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26 // REVUE FRANCOPHONE DES LABORATOIRES - NOVEMBRE 2009 - N°416 Plus de 3 millions d’Américains et 170 mil- lions de personnes à travers le monde ont une infection chronique par le virus de l’hé- patite C, ce qui peut entraîner une fibrose hépatique et des séquelles hépatiques, avec le risque de cirrhose et de cancer primitif du foie. Chez les adultes dans les pays indus- trialisés, l’hépatite C chronique (HVC) est une cause majeure de cirrhose et une indication de transplantation hépatique. L’hépatite C chronique a contribué à l’augmentation de l’incidence des carcinomes hépatocellulai- res (CHC) pour lesquels peu de traitements existent encore. Les traitements par peg-interféron et ribavi- rine pendant 24 à 48 semaines permettent une diminution notable de l’ARN sérique du virus de l’hépatite C, avec une guérison de l’hépatite chronique chez environ la moitié des patients. Malheureusement, les options thérapeutiques restent rares chez la moitié des patients traités et ne montrent pas de réponse virologique positive. Plusieurs nou- velles molécules ont été décrites récemment, comme la protéase HCV, les inhibiteurs de la polymérase mais aucune d’entre elles n’est utilisable en pratique clinique courante. Une autre approche thérapeutique de l’hépatite C chronique n’obtenant pas de réponse à la thérapie initiale est le maintient au long cours du traitement par peg-interféron. Le traitement par interféron fait régresser les taux d’ARN viral, diminuer les taux d’en- zymes hépatiques, et améliore les lésions histologiques hépatiques même sans éradi- cation du virus. Plusieurs études suggèrent que le traitement par interféron permet de réduire la fréquence des CHC. Les résultats d’une nouvelle étude menée par une équipe américaine avec l’objec- tif d’évaluer l’intérêt d’un traitement par peg-interféron alfa-2a, à la dose de 90 μg par semaine durant 3,5 ans chez plus de 1 000 patients ayant une hépatite C chroni- que et une fibrose avancée, montrent qu’un traitement au long cours par peg-interfé- ron permet de réduire le taux des enzymes hépatiques, de l’ARN sérique du virus de l’hépatite C et des lésions inflammatoires histologiques. Bisceglie A, Shiffman M. NEJM 2009;359. Nouveau traitement de l’hépatite C Des études suggèrent que le traitement par interféron réduit la fréquence du CHC Les mécanismes moléculaires expliquant la capacité à métastaser au cerveau de certains cancers du sein restent large- ment inconnus. Les métastases survien- nent classiquement plusieurs années après l’exérèse chirurgicale de la tumeur primitive, ce qui suggère l’acquisition progressive au cours du temps, par quel- ques cellules tumorales résiduelles, de propriétés particulières leur permettant d’envahir le tissu cérébral. Rappelons que la barrière hémato-encéphalique tend à être plutôt imperméable aux cellules, notamment par les « jonctions serrées » que présentent à ce niveau l’endothélium capillaire. Un pas important vient d’être franchi dans la compréhension de ces mécanismes, par l’intermédiaire d’une analyse à la fois génétique et fonctionnelle de cel- lules tumorales isolées de métastases cérébrales. Un screening d’expression génique a d’abord été réalisé sur des lignées générées à partir de différen- tes tumeurs humaines, dont certaines métastasaient au cerveau et d’autres au poumon et à l’os. Ce premier crible a ensuite été comparé à une analyse similaire réalisée sur une cohorte biolo- gique de 368 cancers du sein, présentant différents profils métastatiques. Parmi les 243 gènes dépistés au départ, trois facteurs-clés de la dissémination céré- brale ont finalement été identifiés. Il s’agit de la cyclo-oxygénase COX 2, du ligand HBEGF du récepteur au facteur de crois- sance épidermique (ou EGFR) et d’une protéine appelée ST6GALNAC5. Les deux premiers facteurs avaient déjà été impliqués dans la dissémination pul- monaire du cancer du sein, mais pas dans les métastases hépatiques ou osseu- ses, tandis que l’expression accrue de la troisième protéine impliquée paraît spécifique des métastases cérébrales. Une analyse fonctionnelle confirme que l’expression par les cellules tumorales de cette protéine de type sialyl-transférase augmente leur adhésion à l’endothélium des vaisseaux cérébraux et facilite leur passage à travers cet endothélium. Ce résultat souligne le rôle important des modifications de surface des cellules tumorales, et notamment des phéno- mènes de sialylation dans leur potentiel métastatique spécifique d’organe. Bos PD, Zhang XHF, Nadal C et al. Nature 2009;459:1005-12. Les 3 facteurs-clés de la dissémination cérébrale du cancer du sein Une sialylation permet aux cellules cancéreuses de franchir l’endothélium vasculaire

Nouveau traitement de l’hépatite C

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Page 1: Nouveau traitement de l’hépatite C

26 // REVUE FRANCOPHONE DES LABORATOIRES - NOVEMBRE 2009 - N°416

Plus de 3 millions d’Américains et 170 mil-lions de personnes à travers le monde ont une infection chronique par le virus de l’hé-patite C, ce qui peut entraîner une fibrose hépatique et des séquelles hépatiques, avec le risque de cirrhose et de cancer primitif du foie. Chez les adultes dans les pays indus-trialisés, l’hépatite C chronique (HVC) est une cause majeure de cirrhose et une indication de transplantation hépatique. L’hépatite C chronique a contribué à l’augmentation de l’incidence des carcinomes hépatocellulai-res (CHC) pour lesquels peu de traitements existent encore.Les traitements par peg-interféron et ribavi-rine pendant 24 à 48 semaines permettent une diminution notable de l’ARN sérique du virus de l’hépatite C, avec une guérison de l’hépatite chronique chez environ la moitié des patients. Malheureusement, les options thérapeutiques restent rares chez la moitié

des patients traités et ne montrent pas de réponse virologique positive. Plusieurs nou-velles molécules ont été décrites récemment, comme la protéase HCV, les inhibiteurs de la

polymérase mais aucune d’entre elles n’est utilisable en pratique clinique courante. Une autre approche thérapeutique de l’hépatite C chronique n’obtenant pas de réponse à la thérapie initiale est le maintient au long cours du traitement par peg-interféron.

Le traitement par interféron fait régresser les taux d’ARN viral, diminuer les taux d’en-zymes hépatiques, et améliore les lésions histologiques hépatiques même sans éradi-cation du virus. Plusieurs études suggèrent que le traitement par interféron permet de réduire la fréquence des CHC.Les résultats d’une nouvelle étude menée par une équipe américaine avec l’objec-tif d’évaluer l’intérêt d’un traitement par peg-interféron alfa-2a, à la dose de 90 μg par semaine durant 3,5 ans chez plus de 1 000 patients ayant une hépatite C chroni-que et une fibrose avancée, montrent qu’un traitement au long cours par peg-interfé-ron permet de réduire le taux des enzymes hépatiques, de l’ARN sérique du virus de l’hépatite C et des lésions inflammatoires histologiques.

Bisceglie A, Shiffman M. NEJM 2009;359.

Nouveau traitement de l’hépatite C

Des études suggèrent que le traitement par interféron réduit la fréquence du CHC

Les mécanismes moléculaires expliquant la capacité à métastaser au cerveau de certains cancers du sein restent large-ment inconnus. Les métastases survien-nent classiquement plusieurs années après l’exérèse chirurgicale de la tumeur primitive, ce qui suggère l’acquisition progressive au cours du temps, par quel-ques cellules tumorales résiduelles, de propriétés particulières leur permettant d’envahir le tissu cérébral. Rappelons que la barrière hémato-encéphalique tend à être plutôt imperméable aux cellules, notamment par les « jonctions serrées » que présentent à ce niveau l’endothélium capillaire.Un pas important vient d’être franchi dans la compréhension de ces mécanismes, par l’intermédiaire d’une analyse à la fois génétique et fonctionnelle de cel-lules tumorales isolées de métastases cérébrales. Un screening d’expression génique a d’abord été réalisé sur des lignées générées à partir de différen-

tes tumeurs humaines, dont certaines métastasaient au cerveau et d’autres au poumon et à l’os. Ce premier crible a ensuite été comparé à une analyse

similaire réalisée sur une cohorte biolo-gique de 368 cancers du sein, présentant différents profils métastatiques. Parmi les 243 gènes dépistés au départ, trois facteurs-clés de la dissémination céré-brale ont finalement été identifiés. Il s’agit de la cyclo-oxygénase COX 2, du ligand

HBEGF du récepteur au facteur de crois-sance épidermique (ou EGFR) et d’une protéine appelée ST6GALNAC5.Les deux premiers facteurs avaient déjà été impliqués dans la dissémination pul-monaire du cancer du sein, mais pas dans les métastases hépatiques ou osseu-ses, tandis que l’expression accrue de la troisième protéine impliquée paraît spécifique des métastases cérébrales. Une analyse fonctionnelle confirme que l’expression par les cellules tumorales de cette protéine de type sialyl-transférase augmente leur adhésion à l’endothélium des vaisseaux cérébraux et facilite leur passage à travers cet endothélium.Ce résultat souligne le rôle important des modifications de surface des cellules tumorales, et notamment des phéno-mènes de sialylation dans leur potentiel métastatique spécifique d’organe.

Bos PD, Zhang XHF, Nadal C et al. Nature 2009;459:1005-12.

Les 3 facteurs-clés de la dissémination cérébrale du cancer du sein

Une sialylation permet aux cellules cancéreuses de franchir l’endothélium vasculaire