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Saint-Malo, 27 et 28 mars 2009 566 Rev Mal Respir 2009 ; 26 : 564-8 Une cause inhabituelle de pneumonie nécrosante chez une élève infirmière G. Pansin 1 , E. Briens 2 , J. Bousser 1 , J. Vaucel 3 , D. Coëtmeur 2 , P. Manuel Lauriano 4 1 Réanimation, 2 Pneumologie, 3 Bactériologie, CH de Saint Brieuc, France. 4 Pneumologie, CH de Guingamp, France. [email protected] Nous rapportons un cas de pneumonie nécrosante responsable d’une insuffisance respiratoire aiguë survenu chez une élève infir- mière sans ATCD. L’HDM débutait par un syndrome pseudogrippal, compliqué d’une douleur basithoracique gauche d’allure pleurale. La radiogra- phie thoracique objectivait un syndrome alvéolaire lobaire inférieur gauche. En l’absence de signe de gravité (FineI), un traitement par Clamoxyl ® était débuté dans l’hypothèse d’une PFLA. L’évolution était marquée par la persistance de l’hyperthermie avec l’apparition d’expectorations hémoptoïques et de signes d’insuffisance respira- toire aiguë. Sur le cliché thoracique, on notait une atteinte pulmo- naire bilatérale avec une abcédation du lobe inférieur gauche, confirmée par le TDM thorax. Compte tenu de la sévérité de l’hypoxémie, la patiente était transférée en réanimation. Le diagnostic d’infection à Staphylocoque sécréteur de leucocidine était alors évoqué et une antibiothérapie associant Zyvoxid ® , Dala- cine ® et Vancomycine ® mise en route. L’ECBC confirmait la pré- sence de 10 7 Staphylocoques auréus résistants à la méthicilline (SARM) producteur de toxine de Panton-Valentine (PVL). L’évolution était alors lentement favorable avec une antibiothérapie poursuivie pendant 3 semaines. Le contrôle TDM à un mois mon- trait une nette amélioration des lésions mais la persistance de zones excavées lobaires inférieures gauches. En reprenant l’interrogatoire, la patiente signalait avoir effectué à plusieurs reprises des soins d’ulcère chez un patient colonisé à SARM. La comparaison des germes isolés montrait qu’il s’agissait de la même souche sécrétrice de PVL. Il faut donc savoir évoquer une infection à SAMR sécréteur de PVL devant une pneumonie nécrosante du sujet jeune, s’aggravant mal- gré une antibiothérapie conventionnelle. Sa gravité potentielle impose la mise en route d’une antibiothérapie adaptée. Dans l’attente des données de l’antibiogramme, elle doit faire appel à une bithérapie active sur le SARM et sur la production de PVL (asso- ciation de linezolid et clindamicine). Pneumothorax cataméniaux révélant une endométriose thoracique T. Guimard 1 , E. Verger 1 , H. Morel 1 , C. Bernier 2 , B. Lenot 2 , Y. Curran 1 , E. Goarant 1 1 Service de pneumologie, Centre Hospitalier Broussais, Saint-Malo, France. 2 Service de pneumologie, Centre Hospitalier de Dinan, France. 3 Service de chirurgie thoracique et vasculaire, Centre Hospitalier de Saint Brieuc, France. Introduction : Le pneumothorax cataménial est une entité rare de pneumothorax survenant de manière récurrente, spontanée, et aux cours des périodes menstruelles. Les étiologies ne sont pas par- faitement définies mais il s’agit dans la plupart des cas des consé- quences d’une endométriose thoracique et/ou de fenêtres diaphragmatiques. Cas 1 : Une femme âgée de 33 ans, fumeuse, et ayant un antécé- dent d’endométriose découverte lors d’une appendicectomie, con- sulte pour un pneumothorax complet droit, révélé par une douleur thoracique et une dyspnée d’effort et survenant pendant les règles. Elle récidive immédiatement après exsufflation, puis après un drai- nage aspiratif de quatre jours. Elle signale des douleurs scapulaires menstruelles chroniques. La vidéo-thoracoscopie confirme la pré- sence de nodules d’endométriose, notamment sur le diaphragme où il est pratiqué une résection. Malgré une pleurodèse par abrasion et un traitement médical par analogue de la GnRH, cette patiente fait deux récidives de pneumothorax, à droite, au cours des deux années de suivi. Cas 2 : Une femme âgée de 38 ans, fumeuse, présente depuis quel- ques mois, des rachialgies dorsales d’intensité croissante, survenant pendant les règles. Elle consulte pour pneumothorax spontané, bilatéral, complet, survenant au début des règles. La thoracotomie droite ne retrouve pas de foyer d’endométriose. La thoracotomie gauche, pratiquée après récidive précoce du pneumothorax à gau- che, ne retrouve pas de foyer d’endométriose. Malgré une pleuro- dèse bilatérale par abrasion, la patiente fera une récidive de pneumothorax cataménial à droite, à l’occasion d’un arrêt du trai- tement par analogue de la GnRH. Conclusion : Le pneumothorax cataménial est le mode de révéla- tion le plus fréquent (73 %) de l’endométriose thoracique, devant les hémothorax, les hémoptysies et les nodules pulmonaires. Les douleurs thoraciques menstruelles doivent également faire évoquer une endométriose thoracique. La survenue d’un pneumothorax cataménial bilatéral reste exceptionnelle. La prise en charge est mul- tidisciplinaire, chirurgicale et hormonale. Références Nunes H, Bagan P, Kambouchner M, Martinod E : Endométriose thoraci- que. Rev Mal Respir 2007 ; 24 : 1329-40. Alifano M, Trisolini R, Cancielleri, Regnard JF : Thoracic Endometriosis : Current Knowledge. Ann Thorac Surg 2006 ; 81 : 761-9.

Pneumothorax cataméniaux révélant une endométriose thoracique

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Page 1: Pneumothorax cataméniaux révélant une endométriose thoracique

Saint-Malo, 27 et 28 mars 2009

566

Rev Mal Respir 2009 ; 26 : 564-8

Une cause inhabituelle de pneumonie nécrosante

chez une élève infirmière

G. Pansin

1

, E. Briens

2

, J. Bousser

1

, J. Vaucel

3

, D. Coëtmeur

2

, P. Manuel Lauriano

4

1

Réanimation,

2

Pneumologie,

3

Bactériologie, CH de Saint Brieuc, France.

4

Pneumologie, CH de Guingamp, France.

[email protected]

Nous rapportons un cas de pneumonie nécrosante responsabled’une insuffisance respiratoire aiguë survenu chez une élève infir-mière sans ATCD.L’HDM débutait par un syndrome pseudogrippal, compliquéd’une douleur basithoracique gauche d’allure pleurale. La radiogra-phie thoracique objectivait un syndrome alvéolaire lobaire inférieurgauche. En l’absence de signe de gravité (FineI), un traitement parClamoxyl

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était débuté dans l’hypothèse d’une PFLA. L’évolutionétait marquée par la persistance de l’hyperthermie avec l’apparitiond’expectorations hémoptoïques et de signes d’insuffisance respira-toire aiguë. Sur le cliché thoracique, on notait une atteinte pulmo-naire bilatérale avec une abcédation du lobe inférieur gauche,confirmée par le TDM thorax. Compte tenu de la sévérité del’hypoxémie, la patiente était transférée en réanimation.Le diagnostic d’infection à Staphylocoque sécréteur de leucocidineétait alors évoqué et une antibiothérapie associant Zyvoxid

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mise en route. L’ECBC confirmait la pré-sence de 10

7

Staphylocoques auréus résistants à la méthicilline(SARM) producteur de toxine de Panton-Valentine (PVL).L’évolution était alors lentement favorable avec une antibiothérapiepoursuivie pendant 3 semaines. Le contrôle TDM à un mois mon-trait une nette amélioration des lésions mais la persistance de zonesexcavées lobaires inférieures gauches.En reprenant l’interrogatoire, la patiente signalait avoir effectué àplusieurs reprises des soins d’ulcère chez un patient colonisé àSARM. La comparaison des germes isolés montrait qu’il s’agissaitde la même souche sécrétrice de PVL.Il faut donc savoir évoquer une infection à SAMR sécréteur de PVLdevant une pneumonie nécrosante du sujet jeune, s’aggravant mal-gré une antibiothérapie conventionnelle. Sa gravité potentielleimpose la mise en route d’une antibiothérapie adaptée. Dansl’attente des données de l’antibiogramme, elle doit faire appel à unebithérapie active sur le SARM et sur la production de PVL (asso-ciation de linezolid et clindamicine).

Pneumothorax cataméniaux révélant

une endométriose thoracique

T. Guimard

1

, E. Verger

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, H. Morel

1

, C. Bernier

2

, B. Lenot

2

, Y. Curran

1

, E. Goarant

1

1

Service de pneumologie, Centre Hospitalier Broussais, Saint-Malo, France.

2

Service de pneumologie, Centre Hospitalier de Dinan, France.

3

Service de chirurgie thoracique et vasculaire, Centre Hospitalier de Saint Brieuc, France.

Introduction :

Le pneumothorax cataménial est une entité rarede pneumothorax survenant de manière récurrente, spontanée, etaux cours des périodes menstruelles. Les étiologies ne sont pas par-faitement définies mais il s’agit dans la plupart des cas des consé-quences d’une endométriose thoracique et/ou de fenêtresdiaphragmatiques.

Cas 1

:

Une femme âgée de 33 ans, fumeuse, et ayant un antécé-dent d’endométriose découverte lors d’une appendicectomie, con-sulte pour un pneumothorax complet droit, révélé par une douleurthoracique et une dyspnée d’effort et survenant pendant les règles.Elle récidive immédiatement après exsufflation, puis après un drai-nage aspiratif de quatre jours. Elle signale des douleurs scapulairesmenstruelles chroniques. La vidéo-thoracoscopie confirme la pré-sence de nodules d’endométriose, notamment sur le diaphragme oùil est pratiqué une résection. Malgré une pleurodèse par abrasion etun traitement médical par analogue de la GnRH, cette patiente faitdeux récidives de pneumothorax, à droite, au cours des deux annéesde suivi.

Cas 2 :

Une femme âgée de 38 ans, fumeuse, présente depuis quel-ques mois, des rachialgies dorsales d’intensité croissante, survenantpendant les règles. Elle consulte pour pneumothorax spontané,bilatéral, complet, survenant au début des règles. La thoracotomiedroite ne retrouve pas de foyer d’endométriose. La thoracotomiegauche, pratiquée après récidive précoce du pneumothorax à gau-che, ne retrouve pas de foyer d’endométriose. Malgré une pleuro-dèse bilatérale par abrasion, la patiente fera une récidive depneumothorax cataménial à droite, à l’occasion d’un arrêt du trai-tement par analogue de la GnRH.

Conclusion :

Le pneumothorax cataménial est le mode de révéla-tion le plus fréquent (73 %) de l’endométriose thoracique, devantles hémothorax, les hémoptysies et les nodules pulmonaires. Lesdouleurs thoraciques menstruelles doivent également faire évoquerune endométriose thoracique. La survenue d’un pneumothoraxcataménial bilatéral reste exceptionnelle. La prise en charge est mul-tidisciplinaire, chirurgicale et hormonale.

Références

Nunes H, Bagan P, Kambouchner M, Martinod E : Endométriose thoraci-que.

Rev Mal Respir

2007 ; 24 : 1329-40.Alifano M, Trisolini R, Cancielleri, Regnard JF : Thoracic Endometriosis :Current Knowledge.

Ann Thorac Surg

2006 ; 81 : 761-9.