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rot@ine P53: sentinelle du g nome
MARECHAL*
RESUM(:
P53 est une prot~ine clef du maintien de la stabilit~ g~n~- tique des cellules. D 'une part, il est c lairement ~tabli que le g~ne p53 acquiert f r ~ q u e m m e n t des mutat ions au cours du processus tumoral. D'autre part, l 'inactivation endog~ne ou ~pig~n~tique de P53 predispose les cellules d entrer dans un processus d ' immortal isat ion et/ou de transformation, deux pr~-requis d l'initiation et l'~volu- tion des tumeurs in vivo. Les r~sultats acquis plus r~cemment conf i rment l 'impor- tance de P53 dans les pathologies tumorales et permet- tent, pour la prerni~re fois, d'~tablir un lien fonct ionnel entre le ph~notype associ~ d l'inactivation de P53 ou d son activit~ oncog~nique in vivo, et les nombreuses don- n~es concernant les activit~s biochirniques et la structure de cette prot~ine.
MOTS-CLES
P53 - oncog~ne - g~ne suppresseur de tumeur - transfor- mation - cycle cellulaire - stabilit~ g~n~tique.
SUMMARY
P53 is a key protein for the preservation o f the cellular genetic stability. First, it is well established that the p53 gene is f requenly muta ted during the tumoral process. Second, endogenic or epigenetic inactivation o f P53 pre- disposes the cell to enter an immortalization and~or trans- format ion process, which are two requisites for tumor ini- tiation and evolution in vivo. More recent data conf irme the importance o f P53 in tumor pathogenesis and allow for the first t ime to func- t ionnaly link the pheno type associated with P53 inactiva- tion or oncogenic activation and the numerous data dealing with biochemical activities and structural in for- mations concerning this protein.
KEY-WORDS
P53 - oncogene - tumor suppressor gene - transforma- tion - cell cycle - genetic stability.
Introduction
La formation des tumeurs ou tumorigen~se r~sulte d'un processus multifactoriel. Les alterations physio- iogiques aboutissant ~ l'~mergence et ~ la dissemina- tion des cellules tumorales recouvrent entre autres un remaniement g~n~tique profond, une dysr~gulation des signaux associ~s aux facteurs de croissance tissu- iaires et un d~tournement des m~canismes d'angioge- n~se. De plus, le processus tumoral est largement facilit~ par la s~lection de m~canismes contribuant au contournement progressif des r~ponses immunitaires cytotoxiques.
U est aujourd'hui ~tabli que la composante g~u~tique constitue un ~l~ment essentiel dans l'initiation et l'~volution de la physiopathologie tumorale. Les alterations g~n~tiques d~tect~es dans les cellules tumorales contribuent ~ activer des g~nes (oncoo g~nes) ayant un effet positif sur ia croissance, la divio
* TIRES A PART : M. le Dr V. MARECHAL H6pital Rothschild Service de microbiologie 33, bd de Picpus 75571 PARIS CEDEX 12
article regu le 26 septembre, accept~ le 30 octobre 1996.
Revue franqaise des laboratoires, d~cembre 1996, N ° 289 29
sion cellulaire ou la survie des cellules ou ~ inactiver des g~nes impliqu~s dans la r~gulation n~gative de la division cellulaire (anti-oncog~nes ou g~nes suppres- seurs de tumeurs), dans ia diff~renciation cellulaire et dans l'induction de la mort cellulaire programm~e (apoptose). D'une fa~on tout ~ fait sch~matique, ces ~v~nements surviennent s~quentiellement afin d'assurer l ' immor- talisation des cellules (blocage de la diff~renciation et action anti-apoptotique notamment), leur multiplica- tion en d~pit des contraintes physiques impos~es par leur liaison aux cellules environnantes (diminution de l'adh~rence, n~oovascularisation darts le territoire tumoral), et leur migration dans des territoires ~loi- gnus (m~tastase et contournement du syst~me immuo nitaire). Le g~ne cellulaire p53 constitue, au regard des notions ~voqu~es ciodessus, un exemple tout ~ fait remarquable : le g~ne sauvage se comporte comme un g~ne suppresseur de tumeur, alors que certaines mutations, dites mutations activatrices, transforment p53 en oncog~ne. Le g~ne p53 est, parmi les g~nes connus, celui qui est le plus fr~quemment alt~r~ au cours du processus tumoral chez l 'Homme. Alors que le g~ne p53 sauo vage exerce une activit~ n~gative sur la division celluo laire et module positivement la mise en place de m~canismes apoptotiques en r~ponse ~ divers agents g~notoxiques, certains mutants ponctuels sont capables ~ l'oppos~ de conf~rer aux ceUules un avan- tage de croissance tout ~ fait comparable ~ celui observ~ pour d'autres oncog~nes ceUulaires ou viraux. Nous pr~sentons ici certains des r~suitats les plus marquants acquis depuis la d~couverte de la prot~ine P53 et de son activit~ biologique. Notre objectif est donc autant d'illustrer l ' importance des d~couvertes r~alis~es sur le plan fondamental, que de justifier l'attention croissante soulev~e par le g~ne p53 dans le domaine des pathologies tumorales.
FIGURE 1 Co-d~tection du complexe AgT/P53
2 3 0 J o u r s
C,~ttul~'~ de rongeur lrarlsfOrnlee$
par le v~rus SV40
Cell~e$ de ro~geu~ ~ransformees
yh"~ [ Extraction de~ p~ot~ime~
53ki
Les experiences r~alis~es d~s 1979 d~montrent qu'un rongeur d~veloppant une tumeur associ~e au virus SV40 produit des anticorps. Ces anticorps permettent d'isoler, & partir de cellules transform~es in vitro par le virus SV40, une pro- t~ine de 53kDa (P53). Les experiences r~alis~es par la suite d~montrent que P53 induit elle-m~me la production d'anticorps chez les animaux porteurs d'une tumeur associ~e au SV40, qu'elle est fr~quemment surexprim~e dans les tumeurs humaines et animales, et qu'elle forme un complexe avec l'antig~ne T dans les cellules transform~es par SV40.
Le g ne p53" de la notion d'oncog ne
celle d'anti-oncog ne...
• D ~ c o u v e r t e de ia prot~ ine P 5 3
Dans le milieu des ann~es 50, lors de la mise en place de stra- tegies de production & grande ~chelle du vaccin polio inactiv~ de Salk, les industries pharmaceutiques d~velopp~rent des techniques de culture du virus essentiellement bas~es sur l'utili- sation de lign~es immortalis~es humaines ou de cultures pri- maires de cellules de rein de singe. Les autorit~s sanitaires de ]'~poque~ craignant ]a presence de virus contaminants dans les lign~es humaines de laboratoire, encourag~rent l'utilisation de cellules de singe.
Afin de v~rifier ]'innocuit~ des preparations vaccinales, celles- ci furent inject~es & des lots de hamster. Les r~sultats obtenus, loin de rassurer les d~tracteurs de la vaccination de masse (par ailleurs largement d~velopp~e & ce moment precis) soulev~- rent une vague d'inqui~tude dans les milieux scientifiques et m~dicaux. Apr~s 230 jours en moyenne, environ 25 % des hamsters d~velopp~rent des tumeurs ; celles-ci ~taient asso- cites & la presence d'un virus (oncog~ne) originaire du singe et present dans les cellules de reins utilis6es, le virus simien 40 (SV40). Paradoxalement (et tr~s heureusement pour les individus vaccines) ce virus se r~plique parfaitement sur cel- lules de singe mais n'induit de tumeurs ni chez son h6te natu- rel, ni chez l 'Homme.
Les cellules infect~es forment des tumeurs Iorsqu'elles sont inject~es & des souris isog~niques et stimulent la production d'anticorps sp~cifiques dirig~s contre des antig~nes viraux et cellulaires exprim~s par les cellules tumorales. Les prot~ines reconnues par ces anticorps sont appel~es antig~nes de tumeur. Ces anticorps s~riques repr~sentent un outil privil~gi~ pour rechercher et identifier des prot~ines virales et cellulaires potentiellement impliqu~es dans le processus tumoral. Les propri~t~s oncog~niques du virus SV40 sont associ~es ]'expression d'une prot~ine virale connue sous ]e nora d'anti- g~ne grand T (AgT) (67).
La d~couverte de la prot~ine P53 est associ~e aux travaux r~alis~s aux Etats-Unis par le groupe d'A.J. LEVINE, en Grande-Bretagne par D. LANE et L. CRAWFORD, et e n France par P. MAY.
Les anticorps polyclonaux produits par les souris portant une tumeur & SV40 d~tectent ]'antigOne grand T et, de fa9on assez syst~matique, une prot~ine d'un poids mol~culaire appa- rent de 53kDa dans les cellules infect~es (34, 37) (figure 1). Le groupe d'Arnold J. LEVINE a d~montr~ d~s 1979 qu'un tel s~rum est ~galement capable de d~tecter la prot~ine P53 dans des cellules transform~es non-infect~es (41), ce qui d~montre (a) que P53 stimule la production d'anticorps chez ces animaux et (b) que P53 est d'origine cellulaire. P53 est donc initialement d~crite comme un antigone de tumeur d'ori- gine cellulaire.
A la m~me ~poque, plusieurs experiences d~montrent que P53 forme un complexe avec l'antig~ne grand T dans les tumeurs induites par le virus SV40 (37). Enfin, P53 est fr~- quemment surexprim~e dans les lign~es transform~es d'ori- gine humaine ou murine ind~pendamment de l 'agent transfor- mant (5, 65), et cette surexpression est associ~e dans 10 % des cancers du sein chez l 'Homme, & la production d'anti- corps polyclonaux s~riques (8). Ces donn~es sugg~raient que P53 ~tait tr~s probablement impliqu~e, directement ou indi- rectement, dans la transformation tumorale.
• C lonage et ~ tude de l 'act iv i t~ du g~ne p53 Dans les ann~es qui suivirent, plusieurs groupes isol~rent ind~- pendamment le g~ne et I'ADN compl~mentaire (ADNc) p53 partir de lign~es murines (6, 29, 57, 59) ou de cellules humaines (1, 22). En r~introduisant le g~ne p53 dans des cel- lules saines, c'est-&-dire non transform~es, il devenait possible d'~valuer l'effet de la surexpression de P53 sur la transforma-
30 Revue frangaise des laboratoires, d#cembre 1996, N ° 289
tion cellulaire. Les r&sultats obtenus ont en fait g~n~r~ la plus grande confusion. En effet, alors que certains ADNc s'av~raient capables d'immortaliser des fibroblastes embryonnaires de souris (29, 60) et de transformer les cellules en cooperation avec l'onco- g~ne ras activ~ (16, 17, 58), d'autres experiences sugg~raient
l'inverse que l'introduction de I'ADN compl~mentaire du g~ne p53 dans des fibroblastes embryonnaires n'induisait pas d'augmentation du taux de transformation et inhibait l'inverse la proliferation de cellules transform~es (15, 18). Afin de r~soudre cette apparente contradiction, les cliff,rents groupes impliqu~s mirent en commun leurs r~sultats et com- par~rent base & base la s~quence des clones isol~s. II apparut ainsi que seuls certains mutants du g~ne p53 ~taient capables d'induire la transformation des cellules en cooperation avec l'oncog~ne ras activ~ (15, 19, 25, 26), le g~ne p53 sauvage agissant & l'oppos~ comme un suppresseur de transformation ou anti-oncog~ne (15, 18). L'activit~ anti-proliferative du g~ne p53 a ~t~ v~rifi~e par la suite en r~introduisant le g~ne sau- vage dans plusieurs lign~es cellulaires d~rivant de tumeurs humaines ou murines (3, 9, 30, 47). En conclusion, et c'est l& un caract~re ph~notypique majeur de p53, le g~ne sauvage pr~vient la proliferation des cellu|es iorsqu'il est surexprim~. A l'oppos~, la presence de certaines mutations ponctuelles, dites mutations activatrices, est m~me de promouvoir la proliferation et l'immortalisation de cellules fibroblastiques embryonnaires (figure 2). Le g~ne sau- vage est donc un g~ne suppresseur de tumeur ou anti- oncog~ne, alors que certains alleles mut~s agissent comme des oncog~nes. Le g~ne p53 pr~sente d'autres caract~res commun~ment ren- contres chez les g~nes suppresseurs de tumeurs ; notamment, l'analyse des tumeurs viro-induites chez la souris (52) et des tumeurs chez l 'Homme (2, 54) indique que le g~ne p53 est fr~quemment alt~r~ au cours du processus tumoral.
leur transformation en cooperation avec l 'oncog~ne ras active. Dans ce contexte la prot~ine mutante impose un ph~- notype immortalis~ ou transform~ et l'on parle commun~- ment d'un mutant oncog~ne dominant. II ne s'agit donc en aucun cas d'une prot~ine mut~e inactive, mais d'une nouvelle forme (oncog~ne) de P53. Les m~canismes de cette domi- nance sont complexes et prennent deux aspects principaux, d~pendants de la Iocalisation precise de ces mutations : on dis- tingue d'une part les mutants dominants n~gatifs et d'autre part |es mutants dits "gain de fonction". Dans la premiere situation, dite de trans-dominance n~gative, la prot~ine mut~e n'exerce son activit~ immortalisante que Iorsqu'il existe dans la cellule une prot~ine P53 sauvage. Les mutations impliqu~es induisent une modification conforma- tionnelle de P53, sans doute & l'origine de sa plus grande sta-
FIGURE 2 p 5 3 : oncog~ne et anti-oncog~ne
~brobiasles ADf~c p53 sauvage ~ 1 1 ~ . ~ S upple'.~ s~c)t'} de embry~n~a,res ~ . . . . ~ . . ~ / x ~ ~ ,a pro,,feratie# :
de rottge'~r L .......
953 m~te
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P53 et cancer" le rSle des mutations
Le g~ne p53 comprend environ 20 kilobases et est Iocalis~ sur le bras court du chromosome 17 chez | 'Homme. Le g~ne est compos~ de 11 exons, le premier de ces exons n'~tant pas codant. L'analyse extensive des sites mut~s dans les tissus tumoraux indique que la distribution des mutations n'est pas al~atoire et l'on qualifie de points chauds ("hot-spots") les bases les plus fr~quemment mut~es. Ces points chauds de mutation touchent des r~gions de la prot~ine qui sont extr~- mement conserv~es au cours de l'~volution (63). Nous verrons (cf. infra) que ces domaines constituent en fait des r~gions essentielles ~ l'activit~ de la prot~ine P53. Les ~tudes menses sur les ~rythro-leuc~mies murines asso- cites au virus de Friend ont ~t~ les premieres & avancer l'hypoth~se selon laquelle l'inactivation de p53 ~tait une com- posante essentielle du processus de transformation (52). Cette hypoth~se est notamment corrobor~e par le fait que des cel- lules embryonnaires fibroblastiques murines perdent fr~quem- ment les deux all~les de p53 Iors du processus d'immortalisa- tion qui peut survenir in vitro (23). De la m~me fagon, les souris transg~niques qui ne contiennent aucun all~le actif de p53 (souris "knock-out" ou p53-/-) d~veloppent & un &ge pr~coce des tumeurs de nature vari~e (11). En conclusion, ces travaux d~montrent tous que l'inactivation compl~te de P53 est un facteur pr~disposant & l'~mergence des cancers (muta- tions inactivatrices). Dans les cellules transform~es par le virus de Friend, les muta- tions ont pour effet (a) soit d'inactiver les deux all~les de p53 (perte de fonction) par d~l~tion, insertion ou r~arrangement, Co) soit de g~n~rer une prot~ine P53 mutante (mutation faux- sens) l'autre all~le n'exprimant alors aucune prot~ine com- plate. Exprim~es dans des fibroblastes embryonnaires de ron- geur, ces prot~ines mutantes induisent leur immortalisation, et
Le g~ne p53, lorsqu'il est sauvage, pr~vient la proliferation de cellules fibroblas- tiques embryonnaires de rongeur. Certaines mutations, dites activatrices, convertissent le g~ne p53 sauvage en oncogene. Ces mutants sont alors capables d'immortaliser des fibroblastes embryonnaires de rongeur, ou de les transformer en cooperation avec l'onco- g~ne ras active.
FIGURE 3 Effet des mutations touchant les alleles du g~ne p 5 3
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v @ O o o
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Sans mutation (A), le g~ne p53 code pour une prot~ine formant un complexe t~tram~rique et manifestant une action anti-proliferative. Les mutations peuvent inactiver les deux all~les de p53 (B), et la proliferation r~sulte d'une perte totale de fonction. Les mutations dites trans-dominantes n~gatives (C) g~n~rent une prot~ine de conformation alt~r~e capable de s'associer & la prot~ine sauvage et de l'inactiver. Les mutations gains de fonction (D) g~n~rent une prot&ine P53 pr~sentant des activit~s nouvelles et stimulant la proliferation cellulaire.
Revue franqaise des laboratoires, d~cembre 1996. N ° 289 31
FIGURE 4 P53 et physiologie cellulaire
N'om~re de d~v~s~o~5 St;~de ~e d~/[erencL'~tfo#
Slade de d v i~on S~at~ me~abo]~que
Eta~ du ma~ede~ geneI~que
Fac~eu[~ de c~oi~sanc~ Facte~r~ de dif ferenciat i~n
Contac[s 4nte[ce~lu~aites
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D ; f f # [ e n c i ~ t i 0 e !
c e ~ l a i r e .i
D i v i s f o n cel i (~ la i f~
Le destin d'une cellule est d6termin~ par la r&sultante de facteurs exog&nes (fac- teurs de croissance ou de diff&renciation notamment) et endog~nes (stade de division, 6tat de I'ADN cellulaire, etc.). P53 joue un r61e pr6pond~rant dans le contr61e du cycle cellulaire, la diff6renciation cellulaire, le maintien de la stabilit6 g6n&tique et l'entr6e des cellules en apoptose en r&ponse & certains agents g¬oxiques.
FIGURE 5 R61es probables de P53 dans le contr61e du cycle cellulaire
A ~:3clears de cro~ssance
Pacteur~ de d i f ferent ia t ion ConI~ct~ i~ terc~t~ai res
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Notable de div is ions * ~ S~ade de d~fferenciat~o~ C¥~:tm~;,s A a-t 8
$~ade de dJvi~}on cdc2 Stalut ~e~aboiJq~e
E~t dtl mater~ei ge~e~ique
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Acbvat i0n des sys~ernes de ~epa raUon
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e~ re~r~ssi~t~ d~ i~¢~
Le cycle cellulaire est contr616 & chacune de ces phases (GO, G1, S, G2, M) (figure 5A). L'activit~ de P53 s'exerce essentiellement durant la phase G1. P53 est capable de reconnaitre sur I'ADN certaines modifications (structures partiellement simple brin, bases extra-num~raires...) induites par les agents g6notoxiques (figure 5B). Cette reconnaissance active la fixation de P53 (sous forme t6tram6rique) sur ses g&nes cibles, dont le g~ne Waf-Cipl. Celui-ci code pour un inhibiteur des kinases d@endantes des cyclines (cdk2) requises pour la transition G1/S. P53 activerait ~galement les syst&mes de r¶tion de I'ADN et poss~de elle-m@me une activit~ exonucDasique 3'->5'. Le cycle cellulaire reprendrait apr&s que P53 a activ6 le g~ne Mdm2 dont le produit inactive en retour P53. Lorsque les 16sions sont trop importantes, P53 activerait l'entr6e des cellules en apoptose (induction du g&ne Bax et r~pression du g&ne Bcl-2).
bilit& et donc de son accumulation dans la cellule (20). La pro- t6ine mutante peut encore s'associer sous forme multim6rique avec la prot6ine P53 sauvage mais le complexe ainsi form6 serait globalement inactif. L'explication principale de la trans- dominance n&gative r&side donc dans l'inactivation de la pro- t&ine sauvage par la prot6ine mutante. Ce m6canisme n'est 6videmment efficace que si la mutation n 'a pas affect6 les domaines requis pour l'oligom6risation de P53, et si la pro- t6ine mutante a perdu la plus grande partie de son activit& D'un point de vue mol&culaire, la trans-dominance n6gative constitue une voie d'inactivation tout & fait remarquable ; les 6tudes structurales r6alis6es par Joe MILNER montrent e n effet que l'association de la prot~ine sauvage avec la prot&ine m u t a n t e induit u n e modification conformationnelle de la pro- t6ine sauvage, qui adopte alors la conformation inactive de la prot6ine mutante (49). Qu'il s'agisse de mutations inactiva- trices ou transdominantes, le r6sultat net est identique et conduit, soit directement soit indirectement, & l'inactivation des prot~ines exprim6es & partir des deux all&les de p53. Selon ce mod&le, l'introduction d'un mutant transdominant dans des cellules n e c o n t e n a n t p lus a u c u n g~ne p53 actif n e doit donc pas alt~rer leur multiplication ni accro~tre leur pou- voir oncog~ne. Dans la seconde situation, la dominance de l'all~le mut6 s'exerce soit en pr6sence, soit e n a b s e n c e de la prot6ine sau- vage. On d6signe ces mutants sous le nom de mutants "gain de fonction". En 1993, l'~quipe de A.J. LEVINE d6couvrit e n effet que certains mutants sp&cifiques de p53 6taient capables d'accro~tre le pouvoir tumorig~ne de lign6es cellulaires n e c o n t e n a n t a u c u n g~ne p53 sauvage (10). Cette experience d6montre que des mutations (tr~s sp6cifiques) de p53 p e u v e n t g~n~rer des prot~ines a y a n t d ' u n e part perdu leur pouvoir anti-oncog&ne, mais ayant d'autre part acquis des propri6t6s oncog~niques nouvelles. Les hypotheses formul~es actuelle- ment consid~rent que ces mutants seraient capables d'activer l'expression d'un ensemble de g~nes cellulaires non encore identifies pour la plupart (7, 40). Les effets cons6cutifs aux mutations touchant un seul ou les deux all~les de p53 sont r6sum6s (figure 3).
Activit s biologiques de P53
II est difficile aujourd'hui d'envisager un aspect de la physiolo- gie cellulaire qui n'implique pas, directement ou indirecte- ment, P53. P53 est en effet ce qu'il convient d'appeler "un gardien du g~nome" (36). Elle assure un contr61e actif sur le d~roulement du cycle cellulaire, mais plus g6n~ralement, constitue un point d'orientation d~cisif. Son activit~ porte autant sur la surveillance des l&sions g~n&tiques et sur l'activa- tion des m~canismes de r~paration, que sur l'orientation des cellules vers certaines voies de diff~renciation ou encore sur l'entr~e des cellules en apoptose (figure 4). L'activit~ n~gative de la prot~ine P53 sur la progression du cycle cellulaire a &t~ d~montr&e notamment par l'&tude d'un mutant conditionnel de la prot~ine P53 murine ; une lign~e fibroblastique de rat, obtenue par co-transfection de l'onco- g~ne ras activ~ et d'un mutant thermosensible de P53 (Val 135) a ~t~ ~tudi~e & 32 °C, temperature & laquelle P53 est e n conformation active, et ~ 39 °C, temperature & laquelle P53 adopte une conformation mut~e. A 39 °C, les cellules acquit- rent un ph~notype transform~ et la prot~ine P53 est Iocalis~e dans l 'espace cytoplasmique. En revanche, le passage des cel- lules de 39 °C & 32 °C induit une relocalisation nucl~aire de la prot~ine et un blocage de la division cellulaire en phase G1 tardive (46, 48). Ces travaux et d'autres ~tablissent formellement que P53 est capable de bloquer la progression du cycle cellulaire en phase G1 (une phase pr~c~dant la r@lication de I'ADN cellulaire) apr~s exposition aux rayonnements UV ou ionisants et & cer- taines mol~cules g¬oxiques. Plusieurs ~l~ments sugg&rent que l'activit~ n&gative exerc&e par la prot~ine P53 sur la progression du cycle cellulaire est
32 Revue frangaise des laboratoires, d~cembre 1996, N ° 289
affili~e ~ l'activation des m~canismes qui assurent le maintien de l'int~grit6 g~n6tique de la cellule. Apr~s traitement des cellules aux rayonnements ionisants ou ultraviolets, le niveau intracellulaire de P53 augmente, vrai- semblablement par le jeu d'une stabilisation post-traduction- nelle (21, 31, 45) ; l'accumulation nucl~aire de P53 coincide dans ces syst~mes avec l'arr~t des cellules en phase G1 ou leur entr6e en apoptose (31, 35). A l 'opposG les cellules n'exprimant pas P53, exprimant un mutant de P53 ou une prot~ine P53 sauvage inactiv6e par voie 6pig&n~tique (interac- tion avec certaines oncoprot~ines virales) ne s'arr~tent plus en phase G1 apr~s irradiation (35) ou exposition ~ l'actinomy- cine D (33). P53 est activ~e fonctionnellement Iorsque le g~nome est vic- time de certaines 16sions. Elle induit alors un arr@t de la divi- sion cellulaire probablement n~cessaire & la mise en place des m~canismes de r~paration de I'ADN, ou oriente les cellules vers la voie de l 'apoptose si l'extension de ces 16sions est trop importante (figures 5A et 5B). L'importance de P53 dans le maintien de la stabilit6 g4n6tique de la celMe est soulign~e par au moins deux s6ries d'observa- t i o n s :
-1 . les cellules primaires en culture ne pr6sentent pas, en g~n6ral, d'amplification g~nique, & l 'oppos6 des cellules immortalis6es ou transform6es (66, 68). Les m6canismes mol~culaires de cette instabilit~ sont encore real connus; cependant, l'inactivation des deux alleles du g~ne p53, fr~- quemment observ~e durant le processus d'immortalisation in vitro est associ6e ~ une augmentation de la capacit6 d'amplifi- cation g~nique de ces cellules (42, 71). R~ciproquement, la r~introduction du g6ne p53 sauvage dans ces cellules r~duit significativement le taux d'amplification g6nique (71) ; - 2. d'autre part, l'inactivation de P53 par la prot~ine E6 des papillomavirus de type 16 est fr~quemment associ~e & un accroissement du taux de mutation dans les cellules (24).
Modes d'action de P53
P53 agit essentiellement comme un facteur de transcription. Elle se fixe sous la forme d'un t~tram~re au niveau d'une s~quence d'ADN sp6cifique pr6sente sur plusieurs g6nes cellu- laires (figure 6). Elle active ainsi sp~cifiquement l'expression du g4ne cellulaire Waf-Cipl (13, 14), qui code un inhibiteur des cdk kinases n~cessaires ~ la progression du cycle cellulaire. Ce m~canisme rend compte pour une part importante du contr61e n6gatif exerc6 par P53 sur la progression du cycle cellulaire. P53 active 6galement l'expression du g~ne cellulaire Gadd 45 qui est impliqu6 dans la r6gulation du cycle cellulaire et dans les m~canismes de r~paration de I'ADN (32). Elle active enfin l'expression du g~ne Mdm2, qui code pour une prot~ine capable de s'associer en retour avec la prot4ine P53 et de l'inactiver (51, 55, 56). L'activation du g6ne Mdm2 par P53 constitue donc une boucle de r6tro r~gulation, proba- blement requise & la reprise du cycle cellulaire apr6s r~para- tion des 16sions survenues dans I'ADN cel|ulaire (4, 69). Les diff6rents domaines de la prot~ine P53 requis pour sa fonction transactivatrice comprennent un domaine N-terminal dit transactivateur, car il interagit avec les 416ments du com- plexe de transcription (dont la prot~ine TBP). Le domaine central assure la reconnaissance sp~cifique de I'ADN et est la cible majeure des mutations dans les cancers humains. Le domaine C-terminal assure l'oligom4risation de P53 et com- porte ~galement une activit~ de fixation asp~cifique & I'ADN (figure 7). Plusieurs travaux r~cents ont permis d'avancer un module d'activation de P53 en r6ponse aux l~sions g~n6r6es dans I'ADN cellulaire. On pense que P53 comporte une activit6 de fixation peu sp6cifique & I'ADN, conf6r6e par l'extr~mit~ car- b0xy-terminale de la prot4ine. Cette r~gion constitue la t~te chercheuse de P53. Lorsque la prot6ine rencontre une l~sion,
FIGURE 6 ModUle de t~tram~risation de P53
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P53 : F ' o " • "
La formation d'un t~tram~re, d'apr~s SAKAMOTO et coll. (61), s'effectue par l'association de structures en h61ice alpha antiparall~ies (AA 319-360). Le domaine basique, qui manifeste une affinit6 asp6cifique pour I'ADN, entrerait en contact avec la face externe du domaine de fixation & I'ADN et bloquerait donc la fixation de P53 ~ I'ADN. Les modifications touchant le domaine carboxy-ter- minal basique induirait un changement conformationnel de la prot~ine, d6mas- quant ainsi le site de fixation & I'ADN pr4sent dans le domaine central. Cette modification structurale est sch6matis6e par une modification de la forme du domaine central.
FIGURE 7 Cartographie simplifi~e
des principaux domaines fonctionnels de P53
AcHvi l6 eXOltl)el6asiql~e 3'->5 ~
]i f i t 1\ K
Trt~)~s.aciiva~io~l FixaliOl:t sp6e i f ique i~ i 'ADN IIII ~ IIIII I III
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Fixat io~ 5 TBP
F i x a t i o n it R P A Fixatio~l h ] t P A
5 |d in-2 .t~ ~ iv i~ ,,VrPa~e et al":,ealh~g
Les chiffres romains d~signent les domaines fortement conserv4s au cours de l'~volution. Les domaines requis pour l'activation de la transcription sont repr6- sent~s (rose). Les domaines potentiellement importants pour les fonctions de r6paration de I'ADN (jaune) et pour la r~pression de la transcription (vert) sont ~galement indiqu6s.
essentiellement des structures localement simple brin ou des r~gions contenant des bases extra num6raires sur un seul brin, des modifications conformationnelles d~masquent le domaine central de fixation ~ I'ADN. P53 peut alors stimuler l'expres- sion de ses g~nes cibles et induire un arr~t transitoire du cycle cellulaire, cet arr@t permettant la mise en place des m6ca- nismes de r6paration (27, 28, 39). L'activation du g~ne Mdm2, qui est vraisemblablement secondaire & celle des g~nes Waf-Cipl et Gadd45, permettrait d'inactiver P53 et d'assurer une reprise du cycle cellulaire en phase S Iorsque les r6parations sont effectu6es. Le r61e de P53 dans les processus de r4paration de I'ADN pourrait, selon des rapports r6cents, ~tre encore plus direct. On sait en effet que P53 interagit avec le complexe de r6plica- tion A (RPA), un 616ment essentiel de la machinerie de r6pli- cation et de r6paration de I'ADN (12). Par ailleurs, l'~quipe de Frank GROSSE a d4montr~ que P53 poss~de une activit~ exonucl~ase 3 ' ->5 ' qui pourrait @tre associ6e & la correction des erreurs sur I'ADN (53).
Revue fran~aise des laboratoires, d4cembre 1996, N ° 289 33
LEXIQUE
Amplification g~nique Alt~ration g~n~tique fr~quemment observ~e dans les cellules transform~es par laquelle un g~ne, souvent complet, est dupliqu~ en plusieurs copies dans le g~nome cellulaire. II s'agit donc d'un signe d'instabilit~ du g~nome cellulaire. Cette alteration conduit la surexpression du g~ne dupliqu~ et peut concerner des onco- g~nes cellulaires ou des g~nes de r~sistance aux mol~cules cyto- toxiques. CDK ou prot~ines kinases d~pendant des cyclines (Angl. Cyclines Dependent kinases) Prot~ines-kinases (enzymes phosphorylant des prot~ines) dont l'activit~ est modul~e par des cyclines; les cyclines sont des pro- t~ines dont la concentration augmente et diminue p~riodique- ment au cours du cycle cellulaire et qui d~terminent par ce biais la progression du cycle. Exonucl~ase Enzyme d~gradant ]es acides nucl~iques & partir de leurs extr~mi- t~s, par opposition aux endonucl~ases qui induisent des coupures
l'int~rieur des acides nucl~iques. Immortalisation Processus spontan~ ou induit (par des agents mutag~nes ou des virus oncog~nes) selon lequel une cellule acquiert la propri~t~ de se diviser de fagon illimit~e. Mutat ion faux-sens Mutation induisant la substitution d'un acide amin~ donn~ par un acide amin~ different. Post-traductionnel(le) Qualifie toute modification touchant le produit d'un g~ne apr~s synth~se des ARNm en prot~ines. RPA Complexe de r~plication A. Complexe prot~ique compos~ de trois prot~ines (70K, 34K et 13K) tr~s conserv~es au cours de l'~volution. C'est le premier facteur cellulaire recrut~ iors de l'ini- tiation de la r~plication de I'ADN. II se fixe & I'ADN simple brin au niveau de l'origine de r~plication, facilite le d~senroulement de I'ADN et l'initiation de la r~plication. P53, en se fixant & RPA, pourrait bloquer sa fixation & I'ADN et donc la r~plication du g~nome cellulaire. Le complexe RPA pourrait ~galement jouer un r61e important dans la r~paration de I'ADN et en particulier dans les m~canismes d'excision/r~paration. Dominance Type d'interaction entre deux g~nes all~les, dont Fun est qualifi~ de dominant et l'autre de r~cessif. La cellule h~t~rozygote pr~- sente un ph~notype d~fini par l'all~le dominant. On parle de trans-dominance n~gative Iorsque l'all~le mut~ (dominant) de p53 abolit la fonction normale (activit~ antiprolif~rative) de l'all~le sau- vage (r~cessif). Transfection/co-transfection Technique de biologie mol~culaire permettant d'introduire et d'exprimer un g~ne recombinant dans une cellule ex vivo. La co- transfection d~signe l'introduction simultan~e de deux ou de plu- sieurs g~nes dans une m~me cellule. Transformation Acquisition, par une cellule, de propri~t~s g~n~tiquement stables lui conf~rant des caract~ristiques rencontr~es chez les cellules tumorales. (Perte de l'inhibition de contact et/ou moindre d~pen- dance aux facteurs de croissance par exemple).
Le r61e jou~ par P53 dans l 'orientation des cellules vers les voies d 'apoptose pourrait correspondre & une voie physiolo- gique "normale ' , l 'apoptose prenant part activement ~ l'~la- boration de plusieurs compart iments cellulaires. Elle pourrait ~galement correspondre & la "solution de la derni~re chance" Iorsqu'il est n~cessaire de pr~venir la proliferation de cellules dont les alterations g~n~tiques n 'ont pu ~tre corrig~es.
Les donn~es biochimiques concernant l'activit~ de P53 dans l 'apoptose sont encore assez parcellaires. La vole apoptotique est induite en particulier Iorsque la prot~ine E2F, un facteur de transcription favorisant l 'entr~e des cellules en phase S, est exprim~e en presence de P53 (70). L 'apoptose, dans cette situation, est l 'expression physiologique du conflit r~sultant de la presence concomitante d'un ordre d'arr~t de division (asso- ci~ & l 'expression de P53), et d 'un ordre de progression du cycle cellulaire (associ~ & la prot~ine E2F).
Un second module sugg~re que P53 module de fagon oppo- s~e l 'expression de deux prot~ines cellulaires impliqu~es dans
le contr61e de l 'entr~e des cellules en apoptose : P53 r~prime- rait l 'expression du g~ne Bcl-2 (dont l'activit~ anti-apoptotique est clairement ~tablie), et activerait l 'expression du g~ne Bax, un inducteur de l 'apoptose (50, 62). II est tout & fait raison- nable d ' imaginer que ces deux modalit~s d 'action coexistent. La validit~ de ces modules reste soumise & l'identification des facteurs cellulaires qui d~terminent le choix entre arr~t du cycle cellulaire ou entree des cellules en apoptose.
Conclusion
L' identi f icat ion r~cente de plusieurs activit~s biochi- miques essentielles de P53, comme sa capacit~ & acti- ver ou r~primer l 'expression de g~nes cellulaires ou viraux, ses mult iples interactions avec des prot~ines cellulaires (dont certaines sont au coeur des m~ca- nismes de r~plication et de r~paration de I 'ADN), son activit~ intrins~que exonucl~asique, autorise aujourd'hui & ~tablir un lien rationnel entre les muta- t ions du g~ne p53 observ~es darts ies cancers et la transformation cellulaire. De nombreux aspects de l'activit~ de P53 darts les cel- lules "normales" non transform~es et non soumises la pression d'agents g~notoxiques, restent encore dans l 'ombre. L 'obtent ion de souris p53-/- a d~mon- tr~ que P53 n'est pas strictement requise lots du d~ve- loppement embryonnaire (11), puisque les souris sont viables jusqu'& l'~ge adulte. Elles d~veloppent n~an- moins des tumeurs diverses avec une fr~quence sensi- blement plus ~lev~e que les souris p53+/+. On peut rapprocher cette observation de celles r~alis~es chez les patients atteints du syndrome de Li-Fraumeni. Ce syndrome est en effet caract~ris~ par la survenue pr~- coce de cancers (sarcomes, cancers du sein avant la m~nopause, tumeurs c~r~brales, leuc~mies, carci- homes ad~nocorticaux) chez des individus pr~sentant un lien de parent~ ~troit. Cette predisposit ion au can- cer est en fait corr~l~e ~ la transmission d 'un allele mut~ (mutation faux-sens) du g~ne p53, et le proces- sus tumoral est enclench~ lorsque l'all~le sauvage res- tant subit & son tour une mutation (44, 64). Les m~canismes de r~gulation du g~ne p53 jouent sans doute un rSle considerable, mais restent somme toute peu ~tudi~s. Cette tendance tradui t le fait que l 'activit~ de P53 serait essentiellement modul~e par des ph~nom~nes post-traductionnels, c'est-&-dire des modif ications biochimiques de la prot~ine (phospho- rylat ion notamment) ayant des effets sur sa conforma- tion et /ou sur ses interactions avec d'autres prot~ines cellulaires. Si l ' image qui se d~gage progressivement est bien celle d'une prot~ine "sent inei le" de la cellule, il faut garder & l 'espri t que P53 peut se transformer sous l 'effet de mutations, en un v~ritable cheval de Troie. Cette activit~ oncog~ne se manifeste soit en abolissant (par trans-dominance n~gative) l 'activit~ anti-prol i ferative de ia prot~ine sauvage, soit grace l 'acquisit ion de propri~t~s oncog~niques nouvelles dont la nature reste encore myst~rieuse. Ces mutants "gain de fonct ion" pourraient activer l 'expression d 'un r~pertoire g~nique nouveau qu' i l reste ~ identi- fier. L ' importance des ~tudes menses sur le g~ne p53 et son rSle actif darts le contr61e du processus apopto- t ique est ~galement justif i~e par la mise en ~vidence d'une nouveile vole de r~sistance des cellules tumo- rales aux radiations ionisantes (38) ou aux traite- ments chimiotoxiques (43) associ~e ~ l ' inactivation de P53. Cet aspect nouveau, s'i l est ~tay~ par des ~tudes ~pid~miologiques rigoureuses visant ~ corr~ler le statut du g~ne p53 darts les tumeurs au succ~s des traitements anticanc~reux, pourraient au moins par- t iel lement or ienter le clinicien sur le choix des th~ra- peutiques & mettre en place.
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