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Juillet - Août 2015

Nouvelle Cité Afrique - Juillet 2015

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Juillet - Août 2015

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Parole de Viepar Chiara LubichSOMMAIRE

2 S om m aire / E dit orial

3 Parole de Vie J u illet« P renez co ura g e, j ’a i va incu le m onde. » ( Jean 1 6 , 3 3 )

4 Parole de Vie A oû t« S uive z la vo ie de l’a m our » ( Ep h é siens 5 , 2 )

6 Vie de la Parole• F a ire les tra v a ux m a nuels p a r a m our.• L a S a inte M esse : une g râ c e p our tous.• « S i quelqu’un v eut v enir à m a suite, qu’il se renie lui- m ê m e . . . »• L a rè g le d’or

• T u es m on frè re : la sp onta né ité des enfa nts

8 N ou v elles • C ourrier de la S ierra L é one • M a ria p olis

1 0 L ’ O eu v re de M arie • L e dia log ue interrelig ieux à

l’é p reuve du fonda m enta lism e isla m ique

• R un4 U nity 2 0 1 5 – C ourse p our l’unité

1 5 F orm at ion• « D isons oui à une Eco nom ie de C om m union»• C h ia ra L ub ic h , une a utre vi sion et p ra tique du p ouvo ir

1 9 S p irit u alit éL ’Euch a ristie m yst è re d’a m our

2 1 Port rait N ous som m es ensem b le !

2 3 L e c oin des en f an t sAch evé d' im p rim er à l' Atelier Artisa na l, I m p rim erie

E-mail: [email protected]

E dit orialpar Carlo Montaguti

T rè s c h ers lec teurs,N ous a v ons reç u p a s m a l de fé lic ita -tions p our le dernier num é ro de N C A, à

c a use de l’a rtic le sur le p etit D a niel, c elui sur l’é c o-nom ie, les ex p é rienc es tellem ent touc h a ntes.

N ous p renons tout c ela en g uise d’enc oura -g em ent, p our a ller de l’a v a nt et c ontinuer à « p ro-duire » c ette rev ue tous les deux m ois, en sa c h a nt qu’il y a des lec teurs qui l’a p p ré c ient et la diffusent.

H ier quelqu’un m e disa it qu’il fa udra it im p rim er à p a rt c erta ins a rtic les et les diffuser à g ra nde é c h elle, en sorte qu’ils a rriv ent à tous, c a r ils té m oig nent que l’a m our ex iste, que la v ie de l’Ev a ng ile est p ossib le et qu’elle c h a ng e nos v ies.

N ous p ensons que c e n’est p a s un a rtic le isolé qui p eut « fa ire c ulture» , qui p eut orienter la m enta lité des g ens v ers la fra ternité : c ’est p lutô t une rev ue, p rise da ns son entier et lue num é ro p a r num é ro. U n j ourna l qui p eut p a sser de m a in en m a in, qui p eut ê tre utilisé da ns les renc ontres de j eunes, de fa m illes, de p etites ou g ra ndes c om m una uté s. C ’est une lec ture qui p eut, c om m e m e le disa it un p rê tre, insp irer une h om é lie, ou donner des p istes a ux é lè v es et a ux é tudia nts p our leurs c om p ositions et p our le c h oix de leurs é tudes, et à d’a utres p our se dé c ider à suiv re un a p p el, une v oc a tion.

On m e dit qu’en Afrique de l’Ouest on ne lit p a s b ea uc oup , que sou-v ent m ê m e on ne lit p a s du tout. C ’est dom m a g e, c a r sa ns lec ture notre la ng ue s’a p p a uv rit, on ne sa it p lus s’ex p rim er, on ne p eut p lus dé fendre une op inion, a v ec c a lm e.

D e p lus : si on la isse la té lé ou les titres souv ent ex a g é ré s de c erta ins j ourna ux form er notre p ensé e, on ne sera p lus en m esure de donner une c ontrib ution inc isiv e da ns notre soc ié té , on sera à la dé riv e.

L ire c ’est im p orta nt, m a is notre rev ue c h erc h e a ussi à p ousser les g ens à a g ir, à v iv re selon des idé a ux . C e n’est p a s p eu.

C onsc ients de la v a leur de N C A nous v ous p rop osons deux c h oses : d’y p a rtic ip er et de la p rom ouv oir p a r une c a m p a g ne d’a b onnem ent. L e p roc h a in num é ro se p en c h era sur c es suj ets.

D a ns c e num é ro nous m ettons en é v idenc e un th è m e de g ra nde a c -tua lité : le dia log ue interrelig ieux , en p a rtic ulier a v ec le m onde m usulm a n fa c e à la m ena c e du fonda m enta lism e. On touc h e enc ore l’é c onom ie, p a r une forte ex p é rienc e c om m una uta ire v é c ue da ns un v illa g e en C I , et a ussi la p olitique en a na ly sa nt l’idé e du p ouv oir da ns la p ensé e de C h ia ra . V ous a llez dé c ouv rir a ussi un té m oig na g e : une b elle a c tiv ité sp ortiv e p ro-m ue p a r les j uniors, qui s’est p a ssé e ré c em m ent à Ab idj a n. En c onc lusion v ous trouv erez l’ex p é rienc e de B ertin et les nouv elles de la S ierra L eone, a insi que l’a nnonc e de trois M a ria p olis da ns notre sous- ré g ion.

N e p erdez p a s un seul a rtic le! B onne lec ture.

N ouve lle C ité Afrique

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Parole de Vie

Edition Afrique de l’Ouest

par Fabio Ciardi

J u illet 2 0 1 5

« Pren ez c ou rag e, j ’ ai v ain c u le m on de. »( Jean 1 6 , 3 3 )

es mots concluent les pa-roles d’adieu que Jésus adresse à ses disciples,

au cours de la dernière cène, avant d’être livré aux mains de ceux qui allaient le mettre à mort. Dialogue dense, dans lequel Jésus révèle toute la profondeur de son rapport avec le Père et de la mission que celui-ci lui a confiée.

Jésus est sur le point de quitter cette terre, tandis que ses disciples poursuivront son œuvre dans le monde. Comme lui, ils connaîtront la haine, la persécution, et même la mort (Jn 15,18.20 ; 16,2). Comme la sienne, leur mission sera dure. Il connaît bien les difficultés et les épreuves qui les attendent : «En ce monde vous êtes dans la détresse», leur dit-il (Jn 16, 33).

Jésus s’adresse ainsi aux apôtres réunis autour de lui pour ce der-nier repas, mais il a aussi devant lui toutes les générations de disciples - la nôtre également - qui le suivront au long des siècles.

Sans aucun doute, dans notre vie, joies mais aussi “détresses’’ ne manquent pas : avenir incertain, em-ploi précaire, pauvretés, maladies, souffrances engendrées par les cala-mités naturelles et les guerres, vio-lence au sein des familles et entre les nations. Des détresses qui tiennent aussi au fait d’être chrétiens : lutte quotidienne pour vivre en cohé-rence avec l’Évangile, sentiment d’impuissance face à une société qui semble indifférente à la Parole de Dieu, railleries, mépris, quand ce

n’est pas une persécution ouverte de la part de ceux qui ne comprennent pas l’Église ou qui s’opposent à elle.

Jésus connaît toutes ces tribu-lations pour les avoir vécues lui-même ; et pourtant, il déclare :

« Pren ez c ou rag e, j ’ ai v ain c u le m on de. »

Cette affirmation ferme et convaincue semble contradictoire. Comment Jésus peut-il affirmer qu’il a vaincu le monde, alors que, quelques instants après avoir pro-noncé ces paroles, il sera fait pri-sonnier, flagellé, condamné, tué de la façon la plus cruelle et la plus ignoble ? Il semble bien ne pas avoir triomphé, mais plutôt avoir été trahi, rejeté, réduit à néant, dans un échec retentissant.

En quoi consiste donc sa vic-toire ? Dans sa résurrection ! La mort ne peut le retenir en son pou-voir. Sa victoire est si puissante, qu’il nous y fait participer avec lui. Il se rend présent parmi nous et nous entraîne avec lui dans la plénitude de la vie, dans la nouvelle création.

Cependant, avant tout, sa vic-toire est l’acte d’amour le plus grand, celui par lequel il a donné sa vie pour nous. C’est là, au coeur de la défaite, qu’il triomphe totale-ment. En pénétrant tous les aspects de la mort, il nous a libérés de tout ce qui nous opprime, il a transformé tous nos actes négatifs, nos ténèbres et nos souffrances, en une rencontre avec Lui, Dieu, Amour, plénitude.

A chaque fois qu’il pensait à la victoire remportée par Jésus, Paul exultait de joie. Oui, affirmait-il, Jésus a affronté toutes les adversi-tés, jusqu’à l’épreuve suprême de la mort, et il en est ressorti vainqueur ; alors nous aussi, avec lui et en lui, nous pouvons vaincre toutes les diffi-cultés, bien plus, «nous sommes plus que vainqueurs par celui qui nous a aimés. Oui, j’en ai l’assurance : ni la mort ni la vie, [ ], ni aucune autre créature, rien ne pourra nous sépa-rer de l’amour de Dieu manifesté en Jésus Christ notre Seigneur». (Rm 8, 37-38 ; 1 Cor 15, 57).

On comprend alors cette invitation de Jésus à ne plus avoir peur de rien :

« Pren ez c ou rag e, j ’ ai v ain c u le m on de. »

Cette parole de Jésus, que nous garderons vivante en nous durant tout le mois, pourra nous insuffler confiance et espérance. Quelles que soient les circonstances où nous nous trouvons, aussi dures et diffi-ciles soient-elles, nous avons la cer-titude qu’il les a déjà assumées et surmontées.

Même sans avoir la force inté-rieure qui a été la sienne sur terre, nous l’avons, lui en personne, qui vit et qui lutte avec nous. Quand nous nous sen-tons submergés par les difficultés, les épreuves, les tentations, nous pouvons alors lui dire : « Si toi, tu as vaincu le monde, tu sauras aussi triompher de cette ‘‘détresse’’ que je vis. Pour moi, pour ma famille, pour mes collègues,

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Parole de Vie

N ouve lle C ité Afrique

par Fabio Ciardi

A oû t 2 0 1 5

ce qui nous arrive semble être un obs-tacle insurmontable, nous avons l’im-pression de ne pas y arriver ; mais, avec toi présent au milieu de nous, nous trouverons le courage et la force d’affronter cette adversité, jusqu’à être plus que vainqueurs ».

Il ne s’agit pas d’avoir une vision triomphaliste de la vie chrétienne, où tout serait facile et sans difficul-tés. Jésus est victorieux, précisément quand il vit le drame de la souf-france, de l’injustice, de l’abandon et de la mort. Sa victoire, c’est d’avoir affronté la souffrance par amour, d’avoir cru en la vie après la mort.

Peut-être devrons-nous parfois, comme Jésus et comme les martyrs, attendre le Ciel pour voir une victoire totale sur le mal. Nous avons peur, souvent, de parler du Paradis, comme si le fait d’y penser était une drogue pour ne pas affronter avec courage les difficultés, un anesthésiant pour atté-nuer les souffrances, un alibi pour ne pas lutter contre les injustices. L’espé-rance du Ciel et la foi en la Résurrec-tion sont au contraire un stimulant puissant pour affronter toutes les ad-versités, soutenir les autres dans leurs épreuves, et croire que le dernier mot est à l’amour qui triomphe de la haine, à la vie qui met la mort en échec.

Alors, à chaque difficulté, person-nelle ou chez nos proches, ou encore chez d’autres à travers le monde, re-nouvelons notre confiance en Jésus. Présent en nous et au milieu de nous, il a vaincu le monde, nous associant à sa victoire, et nous ouvrant le Paradis où il est allé nous préparer une place. Nous trouverons ainsi le courage d’affronter toutes les épreuves. Nous pourrons tout surmonter, en celui qui nous donne la force.

« S u iv ez la v oie de l’ am ou r » ( Ephésiens 5 , 2 )

isons la phrase d’où est tirée cette parole qui va nous accompagner durant tout ce

mois : « Imitez Dieu, puisque vous êtes des enfants qu’il aime ; suivez la voie de l’amour, à l’exemple du Christ qui nous a aimés et s’est livré lui-même à Dieu pour nous, en of-frande et victime, comme un parfum d’agréable odeur ».

Toute l’éthique chrétienne est contenue dans ce : «suivez la voie de l’amour». Tout ce que l’on fait doit être animé par l’amour, guidé par l’amour, résumé de toute la loi.

L’apôtre Paul s’adresse aux chré-tiens d’Éphèse, en conclusion et synthèse de ce qu’il vient de leur écrire sur la manière de vivre en chrétien : passer du «vieil homme» à «l’homme nouveau», être vrais et sincères les uns avec les autres, ne pas voler, savoir pardonner, faire des œuvres de bien… en un mot «suivre la voie de l’amour».

Paul est convaincu que chacun de

nos comportements doit se confor-mer à celui de Dieu. Si l’amour est le signe distinctif de Dieu, il doit l’être aussi de ses enfants qui doivent l’imiter en cela.

Cependant, comment pouvons-nous connaître l’amour de Dieu ? Pour Paul, c’est très clair : il se ré-vèle en Jésus qui montre comment et combien Dieu aime. L’apôtre l’a vécu personnellement : il « m’a aimé et s’est livré pour moi » (Ga, 2,20), et maintenant, il le révèle à tous pour que toute la communauté puisse en faire l’expérience.

« S u iv ez la v oie de l’ am ou r »

Et quelle est la mesure de l’amour de Jésus à laquelle confor-mer la nôtre ?

Nous le savons, cet amour sans limites ne connaît ni exclusions, ni préférences de personnes. Jésus est mort pour tous, même pour ses en-

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Parole de Vie

Edition Afrique de l’Ouest

par Fabio Ciardi

nemis, pour ceux qui le crucifiaient. Cet amour est comme celui du Père qui, dans son amour universel, fait briller son soleil et tomber la pluie sur tous les hommes, bons ou mé-chants, justes ou pécheurs. Il a su prendre soin avec prédilection des petits et des pauvres, des malades et des exclus ; il a aimé avec intensité ses amis ; il a été particulièrement proche de ses disciples… Dans son amour il ne s’est pas épargné, allant même jusqu’à donner sa vie.

Et maintenant, Jésus nous appelle tous à partager ce même amour, à aimer comme lui-même a aimé.

Cet appel peut évidemment nous faire peur car trop exigeant. Com-ment pouvons-nous imiter Dieu qui aime tous les hommes, toujours et en premier ? Comment aimer avec la mesure de l’amour de Jésus ? Com-ment être «dans l’amour», comme la parole de vie nous le demande ?

Cela nécessite d’avoir d’abord nous-mêmes fait l’expérience d’être aimés. Dans la phrase « vivez dans l’amour, comme le Christ nous a aimés », le comme peut se traduire aussi par parce que.

« S u iv ez la v oie de l’ am ou r »

Suivre la voie de l’amour signi-fie laisser l’amour inspirer et animer chacune de nos actions. Ce n’est pas par hasard que Paul utilise cette parole dynamique pour nous rap-peler qu’aimer, cela s’apprend, que tout un chemin reste à parcourir pour atteindre la largesse du cœur de Dieu. Il utilise aussi d’autres images pour souligner la nécessité d’un progrès constant, telles que la croissance d’un nouveau-né qui mène à l’âge adulte (1 Co, 3, 1-2), la croissance d’une plantation, la construction d’un édifice, la compé-tition dans le stade pour s’emparer du premier prix (1 Co 9, 24).

Nous ne sommes jamais ‘arri-vés’. Il faut du temps et de la constance pour atteindre le but, sans céder face aux difficultés, sans se laisser décourager par les échecs et les erreurs, toujours prêts à recom-mencer à aimer, sans se résigner à la médiocrité.

Augustin d’Hippone écrivait à ce propos, en pensant peut-être à sa

propre recherche tourmentée : « Si tu veux parvenir à ce que tu n’es pas encore, considère comme déplaisant ce que tu es. En effet, quand tu te sens bien, tu t’arrêtes ; s’il t’arrive de dire : «c’est assez !» tu t’enfonces. Élève-toi et progresse toujours ; ne t’arrête pas, ne te retourne pas, ne dévie pas. Celui qui n’avance pas recule ». (Sermon 169)

« S u iv ez la v oie de l’ am ou r »

Comment avancer plus rapide-ment dans ce chemin de l’amour ?

Puisque cette invitation - sui-vez la voie - est adressée à toute la communauté, il sera utile de s’aider réciproquement. Il est en effet triste et difficile d’entreprendre un voyage tout seul. Nous pouvons commencer en nous redisant entre nous - amis, parents, membres de la même com-munauté chrétienne…- notre volon-té de cheminer ensemble.

Nous pouvons partager les expé-riences positives sur la façon dont nous avons aimé, afin de nous enri-chir mutuellement.

À qui peut nous comprendre, nous pouvons aussi confier les er-reurs commises et les déviations de notre cheminement, afin de nous en corriger.

La prière en commun pourra aussi nous donner lumière et force pour avancer.

Ainsi, unis entre nous et avec la présence de Jésus au milieu de nous - lui, la Voie ! - nous pourrons parcourir jusqu’au bout notre «saint voyage» : nous sèmerons de l’amour autour de nous et nous atteindrons notre but : l’Amour.

A oû t 2 0 1 5

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6 N ouve lle C ité Afrique

recueillis par Tchilalo AziaVie de la Parole

F aire les t rav au x m an u els p ar

am ou rD a ns notre m a ison de form a -

tion, les a p rè s- m idis du v endredi sont dé c ré té s p our le tra v a il m a nuel. C e v endredi- là p ersonne ne v oula it fa ire le nettoy a g e des toilettes des v isiteurs. Alors j e m e suis ra p p elé le th è m e d’a nné e des c onfrè res du g roup e P a role de v ie de notre foy er qui s’intitula it c om m e suit : F orm a -tion da ns la v é rité et la resp onsa b i-lité p a r a m our. Alors j ’a i dé c idé de le fa ire p our a im er J é sus et les v isi-teurs de notre foy er.

D ieu- B é nit de la R é p ub lique C entra fric a ine.

Philo I.

L a S ain t e M es s e : u n e g râ c e p ou r

t ou sU n c onfrè re du g roup e p a role de

v ie m ’a inv ité à fa ire une v isite a u c a m p des ré fug ié s p olitiques iv oi-riens d’Av ep oz o T rop ic a na . J ’a i v u d’a b ord c ette v isite c om m e une b a -la de. U ne fois de retour a u foy er, j e n’a v a is p lus env ie de sourire a p rè s a v oir v u les souffra nc es et les m i-sè res de c es refug ié s. J e suis a llé retrouv er m on c onfrè re qui m ’a v a it inv ité da ns sa c h a m b re p our v oir c e que nous p ouv ions fa ire p our c es refug ié s, qui sont env iron 1 2 8 0 . Alors il m e dit c ec i : la sa inte m esse est le p lus g ra nd c a dea u que nous p ourrions offrir p our c es refug ié s. L e

lendem a in lors de la S a inte M esse nous p rierons p our eux et p our la p a ix et l’unité da ns le m onde. Alors j ’a i p u retrouv er m on sourire.

GANDAO Amour du Bénin

« S i q u elq u ’ u n v eu t v en ir à m a s u it e, q u ’ il s e ren ie lu i- m ê m e et

p ren n e s a C roix , et q u ’ il m e s u iv e » Mc 8,34

L e 2 2 sep tem b re 2 0 1 2 , lors de la ré p a rtition des diffé rentes resp onsa -b ilité s c om m una uta ires a u sein de notre m a ison de form a tion, j ’a i é té nom m é c om m e c onduc teur du b us des é tudia nts. T out a u long du tra -j et relia nt notre foy er à l’institut, j e m a rqua is p lus d’a rrê ts à la dem a nde des c onfrè res p our des b esoins quel-c onques ( a ller c h ez le c outurier, c h ez le c ordonnier, fa ire des p h otoc op ies ou enc ore a c h eter du p a in ou des p roduits de p rem iè re né c essité ) en fin de compte il y a une exagération.

Alors j e m e p ré p a ra is à m a ni-fester m a c olè re lors du p roc h a in forum des é tudia nts. L e lendem a in en m é dita nt sur la p a role de v ie de c e m ois de M a rs, j ’a i c om p ris que c ette resp onsa b ilité de c onduc teur p ouv a it ê tre a ussi une c roix p our m oi et que j e dev a is la p orter et suiv re J é sus.

Auj ourd’h ui c h a que a rrê t du b us est un sig ne d’a m our env ers m on p roc h a in.

KOUAKOU Franck Côte d’Ivoire

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7Edition Afrique de l’Ouest

Vie de la Parolerecueillis par Tchilalo Azia

L a rè g le d’ or

J e tra v a ille à la C urie Ep isc op a le de M a n c om m e T ec h nic ien de sur-fa c e. C h a que lundi, le p ersonnel se retrouv e à la p rem iè re h eure p our un m om ent de p riè re ensem b le. Au c ours de c ette p riè re, nous la nç ons le dé de l’a m our.

C e lundi- là est sortie la p h ra se de la rè g le d’or « F a ire à l’a utre c e que tu v oudra is qu’il fa sse p our toi »

U n sa m edi a p rè s- m idi, j e suis a llé m e resta urer da ns un m a quis du qua rtier. P enda nt que j e m a n-g ea is, a rriv e un m onsieur qui, lui a ussi, p a sse sa c om m a nde et v ient s’a sseoir à c ô té de m oi. Or, a u m o-m ent de c om m a nder sa nourriture, il dé p ose son p orta b le à c ô té de la v endeuse, il oub lie de le rep rendre et v ient s’a sseoir p our m a ng er. U ne troi-siè m e p ersonne a rriv e p our a c h eter sa nourriture. C ette derniè re, v oy a nt le té lé p h one à c ô té de la v endeuse, p ense que c ’est le sien, l’em p orte et rentre c h ez elle à la m a ison. L e M on-sieur à c ô té de m oi, à un m om ent donné , se rend c om p te qu’il n’a p lus son p orta b le et se m et à le c h erc h er p a rtout sa ns ré sulta t. I l m e dem a nde a lors de c om p oser son num é ro p our v oir s’il p eut retrouv er son p orta b le. L orsque nous a v ons c om p osé le num é ro, le té lé p h one a sonné m a is p ersonne n’a dé c roc h é . N ous ne sa -v ions p lus où le c h erc h er. Alors c h a -c un est rentré c h ez soi.

U ne fois à la m a ison, j ’a i retenté d’a p p eler son num é ro et v oilà qu’une da m e dé c roc h e et elle m ’ex p lique que c ’est elle qui a p ris le té lé p h one en p ensa nt que c ’é ta it le sien. C a r son p orta b le est identique à c elui

du M onsieur. Elle m ’indique sa m a i-son afin que je puisse le récupérer. L orsque j ’é ta is en p ossession du té lé p h one j e ne sa v a is p lus c om m ent fa ire, où retrouv er le M onsieur p a rc e que j e l’a v a is renc ontré p our la p re-m iè re fois da ns c e m a quis. N ous ne nous c onna issions p a s a up a ra -v a nt. D onc j ’a ttenda is qu’une de ses c onna issa nc es a p p elle p our que j e p uisse lui dem a nder où se trouv a it le m onsieur.

D eux j ours p lus ta rd, j ’a i eu l’a p p el de sa g ra nde sœ ur d’Ab idj a n. J e lui a i ex p liqué p ourquoi le té lé p h one de son frè re se trouv a it a v ec m oi. J e lui a i dem a ndé de m e dire où h a b ita it son frère afin que je puisse lui redon -ner son p orta b le. Entre tem p s, tous m es a m is m e disa ient de v endre le té lé p h one c a r c ’é ta it un c a dea u de D ieu, que c ’é ta it m a c h a nc e. M a is, m oi, en p ensa nt à la p h ra se du dé de l’a m our que nous a v ions la nc é le lundi a u c ours de notre p riè re, et qui disa it ‘ ’F a is à l’a utre c e que tu v ou-dra is qu’il fa sse p our toi’’, j ’a i ré sisté à c ette tenta tion.

Q uelques j ours p lus ta rd, j ’a i p u retrouv er le M onsieur selon les indi-c a tions de sa sœ ur. I l é ta it trè s h eu-

reux , non seulem ent d’a v oir retrouv é son p orta b le, m a is surtout que j ’a ie p u le c h erc h er p our lui rem ettre son té lé p h one.

I l a v oulu qu’on a ille da ns un res-ta ura nt m a ng er ensem b le. C ’est c e que nous a v ons fa it. P uis a v a nt de nous sé p a rer, il m e tend un b illet de c inq m ille fra nc s p our m e dire m erc i. J ’a i refusé en lui ex p liqua nt que p our m oi c e m om ent d’a m itié que nous a v ons c onstruit ensem b le est p lus im p orta nt. N ous nous som m es dit a u rev oir tout en g a rda nt c ette a m itié entre nous.

Didier BLE – Man – Côte d’Ivoire

T u es m on f rè re : la s p on t an é it é

des en f an t sU n p rofesseur nous a v a it donné

c om m e p unition de rester à l’é c ole j usqu’à 1 4 h 0 0 . Or, nous dev ions rep rendre les c ours à 1 5 h 0 0 . U n de nos c a m a ra des ne p ouv a it p a s rep a r-tir c h ez lui p a rc e qu’il h a b ita it trè s loin de l’é c ole. En p ensa nt à la p h ra se du dé de l’a m our : « « F a is à l’a utre c e que tu v oudra is qu’il fa sse p our toi, j e lui a i donné 1 0 0 F p our qu’il s’a c h è te quelque c h ose à m a ng er.

Florence du Burkina Faso

U n j our, en a rriv a nt à l’é c ole, j ’a i entendu Ab oub a c a r dire qu’il a v a it froid. J ’a i p ensé à la p h ra se du D é « F a is à l’a utre c e que tu v oudra is qu’il fa sse p our toi » , j e lui a i donné m es c h a ussures ferm é es et j ’a i p ris ses ta p ettes.

Alex

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8 N ouve lle C ité Afrique

par la RédactionN ou v elles

C O U R R I E R D E L A S I E R R A L E O N E N ou s s om m es ré g u liè rem en t en c on t ac t av ec le Pè re C arlo di S op ra, relig ieu x m em b re des F oc olari, q u i s ou t ien t la f am ille de C h iara en S ierra L eon e. Voic i u n de s es dern iers c ou rriers :

onjour à tous !Vous suivez certainement par les médias l’évolu-

tion de l’épidémie d’Ebola avec toutes ses conséquences dans notre pays. Grâce à Dieu les choses com-mencent à aller mieux. L’école a repris et il y a une énorme envie de rattraper le temps perdu. Néanmoins les difficultés pour redémarrer sont grandes, à tous les niveaux.

Nous cherchons à tenir bon, et à avoir à l’esprit ce qu’Emmaüs nous a dit dans son message : « vous êtes dans nos cœurs car vous êtes dans le cœur de Jésus crucifié et abandonné, le Super Amour ».

Merci à vous tous. Même si nous sommes éloignés de tous et un peu “battus”, nous allons de l’avant ensemble!

La semaine passée, je suis allé en brousse, et à mi-chemin de ma destination, à Fabala, la voiture est tombée en panne. J’ai dû rester dans ce village toute une journée; mais c’était pour découvrir que dans ce village il y a des jeunes qui vivent encore la Parole de vie et se re-trouvent tous les dimanches pour le partage des expériences.

Antoinette, une jeune du Mou-vement partage sa forte expérience: “Au début de l’épidémie j’étais à Makéni pour étudier. La crise s’est avérée d’emblée si sérieuse que j’ai pensé revenir dans ma ville, épar-gnée par le virus. Mais ensuite j’ai décidé de rester comme volontaire dans une ONG pour aider les per-sonnes contaminées. J’ai été affec-tée dans un village qui s’appelle

Rosanda, où 54 cas étaient enre-gistrés, dont 42 décès. La première période a été très triste, chaque jour une quinzaine de personnes mou-raient. J’étais chargée d’informer les familles et, même si je cherchais à le faire avec le plus d’amour possible, ce n’était pas une expérience fa-cile. Deux enfants me demandaient quand leurs parents reviendraient. Je n’étais pas capable de leur dire la vérité. Je cherchais à les consoler par ma présence et avec quelques petits cadeaux. Chaque jour, pendant un mois, je me suis rendue dans ce vil-lage, apprenant à ouvrir mon cœur à qui était dans le besoin, même s’il ne faisait pas partie de ma famille ni de mon cercle d’amis.

Quand à Rosanda il n’y a plus eu de nouveaux cas, j’ai remercié Dieu d’avoir pu être pour toutes ces per-sonnes un instrument de son amour, Lui que je recevais chaque matin dans l’Eucharistie.”

B

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9Edition Afrique de l’Ouest

par Zié Jean Marie et Alapini RolandeN ou v elles

M A R I A PO L I S 2 0 1 5

NCA : Bonjour Monsieur Guédé Albert

On entend souvent parler de Ma-riapolis. Vous y avez déjà assisté ? Si oui, qu’est-ce que c’est ?

Guédé Albert : Oui, j’ai déjà assisté à une Mariapolis. Pour moi, la Mariapolis est un rassemble-ment typique du Mouvement des Focolari. Elle a lieu une fois l’an un peu partout dans le monde. Le mot « Mariapolis » signifie Cité de Marie. A la Mariapolis, on vit des moments de Dieu. On fait l’expé-rience de vie des premières commu-nautés chrétiennes, on partage la Pa-role ensemble comme les premiers chrétiens. La Mariapolis est ouverte aux personnes de toutes conditions sociales et religieuses, jeunes et vieux ; hommes, femmes et enfants, tous égaux car tous sont candidats à la fraternité universelle.

NCA : Quelle a été votre expé-rience de la première Mariapolis à

laquelle vous aviez participé ?Guédé Albert : Ma première

Mariapolis a été une découverte. J’étais ébloui par l’atmosphère qui y régnait. Il n’y avait ni riche, ni pauvre, ni grand, ni petit. Il y avait une communion totale et fraternelle. Dès lors, je fais de mon mieux pour y participer.

NCA : Donc vous êtes prêt à venir à la Mariapolis si on en organi-sait une dans l’Afrique de l’Ouest ?

Guédé Albert : Bien sûr que oui, cela fait deux ans que je l’attends. Ainsi cette année, j’ai cru l’en-tendre, nous aurons trois Mariapolis dans notre zone.

NCA : Effectivement, il y aura trois mariapolis dans la zone Afrique de l’Ouest.

Prem iè re m ariap olisDate et lieu : Du 04 au 09 août 2015, à Bohikon au Bénin. Frais de participation : 15 000 Frs pour les adultes et 10 000 frs pour les enfants et les jeunes.Contacts : (00229) 61 31 50 35 / 97 85 45 21 / 97 92 18 90

D eu x iè m e m ariap olisDate et lieu : Du 07 au 12 août 2015 au Grand séminaire SA-MAYA de Bamako au Mali. Frais de participation : 22 500 frs (tarif unique).Contacts : (+226) 76 46 09085 et (+226) 20 97 03 17 au Burkina Faso(+223) 66 72 10 98 , Casimir Mendy au Mali

T rois iè m e m ariap olis Date et lieu: Du 24 au 29 août 2015 à la cité pilote « Mariapolis Victoria » de Man Côte d’Ivoire. Frais de participation : 16 000 frs pour les adultes et 14 000 frs pour les enfants et les jeunes de 03 à 18 ans.Contacts : (+225) 58 41 77 71 ou 77 16 85 70 à Man(+225) 58 20 95 84 ou 49 33 45 13 à Abidjan

N.B : Le transport est à la charge de chaque participant. Il est demandé à chacun d’apporter couverts, draps et tout le nécessaire pour son séjour. Vous êtes tous et chacun personnellement invités à faire cette expérience de ce que serait le monde si, tous, nous vivons en frère.

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1 0 N ouve lle C ité Afrique

par Philippe DerooO eu v re de M arie

L E D I A L O G U E I N T E R R E L I G I E U X À L ’ É PR E U VE D U F O N D A M E N T A L I S M E I S L A M I Q U E

À l’ ex t ré m is m e de la v iolen c e ré p on d l’ ex t ré m is m e du dialog u e

A lors q u e l’ av an c é e g u erriè re de l’ É t at I s lam iq u e et la v iolen c e des ac t es t erroris t es m en ac en t la p aix dan s le m on de, M aria Voc e ( E m m aü s ) , ac t u elle p ré s iden t e du M ou v em en t des F oc olari, a é t é in v it é e à in t erv en ir le 2 2 av ril dern ier, au s iè g e de l’ O N U à N ew Y ork

Maria Voce est intervenue dans un débat interna-tional à l’ONU, inti-

tulé «Promouvoir la tolérance et la réconciliation». Elle invite tout de suite ses auditeurs à aller plus loin, à viser plus haut.

« Dans le mouvement des Foco-lari, la rencontre entre cultures et religions… est une expérience perma-nente et féconde qui ne se limite pas à la tolérance ou à la simple reconnais-sance de la diversité. Elle va au-delà de la réconciliation, pourtant fonda-mentale, et elle crée - pour ainsi dire - une nouvelle identité, plus large, commune, et partagée. C’est un dia-logue efficace qui implique des per-sonnes de convictions les plus variées et même non religieuses. Ce dialogue les pousse à prendre en considération les besoins concrets, à relever en-semble les défis les plus difficiles sur le plan social, économique, culturel,

politique, en s’engageant pour une humanité plus unie et plus solidaire ».

D es t é m oig n ag es s u r la f orc e de l’ am ou r ap p u ien t cette affirmation.Le Père Sylvestre Sanon, vicaire

général du diocèse de Bobo-Diou-lasso, nous raconte : « En début de la semaine sainte j’ai fait une visite à nos frères de Niamey au Niger pour des obsèques. J’ai eu l’occasion de visiter une des cinq églises brulées de la ville : Ste Thérèse de l’Enfant Jésus, bénie le 05 octobre et livrée aux flammes le 17 janvier. Le curé m’a fait visiter et dans les cendres et les larmes, nous avons dit : «béni soit Dieu» parce que ces violences n’entravent pas notre amour, la re-construction avance et le bureau du

curé est déjà achevé. Mercredi saint, à toute la communauté réunie pour l’eucharistie, j’ai dit notre compas-sion et les ai assurés de notre prière. J’ai salué leur courage et leur fidé-lité à la Parole... Deux jours après le saccage de l’église et des locaux paroissiaux, le curé de Ste Thérèse avait signé, dans les ruines, un chèque de trois millions de francs en déblocage de fonds d’un projet de micro finance dont les bénéficiaires sont tous musulmans ».

Écoutons maintenant Lara Abou Moussa et George Zahm, deux jeunes libanais qui, au nom des jeunes du Moyen-Orient, ont pris la parole le 12 mars à la Chambre des députés italienne, en commémora-tion de Chiara Lubich.

« Le Moyen-Orient vit une des pages les plus sanglantes de l’his-

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1 1Edition Afrique de l’Ouest

par Philippe DerooO eu v re de M arie

toire de l’humanité. Face à une telle horreur, l’exemple extraordinaire de personnes condamnées à mort qui refusent de renier leur religion, qui prient pour leurs persécuteurs et qui pardonnent ces massacres avant leur mort, comme cela s’est passé pour les vingt et un coptes morts en Libye au cours des événements de février der-nier, nous interpelle profondément, chrétiens et musulmans qui vivent dans ces pays, et cela nous rappelle la grandeur de l’amour, du pardon, qui un jour changeront la face du monde.

Plusieurs exemples de la Syrie nous ont à nouveau confirmé que l’amour vainc tout, également là où cela semble impossible. C’est le cas d’une famille syrienne qui a perdu deux de ses enfants, de 3 et de 9 ans. Alors qu’ils jouaient sur le balcon, un missile a touché leurs pauvres corps juste au moment où ils étaient contents de pouvoir enfin jouer en plein air, profitant d’un soi-disant cessez-le-feu. Face au drame et à la douleur des parents, l’amour présent dans la communauté des Focolari et le partage de cette souffrance dans le quotidien tentent d’assainir cette plaie profonde et de redonner sens à leur existence.

[…] Dans différents lieux, spécia-lement en Jordanie, nous n’hésitons pas à accueillir dans nos propres maisons et avec nos pauvres moyens, les familles irakiennes réfugiées, que nous découvrons être nos frères et sœurs. Nous partageons avec eux la faim, la honte, l’humiliation, la perte d’êtres chers et nous nous enrichis-sons des trésors enfouis derrière les souffrances.

Avec beaucoup d’amis, nous expé-rimentons et croyons fermement que

la violence n’aura pas le dernier mot. Si elle est capable de détruire, elle ne pourra jamais mettre fin à l’homme et à la force de l’amour qui habite en lui. Face à la haine, comme le dit Chiara Lubich, un acte d’amour est capable d’arrêter la main d’un terroriste ».

C h erc h er à c om p ren dreComprendre, ce n’est pas excuser

ou justifier. C’est chercher à connaître pour mieux répondre à la haine par l’amour. Le nombre d’attentats com-mis au nom de convictions religieuses dans le monde ne cesse d’augmenter. Il s’avère que leurs auteurs ne sont pas toujours des illuminés pour lesquels le recours à l’extrémisme est le seul moyen d’exister dans la société. Leur engagement est fondé sur des raisons à la fois religieuses, politiques et socio-économiques.

On connaît les « cinq » piliers de l’Islam (la profession de foi, la prière, le jeûne, l’aumône et le pèlerinage), mais certains, surtout ces dernières années, parlent d’un sixième pilier : le jihad. Ce terme désigne l’effort sur soi-même en vue de l’application de la

loi divine sur terre ; c’est un appel à la conversion, un combat pour le bien, pour éradiquer l’injustice et le mal, une lutte aussi bien spirituelle que so-ciale, économique et politique. Il peut prendre une dimension armée, mais seulement en dernier ressort, lorsque la foi du fidèle et ses droits fondamen-taux sont menacés. C’est alors un jihad défensif.

Mais l’histoire montre que parfois le combat pour la conversion des âmes s’est traduit par un effort militaire pour renforcer et étendre la commu-nauté religieuse. Ce sont des minorités extrémistes, aussi bien chez les sun-nites que chez les chiites, qui déve-loppent cette conception plus martiale et offensive du jihad, en se fondant sur une interprétation fondamentaliste des paroles du prophète et de son histoire personnelle.

Les causes politiques et socio-éco-nomiques sont aussi importantes. À partir de septembre 2001 Oussama Ben Laden a fini par rallier dans la mou-vance d’Al Qaeda la quasi-totalité des mouvements jihadistes du monde mu-sulman contre un ennemi commun : l’Occident. De grandes puissances

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1 2N ouve lle C ité Afrique

par Philippe DerooO eu v re de M arieoccidentales ont en effet, par inté-rêt économique et géostratégique, soutenu des régimes plus modernes, mais autoritaires et corrompus, res-ponsables d’injustices qui ont tou-ché les populations musulmanes. Cela a suscité, dès la fin des années 1960, une politique protestataire et révolutionnaire, une radicalisation islamique qu’attise aussi la peur de la pénétration et de la domination culturelles de l’Occident.

L a f rat ern it é u n iv ers elle es t p os s ib le, des j eu n es m u s u lm an s le dis en t .Tout cela ne doit pas faire oublier

que la grande majorité des musulmans vivent un Islam pacifique et vertueux, soucieux du bien dans la foi au Dieu unique. Ils désapprouvent les mou-vements et le terrorisme jihadistes. L’unité fait défaut dans le monde musulman, mais son universalisme et son appel à la conversion et à la profession de foi en un Dieu unique, prédisposent les jeunes musulmans à l’esprit de la fraternité universelle qu’ils découvrent chez les Focolari.

Spécialiste de l’Islam reconnu dans le monde entier, Mgr Henri Teyssier, archevêque émérite d’Alger, vit toujours en Algérie. Il témoigne :

« Il y a deux ans a eu lieu au théâtre

d’Oran la rencontre des Jeunes Pour un Monde Uni. Il y avait là 500 jeunes du Mouvement des Focolari, tous musulmans. Ils ont dit : «Chacun de nous a été attiré d’une manière différente par ce Mouvement, comme nous avons pu le voir avec les diffé-rentes expériences. Néanmoins, nous avons tous la même optique de l’Idéal et de l’unité, ainsi que de la fraternité que nous nous efforçons de réaliser Au cours d’un week-end en janvier dernier, nous avons parlé de l’amour de Dieu à travers la souffrance. La très belle conclusion était que le plus beau message que Dieu nous trans-met à travers la souffrance, c’est l’amour, Dieu Amour, et l’amour de l’autre : Dieu nous a créés différents et cette différence dans l’autre nous fascine ; c’est grâce à elle que nous pouvons être «don» l’un pour l’autre et que l’on construit cette unité».

Nos frères musulmans nous ap-prennent eux aussi à vivre l’unité. Aux États-Unis beaucoup de membres de l’«American Muslim Society», sont des musulmans afro-américains qui vivent aujourd’hui la spiritualité des Focolari. Il en est de même dans tout le Moyen Orient et le Maghreb, où il y aurait des livres à écrire, des témoi-gnages de vie fraternelle et d’unité entre musulmans, juifs et chrétiens.

L a g u erre n ’ es t j am ais s ain t e et n e l’ a j am ais é t éLe 22 avril à l’ONU, Emmaüs a

conclu ainsi son intervention : Nous voyons que notre époque ne

peut être celle des demi-mesures. S’il existe un extrémisme de la violence, nous lui répondons - tout en main-tenant la nécessité de se défendre et

de défendre avant tout les personnes plus faibles et persécutées - de ma-nière tout aussi radicale, mais d’une façon structurellement différente, par l’« extrémisme du dialogue » ! Un dialogue qui exige un maximum d’implication ; ce qui est risqué et exigeant : un véritable défi qui vise à couper les racines de l’incompréhen-sion, de la peur, du ressentiment…

Enfin, nous ne devons pas céder du terrain à ceux qui tentent de présenter nombre de conflits en cours comme des «guerres de religion». La guerre est, par définition, irréligion. Le mili-tarisme, l’hégémonie économique, l’intolérance à tous niveaux, ainsi que beaucoup d’autres facteurs sociaux et culturels, sont causes de conflits dont la religion ne constitue souvent qu’un tragique prétexte. Tout ce à quoi nous assistons en de nombreuses régions de la planète, du Moyen-Orient à l’Afrique - entre autre la tragédie des centaines de morts qui ont fui la guerre et péri dans les naufrages dans la Méditerranée - a bien peu à voir avec la religion.

Chiara Lubich écrivait, fermement convaincue et pleine d’espérance - après les attentats du 11 septembre 2001 - : « Ne capitulons pas ! (...) Nombreux sont les signes qui montrent que, de la grave conjoncture interna-tionale, peut finalement émerger une conscience nouvelle de la nécessité de travailler ensemble pour le bien com-mun, peuples riches et moins riches… confessant ou non une religion, en ayant le courage «d’inventer la paix». Le temps des «guerres saintes» est ter-miné. La guerre n’est jamais sainte et ne l’a jamais été. Dieu ne la veut pas. Seule la paix est vraiment sainte car Dieu lui-même est la paix ».

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1 3Edition Afrique de l’Ouest

par Rose et Hermann DohO eu v re de M arie

R u n 4 U n it y 2 0 1 5 – C ou rs e p ou r l’ u n it é

L E PA R I R É U S S I D E S J U N I O R S PO U R L ’ U N I T É D ’ A B I D J A N

L e D im an c h e 0 3 m ai 2 0 1 5 , les J u n iors p ou r l’ U n it é ( adoles c en t s d’ et h n ies , c u lt u res et relig ion s dif f é ren t es ) , s ou t en u s p ar des adu lt es , on t c ou ru p ou r t é m oig n er de leu r en g ag em en t p ou r la p aix et l’ u n it é dan s le m on de.

e fut une expérience for-midable, de la préparation jusqu’à la réalisation. Les

Juniors pour l’Unité se sont donné corps et âme pour la réussite de cet évènement. Au début des prépara-tifs, il était difficile de comprendre comment les choses allaient se pas-ser. Mais avec le temps et la déter-mination de chacun, les choses ont fini par se dessiner. Les Juniors pour

l’Unité, convaincus que cette fois-ci la course pour l’unité et la paix dans le monde ne passerait pas inaperçu en Côte d’Ivoire, se sont lancés véri-tablement dans cette belle aventure.

Le Dimanche 03 mai 2015, cette course pour l’unité organisée par les Juniors pour l’Unité, a démarré à 11 h précises, et s’est courue du terrain de Blockhaus jusqu’au lycée Clas-sique dans la commune de Cocody.

C

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1 4N ouve lle C ité Afrique

par Rose et Hermann Doh

Une course dont le but était de créer la fraternité universelle en brisant les barrières qui séparent les différents peuples afin de parvenir à cette unité tant recherchée.

À l’arrivée au Lycée Classique, un programme spécial a débuté avec le « time-out » à 12h, où chacun a observé un moment de silence pour la paix dans le monde. Les Juniors pour l’Unité ont montré avec leurs chants, danses, sketchs et expé-riences de vie personnelle que la fra-ternité et la paix dans le monde n’est pas une utopie, mais bel et bien une réalité, si chacun s’y met véritable-ment. Il ne faudrait pas oublier de noter la présence de la RTI et de la Radio Espoir pendant cette manifes-tation, pour soutenir ces adolescents dans leur belle action et les aider à faire passer leur message partout en Côte d’Ivoire et dans le monde.(link)

Les 150 participants à cet évène-ment ont été appelés à vivre la règle d’or qui est « Ce que vous voulez que les autres fassent pour vous, faites-le aux autres vous aussi ». Cette règle d’or (commune aux grandes reli-gions) est la base du Run4Unity. Sa mise en pratique ouvre une véritable

O eu v re de M arievoie pour arriver à l’unité et la paix partout dans le monde.

Soulignons aussi la forte mobilisa-tion des membres de la communauté Focolari d’Abidjan à cet évènement :

ce n’était pas seulement l’affaire des Juniors pour l’Unité, mais celle de toute la grande famille de Chiara.

La conclusion de cette journée a été marquée par une chorégraphie où les participants, avec des foulards de différentes couleurs, se sont reliés les uns aux autres en faisant des nœuds pour matérialiser les liens de frater-nité construits pendant la journée, et qu’ils s’engagent à reprendre.

Les juniors pour l’unité ont clôtu-ré ce moment avec une danse qui ex-prime la joie que chaque participant doit porter en lui, pour la transmettre à tout le monde juste par un sourire.

Voic i q u elq u es im p res s ion s :Aka EmmaLes préparatifs de run4unity ont été

pour moi des moments de convivialité, d’amour et de partage. J’ai appris plu-sieurs choses et même si je n’ai pas pu être présente ce jour-là, je me suis sentie comme si j’étais avec eux là-bas.

RamiaKoutouCette journée a été pleine d’émo-

tions. Nous nous sommes donnés à cœur joie dans tout ce qu’on a fait. Nous avons réussi à partager notre idéal d’unité et de fraternité avec toutes les personnes qui y étaient et même avec ceux des alentours. Nous sommes aussi tous fiers d’avoir fait un pas pour cet idéal commun.

Ce fut une expérience très forte et enrichissante à reprendre vivement.

Doffou Marie-DanièleLe Run4Unity 2015 a été une mer-

veilleuse expérience. Communiquer cet Idéal aux autres, les faire adhé-rer à cette volonté de prôner l’amour partout où nous sommes m’a apporté beaucoup de joie.

Dion Togba RogerC’est une grande joie pour moi

de participer à cette course pour l’unité. Cette joie a débuté depuis son organisation, lorsque j’ai vu les Juniors pour l’Unité eux-mêmes mettre la main à la pâte, et être bien sûr aidés par d’autres membres du mouvement, dont nous les gen2. J’ai ressenti cette unité qu’on veut prôner entre nous avant d’aller avec conviction pour la course. À la fin de l’activité je me suis senti très sou-lagé, car en ce moment précis nous étions comme les seuls responsables de la réalisation de l’unité dans le monde à partir de notre pays, et cet exemple a montré qu’il ne s’agit pas d’une utopie. Merci à la presse ivoirienne de nous accompagner et de permettre à toute la Côte d’Ivoire et même au monde entier de s’im-prégner de cette activité et de son idéologie.

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1 5Edition Afrique de l’Ouest

par Vitòria FranciscattiF orm at ion

« D I S O N S O U I À U N E E C O N O M I E D E C O M M U N I O N »

« J e s u is c e q u e j e s u is en v ert u de c e q u e n ou s s om m es t ou s , s an s ex c lu s ion » Ubuntu

M ai 2 0 1 5 m arq u e u n e é t ap e im p ort an t e dan s le p arc ou rs de l’ au dac ieu x p roj et E c on om ie de C om m u n ion , p ar la t en u e d’ u n C on g rè s I n t ern at ion al à N airob i. N ou s p u b lion s ic i u n ex t rait de l’ ex p os é de G en ev iè v e S an zé , q u i aide à en t rer dan s le t h è m e en p u is an t à la rac in e de n os c u lt u res af ric ain es , et n ou s in c it e à p ren dre c on s c ien c e de c e q u e l’ A f riq u e p ou rrait of f rir au m on de au j ou rd’ h u i, au s s i dan s le dom ain e de l’ é c on om ie.

L a c u lt u re de la c om m u n ion dan s la p ers p ec t iv e du c h aris m e de l’ u n it é .

« Dans le Mouvement des Foco-lari, qui a donné naissance au cha-risme de l’unité et de la communion, il n’y a pas seulement une attitude de solidarité humaine, telle que la pré-conisent divers humanistes laïcs, ni même seulement une attitude de soli-darité fraternelle avec le «compagnon de fortune»…Le charisme de l’unité a mis en lumière que le frère n’est pas seulement un collègue, un parent par le sang, quelqu’un dont je suis le guide, un copain dans la joie, ni même un rival dans la lutte. Le frère est une créature aimée de Jésus, une personne en qui Jésus est toujours présent d’une manière ou d’une autre,

et en qui Il doit prendre forme : dans le frère, Jésus vient en contact avec moi, comme don, enrichissement, encouragement, purification ; dans le frère Jésus veut être aimé et servi »1.

Notre congrès s’inspire aussi d’une étude d’un anthropologue, qui a fait le tour du monde. Il propose un jeu à des enfants d’une tribu en Afrique du Sud. Il met une corbeille de fruits au pied d’un arbre et dit aux enfants que le premier arrivé gagnera tous les fruits. Au signal, tous les enfants se mettent à courir…en se tenant par la main ! Puis ils s’asseyent ensemble et se régalent de leur récompense. Quand l’anthro-pologue leur demande pourquoi ils ont fait ça, alors qu’un seul aurait pu avoir tous les fruits, ils ont répondu :

1 C h ia ra L uc h ich , fonda trice del M ovi m ento dei F oco la ri - D a l vo lum e G esù nel fra tello, C ittà N uova , R om a 1 9 7 9

«Ubuntu», c’est-à-dire, comment un de nous peut-il être heureux si tous les autres sont tristes ?

Cette tendance à la solidarité com-munautaire exprime l’essence de notre culture africaine. Nous savons parta-ger la joie, la douleur, le trousseau, la difficulté L’ouverture à l’autre, fut-il étranger, est entière, au point que nos maisons ne se fermaient pas à clé dans notre société traditionnelle.

L’analyse des sociétés tradi-tionnelles africaines révèle qu’elles étaient en général «communautaires» avec une forte insistance sur le travail et la coopération, sur l’unité, l’ami-tié et sur les entreprises vécues en-semble. L’individu pouvait avoir un rôle important, mais l’accent central reposait sur la communauté et il n’y avait pas de place pour un individua-lisme égoïste. Divers proverbes ex-priment ce modèle de comportement,

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1 6 N ouve lle C ité Afrique

par Vitòria FranciscattiF orm at ion

ce proverbe par exemple : «Le parent pauvre a droit à une place pour se re-poser». Les valeurs morales comme la réciprocité dans les rapports et la gratitude sont inviolables. Une per-sonne devait être non seulement re-connaissante pour un don reçu, mais aussi généreuse envers les autres.

Telle est la caractéristique fon-damentale de notre culture, de nos cultures. Cela peut être le don que Dieu fait à notre continent pour le bien de l’humanité.

Au contraire, notre société moderne globalisée, comme nous l’appelons, est aujourd’hui souvent caractérisée par l’égoïsme, la peur de l’autre, la tendance au renferme-ment sur soi… cela doit nous inci-ter à réfléchir pour trouver la voie juste.

Le monde traverse une période de crise, économique, sociale, culturelle, une crise des valeurs, c’est sûr. Certes, beaucoup d’entre nous ne pourront pas produire de la richesse ou créer des emplois, mais ce que nous pouvons faire, certainement, c’est nous mettre en communion, cette communion qui est la première réponse à toutes les crises. Nous pouvons ainsi créer ces bases que sont les rapports, la paix, la confiance en Dieu et dans les frères, la foi que la communion peut devenir plus importante que n’im-porte quelle richesse économique. Ensuite la richesse aussi viendra, cette richesse économique dont nous avons besoin ; pas celle qui se montre, mais celle dont nous avons réellement besoin, parce que Dieu est Père, et qu’il ne nous fera sûre-ment pas manquer du nécessaire si nous avons confiance en Lui.

L à où la c om m u n ion en g en dre des b ien s p ou r le b ien - ê t re de t ou s

L a v ie de la C om m u n au t é loc ale F oc olari à G lolé ( ré g ion T on k p i en C ô t e d’ I v oire) es t u n ex em p le c on c ret de c e q u ’ on v ien t de dire. M on s ieu r G ilb ert G b a, n ou s f ait p art ic ip er à la v it alit é de c et t e c om m u n au t é .

Gilbert: “Les idées nous viennent au cours de nos rencontres d’échange. A partir de la lecture de l’évangile, on échange et à la fin on se demande : le fruit de la lecture c’est quoi ? Chacun donne une idée qui peut faire avancer la vie au vil-lage, parce qu’il ne faut pas attendre et rester là avec les bras croisés. Il faut faire quelque chose.

L a m ais on p ou r l’ E t ran g er

Un jour pendant notre réunion, on s’est demandé : qu’est ce qu’on doit faire pour notre petit village? En unité, on s’est dit : ici au village, chacun vit dans sa maison et sou-

vent, il y a des étrangers qui sont de passage, des gens qui font des kilo-mètres à pied et qui doivent dormir en cours de route avant d’arriver chez eux, dans les villages lointains. Nous, on n’a pas de maison pour les accueillir. A chaque fois, c’est notre lit qu’on cède à l’étranger. C’est bien, car ça aussi c’est l’évangile. Mais est-ce qu’on ne peut pas faire plus ?

Alors, quelqu’un a donné l’idée: on n’a qu’à s’aider réciproquement et puis construire des maisons pour que demain, lorsque les étrangers viennent chez nous, on puisse leur donner un abri pour dormir. On s’est dit : Ah, c’est très bien !

On a commencé à taper les briques ensemble, en chantant. Dans le groupe il y avait des maçons; donc on a construit 12 maisonnettes d’une chambre et un salon dans 12 familles du village. Maintenant, aux étrangers qui arrivent, on leur dit: «On a la maison, venez dormir ». La nourriture, ça ne manque pas. Nous sommes des paysans. C’est comme ça qu’on a fait les premiers pas.

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1 7Edition Afrique de l’Ouest

F orm at ionpar Vitòria Franciscatti

L a B an q u e de riz

Une autre fois, au cours d’une réunion, on s’est dit : nous avons du riz que chacun garde dans son petit grenier où souvent les vo-leurs viennent le prendre et des souris le mangent ; est ce qu’on ne peut pas faire une maisonnette pour garder notre riz?

On a vu que c’était une bonne idée. Et on a construit une maison en terre. On a mis le toit et chacun a envoyé ce qu’il avait, et la « banque de riz » a été créée. Au début on était au nombre de 30 personnes, mais aujourd’hui, même les paysans qui ne sont pas du groupe ont vu l’utilité de la banque de riz. Ils sont venus s’associer ; on est maintenant 110 personnes qui envoient leurs sacs, pour les garder dans la banque de riz.

En mars–avril, au temps des se-mailles, les gens viennent prendre ce qu’ils vont labourer et semer et mettent de côté ce que leurs enfants vont manger. Au moment opportun, quand les prix sont bons, ils viennent prendre le riz pour la vente.

Chacun selon sa conscience donne une part de sa récolte qui est

gardée dans la banque de riz comme contribution pour les besoins de la communauté et pour les gardiens de la banque. Ils savent qu’ils doivent donner une part et ils le font libre-ment. Ils la donnent à quelqu’un, c’est-à-dire à Jésus qui nous a dit: «donnez et vous recevrez ». Donc, chaque fois qu’ils prennent, libre-ment, ils laissent quelque chose pour les plus démunis.

A son tour, la communauté vend cette partie et met de côté le revenu pour les cas de maladie. Car on est dans un lieu où il faut acheter des mé-dicaments, et on n’a pas l’habitude de prévoir l’argent pour se soigner. Et il arrive que les gens meurent par

manque de 1.000 frs (1,5€).

Le système de santé chez nous c’est comme ça: si tu n’as pas d’argent, on ne s’occupe pas de toi. Donc si tu en-voies quelqu’un à l’hôpital il faut lui donner quelque chose, avant que

les parents arrivent (du village) pour s’occuper de lui.

Nous avons un petit fonds mis de côté pour ça. Ce n’est pas beaucoup, mais avec ce peu, on essaie de faire face aux besoins. Voilà, c’est comme ça que la banque de riz fonctionne.

Ces jours-ci une femme du groupe est tombée malade, et il fallait faire une opération d’urgence. A l’hôpital ils ont demandé 160.000 frs (250 €). C’était grave. Elle a donc envoyé son fils au village pour chercher à vendre rapidement son terrain et rassembler la somme nécessaire. On s’est dit : non! Nous avons pris ce qu’on avait dans la Caisse (150 €) et on a cotisé entre nous pour rassembler le reste. C’est comme ça qu’elle a pu être sauvée.

La Banque sert aussi à conserver les céréales et l’huile de palme. Notre village est une région de grande pro-duction d’huile de palme. Il nous arrivait de vendre l’huile à petit prix, pendant la période de récolte des noix de palme à cause de l’abondance du produit sur le marché. Désormais on arrive à tenir bon et à la vendre ensuite à un bon prix, ce qui favo-rise tous les paysans. C’est la même chose pour le riz aussi.”

Page 18: Nouvelle Cité Afrique - Juillet 2015

1 8 N ouve lle C ité Afrique

par Paolo GiustaF orm at ion

C H I A R A L U B I C H , U N E A U T R E VI S I O N E T PR A T I Q U E D U PO U VO I R

A p rè s les ren c on t res du 1 4 m ars 2 0 1 5 s u r la p olit iq u e au s erv ic e de la f rat ern it é , n ou s p u b lion s u n ex t rait du t h è m e s u r le p ou v oir : la v ie et la p en s é e de C h iara L u b ic h on t apporté une nouveauté radicale, qui tourne définitivement la p ag e s u r u n e c on c ep t ion du p ou v oir c om m e dom in at ion .

a conception du pouvoir comme étant le sommet solitaire d’une pyramide est

toujours présente, parfois même do-minante dans nos sociétés, où la pré-sence d’un leader aux commandes, doté d’une vision et capable de l’im-poser, nous rassure. Cependant, nous sommes de plus en plus conscients que les idées d’un chef, tout inspiré qu’il soit, ne suffisent plus pour af-fronter les problèmes complexes et interdépendants auxquels nos socié-tés font face.

La nouveauté de Chiara peut apparaître paradoxale, tout comme sa spiritualité de communion, qui prend comme modèle des relations entre les humains la vie trinitaire, qui est unité et distinction.

Chiara a toujours eu un sens très haut et un respect sans faille du pou-voir. Mais en même temps, ses rela-tions avec les personnes au sommet de la hiérarchie, civile (chefs d’États et de gouvernement, présidents d’institutions européennes) ou reli-gieuse (papes, patriarches, évêques) n’ont jamais rien eu de servile. Tout au contraire, son respect de l’auto-rité s’exprimait de manière créative, en proposant des idées, dans une

attitude de dialogue et de stimula-tion, et en mettant sa personne et les ressources du Mouvement à la disposition de projets au bénéfice de la société, en particulier des plus démunis.

Coresponsabilité Dans l’exercice du pouvoir à

l’intérieur du mouvement qu’elle a fondé, Chiara a voulu qu’il n’y ait précisément pas une personne seule aux commandes mais que, dans toutes ses formes d’organisation, deux personnes, un homme et une femme, soient coresponsables. Une gestion collective de la responsabi-lité, en ligne avec la spiritualité col-lective ou de communion, typique du charisme de Chiara. Seulement à la présidence du mouvement, notam-ment pour des raisons juridiques, il y a une seule personne, et Chiara a voulu que ce soit une femme, sur le modèle de Marie, la mère de Jésus, qui n’avait d’autre pouvoir que celui de l’amour.

C’est une des idées force du charisme de Chiara : la hiérarchie existe, elle a un rôle incontournable, mais elle est en arrière-plan ; ce qui ressort est que nous sommes, tous,

avant toute chose, des frères et sœurs, car tous enfants d’un même Dieu qui est amour. Cette concep-tion est entre autre à la base de la pensée de Chiara sur l’éducation : il y a bien une différence de rôles, il y a les professeurs et les élèves, mais fondamentalement nous sommes tous à l’école de Jésus, l’unique vé-ritable maître.

Pour Chiara chaque être humain, y compris le dernier et peut-être sur-tout le dernier, a son mot à dire, et sans ce mot le discours dans son ensemble ne serait pas complet.

C’est là le concentré de l’idée de Chiara du pouvoir, et également son aspect paradoxal : la personne qui occupe une position de pouvoir doit exercer pleinement son rôle (être), et

L

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1 9Edition Afrique de l’Ouest

Textes de Chiara L. choisis par Maria Teresa SalaS p irit u alit é

en même temps laisser totalement la place à l’autre, y compris au subor-donné (non-être). En même temps chacun, quel que soit son rôle et sa position dans la hiérarchie, apporte une contribution indispensable (être), et en la donnant la perd, car il ou elle ne peut pas l’imposer (non-être). C’est une dynamique qui crée la commu-nion, l’unité dans la diversité. L’unité en effet, pour Chiara, n’est jamais sta-tique, car dans ce cas les composantes seraient effacées, mais elle est chaque fois nouvelle et surprenante, toujours dans un mouvement vital, à l’image de Dieu et de la relation d’amour entre les trois personnes de la Trinité.

Résoudre ensemble les conflits Un exemple pratique de l’exer-

cice du pouvoir comme amour, tel que Chiara l’entend, est la gestion et la résolution des conflits. Face à un conflit il y a plusieurs options : on peut le laisser pourrir, en l’évi-tant, faire l’impasse sur la difficulté de l’affrontement ; ou bien on peut laisser le chef trancher, exercer son pouvoir : le conflit est alors résolu, mais par l’unité sans la diversité, car il s’agira d’obéir, bon gré mal gré ; ou encore on peut décider de se mettre en marche ensemble, avec les personnes concernées, de traverser le conflit et d’en ressortir, non par une décision individuelle, mais en ayant fait une expérience ensemble.

Cette solution ne tombe pas d’en haut, et ne vient pas simplement d’en bas (parce que l’unité dans la distinc-tion ne nie pas l’autorité), mais elle est le résultat d’un effort conjoint. Effort dans lequel chacun donne, en le per-dant, son morceau de vérité, afin de parvenir à une solution commune.

L ’ E U C H A R I S T I E M Y S T E R E D ’ A M O U R

L ais s on s - n ou s p é n é t rer p ar c e m y s t è re d’ A m ou r à t rav ers des é p is odes v iv an t s et c on c ret s , des p ag es du j ou rn al in t im e de C h iara L u b ic h , et des ex t rait s de s es é c rit s .

GRATITUDEJe t’aime

non parce qu’on m’a appris à te parler ainsi,

non parce que le cœurme suggère cette parole,

non parce que la foime fait croire que tu es l’amour, ni même parce que je sais que

tu es mort pour moi.Je t’aime,

parce que tu es entré dans ma vie

plus que l’air dans mes poumons,

plus que le sang dans mes veines,

que tu es arrivélà où personne ne pouvait

pénétrer, quand personne ne pouvait

m’aider, chaque fois que personnene pouvait me consoler.

Tous les jours je t’ai parlé, tous les jours je t’ai contemplé.

et sur ton visagej’ai lu la réponse ;

dans tes paroles, l’explication ;

dans ton amour, la solution.Je t’aime,

parce que des années duranttu as vécu avec moi,

et moi, j’ai vécu de toi, j’ai bu à ta loi,

et je ne m’en rendais pas compte.

Je m’en suis nourrie, forti�ée, je me suis renforcée,

mais je ne le savais pascomme l’enfant qui se nourrit

de sa mère, et ne sait encore l’appeler

de ce nom si doux. donne-moi

pour le temps qui me restede te remercier

au moins un peupour cet amour

que tu as versé en moi, et qui m’oblige à te dire :

Je t’aime ».

( 2 4 a vr il 1 9 6 0 . En sorta nt de l’é g lise rom a ine dé dié e à M a rie des Ang es où elle a a ssisté à la m esse, C h ia ra é cr it ce tte p riè re qui vi ent de j a illir de son co eur en a ct ion de g râ ce à Jé sus Euch a ristie. C ’est son Magnificat en ce j our où elle ra co nte son h istoire d’a m our a ve c Jé sus) .

Page 20: Nouvelle Cité Afrique - Juillet 2015

2 0 N ouve lle C ité Afrique

Textes de Chiara L. choisis par Maria Teresa Sala

IL BRILLE PLUS QUE LE SOLEIL

Je rêve d’une cité d’or, Où le divin resplendit de

lumièreEt l’humain s’e�ace

dans l’ombre, Pour mettre davantage en

relief cette splendeur.Chaque église, chaque

tabernacleBrille plus que le soleil,

Parce que l’Amour y a établi sa demeure.

(Extrait d’un écrit 1958)

LE MOMENT LE PLUS IMPORTANT DE LA JOURNEE

L e m om ent le p lus im p orta nt de la j ourné e, b ien p lus im p orta nt que tous les a utres, est ce lui où tu vi ens da ns notre co eur.

C ’est l’a udienc e a v ec le T out-p uissa nt. Et là , a u m om ent de te confier encore et encore nos mille b esoins et c eux de l’h um a nité , de te rem erc ier de tes dons surna tu-rels et na turels, de t’a dorer et de te dem a nder de sa luer ta M è re p our nous, nous sentons que nous a ttei-g nons le som m et de notre j ourné e. L à nous c om p renons que nous n’a v ons p a s souv ent c om p ris en p ré senc e de qui nous é tions et c e que nous p ouv ions, en tê te- à - tê te a v ec D ieu, da ns l’intim ité de notre â m e.

(Extrait d’un écrit - 17 sept 1960)

LE ROYAUME DE DIEU PARMI LES

HOMMEST oi, touj ours seul da ns le T a b erna cl e.N ous, da ns la rue, à la m a ison, à l’é co le, a u b urea u.T u es p a rm i nous, et p ourta nt tu nous sem b les isolé : sé p a ré de notre p a uvr e a m our qui ne te co m p rend p a s.P ourta nt, si ce que tu a s co m m a ndé p rena it vi e entre tes frè res, ils n’a ura ient p a s l’im p ression de te quitter en sorta nt de l’é g lise ; rues et ta b erna cl es n’a ura ient qu’un seul a b outissem ent : le R oya um e de D ieu p a rm i les h om m es.N ourris- nous de ta ch a ir, S eig neur, ch a que m a tin, m a is rends- nous dociles p our que l’h eure vi enne vi te où tu nourrira s de ta p ré sence a u m ilieu de nous ch a que insta nt de notre vi e.

(Extrait de son journal 2 sept 1960)

S p irit u alit é

Page 21: Nouvelle Cité Afrique - Juillet 2015

2 1Edition Afrique de l’Ouest

N O U S S O M M E S E N S E M B L E !L ’ alt ern an c e des rô les au s ein du M ou v em en t des F oc olari dev ien t de p lu s en p lu s la n orm e. C ela es t t ou j ou rs u n e op p ort u n it é d’ u n ren ou v eau d’ idé es et d’ é n erg ies au s erv ic e du R oy au m e des c ieu x . N C A a in t erv iew é B ert in L u m b u di, rem p laç an t de Pin o F ioru c c i, c om m e c o-res p on s ab le des F oc olari p ou r l’ A f riq u e de l’ O u es t .

N C A : B ert in , p ou r t e c on n ait re dav an t ag e, p eu x - t u n ou s p ar-ler u n p eu de t a f am ille, de t on p ay s , de q u elq u e c h os e q u i a m arq u é t a p ers on n e ?

Je remercie NCA de m’accorder cette opportunité et, j’en profite pour saluer les amis et tous les nôtres que je n’ai pas vus depuis 1994 !

Juste un mot sur ma famille. Je suis second de dix frères et sœurs. Cela fait plus de trente ans que je vis hors de mon pays d’origine. Chaque fois que j’y suis retourné, j’ai tou-jours trouvé soit un de mes frères et sœurs qui s’était marié, soit une naissance d’un neveux ou nièce et, à mon dernier voyage, il y a deux ans, j’ai connu le dernier des mes quinze neveux.

Nos liens de famille et en parti-culier la foi de maman, une femme simple et courageuse comme plu-sieurs femmes d’Afrique, ont tou-jours été la force qui m’a soutenu dans le choix que j’ai fait de ma vie.

N C A : Parle- n ou s de t a v oc a-tion, comment est-elle fleurie en t oi ?

J’aimerais donner quelque flash des étapes de cette vocation car, je comprends que chaque jour, Dieu continue de m’appeler.

Déjà dans ma tendre enfance, j’avais été marqué par une attitude, celle de mon oncle, un frère francis-cain qui, quand il venait nous rendre visite, il avait une attention spéciale pour tous les enfants, pas seulement pour moi et mes frères, mais pour tous les petits de notre quartier ; cela a laissé une marque dans mon petit cœur d’enfant, celui d’être comme lui quand j’aurais grandi.

Pendant mon adolescence, Mande-la était encore en prison, le massacre des jeunes de Soweto me révolte,

j’explose de colère contre Père Paul, un jésuite belge : « si tout dépendait de moi, tous les blancs doivent rentrer chez eux ». Avec calme, il me dit, entre autre, « tu sais, tu peux lutter contre les discriminations raciales avec une autre arme »; des mois après il m’invite à connaître le groupe de Parole de Vie de ma ville.

Cinq ans après, j’étais à Fontem, la première cité pilote en terre africaine, où je me trouve côte à côte avec des jeunes italiens, français, irlandais, belge, burundais, ougandais, kenyan, camerounais ; et avec eux, je découvre que nous sommes des frères, mal-gré nos différences. Ainsi dans mon cœur naît un grand désir, celui, non seulement de crier sur le toit que nous sommes tous frères, mais surtout, de le témoigner dans le quotidien.

Port raitpar Vitoria Franciscatti

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2 2 N ouve lle C ité Afrique

Port rait

En 1986, j’arrive à Man et pen-dant 8 ans avec les autres foco-larini et les jeunes que l’on me confie, nous faisons l’expérience de l’amour réciproque entre nous et à travers des activités concrètes envers les personnes en nécessité et par la musique, nous disons que le monde uni n’est pas une utopie.

N C A : T u as au s s i é t é dan s u n e de n os C it é s p ilot e au B ré s il et t u y a t rav aillé au m ag azi n e C idade N ov a. Q u ’ es t c e q u e c e p ay s , c e p eu p le t ’ a don n é s ou s u n p oin t de v u e h u m ain , s p irit u el, p rof es s ion n el?

À 40 ans, je me retrouve à São Paulo en train d’apprendre une nou-velle langue, là je rencontre un peuple multiculturel que j’aime appeler un « peuple fait des peuples » : les in-dios, les brésiliens d’origine et, puis les descendants d’allemands, italiens, ukrainiens, japonais, chinois, noirs d’Afrique et beaucoup d’autres, tous brésiliens! Un peuple créatif, généreux et joyeux de cette joie contagieuse, que je connais en Afrique. Je ne tarde pas à être un des leurs, donc brésilien.

Dans la cité pilote, plus d’une trentaine de familles venues des plu-sieurs parties de ce pays, aux di-mensions conti-nentales, pour construire avec les focolarini la mariapolis Ginetta.

P e n d a n t quinze ans, j’ai

travaillé comme graphiste et produc-teur des livres et du magazine Cidade Nova, ce qui me permet de tisser de relations sincères, au sein de notre maison d’édition et avec les fournis-seurs, les imprimeurs et même avec les gardiens qui doivent te faire ouvrir le porte bagage de la voiture pour le contrôle de routine.

J’ai coordonné aussi, avec d’autres focolarini, les activités des adolescents : gen3 et des juniors ; une expérience que je considère plus importante de ces années, car avec eux j’ai appris à être « ado » bien qu’adulte. Par l’amour que nous avions envers chacun d’eux et qui existait entre nous, j’ai décou-vert qu’ils sont capables de grands sacrifices, car d’énergie et d’enthou-siasmes ils en ont « à vendre ». J’ai aussi compris que les parents com-mencent à avoir les cheveux blancs quand ils ont un ado en famille.

N C A : et ap rè s 1 8 an s t u re-v ien s à M an , q u ’ es t c e q u e c ela rep ré s en t e p ou r t oi?

Une autre face de cet appel de Dieu : une rencontre spéciale avec la

douleur ; en 1994, je quittais la Côte d’Ivoire pour une autre mission dans l’œuvre. Le jour de mon voyage, je suis victime d’un vol de tous mes documents, entre autre le passeport, je retarde mon départ de 3 mois. Ceci, comme pour dire que la Côte d’Ivoire ne voulait pas que je m’en aille…

Donc je ne suis jamais parti, j’ai juste fait un peu de vacances ailleurs, me voici de retour pour continuer à construire ensemble ce bout de che-min commencé avec les jeunes pour un monde uni.

N C A : D is - n ou s à c oeu r ou v ert , c e q u e t e t ien t le p lu s à c oeu r p ou r t a n ou v elle t â c h e? C om -m en t la v is - t u ?

Une expérience vécue dans la cité pilote Victoria, pendant la période de guerre m’a toujours impressionnée. Les focolarini, alors qu’ils pouvaient être évacués, choisissent de rester au-près des nôtres. Ils scellent un pacte, comme Chiara et ses premières com-pagnes, d’être prêts à donner leur vie les uns pour les autres. Ce témoi-gnage me tient beaucoup à cœur, je voudrais, avec la grâce de Dieu, vivre selon cette mesure avec chacun et tous les nôtres dans notre zone. Je ne sais pas si nous vivrons des choses extraordinaires, mais je voudrais vivre chaque instant de façon ordi-naire, comme s’il était le dernier de toute la vie.

Il y a plusieurs défis, notre région est immense et le Mouvement a gran-di ; les premiers pas faits jusqu’ici nous disent que nous sommes sur le bon chemin, parce que, ces pas, nous les avons fait ensemble. Je suis serein car nous sommes ensemble.

Merci !

par Vitoria Franciscatti

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2 3Edition Afrique de l’Ouest

L e c oin des en -L e c oin des en f an t sLE CIEL

PENSE À TOUT !

LE CIEL PENSE À TOUT…

CE CADEAU TOMBE

LITTÉRALEMENTDU CIEL !

TU VOULAIS ME FAIRE COMPRENDRE QUE NOUS DEVONS AUSSI PENSER LES UNS AUX AUTRES !

L E S A N G E S D E L A B O U EL e 1 3 oc t ob re, s u it e à de f ort es p lu ies , le t orren t B ag an z a a dé b ordé en rom -p an t s es dig u es . b eau c ou p de dé g â t s m ais au s s i de n om b reu x ac t es de s olidarit é .

D es routes inondé es et des fa -m illes qui ont tout p erdu. C ’est la ter-rib le situa tion de quelques qua rtiers de P a rm e a p rè s l’inonda tion. J ’h a b ite à N oc c etto, un v illa g e à dix k ilom è tres de P a rm e ( I ta lie) . En entenda nt les nouv elles et en v oy a nt les im a g es de tout c e qui é ta it a rriv é , a v ec des a m is nous nous som m es dem a ndé c e que

nous p ouv ions fa ire. N ous a v ons dé c idé de nous j oindre à b ea uc oup d’a utres v olonta ires p our a ller dé g a -g er les routes et les m a isons de la b oue. Arm é s de p elles, de b a lla is, de sea ux et de b ottes, nous nous som m es donné rendez - v ous da ns le qua rtier sinistré de la v ille. N ous nous som m es m is à la disp osition des h a b ita nts qui en a v a ient b esoin. N ous a v ons fa it tra v a iller nos m usc les et, a u m ilieu du dé sa stre, nous a v ons a ssisté à de nom b reux g estes de soli-da rité entre des p ersonnes qui ne se c onna issa ient m ê m e p a s. Av ec nous, il y a v a it b ea uc oup de j eunes qui, a u

lieu de p a sser le sa m edi a p rè s- m idi à se b a la der a v ec leurs a m is, é ta ient là à b a la y er la b oue des routes et ils le fa isa ient a v ec le sourire. N ous a v ons fa it la c onna issa nc e de quelques p ersonnes qui se sont a rrê té es p our p a rler a v ec nous. Elles nous ont dem a ndé qui nous é tions et ont é té é tonné es que nous soy ons v enus de v illes v oisines c om m e M odè ne, R eg -g io et P ia c enz a .

A la fi n de la soirée, nous sommes rentré s à la m a ison trè s fa tig ué s et trè s sa les, m a is h eureux d’a v oir fa it quelque c h ose p our les a utres.

Page 24: Nouvelle Cité Afrique - Juillet 2015

2 4

Parole de Viepar Chiara Lubich

N ouve lle C ité Afrique

PARTAGEAMITIE GRACE

RECIPROCITE

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FRATERNITE

UNIVERSALITE

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COMMUNION

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