plaignent de leur mmoire, il faut la tester ou effectuer une IRM. Il sagit de sensibiliser un large public, car les milieux dfavoriss, qui ont un accs rduit lducation et se nourrissent moins bien, sont davantage fragiles vis--vis du vieillissement cognitif. On sait en effet que plus on a t longtemps lcole, plus on a de chances de se prmunir contre la maladie; la mme chose vaut pour un rgime alimentaire quilibr, tel que celui prvenant le diabte, lhypertension et lexcs de cholest-rol. Lactivit tant physique quintel-lectuelle prvient galement les risques de vieillissement patholo-gique. Nous avons un capital cerveau, il faut le garder et lentretenir!

    Le prof. Jean-Franois Dmonet, futur directeur du centre Leenaards de la mmoire chuv.

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    Heures de sommeilElectroencphalogramme chaque phase de sommeil

    DROULEMENT DE LA NUIT

    sommeil des rves

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    Pourquoi dormons-nous? Les neuroscientifiques se le demandent encore aujourdhui. Consolidation de la mmoire, mtabolisme, nergie: tour dhorizon des principales hypothses.

    Le mystre du sommeil

    On ne sait toujours pas pourquoi on dort, rvle Raphael Heinzer, spcialiste du Centre dinvestigation et de recherche sur le sommeil du CHUV. Une chose est sre: le som-meil est impos par le cerveau sur le cerveau. Le reste du corps, lui, pourrait thoriquement se passer des divers tats par lesquels passe cet organe durant la nuit (voir infographie). Pourtant, comme relve le mdecin, si le sommeil ne servait rien, nous laurions perdu au cours de lvolution.

    Une hypothse en vogue dit que dormir sert principalement consolider la mmoire en rorgani-sant les rseaux de neurones, rapporte le prof. Mehdi Tafti, co-directeur du Centre dinvestiga-tion et de recherche sur le sommeil du CHUV. Cette thorie permettrait notamment dexpliquer pourquoi les jeunes enfants en phase dappren-tissage dorment plus longtemps. Chez les rats et les tres humains, des expriences ont montr que des rseaux de neurones importants pour mmoriser lenvironnement

    se ractivaient spontanment lors du sommeil, comme si le cerveau recrait les lieux visits ltat dveil. Les oiseaux chanteurs, eux, possdent des neurones qui gnrent les notes de la mlodie, dont lactivit, pendant la nuit, ressemble celle du chant. Ainsi, certains scientifiques soutiennent que ces rves permettent dapprendre en dormant.

    Tranquilliser le cerveauBien que de nombreuses tudes montrent que le manque de som-meil saccompagne dune baisse des performances de mmorisation, aucune ne prouve rellement que le sommeil participe activement lassimilation des donnes, souligne le scientifique, qui lui-mme ne croit pas cette hypo-thse. Je pense simplement que dormir permet de tranquilliser le cerveau et de le mettre dans un tat plus enclin apprendre, au mme titre que la prise de certains mdi-caments. Le sommeil nous isole du monde extrieur et rduit les interfrences avec les informa-tions superflues.

    rgulation du mtabolismeAutre hypothse: le sommeil servirait restaurer lquilibre des concentra-tions dune srie de molcules ncessaires au bon fonctionnement du cerveau. Reste dcouvrir les-quelles. Nous savons par exemple quen cas de manque de sommeil, une grande quantit de calcium entre dans les neurones, qui terme peuvent en mourir. Le sommeil

    agirait donc comme mcanisme de dfense en rgulant lexpression de certains gnes, comme ceux qui contrlent le calcium.

    A lUniversit de Lausanne, lquipe de la prof. Anita Lthi a pour la premire fois mis en vidence leffet du manque de sommeil lchelle des connexions neuronales. Ses expriences, qui se penchent sur lhippocampe, un site crucial pour la mmoire, montrent que la privation de sommeil affecte la composition molculaire des synapses. Elle provoque la surexpression dune protine appele NR2A, qui dteint sur la plasticit des connexions et les empche denregistrer linfor-mation. Ce phnomne sinverse immdiatement lors de la rcupra-tion du sommeil, signale la prof. Anita Lthi. En quelque sorte, le sommeil rajeunit les synapses!

    Dernire supposition, galement soutenue par certains chercheurs: lconomie des rserves nergtiques sous forme de glucose. Cela parat peu probable, reprend Raphael Heinzer. Notamment parce que lorsque nous rvons, le cerveau consomme autant, voire plus dnergie qu lveil!

    Que cela soit pour consolider la mmoire, rquilibrer le mtabo-lisme ou conomiser de lnergie pour le cerveau, la fonction du sommeil reste donc un grand mys-tre, que seul un petit nombre de scientifiques tudient autour du globe.

    Aucune tude ne prouve que le sommeil parti-cipe activement lassimilation des donnes

    Grce aux signaux mesurs par des lectrodes appliques sur la surface du crne, les scientifiques ont pu dterminer que le sommeil est compos de cinq stades distincts, qui se succdent en formant des cycles dune heure trente environ. Llectroencphalogramme affiche dabord des ondes petites et rapides, comme ltat dveil, suivies dondes plus amples et lentes, lors du sommeil profond.

    Le corps sendort, le cerveau turbine

    Le sommeil des rves

    cest pendant le sommeil paradoxal que se produisent les rves et les cauchemars dont on se souvient. Le cerveau connat une activit neu-ronale intense qui peut consommer davantage dnergie qu ltat dveil. Les yeux sagitent rapidement. La respiration et le rythme cardiaque deviennent irrguliers. Le sexe de lhomme est galement en rection. La dure de cette phase devient plus longue vers la fin de la nuit.

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    Gliomes: le CHUV la pointe

    Dans le cerveau, une tumeur est rarement bnigne. En une phrase, Roger Stupp, professeur associ en neuro-oncologie au Service de neurochirurgie du CHUV Lausanne, rsume la situation. A chaque fois quune tumeur se dveloppe dans le cerveau, la situation doit donc tre

    Lhpital romand met au point de nouvelles stratgies thrapeutiques pour lutter contre les tumeurs du cerveau.

    prise en charge sans dlai. Baptiss gliomes, les cancers du cerveau sont, heureusement, relativement peu frquents. Ils touchent trois cinq personnes sur 100000, ce qui pour la Suisse reprsente tout de mme 400 500 cas par an. Les premiers symptmes sont lapparition de crises

    dpilepsie, des difficults dlocution ou encore un changement de la personnalit, numre Roger Stupp. Dans ce cas prcis, le diagnostic est difficile puisquil est possible de le confondre avec une problmatique relevant de la psychiatrie. La plupart du temps, le patient a conscience que Les tumeurs au cerveau ne touchent pas les neurones, mais les cellules gliales.

    Les tumeurs au cerveau sont diagnostiques grce une irm.

    Les neurones ne font pas tout!contrairement une ide reue, les tumeurs au cerveau ne touchent que rarement les neurones, mais les cellules gliales, cest--dire les cellules qui donnent la structure du cerveau, do le terme de gliome. Les neurones ne se divisent pas en temps normal. ils ne dveloppent donc pas de tumeurs, explique roger Stupp, professeur en neuro-oncologie au Service de neurochirurgie du chuv. La prvention? elle nest pas possible. Les causes de ces tumeurs demeurent inconnues, souligne monika hegi, professeure en recherche translationnelle en neuro-oncologie au Service de neurochirurgie et cheffe du laboratoire de biologie et gntique des tumeurs crbrales. ce nest gnralement pas gntique et nous ne connaissons pas de modes de vie risque, limage de linfluence de la cigarette sur le cancer du poumon.

    soignersoigner

    sa personnalit change, mais il nen est pas forcment malheureux. Cest surtout pour la famille que la situation est difficile, puisquelle a limpression de ne plus reconnatre la personne.

    La prise en charge des patients dbute par un scanner ou une IRM qui permet de visualiser la tumeur. Une intervention chirurgicale est ensuite programme. Dans 20 30% des cas, nous ne pouvons pas oprer, parce que les dgts seraient trop importants, souligne Roger Stupp. Dans tous les autres cas, nous enlevons au moins une partie de la tumeur. Mais il reste toujours quelque chose, des cellules tumo-

    rales que nous ne parvenons pas enlever. La chirurgie est donc suivie dune radiothrapie couple simultanment une chimiothra-pie. Les premiers tests, associant radiothrapie et chimiothrapie, ont t mens au CHUV la fin des annes 1990. Depuis, notre tech-nique est devenue le standard mondial, se flicite le prof. Roger Stupp. Mais ce nest pas une guri-son. Le traitement donne une meilleure qualit de vie au patient et prolonge son esprance de vie.

    Dans certains cas, les patients peuvent tre traits par la technique dite du Gamma Knife, en lieu et place de la chirurgie classique (voir p. 36). Une technique moins invasive mais qui a ses limites: le Gamma Knife ne peut tre utilis que si la tumeur est situe au contact de structures crbrales particulirement fragiles, comme le nerf optique. Elle nest pas non plus recommande pour les tumeurs de grande taille et/ou non sphriques.

    Afin damliorer cette situation, le CHUV demande tous ses patients atteints de gliomes de donner un peu de leurs tissus cancreux pour la recherche. La majorit accepte, confie la prof. Monika Hegi, cheffe du laboratoire de biologie et gntique des tumeurs crbrales. Ils sont contents que nous fassions des efforts pour mieux comprendre leur maladie. Concrtement, des analyses gntiques sont menes afin didentifier des cibles thrapeutiques et des marqueurs prdictifs pour la rponse la thrapie. De nouveaux mdicaments sont galement tests. Nous avons russi identifier deux types de patients grce un marqueur molculaire examin dans le tissu tumoral. Ceux pour qui la chimiothrapie fonctionne et ceux sur qui elle ne marche pas, souligne la prof. Monica Hegi. Nous essayons galement de comprendre les mcanismes biologiques de la tumeur pour, par exemple, russir inhiber langiognse de la tumeur, cest--dire le processus qui permet aux cellules tumorales de se nourrir.

    Le traitement donne une meil-leure qualit de vie au patient et pro-longe son esprance de vie

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    Soumis un stress important lors de leurs premiers mois de vie, les prmaturs risquent dtre affects psychologiquement au cours de leur dveloppement.

    Comment soigner le stress des tout-petits?

    Des annes de recherche per-mettent de laffirmer: les enfants ns prmaturment ressentent beaucoup de stress lors de leurs premiers mois de vie. Dautant plus quaujourdhui, les avances technologiques et mdicales ont nettement augment les chances de survie des enfants ns plusieurs semaines avant le terme (lire ci-contre). Ces bbs ne sont pas encore physiquement prpars subir des soins, invasifs et doulou-reux, qui doivent pourtant leur tre promulgus, explique Ayala Borghini, psychologue et respon-sable de secteur de recherche au SUPEA (Dpartement de psychiatrie du CHUV). Depuis une vingtaine dannes, on constate une prise

    de conscience gnrale de limpor-tance de traiter galement ce quendure lenfant dun point de vue motionnel.

    Confort des nouveau-nsAu CHUV, une quipe de chercheurs travaille donc troitement auprs des nonatologues et du personnel soignant afin damliorer le confort de ces nouveau-ns. Il faut tre trs lcoute et observer ces petits patients, poursuit la psychologue. On peut dcider de ne pas faire un soin si on estime le moment non opportun ou avoir des gestes de rconfort par exemple. Et il est aussi important dintgrer les parents dans cette prise en charge pour les aider comprendre le comportement de leur bb.

    Cette exposition au stress peut engendrer des consquences sur le dveloppement de lenfant. Notam-ment une difficult rguler son taux de cortisol, une hormone scrte par lorganisme en rponse un stress physique ou psycholo-gique. En fait, le cortisol (en quantit inapproprie) altre certaines structures crbrales. Do la ncessit daider le patient augmenter sa capacit de rgula-tion de stress, en laidant retrou-ver un tat dapaisement et en crant autour de lui un environne-ment scurisant.

    Le stress sassimile de la stimula-tion, une activation de nos mo-tions, il est donc bnfique ltre humain lorsque lindividu est capable de rguler cette hormone, prcise Blaise Pierrehumbert, directeur de lunit de recherche du SUPEA. Un prmatur expos au stress risque den tre incapable, ce qui se ressentira dans sa vie future. Soit ses motions seront exagres une personne qui, par exemple, ragit de manire abusive face des petits vnements du quotidien soit au contraire la personne fera preuve dinsensibilit.

    Une exposition au stress peut engendrer des consquences sur le dveloppement de lenfant

    Texte cynthia K

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    Plusieurs fois par semaine, des image-ries par rsonance magntique (IRM) doivent tre effectues sur des nou-veau-ns au CHUV. Ds 24 semaines, les prmaturs sont viables, mais les problmes crbraux quils encourent leur naissance peuvent tre impor-tants, tels quune atteinte de la substance blanche (du cerveau) ou une hmorragie dans les ventricules. Lutilisation de lIRM savre ncessaire pour mieux prciser le diagnostic ainsi que le pronostic.

    Auparavant, la technologie lie limagerie ntait pas adapte aux prmaturs, explique Anita Trutt-mann, mdecin adjointe au Service de nonatologie du CHUV. Nous

    devions dplacer lenfant plusieurs reprises entre le service et lIRM, et nous le placions directement dans lIRM destin aux adultes, avec des antennes souvent trop grandes. Une solution peu adquate pour des enfants particulirement fragiles.

    Un nouvel incubateurCe nest plus le cas depuis juin 2010. En effet, le CHUV dispose dsormais dun incubateur. Le bb jusqu 4,5 kg est plac dans une couveuse spciale, o il peut sendormir tranquillement, mme une heure avant les examens. Ces derniers sont ainsi effectus en manipulant le moins possible le jeune patient et sans anesthsie. Lincubateur com-

    prend galement un moniteur pour contrler le pouls et la saturation ainsi que la temprature et permet en outre dattnuer le bruit, particulirement important lors dune IRM.

    Cet incubateur est le premier et unique modle du genre. Outre son application mdicale, il est aussi utilis des fins de recherche. Ainsi, depuis fvrier dernier, ltude Neo-brain soutenue par le Fonds national suisse de recherche scientifique et mene conjointement avec les Hpi-taux universitaires de Genve, vise mieux comprendre les diffrences crbrales entre les prmaturs et les enfants ns terme. Les premiers rsultats sont prvus pour 2012.

    Depuis un an tout juste, le Service de nonatologie du CHUV fait usage dun appareil qui a permis damliorer les conditions de ralisation dIRM sur les prmaturs.

    Un scanner taill la mesure du nourrisson

    soignersoigner

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    4 6 + 5 x 4 =? Effectuez ces oprations, mais pour chacune dentre elles remplacez les + par des - et les x par des . Cet exercice permet de renforcer ses capacits dinhibition, autrement dit, lapti-tude modifier une rponse automatique non pertinente (la rsolution des oprations simples), par un comportement adapt pour raliser la tche demande (inverser les signes avant deffectuer les oprations).

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    exercicesexercices

    Quelques activits ludiques pour stimuler votre matire grise.

    Entranez votre cerveau

    5 LabyrintheIl sagit ici de parvenir traverser le parcours par le biais des points

    noirs. Cette tche permet de stimu-ler la perception visuelle, mais aussi de favoriser la flexibilit mentale et

    la prise de dcisions puisquil faut viter de choisir les voies sans issue.

    2 Les 7 erreursLa recherche de diffrences entre deux dessins est une activit ludique destine aux adultes comme aux enfants. Elle permet de stimuler lattention slective, cest--dire la capacit de focaliser son attention sur une information particulire tout en ngligeant les stimuli non pertinents.

    Outre lattention slective, on dis-tingue trois autres types dattention: la vigilance reprsente ltat gnral dveil du sujet, lattention soutenue permet de rester concentr sur une longue priode de temps, et enfin lattention partage sert rpartir ses ressources attentionnelles pour traiter plusieurs tches simultanment.

    3 Fruits/lgumes/meublesMunissez-vous de crayons de couleur et entourez dune

    mme couleur les dessins appartenant la mme catgorie smantique. Cela peut sembler facile pour des

    catgories dobjets ou de mots clairement distinctes (fruits/meubles). a lest moins lorsquil sagit de situer

    la limite entre deux catgories proches. Par exemple, le citron, est-il un fruit ou un lgume? Toutes ces

    connaissances smantiques font partie de nos appren-tissages sur le monde auquel notre cerveau a attribu

    un sens. Au fur et mesure de nos expriences, il les a classs dans diverses catgories. Les caractristiques

    des objets qui font partie de notre quotidien sont stockes dans les deux hmisphres crbraux. Toute-

    fois, on reconnat une expertise du cerveau gauche pour le langage, et notamment pour la lecture.

    1 sudokuLe dsormais clbre jeu de grilles est une trs bonne mthode pour entraner sa mmoire de travail, mmoire qui traite et manipule linformation court terme. Pour rappel, le but du jeu consiste inscrire les chiffres de 1 9 sur chaque ligne, de haut en bas et de gauche droite, ainsi que dans les neuf cases. Pour cela, non

    seulement il faut pouvoir mainte-nir les rsultats provisoires en tte, mais il sagit galement de faire preuve desprit de dduction et de planification. Les sudokus mobilisent en effet les fonctions excutives, fonctions qui nous permettent notamment dorgani-ser et de planifier des activits complexes, et de passer dune tche une autre.

    extrait du dossier pdagogique de lexposition "Les Doigts dans le cerveau", espace des inventions, illustration Studio KO.

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    Saison 2011-2012

    Rencontres arts et sciences

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    Calendrier des expositionsDe juin septembre 2011

    espace chuv hall principal du chuv, rue du Bugnon 46, 1011 Lausanne. Pour tout renseignement: caroline de Watteville, charge des activits culturelles, T. 021 314 18 17 ou [email protected]

    Une confrence du prof. richard Frackowiak sur le sujet musique et Neurosciences, ou comment la musique influence le cerveau aura lieu le 23 novembre 2011 19h00 lauditoire Csar-roux du CHUV.

    Pionnier de limagerie crbrale, le prof. Richard Frackowiak, chef du Service de neurologie, donnera une confrence intitule Le cerveau nenregistre pas, mais cre un monde musical nouveau dans le cadre des Rencontres arts et sciences sur le thme Rythme, souffle, mouvement: critures du temps.

    Nous dcouvrirons pourquoi il nous faut considrer le cerveau avant tout comme un rcepteur qui capte des vibrations. Et comment les sons y sont immdiatement catgoriss avant dtre envoys dans diffrentes zones spcialises pour apprhender le rythme, le timbre ou la tonalit.

    Ce nest en effet quen un deuxime temps que la mmoire, les gestes et lmotion entrent en jeu dans ce processus cognitif. Lincidence de telles dcouvertes pourrait avoir des rpercus-sions significatives par exemple sur la musicothrapie.

    La confrence du prof. Richard Frackowiak sera suivie de LHistoire du soldat dIgor Stravinski, concert donn par la Haute Ecole de musique de Lausanne.

    Les Rencontres arts et sciences sont ralises par la Commission danima-tion culturelle en partenariat avec la Haute Ecole de musique de Lausanne et lcrivain Pierre-Alain Tche.

    Retrouvez le programme complet des Rencontres arts et sciences 2011-2012 sur notre site www.chuv.ch, rubrique Patients et Familles.

    culture chuv

    Les aires crbrales qui nous aident oprer des choix sont altres lorsque nous conduisons avec du THC dans le sang, mme des taux faibles. Une quipe de spcialistes la plupart issus du CHUV dressent ce constat grce notam-ment lIRM.

    Quand le joint mne droit dans le mur

    Des hommes jeunes, fumeurs occasionnels ou rguliers de canna-bis: ils sont une trentaine partici-per, depuis deux ans, une tude novatrice. Elle mobilise, entre autres, des collaborateurs du Centre universi-taire romand de mdecine lgale (CURML), du Dpartement de radiolo-gie et de la Division de pharmacologie et toxicologie cliniques du CHUV.

    Diffrents volontaires fument un joint contenant du THC ou un placebo selon une procdure dinhalation contrle. Ils sont ensuite soumis, plusieurs reprises, un test de simulation de conduite via imagerie par rsonance magntique. Lexer-cice consiste poursuivre une cible avec un joystick et dtecter des feux de circulation qui apparaissent de manire alatoire, explique

    Le CHUV au Montreux Jazz Festival

    Espace CHUV hall principal

    Atelier et ditions Raynald MtrauxDu 23 juin au 1er septembre

    Danse! 25 ans de la Compagnie Philippe SaireDu 8 septembre au 6 octobre 2011Vernissage le 7 septembre 18h30

    a 19h00 Zelo Quintet, grands classiques du jazz brsilien, concert de la Haute Ecole de musique de Lausanne (HEMU).Performance de la Compagnie Philippe Saire, dans le cadre des rencontres arts et sciences sur le thme Rythme, souffle, mouvement: critures du temps.

    DALART

    Marie-Agns Vuattoux-Girod, dcoupages AotMoha Sakija, pastels Septembre

    Hpital Orthopdique, av. Pierre-Decker 4, 1011 Lausanne Contact: [email protected]

    Espace ERGASIA

    Journe de la schizophrnieDu 16 juin au 2 juillet Exposition collectiveDu 14 juillet au 3 septembre Valrie MassonDu 15 septembre au 22 octobre

    Route de Cery, 1008 Prilly Contact: [email protected]

    Petit PalaisDidactica: Art & Science on StageSamedi 9 juillet 2011 17h00Entre libre

    steffen schmidt (swiss artists-in-labs, ZHdK Zurich) et le prof. Ludwig Karl von segesser, chef du service de chirurgie cardiovasculaire, CHUV: Cur et sons Paysages sonores. artiste en rsidence au Service de chirurgie cardiovasculaire du chuv, Steffen Schmidt cre des paysages sonores avec pour matriau les lments concrets enregistrs au hasard de la vie urbaine et du chuv et plus particu-lirement lors dexamens mdicaux spcialiss. cet atelier fera part de ses recherches musicales o convergent lart et la science. avec la participation du prof. Ludwig Karl von Segesser.

    Christian Giroud, coordinateur de ltude et toxicologue auprs de lUnit de toxicologie et chimie forensique du CURML. Ce dispositif est complt par des prises de sang effectues intervalles rguliers.

    Au-del des ressentis de chaque individu, lanalyse des donnes comportementales montre claire-ment que les performances et les temps de raction sont diminus aprs la consommation de THC, commente Philippe Maeder, prof. associ au Dpartement de radiolo-gie du CHUV. Et grce la rso-nance magntique, les rsultats atteignent un niveau de prcision encore jamais gal.

    impossible de parer limprvuLe cerveau comprend des rseaux de contrle dits suprieurs qui rgulent, entre autres, lmotion, la concentra-tion ou encore la prise de dcision. Les donnes recueillies par IRM font tat dune altration importante des rseaux qui interviennent dans les processus dcisionnels, prcise le prof. Philippe Maeder. Rsultat des courses: avec le cannabis, on ne distingue plus forcment les stimuli sensoriels les plus pertinents. Parall-

    lement, lattention crbrale saccrot. Le cerveau essaie de compenser, mais cest insuffisant pour rpondre de manire urgente un imprvu, rsume Bernard Favrat, responsable de lUnit de mdecine et de psycholo-gie du trafic du CURML.

    Le dernier point retenir de cette tude a une porte politique. A linverse de ce qui se passe avec lalcool, les conduc-teurs sont dangereux mme lorsque la quantit de THC mesure dans le sang est relativement faible, souligne le toxicologue Christian Giroud. Ce qui donne un argument supplmentaire en faveur du principe, en vigueur en Suisse, de tolrance zro de cannabis pour la conduite. Contrairement certaines ides reues, ce nest pas parce que certains consommateurs roulent lentement pour viter de se faire pincer que le risque daccident est moindre! conclut Bernard Favrat.

    Et la suite? Les rsultats de ces investigations vont tre affins. Les chercheurs impliqus nexcluent pas de sintresser aux trs gros fumeurs de joints. Objectif: dtermi-ner si leur consommation excessive provoque des altrations morpholo-giques du cerveau.

    Le cerveau ne parvient pas rpondre de manire urgente un imprvu

    soigner

    rencontres arts et sciences printemps 2011

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    Lorsquon lui diagnostique une tumeur bnigne proche du nerf auditif en 2008, Maryse Rousseau se voit proposer une intervention par Gamma Knife: cet appareil de dernire gnration permet de traiter des lsions du cerveau laide de rayons envoys avec une extrme prcision sur la tumeur, sans endommager les tissus sains environnants, et surtout sans devoir ouvrir le crne (voir pp. 28-29). Pratiqu sans anesthsie gnrale, ce procd permet donc de diminuer les risques de complications habituellement associs la chirurgie. Le prof. Marc Levivier, chef du Service de neurochirurgie, propose sa patiente dattendre jusqu linstallation de la machine en 2010, tout en continuant la suivre rgulirement.

    Puis vient le jour du traitement, assur par lquipe multidisciplinaire du Centre Gamma Knife: Allonge dans la machine, je ne sentais rien, raconte Maryse Rousseau, jcoutais mme de la musique, et pourtant, au mme instant, des rayons taient en train de tuer ma tumeur a dpasse lentendement. Lunique dsagrment? La pose dun casque fix en quatre points sur la tte, lempchant de bouger durant la sance.

    Une seule sance suffitAprs quarante-cinq minutes seulement, le Gamma Knife a dfinitivement trait la tumeur. Stoppe net, elle ne peut plus se dvelopper. Les rayons vont agir au niveau molcu-laire: les cellules ne se divisent plus et la lsion ne va donc plus progresser, explique le prof. Marc Levivier. Une fois lintervention termine, le tissu cicatriciel va remplacer, petit petit, les cellules vivantes. Le corps de la tumeur,

    Je ne voulais pas renoncer au Palo!

    devenue inoffensive, va ainsi rester dans la bote crnienne. Avec le temps, et dans 50% des cas, la taille de cette masse pourrait se rsorber. Cela entranerait une diminution des effets collatraux apparus avec la tumeur avant le traitement, tels quun acouphne ou des vertiges. Quant la perte auditive existante, si elle ne peut tre rcupre, elle peut par contre tre stabilise. Le challenge est de conserver laudition, de maintenir le mme niveau que celui prcdant lintervention, poursuit le prof. Marc Levivier, ce qui est le cas aujourdhui, un an aprs, pour Maryse Rousseau. Malgr son acouphne et quelques problmes dquilibre, elle confie: Le simple fait de navoir aucun dgt collatral, comme une paralysie faciale, dont jaurais pu souffrir avec une opration chirurgicale, me rjouit.

    retour rapide la vieUne semaine aprs lintervention, elle se sent en pleine forme, comme si on lui avait envoy des rayons nergi-sants. Et pas question de sinterdire les plaisirs de la vie: Je ne voulais pas renoncer au Palo. Javais dj mon billet! Participer de tels vnements aurait t impensable il y a encore quelques annes, mais le retour rapide la vie normale est aussi un des bienfaits du Gamma Knife.

    Aprs une anne dexploitation, le prof. Marc Levivier dresse un bilan rjouissant: Les rsultats obtenus jusquici rpondent parfaitement nos attentes. Si lobservation des rsultats sur un plus long terme, entre trois et cinq ans, nous permettra de mener une tude plus approfondie, le bilan est ce jour trs positif. Unique appareil en Suisse, le Gamma Knife a dj accueilli prs de 120 patients de toute la Suisse et quelques patients trangers.

    Traite pour une tumeur crbrale bnigne, Maryse Rousseau a t lune des premires patientes bnficier dune radioneurochirurgie par Gamma Knife.

    Plus dinfos: Centre Gamma Knife T. 021 314 26 79 [email protected] www.chuv.ch/neurochir (brochure tlchargeable)