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Pour une impl6mentation pragmatique des systGmes d’information en radiologie ans le domaine hospita- lier, plusieurs systemes cooperent afin de fournir a l’administration et aux medecins un moyen efficace de gestion et d’echange de l’information. Au niveau de l’hopital se trouve le systeme d’information hospita- lier (ou SIH). C’est a ce niveau que sont collectees les informations en provenance des differents pla- teaux techniques, et que sont consolidees les informations administratives a destination de la direction de l’etablissement. Au niveau du service de radio- logie, le systeme d’information radiologique (ou SIR) prend en compte‘iagestion des dlannings d’examens, l’archivage des comptes rendus et le guivi de l’activite. Enfin le PACS (picture archiving and communication system) permet la manipulation et l’archi- vage d’images radiologiques numeriques. Ces logiciels coope- rent afin de supporter les diffe- rentes taches qui sont realisees dans un service de radiologie (tableau I). Le PACS ne doit done pas etre consider6 comme un element isole, mais @tre replace dans le cadre plus general du systeme d’information de l’hbpital. Conceptuellement, le PACS ne constitue qu’une extension du systeme d’information radiolo- gique, qui prend en compte le stockage et la manipulation des images. Si, du point de vue tech- nique, le PACS doit repondre a des contraintes particulieres liees a la taille des informations mani- pulees, il faut cependant le consi- derer comme un element d’un systeme d’information plus global dans lequel il doit s’integrer. Du point de vue fonctionnel, c’est-a-dire en se placant du point de vue de l’utilisateur, un syste- me d’information peut etre vu selon deux dimensions : l comme support de l’activite ; l comme un outil d’aide a la ges- tion. Le support a l’activite concerne I’accomplissement de toutes les taches quotidiennes : prise de rendez-vous, consultation des anteriorites, saisie de l’activite, communication des resultats. L’aide a la gestion concerne une vision synthetique sur le proces- sus radiologique, la constitution de tableaux de bord. Pour @tre bien assimile a l’acti- vite du service de radiologie, le PACS doit s’integrer dans ces deux dimensions : faciliter la consultation des images et leur communication, mais aussi etre en mesure de fournir des statis- tiques concernant le nombre d’images par patient, par type d’examen... Ce n’est qu’a cette condition que la mise en place d’un PACS apportera les benefices habituel- lement attribues aux systemes d’information : l meilleure disponibilite de l’information ; l meilleure communication des informations medicales ; l amelioration de l’efficacite. La disponibilite de l/information concerne l’acces plus facile a F Laborderie l/information, mais aussi l’inte- gration des informations. En effet, un radiologue ne manipule pas seulement des images (gerees par le PACS) mais aussi des demandes d’examens, des comptes rendus voire des resultats d/analyses. Enfin, a cause du temps d’acces a l’information qui est plus court, il devient possible d/acceder plus frequemment et plus systematiquement aux infor- mations contenues dans le dos- sier medical par exemple. La meilleure communication de l’information est rendue possible par la mise en place des techno- logies informatiques. Non seule- ment l’information est transpor- tee plus rapidement, mais elle acquiert le don d’ubiquite. Enfin, les PACS permettent une reduction de la consommation de films, et un systeme d’informa- tion radiologique ameliore le fonctionnement des services de radiologie par la prise en charge des taches de routine par le sys- t&me informatique. De maniere tres pratique, trois points sont importants dans la reussite de l’informatisation d’un service de radiologie : des carac- teristiques techniques suffisantes, la prise en compte de l’enchaine- ment des tdches effectuees dans le service de radiologie, et l’utilisa- tion de techniques de gestion de projet pour la mise en oauvre. Depuis 10 ans, l’accent est mis sur les problemes techniques, ils sont desormais resolus (ATM, rapport capacite/prix de stocka- ge). Les differents industriels Philips Systemes MBdicaux, 88, rue Brillat-Savarin, 75013 Paris, France. RBM (1996) 18, 5, 126-132 0 Elsevier, Paris

Pour une implementation pragmatique des systèmes d'information en radiologie

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Pour une impl6mentation pragmatique des systGmes d’information en radiologie

ans le domaine hospita- lier, plusieurs systemes cooperent afin de fournir

a l’administration et aux medecins un moyen efficace de gestion et d’echange de l’information. Au niveau de l’hopital se trouve le systeme d’information hospita- lier (ou SIH). C’est a ce niveau que sont collectees les informations en provenance des differents pla- teaux techniques, et que sont consolidees les informations administratives a destination de la direction de l’etablissement. Au niveau du service de radio- logie, le systeme d’information radiologique (ou SIR) prend en compte‘iagestion des dlannings d’examens, l’archivage des comptes rendus et le guivi de l’activite. Enfin le PACS (picture archiving and communication system) permet la manipulation et l’archi- vage d’images radiologiques numeriques. Ces logiciels coope- rent afin de supporter les diffe- rentes taches qui sont realisees dans un service de radiologie (tableau I). Le PACS ne doit done pas etre consider6 comme un element isole, mais @tre replace dans le cadre plus general du systeme d’information de l’hbpital. Conceptuellement, le PACS ne constitue qu’une extension du systeme d’information radiolo- gique, qui prend en compte le stockage et la manipulation des images. Si, du point de vue tech- nique, le PACS doit repondre a des contraintes particulieres liees a la taille des informations mani-

pulees, il faut cependant le consi- derer comme un element d’un systeme d’information plus global dans lequel il doit s’integrer. Du point de vue fonctionnel, c’est-a-dire en se placant du point de vue de l’utilisateur, un syste- me d’information peut etre vu selon deux dimensions : l comme support de l’activite ; l comme un outil d’aide a la ges-

tion. Le support a l’activite concerne I’accomplissement de toutes les taches quotidiennes : prise de rendez-vous, consultation des anteriorites, saisie de l’activite, communication des resultats. L’aide a la gestion concerne une vision synthetique sur le proces- sus radiologique, la constitution de tableaux de bord. Pour @tre bien assimile a l’acti- vite du service de radiologie, le PACS doit s’integrer dans ces deux dimensions : faciliter la consultation des images et leur communication, mais aussi etre en mesure de fournir des statis- tiques concernant le nombre d’images par patient, par type d’examen... Ce n’est qu’a cette condition que la mise en place d’un PACS apportera les benefices habituel- lement attribues aux systemes d’information : l meilleure disponibilite de

l’information ; l meilleure communication des

informations medicales ; l amelioration de l’efficacite. La disponibilite de l/information concerne l’acces plus facile a

F Laborderie

l/information, mais aussi l’inte- gration des informations. En effet, un radiologue ne manipule pas seulement des images (gerees par le PACS) mais aussi des demandes d’examens, des comptes rendus voire des resultats d/analyses. Enfin, a cause du temps d’acces a l’information qui est plus court, il devient possible d/acceder plus frequemment et plus systematiquement aux infor- mations contenues dans le dos- sier medical par exemple. La meilleure communication de l’information est rendue possible par la mise en place des techno- logies informatiques. Non seule- ment l’information est transpor- tee plus rapidement, mais elle acquiert le don d’ubiquite. Enfin, les PACS permettent une reduction de la consommation de films, et un systeme d’informa- tion radiologique ameliore le fonctionnement des services de radiologie par la prise en charge des taches de routine par le sys- t&me informatique. De maniere tres pratique, trois points sont importants dans la reussite de l’informatisation d’un service de radiologie : des carac- teristiques techniques suffisantes, la prise en compte de l’enchaine- ment des tdches effectuees dans le service de radiologie, et l’utilisa- tion de techniques de gestion de projet pour la mise en oauvre. Depuis 10 ans, l’accent est mis sur les problemes techniques, ils sont desormais resolus (ATM, rapport capacite/prix de stocka- ge). Les differents industriels

Philips Systemes MBdicaux, 88, rue Brillat-Savarin, 75013 Paris, France.

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offrent maintenant des solutions equivalentes et on sent une matu- rite des systemes. 11 reste main- tenant a prendre en compte les deux autres aspects, pour aboutir a une rapide diffusion des PACS dans la majorite des services d’imagerie.

Workflow management

Jusqu’a present, l’accent a sur- tout ete mis sur les aspects tech- niques des PACS. Le type de reseau necessaire, la resolution minimale des stations de dia- gnostic, le type des stations de travail a utiliser ont ete abon- damment etudies. Cependant, et nous l’avons vu dans l’introduc- tion, le PACS est un element du systeme d’information de l’hopi- tal, et a ce titre, il doit Ptre cohe- rent avec la maniere de travailler de tout le personnel du service d’imagerie. Le PACS doit s’inte- grer techniquement avec le sys- teme d’information de l’hopital, mais aussi a l’organisation du service de radiologie. Intuitivement il est evident qu’il est indispensable de prendre en compte l’organisation du servi- ce de radiologie lors de la mise en place d’un PACS. Le film, qui deviendra de plus en plus obsolete a cause du PACS, remplit actuel- lement quatre fonctions. 11 est uti- lise : l comme capteur ; l comme support de diagnostic ; l comme support de communi-

cation ; l comme support pour l’archi-

vage. Le film a done un role central dans les services de radiologie.

Depuis de nombreuses annees, leur fonctionnement a ete opti- mise en fonction des caracteris- tiques du film. En le remplagant, le PACS aura done une influence profonde sur toutes les activites d’un service de radiologie. Afin d’eviter des phenomenes de rejet, il ne faut pas considerer le PACS comme une super-modali- te, et ignorer les impacts que sa mise en place aura. Pour anticiper l’impact de son installation, et pour en tirer le benefice maximum, il est impor- tant de bien connaitre le fonc- tionnement du service de radio- logie. Cette analyse repose sur la notion de workflow management, litteralement : analyse des pro- cessus et de leurs enchainements. Cette analyse concerne l’ensem- ble du service de radiologie, l’ensemble des operations qui y sont faites. Le but avoue est d’ameliorer le fonctionnement grace a l’introduction du syste- me PACS. C’est done une demarche de progres. Afin de conduire l’analyse du workflow d’un service de radio- logie, il faut definir les informa- tions manipulees dans le service de radiologie, etudier comment sont traitees ces informations et, enfin, identifier la chronologie de ces manipulations. Les infor- mations manipulees sont celles du bon de radio, de la demande d’examen, ou bien les statistiques a destination de l’administration. La manipulation concerne l’uti- lisation qui est faite des infor- mations. Par exemple, le contex- te clinique, la demande d’examen et les images de l’examen sont des informations utiles au dia- gnostic. Enfin la chronologie des

traitements definit l’enchaine- ment des taches realisees et per- met d’identifier celles qui sont likes de maniere sequentielles (on fait le diagnostic une fois l’examen realise) ou celles qui peuvent etre realisees en parallele (l’archivage des resultats, leur communica- tion et la transmission des elk- ments de facturation a la comp- tabilite sont des actions qui peuvent etre simultanees). 11 est important, a ce niveau de l’analyse, de ne pas tomber dans le piege consistant a faire une confusion entre les processus qui ont lieu dans le service de radio- logie, et les fonctions des differents personnels. Un processus concer- ne la manipulation d’informa- tions en vue d’un resultat. Un processus peut impliquer plu- sieurs acteurs, qui ont des fonc- tions differentes. Par exemple, la programmation d’un examen lourd va consister en une valida- tion de la demande par un radio- logue, la recherche d’une date et d’un horaire par un agent d’accueil et, enfin, la redaction d’une lettre de convocation par une secretaire. Ces differentes personnes, qui ont diverses fonc- tions, vont cooperer. afin de mener a bien la realisation d’un seul et meme processus. En se concentrant sur les processus plutot que sur les fonctions, il est possible d’avoir une vision trans- versale du service de radiologie, et qui reprend le point de vue de ses <( clients )) : le patient, le pres- cripteur... Une fois collectees, ces informa- tions peuvent etre synthetisees sur un diagramme << activite- roles )>, qui indique pour chaque acteur quelle est sa contribution a chacun des processus du service de radiologie (tableau II). Quatre roles sont identifies : l’autorite (aspect hierarchique), la respon- sabilite, l’expertise et l’execution effective du travail (W, work en anglais). 11 est essentiel a ce niveau d’etre exhaustif et hon- nete. 11 ne s’agit pas de decrire un fonctionnement ideal, mais de decrire le fonctionnement reel, susceptible d’etre ameliore. Par exemple concernant l’accueil des patients, il est important de considerer aussi le service de brancardage. Bien qu’il ne depen- de pas du service de radiologie, c’est un acteur essentiel du pro-

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a$

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F Laborderie

cessus d’accueil du patient. Que le patient alit6 soit amen6 trop tot au service de radiologie, et il devra attendre, parfois dans un couloir, sa prise en charge. Qu’il soit amen6 trop tard, et c’est le planning des autres examens qui s’en trouve bouscule. Arrive a ce stade de l’etude, il est possible d’avoir une vision Claire du fonctionnement du service de radiologie. Les informations manipulees sont connues, les taches realisees sont identifiees et le role de chacun dans sa contribution au service est docu- ment& Cette phase preparatoire est 21 faire avant l’installation du PACS, et meme avant le choix du fournisseur. Toutes les informa- tions collectees sont utiles pour

definir les caracteristiques tech- niques du produit. 11 est ainsi possible de garantir d priori que le produit repondra bien aux besoins de I’organisation. Dans une deuxieme phase, l’ana- lyse du workflow permet d’envi- sager quel sera l’impact de la mise en place du PACS. 11 est habitue1 dans les sciences de l’organisation de caracteriser une organisation par quatre forces : la technologie, les per- sonnes, les activites et la struc- ture (fig 1). La technologie concerne le degre de nouveaute des technologies utilisees par l’organisation inte- ressee. Dans le cadre de la radio- logie, on peut identifier l’utilisa- tion ou non de la micro-

informatique, la presence ou non d’un reseau local d’etablisse- ment. Les activites et les per- sonnes sont celles definies ci- dessus dans le diagramme acivi- t&roles. La structure concerne la structure hierarchique du service. En temps normal, ces quatre forces sont en equilibre. Mais lors de la modification de l’une d’entre elles, les trois autres vont se modifier afin d’arriver a un nouvel equilibre. L’introduction d’une nouvelle technologie comme un PAC a une influence sur la man&e de travailler, sur les per- sonnes et le niveau de formation requis et sur la facon d’organiser le travail. Certaines taches nou- velles vont apparaitre (adminis- tration du PACS par exemple),

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Pour une impkmentation pragmatique des SIR

de nouvelles competences seront necessaires (utilisation des consoles, formations plus poussees a l’informatique et aux reseaux) et enfin de nouveaux postes devront etre trees (administra- teur de l’archive). Ce travail doit avoir lieu avec tous les membres du service, afin de faciliter l’acceptation des nou- veaux modes de travail et de beneficier au maximum de la creativite de chacun. C’est bien souvent aussi l’occasion de resoudre les problemes d’orga- nisation qui ont et6 mis a jour. Dans cet expose, nous avons constamment insist4 sur la neces- site d’avoir une approche la plus large possible, en ne se limitant pas simplement au service de radio- logie, mais en se concentrant plu- tot sur les processus qui mettent parfois en jeu des services diffe- rents. A ce niveau, il nous parait important de faire une parenthe- se sur l’integration entre les dif- ferents equipements qui compo- sent le systeme d’information radiologique et de l’hopital. 11 est utile de considerer les interfaces suivantes : l integration RIS - PACS ; l integration modalites - RIS ; l integration RIS - station de dia-

gnostic ; l integration HIS - RIS. Comme present6 dans l’intro- duction, ces differents compo- sants cooperent a chaque etape de la realisation d’un acte de radiologie. L’analyse du workflow fera apparaitre les informations qui doivent Etre echangees et qui sont indispensables a l’activite (fig 2). Ces contraintes d’integration devront Gtre prises en compte lors du choix des produits (ouverture, respect des stan- dards, capacite d/integration de la part du fournisseur), et surtout devront @tre la base du cahier des charges remis aux industriels.

Gestion de projet

Dans cet article, nous defendons la these selon laquelle les PACS ne sont pas des super-modalites et que leur mise en ceuvre requiert une attention toute particuliere. 11 est indispensable de prendre en compte les caracteristiques tech- niques du produit, de prevoir son integration dans le systeme

Activitts

Fig 1. Les diffkrentes forces caractbri- sant I’organisation.

d’information global, et de pre- parer l’organisation au change- ment. 11 est important de gerer cette phase de transition afin qu’elle ne soit pas vecue comme un traumatisme par le personnel du service de radiologie. A ce niveau, la maniere de faire comp- te bien plus que le resultat sou- haite.

nisation est tres fort et, enfin, l’installation de systemes d’infor- mation est une activite de ser- vices qui doit done etre adaptee au besoin de chaque client. Le but n’est pas ici de presenter les techniques de gestion de projet. Je renvoie pour cela le lecteur a une abondante litterature. Un projet est un mode d’organisation, souvent provisoire, utile pour gerer des taches complexes et non repetitives (tableau III). La gestion de projet est une methode qui consiste a definir les taches a realiser, a les organiser en planning afin d’aboutir au resultat souhaite. Le but - et la force - de la gestion de projet n’est pas de fournir une reponse toute faite a chaque situation possible, mais plutot de fournir une methodologie per- mettant a chacun d’aller vers la solution a un probleme don&, quelle que soit sa complexite. Ces

HIS

turation, DRI et CR u&e agenda patient

Fig 2. Les Bchanges entre /es diffkrents dknents du systime d’information.

Apres l’importance des aspects organisationnels (analyse du workflow), nous souhaitons done mettre l’accent sur la necessite de gerer l’installation d’un PACS comme un projet informatique a part entiere. 11 y a trois raisons pour recourir a la gestion de pro- jet : la mise en place d’un PACS est une entreprise d’une grande com- plexite, l’impact qu’il a sur l’orga-

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F Laborderie

techniques sont bien connues dans le domaine des systemes d’information et permettent de gerer le deploiement d’applica- tions aupres de milliers d’utili- sateurs (applications bancaires par exemple). Sans entrer dans le detail des techniques de gestion de projet, nous aimerions quand meme donner trois conseils tires de l’experience en milieu industriel. Dans ce contexte, les entreprises ayant suivi ces conseils ont toutes reussi la mise en ceuvre de leurs systemes d’information et ont toutes atteint leurs objectifs. Par contre, celles qui n’ont suivi que deux, un ou aucun des conseils ont toutes subi des echecs plus ou moins complets. Le premier conseil concerne la necessite d’avoir un chef de pro- jet bien identifie et qui a le support de la direction. Le chef de projet doit @tre une personne convaincue de la reussite du projet et des benefices apportes par le syste- me d/information. C’est lui qui motivera toute l’organisation et qui, par son enthousiasme, emportera l’adhesion des plus reticents. De ce point de vue, le support de la hierarchic est une sorte de caution, de legitimite. Le deuxieme conseil, et nous en avons deja longuement parle dans cet article, concerne l’inte- gration du PACS dans le syste- me d’information existant, au niveau de l’hopital ou de la radio- logie. Un systeme d’information est une chose qui evolue dans le temps et dont les interfaces entre les composants ne sont pas tou- jours definies par des standards. 11 est indispensable lors du choix d’un produit PACS d’etre vigi- lant et de choisir un produit qui se conforme le plus possible aux standards existants (DICOM et HL-7 dans le medical). 11 faut aussi choisir un industriel ayant reellement la capacite a integrer son systeme avec le systeme d/information existant. Enfin, il est indispensable de s’appuyer au maximum sur des groupes de travail multidiscipli- naires. En effet, les competences requises pour la mise en ceuvre d’une archive numerique concer- nent les technologies informa- tiques, et la radiologie. De plus, l’impact est fort au niveau de l’activite du personnel medical

ou non. Enfin, la connexion au systeme d’information de l’hopi- tal demande la cooperation avec la direction informatique de l’eta- blissement. L’utilisation de groupes de travail permet de creer une dynamique plus forte autour du projet d’informatisa- tion et facilite l’adhesion d’un vaste panel d’utilisateurs en les impliquant dans le processus de mise en ceuvre. La deuxieme raison en faveur d’une approche type gestion de projet tient a l’impact de l’intro- duction d’un systeme d’informa- tion sur l’organisation d’un service de radiologie (tableau IV). 11 est utile de faire la distinction entre les nouveautes technolo- giques et les nouveaux produits. Une nouveaute technologique concerne la facon dont est fait un produit. Par exemple, les nou- veaux reprographes a set sont bases sur une nouvelle technolo- gie, mais le produit (le film radio- logique) reste fondamentalement le meme. A l’inverse, un nouveau produit comme le CD-medical peut s’appuyer sur une techno- logie existante, le CD-ROM. Une nouvelle technologie demande la formation des personnes char- gees de la maintenance et de la ges- tion du produit. Les utilisateurs ne sont pas forcement depayses. Un nouveau produit demande par contre une formation des utilisa- teurs, mais pas necessairement une formation des administra- teurs. Dans le cas du PACS, la difficul- te provient du fait qu’il s’agit a la fois d’un nouveau produit qui remplace les etageres de l’archi- ve, et d’une nouvelle technolo- gie, le stockage numerique de l’information par opposition au stockage sous forme de films. 11 faut done former les utilisateurs a l’utilisation du PACS et a la manipulation des images, mettre en place les procedures d’admi- nistration de l’archive et former des personnes pour en faire la maintenance. Enfin, une derniere raison en faveur de la gestion de projet tient a la nature particuliere des systemes d/information. La vente de systemes d’information com- Porte la livraison de produits et de services associes (connexion au reseau existant, formation, mise en service). Les services sont diffe-

rents des produits en ce sens qu’ils sont immateriels, qu’il y a un contact direct entre le pro- ducteur et le consommateur et que le client lui-meme participe au processus de production. La mise en place du meilleur systeme d’information qui soit (archive numerique ou systeme de gestion du service de radiologie) sera un echec si l’aspect service est negli- ge. Dans le domaine des services, la qualite de la prestation depend de la qualite percue par le client. Elle depend : l du resultat, de ses caracteris-

tiques objectives ; l des attentes du client ; l de la relation qui s’etablit entre

le client et le fournisseur. Cet aspect est t&s important car il est fondamentalement different de la vente de produits. Dans la relation avec le client, il est indis- pensable de prendre en compte les attentes particulieres a chaque client et d’y adapter sa presta- tion. De plus, il est indispensable de bien identifier le besoin, les attentes de chaque utilisateur, afin d’y repondre au mieux. Un projet dont les objectifs ne sont pas fixes precisement et dont les attentes des utilisateurs sont ignorees est voue a l’echec, quel- le que soit la qualite du produit concerne. Cet expose ne doit pas effrayer le candidat potentiel a 1’aChat d’un PACS ou d’un systeme d’information. La gestion de pro- jet est un savoir-faire connu de toutes les societes qui travaillent dans le domaine des technologies de l’information. En respectant des regles de base, il est possible d’anticiper les problemes, de garantir aux utilisateurs un haut niveau de qualite et de faire en sorte que la transition entre un mode de fonctionnement tradi- tionnel et un PACS se fasse en douceur. 11 faut cependant retenir que le choix du meilleur produit sur le papier peut se reveler un cauchemar lors de l/installation. La mise en service reussie d’un sys- t&me d’information ne repose pas uniquement sur des caracteris- tiques techniques. 11 faut aussi une bonne dose de savoir-faire et avoir conscience que l’instal- lation puis la mise en service demandent une attention parti- culiere. Ce qui veut dire qu’il faut non seulement avoir conscience

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Pour une lmpl6mentation pragmatique des SIR

des difficult& potentielles, mais aussi mettre en place le plus tot possible les mecanismes qui vont permettre de les surmonter : identification voire recrutement avant le demarrage du projet d’une personne ayant un profil de chef de projet, contrainte d’integration au systeme d’infor- mation existant exprimee claire- ment des l’appel d’offre, criteres de choix des produits prenant en compte la capacite de l’industriel iTi gerer la mise en service. S’il est evident que le respect de ces regles ne garantit pas le resultat, il est aussi certain que le non-res- pect de ces regles augmente considerablement les risques d’echec.

Un exemple concret : Visby

L’hopital de Visby possede 200 lits. C’est le principal hopital de l’ile de Gotland en Suede. Gotland a une population de 60 000 habitants, qui augmente jusqu’a 240 000 chaque ete a cause du tourisme. En 1994, l’hopital a d&menage vers un nouveau bbtiment. Avant le demenagement, le departement de radiologie faisait en moyenne 150 examens par jour, dont 60 examens sur deux systemes PCR. Les autres exa- mens concernaient 30 examens de poumon, 20 mammographies, 8 IRM et 6 scanners. Avec la mise en place d’un nouveau scanner Philips SR7000, il est p&vu une augmentation du nombre de ces examens. Le demenagement vers un nou- veau bdtiment donnait la possi- bilite d’acquerir de nouvelles modalites afin de passer a un

fonctionnement sans film. Le dia- gnostic est fait sur des stations de travail multimodalites. Le stockage et la consultation des dossiers anterieurs se font grace a une archive numerique. Le sys- teme d’information radiologique et l’archive numerique sont tota- lement integres, ce qui permet la disponibilite simultanee des informations sur les deux sys- temes. La communication des images et des informations admi- nistratives entre les modalites, l’archive, les stations de travail et le SIR est totalement automa- tique. Cette integration des differents composants a permis d&s la mise en service du systeme la mise en place d’un mode de fonctionne- ment sans film et sans papier. Philips Systemes Medicaux a ete choisi comme maitre d’ceuvre de ce projet, avec la responsabilite de l’integration systeme. Philips a fait appel aux competences de Hewlett Packard (serveurs, reseau) et Sectra (archive nume- rique et certaines stations). Un groupe de travail pluridis- ciplinaire a effectue une analyse detaillee du workflow au sein du service de radiologie. Cette analyse suit le patient depuis son accueil, jusqu’a sa sortie du service. Elle decrit tres precise- ment les interactions entre le systeme d’information et le per- sonnel. Ce travail preparatoire a permis un passage en douceur au nouveau mode de fonction- nement. Depuis fin 1995, conformement au planning, le systeme est en service et fonctionne de maniere satisfaisante. Le service de radio- logie utilise les modalites Philips suivantes :

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I-,

une IRM Gyroscan T5-NT et un scanner SR7000, connect& a une console EasyVision CT/MR ; un systeme d’information radiologique Rados ; un systeme de radiographie numerique Diagnost 96 ainsi qu’un systeme MultiDiagnost 3, connect& a une console EasyVision RF ; deux systemes PCR pour nume- riser la production d’images radiologiques conventionnelles ; un Thoravision, systeme nume- rique de radiographie pulmo- naire.

~‘ous ces systemes sont intercon- nect& par un reseau local a haut debit de type ATM. Lors de la reception d’une deman- de d’examen (fig 3), un dossier patient electronique est tree. Lors de la prise de rendez-vous, les examens anterieurs sont automa- tiquement r&up&es depuis l/archive numerique. Le nouvel examen lorsqu’il est realise, est automatiquement ajoute au dossier patient electronique. Apres vali- dation du compte rendu, ce dossier patient est archive. Toutes les fonctions d&rites ci-des- sus sont automatiques. Chaque composant du systeme commu- nique avec les autres selon les besoins. Environ 1000 examens sont archives par semaine. Cette approche particuliere du probleme illustre bien les propos de cet article. La cl& ne reside pas dans les performances de haut niveau des modalites, mais dans le respect de certains elements : analyse du workflow, travail d’equipe, integration de tous les composants, choix d’un indus- triel ayant la capacite de prendre la maitrise d’ceuvre du projet.

Conclusion

Bien que les technologies soient maintenant suffisamment avan- &es, nous pensons que, pour que les reseaux d’imagerie entrent dans leur phase de pleine maturite, il est necessaire de prendre en compte l’environnement dans lequel le reseau sera install6 (workflow management) et de gerer sa mise en place comme un projet informatique. Les maitres d’ouvrages devront s’entourer des diverses compe- tences requises ou faire appel a

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F Laborderie

Actions at the Actions at the HIS Modality

Actions at the RIS Actions at the Image Management

base folder 1

I Patient 1 , , request folder 1 , 1

Patient data transf.

Examination Exammatmn

I Billine Activity

1

Fig 3. Le concept de dossier patient ilectronique B Visby.

des industriels maitrisant ces domaines (tableau V). Certains industriels comme Philips peu- vent compter sur des compe- tences internes tres variees : Philips est a la fois leader dans le monde de l’imagerie medicale, dans le domaine des systemes d’informations radiologiques,

du stockage de l/information, de l’installation de reseaux locaux d’entreprise et enfin dans le domaine des services en infor- matique ! Les indications pratiques don- nees dans cet article pourront aider toutes les personnes desi- reuses de se lancer dans l’aventure

consistant a supprimer le film et/au le papier dans leur service de radiologie. Pour finir, il nous semble important de souligner le fait que dans le domaine des sys- temes d’information, la reussite n’est pas lice aux qualites des produits, mais plutbt aux hommes et a leur gestion. II

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