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APPEL À LA MANIFESTATION JEUDI 31 MARS 2016 // BORDEAUX RASSEMBLEMENT À 10H30 PLACE DE LA VICTOIRE ASSEZ DE VIOLENCE ! ASSEZ DE MORTS ! Crédit photo - Fabrizio Bensch / Reuters APRÈS TUNIS, BEYROUTH, PARIS, BAMAKO, DES ATTENTATS FRAPPENT BRUXELLES Jeudi 24 mars 2016 - N° 2143 - Hebdomadaire - 15, rue Furtado - 33800 BORDEAUX - Prix : 0,80 euro

Nouvelles N° 2143

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Nouvelles N° 2143 du 24 mars

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Page 1: Nouvelles N° 2143

APPEL À LA MANIFESTATION

JEUDI 31 MARS 2016 // BORDEAUX

RASSEMBLEMENT À 10H30 PLACE DE LA VICTOIRE

ASSEZ DE VIOLENCE ! ASSEZ DE MORTS !

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APRÈS TUNIS, BEYROUTH, PARIS, BAMAKO, DES ATTENTATS FRAPPENT BRUXELLES

Jeudi 24 mars 2016 - N° 2143 - Hebdomadaire - 15, rue Furtado - 33800 BORDEAUX - Prix : 0,80 euro

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2 • Les Nouvelles 24 mars 2016

ACTUALITÉ

Comme le concluait dûment une pub des années 80 sur les rillettes : « Nous n’avons pas les mêmes valeurs »…La semaine dernière a eu lieu à Paris une réunion d’information qui s’est trans-formée en charge haineuse, avant d’être annulée par la puissance invitante, le président de l’université Dauphine.Impossible d’ignorer une assemblée massivement « investie » par une horde de nantis organisés, venus faire la peau à un projet d’hébergements pour des sans logis… dans le seizième, à l’orée du bois de Boulogne. La haine de classe s’y est donnée libre chasse à courre contre le triste gibier des SDF et, malgré eux, des immigrés, bref, les autres !L’émission Comme un bruit qui court (France Inter, samedi 19 mars, de 16h à 17h) a restitué avec bonheur quelques moments forts de cette réunion, où un « parti-sacripant » n’hésite pas à traiter de « salope » la Préfète venue exposer le projet !Monique Pinçon-Charlot (souvent invitée rue Furtado), observatrice depuis des années des pratiques des possédants, avouait avoir tout de même été surprise par l’ampleur et la vulgarité des comportements haineux. Lors de cette mémo-rable soirée, les possédants ont vraiment donné le meilleur… de leur haine.Nous retiendrons pour notre part un moment savoureux et éclairant. L’archer (un ambassadeur « prestigieux et distingué »), et sa cible (Ian Brossat, communiste et adjoint au logement à la Mairie de Paris), méritent toute notre attention…La retranscription des propos enregistrés est donnée telle quelle : merci France Inter. Monsieur l’ambassadeur, nous vous écoutons : « Demandez aux ambassades ce qu’elles pensent de ça ! Je suis à la retraite, j’ai été ambassadeur dans les pays de l’Est. Je connais le système. Alors, quand on nous envoie un merdeux comme le type de Paris, là, le communiste qui mérite-rait même de ne pas être élu… C’est une pièce de musée les communistes. On nous impose la lutte des classes, mais d’abord, dans la lutte des classes, il faut avoir de la classe et quand on n’a pas de classe, comme les cocos du soviet de Paris, on ne se présente pas. » Encore merci, monsieur l’Ambassadeur, pour la pertinence, et surtout le raffi-nement, en un mot la « classe » du propos…Espérons qu’en bon versaillais, vous saurez vous regarder dans votre « palais de classe » et que votre amour de la démocratie ne vous quittera plus…En attendant, Ian Brossat, nous les communistes et progressistes, sommes très honorés de votre intention et de votre attention. Merci de nous rappeler que les crachats et la vulgarité, si souvent enrobés « de probité candide et de lin blanc » viennent dans les moments de vérité, de votre camp.Et tout cela pour la défense d’un « territoire » interdit jusqu’ici aux « salauds de pauvres »…Serez-vous capables un jour d’entendre la recommandation d’un camarade de Gavroche montant vers les barricades en 1832 : « Bourgeois, croyez-moi, laissons la peur du rouge aux bêtes à cornes ! » ?Près de deux siècles plus tard, les rouges moribonds vous font encore peur… C’est de bon augure.

Vincent Taconet

BILLET D’HUMEUR

Hyènes de ClassePour Gilbert T.

Des conducteurs de TER Aquitaine étaient en grève mardi pour dénoncer les sanctions prises par la SNCF à l’encontre de 21 d’entre eux, après qu’ils aient refusé de circuler en l’absence de contrôleurs. Un rassemblement était organisé le matin devant la gare Saint-Jean à Bordeaux.Les deux syndicats CGT et Sud Rail dénoncent les sanctions prises à l’encontre de 21 conducteurs TER, « menacés de mise à pied » après avoir « refusé de partir tant qu’un contrôleur n’est pas à bord du train ». « Au fil des mois, la direction générale de la SNCF fait rouler des trains TER dits “EAS”, c’est à dire sans contrôleur à bord », ce qui « engendre de nombreuses questions, et notamment celle de la sécurité » (…). « Le conducteur, seul à bord, doit gérer non seulement la conduite des trains mais aussi la sécurité et l’information aux usagers, ce qui s’avère totalement incompatible », explique la CGT dans un communiqué.

TER AQUITAINE

Grève des conducteurs pour la sécurité des voyageurs

La situation des ayants-droit de la C.A.F. devient de plus en plus catastrophique sur plusieurs points :- les effets dévastateurs de la dématérialisation (gestion machine) ;- des retards pouvant aller jusqu’à trois mois pour percevoir sa première men-sualité ;- l’obligation illégale faite aux allocataires de posséder une adresse mail ;- l’obligation faite aux allocataires de demander un R.D.V. par internet pour voir un conseiller et de fait de ne pouvoir consulter ce dernier que par ce moyen.Nous ne pouvons que constater, hélas, l’éloignement catastrophique dont les ayants-droit sont victimes avec toute la violence que cette organisation génère auprès de personnes qui n’ont certainement pas méritées de tels traitements.Il y aurait bien des choses encore à évoquer tellement l’attitude de la C.A.F. devient scandaleuse et inadmissible, tant de personnes en sortent maintenant en pleurant alors que cette administration est censée devoir venir en aide aux personnes qui la sollicitent. Ac  ! Gironde organisait un rassemblement  le 22 mars à la C.A.F. de Bordeaux lac, rue Gabriel PÉRI.

CAF BORDEAUX LAC

Situation catastrophique pour les ayants-droitDéclaration de Carl PIVET, président d’ A.C.! Gironde

En attendant que le gouvernement présente son projet de loi de réforme du Code du travail ce jeudi, les appels à l’action se sont multipliés et annonçaient le 31 mars comme « une puissante » journée revendi-cative dans le pays.

La manifestation du 17 mars a tenu ses promesses d’une jeunesse qui ne s’en laisse pas compter. Ils l’ont crier dans les rues : ni amendable, ni négociable, c’est le retrait de la loi qu’ils veulent parce qu’ils ne veulent pas d’une vie de précarité, parce qu’ils ne veulent pas perdre leur vie à essayer de la gagner, parce qu’ils n’ont confiance ni dans le patronat, ni dans le gouver-nement pour défendre leurs droits.Ils étaient 4 000 manifestants à Bor-deaux, beaucoup de lycéens, d’étu-diants, accompagnés de quelques enseignants, des organisations syn-dicales CGT, FO, FSU, Union syndicale Solidaires, UNEF, UNL, FIDL mais aussi des salariés de Télé-performance, de la Caisse des Dépôts et Consignation, de Cis Valley, de la Policlinique Bordeaux Nord, de Ford Blanquefort, de caisses des Allocations familiales, de RSI Aquitaine…Partout en France, la mobilisation a été importante mais c’est à coups de matraque et de gaz lacrymogène que gouvernement a répondu à sa jeunesse. Dans les rues et aux abords des univer-

sités, des étudiants et des lycéens ont été les cibles de violences policières. Des manifestants ont été gravement touchés à Strasbourg, où cinq jeunes ont été blessés, dont des militants communistes. À l’université de Tolbiac, à Paris, des étudiants ont été violemment évacués, alors qu’ils occupaient un amphithéâtre pour y tenir une AG, après la dispersion du cortège place d’Italie, jeudi, en fin de journée. Des courses-poursuites, des coups de matraque ont été lancés et pas moins de cinq personnes ont été interpellées. À Marseille, la fin de la manifestation a aussi été houleuse. Des CRS ont dispersé les jeunes voulant eux aussi se réunir en AG en utilisant des gaz lacrymogènes et en les frappant à coups de matraque. Un lycéen de 15 ans a été interpellé et placé en garde à vue pour « agression envers un agent de la fonction publique », avant d’être libéré, vendredi ; il devrait être pour-suivi dans les mois à venir. Les organisations de jeunesse fus-tigent ces violences policières. Dans une lettre ouverte au ministre de l’Intérieur, Camille Lainé, secrétaire générale du Mouvement des jeunes communistes de France (MJCF), exige que « cessent toutes formes d’inti-midation ou de violence sur le mouve-ment social », tout en dénonçant la stratégie du ministère de l’Intérieur

qui vise à « intimider, faire peur à des lycéens qui manifestent et donc casser toute mobilisation ». Dans un commu-niqué, l’union départementale CGT de Paris et l’union locale CGT du 13e arrondissement rappellent que « les étudiants qui luttent pour leur avenir ne sont pas des délinquants : ils agissent (…) pour l’ intérêt général ». Les organisations de jeunesse, l’UNEF, l’UNL et la FIDL (syndi-cats lycéens), ont appelé à poursuivre et à amplifier la mobilisation dès ce jeudi 24 mars.Dans les universités de Bordeaux, comme ailleurs, des comités de mobi-lisation regroupant étudiants, ensei-gnants et personnels continuaient l’information auprès des étudiants et l’organisation des assemblées géné-rales avec la diffusion de tract pour en expliquer le fonctionnement. Les mêmes organisations appelaient au rendez-vous place de la Victoire jeudi midi.Du côté des salariés, dans tout le département, la CGT poursuit l’in-formation et organise, elle aussi, des assemblées générales. D’après l’union départementale, le nombre de tracts diffusés, la participation aux réunions, les préavis de grève annoncent une grande journée de lutte le 31 mars.

Christelle Danglot

Sensibilisés par la dégradation de leurs propres conditions de travail, les personnels des établissements de santé se mobilisent.

Sur la manifestation du 17 mars à Bor-deaux, des salariés de l’hôpital Charles Perrens étaient présents. « Nous avons déposé un préavis de grève de huit jours la semaine dernière, explique Julien, infirmier, contre la loi Travail mais aussi pour des revendications propres à notre établissement. Malgré un budget excédentaire, l’ hôpital veut

faire des économies sur le personnel. La direction veut nous faire travailler une demi-heure de moins pour pouvoir nous supprimer 13 jours de repos et faire des économies de postes. Il n’y a plus de titularisations, au sein des mêmes unités il y a des titulaires et des personnes qui restent en CDD pendant des années. On est 3 pour 24 patients par unité, ce qui est le minimum et il y a de plus en plus de lits supplémentaires. Les conditions d’accueil des usagers sont délétères. On a de moins en moins de temps pour les entretiens, on ne peut assurer que les soins les plus urgents. On risque de

devoir travailler plus souvent alors qu’il est déjà difficile d’avoir une vie en dehors du boulot. »Le 24 mars, la CGT proposait une grève et un rassemblement à 8h devant l’hôpital de Cadillac aux personnels des établissements de santé de Bazas, Cadillac, Langon, La Réole, Monsegur, Podensac et St Macaire, pour le retrait du projet de Loi Travail mais aussi contre les lois Macron, Rebsamen et la Loi dite de sécurisation de l’emploi.Un tract distribué à la porte des établissements concernés mardi liste pour chaque établissement le manque d’effectif, la fermeture de lit, et les conséquences désastreuses pour les usagers.« Nous valons mieux que ça ! » Conclut le syndicat qui dit « “stop” aux dégra-dations des conditions de travail pour tous les personnels hospitaliers, au manque de reconnaissance des salariés et de leur travail, à tous les gels de postes et au dénigrement systématique des fonctionnaires. »

LOI TRAVAIL

Depuis le 9 mars, les appels à l’action se sont multipliés

PERSONNELS DE SANTÉ

La coupe déborde

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Les Nouvelles 24 mars 2016 • 3

EditorialACTUALITÉ

Face au sang et aux larmes, la démocratie et l’espoir

Le sang, les larmes ne nous feront pas dévier de la démocratie et de l’espoir. Après la France, la Tunisie, le Burkina Faso, le Mali, la Côte d’Ivoire, la Turquie, c’est aujourd’hui la Belgique que l’horreur terroriste vient de frapper.Le Parti communiste français a exprimé sa pro-fonde peine devant ce monstrueux carnage, et a assuré de toute sa solidarité et de son soutien les familles des victimes, les habitant-e-s de Bruxelles et la population de Belgique tout entière.Nous ne pouvons pas prendre l’habitude de ces crimes tant ils abîment ce qui nous est le plus cher  : une civilisation humaine fondée sur le respect de l’autre, dans le cadre d’une fraternité universelle.C’est bien pour cela que nous rejetons toute guerre, qu’elle soit armée ou « de civilisation  » comme voudraient nous y entrainer tous ces idéologues de malheur.Pleurer, avoir peur devant ces massacres répétés, quoi de plus compréhensible ?Oui, honte à tous ces assassins qu’aucune foi ne peut excuser, qui par une stratégie aveugle et inhu-maine, veulent ancrer les divisions en Belgique, en France, en Europe, dans le monde. Mais honte aussi à tous ceux qui interdisent qu’aucune voix n’essaie non pas de comprendre mais de réfléchir aux causes qui fabriquent tant de haine. Ne cessons pas d’alimenter cette pensée huma-niste de paix et de solidarité. Ne cessons pas de multiplier les lumières pour une justice et un progrès universel.Ne cessons pas de croire en un monde qui puisse se dégager de la domination sans partage de la finance et de ses valets politiques, interdisant à un peuple comme les Grecs de pouvoir s’en émanci-per et osant condamner des millions de réfugiés, de femmes et d’enfants à rester bloqués devant les frontières de leur survie.N’est-ce pas ces questions, leurs réponses et leurs mises en œuvre que nous mettons en débat au cœur du congrès du Parti communiste, en lien avec nos concitoyens avec qui nous voulons ouvrir une espérance ?

Max GuichardMembre du Comité exécutif du PCF 33

La chambre a adopté, mardi, une version modifiée de la réforme constitutionnelle, sans infléchir sa décision après les attentats qui ont frappé la Belgique. Le projet est renvoyé à l’Assemblée natio-nale, éloignant la perspective d’un congrès.

Le vote solennel des sénateurs mardi après-midi a entériné, par 176 voix contre 161 et 11 abstentions, les nom-breuses modifications validées au Palais-Bourbon la semaine dernière. L’article 2 concernant la déchéance de nationalité y a été enterré. La majorité « Les Républicains » du Sénat a modifié le texte, afin de circonscrire la mesure aux seuls binationaux. Une position irréconciliable avec la majorité socialiste de l’Assemblée nationale, qui s’est arquée dans la douleur et la division sur l’option de la déchéance pour tous. Sauf que les deux chambres doivent se mettre d’accord au mot près pour se réunir en Congrès.Le président de la République n’a donc plus que deux options : jeter aux oubliettes son projet de réforme constitutionnelle ou bien tenter de sauver la face, ou plutôt ce qu’il en reste, en sacrifiant la constitu-tionnalisation de la déchéance de nationalité. Resterait alors celle de

l’état d’urgence qui, aussi dangereuse soit-elle, cristallise beaucoup moins les débats parlementaires. Là encore, les sénateurs ont modifié le texte de l’article 1. Pêle-mêle, ils ont réduit de quatre à trois mois le délai maximal de prorogation de l’état d’urgence, renvoyé à une loi organique et non plus une loi simple pour l’application de ce régime, renforcé son contrôle parlementaire et judiciaire, affirmé que les mesures prises sous ce régime doivent être « strictement adap-tées, nécessaires et proportionnées »… Autant de points susceptibles de trouver l’assentiment d’une majorité de députés, sans remettre en cause le fond du projet.L’article 1, bien que plus consensuel, est tout autant à rejeter que celui por-tant sur la déchéance de la nationa-lité. Certes, la version issue du Sénat acte quelques avancées. L’obligation de passer par une loi organique contraint à un examen par le Conseil constitutionnel et réclame une adop-tion à la majorité absolue. « Cela offre un peu plus de garanties mais ne change pas le fond du problème, fait remar-quer Laurence Blisson, la secrétaire générale du Syndicat de la magis-trature. En constitutionnalisant l’ état d’urgence, on pérennise un régime qui relevait auparavant de la loi et dont les mesures, à commencer par la place

donnée au pouvoir administratif au détriment du pouvoir judiciaire, ne sont pas compatibles avec un État de droit. » Ce régime d’exception sera non seulement toujours décrété par le Conseil des ministres, et non pas après un vote démocratique du Parlement, mais ne pourra plus être contesté en tant que tel devant le Conseil constitutionnel puisque inscrit dans le marbre de la loi fon-damentale. Autant de reculs démo-cratiques au nom d’une efficacité totalement illusoire quant à la lutte contre le terrorisme, de l’aveu même de certains policiers spécialisés (lire l’article sur le DGSI dans l’Humanité de mardi 22 mars).

C’était une des questions mises en débat, mercredi soir à Bordeaux, par la fédération du PCF de la Gironde. « République : État d’urgence, pour la liberté, l’ égalité, la fraternité », avec Éliane Assassi, sénatrice com-muniste, Karfa Diallo, militant bordelais de la mémoire de l’escla-vage, Estellia Araez, responsable du syndicat des avocats de France (SAF) et Nathalie Simon, syndica-liste du secteur du commerce, CGT Gironde. Nous y reviendrons dans notre prochaine édition.

Quelques jours après l’arrestation de Salah Abdeslam, plusieurs attaques revendiquées par l’orga-nisation « État islamique » ont en-sanglanté la capitale belge mardi matin. Les attentats à l’aéroport et dans une station de métro ont fait au moins 30 morts et 200 blessés.

Cette fois, c’est le cœur de l’Europe qui est frappé. Mardi matin, d’abord, vers 8 heures à l’aéroport interna-tional de Zaventem, en périphérie de Bruxelles, puis un peu après 9 heures, dans le métro, au niveau de la station Maelbeek, dans le quartier abritant les institutions européennes, plusieurs explosions ont ensanglanté la capitale belge. Les autorités annon-çaient mardi en fin de journée au moins 30 morts et près de 200 bles-sés. Dans un communiqué diffusé en milieu de journée, l’organisation « État islamique » (Daech) a reven-diqué les attentats.

Sécurité renforcée

Dans la foulée de ces deux attaques, coordonnées entre elles selon la re-vendication de Daech, de nombreux bâtiments, comme le Palais royal et

l’université flamande de Bruxelles, ont été évacués. La centrale nucléaire de Tihange dans la province de Liège et le port d’Anvers ont aussi été pla-cés sous une surveillance renforcée. Toutes les gares de la capitale belge ont été bouclées, et le trafic des transports publics a été momentané-ment interrompu. À la Commission européenne comme au Conseil et au Parlement, les fonctionnaires et les élus ont été incités à rester sur place.La France a renforcé la sécurité de ses aéroports, gares et transports en commun. De nombreuses capitales ont fait de même, toute l’Europe se sentant visée.

Solidarité, justice et respect des libertés

De France, d’Europe et du monde, ont été faites de nombreuses décla-rations de soutiens à la Belgique et à l’Europe. Dessins, messages, rassem-blements, comme après les attentats de Paris, l’expression de l’émotion a pris différentes formes. Malheureu-sement, la récupération aussi.Pour le PCF qui a qualifié ces atten-tats d’ « un monstrueux carnage » qui frappe de « stupeur » et d’effroi », ce « drame appelle plus que jamais (…) à

une plus grande solidarité et une déter-mination politique » pour « retrouver et arrêter les meurtriers », « les com-manditaires », mais aussi « apporter des réponses politiques durables ».« La responsabilité de nos gouverne-ments et de l’UE » est « de revoir la logique de leurs politiques interna-tionales qui restent cantonnées à des réponses militaires au détriment des solutions politiques. »Dans son édito de l ’Humanité, mercredi matin, intitulé « Assassins d’aube », Patrick Apel-Muller rap-pelle que la « menace va durer ». « La réduire et l’ éliminer ne se jouera pas dans des réactions de circonstance ou dans des pulsions de vengeance. Dans la solidarité – bien au-delà de l’Europe – et la mobilisation au long cours qui s’ imposent, il faut savoir combiner un travail de police minutieux, renouant avec le terrain, et une justice renforcée en moyens pour piloter les investigations dans le respect des libertés. »« Arrêter les bras meurtriers ne sera possible qu’en stoppant les donneurs d’ordres et en asséchant leurs soutiens ». « Enfin, le feu ne cessera de couver si l’on n’assèche pas le terreau d’inégalités et d’ injustice sur lequel grandissent les semeurs de haine ».

CONSTITUTIONNALISATION DE L’ÉTAT D’URGENCE

Le Sénat ne cède pas à l’émotion

TERRORISME

La furie meurtrière frappe à nouveau, au cœur de l’Europe

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4 • Les Nouvelles 24 mars 2016

LE TRAVAIL EN DÉBAT

Alexis, employé de restauration rapide, 21 ans

Je travaille depuis 8 mois dans un Mac’Do comme “équipie”, j’ai fait 2 ans avant dans un autre.C’est un travail à la chaine, bruyant et gras où travailler bien signifie travail-ler vite. C’est un logiciel informatique qui calcule le nombre d’équipiers qui devront être présents en fonction du nombre de repas prévus. Le but est de faire fonctionner le restaurant avec le moins d’équipiers possible. Le travail humain doit se caler sur le rythme des machines dont les fins de tâche sont signalées par des sonneries. On nous met la pression pour que les modes 2 (opérations qui nécessitent 2 équipiers) soit réalisées en mode 1 (un seul équipier). Le pire est qu’au final, ce sont les salariés eux-mêmes qui se mettent la pression entre eux. Le manager n’a même pas à intervenir. J’ai participé pour la première fois à une manifestation, le 17 mars, contre la loi Travail parce que les conditions de travail ne sont déjà pas supers alors s’ il faut encore reculer, ce n’est pas possible. Avant j’ étais apprentis. Per-mettre de faire travailler des jeunes 40h par semaine avec des journées de 11h fractionnées, ce n’est pas normal. La limitation des indemnités de licencie-ment, ce n’est pas acceptable non plus. De toute façon, ce texte a juste été fait pour créer de la précarité alors il faut qu’il disparaisse. On ne doit pas faire des lois pour aller vers le moins pire mais pour aller vers le meilleur.

Rébecca, animatrice en crèche, 25 ans

Je travaille pour une association qui gère plusieurs structures. J’ai des jour-nées très longues. 8h à 8h15 par jour 9h sur place, avec des enfants, je ne suis pas la seule à trouver ça long. On fait des semaines de 4 jours et des semaines de 4 jours et demi, avec des pauses repas plus ou moins longues, ¾ ou 1h, qui ne sont d’ailleurs pas comprises dans le temps de travail comme c’est le cas dans d’autres associations.La directrice n’est pas très compétente, ça ajoute des problèmes, elle donne des congés sans tenir compte des effectifs, sans tenir compte des contraintes liées aux différents espaces (bébés, grands et accueil d’urgence) et quand elle est en vacances, ce sont les salariés qui doivent faire le planning.Le taux normal d’encadrement est d’un professionnel pour 8 enfants qui marchent ou 5 qui ne marchent pas. Il m’est arrivé de me retrouver seule avec 15 enfants.Le directeur général tient compte de l’effectif global sur la structure sans tenir compte de la gestion par espace avec comme seul fil conducteur le rendement.Il n’y a aucune écoute du personnel. Pire, on nous consulte sur une question d’organisation des repas et la décision prise est contraire à l’avis unanime émis par les salariés.

On a une pointeuse où il faut passer à l’arrivée et départ de la journée et du temps de pause. Si à la fin de ma jour-née il reste 9 enfants, je dois attendre qu’1 enfant parte pour pouvoir badger. Si je badge 14 minutes après, cela ne m’est pas payé. Par contre si je badge une minute avant, on me retire un quart d’heure sur la fiche de paie. Quand la directrice, qui délègue tout ,touche 3 000 euros, moi je perçois 1 169 euros, j’ai même eu une baisse de revenus en février. Si je compte le trajet, je suis partie de chez moi 10h par jour, pour certaines de mes collègues qui ont plus de transport c’est pire encore et quand on rentre chez nous on a mal partout. Alors, oui, on a le sentiment d’être sous-payées.Il y a un système de “rémunération individuelle supplémentaire”. C’est un entretien individuel d’auto-évaluation avec directrice qui, par ailleurs ne sait rien de la façon dont nous travaillons. En fonction du score obtenu, on a une augmentation de salaire mais il faut être là en continu de septembre à mars. Bien que je sois là depuis plus d’un an, je n’ai pas pu avoir cet entretien.Le personnel y est noté comme à l’ école. Les femmes qui ont dû poser des jour-nées parce que leur enfant était malade, perdent des points. C’est une carotte pourrie. Ce n’est pas motivant et je ne suis pas sûre que ça pousse à mieux faire son travail. Sans compter que nous n’avons jamais un mot d’encou-ragement alors que nous pallions à tout pour que ça fonctionne au mieux.La crèche est faite pour 54 enfants par jour, on a droit à 10 % de marge mais on a 65 enfants au lieu de 54. Dans ce secteur de la petite enfance, les contrats avec les parents étaient à la journée. Ils sont passés à l’heure, du coup il faut remplir les heures. Il y a un jour on a eu 37 enfants pour un seul espace. Plus il y a de monde, moins on individualise, moins on a de temps, plus le service est lamentable. Les enfants subissent et les parents sentent le désinvestissement d’une partie du personnel.Mon métier je l’ai choisi, j’aime travailler avec des enfants mais ça ne devrait pas être juste nourrir, changer les couches et faire faire la sieste. Ils arrivent à 2 mois et demi jusqu’ à 3 ans, ils nous voient plus que leurs parents. À la crèche, ils devraient avoir le temps d’apprendre, de jouer, là ce n’est pas le cas.Tout ça joue sur notre physique, mal au dos, mal de ventre, et notre moral. Je trouve déjà que je n’ai pas assez de temps pour moi alors comment je pourrais travailler plus ? Au bout d’un moment, ce n’est plus possible, j’en ai déjà marre si je devais y être plus, je ne pourrais pas.Je n’ai pas pu participer aux manifes-tations contre la loi Travail jusque là mais j’espère bien pouvoir faire grève et aller à la manifestation du 31 mars.

Vincent, menuisier, 31 ans

« Je suis en CDI dans une entreprise de 9 salariés qui fabrique des fenêtres, des portes, etc. Tous sont en Cdi sauf une personne en contrat de qualification.

Il n’y a ni syndicat, ni représentant du personnel. »Son travail présente les difficultés de ce type d’emploi manuel, avec des machines, parfois en extérieur. « Le travail est bruyant mais l’atelier est assez récent, l’ équipement est donc adapté aux normes. On est juste à la limite mais on ne franchit pas. »Mais pour Vincent, ce dont les salariés souffrent le plus, c’est d’un manque de reconnaissance de la valeur de leur travail. Un sentiment nourri par le manque d’entretien des locaux, le niveau des salaires, le manque d’encouragements et l’absence de prise en compte de l’avis des ouvriers.« Notre salle de repos et les sanitaires ne sont pas aux normes. Il n’y a pas de douche. Quand l’inspection du Travail est venue faire un contrôle, elle s’est faite balader par la femme du patron qui a prétendu que c’était en travaux. Si c’est sale, pour le patron c’est notre problème, c’est à nous, les sédentaires, d’assurer le ménage. La moitié de l’effectif, les poseurs, ne fait que passer. Il a parfois honte de l’ état des toilettes pour ses clients mais pas pour ses ouvriers.Notre entreprise fabrique des produits finis, propres, le plus aboutis possible pour des clients qui sont prêts à payer cher pour cette qualité. C’est le fruit de notre travail, le patron n’est pas du métier, c’est nous qui produisons mais nous ne sommes pas récompensés de cette qualité. Un de mes collègues gagne 1 700 euros net par mois, sans aucune prime, avec 25 ans d’expérience. Moi, je ne suis même pas à 1 500 euros. On fait 9h par jour sur 4 jours, soit 36 heures payées 35, sans récupération. Quand l’entreprise a déménagé, j’ai dû acheter une voiture et je fais 2h de trajet par jour. À l’ époque, on aurait pu négocier une augmentation de salaire mais on n’a pas réussi à se mettre d’accord, entre salariés. Quand on cravache sur un chantier parce qu’on suppose que la bonne santé de l’entreprise en dépend, on nous paie les heures, mais pas plus. Nous n’avons jamais de prime. Même sur le plan humain, nous n’avons jamais un mot d’encourage-ment, jamais un retour positif. Nous participons à créer la richesse (salaires, investissements, bénéfices) alors ce n’est pas normal que notre voix ne compte pour rien. Je ne remets pas en cause le rôle du patron en tant que chef d’entreprise mais on pourrait au moins décider ensemble, c’est aussi l’avis de mes collègues. Par exemple, il vient de faire un gros investissement sur une machine, on ne voit toujours pas ce qu’elle va apporter de plus.En même temps j’aime mon travail, j’aime travailler le bois, chercher des solutions techniques avec mes collègues, continuer à apprendre. J’ai la chance de fabriquer des choses et pas de poser des kilomètres de plinthes dans des immeubles en construction.Comme dit mon collègue, “on fait un beau métier mais on a un boulot de merde” ».

C.D.

TRAVAIL, EMPLOI

Ils témoignent

MARDI 5 AVRIL À PARTIR DE 19HMaison des Associations, 11, rue du 8 mai 1945, CENON (Tram A, arrêt : Jean Zay ou Liane 32, arrêt : Rubens)

TRAVAIL :

FACE À L’OFFENSIVE DU MEDEF ET DU GOUVERNEMENT : QUELLE RIPOSTE POUR L’EMPLOI, LA FORMATION ET UN CONTENU ÉMANCIPATEUR AU TRAVAIL ?

L’emploi est depuis longtemps la question numéro un des Français. Comment en serait-il autrement, alors que le nombre de chômeurs s’envole et que la précarité devient la règle. Face à un drame qui touche plus de cinq millions de personnes, Hollande et Valls s’entêtent dans leur logique libérale, prétextant qu’il n’est pas d’autre politique possible. Une affirmation réfutée par le PCF qui lance une campagne nationale sur l’emploi et la formation.« Zéro chômeurs/du travail pour tous, plus qu’une campagne sera un axe central pour un nouveau projet de société, explique Pierre Laurent,

secrétaire national du PCF. Dans tous les domaines, nous devons envisager les choses autrement car la société marche sur la tête. (…) Le travail, l’emploi, l’ éducation pour tous, doivent être au cœur de notre projet.Ceux qui nous disent que nous sommes obligés d’entrer dans la guerre écono-mique pour protéger l’emploi nous mentent. Nous ne cessons d’abdiquer nos principes devant les exigences des marchés et des multinationales. Et l’emploi recule, mois après mois, année après année. Les paysans sont poussés au désespoir parce qu’on ne rémunère pas le travail paysan à sa juste valeur. La révolution numérique, qui permettrait de réduire le temps de travail, n’est utilisée que pour promouvoir “l’uberi-sation”, c’est à dire la dérèglementation généralisée du travail. Pour nous, cette révolution peut au contraire nous permettre de construire un nouvel âge de la Sécurité sociale qui sécuriserait l’emploi et la formation toute la vie. Évidemment, cela nécessite de mobili-ser l’ensemble des richesses disponibles : les immenses sommes détournées par les banques et les marchés financiers doivent revenir à la société. »

CAMPAGNE DU PCF

Objectif « zéro chômage » : pour une société du partage

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Les Nouvelles 24 mars 2016 • 5

LE TRAVAIL EN DÉBAT

Le CICE, le pacte de responsabi-lité ainsi que le projet de réforme du droit du travail s’inspirent en partie des mesures mises en œuvre dans plusieurs pays Européens, et notamment du modèle Allemand.

La baisse du chômage n’est pas une fin en soi

Bon nombre de chroniqueurs, d’intellectuels, d’économistes, nous vantent les mérites du modèle alle-mand, preuves à l’appui : faible taux de chômage, balance commerciale excédentaire, équilibre budgétaire, PIB en progression de 1,7 % en 2015. À en croire les spécialistes présents chez Yves Calvi, l’Alle-magne est un parangon d’efficience économique. Il est intéressant de constater qu’en Allemagne, le corolaire à l’augmen-tation de la croissance et à la baisse du chômage est l’augmentation

du taux de pauvreté. Ce taux n’a pas cessé de progresser depuis 10 ans, aujourd’hui plus de 16 % de la population vit sous le seuil de pauvreté (60 % du revenu médian). Selon une étude publiée par la fédé-ration d’aide sociale Paritätischer Wohlfahrtsverband, « la pauvreté en Allemagne est actuellement à son niveau le plus élevé depuis la réunifi-cation, en 1990 ». Les écarts de richesses se creusent entre riches et pauvres mais égale-ment entre les différentes régions du pays. À l’est, le revenu par habitant reste inférieur de 30 % à celui de l’ancienne RFA, inégalité qui ne s’est pas résorbée depuis la chute du Mur.

L’Allemagne, une fabrique de « poor workers »

Le gouvernement allemand a fait un choix radical, baisser le nombre de chômeurs en augmentant le nombre de travailleurs pauvres.Cette logique a été enclenchée au début des années 2000 avec la com-mission Hartz, qui avait pour but de réformer et de moderniser le marché du travail. L’Allemagne devait faire face à une croissance molle, un taux de chômage de 10 % et à une popu-lation active vieillissante.L’inspirateur de ces réformes, l’in-dustriel Allemand, Peter Hartz, était directeur du personnel de Volkswagen, entreprise dans la-quelle il instaura un accord sur la flexibilité horaire des travailleurs. Brandissant le « drapeau du licencie-ment », il exigea une baisse de 20 % du temps de travail et une baisse de

salaire de 15 % (après avoir réalisé des gains de productivité considé-rables). Quelques années plus tard, les salaires restèrent inférieurs de 20 % par rapport à la normale et les semaines s’élevaient à 48h.Les réformes Hartz reposaient sur un concept : « inciter et exiger », tout un symbole de démocratie. Elles ont été déclinées en quatre lois visant à : renforcer la recherche d’emploi, inciter les chômeurs à accepter un emploi et encourager l’activité professionnelle, notamment pour les femmes et les seniors. Ces der-nières ont permis de baisser le taux de chômage, c’est incontestable, une baisse de 5 points passant de 13 % en 2005 à moins de 8 % en 2013. Mais les emplois créés sont pour la plupart des emplois à temps partiels, des emplois précaires et des contrats à durée déterminée. Finalement, les différentes mesures : assouplissement des licenciements, mise en place du travail intérimaire, développement massif des « mini-jobs » (450 euros par mois), réduc-tion de la durée et du montant des indemnisations, chômage et flicage des chômeurs… ont transformé les pauvres sans emplois en pauvres encore plus pauvres avec un emploi. Le gouvernement français, bien mal inspiré, tente d’imposer des réformes qui ne feront que nourrir les inégalités. Mais des étudiants, de jeunes salariés, des retraités… des-cendent massivement dans les rues pour lui répondre par la négative.

Anthony Semchaoui

Le système de fonctionnement de l’entreprise est parfois décrit comme un exemple de démocra-tie. Dans les faits, nous sommes dans une démocratie bien rela-tive, marquée par le suffrage cen-sitaire. Des actionnaires élisent une assemblée, qui gère l’entre-prise, en fixant les stratégies à adopter et les objectifs à atteindre.

Dans cette démocratie actionna-riale, les salariés n’ont pas leur place, ni leur mot à dire, tout est vécu comme une soumission au choix de la direction. Bien souvent, le seul objectif donné au salarié est de maximiser sa productivité : faire un maximum de chiffre, confectionner un maximum de pièces, servir un maximum de clients, terminer un chantier dans les plus brefs délais… C’est d’ailleurs une façon d’éviter la collaboration et l’entraide, en imposant une concurrence excessive entre les « collaborateurs ». Beau-coup d’ouvriers, de vendeurs, et de travailleurs en général, ont été

« remis en place » lorsqu’ils ont osé proposer une solution alternative, une méthode de travail différente : « Tu n’es pas payé pour réfléchir » ou bien, de manière plus formelle : « ce n’est pas ton domaine de compétence ». L’aliénation au travail s’en trouve exacerbée.Est-il normal que le capital règne en maître absolu ? Un autre système de fonctionnement plus juste, plus épanouissant pour l’individu n’est-il pas envisageable ?Contrairement au projet de loi El Khomri, qui souhaite reléguer au second plan les représentants des salariés, ces derniers devraient être au cœur de l’entreprise. Il faut leur permettre de porter haut et fort les aspirations et les idées souvent per-tinentes des travailleurs et d’exercer un droit de regard et de contrôle sur la gestion de leur entreprise. Cela passe par le développement de leur quota dans les conseils d’adminis-tration, quelque soit la taille de la structure, en leur permettant de peser réellement sur les délibérations

(50 % de représentants au CA, avec le principe d’une voix délibérative pour chaque représentant).Par ailleurs, la création de collec-tifs de salariés est nécessaire pour répondre aux problématiques que rencontre une entreprise sur dif-férents sujets. Quel est l’intérêt de faire appel à un cabinet d’audit externe, proposant une expertise à un prix souvent exorbitant alors qu’un collectif de salariés pourrait remplir cette mission avec des résultats beaucoup plus probants ? Ce principe de cogestion est une première étape urgente, puisque le poids du capital est aujourd’hui omnipotent, les mesures citées pré-cédemment pourraient rétablir un équilibre relatif à court terme. Les travailleurs ne sont pas un coût, ce ne sont pas des outils au service du capital mais les seuls créateurs de richesses, ils ont leur mot à dire, un rôle prépondérant à jouer dans l’entreprise.

A.S.

Quelle drôle de terme : « Ubéri-sation », très attrayant au premier abord, cela tient sans doute à la magie de la novlangue qui permet de faire passer une immondice pour une innovation sociale majeure.

Ce néologisme circule depuis plusieurs années et le phénomène s’est exacerbé depuis quelques mois. À l’origine, c’est une entreprise américaine, Uber, qui est entrée en concurrence frontale avec l’ensemble des taxis de la planète. Cela a fait grand bruit, mobilisation massive des taxis considérant que la concurrence était déloyale. Cette mobilisation a fortement été relayée par les medias sans qu’ils nous livrent les tenants et les aboutissants de ce nouveau système économique. Le principe de l’ubérisation est simple, mettre en lien direct un service et des consommateurs potentiels. Cela permettrait de proposer des prix très attractifs aux consommateurs tout en répondant aux exigences des jeunes travailleurs qui recherchent « indépendance et liberté de travailler » mais qui au final souhaitent surtout ne plus être subordonnés à une entreprise antidémocratique de par son fonction-nement. C’est aussi une façon pour des start-ups ou des grands groupes d’exploiter une main d’œuvre très bon marché, payée à la tâche ou au pour-centage, sans contrainte particulière puisque qu’aucune règle (ou presque) n’est respectée.

Alors certains jeunes s’en contentent. Il faut dire que lorsque l’on a cumulé des mois ou des années de vaches maigres, sans revenu, qu’on a déposé des centaines, des milliers de CV sans réponse concluante, et que la seule alternative proposée est l’ubérisation, on fonce. On se déclare auto-en-trepreneur, on livre des plats pour « takeeateasy », posté sur son vélo des heures durant, attentif à la moindre alerte de livraison, sans couverture sociale, sans convention collective… Pour un salaire de misère.Mais les tenants de l’ultralibéralisme persistent et signent en ventant les bienfaits de l’économie collaborative qui n’est finalement que « l’économie du partage des restes ». L’économiste médiatique Jacques Attali se félicite que la société aille « vers une uberi-sation du travail en général, qui n’est pas mauvaise en soi », espérant que « le statut d’intermittent du spectacle devienne la norme ».Peut-on considérer que ces « Wor-kers on tap » (« main-d’œuvre à la demande ») soumis à l’exigence d’une grande entreprise, qui n’a pour seul objectif que la rentabilité maximale, soit un modèle de développement souhaitable ? Notre code du travail, notre système de protection sociale sont le fruit de plus d’un siècle de luttes sociales, tâchons de ne jamais l’oublier.

A.S.

ALLEMAGNE

Ce modèle qui n’en est pas un

TRAVAIL ET DÉMOCRATIE

Bousculer le mode de gouvernance des entreprises

UBÉRISATION

Une néo-exploitation échappant à toute contrainte

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6 • Les Nouvelles 24 mars 2016

INTERNATIONAL

La « route des Balkans » est comme l’enfer.

Les dirigeants européens, restés sourds depuis des années aux alertes du Haut commissariat aux réfugiés, ont invoqué la responsabilité de « protéger les populations européennes » - qu’ils ne protègent pourtant pas de la crise économique et sociale, bien au contraire. Sur fond de crise sans précédent, et de leur obstinant refus de sortir des politiques d’austérité qui appauvrissent nos pays et nos peuples, ces dirigeants ont préféré - non pas sauver des vies - mais fermer les frontières, confiner les migrants dans des camps, monter des murs de barbelés, mobiliser les forces armées pour les pourchasser, attiser une peur panique fabriquée par la droite et l’extrême droite, de voir l’Europe « submergée ».En Hongrie et au Danemark, il est maintenant question de confisquer leurs biens, le peu qui leur reste, aux migrants. Cela nous ramène violem-ment aux heures les plus noires de notre histoire.Devant la détresse de familles en-tières fuyant la guerre en Syrie, en Irak, en Afghanistan, devant les tragiques morts de milliers d’entre eux en Méditerranée, devant l’élan de survie de milliers de femmes et d’hommes fuyant la misère, les bouleversements climatiques ou la dictature, les habitants des îles grecques ou des côtes italiennes ne sont pas restés tétanisés par l’émotion ou la peur, et ont déployé des trésors de solidarité pour leur venir en aide.Partout en Europe, des réseaux de solidarité se sont organisés tandis que les gouvernants ont opposé les popu-lations les unes aux autres en arguant du poids du chômage, de l’avenir incertain, de la précarité. Autant de peurs renforcées par des attentats conduisant à installer l’amalgame « migrants / terroristes ».

Certains rêvent même à présent d’ex-clure de la zone Schengen la Grèce qui a, seule, fait face à l’arrivée de milliers de migrants, et dont le pre-mier ministre a été le seul dirigeant européen à aller à la rencontre des réfugiés et des acteurs de la solidarité.Si les migrants et réfugiés sont plus nombreux que jamais, « l’ invasion » n’a pas eu lieu et, en France, moins qu’ailleurs… Les chiffres sont là.

Alors pourquoi cette opération ?

Parce que jouer sur la peur des migrants permet de masquer les véritables causes des difficultés qui assaillent les Français et qui sont à chercher dans les conséquences de la politique d’austérité et de la soumis-sion aux dogmes libéraux qui créent chômage, bas salaires et délitement social. Austérité et solidarité sont incompatibles.Parce que jouer sur la peur des « autres », de ceux que l’on présente comme des désespérés alors qu’au contraire, c’est l’espoir pacifique d’une vie meilleure qui les meut permet de masquer les responsabilités respectives dans les déséquilibres mondiaux qui causent ces mouve-ments massifs de populations. La crise des migrants est mondiale : tous les continents sont touchés d’autant que, pour l’essentiel, ces mouve-ments migratoires qui atteignent des records historiques restent cantonnés pour 80 % d’entre eux du sud vers le sud.

Il y a donc aussi des solutions mondiales à mettre en oeuvre.

Alors comment répondre à cette vaste entreprise de falsification qui vise à brouiller les cartes et conduit dans l’impasse alors qu’il est urgent d’agir ?Il s’agit de changer de logique. Il y a d’autres politiques possibles aujourd’hui. J’en soulignerai 3 à engager d’un même mouvement :

• D’abord, les migrants ont des droits fixés par des institutions internatio-nales et ratifiés par les États qui ont la responsabilité de les mettre en œuvre. Il faut souligner le courage, le dévouement des associations, des militants, des élus qui agissent pour le respect des droits et de la dignité des migrants. C’est eux que le gou-vernement doit écouter et appuyer.• La politique d’austérité en dégra-dant les conditions de vie et de travail s’en prend à tout ce qui concoure à faire vivre les valeurs d’égalité et de fraternité, moteurs du vivre ensemble : le travail, les services publics, le droit au logement et à l’éducation, à la santé, les droits collectifs et individuels. L’asphyxie budgétaire du pays et de nos collec-tivités territoriales ne mène qu’à plus d’inégalités et d’injustices.• Enfin, c’est toute la politique exté-rieure française qu’il faut changer. Les migrations qui augmentent au plan mondial ont une triple origine : fuir les conflits et les violences ; échapper à la misère pour assurer à sa famille une vie meilleure et aux dérèglements climatiques que nos modes de développement et de production, mais aussi les règles du « libre-échange », engendrent. S’atta-quer aux causes c’est donc promou-voir un nouvel ordre mondial, basé sur la paix et le développement et le recul des inégalités que provoque une mondialisation capitaliste prédatrice, c’est aussi commencer à s’attaquer au terreau du fondamentalisme reli-gieux et du terrorisme. Ainsi, que la guerre cesse en Syrie, et des milliers de Syriens pourraient retrouver leur pays.Français et immigrés partagent un intérêt commun, celui de construire une société de justice, de partage, de mise en commun, qui réponde aux aspirations de tous les citoyens à égalité de droits et libertés.C’est de ce côté que se trouve l’avenir, un avenir pour chacun d’entre nous.

L’accord signé vendredi 18 mars entre les 28 chefs d’États et de gou-vernements et le premier ministre turc est inacceptable. Il confirme la volonté des dirigeants européens de fermer les portes d’entrée de l’Europe aux populations fuyant la guerre, les violences et la misère.

À partir du dimanche 20 mars, tout réfugié arrivant sur les îles et côtes grecques sera renvoyé en Turquie. Outre la lourdeur du dispositif, l’accord entre l’Union européenne et la Turquie fait l’impasse sur la situation de dizaines de milliers de migrants et réfugiés, déjà sur le sol européen, dont l’espoir d’être « réinstallés » dans un pays européen se réduit de plus en plus. En effet, la Commission européenne vient de diminuer de moitié ses projets de « réinstallation », passant de 160 000 à 72 000 personnes, alors qu’ils sont aujourd’hui moins d’un millier à en avoir bénéficié. Et que vont devenir les réfugiés d’Irak, d’Afghanistan, d’Érythrée, du Soudan… ?De fait, le droit d’asile, dont les conditions sont fixées par la Conven-tion de Genève, est foulé aux pieds et le HCR a de nouveau exigé son respect. Le Secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon dès novembre 2015 appelait « à cesser de construire des murs et de renvoyer des gens ».La Turquie, quant à elle, se voit grati-fier du label de « pays sûr », condition pour recevoir les réfugiés refoulés. Un comble. Les chefs d’Etat ont donc accepté toutes les conditions fixées par le gouvernement d’Erdogan au plan financier, politique et adminis-tratif, fermant les yeux sur la terreur orchestrée par le président turc depuis plusieurs mois, la répression féroce contre la population kurde, la chasse aux démocrates et les atteintes aux libertés d’opinion, d’expression

et de la presse.La quasi totalité des chefs d’Etats ont tout accepté, trop heureux que la Turquie leur permette de se dégager d’une partie de leurs responsabilités d’accueil et d’asile de populations en détresse. Ce « lâche soulagement » suscite de virulentes critiques des ONG, des autorités de l’ONU, des associations et des citoyens attachés aux valeurs de solidarité et d’huma-nité de notre continent.À Athènes, Rome, Londres et Genève des manifestations de pro-testation ont eu lieu.Le PCF s’associe aux condamnations de cet « accord de la honte ». L’Europe, première puissance économique mondiale, forte de ses 500 millions d’habitants a les capacités d’accueil-lir ces femmes, ces hommes et ces enfants.La France se doit également d’ouvrir ses portes aux 30 000 réfugiés qu’elle s’était engagée à recevoir sur notre sol. La France doit notamment veiller à ce que la libéralisation prévue du régime des visa accordée à la Turquie réponde effectivement aux normes et critères définis, notamment par les traités européens, concernant la démocratie, l’État de droit, le respect des libertés fondamentales, les relations avec la République de Chypre, avant l’ouverture de tout chapitre supplémentaire dans la discussion sur l’adhésion potentielle de la Turquie à l’UE.Enfin, tout doit être mis en œuvre pour s’attaquer aux causes de cette situation : la guerre en Syrie doit ces-ser, la négociation actuelle aboutir et la feuille de route du Conseil de sécu-rité de l’ONU acceptée par toutes les parties, régime et opposition réunis, Kurdes inclus. Les autorités françaises doivent peser dans ce sens.

Gazage, f lash-ball, canon à eau, matraquage… les témoignages de la violence exercée par les forces de l’ordre dès le premier jour du démantèlement de la zone sud du camp des réfugiés de Calais, le 29 février 2016, sont nombreux. Ces exactions vont à l’encontre du juge-ment de référé et des recomman-dations de la juge qui préconisait un démantèlement progressif et le non-recours aux forces de l’ordre. Les habitats ne devaient être détruits qu’une fois les occupants réorientés. L’État a choisi d’envoyer des bulldo-zers escortés de CRS, prétextant que la présence d’activistes empêchait le bon déroulement du démantèle-ment. En outre, l’État a préféré ne pas travailler avec les associations présentes sur le camp de Calais, les mieux à même de connaître les réfugiés et leurs besoins. Ces associations ont dénoncé l’attitude

de l’État qui rejette des milliers d’enfants, de femmes et d’hommes qui ne demandent que le respect de leur dignité et de leur choix de quitter des pays ou des zones où les conflits et les persécutions sont leur quotidien. Les expulsions collectives et le refoulement, interdits par la Déclaration universelle des droits de l’homme et la Convention de Genève, ne régleront rien.Le PCF prône la mise en place d’un plan d’urgence pour sauver et accueillir les migrants en garantis-sant une entrée sécurisée et légale pour les réfugiés et les migrants. Il demande que des politiques natio-nales et européennes pour créer des centres d’hébergement permettant l’accueil, l’hébergement et l’inté-gration pour ceux qui en font la demande, soient mises en œuvre au plus vite.

MIGRANT

Intérêt communPar Lydia Samarbakhsh, responsable du secteur international du PCF

UE-TURQUIE

Un accord « lâche et inacceptable »Déclaration du PCF

CALAIS

L’État choisit la violence

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Les Nouvelles 24 mars 2016 • 7

Mobilisation exceptionnelle pour l’Humanité

PCF

Nous sommes dans une phase importante d’appropriation du débat et des enjeux qui se posent à nous. La situation politique pousse à nous mettre en mouvement, contre la loi travail, la déchéance de nationalité, pour la défense des services publics et de l’emploi, les solidarités.

Il s’agit de permettre que le débat ait lieu avec tous les communistes à partir des questions qui sont posées sans laisser, même si c’est un sujet important, les échéances de 2017 envahir l’ensemble de nos discussions alors que nous avons tant à dire sur le projet communiste, les transfor-mations du Parti, et également sur notre visée transformatrice et notre stratégie politique, au-delà même de 2017.Le projet de base commune, adres-sé à tous les adhérents, est acces-sible sur : congres.pcf.fr

Aide à l’introduction des débats

Le sens du combat communiste et notre projet pour la France• Notre analyse du capitalisme mondialisé et financiarisé et le combat communiste pour le dé-passer : qu’est-ce qui caractérise le système actuel ? Où en est on de la crise systémique ? Quelles sont les principales contradictions du système ? Quels grands objectifs de notre combat communiste ?• Notre analyse des classes so-ciales : Quelle caractérisation des classes sociales ? (classes populaires, classes moyenne, salariat…) Où en est-on de la conscience de classe : droitisation ou non de la société française, quelles idées et valeurs progressent/ reculent ? Comment mener la bataille idéologique sur les idées/valeurs qui sont au cœur de notre projet ?• Notre stratégie de rassemble-ment : En France : Qui voulons-nous rassembler ? Quelle articulation entre la perspective majoritaire - la mise en mouvement des 99 % - et les forces immédiatement dispo-nibles ? Entre l’adresse au peuple et à la gauche ? En Europe : comment dépasser la contradiction apparente entre la défense des intérêts popu-laires nationaux face à la politique de l’UE et la nécessité d’un espace politique de coopération à l’échelle européenne pour la réalisation de notre propre projet.

Des axes structurant notre

projet pour la France

1. Le travail, l’emploi et l’éduca-tion pour une société sans chô-mage.• Le travail : Comment lutter contre le coût du capital et revaloriser le tra-vail et la protection sociale ? Face aux transformations du travail et de son organisation sous l’effet de la révolu-tion numérique et du management, comment repenser le travail pour l’émancipation humaine ? • L’emploi : Où en est-on de l’emploi, de sa gestion ? Quel rôle des banques, de l’État des régions pour une sécuri-sation de l’emploi et de la formation, pour la ré-industrialisation et le développement des services publics ?• L’éducation : Quelles consé-quences des politiques actuelles ? Où en est-on des inégalités scolaires ? Quel rôle de l’éducation dans le nou-veau modèle social que nous voulons pour la France ?2. Une société du bien vivre et du bien commun• L’emprise de la finance : quel état des lieux ? comment reprendre le pouvoir aux banques et aux marchés financiers ?• Quel lien entre le social et et l’écologie dans notre projet ? Quels nouveaux indicateurs de bien être ?• Les biens communs pour bien vivre demain : où en est-on des ser-vices publics, des logiques de privati-sation et à l’inverse des reconquêtes ? 3. La refondation démocratique de la République, une France d’éga-lité, ouverte et respectée.• La démocratie : où en est-on de la crise institutionnelle ? Où en est-on de la concentration capitalistique des pouvoirs médiatiques ? Quelle refondation démocratique de la République ?• Le pacte républicain : où en est on de la liberté, de l’égalité, de la fraternité ? Comment caractériser la bataille qui se mène contre la laïcité ? Quelles formes actuelles du racisme et de l’antisémitisme ? Quelles propositions pour relancer le pacte républicain ?4. Paix et sécurité pour la France, en Europe et dans le monde• Le terrorisme, la guerre au ter-rorisme, les politiques de puis-sances : où en est-on de la stratégie de Daesh et celle des puissances occidentales ? Quels changements en matière de politique extérieure et intérieure à opérer ?• L’Europe : quel rapport des Fran-

çais à l’Europe, quelles évolutions politiques en Europe, quels obstacles et quels points d’appui ? Quel projet européen et quelles sont les forces disponibles pour le faire avancer ?• Le Monde : quel état du monde ? Quel rôle de la France dans la mon-dialisation ? Quel état de la contesta-tion à l’échelle internationale ? Quels espaces de coopération et de sécurité collective construire ou investir et quelles sont les forces disponibles ?

Echéances électorales de 2017,Présidentielle, législatives et séna-toriales. Enjeux à débattre :• Le PS, Les Républicains, Le Front national : quel état de ces forces, leurs stratégies, le rapport de force ? Le scénario à déjouer.• Le Front de gauche : quelle évo-lution, atouts et point faibles actuels du FDG au regard de nos objectifs politiques ? • Mouvement social et intellectuel : Quel état des lieux des luttes et de la contestation des idées dominantes ? Quelles possibilités de convergences syndicales, associatives intellectuelles et politiques ?• Notre stratégie de reconstruc-tion de la gauche : Quel processus collectif et populaire pour les prési-dentielles et les législatives de 2017 ?

Les transformations du PCF

Enjeux à débattre :• Comment améliorer la connais-sance et la mise en commun de notre corps militant/renouveler et réorga-niser notre dispositif de formation et nos directions pour rendre plus efficace notre travail ?• Comment réorganiser notre activité pour renforcer le parti dans les quar-tiers populaires ? Comment réorga-niser notre activité pour renforcer le parti à l’entreprise ? Quel état des lieux de nos pratiques militantes et comment les améliorer ? Quelles synergies développer entre l’action des élu-es et des organisations du parti ?• Comment structurer notre poli-tique de communication pour ren-forcer la visibilité de nos idées dans la société ?• Quels réseaux construire ou investir pour renforcer notre influence et mettre à profit toutes les expériences de mises en commun qui émergent et s’opposent à la compétition pour le profit.

La nouvelle section Sud Gironde, qui réunit celle de Langon et des Landes girondines, s’est réunie en AG pour préparer le congrès

Les communistes de cette nouvelle section se connaissent bien pour travailler déjà ensemble, notamment sur les questions du redécoupage ter-ritorial et du regroupement imposé des communes issu de la loi NOTRe. Mais aussi sur la défense des services publics de proximité et durant les campagnes électorales.Cette mise en commun s’est concré-tisée en septembre 2015 avec la volonté de s’organiser efficacement, tant pour resserrer les liens avec les militants-tes communistes de ce secteur que pour les aider à déployer leur activité militante.En effet, l’intervention politique dans ce vaste territoire, qui va du rurbain au rural, nécessite d’avoir des portes d’entrées diversifiées pour bien partir des préoccupations quotidiennes. Lors de cette assemblée, les 16 participants-tes, ont consacré près d’une heure à l’organisation de la vie du parti, avec un point trésorerie et Fête de l’Huma 33 par Nicolas Ong, la présentation de l’association départementale des élus (ADECR) par Patrick Alvarez. Christine Texier a fait le point de la mise en oeuvre de l’aide départementale à l’animation militante dans les sections, tant du point de vue matériel que des pistes à explorer pour la formation et la mise en responsabilité des communistes.Les camarades, dont quelques-uns avaient distribué le matin à la gare de Langon, poursuivent la visite des adhérents-tes avec les cotisations, la tombola de l’Huma et les tracts sur la « loi Travail ». La préparation du congrès s’organise d’un même pas, avec la secrétaire de la section, Sophie Laulan, son adjoint Pierre Augey, et les responsables de l’exécutif de section. Trois réunions sont programmées sur les trois grands thèmes du projet de base commune : « le monde, l’Europe, la France en commun », les échéances 2017 et les évolutions du PCF. Un rappel est nécessaire du calen-drier jusqu’au congrès national début

juin : projet de base commune, textes alternatifs, choix de la base commune par vote des communistes, débats et propositions des congrès de sections, congrès départemental fin mai.Un premier débat engagé lors de cette assemblée a porté essentiellement sur la question des « primaires » : plusieurs camarades s’insurgent contre la participation du PCF dans ce processus sur la base que « le PS ne peut pas être un partenaire », que « cela renforce le présidentialisme que nous rejetons ». Un rappel un peu amer est fait sur le paquet ferroviaire, les décisions prises qui ont désespéré des militants.Un camarade souligne qu’il faut se préoccuper de l’organisation com-muniste dans l’entreprise.D’autres s’interrogent : « Qu’est ce qui empêche le PCF de créer le débat en dehors de ces primaires ? » et « ne vaut-il pas mieux s’ intéresser aux préoccupations des gens, à leur vie concrète ? » Pour un camarade « il y a actuelle-ment trois tendances dans le Parti : la position nationale dans des primaires, ceux qui veulent le parti tout seul, ceux qui veulent poursuivre l’ élargissement du Front de Gauche », concluant : « Il faut avoir le débat. »Pour un autre, « nous avons déjà des éléments de programme » et avec le Front de gauche en 2012 « on a fait 11 % ». Un autre rappelle qu’aux législatives le Front de gauche a obtenu 7 %, « ce n’est pas suffisant ».Le questionnaire-enquête ayant été évoqué, il intéresse, à condition « de faire simple », parce qu’il peut permettre que les citoyens « inter-viennent et pèsent dans ces débats ». Un camarade parle de la pauvreté qui s’étend, des déserts médicaux, des déserts de communication dans les territoires ruraux : « Comment et avec qui on travaille plus loin, au-delà des élections ? ». Le souhait est que la consultation s’organise de façon précise, pour travailler en profondeur et dans la durée.La prochaine réunion est datée au 1er avril à 20h à Fargues de Langon. Elle portera sur le premier thème du projet de base commune.

C. Texier

37E CONGRÈS

Débattre de tout avec tous les communistes

SUD GIRONDE

Premier échange

PCF MÉRIGNAC

LotoVendredi 1er avril, 20h30, salle de Capeyron, place Jean Jaurés à Mérignac

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8 • Les Nouvelles 24 mars 2016

AVIS DE DISSOLUTION ET DE LIQUIDATION

Etude de Me Etienne RISPALNotaire

84390 SAULT

Suivant AGE en date du 16/01/2016, enregistré au POLE ENREGISTREMENT S.I.E. BORDEAUX CENTRE le 14 mars 2016, Bordereau n° 2016/655, Case 47, il a été décidé la dissolution, à compter du 16/01/2016, de la Société CATRAL, SCI au capital de 2 000 €, dont le siège social est à BORDEAUX (33) 146 rue de Belleville, immatriculée au RCS de BOR-DEAUX sous le n° 489779454 et sa mise en liquidation amiable.Liquidateur M. Jean François QUINT, demeurant à BORDEAUX (33) 146 rue de Belleville, avec les pouvoirs les plus étendus pour réaliser les opérations de liquidation et parvenir à la clôture de celle-ci. Siège de la liquidation : chez le liquidateur, adresse à laquelle toute cor-respondance devra être envoyée, et actes et documents relatifs à la liquidation de-vront être notifiés.Formalités au RCS de BORDEAUX

Pour avis Maître Etienne RISPAL

ANNONCES LÉGALES

CULTURES & SOLIDARITÉS

Les Nouvelles de Bordeaux et du Sud-Ouest S.A.S. au capital de 37 000 eurosAssociés (à parts égales) : L. Chollon, F. Mellier, S. LabordeDirecteur de la publication : Frédéric MellierAbonnement 1 an : 25 euros. Abonnement de soutien : 40 eurosRédaction, composition, impression : S.A.S. Les Nouvelles de Bordeaux et du Sud-Ouest15, rue Furtado - 33800 BORDEAUXTél. 05 56 91 45 06 - Fax 05 56 92 61 01 - Annonces légales : [email protected]é : [email protected] - Redaction/Proposition d’article : [email protected] nbso.frCommission paritaire de presse : 0113 C 85932

@nvlbxLes nouvelles de bordeaux

150 auteurs et illustrateurs fran-çais et étrangers, des débats, lec-tures, rencontres, expositions, ateliers, performances et spec-tacles, des créations inédites, des rendez-vous pour la jeunesse… et un « village littéraire » réunissant une dizaine de librairies indé-pendantes, soixante dix maisons d’édition et deux cents éditeurs représentés.

Les 1, 2 et 3 avril dans le quartier Sainte-Croix (place Renaudel)

• Grands entretiens et rencontres avec des auteurs majeurs comme Olivier Adam, Charles Berberian, Pierre Bergounioux, Philippe Clau-del, Etienne Davodeau, Ludovic Debeurme, Mathias Enard, Brigitte Giraud, Camille Laurens, Marie Nimier, Olivier Rolin, Jón Kalman Stefánsson, Alain Veinstein, Jean-Didier Vincent… et des auteurs émergents comme Cati Baur, Oli-vier Bourdeaut, Didier Castino, Céline Curiol, Sacha Goerg, Fanny Michaëlis, Catherine Poulain, Em-manuelle Richard…• Grands débats : - « La France et les pays musulmans : une relation difficile ? », avec Jean Birnbaum, Gilles Kepel et Pierre Vermeren- « Mémoire des Lieux », avec Mathias Enard, Hélène Gaudy et Yann Morvan - « Qu’est-ce qui fait l’histoire ? », avec Philippe Artières, Patrick Bouche-ron, Bruno Dive…• Lectures, performances et spec-tacles : - Nous serons des héros de Brigitte Giraud, par le comédien Hippolyte Girardot et le musicien Bastien Lallemant,- Bambi & Co de, et avec Olivia Rosenthal,- Le Grand Vivant de Patrick Au-

tréaux, lu par le comédien Mathieu Genet et dansé par Thierry Thieû Niang…• Créations inédites :- Performance : La Plage de, et avec Marie Nimier,- Lectures : Gwénaëlle Aubry lit Perséphone 2014, Mathias Enard lit Boussole, - Concert dessiné : Un père vertueux de Ludovic Debeurme,- Lecture dessinée en musique : La française pop de Christophe Conte et Charles Berberian…• RDV jeunesse : - Concert dessiné : Vincent Malone -le Roi des papas- et Jean-Louis Cornalba, - Lectures dessinées autour de Quatre Soeurs avec Malika Ferdjoukh et Cati Baur et de Kodhja de Thomas Scotto et Régis Lejonc, - Conférence théâtralisée autour de Peter Pan de Régis Lejonc…- Ateliers, rencontres, espace numé-rique, siestes littéraires…• Salon du livre : Un « village littéraire », réunissant une dizaine de librairies indépendantes, soixante dix maisons d’édition et deux cents éditeurs représentés.Programme complet :www.escaledulivre.comwww.facebook.com/escale.dulivre

La participation d’Espaces Marx Aquitaine

Espaces Marx Aquitaine y tiendra encore cette année un stand partagé avec l’IHSA-CGT et les éditions du Serpolet. Seront, notamment, pré-sent-e-s avec leurs ouvrages :- Joël Guerin, militant syndicaliste, - Karfa Sira Diallo, directeur de Mémoires & Partages,- Isabelle Garo, philosophe,- Jean-Numa Ducange, historien,

- Josette Touzet, militante altermon-dialiste,Des auteur(e)s présenté(e)s par les éditions du Serpolet :- Catherine Guillery auteur de Luxembourg (nouvelle).Poète, conférencière, auteur de pièces de théâtre, de nouvelles et récits, Catherine Guillery est vice-présidente de la Société des Amis de la Poésie à Bergerac et secrétaire de l’Académie des Lettres et des Arts du Périgord. Le Jardin du Luxembourg, qui a donné le titre de cette nouvelle, est pour cette native de Paris, qui a vécu en d’autres lieux, le jardin de tous les rêves, de tous les voyages… - Danièle Labatsuzan auteur de Vers la lumière nue (poèmes)Il faudrait dire le désert, la nuit dévoilée, l’écorchée vive. Mais parler d’elle, c’est déjà la trahir. Elle, la plus que vraie, la fleur d’eau ignorant le soleil pour mieux séduire les étoiles. Sa poésie se fait discrète, insaisissable et touche, à qui sait la lire, la part d’intime et d’universel qui est en chacun.Lysiane Rolland auteur de Petits mondes familiers (histoires illustrées par Emma Rolland Smili)L’une écrit et conte, l’autre dessine. Après Les contes du jardin, les voilà de nouveau complices pour une autre aventure avec ces Petits mondes familiers où la mère (Lysiane) et la fille (Emma) s’en donnent à cœur joie pour cette recherche des trésors oubliés au fond des cabanes de jardin et dans le mystère des greniers et des tiroirs.. Et aussi les livres de Dominique-Em-manuel Blanchard, Jean Dartigues, Gisèle Gall, Rolande Leroux, Marc Losson, Alain Noualhat, Marc Ross, Marie-Hélène Sainton, Agnès Schnell, Béatrice Scipion, Arnaud Subra, Michel Suffran, Bernard Texier, Mario Urbanet, Jeanne Uteau…

Stéphane Denoyelle, Maire de Saint-Pierre-d’Aurillac et le conseil municipal inaugurent le Parvis Ambroise Croizat, samedi 2 avril 2016, à 11h (école de Saint-Pierre-d’Aurillac). Le rassemblement sera suivi de la projection du film Ambroise Croizat, le bâtisseur de la Sécu (produit par ROUGE Productions).

ESCALE DU LIVRE, FESTIVAL DES CRÉATIONS LITTÉRAIRES

14e éditionDu 1er au 3 avril 2016 / Bordeaux, quartier Sainte Croix (Place Renaudel)

SAINT PIERRE D’AURILLAC

Inauguration du Parvis Ambroise Croizat

CHRONIQUENOUVELLES IDÉES REÇUESpar Gérard Loustalet Sens

La peur, le rejet, la haine des « mulsumans » consti-tuent aujourd’hui dans ce pays une réalité aussi grave et préoccupante qu’incontournable. Les guillemets s’imposent car ce terme, musulman, désigne aussi bien des personnes se reconnaissant dans l’Islam comme croyance que des personnes assignées, plus ou moins arbitrairement, à cette identité, sans avoir rien revendiqué, sur la seule base d’une origine ethnique. Le mot islamophobie paraît alors un peu réducteur pour désigner l’ostracisme envers toute une population ainsi constituée et homogénéisée à seules fins de stigmati-sation et de discrimination. Mais ce terme existe et on peut le voir - mais j’y reviendrai - comme l’expression euphémisée et rassurante - pour tant d’apôtres zélés récemment convertis à la laïcité - d’un racisme post-co-lonial qui fonde aujourd’hui l’ethnicisation des rapports sociaux. Cette population appartient globalement aux couches les plus pauvres de la société si bien qu’elle cumule un double racisme : ethnique et de classe. Ce qui fait, par exemple, s’interroger Benoît Bréville dans le Monde diplomatique (février 2015) : ne s’agit-il pas autant de « prolophobie » que d’islamophobie ?

On sait le rôle d’intellectuels médiatiques bien installés dans la dénonciation et l’anathémisation de ce mauvais objet idéal qu’est l’Islam, support de tous les fantasmes racistes et identitaires dans la production de l’idéologie dominante aujourd’hui. Dans un premier temps, la no-tion même d’islamophobie a été récusée avec indigna-tion au nom des valeurs universelles d’une République à l’impeccable laïcité, garantissant la parfaite égalité entre tous les citoyens, autochtones et allogènes. On a même inventé une fable, popularisée par l’inévitable Caroline Fourest et l’inénarrable Pascal Bruckner, selon laquelle le mot islamophobie aurait été « forgé », en 1979, par les mollahs iraniens - le mollah iranien étant alors une figure obligée d’un effroyable intégrisme islamique dont on s’accommode aujourd’hui fort bien pour combattre Daesch… Les mollahs auraient fabriqué ce terme afin de stigmatiser les femmes refusant le tchador et d’interdire toute critique de l’Islam. Or ce terme, d’après Abdellahi Hajjat et Marwan Mohammad, n’a d’équivalent réel ni en persan ni en arabe (« Islamophobie, une invention française  », www.islamophobie.hypothèses.org). En fait ce néologisme a été inventé au début du XXe siècle par des « administrateurs-ethnologues » français, spé-cialistes en « orientalisme ». L’un d’eux le définit ainsi : « un préjugé contre l’Islam répandu chez les peuples de civilisation occidentale et chrétienne. Pour d’aucuns, le musulman est l’ennemi naturel et irréconciliable du chrétien et de l’Européen, l’islamisme est la négation de la civilisation et la barbarie, la mauvaise foi et la cruauté sont tout ce qu’on peut attendre de mieux des maho-métans » (Alain Quellien, La politique musulmane dans l’Afrique occidentale française, 1910. Cité par Abdellahi Hajjat et Marwan Mohammad, art. cité)… Il y a plus de 100 ans… Et pas un mot à changer !

Et voilà, dans un deuxième temps, qu’il est mainte-nant de bon ton de se revendiquer islamophobe. On a vu ainsi Mme Elisabeth Badinter, tout auréolée d’une réputation de « féministe » bien convenable, proclamer sur France Inter qu’il «  ne faut pas avoir peur de se faire traiter d’islamophobe  », car il y aurait, paraît-il, aujourd’hui un « stop absolu » à l’islamophobie, une « interdiction de parler » imposée aux islamophobes ! On se demande dans quel pays vit cette dame. Comme si le fond de commerce islamophobe ne prospérait pas, avec ses stars envahissant studios de radio et plateaux de télévision, les Finkielkraut, Zemmour, Houellebecq, Fourest, Bruckner, etc. et imposant à toute l’information mainstream la représentation d’un Islam inquiétant et dangereux, révéré par des individus dont il faut se défier car toujours suspects de sympa-thies terroristes… On connaissait l’étrange féminisme de Mme Badinter défendant la nécessité de la prostitution pour l’assouvissement des besoins irrépressibles du genre masculin… On savait sa détestation bornée des « femmes voilées »… La voilà maintenant propagandiste d’un « racisme chic » constitutif de « l’édification d’une hégémonie culturelle réactionnaire à base xénophobe qui part à la conquête de ce qui reste d’une intelligentsia un tant soit peu éclairée » (Julien Lacassagne, « Elisa-beth Badinter ou le racisme chic  », blog-médiapart, 16.01.2016).

Islamophobie et racisme chic