Patrice FlichyLe sacre de l’amateur, sociologie des passions ordinaires à l’ère du numérique, 2010

L’amateur et la connaissance

Notes de lectureJacques Kerneis

Octobre 2013

Plan du livreIntroduction : la démocratisation des compétences1.La « culture amateur »2.Les amateurs et la citoyenneté3.L’amateur et la connaissance

1. La « culture amateur »

Montée des amateurs Musique électronique MySpace Le photographe numérique Ecriture numérique et écriture de soi Les fans (Internet, le réseau social des) Un nouvel espace de réception créatrice User generated Content

2. Les amateurs et la citoyenneté

L’amateur de politique L’espace « extime » Dans les replis de l’espace public Les différentes formes de débat public L’engagement amateur Pétitions en ligne : humour et

« ultimatums » Mondes virtuels, réseaux et mobilisation

3. L’amateur et la connaissance

Les communautés de partage d’expériences

Vulgariser les connaissances La contre-expertise scientifique Prendre en charge sa santé La recherche « en plein air » Le mouvement des logiciels libres La démocratie scientifique et technique

Quelques éléments sur cette partie Production par des amateurs ancienne (surtout en

sciences dites exactes) : cultures locales, sociétés savantes…)

Le changement : activité de masse (relativement)

2 « moteurs » : niveau de formation (malgré PiSA et PiAAC !) Internet

Les communautés de partage d’expériences (forums…) Incertitude/qualité Production de confiance Alternative/médias (typés top-down…) Consensus/ critères de qualité ou pas (on sollicite alors

des experts ou des amateurs dont on se sent proche) Peu d’échanges directs: tableau noir (infos, avis, trucs…) Hétérogénéité des compétences : difficultés à poser des

questions pour les uns et intérêt assez particulier des autres : afficher leurs compétences et les améliorer

Vulgariser les connaissances

Top 10 mondial, 1million d’article en français Cohabitation de légitimités différentes 7% de contributeurs, mais seulement10% (d’entre eux) « officiellement » et

régulièrement 70% du contenu ¼ du contenu fait par les 100 plus actifs Ce sont des amateurs de savoir (de tous horizons) Pas d’argument d’autorité mais poids du « déjà publié » Mémoire de toutes les étapes/œuvre collective (/blog) Cardon l’appelle l’encyclopédie des ignorants (Rancière !) On y apprend seul sans l’autorité d’un maître (dispositif ST) la légitimité de l’opinion , de l’expérience parfois > à celle de la science. Dans la rédaction, il faut faire collaborer différents argumentations ((ex des médecines non conventionnelles)

La contre-expertise scientifique

Wikipedia refuse les savoirs inédits (ex nanotechnologies)

Mouvement de contestation des experts spécialistes La science en « plein air » (Callon)

Prendre en charge sa santé

Expériences, infos, conseils, compassion/des maladies identifiées ou non (expression des angoisses, soutien de « proches ».

Mise en réseau des expertises, mise en forme de l’info expertise nouvelle (coopérations malades-médecins intense ex. de la maladie de Parkinson…)

Agrégation des données par amateurs ou sociétés commerciales

De la juxtaposition de « je » on passe à un « nous » capable de structurer des savoirs et de prendre des positions collectives

Hybridations entre la production des amateurs et des scientifiques

Il n’y a pas de différence de nature entre le travail scientifique et celui de l’amateur

L’amateur n’est pas une « petite main » mais un des acteurs de la science

Courant interactionniste en sociologie (Garfinkel) : élaborer une construction commune de la science et de ses savoirs-faire et ainsi créer des objets-frontière

2 ex : sciences naturalistes (observations in situ) et Informatique

Logiciels libres

Le cas de Linux (depuis les années 80)Code accessibleAmateurs volontaires et bénévolesRecherche collective de type scientifico-techniqueCompétences multiples et tâches très diversifiées (tests…)1/3 venant d’universités et d’entreprisesIntérêt à (instrumentalité) : rapporte à l’individu en terme d’usage, de salaire ou/et de notoriétéIntérêt pour (désintéressement) : Mauss/Caillé : l’action est elle-même sa propre fin : plaisir par l’action et/ou pour les destinatairesMélange entre les deux : celui qui est déjà dans la communauté peut prendre le risque de faire un don (qui sera critiqué voir refusé) parce qu’il a déjà l’impression de recevoir plus qu’il ne donne (dynamique du don)Pas de différence nette entre travail et loisirs

La démocratie scientifique et technique

Controverses/effets des sciences et techniques peuvent avoir sur l’environnement et la santé

On part du principe qu’en situation d’incertitude l’information des spécialistes est insuffisante (OGM, nucléaire…)

Ex des conférences de consensus : formation (passage de profane à amateur). Ils interrogent les experts puis produisent une série de recommandations.

Intérêts de la démarche :

Retire le monopole du débat qux experts-spécialistes Changement de nature du débat (plus organisé autour de

la position des lobbies) Evite les positions tranchées, officielles… Construction d’un monde commun et pas seuls intérêts des

acteurs. L’amateur a la capacité de s’investir émotionnellement

(essentiel quand le risque n’est pas mesurable) Plus le sujet est complexe et plus on a besoin des amateurs

Conclusion

L’amateurisme est à l’articulation de 3 évolutions majeures de notre société :

1. L’individualisme contemporain2. Le mouvement de diffusion et d’élargissement des

savoirs et des compétences3. Une société plus démocratique (le souhait d’une…)

L’individualisme contemporain

Volonté de construire son identité Favoriser son épanouissement (intérêt à/pour Internet permet l’accès à des ressources

cognitives ainsi que le retour sur soi, à partir de la confrontation aux autres et à leur façon de dire et de faire.

Sa construction identitaire se fait en réseau

Le mouvement de diffusion et d’élargissement des savoirs et des compétences

L’amateur se distingue de l’individu ordinaire par l’important effort d’apprentissage et de formation qu’il fournit, réalise.

L’expertise qu’il accumule est essentielle à son attachement à telle ou telle pratique et un élément crucial de sa construction identitaire

Les nouveaux savoirs qu’il acquière touche à de multiples domaines (culture, arts, médias, sciences, techniques…)/ seuls champs légitimes

Il y accède le plus souvent par des formes d‘apprentissages qui passent rarement par l’école (ou la FC) : autoapprentissage

Sur Internet, il peut trouver des ressources mais surtout des conseils, appeler à l’aide, se confronter à ses pairs, se faire évaluer, apprendre par la pratique…

Ils utilisent des outils de pro.. Et leurs ^productions sont comparables MAIS ces savoirs qui se développent dans une logique de passion sont

éclatés : ils constituent des « iles d’expertise » luxuriantes mais éloignées les unes des autres

un nouveau rôle pour l ’école ? (Jacobi, cité par De Smedt, REC)

Une société plus démocratique

Chaque individu possède une ou plusieurs parcelle (s) de compétences et que celles-ci peuvent être associés dans des dispositifs coopératifs.

Il ne s’en remet pas de manière aveugle à l’expert (dans les domaines où il est connaisseur) ce qui lui importe le plus est de se faire son propre jugement

Il est capable de tenir un discours critique/expert La démarche compte plus que le contenu (parfois

médiocre, copier-coller… emprunts pour se singulariser)

La rumeur est la rançon de la démocratie