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ÉDITORIAL Prévenir : nouvelles recommandations vaccinales pour la prévention de la coqueluche Prevention: new whooping cough vaccination guidelines La coqueluche est hautement contagieuse et peut avoir des conséquences sévères chez les enfants de moins dun an [1]. La coqueluche est causée par une bactérie, Bordetella per- tussis, qui touche lhomme du nouveau-né à ladulte. Son éradication est illusoire mais son contrôle est envisageable par le biais de la vaccination, du traitement des cas et dun traitement prophylactique de lentourage. La vaccination est efficace et essentielle au contrôle de la maladie mais insuf- fisante, car la protection vaccinale ne dépasse pas dix ans. Une vaccination de rappel tardive est nécessaire pour pro- longer limmunité induite par la vaccination. Ainsi, depuis juillet 2006, la vaccination contre la coque- luche est recommandée pour les adultes susceptibles de devenir parents dans les mois ou années à venir [2]. Elle est ainsi recommandée à loccasion dune grossesse, pour les membres du foyer (enfant qui nest pas à jour pour cette vaccination, adulte qui na pas reçu de vaccination contre la coqueluche au cours des dix dernières années), selon les modalités suivantes : père et enfant(s) : durant la grossesse de la mère ; mère : le plus tôt possible après laccouchement. Depuis plusieurs années, il semble que nous assistons à une très probable résurgence de la coqueluche chez les nour- rissons. La coqueluche nétant plus une maladie à décla- ration obligatoire depuis 1986, lévolution réelle de son incidence est difficile à déterminer. Néanmoins, cette résur- gence, dabord suspectée par une première étude parisienne puis confirmée par les résultats dune enquête nationale [3] a abouti en 1996 à la mise en place dun réseau hospitalier pédiatrique métropolitain de surveillance : Renacoq [4]. L objectif de ce réseau étant de suivre lévolution des for- mes graves de coqueluche, les bactériologistes dune qua- rantaine dhôpitaux adressent à lInstitut de veille sanitaire (InVS) les demandes et résultats des prélèvements à visée diagnostique (cultures et PCR). Ils envoient au Centre natio- nal de référence (CNR) des Bordetelles les souches recueil- lies pour une analyse phénotypique et génotypique. Les pédiatres documentent par une fiche les cas répondant à une des trois définitions de la coqueluche : clinique (toux quinteuse évocatrice de plus de 21 jours), épidémiologique (toux quinteuse de plus de huit jours et contact avec un cas confirmé au laboratoire) ou biologique (toux quinteuse et culture, PCR ou sérologie positive). Ce réseau a permis de mettre en évidence que le taux dincidence de la coqueluche chez les nourrissons de moins de trois mois augmente. De plus, la proportion des enfants de six mois contaminés par les parents augmente depuis 1996 entre +19 et +24 % selon le mode de calcul. Des cas de coqueluche sont retrouvés dans lentourage de 50 % des patients. La contamination est principalement intrafamiliale : un des parents (50 %) ou un membre de la fratrie (20 %) [5]. Ces résultats confirment lintérêt des nouvelles recommandations vaccinales de juil- let 2006 dont le but est de réduire les contaminations intra- familiales. Le réseau Renacoq permettra dévaluer limpact de cette stratégie. L information du personnel médical est essentielle. Il est à noter sur ce point que, bien que la vaccination du person- nel médical en contact avec les enfants soit aussi recom- mandée, la couverture vaccinale des médecins est proche de zéro, ces derniers étant très peu convoqués par la méde- cine du travail. Plusieurs mesures correctives peuvent être envisagées pour améliorer la notion de couverture vacci- nale chez les femmes enceintes : demander aux patientes Journal de Gynécologie Obstétrique et Biologie de la Reproduction 36 (2007) 236237 0368-2315/$ - see front matter © 2007 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. doi:10.1016/j.jgyn.2007.02.007

Prévenir : nouvelles recommandations vaccinales pour la prévention de la coqueluche

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Journal de Gynécologie Obstétrique et Biologie de la Reproduction 36 (2007) 236–237

ÉDITORIAL

Prévenir : nouvelles recommandations vaccinalespour la prévention de la coqueluche

Prevention: new whooping cough vaccinationguidelines

La coqueluche est hautement contagieuse et peut avoir desconséquences sévères chez les enfants de moins d’un an [1].La coqueluche est causée par une bactérie, Bordetella per-tussis, qui touche l’homme du nouveau-né à l’adulte. Sonéradication est illusoire mais son contrôle est envisageablepar le biais de la vaccination, du traitement des cas et d’untraitement prophylactique de l’entourage. La vaccination estefficace et essentielle au contrôle de la maladie mais insuf-fisante, car la protection vaccinale ne dépasse pas dix ans.Une vaccination de rappel tardive est nécessaire pour pro-longer l’immunité induite par la vaccination.

Ainsi, depuis juillet 2006, la vaccination contre la coque-luche est recommandée pour les adultes susceptibles dedevenir parents dans les mois ou années à venir [2]. Elleest ainsi recommandée à l’occasion d’une grossesse, pourles membres du foyer (enfant qui n’est pas à jour pourcette vaccination, adulte qui n’a pas reçu de vaccinationcontre la coqueluche au cours des dix dernières années),selon les modalités suivantes :

● père et enfant(s) : durant la grossesse de la mère ;● mère : le plus tôt possible après l’accouchement.

Depuis plusieurs années, il semble que nous assistons àune très probable résurgence de la coqueluche chez les nour-rissons. La coqueluche n’étant plus une maladie à décla-ration obligatoire depuis 1986, l’évolution réelle de sonincidence est difficile à déterminer. Néanmoins, cette résur-gence, d’abord suspectée par une première étude parisiennepuis confirmée par les résultats d’une enquête nationale [3]a abouti en 1996 à la mise en place d’un réseau hospitalierpédiatrique métropolitain de surveillance : Renacoq [4].

0368-2315/$ - see front matter © 2007 Elsevier Masson SAS. Tous droitsdoi:10.1016/j.jgyn.2007.02.007

L’objectif de ce réseau étant de suivre l’évolution des for-mes graves de coqueluche, les bactériologistes d’une qua-rantaine d’hôpitaux adressent à l’Institut de veille sanitaire(InVS) les demandes et résultats des prélèvements à viséediagnostique (cultures et PCR). Ils envoient au Centre natio-nal de référence (CNR) des Bordetelles les souches recueil-lies pour une analyse phénotypique et génotypique. Lespédiatres documentent par une fiche les cas répondant àune des trois définitions de la coqueluche : clinique (touxquinteuse évocatrice de plus de 21 jours), épidémiologique(toux quinteuse de plus de huit jours et contact avec un casconfirmé au laboratoire) ou biologique (toux quinteuse etculture, PCR ou sérologie positive). Ce réseau a permis demettre en évidence que le taux d’incidence de la coqueluchechez les nourrissons de moins de trois mois augmente. Deplus, la proportion des enfants de six mois contaminés parles parents augmente depuis 1996 entre +19 et +24 % selonle mode de calcul. Des cas de coqueluche sont retrouvésdans l’entourage de 50 % des patients. La contamination estprincipalement intrafamiliale : un des parents (50 %) ou unmembre de la fratrie (20 %) [5]. Ces résultats confirmentl’intérêt des nouvelles recommandations vaccinales de juil-let 2006 dont le but est de réduire les contaminations intra-familiales. Le réseau Renacoq permettra d’évaluer l’impactde cette stratégie.

L’information du personnel médical est essentielle. Il està noter sur ce point que, bien que la vaccination du person-nel médical en contact avec les enfants soit aussi recom-mandée, la couverture vaccinale des médecins est prochede zéro, ces derniers étant très peu convoqués par la méde-cine du travail. Plusieurs mesures correctives peuvent êtreenvisagées pour améliorer la notion de couverture vacci-nale chez les femmes enceintes : demander aux patientes

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d’apporter leur carnet de santé lors du premier rendez-vousde suivi de grossesse, ajouter une ligne spécifique à remplirdans le dossier de suivi de grossesse tel que le dossier Audi-pog,… En suite de couche, il convient de disposer de vaccinscontre la coqueluche afin de pouvoir vacciner les accou-chées si cela est nécessaire et comme cela est fait pour lavaccination contre la rubéole. Ce surcoût et la charge detravail supplémentaire pour vacciner les patientes doiventévidemment être pris en compte dans l’allocation des bud-gets. Ainsi, la recommandation publiée dans le BEH doitêtre relayée par une réflexion et des actions des gynécolo-gues–obstétriciens afin qu’elle soit appliquée au plus tôt etle plus efficacement possible.

Références

[1] Wirsing von Konig CH, Halperins S, Riffelman M, Guiso N. Per-tussis of adults and infants. Lancet Infect Dis 2002;2:744–50.

Calendrier vaccinal 2006. Avis du Conseil supérieur d’hygiènepublique de France. BEH 2006;29–30:211–26.Baron S, Njamkepo E, Grimprel E, Begue P, Desenclos JC, Druc-ker J, et al. Epidemiology of pertussis in French hospitals in1993 and 1994: thirty years after a routine use of vaccination.Pediatr Infect Dis J 1998;17:412–8.Baron S, Haeghebaert S, Guiso N, et al. Renacoq : surveillancede la coqueluche à l’hôpital en 1997. BEH 1998;50:215–7.Bonmarin I, Bouraoui L, Guiso N, Njamkepo E, ParticipantsRenacoq. Renacoq : surveillance de la coqueluche à l’hôpitalen 2004. BEH 2006;17:113–4.

R. RouzierService de gynéco-obstétrique, hôpital Tenon,

4, rue de la Chine,75020 Paris, France

Adresse e-mail : [email protected] (R. Rouzier).

Disponible sur internet le 23 mars 2007