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POUR NOS DROITS AU TRAVAIL, CONTRE LE CHÔMAGE ET LA PRÉCARITÉ, TOUS MOBILISÉS ! Jeudi 17 mars 2016 - N° 2142 - Hebdomadaire - 15, rue Furtado - 33800 BORDEAUX - Prix : 0,80 euro

Nouvelles N° 2142

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Nouvelles N° 2142 du 17 mars

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Page 1: Nouvelles N° 2142

POUR NOS DROITS AU TRAVAIL, CONTRE LE

CHÔMAGE ET LA PRÉCARITÉ,

TOUS MOBILISÉS !

Jeudi 17 mars 2016 - N° 2142 - Hebdomadaire - 15, rue Furtado - 33800 BORDEAUX - Prix : 0,80 euro

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2 • Les Nouvelles 17 mars 2016

ACTUALITÉ

COMMISSION DÉPARTEMENTALE DE COOPÉRATION INTERCOMMUNALE

Des arrangements sans projets et sans prise en compte des populations

COUR DES COMPTES

Relancer le Port en diminuant les effectifs

Le lundi 7 mars, la Cdci se réu-nissait une deuxième fois pour amender le schéma de coopé-ration. Ainsi partout se met en place le volet intercommunal de la fameuse loi NOTRe (Nouvelle Organisation Territoriale de la République) qui est censée donner une répartition plus efficace et plus économe du réseau des col-lectivités territoriales. En réalité, ce nouveau schéma est le théâtre d’arrangements, sans prise en compte des conséquences pour les populations et surtout sans leur avis.

Le 7 août 2015, une cinquantaine de sénateurs et députés (dont le socialiste girondin Gilles Savary) votait la loi NOTRe. Parmi les mesures, il est instauré comme règle qu’une Cdc (Communuaté de communes) ne pourrait compter moins de 15 000 habitants au 1er janvier 2017. Un calendrier précis et une méthode sont fixés pour atteindre cet objectif. Les préfets publient, en octobre 2015, sans consultation des maires, un projet de schéma départemental de coopération intercommunal (Sdci). Ce projet débattu par les communes et les intercommunalités est rejeté massivement.Par deux fois, le 12 février et le 7 mars 2016, la Commission départemen-tale de coopération intercommunale (Cdci) a voté des contrepropositions. La première réunion s’est attaquée au nouveau découpage du Nord gironde (Blayais, Cubzadais) et du Libour-nais. Le sort du Médoc, des Côteaux macariens et de l’Entre-deux-mers a été décidé à la réunion du 7 mars.

Dans l’Entre-deux-Mers

L’avenir de ce vaste territoire, compris entre la Dordogne et la Garonne, est complexe. Il ne concerne pas moins de 5 Cdc, qui n’atteignaient pas le seuil des 15 000 habitants, et plu-sieurs autres Cdc qui pouvaient être amenées à fusionner avec certaines d’entre elles.La décision finale s’est prise plus ou moins difficilement selon le cas où les élus des territoires étaient unis ou divisés, portaient un projet commun ou non.Très vite, par exemple, les élus de la Cdc de Targon ont exprimé le souhait de rejoindre la Cdc de Sau-

veterre-de-Guyenne pour garder une identité rurale et une proximité. La fusion en bloc a donc été facilement votée.Par contre, les élus de l’Artolie comme ceux des Côteaux macariens étaient très divisés et les conseils municipaux avaient exprimé des sou-haits de fusion très divers et parfois contradictoires.Dans ces deux cas, les CDC vont finalement être divisées en trois et rejoindre trois CDC différentes ce qui ne manquera pas de poser des problèmes de répartition des équi-pements et du personnel dans les mois à venir.Lionel Chollon, maire de Loupiac et membre de la Cdci, déplore qu’une loi votée en catimini impose un seuil et un calendrier pour fusionner. « Plutôt que la contrainte, la construc-tion de projets communs devraient être le moteur des rapprochements entre communes, entre territoires, entre Cdc. L’augmentation de la taille minimale des CDC impose un nouveau modèle de gestion des territoires, où le pouvoir de décision s’ éloigne de plus en plus du citoyen. Le plus souvent totalement exclus des décisions, les citoyens vont dé-couvrir dans quelques mois que toutes ces décisions ont été prises, en général, sans leur avis. Ils vont apprendre dans quelques semaines que leurs enfants devront changer de centre de loisirs, de crèche, de halte garderie, d’école de musique, d’élus de référence…Pour mon secteur, je regrette que les maires du canton de l’Entre-deux-Mers n’aient pas cherché à s’unir autour d’un projet commun. Ils n’ont pas été aidés par leurs conseillers départe-mentaux qui ont été particulièrement silencieux et absents des débats. Cela a donc permis à quelques fortes person-nalités locales de manœuvrer en coulisse pour imposer leur choix. Le maire de Sauveterre-de-Guyenne étend son influence sur le Targonais, le maire de Langoiran, aidé par une adjointe au maire de Bordeaux, renforce un axe Langoiran -Latresne, à droite et pas qu’au bord de la Garonne. Pour le Cadillacais, la fusion avec le Poden-sacais est autant porteuse d’espoir d’une échelle suffisante pour assurer son développement que de risquer de perdre en singularité et en autonomie. Pour moi, la priorité aujourd’ hui est de faire en sorte qu’émerge, dans chaque commune, la voix des citoyens n’acceptant plus qu’on décide pour eux.

Ils doivent prendre en mains leur destin et celui de leur commune. »

Dans les Côteaux macariens

Dans les Côteaux macariens, dont la Commission départementale de coo-pération intercommunale n’avait pas réglé le cas, dans un premier temps, le sous-préfet a réuni en suivant les présidents des 3 Cdc et les maires pour essayer de trouver une solution. Le Président de la Cdc des Côteaux Macariens a initié une pétition pour que la Cdc reste entière car il était question d’éclatement. Devant l’absence de consensus et de solution, Philippe Plagnol (président de la Cdc de Langon et membre de la Cdci) a présenté un amendement prévoyant le rattachement de 5 communes à La Réole (St-Pierre-d’Aurillac, St-Martin-de-Sescas, Caudrot, Ste-Foy-la-Longue et St-Laurent-du-Plan), le rattachement de St-Laurent-du-Bois (qui l’avait demandé) à la CDC de Sauveterre-de-Guyenne et le ratta-chement des 8 autres communes à Langon (Le Pian, St-Macaire, St-Maixant, Verdelais, Semens, St-Martial, St-Germain-de-Graves, St-André-du-Bois). C’est la décision qu’a prise la CDCI et qu’entérinera certainement le Préfet dans le schéma définitif.« Cette explosion n’est pas réjouissante, commentent les militants communistes de la commune, car les gens ne vont rien comprendre à une décision prise en dehors d’eux, et des élus communaux aussi d’ailleurs, mais qui va avoir des conséquences sur leur vie quotidienne et certainement la compliquer. Les communes devraient pouvoir choisir le plus librement possible leur regrou-pement mais le système créé par la Loi NOTRe ne prévoit pas qu’on tienne compte de leur avis ni qu’on demande son avis à la population. Cet état de fait est une cause mais aussi une conséquence du ras-le-bol des élus de terrain qui ont un rôle de plus en plus compliqué et difficile à tenir, sans en avoir les moyens. La commune de St Pierre d’Aurillac a été très claire et a exprimé des positions nettes au cours des réunions du conseil municipal et de l’ information à la population. Mais la gestion de ce dossier de fusion de la CDC des Côteaux Macariens met en évidence aussi les contradictions de certains maires. Même dans les petites communes, le fossé se creuse entre les politiques et la réalité des gens. »

La Cour des comptes s’est fendue d’un rapport de 66 pages sur la gestion du Grand Port Maritime de Bordeaux entre 2008 et 2014. Ce rapport s’acharne à chercher de la rentabilité dans les chiffres qu’il manipule pour leur faire dire ce qu’il veut, sans tenir compte de la situation écono-mique, sociale et géographique du port de Bordeaux.

La principale conclusion du rapport de la Cour des comptes est de pré-coniser la baisse des effectifs pour relancer le Grand Port maritime de Bordeaux. On peut faire un parallèle avec la loi travail qui, en facilitant les licenciements, veut inverser la courbe du chômage !

La variable d’ajustement reste tou-jours les salariés. Ceux-ci représen-teraient une charge trop lourde pour faire des profits !

Ainsi, le rapport s’appui sur une période (2008-2014) où les ports français ont été frappés de plein fouet par la réforme portuaire consistant à céder à des opéra-teurs privés les outillages (grues, portiques) et les salariés attachés à ces outillages. Un long bras de fer entre les personnels du port et le ministère des transports a paralysé les ports, occasionnant des baisses de trafic important. Ce rapport s’arrête en 2014 alors que le CPER 2015-2020 prévoit 116 millions d’investissements pour le GPMB et que le port s’apprête à annoncer un plan stratégique ambitieux, avec notamment le redémarrage de l’avant port du Verdon.

La Cour des comptes s’ingénue ensuite à comparer différents ports pour étayer l’idée qu’il y a trop de salariés au port de Bordeaux par rapport à son trafic portuaire.

Cyril Mauran, secrétaire général de la CGT du port de Bordeaux et Jé-rémy Barbedette, secrétaire général de la CGT des ouvriers dockers de Bordeaux, que nous avons rencon-trés, dénoncent cette manipulation. « Comment comparer La Rochelle un port face à la mer et un port au fond d’un estuaire ? Le port de Bordeaux s’ étend sur 2 600 hectares avec 7 sites (Le Verdon, Pauillac, Blaye, Ambès, Gratequina, et Bordeaux) et il nécessite d’ importantes opérations de dragage afin de maintenir un chenal de navigation suffisamment profond pour permettre aux cargos de grande capacité de remonter l’estuaire ». Les deux responsables CGT rappellent que ces opérations sont à la charge de l’État qui, en ne payant pas ce qu’il doit au Port, se désengage de ces opérations pourtant vitales pour le bon fonctionnement. « Près de 100 personnes au Port sont affectées à ces opérations de dragage. Doit-on sup-primer ces postes ? » Interrogent-ils.

« Les 7 sites sont présentés comme une dispersion non rentable du port, pour-tant ils sont des atouts non négligeables puisqu’ ils permettent d’accueillir tout type de marchandises et de bateaux. »

Aujourd’hui le port redémarre lente-ment et l’économie aquitaine a tout intérêt à se tourner vers lui comme débouché plutôt que la route. Mais nous touchons ici à des choix poli-tiques qui favorisent la route plutôt que le rail ou nos voies fluviales.

Ce n’est pas en diminuant les effec-tifs que le port sera plus efficace ou plus rentable. C’est en utilisant cet outil qui existe tout au long de notre estuaire, en le développant au quotidien avec le trafic voyageurs, marchandises et pourquoi pas déchets, que nous le ferons vivre.

Stéphane Le Bot

Sud Gironde : les Cdc du Vallon de l'Artolie et des Côteaux macariens vont être éclatées.

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Les Nouvelles 17 mars 2016 • 3

EditorialEN LUTTE

Rejet massif de la casse du Code du Travail

Depuis un mois, les tenants du libéralisme tentent de désamorcer la bombe de la « Loi travail » sur la forme, multipliant les plans de communication pour la rendre incontournable, politiquement et économiquement. Une des stratégies est de rendre illisible, inaudible, tout acte et discours la remettant en cause, en caricaturant ceux qui portent d’autres choix. Donc, la jeunesse de notre pays se mobiliserait sans savoir ce qu’elle fait, serait légère, immature et égoïste. Le traitement de Sud-Ouest nous apporte même une analyse bien poussée dans son édition traitant de la manifestation du 9 mars.D’autres utilisent le chantage du Front national, comme JC. Cambadélis, qui prédit « une centaine » de députés FN en 2017, s’il n’y a pas de compromis autour de la Loi Travail (Le canard enchainé du 9 mars).Enfin, le million de signataires de la pétition numérique initiée par Caroline De Haas, serait inculte et ne maî-triserait absolument pas le sens véritable de la Loi en question. La députée de Bordeaux, Michelle Delaunay (cf p. 2 de notre précédente édition), déclame à qui veut l’entendre : « Combien en ont lu une seule ligne ? ». Elle aurait préféré entendre la « vraie gauche » s’indigner du sort fait aux femmes victimes d’inégalités sociales et culturelles et du sort fait aux migrants… Et hop, ni vu ni connu, on mélange tout, et on déplace les actes du gouvernement, dont est issu Mme Delaunay, sur les épaules des citoyens : si tu es contre c’est que tu es un égoïste ethno-centré. Cette Loi, sur le fond économique et la place de la finance dans la sphère publique, fait l’unanimité de la classe politique libérale. Elle donne un cadre légal à l’idée que le champ du politique ne peut rien changer à l’ordre immuable du Marché, dans la continuité des déclarations de Lionel Jospin, alors premier ministre.Au sein de cette pensée idéologique, la façon dont est portée la Loi travail traduit un rapport de force sur qui incarne la « modernisation » : Valls et Hollande, au sein du Medef comme de la Droite. Elle traduit le changement qui s’opère en profondeur dans la représentation politique de notre pays, de la place de la Gauche et de la Droite.Ces batailles idéologiques et sémantiques n’empêchent pas le rejet de la Loi travail par une majorité de nos concitoyens. Pour la première fois depuis l’arrivée des réseaux sociaux numériques, une pétition dont l’objet est social et revendicatif dépasse le million. Ainsi, le début de ce rapport de force se construit en grand par le net, amène une diversification d’actions qui convergent dans les luttes, dans la rue. Une nouvelle étape a été franchie, une seconde pourrait l’être avec un référendum sur les suites à donner, pour tous les signataires de la pétition contre la Loi Travail, après les modifications apportées au projet de loi par Valls. Quoi qu’il en soit, personne n’est propriétaire du mécontentement que traduit la casse du Code du tra-vail. Et quelle qu’en soit l’issue, il faut plus que jamais continuer de construire des alternatives, de donner du sens au rassemblement du peuple, collectivement. Et ça commence aujourd’hui.

Olivier FondriestMembre de l’exécutif du PCF 33

Directeur de la Fête de l’Humanité Gironde

LOI TRAVAIL

Ce n’était qu’un début

Les belles manifestations du 9 mars et le mouvement qui se déve-loppe et s’organise dans les lycées, ont contraint le gouvernement à revoir sa copie. Valls a annoncé des modifications sur plusieurs dispo-sitions pour se concilier certains syndicats, mais la mobilisation autour de l’exigence du retrait du texte semble grandir encore. Les rendez-vous à venir et en particu-lier la journée de grève du 31 mars s’annoncent massifs.

Plus de 70 % des Français opposés au projet de loi travail, selon les sondages, plus de 1,2 million de signataires à la pétition contre cette loi EL Khomri, 500 000 personnes dans la rue mercredi 9 mars. Pour le gouvernement, il faudrait que cela cesse et rapidement. Il semblerait pourtant, que ce n’était qu’un début.

Au moins 15 000 à Bordeaux

À Bordeaux, malgré le temps chao-tique annoncé et les franches averses de grêle, 15 à 20 000 personnes ont parcouru les rues de Bordeaux, de la Victoire à la Victoire, en passant par Gambetta, les quais, Victor Hugo… Un cortège très divers avec des étudiants, beaucoup de lycéens, les organisations de jeunes (UNEL, UNEF, JC, MJS…), les syndicats (CGT, FO, Solidaires, CNT…), les organisations politiques (PCF, PG, NPA…), très mobilisés. Et puis des aides ménagères, des animateurs, des chômeurs, des intermittents, des intérimaires, des précaires, des salariés, surtout des jeunes, beau-coup arborent l’autocollant qui reprend la campagne numérique #onvautmieuxqueça. Tout au long du cortège, de simples bouts de carton, accrochés au cou ou brandis à bout de bras pour crier « Les gens avant l’argent », « L’ économie c’est pas la vie », « séparation du Medef et de l’État », « Travailler moins pour travailler tous et mieux »…Nous croisons Aymeric, chef de rayon dans un supermarché. Il est venu à la manifestation avec des potes, Mathieu, apprenti électricien et Anaïs, étudiante en psychologie. Leur première manif. Ils connaissent le contenu de la loi, ils se sont infor-

més sur internet après qu’Anaïs leur ait apporté un tract distribué à la fac. Ils sont là parce qu’ils savent qu’au travail, face à l’employeur, il faut des droits pour protéger les salariés et puis, surtout, il y a besoin d’emploi et rien dans cette loi ne leur semble aller dans ce sens. Aymeric est plus précis. « On nous explique que les mesures proposées dans ce projet de loi vont aider à la création d’emploi et on cite même des pays comme l’Italie et le Portugal en exemple. Mais justement, dans ces pays on sait ce que ça a donné. À part ramener le salarié à l’esclavage, c’est sans effet sur l’emploi. Par contre, on ne nous parle pas de la Suède qui a décidé de réduire le temps de travail à 32 h et où ça marche ! »Un peu plus loin dans le cortège, un groupe de fonctionnaires de l’Ins-pection du travail. Moins de droits pour les salariés, c’est peut-être moins de travail pour eux ? Pas du tout ! expliquent-ils. Ils sont très remontés contre le gouvernement. « C’est la loi sur laquelle on devra s’appuyer pour gérer la relation employeur-employé, moins de droits c’est encore plus de conflits, plus de problèmes de santé, plus de chômage. On est bien placé pour constater qu’il y a de plus en plus d’emplois précaires et que ce n’est pas une solution, même pas économique. Nous, on est tout le temps dans l’entre-prise alors on sait ce qu’y vivent les gens et on peut vous dire que ça n’a rien à voir avec les discours politiques. »

Opération de déminage

Décalé, coupé des réalités ce gou-vernement ? Sans aucun doute, en tout cas, de ces réalités-là parce que sur les exigences du patronat, il est bien à jour.Le premier ministre, après des arbi-trages réfléchis à Matignon comme à l’Élysée durant tout le week-end et qui auraient donné lieu à une dernière réunion discrète lundi midi avec certains représentants syndi-caux, a reculé sur quelques disposi-tions (lire p.6, texte de Caroline De Haas). Pour tenter de s’assurer d’un maximum de soutiens, des mesures en direction de la jeunesse notam-ment ont également été ajoutées au texte initial. Le premier ministre a annoncé, par exemple, la « création

d’un capital formation pour les jeunes décrocheurs, pour les demandeurs d’emploi peu qualifiés » (les droits de ces derniers étant doublés et plafon-nés à 400 heures). Dans la même veine, la « garantie jeune », qui pro-cure un revenu pour le moment de 450 euros mensuels à ces allocataires, serait « généralisée dès 2017 ».De quoi, pour le gouvernement, voir ses efforts salués par une partie, au moins, des syndicats dits réformistes. Mais l’opération de déminage ne devrait pas effacer l’ardoise. En tout cas pas de quoi convaincre la CGT, FO et la plupart des organisa-tions de jeunesse qui ne s’en laissent pas compter et prenaient à nouveau la rue jeudi 17 mars.Aux rangs des étudiants, lycéens, jeunes chômeurs et précaires, vont bientôt s’ajouter les grévistes du privé. Au lendemain du 9 mars, la CGT Gironde soulignait le « courant de sympathie » recueilli par « les nom-breux arrêts de travail dans les entre-prises et établissements, avec des taux de grévistes importants à la SNCF ». « Ils marquent la volonté et l’espoir, affirme le syndicat, d’ inverser la logique d’une soumission programmée à la loi du marché, à la libéralisation du travail et de la société sous toutes ses formes. »Pour la CGT, cette journée n’était qu’une première mobilisation. Elle organise des assemblées de salariés dans tout le département pour décider des actions menées jusqu’au 31 mars, où elle prévoit une par-ticipation massive aux grèves et manifestations. D’ici là, le 22 mars, ce sont les fonc-tionnaires qui manifesteront pour défendre les services publics et leur pouvoir d’achat. Le 24 mars, jour de la présentation officielle du texte par le gouvernement, verra égale-ment de nouvelles actions, grèves et manifestations.

Christelle Danglot

À lire la suite p.6 de notre numéro.

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4 • Les Nouvelles 17 mars 2016

ETAT D’URGENCE POUR LA LIBERTÉ, L’ÉGALITÉ, LA FRATERNITÉ

POUR UNE RÉPUBLIQUE FRATERNELLE DES ÉGALES ET DES ÉGAUX

Un grand élan démocratique au cœur d’une nouvelle ConstitutionPierre Dharréville, dans La Revue du projet, octobre-novembre 2013

Changer de République fait peur. Car ce n’est pas un geste anodin. Depuis la Révolution française, ce sont toujours des crises de régime qui ont débouché sur des chan-gements de cette nature. Mais ne sommes-nous pas parvenus au stade d’une crise de régime ? Et si elle n’est pas encore advenue, ne faut-il pas la devancer ? Nous sen-tons partout monter la colère contre les responsables politiques, contre les élus, contre les partis, contre les institutions. Mais l’oligarchie poli-tique bipolarisée répond : surtout pas de big bang. Surtout, ne pas ouvrir les États généraux, on ne sait jamais ce qu’il peut en sortir, Louis XVI en a fait l’amère expé-rience. Surtout, ne pas refonder le

pacte démocratique et social, il se pourrait que ce peuple imprévisible veuille de véritables changements.

Une Ve République à bout de souffle

Pourtant, nous avons déjà changé de République. Imperceptiblement et, surtout, subrepticement. Par glisse-ments successifs, les déséquilibres de la Ve République se sont aggravés. Et les réformes institutionnelles en cours dessinent des modifications substan-tielles des conditions d’exercice de la démocratie dans notre pays. Nous sommes dans la République version 5.2. Rien de très révolutionnaire. Les changements opérés ont souvent visé à conforter le pouvoir en place.

Ils ont consisté en des abandons de souveraineté à l’échelle européenne. Et, parfois, à quelques aménagements sous pression populaire comme sur le statut pénal du chef de l’État. Mais la portée de ces changements a toujours été minimisée, et il faut reconnaître que nous sommes toujours restés dans la logique présidentielle originelle, le doute n’est pas permis… Quoique. L’assertion est vraie du point de vue de la mécanique institutionnelle, mais au fond, la véritable question à se poser est de savoir qui exerce en réalité le pouvoir.L’emprise de la finance s’étend de façon tentaculaire dans tous les lieux de décision. La politique dégage une impression d’impuissance de plus en plus forte, sauf pour contraindre le peuple à des régressions sociales. L’abstention, si elle connaît quelques variations, demeure à un haut niveau d’élection en élection. La crise poli-tique et démocratique n’en finit pas de s’approfondir, comme en témoigne le fossé qui se creuse entre les citoyens et leurs représentants. Le principe de laï-cité, qui établit la souveraineté pleine et entière du peuple, constitué des femmes et des hommes libres égaux et associés, est largement mis à mal par les atteintes portées aux valeurs que la République est censée incarner.Mais ses défenseurs n’ont qu’un mot à la bouche pour défendre la Ve République : la stabilité. La stabilité, c’est celle du président, en surplomb, doté d’une légitimité écrasante et de

pouvoirs exorbitants. (…)Pour autant, s’en prendre à cette République monarchique et oligar-chique, est-ce nécessairement tomber dans l’instabilité chronique ? Avons-nous besoin d’un chef suprême à qui sont délégués massivement les pou-voirs du peuple ? N’est-il pas temps d’en finir avec cette conception élitiste qui veut que le peuple soit gouverné au lieu qu’il gouverne ?

L’urgence d’une révolution des consciences

Au stade où nous en sommes, nous pensons qu’il y a besoin d’un véri-table mouvement de réappropriation démocratique et sociale. Nous pen-sons qu’il y a besoin d’ouvrir le débat en grand sur le projet de vie commune de notre peuple et sur les modalités de sa gestion concrète. Nous pensons que la politique n’est pas et ne doit pas être une affaire de spécialistes, de professionnels, de dirigeants. La politique doit être l’affaire du plus grand nombre. Or nous voyons bien que les cadres actuels ne le permettent pas et réduisent même la possibilité de l’intervention populaire. Nous voyons bien que les gouvernants qui font face à des rapports de forces avec les marchés financiers, mais aussi avec d’autres puissances et d’autres projets politiques sont incapables en l’état actuel des choses de se revendiquer de la puissance d’un peuple en mou-vement exprimant une volonté.En somme, la crise de la démocratie

n’a-t-elle pas atteint de telles pro-portions qu’il est désormais devenu incontournable de réagir ? Crise de régime ? Au moment de l’affaire Ca-huzac, tout a été fait pour que le terme disparaisse des radars. Et pourtant. La colère monte, attisée par les affaires mettant en scène des privilèges et des passe-droits, elle prend des formes monstrueuses, parce qu’elle ne trouve pas à s’épanouir dans un projet, dans un espoir, parce qu’elle ne trouve pas à s’exprimer. Une partie de notre peuple est en train de perdre le fil de notre histoire, de ce qui a fait la grandeur de ce peuple profondément marqué par l’idéal égalitaire. Mais les journalistes nous le disent : cette question de la démocratie n’intéresse pas les gens. C’est une question d’élus et nous sommes accusés de défendre notre pré carré, alors que personne n’a envie de nous défendre. Et nous nous le disons parfois nous-mêmes : il faut parler du pouvoir d’achat, des retraites, de l’emploi. Voilà les véritables préoccu-pations, voilà les urgences. Et bien sûr, il faut mener ces combats essentiels. Mais à remettre l’élan démocratique à plus tard, on se prive de développer les leviers de la lutte. De plus en plus souvent, nous sommes confrontés à ce problème : les espaces d’intervention populaire se réduisent comme peau de chagrin. Les verrous sont de plus en plus nombreux. Même l’amnistie sociale est restée dans les tiroirs du parlement. Il est donc temps. Parce que la bataille démocratique et la bataille sociale sont liées : elles sont

La fédération du PCF Gironde a décidé d’ouvrir les oreilles en grand pour préparer son congrès du printemps prochain.

Après une année 2015 qui, entre terribles attaques terroristes et résultats électoraux désarmants, semblait fermer les portes à l’espoir, l’urgence est à la mobilisation et à la rencontre des énergies pour changer rapidement les logiciels. Des forces citoyennes, associatives, syndicales, sont disponibles pour cela. C’est la raison pour laquelle trois débats publics sont organisés dans le mois qui vient, autour des thèmes du Travail, de l’Europe et de la République. Ce dernier débat réunira le 23 mars la sénatrice communiste Eliane Assassi, la représentante bordelaise du syndicat des avocats de France (SAF) Estellia Araez, le militant du devoir de mémoire Karfa Diallo et un(e) syndicaliste girondin. Ce débat aura lieu quelques jours après le débat au Sénat sur l’intégration dans la Constitution de la déchéance de nationalité et de l’état d’urgence. Les intervenants s’efforceront de dégager les urgences sociales, citoyennes qui devraient primer alors que le gouvernement fait le choix du tout-sécuritaire et du compromis anti-social.

3 DÉBATS PUBLICS EN GIRONDE :

MERCREDI 16 MARS À PARTIR DE 20Hsalle Jean Lurçat, BÈGLES

(Tram C, arrêt : Musard ou Liane 43, arrêt : Liberté)

EUROPE :

QUELLE EUROPE DES PEUPLES FACE À LA DICTATURE DE LA FINANCE ?

MERCREDI 23 MARS À PARTIR DE 19Hsalle du Grand Parc, place de l’Europe, BORDEAUX

(Tram C, arrêt : Emile Counord ou Liane 15, arrêt : Place de l’Europe)

RÉPUBLIQUE :

ÉTAT D’URGENCE POUR LA LIBERTÉ,L’ÉGALITÉ, LA FRATERNITÉ

MARDI 5 AVRIL À PARTIR DE 19HMaison des Associations, 11, rue du 8 mai 1945, CENON (Tram A, arrêt : Jean Zay ou Liane 32, arrêt : Rubens)

TRAVAIL :

FACE À L’OFFENSIVE DU MEDEF ET DU GOUVERNEMENT : QUELLE RIPOSTE POUR L’EMPLOI, LA FORMATION ET UN CONTENU ÉMANCIPATEUR AU TRAVAIL ?

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Les Nouvelles 17 mars 2016 • 5

ETAT D’URGENCE POUR LA LIBERTÉ, L’ÉGALITÉ, LA FRATERNITÉ

LIBERTÉ

Réapprendre collectivement et individuellementMichèle Riot-Sarcey, historienne, dans l’Humanité du 11 janvier 2016

LIBERTÉ-ÉGALITÉ-FRATERNITÉ

L’insécabilité de la triade républicainePar Sophie Wahnich, agrégée et docteure en histoire, directrice de recherche au CNRS, dans l’Humanité du 11 janvier 2016

Contrairement aux apparences, la liberté n’est pas acquise. « Être libre, écrivait Pierre Leroux dans les années 1830, c’est pouvoir agir matériellement et intellectuelle-ment. Ainsi l’homme, tout comme la femme, ne peut se contenter de posséder des droits, encore faut-il qu’il/elle soit en capacité de les exercer. » Connaître et non pas admettre est de fait la religion de l’homme libre selon la belle expression de Merleau-Ponty.

L’accès au savoir participe de l’ap-prentissage de la liberté et la connais-sance est la condition de la citoyen-neté au sens souverain du terme. Si nous voulons renouer avec le principe d’espérance, il nous faut donc faire retour sur le XIXe siècle, notre héri-tage, afin de saisir l’actualité d’une liberté oubliée qui fut enfouie sous les décombres de la révolution indus-trielle et de la philosophie du progrès.Nécessité d’autant plus grande que grand nombre de nos ancêtres, fas-cinés par le progrès technique, ont été assujettis à la force des choses

jusqu’à la soumission au fétichisme de la marchandise. Il nous faut donc retrouver les expériences du passé d’où a émergé l’idée de République démocratique et sociale quand, au sein des associations, la liberté indi-viduelle se conjuguait avec la liberté collective.Dans ce processus historique, à l’ère des révolutions, des femmes et des hommes se sont battu-e-s pour obtenir une liberté qui n’a cessé d’être encadrée et contrôlée.Tandis que le libéralisme apprenait aux individus à librement se sou-mettre, le socialisme, au cours du XXe siècle, en particulier, a voulu privilégier le parti d’avant-garde en oubliant que la liberté ne se donne pas, mais se conquiert, dans le lieu même de l’exploitation, de l’oppres-sion et de l’aliénation de la personne humaine ; processus soigneusement entretenu par le système dans lequel nous vivons encore. En d’autres termes, héritiers de décennies de dépossession de la liberté, il nous faut aujourd’hui réapprendre à devenir libres collectivement et individuel-lement.

« La question de la fraternité, c’est une fonction politique. Il ne peut y avoir de fraternité que si cette segmentation de la société est refondée dans une recon-naissance, avec un événement fonda-teur qui permet de réaffirmer quelque chose qui a à voir avec une commune humanité incarnée par le mot “répu-blique”. Mais si le mot “république” n’incarne pas une commune humanité, alors quelque chose n’est pas refondé justement de l’ idéal des Lumières, tel qu’il a été évoqué au début avec Kant et tel qu’on peut encore le souhaiter même si les Lumières sont devenues plus tamisées. (…) De ce point de vue, la question des révolutionnaires, c’est la question de la capacité à faire entrer dans les mœurs cette idée de sentiment commun d’humanité et d’unité du genre humain. C’est l’article 1er de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen : “Les hommes naissent libres et égaux en droits.” C’est l’affirmation dogmatique pour dire qu’il n’y a pas de différence entre semblables à l’ intérieur du genre humain. Pour autant, il ne s’agit pas de s’aimer les uns et les autres à la manière de l’universalité chrétienne. Il s’agit de quelque chose qui est une

affirmation politique. Qu’est-ce que cela veut dire ? Certes, il s’agit d’être sensible, mais il ne s’agit pas d’aimer tout un chacun et d’avoir de l’amitié ou de l’amour pour tout le monde parce que les révolutionnaires, et en particulier Saint-Just, considèrent, comme Kant le dit, qu’on ne peut pas aimer sur ordre. La question n’est pas là. C’est parce qu’on est doué d’une sensibilité à l’ égard de ce sentiment commun d’ humanité qu’on va dé-fendre un certain nombre de principes. Aujourd’hui, on parle de valeurs, on parlait de principes au XVIIIe siècle, et ces principes sont énoncés avec la triade républicaine, triade insécable : liberté, égalité, fraternité. Ce n’est pas un ordre des raisons, c’est quelque chose qui est plutôt une circularité. S’ il y a de la liberté, cela veut dire qu’il y a la reconnaissance du semblable et que tout le monde est compétent pour fabriquer le droit commun, c’est-à-dire les lois communes, et qu’on va pouvoir aimer les lois. C’est cela, le sentiment commun d’humanité : c’est d’aimer les lois qui humanisent et de rejeter les lois qui n’humanisent pas, les lois tyranniques. »

les deux faces d’une seule et même bataille révolutionnaire, celle du pouvoir et notamment du pouvoir sur l’utilisation des richesses produites.La question de la démocratie ne peut être remise à plus tard. Nous ne voulons pas faire le bonheur des gens sans eux, et cela appelle une révolution des consciences. Cela appelle une bataille d’idées monumentale. Une des questions posées demeure celle de l’appropriation sociale des moyens de production et d’échanges. Nous devons travailler cette question, les formes qu’un tel mouvement peut prendre. Mais une chose est certaine : poser la question de la propriété, c’est poser la question de la propriété du peuple, et pas d’une avant-garde éclairée. Donc, profondément, nous voulons la démocratie ! La démocratie n’est pas par nature bourgeoise. Elle l’est lorsque la bourgeoisie exerce le pouvoir de façon quasi exclusive et organise les institutions à sa main pour cela. Et c’est pour cela que nous devons nous attaquer à une nouvelle Constitution. Et provoquer un chan-gement radical dans la vie quotidienne de notre peuple et dans son rapport à lui-même, à ses défis, à son avenir, à ses responsabilités.

Faire vivre de nouvelles formes de démocratie

Faut-il tout attendre d’un hypo-thétique grand soir institutionnel ? Un grand soir dont nous n’avons aucune certitude qu’il ne serait pas suffisamment maîtrisé par les forces dominantes pour ne pas déboucher complètement sur les transformations nécessaires. Nous sommes déjà à l’offensive partout pour faire vivre de nouvelles formes de démocratie.Participative, directe, collaborative, protagonique… Les qualificatifs fleurissent et font débat. Ils montrent en tout cas qu’il existe plusieurs formes de vie démocratique qui ne sont pas toutes égales. (…) Nous sommes dans

une démocratie d’apparence, où toute une partie du choix est occultée par la question du possible. Les institutions elles-mêmes, avec leur alternance bipartite, sont construites pour réduire le champ de vision. Et pourtant, chaque jour qui passe vient justifier la formule que nous employons de « dictature des marchés financiers ». (…)Il faut donc envisager le défi démo-cratique sous deux angles. Celui d’un nouvel acte fondateur nécessaire, qui ne saurait se résumer à une Consti-tuante, même s’il en faudra une. Cet acte de refondation sociale et démo-cratique de la République, c’est notre peuple qui devra en être l’auteur. Et celui d’une Constitution nouvelle, dont il faut dire quelques mots sup-plémentaires (on me pardonnera cette revue lapidaire et incomplète des grands enjeux).

Une Constitution nouvelle

Elle devra tout d’abord étendre le champ de l’exercice du pouvoir démo-cratique et disputer à la finance les parcelles qu’elle a préemptée de façon plus ou moins sauvage. Le nouveau président du MEDEF, Pierre Gattaz, explique dans tous les média qu’il est bon que le gouvernement prévoie d’investir un milliard d’euros par an au service de la compétitivité, mais il avance immédiatement la revendication de voir la contribution des entreprises par l’impôt et les cotisations sociales baisser de 100 milliards. Le pot aux roses est entiè-rement découvert lorsqu’il explique que l’État doit surtout laisser faire ceux qui savent, les entrepreneurs, et se retirer de la politique économique et industrielle, sauf sur demande expresse des non-élus. Dans le même ordre d’idées, la République devra intégrer les services publics et leur démocratisation comme un outil majeur que se donne le peuple pour gérer les biens communs et garantir les droits fondamentaux. Une clari-

fication nouvelle s’impose également sur la démocratie sociale, dont l’accord national interprofessionnel (ANI) ne saurait être le modèle, et sur la Sécurité sociale, avec ses missions.Elle devra ensuite établir un nouvel équilibre des pouvoirs et surtout une nouvelle logique institutionnelle plaçant le peuple en position d’acteur principal. Le rôle du parlement devra être revalorisé et intégré dans cette nouvelle logique. Elle devra recon-naître pleinement le rôle de la démo-cratie locale, quasi-absente du texte actuel, et que la réforme dite acte III de la décentralisation est en train de réduire à la gestion des vélibs. Elle devra, pour déprofessionnaliser la politique, prévoir un statut de l’élu avec des droits et des devoirs. Elle devra établir les voies par lesquelles le peuple pourra jouer un rôle législatif et dans la construction des choix poli-tiques, instituant un droit positif mais aussi un droit défensif pour contester certaines mesures. Dans les nouveaux équilibres elle devra redéfinir son rap-port aux institutions internationales, européennes, méditerranéennes. Elle devra enfin, et il aurait fallu com-mencer par là, réaffirmer les principes fondateurs de l’unité de notre peuple, en affichant l’ambition de parcourir du chemin afin de ne pas en rester à des affirmations de principe.« Si le peuple est souverain, il doit exercer lui-même tout le plus qu’il peut de souveraineté », disait Gracchus Babeuf. Faisons grandir cette exigence révolutionnaire et construisons dès aujourd’hui par nos propositions et notre action la République fraternelle des égales et des égaux, celles des hommes et des femmes libres.

* Pierre Dharréville, est responsable du secteur République, démocratie et institutions du Conseil national du PCF.

La Revue du projet, n° 30-31, octobre-novembre 2013

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6 • Les Nouvelles 17 mars 2016

EN LUTTE

BORDEAUX - PÔLE EMPLOI

Les salariés en grève contre la nouvelle organisation des services

JEUDI 10 MARS À BORDEAUX

Un autre jour de colère et de solidarité

Les agents de Pôle Emploi étaient en grève jeudi 10 mars pour dénon-cer « la dégradation du service pu-blic de l’emploi ». En cause : la nou-velle organisation de l’accueil, qui selon les syndicats les éloignent un peu plus encore des demandeurs d’emploi.

Les salariés étaient appelés à la grève par trois syndicats - CGT, SNU-FSU et Sud - pour dénoncer notamment le nouveau système d’accueil mis en place depuis le 11 janvier dernier. Les demandeurs d’emploi sont désormais reçus l’après-midi uniquement sur rendez-vous, et chaque personne ins-crite ne peut contacter son conseiller référent que par courriel.L’objectif affiché par la direction est de simplifier les démarches des chô-meurs et de gagner en efficacité dans leur accompagnement. Faux-argu-ments, répondent les grévistes, qui dénoncent un système aberrant.« Tout se passe désormais par Internet, explique Stéphanie, conseillère au Pôle Emploi de Mériadeck, à Bor-deaux. Et lorsque le demandeur d’em-ploi arrive jusqu’à l’accueil, on lui dit : vous retournez au poste informatique, pour écrire un mail à votre conseiller. Et la réponse arrive parfois trois semaines après, parce qu’on a des problèmes infor-

matiques. C’est n’importe quoi ! »Et cette nouvelle organisation ne faci-lite pas non plus la vie des chômeurs eux-mêmes. Sylvie, à la recherche d’un poste de secrétaire ou d’esthé-ticienne, garde pour l’instant des en-fants, et comme il n’y a plus d’accueil « physique » l’après-midi, elle ne peut plus se déplacer car le matin, elle tra-vaille. « Comment je fais si je veux voir quelqu’un ? On n’a plus de contact hu-main, et moi, je n’ai pas vu un conseiller depuis mon inscription en octobre. »Le fait que tout se passe par courriel n’arrange pas non plus les affaires de Pierre, la soixantaine. Il cherche un poste dans les transports, et lui, n’a pas internet à la maison. Pour consul-ter les offres d’emploi, disponibles uniquement en ligne, il doit se dépla-cer pour avoir accès à un ordinateur. Or, les postes sont vite pris d’assaut.« Avant, quand on pouvait venir jusqu’à 16h 30, il y avait des creux à la mi-journée, on pouvait avoir un ordinateur libre. Maintenant, c’est de plus en plus dur. Lorsqu’on sait qu’on peut être sanctionné si l’on n’apporte pas les preuves suffisantes qu’on a bien effectué des démarches pour trouver un emploi… »

Reportage France Bleu Gironde

Jeudi 10 mars, après la mobili-sation des jeunes pour refuser la galère, c’était au tour de centaines de retraités de la Gironde et leurs organisations syndicales CGT, Solidaires, FSU et FO de manifes-ter dans les rues de Bordeaux pour refuser la misère. C’est le niveau des retraites et des pensions de réver-sion qui met les retraités en colère.À chaque jour sa révolte mais aussi ses solidarités et ses convergences de lutte. Car les retraités n’étaient pas absents de la manifestation de la veille, ils n’ont pas oublié que face à un patron, il faut des lois qui pro-tègent, des administrations pour les

faire respecter et surtout des syndicats pour lutter.Ce jeudi, alors que les étudiants tenaient des AG pour décider des actions à venir, les salariés de Pôle emploi en grève (lire ci-dessous), soutenus par les associations de chô-meurs (AC ! et APEIS) et le Collec-tif des intermittents, intérimaires et précaires, également mobilisés contre les attaques sur le régime d’indemni-sation, ont rejoint les retraités dans la rue.Une matinée qui s’est soldée par un « Tous ensemble ! Tous ensemble ! C’est nous qui allons gagner. »

ALERTE

Le gouvernement bouge ! À quand le retrait ? Par Caroline DE HAAS, une des initiateurs de la pétition numérique #loitravailnonmerci, le 14 mars

MOUVEMENT JEUNES COMMUNISTES DE FRANCE

Camille Lainé : «  Nous voulons rebâtir l’espoir  »

Après 3 semaines de déni et de tentatives de « pédagogie », le gou-vernement reconnait enfin que son projet de loi ne passe pas !

Les choses ont donc bougé, grâce à nous ! La philosophie générale du projet de loi reste pourtant toujours la même : moins de droits pour les salarié-e-s, plus de souplesse pour les chef-fe-s d’entreprise. Et depuis 3 semaines, personne n’a réussi à démontrer que ces mesures vont permettre de créer des emplois ! Nous sommes plus de 1 260 000 personnes a avoir signé cette péti-tion. Nous n’avons pas demandé des

aménagements ou des modifications mais un retrait de ce texte. Pour les initiateurs et initiatrices de la péti-tion, le compte n’y est pas. Et vous, qu’en pensez-vous ? Les changements suite aux annonces de Manuel Valls : le plafonnement des indemnités prud’homales en cas de licenciement abusif devient « indicatif », l’allongement du temps de travail pour les apprenti-e-s mineur-e-s est supprimé, l’extension du forfait-jours est un peu plus enca-dré, la durée du congé en cas de décès d’un proche ne pourra être inférieure à la loi. Le gouvernement a égale-ment annoncé un renforcement du

Compte Personnel d’Activité (CPA) et une extension de la garantie jeune (déjà annoncée en février, sans garan-tie de financement pour l’instant).Ce qui ne change pas dans la Loi Tra-vail : la possibilité pour une entreprise de licencier sans avoir de difficultés économiques, la suppression de la visite médicale obligatoire, la possibi-lité par accord de majorer seulement de 10 % les heures supplémentaires, la possibilité par accord d’allonger le temps de travail, la possibilité de fractionner les 11 heures de repos hebdomadaires, l’augmentation du travail de nuit, la baisse de rémuné-ration des heures complémentaires pour les temps partiels, la modula-tion du temps de travail sur 3 ans, la durée de vie réduite des accords d’entreprise, la possibilité de contour-ner les syndicats en organisant des référendums, la possibilité par accord d’imposer aux salariés une baisse de leur salaire et une modification de leur temps de travail, la suppression du minimum de 6 mois de salaire à titre de dommages et intérêts en cas de licenciement injustifié, l’abaisse-ment de 12 à 6 mois du minimum de dommages et intérêts en cas de licenciement pour inaptitude à la suite d’un accident du travail ou de maladie professionnelle sans recherche de reclassement…

« La jeunesse doit être rattachée au droit commun et ne doit plus être considérée comme une sous-catégorie privée de droits », a affirmé avec vigueur Camille Lainé, élue le week-end dernier secrétaire générale du Mouvement jeunes communistes de France (MJCF). Interviewée par l’Humanité, elle affirme : « Nous voulons le retrait de cette loi car même si le premier ministre essaie de désa-morcer la contestation en proposant des mesurettes, cela ne réglera pas le problème de fond. De bout en bout, ce projet casse le Code du travail et donc les droits des salariés. Et les jeunes sont concernés au premier chef

malgré ce qu’on prétend. » Même si la disposition prévoyant qu’un apprenti puisse bosser plus de 10 heures par jour et 40 heures par semaine est abandonnée, il reste qu’un jeune sur quatre est aujourd’hui au chômage et la JC « ne voit pas comment faciliter les licenciements pourrait ne pas aggraver le problème ». « Depuis plus de vingt ans, les mêmes mesures libérales sont appliquées, sans que le chômage ne recule, poursuit Camille Lainé. En revanche, les 35 heures ont créé des emplois et c’est précisément ce que détruit la loi El Khomri. »Pour elle, si les étudiants se mobi-

lisent, « c’est qu’ ils sont de plus en plus nombreux à être salariés avec des boulots très précaires. La conséquence c’est qu’un sur deux est en échec en première année. (…) Le gouvernement veut prétendument faire du CDI la norme, tout en s’attaquant à ce qui en fait une garantie contre la précarité. Même la droite n’avait pas osé aller si loin. S’ il y a des casseurs d’avenir au gouvernement, nous, nous voulons rebâtir l’espoir. »« On peut être lycéens, étudiants, travailleurs, chômeurs. Mais le point commun entre nous tous, c’est la précarité que l’on subit. La jeunesse doit être rattachée au droit commun et ne doit plus être considérée comme une sous-catégorie privée de droits. Pour cette raison, nous défendons la création d’un statut social de la jeunesse qui comprendrait l’accès de tous à une formation de qualité avec un service public de l’orientation, un salaire étudiant, l’accès aux transports, à la santé, à la culture… »« Si François Hollande affirme qu’il ne lâchera pas, nous non plus. Nous serons à nouveau nombreux dans la rue le 17 mars et jusqu’au 31 mars avec les syndicats de salariés. »

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Les Nouvelles 17 mars 2016 • 7

PCF

POUR UN PRINTEMPS DE L’HUMANITÉ

Appel urgent aux donsPar Patrick Le Hyaric, directeur de l’Humanité (extraits)

AUX RENCONTRES DE SCIENCES PO

Grand oral de Pierre Laurent24 mars 2016 de 17h à 19h, amphithéâtre Montesquieu, Université Montesquieu, 11, allée Ausone, 33607 PessacPierre Laurent, secrétaire national du PCF, président du Parti de la gauche européenne (PGE) et sénateur de Paris est invité à répondre à toutes les questions se rapportant à l’histoire du mouvement communiste en France, aux combats actuels du PCF, à son ambition pour le futur, en France et dans le reste du monde.

Nous vous devons la vérité. L’Humanité est en danger !

Malgré nos alertes répétées auprès des institutions garantes du pluralisme de la presse, malgré nos demandes réitérées d’une répartition plus équi-table des dépenses publicitaires des grandes entreprises et des institu-tions publiques, malgré nos efforts constants pour assainir nos finances, l’Humanité ne tient que grâce à votre soutien.

Et aujourd’hui, elle ne tient qu’à un fil.

Malgré l’augmentation des prix en début d’année, nous perdons 0,50 euro pour chaque exemplaire de l’Humanité vendu. La résolution de nos difficultés ne peut passer que par une augmentation sensible de notre diffusion.

Nous redemandons une nouvelle fois que l’aide aux quotidiens à faibles res-sources publicitaires soit rehaussée au niveau où elle était en 2010.

Dans l’immédiat, c’est, contraints et forcés, que nous lançons une nouvelle fois un appel urgent aux dons, sans lesquels l’Humanité ne passera pas les prochains mois.

Dans un paysage d’ultraconcentration de la presse et des médias, l’Humanité

constitue désormais le seul groupe de presse français qui n’ait pas été racheté par un groupe financier ou industriel. Elle est aujourd’hui le seul journal d’information générale et poli-tique indépendant. C’est, semble-t-il, ce que l’on nous reproche de plus en plus dans certains cercles politiques et économiques.

Préserver cette indépendance édi-toriale et économique est un rude combat.

Nous vous invitons à lancer en une série d’actions pour protéger et développer nos outils un « printemps de l’Humanité » ! Celui-ci s’exprimera dans notre activité pour le retrait du projet de loi de destruction du droit du travail. Ce printemps doit être l’occasion d’une mobilisation extraor-dinaire pour que vive et se développe l’Humanité.

Chacune, chacun, à sa mesure, peut y contribuer en collectant des dons, des abonnements à l’Humanité, en organisant des initiatives de soutien, en impulsant l’expression libre de messages de soutien sous la bannière #lhumanitecestnous

Ensemble, déployons nos forces pour défendre votre Humanité.

CONGRÈS 2016

Section Nord GirondeRéunis en assemblée générale le 18 février, les communistes ont contribué à la réflexion commune. (extraits)

Section Côteaux MacariensLe 8 mars, les communistes ont abordé les questions locales et nationales. (extraits)

Critiques et questionnements

Faisant état « des difficultés au sein même du parti », l’impression est parfois que « seules les “élites” ont le droit de parole ou détiennent la vérité ». « Notre visibilité et notre lisibilité lors d’élections sont très discutables ». (…) Il n’est pas bon de « chercher à avoir des élus à tout prix » mais « s’attacher davantage à la question : Comment construit-on et avec qui ? ».Si les élections départementales sont « appréciées positivement », les régio-nales « ont été un échec ». (…) « La multitude de listes de gauche ont été un frein à notre liste pour atteindre au minimum les 5 % ». (…) « La situation politique et sociétale actuelle n’a jamais été aussi compliquée. Si nous pouvons faire des parallèles avec les années 30, nous ne sentons pas d’émulsion de la part des citoyens, pas plus qu’une prise de conscience de ce qui pourrait se passer si le FN venait à accéder au pouvoir maintenant que le PS leur prépare le terrain (déchéance de nationalité, casse des droits du travail, état d’urgence). »

Présidentielles 2017

« Si nous ne considérons pas les simu-lacres de primaires de gauche, nous ne cautionnons pas davantage la candi-dature de l’homme providentiel et ne validons pas non plus les “lundis de la gauche” (…) Cette initiative ne permet pas aux militants, adhérents et sections qui constituent le PCF dans toute sa

dimension de s’approprier les discussions hebdomadaires qui ont lieu en Ile de France. (…)Cette initiative, comme la candidature de J.L. Mélenchon, ont vu le jour, à la hâte, parce que trois partis politiques sont déjà en campagne. À cela, nous portons donc la réflexion suivante : devons-nous nous concentrer sur 2017 coûte que coûte ? » (…)« Sur la question de ne pas être présent à l’ élection présidentielle il y a un débat d’urgence à mener compte tenu du calendrier. (…) Laisser les électeurs choisir de voter pour une autre forma-tion politique, sans que nous en soyons les moteurs sur des bases acceptables, pose problème. Nous avons besoin de fixer les grands axes de nos propositions politiques de changement pour aller vers la mise en place de solutions favorables à l’humain, et non à la seule finance. »

Mieux faire partager ces solutions

« Compte tenu du poids des médias il semble que nous avons besoin d’une femme ou d’un homme porteur de ces options anticapitalistes pour les faire vivre dans les débats avec la population. (…) Nous devons nous concentrer sur les élections législatives, (…) en multipliant les initiatives locales (débats, projections de films, jardins partagés, festivals…), en investissant les fêtes de l’Humanité (…), contribuer à la prise de conscience citoyenne, montrer qu’ il est possible d’améliorer les conditions de vie à partir d’actions concrètes, par exemple sur la question alimentaire, dans des

actes de consommation responsables. » (…) « Nous reconstruire, réinvestir le terrain, rencontrer des citoyens, oser se confronter au débat d’idée. Voilà le chemin que nous pensons bon à suivre. » (…) La question du nom du Parti communiste a aussi été débattue. (…)

Œuvrer avec les citoyens

« Dans cette société en faillite, dans ce monde en guerre où il n’y a pas de place pour les plus faibles, notre responsabilité est grande. Nous sommes conscients que ceux qui détiennent le pouvoir écono-mique avancent à pas de géant. Mais nous pensons bon de prendre le recul nécessaire pour s’attarder sur les citoyens, leur quotidien, plutôt que de vivre au rythme d’élections pour lesquelles ils n’en ont plus que faire quels que soient leurs élus. » (…)« Démontrons que notre intérêt est leurs intérêts, que ce qui nous importe c’est leur bien-être, leur bien-vivre, leur bien-travailler. Revenons aux initiatives locales, travaillons les solidarités dans les quartiers, mettons les citoyens en situa-tion de se prendre en charge, inventons, osons, avec eux. »En courte conclusion, deux pistes principales de réflexion et de débat :« Œuvrons avec les citoyens pour que ce parti soit le leur, celui avec lequel ils construiront la société de demain et attachons-nous à notre parti, sa vie, ses adhérents, sa santé. »

Synthèse par C. Texier

Au niveau local

La question qui domine est la fusion des communautés de Communes. La décision qu’a prise la CDCI et qu’entérinera certainement le Préfet dans le schéma définitif. - Le rattachement de 5 communes à La Réole (St-Pierre-d’Aurillac, St-Martin-de-Sescas, Caudrot, Ste-Foy-la-Longue et St-Laurent-du-Plan) - Le rattachement de St-Laurent-du-Bois (qui l’avait demandé) à la CDC de Sauveterre - Le rattachement des 8 autres com-munes à Langon (Pian, St-Macaire, St-Maixant, Verdelais, Semens, St-Martial, St-Germain-de-Graves, St-André-du-Bois) Une « explosion » peu réjouissante car les gens ne vont rien comprendre à une décision prise en dehors d’eux (et des élus communaux aussi d’ailleurs) mais qui va avoir des conséquences sur leur vie quotidienne et certaine-ment la compliquer. C’est une des conséquences de la Loi NOTRe (nouvelle organisation du territoire de la République). « Ras le bol » des élus de terrain qui ont un rôle de plus en plus compliqué et difficile sans en avoir les moyens. Le fossé se creuse entre les politiques même dans les petites

communes et la réalité des gens. Un parallèle est fait avec la Loi El Khomri… La loi décidée par le gouvernement socialiste est imposée de façon autoritaire à une population qui n’a plus que la rue pour réagir. Pas étonnant que la population rejette les « politiques » et les partis avec. La position sur la présidentielle n’offre aucune perspective d’avenir, ce rejet est encore plus fort. Les déchirements des partis ou groupes ou organi-sations, la disparition du Front de gauche, les tiraillements (…) entre individus empêche toute lisibilité et efficacité. Comment répondre à ce besoin d‘alternative, d’espoir, de rêve en un avenir meilleur qui est l’indispensable moteur à toute lutte ? Comment conserver un vrai espace de débat et de liberté d’expression qui redonne espoir et envie, en particulier à la jeunesse ? Comment ne pas être pessimiste quand on voit que tous les acquis obte-nus par la lutte et tout ce pourquoi des générations se sont battues est effacé si rapidement et de façon si injuste et autoritaire ?

Deux éléments d’espoir :

- 1,2 millions de signatures à la péti-tion en ligne contre cette loi

- la réaction de la jeunesse et sa mobili-sation contre la Loi El Khomri… c’est pourquoi il faut être avec eux dans la rue demain 9 mars, les accompagner mais surtout ne pas essayer de récu-pérer leur lutte. Dépassement des espaces politiques traditionnels, l’envie des gens d’une autre façon de faire de la politique. Tout conflit social (comme celui lié à la Loi El Khomri) modifie l’offre politique et c’est pourquoi il faut penser aux législatives et travailler dès maintenant à trouver des candidats issus de ce mouvement en marche et non plus désignés par les partis. C’est un changement de fond de nos pratiques voire de nos pensées auquel nous devons nous obliger sauf à disparaître. Notre discours et notre réflexion doivent dépasser le cadre électoral pour parler du quotidien concret des gens, rassembler mais pas sur des slogans ni des virgules (référence aux textes du prochain congrès). Prochaine réunion sur la prési-dentielle, la primaire à gauche et l’avenir du Front de Gauche… et la Fête de l’Humanité Gironde : Mercredi 23 mars à 18h30.

Synthèse par C. Texier

Mobilisation exceptionnelle pour l’Humanité

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8 • Les Nouvelles 17 mars 2016

SAINT-PIERRE D’AURILLAC

La solidarité fait battre le cœur du village, autour du Secours populaire

Le samedi 5 mars, le Secours populaire inaugurait le local de sa nouvelle antenne de Saint-Pierre d’Aurillac. Cet événement est intervenu après le cambriolage des locaux qui a soulevé une belle vague de solidarité.

Dans les locaux mis à disposition par la cave coopérative pour pouvoir accueillir la centaine de personnes présentes, Lisa Deloubes, membre du secrétariat départemental en charge de l’antenne de Saint-Pierre d’Aurillac, a eu bien du mal à n’oublier personne, tant il y en avait, dans ses remerciements aux bénévoles, aux donateurs, aux associations locales, aux institutions, aux supermarchés, aux producteurs qui ont manifesté leur soutien dans la période difficile qui a suivi le vol de 500 kg de produits alimentaires et d’hygiène dans les locaux de l’antenne mis à disposition par la municipalité.Stéphane Denoyelle, le maire de la commune, s’est dit très fier de cette mobilisation. « Je suis très touché par la rapidité avec laquelle a été créée cette antenne et, avec elle, une équipe de bénévoles qui ont déjà fait de ces locaux un lieu de vie, d’échange ». « Pour le maire que je suis, a-t-il ajouté, voir que les citoyens, les associations s’engagent concrètement dans la solidarité, c’est une grande joie. Dans notre société, on a le sentiment qu’il faudrait mettre de côté tous ceux qu’on ne veut pas voir, tous ceux qui gênent, ceux qui souffrent. À Saint-Pierre, c’est tout l’ inverse, je vous en remercie ! »Denis Laulan, secrétaire général de la fédération, a souhaité « la bienve-nue aux bénévoles, aux soutiens, aux voisins, aux curieux voire même aux contradicteurs, si vous avez des ques-tions n’hésitez pas, aujourd’hui comme tous les jours. » Faisant référence au cambriolage, il a commenté : « c’est malheureux d’aller voler ce qui est gra-tuit, d’aller voler une association “avocat des pauvres”. Mais on a vu que, même dans une situation difficile, le lien social est créé, développons-le, renforçons-le,

continuons ! Vous pouvez continuer à soutenir l’aide alimentaire apportée par le Secours populaire mais vous avez vu que l’antenne a déjà mené une action de solidarité internationale avec les Biquettes en Sarouel, elle s’inscrira aussi dans toutes les campagnes du Secours populaire, notamment la campagne vacances dont pourront bénéficier des familles, des enfants du secteur. »Cette campagne vacances aura une résonnance particulière en ce 80e anniversaire des congés payés, comme l’a rappelé Julien Lauprêtre, président national du SPF, également présent. « 80 ans après les premiers congés payés, 1 français sur 2 et 1 enfant sur 3 ne peut pas partir en vacances. Il faudra collecter des fonds pour financer des séjours, pour la grande Journée des oubliés des vacances en août ou encore pour les Villages copains du monde où les enfants apprennent à se connaître, à jouer ensemble ou à s’aimer plutôt qu’à se fuir ou à se battre… »Le président de l’association a encou-ragé les bénévoles à ne pas sous-esti-mer ce qu’ils font. « Vous êtes membres d’une association de plus d’un million de membres. L’augmentation de la mi-sère représente un véritable raz-de-ma-rée. 3 millions de personnes sont venues frapper aux portes du Secours populaire et encore, combien y-en-a-t-il qui n’osent pas venir ? Je pense en particulier aux jeunes. Il faut les faire rejoindre le front de la solidarité car nous ne pratiquons ni assistanat ni charité et dans la solidarité chacun a sa place. »Julien Lauprêtre a appelé à résister face à la pauvreté. Comme ceux qui ont réalisé le Programme national de la Résistance et l’ont intitulé « Pour des jours heureux ». « Nous aussi nous voulons que les gens soient heureux et tout ce que vous faites pour cela, il faut le faire savoir, il faut le faire partager. »Aussitôt dit, aussitôt fait, avec le buf-fet confectionné par les bénévoles et des familles qui a régalé l’assemblée dans une joyeuse ambiance musicale grâce à la bande des « Sous-fifres de Saint-Pierre »

CD

CULTURES & SOLIDARITÉS

Les Nouvelles de Bordeaux et du Sud-Ouest S.A.S. au capital de 37 000 eurosAssociés (à parts égales) : L. Chollon, F. Mellier, S. LabordeDirecteur de la publication : Frédéric MellierAbonnement 1 an : 25 euros. Abonnement de soutien : 40 eurosRédaction, composition, impression : S.A.S. Les Nouvelles de Bordeaux et du Sud-Ouest15, rue Furtado - 33800 BORDEAUXTél. 05 56 91 45 06 - Fax 05 56 92 61 01 - Annonces légales : [email protected]é : [email protected] - Redaction/Proposition d’article : [email protected] nbso.frCommission paritaire de presse : 0113 C 85932

@nvlbxLes nouvelles de bordeaux

CABARET DE PRINTEMPS

Travailler… c’est trop dur ?Le prochain Cabaret des « Amis de l’Ormée » fera une large place aux chants de labeur des provinces françaises.

Les participants au Cabaret 2014 ne s’étonneront pas de retrouver le Centre Peyrelongue d’Amba-rès : accès facile, vaste parking sécurisé, et une salle des fêtes qui se prête parfaitement aux diffé-rentes séquences de chaque soirée.

Depuis septembre dernier, les cho-ristes de l’Association n’ont pas chômé, enchainant les répétitions consacrées à la préparation de ce spectacle avec différentes interven-tions : un concert de solidarité pour Allo Amiante, des prestations à la Bourse du Travail bordelaise, une présence remarquée début février à l’inauguration de l’exposition sur le Clown Chocolat, Espace Saint Rémi à Bordeaux.C’est un programme varié que Les Amis de L’Ormée présenteront les 8 et 9 avril prochains, alternant chants a capella et chants accom-

pagnés, à l’accordéon et à la guitare, dont le thème commun est le travail. La Chorale prêtera ses voix aux paysans, aux marins, aux mineurs, aux canuts… pour un hommage à toutes celles et tous ceux qui créent les richesses -dont elles/ils sont le plus souvent frustré-es- sans oublier toutes les victimes du chômage. On entendra ainsi le poignant « Mains d’or » de Lavilliers dénonçant la fermeture des usines, et de Jean Ferrat, Ma France, pour chanter à jamais celle des travailleurs. Cette suite sera donnée en pre-mière partie juste après l’apéri-tif d’accueil. Suivra la première pause restauration plus propice aux échanges et à la convivialité. L’assiette proposée sera comme tou-jours… de qualité, de qualité Et rien de barbant dans le deuxième tiers temps, bien au contraire ! Claire Beaudouin, qui aura dirigé auparavant les choristes,

brillera à coup sûr dans un répertoire où sa voix de soprano, couplée à son espièglerie naturelle, fait merveille. Adrien accompagnera fidèlement au piano ses inflexions et nuances. De formation classique, notamment Schola Cantorum de Paris pour l’une comme pour l’autre, mais curieux de tous les styles, leurs per-sonnalités se révèlent vraiment à la scène. Dès lors, ils vont vers un autre répertoire à l’atmosphère « cabarets songs » de Broadway mélodies aux accents magiques, rythmes jazzy et syncopés… Les spectateurs profiteront, en dessert, d’un intermède sucré préparé par les soins des « Amis » avant d’accueillir le duo parisien « Trouver Charlie », deux amis, Serge et Gilles qui jouent ensemble depuis vingt ans. Leur répertoire est composé de morceaux swing et be-bop… du jazz « tout terrain » ! Ils se sont rencontrés au sein de « Love Bizarre », ensemble ayant participé aux Francofolies, aux Eurockéennes de Belfort… Depuis, ils ont fait leur chemin. Serge à la guitare, s’est recentré sur sa passion, le jazz, et Gilles, à la batterie s’est consacré entièrement à leur groupe. Un troi-sième compère sera aussi de la partie, Alain, dont la contrebasse assurera les fondations sonores. Les amateurs de belles mélodies et de rythmes ne peuvent qu’y trouver leur compte.Rien n’interdit que le Cabaret se prolonge quelque peu pour le café et autres douceurs. Alors, si le cœur vous en dit… retrouvons-nous pour résister à la morosité ambiante et préparer les beaux jours.

Jean-Jacques CRESPO

DEUX SOIRÉES :

Vendredi 8 avril et samedi 9 avril 2016,

au Centre Peyrelongue d’Ambarès. Apéritif d’accueil

à 19h30 (offert)Entrée : 10€ (gratuit pour les

moins de 12 ans). Restauration à petits prix

Réservation : [email protected]

ou au 05 56 12 09 27

Le DVD du film "Eysses, une épopée résistante-1200 ré-sistants emprisonnés réin-ventent la République", ré-cemment diffusé sur France 3 régional et national est dis-ponible. Vous pouvez vous le procurer auprès de l'Associa-tion d'Eysses, 10 rue Leroux, 75116 Paris. Le prix est de 10€ + 3€ de frais d'envoi. Ou au-près de Jean-Claude Laulan.