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Place des topiques locaux dans la douleur neuropathique

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Page 1: Place des topiques locaux dans la douleur neuropathique

Douleurs Évaluation - Diagnostic - Traitement (2008) 9, 153—154

Disponib le en l igne sur www.sc iencedi rec t .com

LU POUR VOUS

Place des topiques locaux dans la douleurneuropathique

Role of topical applications for neuropathic pain

Florentin Clère ∗

Consultation pluridisciplinaire de la douleur, centre hospitalier,216, avenue de Verdun, 36000 Chateauroux, France

Disponible sur Internet le 16 mai 2008

La douleur neuropathique (DN), liée à une lésion ou un dysfonctionnement du systèmenerveux, reste une problématique complexe même si des recommandations de bonnespratiques commencent à se développer pour sa prise en charge. Complexe en termes demécanismes physiopathologiques, qui sont souvent à la fois centraux et périphériques.Complexe aussi en terme d’objectifs thérapeutiques : la disparition totale des phéno-mènes douloureux étant rarement possible, le soulagement ne peut être que partiel,contrairement à ce qu’attendent les patients, être guéris. Complexe enfin, car les trai-tements spécifiques, même s’ils se développent, restent peu nombreux et assez souventmal tolérés. Qui plus est, les antalgiques des trois paliers de l’OMS sont dans ce cadrepeu ou pas efficaces. Alors il serait peut-être temps d’apporter un peu de simplicité àce sujet si complexe. Et si cette simplicité passait par la peau ? Au delà des médicationspar voie orale, certains produits utilisés à même la peau peuvent, en effet, apporter unsoulagement aux patients dont la DN reste localisée. C’est à ces « topiques locaux » quel’américain Oscar A. de Leon-Casasola a décidé de consacrer une revue de la littérature[1]. En effet, puisque la DN peut en partie être générée par une sensibilisation périphériquedu système nerveux, l’application locale de certaines substances doit pouvoir appor-ter des résultats intéressants. Une fois la littérature analysée, trois produits sortent dulot :• la lidocaïne à 5 % en compresse imprégnée est le « seul anesthésique local à avoir fait

l’objet d’études randomisées et contrôlées pour le traitement de la DN ». C’est égale-ment le seul à bénéficier en France d’une autorisation de mise sur le marché (AMM) dansle cadre des douleurs postzostériennes (Versatis®). Du fait d’une absorption systémique

très faible, ses effets secondaires restent rares et limités à la zone cutanée d’application.Une méta-analyse datant de 2005 [2] lui attribue un NNT de 2 (il faut traiter deux patientspour en soulager un de 50 %), ce qui place le produit devant la plupart des traitementspar voie orale. Le rapport bénéfice/risque semble donc particulièrement intéressant ;

∗ Auteur correspondant.Adresse e-mail : [email protected].

1624-5687/$ — see front matter © 2008 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.doi:10.1016/j.douler.2008.03.001

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tematic review. PLoS Med 2005;2:e164. Epub 2005.[3] Clère F, Perriot M, Henry F, Voisine ML, Roy M, Grignon M. Dou-

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la capsaïcine en crème, dosée à 0,075 %, est égale-ment utilisable même si les études réalisées ont unemoins bonne méthodologie. Elle agit, en effet, direc-tement sur les terminaisons nerveuses des fibres Cau niveau de l’épiderme. Cependant, son utilisationest fréquemment limitée par une sensation de brûlureintense sur le site d’application, surtout en début detraitement, alors qu’il faut deux à quatre semainespour que le produit atteigne son pic d’efficacité. Enl’absence d’AMM en France, le produit n’est disponibleque par l’intermédiaire d’une autorisation temporaired’utilisation (ATU) nominative (Zostrix®), après accord del’Afssaps ;enfin l’utilisation d’antidépresseurs tricycliques par voielocale est en cours d’évaluation : des résultats encou-rageants ont pu être obtenus grâce à une combinaison

d’amitriptyline à 4 % et de kétamine à 2 % en crème, ouencore avec des patchs de doxépine.

D’autres pistes sont d’ores et déjà envisagées, mais lesésultats obtenus jusqu’alors restent assez décevants : c’est

F. Clère

e cas de la clonidine en patch ou en crème, de la kétaminen gel, voire du menthol et du peppermint. . . L’auteur deette revue conclue donc sur l’intérêt d’une approche mul-imodale de la DN, au sein de laquelle les topiques locauxeuvent trouver toute leur place, y compris en France [3],ompte tenu de leur bonne tolérance.

éférences

1] De Leon-Casasola OA. Multimodal approaches to the manage-ment of neuropathic pain: the role of topical analgesia. J PainSymptom Manage 2007;33:356—64.

2] Hempenstall K, Nurmikko TJ, Johnson RW, A’Hern RP, Rice AS.Analgesic therapy in postherpetic neuralgia: a quantitative sys-

leur neuropathique et utilisation des topiques locaux en ATU.Poster, 7e Congrès de la SFETD, Paris 2007. Douleurs 2007;8(HS1):1S76.