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Meeting en Espagne en janvier 2015 Ce week-end à Paris, au Forum des Alternatives Pierre Laurent, secrétaire national du PCF lancera un appel en tant que président du Parti de la Gauche Européenne pour amplifier durant tout le mois de juin la mobilisation aux côtés du gouvernement grec « Un moment de vérité pour l’Europe » Jeudi 28 mai 2015 - N° 2100 - Hebdomadaire - 15, rue Furtado - 33800 BORDEAUX Prix : 0,80 euro

Nouvelles N° 2100

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Nouvelles N° 2100 du 28 mai

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Meeting en Espagne en janvier 2015

Ce week-end à Paris, au Forum des AlternativesPierre Laurent, secrétaire national du PCFlancera un appelen tant que président du Parti de la Gauche Européennepour amplifier durant tout le mois de juin la mobilisation aux côtés du gouvernement grec

« Un moment de vérité pour l’Europe »

Jeudi 28 mai 2015 - N° 2100 - Hebdomadaire - 15, rue Furtado - 33800 BORDEAUX Prix : 0,80 euro

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2 • Les Nouvelles 28 mai 2015

ACTUALITÉ DES LUTTES

Le 28 mai à Mont de Marsan, 99 anciens salariés de la centrale EDF d’Arjuzanx demandent justice pour préjudice d’anxiété. Les victimes du travail sont aussi dans le viseur de la régression sociale orchestrée par le Medef et mise en musique par le gouvernement.Suite au rassemblement du 27 no-vembre 2014 à Mont de Marsan pour accompagner 99 anciens salariés du site EDF d’Arjuzanx qui demandaient la reconnaissance du “Préjudice d’Anxiété” et la délivrance des attes-tations d’exposition pour l’ensemble des cancérogènes, le Conseil des Prud’hommes de février 2015 a renvoyé l’affaire devant le juge dépar-titeur lors d’une audience convoquée le 28 mai.Or, le 3 mars 2015, la Cour de Cassation a cassé l’arrêt de la Cour d’Appel d’Aix-en-Provence sur une affaire similaire concernant un gazier d’ERDF, limitant la reconnaissance du préjudice aux salariés des éta-blissements inscrits sur les listes du ministère du travail ouvrant droit à la cessation d’activité (Acaata). La Cour

considère que les autres travailleurs soumis dans les mêmes conditions à l’exposition aux fibres d’amiante, dans des entreprises non inscrites sur les listes, ne peuvent être indemnisés pour ce préjudice.Le préjudice d’anxiété est un outil juridique nouveau tout à fait adapté à de nouvelles formes de préjudice qui interviennent avec des risques à effets différés. Les sanctions économiques, les seules auxquelles les employeurs soient sensibles, interviendraient immédiatement après la faute.En visant à limiter la portée du préju-dice d’anxiété, la Cour de Cassation a pour l’instant donné satisfaction au syndicat patronal, le Medef. “Les membres de cette Cour de-vraient venir expliquer ce juge-ment, aux anciens de l’ex centrale EDF d’Arjuzanx (Landes) dont 121 de leurs collègues de travail ont été reconnus en maladie profession-nelle amiante (36 en sont décédés), soit près de 10% des 1323 agents de l’effectif passé dans cette unité en 32 ans” soulignent les organisations syndicales.

Les patrons doivent être sanction-nés pour des expositions avérées de salariés de leurs entreprises à des produits toxiques ou à des organi-sations de travail délétères.Les salariés, eux, n’ont jamais de-mandé à être exposés à ces produits cancérogènes qu’ils ont manipulés ou inhalés. En sursis de la survenance de pathologies gravissimes, ils peuvent légitimement exiger réparation et disparition des sources de leurs intoxi-cations. D’où la nécessité d’exiger partout la délivrance des Attestations d’Exposi-tions conformes pour l’ensemble des cancérogènes, pour bénéficier de la surveillance médicale.Le 28 mai, le syndicat CGT des Industries Electriques et Gazières, l’UD CGT des Landes, soutenus par le Collectif de défense des victimes de l’amiante du sud-ouest, appelaient au rassemblement et à rencontrer les élus départementaux, régionaux et parlementaires, pour la justice aux victimes du travail.

Le jugement rendu par le tribunal correctionnel de Bordeaux, le 7 mai, a condamné Corinne Versigny, secrétaire générale de l’UD-CGT 33, à 500 euros de dommages et intérêts, ainsi que l’union départe-mentale à 3.000 euros avec sursis et à 1.700 euros de frais de justice, pour avoir alerté les autorités sur les conditions de travail et l’avenir du site girondin de l’équipementier automobile Le Bélier.Dans un courrier à Corinne Versigny, à tous les membres de la direction départementale et aux syndicats et syndiqués de Gironde, la direction confédérale de la CGT dénonce « une décision inique qui - si elle était confir-

mée en appel - ouvrirait une brèche supplémentaire au Medef pour remettre en cause les droits et garanties collectives des salarié(e)s, poursuivre la baisse du coût du travail, museler les délégué(e)s en leur interdisant de contester les choix stratégiques des entreprises ».« Alerter, preuves à l’appui, d’une stra-tégie managériale indigne et des choix de délocalisations deviendrait condam-nable ? » s'insurge la CGT.Ce jugement, qui porte une nouvelle atteinte au fait syndical et à la liberté d’expression, intervient au moment d’une remise en cause des bourses du travail, de l’exercice du droit syn-dical, d’une répression syndicale de

plus en plus importante au sein des entreprises.Le « bosse et tais-toi » ne peut devenir la règle. Avec tous les syndiqué(e)s de Gironde, La CGT réaffirme qu'elle « ne se taira et ne banalisera jamais les atteintes aux militant(e)s et les droits des salarié(e)s, leur engagement collectif pour les faire respecter et obtenir des avancées sociales pour travailler et vivre dignement ».La fédération de la Gironde du PCF, les communistes girondins, sou-tiennent le combat de la dirigeante syndicale, de son organisation, et de tous les salariés afin de faire gagner la liberté d’expression et de la vérité.

LIBERTÉ D’EXPRESSION

« Bosse et tais-toi ? »

PROCÈS AMIANTE

Préjudice d’anxiété : nouvel outil juridique

Corinne Versigny participait le 16 mai au débat sur la liberté d'expression et l'indépendance de la presse à la fête de l'Humanité Gironde. Elle y a pris la parole pour dénoncer « une justice de classe » et les « tentatives d'intimidations de celles et ceux qui se mêlent de leurs affaires », en l'occurrence la réalité du traitement des salariés et l'avenir de l'emploi.

Les syndicats CGT, FO et SNETOSSA / CFE-CGC de la CARSAT appelaient à la grève les employés et cadres le 26 mai et organisaient un rassemblement devant le siège de la CARSAT Aquitaine au Lac.Depuis 10 ans, la Sécurité sociale fait l’objet d’une réduction drastique de ses effectifs : 16 000 au niveau national, ce qui explique le retard chronique de paiement des retraites. Les fonctions d’accueil et de conseils sont réduites à une peau de chagrin, limitant fortement la possibilité d’être reçu. La fermeture de l’agence de Villeneuve-sur-Lot, et le regroupement imminent des agences de Bordeaux centre et Lormont à Cenon (Jean Zay) vont à l’encontre de l’accueil de proximité. La mise en place en juin 2015 de nombreuses bornes « interactives » assorties d’un système encore plus informatisé et compliqué en novembre prochain ont pour but de supprimer l’accueil sans rendez-vous.Enfin, sur fond de revendications nationales des politiques de conventions d’objectifs et de gestion (COG) et CPG qui aggravent les conditions de travail, augmentent les risques psychosociaux et dégradent la qualité du service public, les trois organisations syndicales dénoncent des objectifs inatteignables qui mettent en danger tout le système de retraites. De plus, aucune augmentation de salaire n’a eu lieu depuis 2008.

CARSAT

Pour l’accueil de proximité

Le 26 mai, dans le cadre d’une journée d’action nationale des centres financiers, à l’appel des organisations syndicales CGT, SUD, FO et UNSA, 332 agents du Centre Financier de Bordeaux étaient en grève (plus de 50% des effectifs d’exécution et plus de 80%, voire 90%, dans les services les premiers touchés). Le personnel refuse d’être la variable d’ajustement de la rentabilité financière de La Banque Postale qui a reçu 352 millions de CICE en 2014.Depuis des années, les emplois ne cessent de disparaître dans les services financiers de La Poste au gré des restructurations(3450 emplois au plan national depuis 2009). La Banque Postale cherche clairement à augmenter ses bénéfices en rognant sur la masse salariale alors qu'elle affiche un résultat d'exploitation en 2014 de 842 millions d'euros en hausse de 16%.Alors que le chômage continue de croître, les entreprises 100% publiques comme La Poste et sa filiale La Banque Postale se doivent de préserver l’emploi qui a un impact direct sur la qualité du service rendu à tous les usagers, surtout les plus fragiles. Les organisations syndicales rappellent qu’en 2014, La Poste a pourtant reçu de l'État 352 millions d'euros au titre du CICE pour créer des emplois.

POSTES BX DOCKS ET LORMONT

En grève des postiers contre la précarité70 % d’agents titulaires à Bx Docks et 84 % d’agents titulaires à Lormont le 26 mai en grève illimitée pour s’opposer aux suppressions d’emplois dans le cadre d’une réorganisation à l’appel de la CGT FAPT, SUD PTT et FO.COM.Malgré les nombreuses séances de négociation, les facteurs ont décidé à l’unanimité de déposer un préavis de grève, d’une durée illimitée à compter du 26 mai.Soutenus par la CGT, les facteurs exigent le maintien de tous les emplois sur le site de distribution de Bx Docks et la transformation des CDD en CDI pour combler les emplois laissés volontairement vacants par La Poste Un rassemblement était organisé le 27 mai devant le bureau de Poste de Lormont et un tract distribué aux usagers devant les différents bureaux de Poste des quartiers impactés, ainsi qu’une pétition de soutien.

BANQUE POSTALE

En grève pour la création d’emplois

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Les Nouvelles 28 mai 2015 • 3

EditorialACTUALITÉ

Espagne : le souffle du changementUn nouveau signal vient de retentir dans l’Europe libérale et austéritaire présentée comme seul horizon possible et crédible à des peuples qui partout, subissent les politiques de casse des droits sociaux, au travail et dans la vie quoti-dienne.

Le vote en Espagne marque une rupture avec le bipartisme à l’œuvre depuis 30 ans. Dans un contexte particulier qu’on ne peut, sauf à com-mettre de regrettables raccourcis, transposer en France ou ailleurs.

Cette rupture s’est construite sur la crise, l’échec des politiques menées, sur la volonté de chan-ger d’époque face à des institutions usées par le clientélisme, le rabougrissement du pouvoir, mais elle s’est surtout construite à partir de la prise en compte d’une volonté aussi profonde que populaire de changement.

Podemos, Izquierda Unida et leurs alliés ont percé le mur du bipartisme. C’est un événement majeur et une raison d’espérer. Pour autant, rien n’est joué, pas plus à Barcelone et Madrid qu’en Grèce.

On le voit chaque jour, les forces du renoncement se mêlent à celle de l’argent roi prêt à tout pour maintenir au pouvoir, coûte que coûte des choix contraires aux intérêts des peuples. Quand les forces du changement l’emportent aux élections comme en Grèce, c’est la Troïka, l’Union Euro-péenne qui asservissent un peuple.

Quand en Espagne, ces mêmes forces mettent fin au bipartisme, ce sont les puissances euro-péennes qui menacent et tentent d’étouffer dans l’oeuf toute perspective de changement.Il faudra regarder précisément ce qui va être mis en œuvre durant les prochains mois en Espagne comme ailleurs.

Et regarder dans le même temps en France ce qu’il est possible de faire bouger, les lignes de ruptures et celles de rassemblement majori-taire dans la population. Le chemin se fait en marchant, sans a priori mais avec une volonté puissante : celle de construire une véritable alternative.

La question des contenus de politiques nou-velles en rupture avec celle qui n’a qu’un but, satisfaire les forces de l’argent, et la question du rassemblement à vocation majoritaire sont intimement liées.

Chaque bataille, chaque élection, chaque initia-tive politique se doit de faire grandir en perma-nence la force d’une espérance, et de la rendre crédible.

Cette espérance ne naît pas spontanément sur les ruines d’une société déchirée, mais bien sur le terreau fertile d’une volonté de progrès social et démocratique, de celle de vivre mieux, de percer un horizon bouché par le renoncement.

Sans cette visée transfor-matrice, dans toutes ces dimensions, pas de chan-gement possible.

Sébastien LabordeSecrétaire départemental

du PCF 33Membre du Conseil national

« Chers amis,

Après presque quatre mois de négociations intensives, nous avons atteint un moment de vérité pour notre projet européen commun. Le gouvernement dirigé par SYRIZA fait de son mieux pour parvenir à un accord honorable avec ses parte-naires européens et internationaux respectant à la fois les obligations de la Grèce en tant qu’Etat membre-européen, mais aussi le mandat électoral du peuple grec.

Le gouvernement dirigé par Syriza a déjà entamé une série de réformes qui s’en prennent à la corruption et à l’évasion fiscale généralisée.

Les dépenses sont freinées et les recettes fiscales collectées dépassent les attentes, permettant d’atteindre un excédent budgétaire primaire de 2,16 milliards (janvier-avril 2015), bien supérieur à l’estimation initiale d’un déficit de 287 millions.

Parallèlement, la Grèce a honoré toutes les obligations de sa dette avec ses ressources propres - cas unique parmi les Nations euro-péennes - puisque tout versement de fonds a été coupé depuis août 2014.

Quatre mois de négociations épui-santes ont passé, durant lesquels, systématiquement, les créanciers de la Grèce ont tout fait pour contraindre

le gouvernement dirigé par SYRIZA à appliquer l’exact programme d’aus-térité rejeté par le peuple grec aux élections du 25 janvier.

L’asphyxie de liquidités orchestrée par les institutions a conduit à une situation critique pour les finances de notre pays, rendant insupportable le service des titres de créance à venir.

Le gouvernement grec a fait de son mieux pour parvenir à un accord, mais les lignes rouges - ayant à voir avec des excédents primaires durables et réalistes, la restauration des contrats collectifs et du salaire minimum, la protection des travailleurs contre les licenciements massifs, la protection des salaires, des pensions et du système de sécurité sociale contre de nouvelles réductions, l’arrêt des privatisations à prix bradé, etc- doivent être respectées.

La souveraineté populaire et les mandats démocratiques doivent être respectés. Il ne faut pas confondre la patience et la bonne volonté du peuple grec avec la pro-pension à céder à un chantage sans précédent. La démocratie européenne ne doit pas être asphyxiée.

La période est cruciale ; nos parte-naires européens doivent faire preuve de volonté politique pour surmonter l’impasse actuelle. Cet appel n’est pas seulement un appel à la solidarité, c’est un appel au respect des valeurs

européennes essentielles.

Dans ce cadre, SYRIZA appelle tous les acteurs sociaux et politiques, progressistes et démocratiques, conscients du fait que la lutte de la Grèce ne se limite pas à ses fron-tières nationales, mais qu’elle est une lutte pour la démocratie et la justice sociale en Europe.

Dans ces moments critiques, nous appelons à des actions de solida-rité sociale et politique, allant de l’organisation de rassemblements et de campagnes de sensibilisation à travers l’Europe, à des initiatives institutionnelles dans les assemblées locales, régionales et nationales et des déclarations individuelles ou collectives de soutien aux efforts de la Grèce pour faire passer le paradigme européen d’une austérité désastreuse à un nouveau modèle de croissance durable.

Votre soutien est d’une importance capitale, non seulement pour le peuple grec, mais aussi pour l’ave-nir de l’idée européenne. »

Tasos Koronakis Secrétaire du Comité central de la

SYRIZA Athènes, le 18 mai 2015

Tasos Koronakis sera présent les

30 ET 31 MAI À PARIS

au Forum européen des alternativesInitié par le Parti de la gauche européenne (PGE), ce forum sera ce week end l’événement le plus positif qu’aura connu notre pays depuis le début de l’année. L’ensemble des forces de la gauche européenne, politiques, syndicales, associatives, qui souhaitent travailler ensemble pour des alternatives à l’austérité et soutiennent l’expérience engagée par le gouvernement grec seront présentes à ce rendez-vous.

Ouvert à tous sur la place de la Ré-publique, il intervient à un moment crucial pour l’expérience grecque.

Pierre Laurent, secrétaire national du PCF, y lancera un appel en tant que président du PGE pour amplifier durant tout le mois de juin la mobilisation aux côtés du gouvernement grec.

APPEL DE SYRIZA

« Un moment de vérité pour l’Europe »

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4 • Les Nouvelles 28 mai 2015

Crédit photo : Guy Mallié et Pierre Vignau

EN DÉBAT À LACULTURE DE PAIX

« Les barbelés, les murs, ne sont pas la solution »

MEURTRE DES MILITANTES KURDES À PARIS

Justice pour Rojbin, Sakiné et Leyla !

C’est Nordine Idir, secrétaire du MJCF et co-auteur avec Salah Ha-mouri du livre «Palestine-France, quand les jeunes résistent», qui a amorcé l’échange animé par Vincent Bordas. Avec Dominique Josse, responsable au PCF du secteur Relations internationales, et Pascal Torre, de l’association France-Kurdistan, les débats ont porté sur l’état de guerre au Moyen Orient et le rôle déterminant que la France pourrait jouer pour des solutions politiques.Nordine Idir évoque la période post-électorale contradictoire en Israël avec une avancée des forces progressistes malgré la victoire de la droite et de l’extrême droite. Une contradiction qui s’exacerbe entre les avancées diplomatiques pour la reconnais-sance d’un Etat palestinien - 136 pays dont dernièrement le Vatican - et un durcissement des violences israéliennes sur les Palestiniens, mais aussi sur les progressistes israéliens.«La France vote mais n’agit pas» dira-t-il, soulignant la timidité, voire la lâcheté du gouvernement français avec un Parlement qui vote pour cette reconnaissance mais en reste à l’acte symbolique, de même que sa motion au Conseil de sécurité de l’ONU qui «reste vide de sens» sans «conditions posées pour faire appliquer les résolutions».Des résolutions dont il appelle « à faire connaître le contenu » pour se battre « avec les mouvements de solidarité et les jeunes », aspiration qui résonne en France et dans le monde avec celle à la démocratie, à vivre en paix et dans la dignité. A l’appui, il cite l’appel « Breaking the silence », nouveaux témoignages de soldats israéliens sur la guerre «sale» menée à Gaza, qui circule notamment sur les réseaux sociaux. Pour Nordine Idir, « seule l’implication des citoyens permettra que le débat s’ouvre sur une autre diplomatie fran-çaise pour une paix juste et durable ».

La solution diplomatique

La situation du peuple kurde, dans les bouleversements du Moyen Orient, n’est pas moins dramatique

et Pascal Torre en dessine à grands traits l’historique, des années 80 à aujourd’hui. Il évoque les crises récurrentes, la révolution iranienne, les tensions Irak/Iran, puis une nouvelle période de tension après des années 90 plus calmes : « Ce qui est nouveau, c’est l’effondrement d’états et de sociétés tout entières comme en Syrie, en Libye, avec une confessionalisation des oppositions. »Au Kurdistan, un thème est devenu fédérateur, « la kurdicité » dira-t-il, qui permet de « faire société », car les Kurdes de Turquie sont porteurs de la culture de paix et s’adressent à l’ensemble des forces démocratiques qui peuvent se rassembler autour d’un programme progressiste, féministe, démocratique.Un processus en difficulté aujourd’hui avec le développement guerrier de l’Etat Islamiste (EI). Le conflit qui opposait 4 états s’est aujourd’hui déplacé contre l’EI que la Turquie soutient, notamment en lui livrant des armes.Au plan international, la solidarité autour de Kobanê, a obligé le pré-sident français, qui ne parlait que des Kurdes d’Irak, à recevoir Erdogan à Paris, même s’il n’a pas répondu à la demande d’agir pour que les prison-niers ne soient pas livrés à l’EI et que cessent les livraisons d’armes.Il faut également faire grandir la mobilisation pour exiger la vérité et la justice pour les trois militantes kurdes assassinées à Paris et la sortie du PKK de la liste des organisations terroristes.La France pourrait ainsi restaurer son image diplomatique en agissant pour le peuple kurde, comme pour les Palestiniens.

Quels outils pour regagner la paix ?

Pour Dominique Josse, « les mêmes causes ont les mêmes effets » sur le continent africain, comme l’illustre l’actualité dramatique de la mort de milliers de migrants méditer-ranéens qui fuient la misère et les guerres.« L’occident est prêt à utiliser l’arme du chaos pour dominer les régions, les soumettre au néolibéralisme, c’est le

visage de la mondialisation libérale ». Un cynisme dénoncé dans le dossier de « l’Humanité Dimanche » sur la vente des Rafales : «Pendant la guerre, les affaires marchent ! »Depuis 20 ans « la France a perdu beaucoup de ses marchés en Afrique et s’enferme dans une politique étrangère de la force afin de tenter de reprendre pied en Afrique subsaharienne », quitte à entraîner des désastres comme au Mali et en Centrafrique. « L’Africa France », en lieu et place de la Françafrique, « revendique l’aide au développement ». C’est « un axe politique alternatif majeur » pour le PCF et les progressistes pour imposer de vraiment construire la paix.Dominique Josse pose la question du contenu de ces aides, soulignant les terribles inégalités du développement actuel, capitaliste, où la soi-disant modernité se traduit par « une pro-gression de 600 000 portables mais une personne sur deux qui n’a toujours pas accès à l’eau potable ! » Nouvel eldorado des marchés, des entrepreneurs, qui louchent sur les richesses du sol et du sous-sol, cette orientation déstabilise le continent africain. Face à cette impasse pour l’humain, la France peut agir pour des coo-pérations et un co-devéloppement, porteurs de vraies richesses : « C’est la seule issue pour s’attaquer aux racines du terrorisme, aux entre-preneurs de l’obscurantisme » dira Dominique Josse, « les barbelés, les murs ne sont pas la solution ». Faisant le lien avec les attentats contre Charlie-Hebdo, il invite « à pousser loin la réflexion contre les entrepreneurs de la violence ».

Le débat se poursuit

Suite aux questions posées dans l’espace Forum qui accueillait plus de 80 participants, Nordine Idir insistera sur le droit international qui a le pouvoir de faire respecter les droits démocratiques des peuples : « L’avan-cée des droits palestiniens est source de progression pour tous les droits des pays voisins. » Il invite à pousser très fort pour « des actions de décolonisation »

Les investigations concernant le triple meurtre des militantes kurdes assassinées à Paris en janvier 2013 sont terminées mais pour le PCF « l’affaire n’est pas close ».Malgré toutes les tentatives et malgré les espoirs, la levée du secret-défense n’aura pas révélé les informations indispensables à l’enquête, les documents remis aux avocats ayant été censurés. Ainsi M.Valls n’aura pas tenu ses promesses de « tout faire pour obtenir la vérité ». Fait exceptionnel, le gouvernement de la France n’aura jamais, non plus, reçu les familles des trois victimes, ce qui aurait pourtant constitué un signal ferme adressé aux commanditaires quand tous les éléments de l’enquête orientent vers les services secrets turcs.S’agit-il de ne pas froisser la susceptibilité de la Turquie et de considérer, une fois encore, que la diplomatie économique doit primer sur la vie humaine, y compris sur le territoire français ?Le PCF n’aura de cesse pour qu’un procès s’engage et que la vérité soit dite, afin d’obtenir justice pour ces trois femmes engagées pour la paix, Rojbin, Sakiné et Leyla.

et souligne qu’il n’est pas neutre que « la France [soit] le principal fournisseur d’armes à Israël ».Sur la nécessité de gagner d’abord la paix en Palestine, évoquée par une participante, Pascal Torre invite à « ne pas hiérarchiser les combats ». Ce sont « tous les champs de l’ inimitié » qu’il faut aider à évoluer. Pour les Kurdes, il souhaite que « tous les Etats soient maintenus en créant les conditions d’une fluidité aux frontières afin de permettre à toutes les diversités culturelles et religieuses d’exister dans un Etat laïque ».L’ONU est questionnée sur son efficacité et Dominique Josse invite tous les mouvements progressistes à réfléchir au rôle que pourrait jouer un outil de vraies « nations unies » dans un monde de division, un outil pour l’heure « verrouillé aux intérêts capitalistes ».

Sur le rôle de la France, il cite encore l’exemple de la Côte d’Ivoire, qui pou-vait retrouver une unité par la mise en place de droits sociaux comme l’accès aux soins, processus cassé par l’ingé-rence militaire de la France.Il est donc crucial de faire converger les besoins, les luttes pour des avan-cées sociales et démocratiques, de réorienter les choix économiques, en France et en Europe : une autre poli-tique à gauche dont il sera question ce week-end au Forum des alternatives à Paris.

Ch. Texier

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Les Nouvelles 28 mai 2015 • 5

Crédit photo : Guy Mallié et Pierre Vignau

Le public de la Fête de l’Huma était en nombre au rendez-vous du débat sur la liberté d’expression et de soutien à la presse d’opinion, le samedi à l’Espace Forum. Animé par Vincent Bordas, pour les Nou-velles, il rassemblait des acteurs de la presse indépendante pour revenir sur les attentats de janvier qui ont ensanglanté la rédaction de Charlie Hebdo, et sur l’énorme mobilisa-tion citoyenne qui a suivi. Ce qu’il faut en retenir, ce que nous avons à continuer, ensemble…Vincent Bordas a introduit le débat en rappelant la volonté de « revenir sur ce que nous avons vécu de manière brutale en janvier dernier, cette violence

De Charlie à la laïcité, ne pas oublier !

inouïe tournée contre des camarades de combat et de bien des combats » et de tenter de répondre à cette question posée dès le 7 janvier sur le parvis des Droits de l’Homme à Bordeaux : comment continuer ensemble ? » L’animateur du débat a ensuite pré-senté les intervenants : Pierre Sauvey, président du club de la presse, « que les manifestants du 11 janvier avaient pu entendre sur la place des Quinconces où il avait pris la parole juché sur une camionnette » ; Marc Large, dessi-nateur de presse pour Sud-Ouest, Siné-Hebdo, etc., « un habitué des Fêtes de l’Huma » ; Rosa Moussaoui, journaliste à l’Humanité « car les acteurs de Charlie disparus en janvier

étaient aussi des acteurs de l’Huma-nité » ; Walid Salem, directeur de Rue89 Bordeaux, « créé il y a un an et demi, ce site d’informations en ligne est déjà devenu un acteur incontournable de l’ information locale, notamment pour les militants que nous sommes ». Jérôme Thovel et Sergio, du journal satirique Zélium dont la sortie de chaque numéro est un défi.Avant de revenir sur l’énorme mani-festation du 11 janvier, l’évocation de la disparition d’une partie de la rédaction de Charlie Hebdo a suscité, encore une fois, une grande émotion. Le 7 janvier décrite comme « une journée de cauchemar » par Marc et Rosa, la nouvelle brutale des événements, l’attente, les coups de fils qui sonnent dans le vide, le décompte des morts, des « copains », des « camarades ».Mais la journaliste de l’Huma rap-pelle aussi que « depuis 3 ans, les journalistes sont devenus des cibles ». Et de citer le photographe canadien Ali Moustafa, tué à Alep (Syrie), en mars 2014 ou encore les journalistes américains décapités par le groupe Etat Islamique la même année. « Sans réaction internationale à la hauteur », regrette Rosa Moussaoui.Walid Salem ne se sent « pas très légitime pour parler des événements de janvier ». « Je les ai vécus comme tout le monde, comme je vis face à d’autres horreurs. » Pour lui, les frères Kouachi « ont été emportés par une idéologie plus forte que la nôtre ». Et il insiste sur le fait qu’il y a aussi des acquis en France comme le droit au blasphème.« On ne met pas de hiérarchie dans l’horreur, commente Vincent Bordas, mais on a senti très fort un attachement à cette presse satirique ». À Bordeaux, le soir même des atten-tats, c’est le Club de la presse qui prenait l’initiative du premier ras-semblement sur le parvis des Droits de l’Homme. « Ce rendez-vous était essentiellement destiné aux journalistes, explique Pierre Sauvey, mais nous nous sommes trouvés au milieu d’une réaction populaire très forte. Le 11 janvier, la foule était immense et je me souviens d’un rejet fort de la barbarie, des amalgames, de la haine. Je me souviens aussi que c’est la partie de mon discours sur la défense des valeurs de la République qui a été la plus applau-die. Il ne faut pas salir, comme le fait en

ce moment Emmanuel Todd, cet élan sincère, populaire, qui s’est exprimé. » Un 11 janvier qui ne fait pas l’una-nimité et dont il n’est pas possible de faire une lecture homogène. Les différents intervenants n’ont donc pas été surpris, dans le débat qui a suivi, du sentiment exprimé d’un una-nimisme imposé par le traitement médiatique des attentats, l’écœu-rement provoqué par le défilé des chefs d’États et autres manœuvres politiques. Un sentiment largement partagé.L’hypocrisie politique derrière le soutien à Charlie Hebdo amène le débat sur les conditions de vie de la presse indépendante. Les interve-nants rappellent que Charlie Hebdo allait mettre la clé sous la porte, « victime comme d’autres titres de la politique mise en place pour tuer la presse d’opinion », dit Rosa Moussaoui et « même au-delà » précise Walid Salem, « on ne sait jamais quand un article peut déplaire et fera qu’on per-dra telle ou telle publicité, notamment institutionnelle. »Casse du système coopératif de distribution de la presse, répartition de l’aide à la presse sur critères de rentabilité, le marketing qui remplace le rédactionnel, la précarisation des journalistes, la baisse du nombre de carte de presse, la loi sur le rensei-gnement qui explose la protection des sources pour les journalistes,… Nombreux sont les exemples de ce qui menace l’indépendance de la presse et, donc, la démocratie.La liberté d’expression mise à mal, Corinne Versigny, secrétaire générale de l’Union départementale CGT en témoigne également : « pour avoir dénoncé des méthodes managériales douteuses et des conditions de travail terribles, j’ai été accusée de diffama-tion. La liberté d’expression est atta-quée dans tous les domaines. »

Le droit au blasphème, est-il vraiment une liberté ? Peut-on être libre d’offen-ser les croyants ? Charlie Hebdo n’est-il pas allé trop loin en stigmatisant les musulmans ? N’a-t-on pas le droit de ne pas se sentir « Charlie » ?Le débat sur ces questions a été nourri et les réponses des intervenants sans concession sur la défense de la liberté d’expression : « On a le droit de ne pas aimer ce que fait Charlie Hebdo mais on n’a pas le droit de tuer pour ça », « il ne faut pas confondre morale et droit », « le droit au blasphème est un acquis pour la liberté d’expression », « moquer Dieu est une tradition satirique », « on a le droit de se moquer des religions ». Et de rappeler que Charlie Hebdo le faisait de toutes, jusqu’à se faire pour-suivre en justice pour « cathophobie ». Vivre ensemble dans nos différences, c’est le cadre laïc et pour Marc Large « la laïcité c’est le mec qui a le droit de croire à des conneries et moi j’ai le droit de dire que c’est des conneries. On ne peut pas parler d’islamophobie concer-nant Charlie car derrière ce terme il y a le racisme et ce n’est pas le cas. » Plusieurs intervenants démontrent que l’interdiction de représenter le prophète est issue d’une vision étri-quée de l’islam, une idéologie diffusée par des « entrepreneurs de haine » qu’il ne faut pas accepter.Défendre la laïcité, « comme la pru-nelle de nos yeux », sans se la laisser voler par l’extrême droite, voilà ce qui émerge du débat, de ce que nous avons à continuer ensemble. Combattre l’anti-islamisme et les amalgames qui en découlent aussi, car c’est « un piège dressé à la société française, à la fois par ces barbares et par l’extrême-droite ».

Christelle Danglot

LIBERTÉ D’EXPRESSION INDÉPENDANCE DE LA PRESSE

ÉLUS COMMUNISTES ET RÉPUBLICAINS

L’ADECR a tenu deux débats sur la fête, animés par son président Patrick Alva-rez : l’un sur la politique régionale avec Alain Baché, conseiller régional Front de Gauche et le dimanche matin sur la réforme territoriale avec Jean-Jacques Paris et Max Guichard, en présence de nombreux-ses élus-es. Grande région, métropolisation, mutualisation et réduction des budgets, des personnels, ont été décryptés afin de se donner les moyens de mener la bataille politique, avec les citoyens, à partir des besoins, en particulier de services publics.

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6 • Les Nouvelles 28 mai 2015

Deux générations de résistants se sont rencontrés à la fête le 17 mai, autour de leurs livres respectifs. Georges Durou, ancien résistant, qui pour son engagement commu-niste, a vécu une jeunesse privée de liberté entre 1940 et 1945, dédicace son ouvrage « Mes printemps de barbelés » réédité à l'occasion de cette fête, aux côtés de Nordine Idir, secrétaire national du MJCF qui, lui, dédicace son livre d'entretien avec Salah Hamouri, « Palestine-France, quand les jeunes résistent ».Un instant de mémoire partagée en ces temps sombres, sur la résistance d'hier et celle d'aujourd'hui. C'est avec plaisir et émotion que Georges Durou, militant des jeunes communistes lors de son arrestation, rencontre Nordine et engage la conversation.

D'abord sur l'actualité des Jeunes Communistes, sur le contenu du livre de Nordine. Ce dernier explique que c’est un entretien avec un jeune franco-palestinien, emprisonné dans les geôles israéliennes pendant 7 ans, et pour lequel la mobilisation de plusieurs organisations a participé à faire connaître son cas aux autorités françaises. Nordine lui rappelle qu'à l'époque, Salah est le seul prisonnier français à n'avoir jamais été aidé par l’État, et que seule la mobilisation a permis de dévoiler son sort. Cet ouvrage raconte aussi la suite de la libération de Salah, sa vie en Palestine, surveillé par les autorités et empêché de faire ses études suite à des restrictions d’accès sur le territoire.

Georges se retrouve dans l'histoire de ce jeune prisonnier, et dans sa résis-tance au quotidien, lui qui se retrouva engeôlé pour activité communiste pendant la seconde guerre mondiale.

Il explique à son tour le travail de mémoire qu'il exécute encore au-jourd'hui, dans les collèges et lycées, qui sont des bases mais ne suffisent pas pour lui. Les jeunes sont réceptifs à son histoire, mais une rencontre par an, ça lui paraît trop court.

Nordine en profite pour expliquer à Georges le rôle du MJCF aujourd'hui, pour aller plus loin dans le passage de flambeau des derniers témoins des an-nées sombres. Partout où des commé-morations ont lieu (Camp de Souge, Mont-Valérien, Chateaubriantd…), les jeunes communistes sont présents et se font le relais générationnel de cette histoire.

Une initiative nationale est prévue : une lettre ouverte à François Hollande pour la journée de la résistance, pour lui rappeler le rôle des jeunes commu-nistes dans l'Histoire.

Georges tient à rappeler que le pro-gramme du CNR est le meilleur moyen de faire le lien entre les géné-rations, à l'heure où les socialistes au pouvoir continuent le travail de destruction de celui-ci, engagé par la droite.

Nordine insiste sur le fait que les Jeunes Communistes et la société en général ont besoin de combativité à l'heure actuelle, et qu'il faut effective-ment partir de cette base, mais aussi l'enrichir, que ce soit au niveau des avancées sociales comme sur la culture de paix, gravement mise en danger aujourd’hui.

L'échange s’est conclu sur une dédi-cace respective et une poignée de main chaleureuse.

Benjamin Regonesi

EN DÉBAT À LAPASSAGE DE FLAMBEAU

La résistance d’hier et d’aujourd’hui

SCIENCES, ÉCOLOGIE, ÉCONOMIE…

Enjeux écologiques, donc humains

Crédit photo : Guy Mallié et Pierre Vignau

De nombreux débats se sont tenus dans l’Espace Livres avec les auteurs (voir p. 8). Si nombreux que l’Espace Forum a accueilli celui d’Amar Bellal et Gérard Le Puill sur la transition écologique/énergétique. Le rédacteur de «Progressistes» donnait à voir ce que cette revue apporte notam-ment à la réflexion sur les sources d’énergies, appelant à la progression de la recherche fondamentale car les énergies dites renouvelables butent toujours sur l’obstacle de leur «stockage» dans la durée.Gérard Le Puill présentait son livre « L’écologie peut encore sauver l’écono-mie » où il montre que si la mondialisation capitaliste s’oppose en permanence à la préservation des ressources naturelles, il restent néanmoins aux états et aux citoyens des marges de manoeuvre pour éviter les catastrophes liées au réchauffement climatique : cela passe par l’économie circulaire, l’agro-écologie, le covoiturage, l’autoproduction et implique une prise conscience qui nous amène à modifier nos habitudes de consommation. Un plaidoyer pour inciter chacun à agir dès maintenant.

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Les Nouvelles 28 mai 2015 • 7

PCFAGENDA

BÈGLES

Hommage aux acteurs de libertéLe PCF Bègles invite, samedi 30 mai, à 11 heures, à se rassembler au cimetière de Bègles afin d’aller dépo-ser les plaques du souvenir sur les tombes de nos camarades, Claude Scipion et Simone Rossignol qui furent respectivement conseiller général et maire de Bègles.

Ce sera l’occasion de rappeler que ces élus prirent leur place dans le combat contre le nazisme et pour la liberté, faisant vivre tout au long de leurs mandats, avec les citoyens béglais, les valeurs du Conseil National de la Résistance dans la mise en oeuvre de politiques publiques municipales et dé-partementales, pour l’égalité et la jus-tice sociale. Pour vivre tous ensemble des « jours heureux ».

FÊTE DE L’HUMA

Bourriche de MérignacNuméros gagnantsN° 95, billet de couleur orange : 1 lot de flûtes et la bouteille de crémantN° 78, billet de couleur rouge : un lot de 2 bouteilles de vinN° 62, billet de couleur orange : une corbeille gourmandeN° 117, billet de couleur orange : un jambonLes lots sont à retirer auprès de la section de Mérignac, 16 avenue de Belfort

Les communistes du Bassin d’Ar-cachon se sont joints à ceux du Réolais pour rendre hommage à Henri Martin, à son engagement de résistant, de communiste et d’anticolonialiste1. Jacques Lesbats, qui avait milité pour la libération d’Henri Martin, puis contre les guerres d’Indochine et d’Algérie, a relaté les événements des luttes au quotidien pour refuser les guerres coloniales : distribuer des tracts, informer, résister. Avec d’autres camarades girondins, il avait milité aussi, comme partout en France, pour la libération de Ray-monde Dien, alors emprisonnée au Fort du Hâ, en 19502. À l’occasion de la Fête, était présenté le livre de Raymonde Dien3 ainsi qu’une lettre4 qui était adressée aux amis et camarades girondins qui se sont cer-tainement retrouvés, avec émotions. Pauline Masson, responsable de la Jeunesse Communiste de la Gironde a été chargée de lire cette lettre, en présence de jeunes étudiants et de Nordine Idir, secrétaire national du MJCF.

Alain Ruscio4 qui n’avait pu se dépla-cer, a adressé un témoignage, en tant qu’historien, sur l’importance pour le peuple vietnamien des résistances et des combats anticolonialistes des communistes français et de leur parti. Cette rencontre encourage les mili-tants communistes à poursuivre leur solidarité avec le peuple vietnamien et algérien5. Face aux offensives du capitalisme, le combat pour la Paix et la souveraineté des peuples ne peut que se renforcer .

1. Texte de Jacques Lesbats. Www.pcfbassin.fr 2. Lettre de Raymonde Dien. Www.pcf-bassin.fr 3. http://www.aafv.org/les-memoires-de-raymonde-dien 4. http://www.cuem.info/?page_id=379 5. http://www.humanite.fr/alain-ruscio-la-societe-francaise-est-encore-marquee-par-la-question-algerienne-574124

HENRI MARTIN

Hommage et témoignages de girondins

Simone et Claude face à l’immense chantier de l’assainissement .

BASSIN D’ARCACHON

Hommage aux jours heureuxDimanche 31 mai 2015 / 11 h 61 b, av. de la Libéra-tion à Biganos à l’occasion de la Journée Nationale de la Résistance*, les communistes du Bassin d’Arcachon convient fraternellement à rendre hommage, pour hier, aujour-d’hui et demain, à tous ceux qui aspirent à « des jours heureux ».*27mai 1943 : date anniversaire de la création du Conseil National de la Résistance dont le programme « Les jours heureux » sera mis en œuvre à la Libération en 1944. Ses objectifs de Paix, de souveraineté nationale et populaire, de justice et de progrès social sont toujours d’une brulante actualité, notamment, 10 ans après le « NON » au TCE.

ROBERT PICQUÉ

L’offre de soins publique à la fête

Nos camarades villenavais ont connu une affluence désormais ancrée à leur stand sur la fête. Avec des camarades béglais et de Bordeaux sud, ils en ont profité pour faire signer la pétition pour le maintien de l’offre de soins publique à Robert Picqué, étayée par une expo explicative. Le collectif de défense, initié par l’UL CGT de Bègles et les retraités CGT se constitue officiellement cette semaine.

Les 6 et 13 décembre prochains auront lieu les élections régionales. Pour la première fois nous voterons pour élire nos représentants dans une future assemblée et une région composée de 12 départements.Ce redécoupage des régions, la loi NotrE visent à faire des régions immenses pour satisfaire la sphère financière et le grand patronat dans un contexte d'aggravation de la crise sociale, économique et politique.Cette réforme n'est pas la « NotrE », nos députés et sénateurs s'y sont opposés alors que celle-ci étaient adoptée avec les voix de la droite au Sénat quand une majorité de séna-teurs de gauche votaient contre ou s'abstenaient.Les conséquences de cette loi, comme des politiques gouvernementales de réduction des dépenses publiques seront subies directement par les populations.Les inégalités territoriales vont se creuser par la mise en concurrence de tous contre tous. Les services publics vont souffrir jusqu'à disparaître de territoires entiers.

Construire l’alternative

L'heure est plus que jamais à la construction d'une alternative poli-tique. Les élections de décembre prochain sont pour nous une nouvelle étape dans cette construction.

C'est pourquoi nous les abordons avec ambition :Ambition sur les contenus avec la mise en débat des politiques régionales menées depuis 5 ans en Poitou Cha-rentes, en Limousin et en Aquitaine, et mise en débat des grands axes de batailles que nous allons mener durant la campagne et tout au long des 5 années qui viennent. Sur le plan du développement économique, industriel, agricole, de l'aménagement du territoire, des transports, du frêt ferroviaire du transports de voyageurs, de la formation professionnelle et de l'enseignement secondaire, nous voulons mettre en débat des propo-sitions en rupture avec les politiques d’austérité menées en France et en Europe.Ambition sur le plan du rassem-blement. Nous voulons contribuer à l'élection d'une majorité bien à gauche. Dans un contexte difficile pour celle-ci, quel chemin pour porter dans l'assemblée des élus porteurs des aspirations populaires à vivre mieux, des luttes des salariés, des besoins des populations ?Nous voulons battre la droite et l'extrême droite, car la population de notre grande région n'a rien à gagner à voir l'UMP et le FN arriver au pouvoir.Nous voulons mettre en œuvre un pacte régional pour le progrès et

nous visons pour cela le rassemble-ment le plus large.

Le débat et le vote des communistes

Nous entrons dans la phase de débat des communistes et dans le même temps nous allons interpeller nos partenaires du Front de gauche et l'ensemble des forces de gauche dans nos départements, puis au niveau régional. Cette phase devrait aboutir à une conférence régionale qui soumettra ensuite au vote des communistes de nos 12 départements les axes politiques et stratégiques débattus lors de cette conférence.C'est enfin avec l'ambition de ras-sembler le plus largement possible dans un débat public ouvert que nous nous engageons dans cette période. Rassembler les communistes d'abord, nos partenaires du front de gauche ensuite, d'autres formations qui partagent notre ambition d’un pacte régional pour le progrès, des femmes et des hommes qui aujourd'hui sont disponibles pour construire une nou-velle espérance, un nouvel élan social, démocratique et écologique.

Sébastien LabordeSecrétaire départemental du PCF 33

ÉLECTIONS RÉGIONALES - 6 / 13 DÉCEMBRE 2015

Un pacte pour des régions solidaires, citoyennes, écologiques

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8 • Les Nouvelles 28 mai 2015

CULTURE & SOLIDARITÉ

Les Nouvelles de Bordeaux et du Sud-Ouest S.A.S. au capital de 37 000 eurosAssociés (à parts égales) : L. Chollon, F. Mellier, S. LabordeDirecteur de la publication : Frédéric MellierAbonnement 1 an : 25 euros. Abonnement de soutien : 40 eurosRédaction, composition, impression : S.A.S. Les Nouvelles de Bordeaux et du Sud-Ouest15, rue Furtado - 33800 BORDEAUXTél. 05 56 91 45 06 - Fax 05 56 92 61 01 - Annonces légales : [email protected]é : [email protected] - Redaction/Proposition d’article : [email protected] paritaire de presse : 0113 C 85932

20ÈME ANNIVERSAIRE

Fête de la MorueRestaurant La Morlache les 5 et 6 et 7 juin à Bègles

Animations en ville pour les grands et les petits, des arts de la rue, du théâtre, de la musique en boîte ou en live, des restaurants, et surtout… de la Morue & des bougies !

Le restaurant des communistes béglais sera ouvert le vendredi 5 et le samedi 6 au soir à partir de 19h.

Menu adultes à 18€ (15€/repas pour groupe de 10) Menu enfants à 8€Animation musicale

CHRONIQUENOUVELLES IDÉES REÇUESpar Gérard Loustalet Sens

L’importance prise aujourd’hui par ce que j’appelle ici la noblesse d’Etat doit attirer l’attention sur un phé-nomène historique et universel que Bourdieu désigne comme « la division du travail de domination entre les pouvoirs temporels et les pouvoirs spirituels ou culturels, guerriers et prêtres, hommes d’affaires et intellectuels » (La noblesse d’Etat, p. 376). Ces deux catégories de dominants diffèrent par la structure de leur « capital » : pour le bourgeois capitaliste, c’est le capital économique (revenus, patrimoine, actifs financiers...) qui est le plus important, pour l’intellectuel de pouvoir c’est le capital culturel (titres et diplômes, biens culturels...). Il peut y avoir conflit entre ces deux groupes, les intellectuels restant des dominés parmi les dominants.On peut considérer aujourd’hui que la tradition marxiste -et sans doute Marx lui-même- ont sous-estimé les effets de la lutte des classes dans la superstructure -lutte des classes dans la théorie, disait Althusser à propos de la philosophie marxiste-, autrement dit l’importance du travail d’imposition de la domination effectué par cette catégorie sociale que l’on nomme généralement « intel-lectuels » mais dont la composition est très hétérogène ce qui la conduit à être parfois, pour certains en tout cas, écartelée entre la classe capitaliste et les classes populaires. Le travail du philosophe marxiste Jacques Bidet est ici particulièrement intéressant pour resituer le double aspect de la domination de classe dont il faut répéter qu’elle est à la fois économique et idéologique. On sait que Gramsci déjà avait théorisé le caractère déterminant de la conquête de l’hégémonie culturelle dans la révolution sociale. Jacques Bidet a pour sa part conçu un ensemble théorique dont les attendus sont d’une grande érudition mais les conclusions d’une grande clarté.La société fonctionne selon deux médiations (modalités des relations entre personnes, groupes, classes), le marché et l’organisation. Le marché car les échanges qui ont toujours existé entre groupes humains ne sauraient se réduire à la trivialité du marché capitaliste, même si le capitalisme a instrumentalisé ce dispositif en en faisant un facteur de la structure de classe capitaliste. Le fonc-tionnement du marché capitaliste est largement informé par la tradition marxiste, les formes de l’organisation beaucoup moins. Jacques Bidet parle à ce sujet de « l’incomplétude » de l’analyse de Marx même si celui-ci a bien utilisé le terme d’ « organisation ». L’organisation c’est l’ordonnancement a priori des fins et des moyens d’une société. Ici aussi le capitalisme a instrumentalisé cette médiation en facteur de classe, c’est-à-dire en élément constituant la société en classes antagonistes. Ces deux médiations sociales instrumentalisées recèlent alors, dit Jacques Bidet, un « potentiel de domination pouvant faire l’objet d’un privilège socialement reproduc-tible » (Foucault avec Marx, La fabrique, 2014, p. 15). Ce privilège s’énonce en termes de propriété sur le marché et de compétence dans l’organisation. Cette analyse permet de repérer une classe dominante autour de deux pôles : les capitalistes détenteurs d’un pouvoir-propriété et les compétents détenteurs d’un pouvoir-savoir... Et revoilà ici la noblesse d’Etat, même si celle-ci n’épuise pas le groupe des « dirigeants-compétents ». Cette classe dominante, fondée sur la propriété et le savoir, s’oppose, dans la terminologie de Jacques Bidet, à la classe fondamentale ou classe populaire définie comme l’ensemble de ceux dont le travail est exploité dans la structure de classe moderne. Dans d’autres formula-tions, Jacques Bidet parle de trois forces sociales : le Capital, l’Elite, le Peuple.Dans l’ouvrage cité plus haut, l’auteur entend mobiliser la pensée du philosophe et historien Michel Foucault -malgré sa conversion aussi tardive qu’ambigüe au libéralisme- pour analyser le pouvoir-savoir conçu comme « privilège de diriger autrui au nom de com-pétences acquises-reçues- conférées» (p.86). Analyse d’autant plus nécessaire que l’osmose entre capitalistes et « compétents » atteint des sommets avec le régime social-libéral. Il est urgent de poser en termes nouveaux la vieille question de l’alliance de la classe ouvrière et d’intellectuels de plus en plus tentés par le repli sur leur(s) privilège(s), les plus nantis d’entre eux -Sciences-Po, HEC, ENA- étant les plus sûrs garants de la perpétuation de la domination du Capital.

Le Capital, l’Elite, le Peuple

MODIFICATION DE GERANCE

SGOP ImmobilierSARL au capital de 1 500 €

92 rue Mathieu – 33000 BordeauxRCS Bordeaux : 509335378

Suite à l’ AGE en date du 05/05/2015 il a été décidé de modifier la gérance :M. Jean Claude GAILLOT né le 17/01/1947 à Metz (57), demeurant 9 cité Lavoisier 33440 Ambarès et Lagrave a été nommé gérant de la SARL SGOP immobilier à la place de Mr Stéphane GAILLOT, ancien gérant.

Pour avis,

ANNONCES LÉGALES

Réservations :12, rue du Prêche - 05 56 49 44 79

ou [email protected]

Restons calmes : d'une fête de l'Huma 33 à l'autre la continuité est extrêmement présente: elle fait même la force des communistes puisqu'elle permet le petit miracle de recommencer tous les ans... et de se renouveler ! Nous -mo-ribonds que nous sommes...- sommes aussi le seul parti poli-tique à tenir pareille initiative populaire et culturelle sur le sol girondin.Le forum du livre, très accueil-lant avec son espace ouvert (on ne change rien !), retrouvait avec plaisir La librairie Renaissance et son ample choix, la revue L'Ormée, les éditions-poésie du Serpolet, l'IHS-CGT (institut d'Histoire Sociale), Attac, et bien entendu Espaces-Marx !

Quoi de neuf alors, sous le soleil de la fête?

Plus de neuf qu'on ne croit, à la surprise des habitués... Alors que la crise du livre est pesante, le stand Espaces-Marx a vendu davantage de livres politiques qu'il ne l'avait fait depuis longtemps et des jeunes, plus qu'habituellement, l'ont fréquenté et ont échangé.Un nouveau camarade (son opi-niâtreté fut payante) a fait en-

tendre, le samedi, des poèmes de nos frères en combat et en poésie, comme Léon Moussinac, Robert Desnos, Paul Eluard, Louis Ara-gon : ce n'est pas rien !)Nous avons -cette année- accueilli des auteurs de nos amis que nous n'avions pas vus depuis un certain temps -pour le moins- à la fête. Voici un signe... qui fait sens !On citera, dans le désordre amical d'une mémoire fantasque, Jean-Marie Harribey, Michel Cabannes, Matthieu Montalban et Marie-Claude Bergougnian, Christian Malaurie, Patrick Rödel et Gabriel Okoundji. Ils ont, avec d'autres, contribué à l'animation du stand. Comme ils faisaient plaisir à voir, ils ont su nous donner du plaisir à entendre...Ainsi, parmi d'autres, le dialogue improvisé entre Patrick Rödel, le philosophe, et Gabriel Okundji, le

poète, était à savourer : le premier a évoqué ses démêlés avec le « puis-sant » plagiaire Alain Minc. Le spinoziste Patrick Rödel a obtenu justice pour son vrai travail philoso-phique et ridiculisé cet Alain Minc, VIP (sic) imbu de lui-même et de la classe qu'il sert. Quant au poète congolais et « occi-tanisé » Gabriel Okundji, il a su dire tout ce qu'il doit au grand poète Bernard Manciet, et tout ce que ce dernier pouvait trahir de lourdeur en voulant faire de Gabriel, sur son seul nom, un poète algérien...Comme dirait plus ou moins je ne sais trop qui : « mercis pour ces moments» pluriels et conviviaux ! Grâce à elles et à eux tous, la matière du stand et la matière des livres...délivrent et invitent à la mise en oeuvre.

Vincent Taconet

Des livresà la fête