19
EHESS Questions de vampirisme Author(s): Georges Drettas Reviewed work(s): Source: Études rurales, No. 97/98 (Jan. - Jun., 1985), pp. 201-218 Published by: EHESS Stable URL: http://www.jstor.org/stable/20122209 . Accessed: 05/03/2013 11:32 Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at . http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp . JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact [email protected]. . EHESS is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Études rurales. http://www.jstor.org This content downloaded on Tue, 5 Mar 2013 11:32:22 AM All use subject to JSTOR Terms and Conditions

Question Vampirisme Mytologia Bulgare

  • Upload
    vhz

  • View
    23

  • Download
    0

Embed Size (px)

Citation preview

EHESS

Questions de vampirismeAuthor(s): Georges DrettasReviewed work(s):Source: Études rurales, No. 97/98 (Jan. - Jun., 1985), pp. 201-218Published by: EHESSStable URL: http://www.jstor.org/stable/20122209 .

Accessed: 05/03/2013 11:32

Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at .http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp

.JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range ofcontent in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new formsof scholarship. For more information about JSTOR, please contact [email protected].

.

EHESS is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Études rurales.

http://www.jstor.org

This content downloaded on Tue, 5 Mar 2013 11:32:22 AMAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

GEORGES DRETTAS

Questions de vampirisme

?La persuasion o? sont les peuples de la Gr?ce, du

retour des Broucolaques, n'est pas mieux fond?e que celle des Vampires et des Revenans. Ce n'est que

l'ignorance, la pr?vention, la terreur des Grecs, qui ont donn? naissance ? cette vaine et ridicule cr?ance

et qui l'ont entretenue jusques aujourd'hui.?

Dom A. Calmet, Dissertation... (p. 457)

La litt?rature de d?couverte d'un ensemble de faits ethnographiques consti tuant le ?ph?nom?ne vampirique? restera tr?s fortement marqu?e par les condi

tions historiques dans lesquelles se d?roule la phase initiale de son d?veloppement. Il n'est pas inutile de rappeler ici quelques uns des ?l?ments majeurs qui carac

t?risent cette phase : elle se situe dans la premi?re moiti? du XVIIe si?cle.

L'empire ottoman est encore, pour les Europ?ens de l'Ouest, une grande puissance.

Le terrain en est la Gr?ce du Sud et, plus sp?cifiquement, sa partie insulaire.

Quant au cadre social, il a pour foyer l'activit? missionnaire du clerg? catholique dont les membres sont essentiellement d'origine fran?aise pour des raisons diplo

matiques bien connues ; ces clercs essaient d'enrayer une ?volution inexorable

qui tend ? fondre dans la masse gr?co-orthodoxe les communaut?s catholiques

insulaires remontant ? la p?riode m?di?vale. D ne

s'agit pas pour les missionnaires catholiques d'observer des populations

pa?ennes destin?es ? ?tre converties ensuite ? la ?vraie foi? par la persuasion ou

la force. Dans l'observation des ?erreurs grecques?, l'ignorance du ?vrai Dieu?

n'est pas en jeu. Les populations orthodoxes sont en m?me temps proches par

l'origine de la foi, et radicalement s?par?es. Ainsi, tout comportement aberrant

de leur part sera jug? ou interpr?t? en r?f?rence ? la pol?mique th?ologique qui oppose les diverses ob?diences chr?tiennes. Dans ce cadre g?n?ral qui se

modifiera assez peu pendant pr?s de cent ans, soit de la Relation du p?re F. Richard ? la Dissertation de Dom Calmet, la diff?rence culturelle est formul?e

dans les termes d'une diff?rence dogmatique.

Etudes rurales, janv.-juin 1985, 97-98 : 201-218.

This content downloaded on Tue, 5 Mar 2013 11:32:22 AMAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

202 G. DRETTAS

La participation du clerg? grec ? tout ou partie du processus curatif anti

vampirique focalise l'attention des observateurs sur le probl?me de la l?gitimit? sacramentelle : comment des pr?tres schismatiques peuvent-ils intervenir avec

quelque efficacit? dans le domaine de l'exorcisme ?

Si nous prenons comme repr?sentant typique de ces observateurs du

XVIIe si?cle le p?re Fran?ois Richard1, nous le verrons privil?gier peut-?tre certaines interrogations, tenter des interpr?tations s'accordant avec ce

qu'il

pense ?tre la juste opinion, mais il ne sera pas ? l'origine d'erreurs sur les faits

eux-m?mes.

Fran?ois Richard est un missionnaire qui joue le jeu de la culture locale et, tr?s souvent, les informations qu'il rapporte sont d'une grande authenticit?.

N?anmoins il a ?voqu? de fa?on extr?mement br?ve, parfois m?me allusive seule

ment, des aspects fort importants du ph?nom?ne vampirique.

A l'?poque des Lumi?res, l'insertion des ?superstitions populaires? dans le

tableau clinique d'une pathologie sociale qui, parall?lement ? quelques r?cup? rations romantiques tr?s s?lectives, perdure jusqu'? la fin du XIXe si?cle, va de

pair avec la m?connaissance d?lib?r?e des soci?t?s locales et une ethnographie erron?e.

Sans revenir sur une histoire dont j'ai abord? ailleurs [1985] les principales articulations, je pense utile de rappeler que l'une des principales

erreurs engen

dr?es par le XIXe si?cle a ?t? l'attribution de certains traits ethnographiques ? un

ensemble ?slave? d?fini avant tout par la parent? des langues. Le couplage de

traits linguistiques et de traits culturels fonde des caract?ristiques diff?rentielles

dont la fonction est de singulariser le groupe ethnique ainsi d?termin?. Cette

d?marche a laiss? des traces tr?s vives jusqu'? nos jours et a eu des cons?quences

particuli?rement n?gatives tant sur l'observation que sur

l'interpr?tation des

cultures insulaires et continentales de la p?ninsule balkanique. Rappelons, ? titre

d'exemple, les discussions autour de la fameuse zadruga (famille ?tendue) ; on

pourrait ?voquer bien d'autres probl?mes.

Bien entendu, mon propos se relie tr?s directement ? cette ?obsession slave?,

puisque le ph?nom?ne du vampirisme, d?s qu'on eut refoul? le lieu de sa d?couverte

dans les ?les, en a ?t? profond?ment marqu? : il suffit pour s'en convaincre de

relire l'admirable tentative de John C. Lawson [1910] qui, pourtant, a but?2 sur

l'obstacle du ?vampire slave? [G. Drettas, sous presse].

Il est n?cessaire d'?tre conscient de cet obstacle lorsqu'on se propose de porter sur l'un ou l'autre des groupes grecs un regard ethnologique. Il est n?cessaire aussi

de prendre le contrepied d'une d?marche qui, pour la r?gion qui nous int?resse

(Gr?ce du Nord, Mac?doine), est fondamentalement erron?e puisqu'elle consiste, au fond, ? poser a priori une relation d'identit? entre ?groupe ethnique? et

?groupe national?, ce qui n'est pas du tout la m?me chose.

Dans les Balkans, une histoire troubl?e a engendr? des pol?miques st?riles

autour des faits culturels. On peut bien entendu ?viter ces pol?miques,

on ne peut

pas les m?priser, car elles sont ? l'origine de bien des malentendus. Je pr?cise donc que, pour moi, aucun

ph?nom?ne culturel n'est a priori li? ? des ensembles

que d?finiraient des ?tiquetages ethniques, qu'ils soient indig?nes ou exog?nes.

This content downloaded on Tue, 5 Mar 2013 11:32:22 AMAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

QUESTIONS DE VAMPIRISME 203

Ainsi, la langue ou Jes langues en usage dans un groupe donn? ne sont pas ? privi

l?gier d'embl?e parmi tous les autres faits sociaux qu'il est donn? d'observer.

Cela pos?, il est n?cessaire de rappeler que l'ensemble des faits ethnographiques

qui constituent le ?complexe vampirique? appara?t de fa?on tr?s homog?ne dans

l'espace gr?cophone balkanique et insulaire, tout comme dans l'espace bulgaro

phone. Or ces deux espaces se rencontrent en Mac?doine ; par cons?quent, lorsque des sources concernent cette zone de contact, quelle qu'en soit l'origine, il est

non seulement licite mais n?cessaire d'y recourir. Cette n?cessit? est tout ? fait

?vidente dans le cas que j'?tudie, puisque mes donn?es de terrain proviennent de

la r?gion de Edhessa, ins?r?e dans l'?tat grec depuis la Premi?re Guerre balkanique, en 1912 seulement, et dont la population ?tait en majorit? bulgarophone jusqu'? l'arriv?e des r?fugi?s d'Asie Mineure en 1924. Les donn?es de la tradition orale

recueillies dans le dialecte local de cette zone ? la fin du si?cle dernier, ne peuvent ?tre ignor?es. Mais ce recours ne

signifie en aucune fa?on que je prenne implicite

ment position sur l'origine des faits observ?s ou que je mette en doute l'apparte nance nationale des groupes ?voqu?s.

Il ne s'agit pas ici d'une pr?caution oratoire, mais d'une mise au

point n?ces

saire, dans la mesure o? l'ethnographie de la Gr?ce a relativement maltrait? les

groupes bulgarophones, soit en les classant abusivement dans la cat?gorie tr?s

discutable des ?minorit?s ethniques?, soit en leur d?niant toute existence cultu

relle, d?n?gation que la loyaut? de ces citoyens hell?nes vis-?-vis de la nation

rend absolument injustifiable.

Essayant donc d'abandonner le fardeau d'une tradition n?gative, nous concen

trerons notre attention sur un aspect assez

n?glig?, me semble-t-il, du vampirisme,

en nous r?f?rant d'une part ? la litt?rature ethnographique disponible et d'autre

part ? des observations directes sur un terrain ?grec?, auquel doit s'appliquer la mise au point que je viens de faire.

C'est en partie la configuration m?me de ce terrain qui m'invite ? insister sur

cet aspect particulier du vampirisme que j'appellerai, provisoirement peut-?tre, le th?me du proche.

LE THEME DU PROCHE

Un village comme tant d'autres...

Le village de Ts. (560 habitants environ), situ? en plaine ? un peu plus de 2 km de Aridh?a (chef-lieu de l'?parchie d'Almopie, nome de Edhessa) est com

pos? de deux quartiers et de deux groupes : les autochtones ? deux-tiers de la

population ? locuteurs d'un dialecte bulgaro-mac?donien, et les pontiques

? venus apr?s l'?change des populations (1924) d'une m?me zone situ?e ? l'est du

bourg de G?m?sjiane (en grec : Argyroupolis), dans le Pont m?ridional ?, locuteurs d'un dialecte grec.

De m?me que les bulgarophones, les ponticophones de Ts. apprennent la langue officielle, et tous les groupes utilisent le grec local (plus ou moins marqu? d'inter

f?rences) pour la communication intergroupe.

This content downloaded on Tue, 5 Mar 2013 11:32:22 AMAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

204 G. DRETTAS

Quand apr?s 1924 Ts., ancien ciflik (exploitation ottomane en faire-valoir

indirect) s'est accru d'un quartier neuf destin? aux r?fugi?s, ces derniers ont

construit une nouvelle ?glise d?di?e ? saint Th?odore de Tyron, plus spacieuse que l'?glise des autochtones d?di?e ? sainte Paraskevi. Dans l'enclos de la nouvelle

?glise, les Pontiques ont am?nag? un cimeti?re, ainsi qu'une piscine rituelle desti

n?e au bapt?me de la Croix pour le jour de l'Epiphanie (6 janvier). Les autochtones fr?quentent la nouvelle ?glise, mais ils ont conserv? leur

propre cimeti?re, situ? ? plus de 2 km du village, ? la limite du terroir de Ts. avec celui de Ks. : sur la plaine basse un tertre s'?l?ve ; pour y arriver en venant

de Ts., on doit d'abord traverser les champs, puis un ruisseau qu'enjambe main

tenant un petit pont de pierre. Le sommet du tertre est occup? par des tombes sur lesquelles des branchages ?pineux ach?vent de s?cher.

Par ailleurs depuis soixante ans de vie commune dans le cadre d'un m?me

village, les autochtones de Ts. refusent de donner des femmes ? leurs voisins

pontiques et, a fortiori, d'en recevoir. A Ts. les deux groupes ne mettent pas

leurs morts dans le m?me lieu ni leurs femmes dans le m?me lit.

Les Pontiques ont bien des pratiques culturelles communes avec les autoch

tones, mais ils n'ont pas la croyance au vampire. Leur revenant, /xo'tlax.s/ ou

/xo'rtlax.s/, n'est pas comparable au /vri'kolakas/ de la p?ninsule balkanique

et des ?les.

Les autochtones consid?rent les Pontiques avec

beaucoup de r?serve (r?serve

qui est souvent l'expression pacifi?e d'un ressentiment tr?s profond vis-?-vis

de ces ?trangers encombrants) et, au mieux, ils les c?toient avec une indiff?rence

proche du m?pris. Dans les entretiens que j'ai pu avoir avec les autochtones sur le th?me du

vampirisme, le groupe pontique n'appara?t pas. Tout se passe comme si l'indif

f?rence renvoyait ce groupe ? la place qu'il pourrait occuper dans le r?seau des

relations humaines dont le complexe vampirique donne une formulation originale. Le probl?me du lieu que sugg?rent les discours indig?nes de Ts. est d?j? ?voqu?

dans la Relation du p?re Richard, mais de fa?on allusive et rapide. Ce texte

constitue non seulement une source d?sormais classique pour l'ethnographie des Grecs insulaires mais il introduit, en l'occurrence, au c ur de mon propos.

Le p?re Richard s?journe dans plusieurs ?les des Cyclades ? partir de 1644 et il

y observe de pr?s l'effritement d?mographique et la minoration des communaut?s

catholiques [F. Richard 1657 : 54 sq., 133 sq.]. La communaut? o? il exerce son

minist?re est certes unilingue mais elle est cliv?e entre le groupe des ?Grecs? et

celui des ?Francs? ou ?Latins?. Dans ce cadre, o? le groupe local des Grecs est

le plus nombreux mais o? il se trouve politiquement dans un ?tat de d?pendance, le p?re Richard fait l'exp?rience du rejet formul? en termes de d?go?t :

?On sait que les Grecs, pour ne point s'accorder avec l'?glise romaine, n'ont pas voulu

recevoir le Calendrier nouveau ; qu'ils ont horreur de voir les Latins manger du poisson en Caresme, et ne peuvent supporter que l'on mange du sang, ou ce qui a ?t? suffoqu?.?

[1657:152]

Le d?go?t de l'autre s'exprime ici ? travers la r?pugnance qu'inspirent ses

pratiques culinaires. Une autre manifestation du clivage entre les groupes appara?t

This content downloaded on Tue, 5 Mar 2013 11:32:22 AMAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

QUESTIONS DE VAMPIRISME 205

au cours d'une controverse avec un pr?tre grec ; ce dernier invoque dans son argu

mentation le ph?nom?ne vampirique :

?Cet Abb? me voulait faire croire, que ces possessions de d?mons estoient une vraye

marque de la bont? de leur religion ; parce que, disait-il, nous ne voyons pas qu'aucun Turc ou Latin souffre apr?s sa mort tel changement.? [1657 : 215]

Le p?re Richard formule bien entendu les faits ? sa mani?re ; Fran?ais du

XVIIe si?cle, il ne met pas en doute la r?alit? du ph?nom?ne, qu'il interpr?te comme une possession d?moniaque. Il s'agit donc d'un domaine de la vie sociale

o? l'intervention eccl?siastique est tout ? fait justifi?e. Sensible aussi ? l'argument du groupe adverse, le p?re Richard essaie d'en amoindrir la force en soulevant le

probl?me du converti Mamouti qui, bien que devenu musulman, ?tait apparu comme vrik?lakas apr?s sa mort ; tr?s adroitement, il utilise ? son profit le carac

t?re douteux du cas :

?Il est vray que de m?moire d'homme aucun de nos Francs qui soit mort dans la cr?ance

et la foy de l'?glise romaine, n'estoit devenu poupKoAdxac , ny n'avoit paru apr?s sa

mort estre l'instrument d'un d?mon ? la fa?on des Grecs, de quoy nous remercions la

divine Bont?...? [l657 : 216-217]

Ce que j'ai d?crit, au d?but de mon propos, de l'indiff?rence au cimeti?re pontique de Ts., fait appara?tre une parent? profonde avec les observations du p?re Richard.

Dans un groupe comme dans l'autre, les modalit?s de la croyance au vampi

risme sont li?es ? la cat?gorisation des groupes humains en contact. Dans cette

optique, tout groupe ?tant constitu? de vivants et de morts, le groupe relevant

d'une cat?gorie que l'on pourrait qualifier d'?tranger absolu produit des morts

indiff?rents (ce que le p?re Richard n'arrive pas ? saisir dans les propos de son

adversaire).

Avant de revenir sur le probl?me sp?cifique de la proximit? et de la nature

du lien social, exprim? superficiellement par la m?taphore du lieu social auquel cette proximit? renvoie, je voudrais revenir bri?vement sur l'indiff?rence ? l'?gard de certains morts ? Ts. La Relation montre que le crit?re d?terminant des groupes

ethniques est l'ob?dience religieuse. ?Turc? d?signe le musulman, ?Grec? l'ortho

doxe d?pendant de l'un des Patriarcats (Constantinople, Antioche, J?rusalem,

etc.), ?Franc? le sectateur du latinisme. On sait que ce syst?me qui,

sur le plan

administratif, correspond aux millet, durera jusqu'? la disparition de l'empire ottoman. Nous voyons, dans le texte du p?re Richard, fonctionner ces

clivages dans une soci?t? locale.

Revenant ? Ts., le rapprochement de donn?es ethnographiques tr?s semblables

pourrait nous faire interpr?ter l'indiff?rence des autochtones vis-?-vis des pon

tiques morts, comme une analogie portant sur la qualit? de leur caract?re

?tranger : les gr?co-pontiques seraient, pour eux, aussi ?trangers que les

musulmans l'?taient.

Une telle interpr?tation est, certes, tr?s attirante pour qui a v?cu la tension

profonde des relations entre autochtones et r?fugi?s, surtout en Gr?ce du Nord, mais il convient d'?tre prudent. On ne peut en effet n?gliger certains ?l?ments.

This content downloaded on Tue, 5 Mar 2013 11:32:22 AMAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

206 G. DRETTAS

D'abord les observations du p?re Richard datent de la premi?re moiti? du

XVIIe si?cle, tandis que les miennes se situent dans la seconde moiti? du XXe.

Autrement dit, dans le premier cas, nous sommes au d?but d'un processus de

cohabitation, alors que dans le second, nous observons le produit d'une longue maturation, ce qui, du point de vue qui nous int?resse ici ? ? savoir la repr?sen tation th?orique de relations interethniques

? n'est pas indiff?rent.

Ensuite, en ce qui

concerne l'int?gration des ?Turcs? (i.

e. des musulmans)

dans le syst?me vampirique, elle appara?t d?j? dans la documentation ethnogra

phique publi?e depuis la fin du si?cle dernier (en particulier ? travers les textes

parus dans SbNU et Laoghrafia). Le village de Ts. est en effet situ? dans la partie ouest de la Karadzova, ? une vingtaine de kilom?tres au nord de Edhessa, et cette

zone avait, jusqu'? l'?change de 1924, une population en majorit? (54 %) musul

mane. Les musulmans ?taient vlahophones (koutsovalaque et m?gl?nite)

[Weigand 1894] et slavophones (bulgare). De 1900 ? 1912, date de la Premi?re

Guerre balkanique et de la lib?ration de la r?gion par l'arm?e grecque, la tension

entre les communaut?s chr?tiennes et musulmanes a ?t? tr?s forte, et l'installation

des r?fugi?s d'Asie Mineure apr?s le trait? de Lausanne en 1923 a engendr? de

nouvelles tensions [K. D. Karavidhas 1978].

Cependant si les Pontiques locaux ont pris, sur le terrain, la place des ?Turcs?

partis, ils ne les remplacent pas dans l'id?ologie populaire, et ce en d?pit d'un

caract?re tout ? fait remarquable du vampirisme que j'appellerai sa plasticit?

cat?gorielle. Il convient maintenant d'expliciter cette notion.

LA PLASTICIT? CAT?GORIELLE DU VAMPIRISME

Des morts propres et des autres...

Il y a les vivants et il y a les d?funts. Chez les autochtones de Ts., ces derniers

doivent ?tre enterr?s apr?s un service religieux

et un rituel de participation.

Apr?s sept ans, la tombe est ouverte ; on met les os dans une toile de lin ou de

coton apr?s les avoir lav?s avec du vin. us sont laiss?s une nuit dans l'?glise, puis

le pr?tre effectue un rituel. La t?te est rang?e ? part dans un ossuaire, le reste du

squelette est jet? dans une fosse commune.

En raison d'une ?tiologie diversifi?e que je n'examinerai pas ici, un certain

nombre de d?funts ne se plient pas ? l'ordre normal des choses et deviennent

des vampires.

Le vampire (ou ?broucolaque? comme on dirait en fran?ais du XVIIe si?cle) est un membre du groupe qui pose un probl?me de cat?gorisation. C'est tout

d'abord un d?funt qui a un comportement de vivant. Il creuse un trou dans sa

tombe pour en sortir. D sort du cimeti?re pour revenir au village. Ce compor

tement de ?revenant? qui a

polaris? l'attention des observateurs europ?ens des

XVIIe et XVIIIe si?cles, est associ? ? et c'est tr?s important ? ? une s?rie d'exc?s.

Sur le plan physique : exc?s de poids (ce que j'ai appel? la pesanteur vampi

rique [1985] ), ?poids? qui est ?fait? de fa?on en quelque sorte exhibitionniste,

This content downloaded on Tue, 5 Mar 2013 11:32:22 AMAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

QUESTIONS DE VAMPIRISME 207

de sang et de peau, par opposition ? l'os dont le vampire est th?oriquement

priv?.

Le vampire est souvent associ? ? la manipulation technique des cuirs et peaux

(taille, couture, r?paration) ou ? la boucherie.

Sur le plan du comportement social, le vampire se manifeste par un exc?s

d'attachement ? ses familiers, ainsi qu'au groupe villageois dont il est issu. Il

essaie ainsi de se maintenir de fa?on active dans l'ensemble des relations matri

moniales.

Les premiers observateurs du vampirisme avaient bien remarqu? l'int?r?t un

peu trouble du vampire pour ses proches, mais l'attention presque exclusive

port?e alors ? la relation du ph?nom?ne avec l'institution eccl?siastique les avait emp?ch?s de comprendre l'importance fondamentale de cet ?l?ment.

Avant d'y revenir, ?voquons un autre exc?s, non moins important

: le compor

tement cannibale du vampire. Il faut bien pr?ciser qu'il ne s'agit pas seulement du ?buveur de sang?, image

popularis?e en Occident par la litt?rature romantique : le vampire est tout d'abord un omnivore, mais qui manifeste un m?pris tr?s net pour les cat?gories de la

pratique culinaire normale. Ainsi que je l'ai d?montr? ailleurs [1985], ce m?pris des cat?gories

est en rapport avec la violence dans les relations humaines, violence

qui justifie la n?cessit? th?orique de la ?chasse? : le vampire doit ?tre tu?.

En principe, tout d?funt marqu? d'une fa?on ou d'une autre par un exc?s ?

vivre longtemps, par exemple, ou pas assez

(morts violentes), mourir

avec des plaies saignantes, ?tre ?saut?? par un petit animal, etc. ?

peut devenir

vampire.

Dans le cadre de cet article, il n'est pas possible d'examiner en d?tail le pro bl?me du ?sautage?. Disons quand m?me qu'il s'agit d'une ?vocation de l'acte

sexuel ?

c'est l'un des sens des verbes signifiant ?sauter? aussi bien en

bulgare

qu'en grec, comme du reste en fran?ais courant ?, o? le mort neutralise l'oppo sition masculin/f?minin dans un co?t qui conjoint l'homme et l'animal sous

la forme

?+ i ii C-> S U animal

passif / actif

(objet du sautage) / (agent sauteur) = sol = horizontalit? / = haut = verticalit?

L'opposition horizontal/vertical est analogue de l'opposition actif/passif vertical : horizontal :: actif : passif

dans un contexte sexuel pr?sentant une

zoophilie invers?e.

U y a un rapport paradoxal entre g?n?rique et sp?cifique : en th?orie tout le

monde peut devenir vampire ; en r?alit?, le processus de vampirisation doit, pour fonctionner, ob?ir ? ce que j'appellerais la contrainte d'identit?, ? savoir que la reconnaissance du vampire par le groupe doit ?tre possible.

This content downloaded on Tue, 5 Mar 2013 11:32:22 AMAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

208 G. DRETTAS

Dans ce sch?ma, l'opposition masculin/f?minin est marqu?e, comme le sont les

enfants morts non baptis?s. Ces derniers ont ?t? parfois class?s dans une sous

cat?gorie de vampires, ceux qu'on appelle en bulgare les n?vjaci et en grec les

tel?nia [N. Politis, n? 375 ? 377]. Parfois, selon des observations faites ? Ts., ils sont

hors-groupe ; ils ne sont pas encore des chr?tiens et sont donc totalement

indiff?rents ? l'?conomie des relations interethniques.

Cependant, dans la litt?rature ethnographique les enfants font preuve d'une

tendance tr?s nette ? devenir vampires [Laoghrafia 1915 : 208]. Dans les cas de

vampirisation probable, on

proc?de ? une cuisson4 curative de l'enfant.

Pour les femmes, le probl?me se pose autrement. Si l'on consid?re l'ensemble

discursif que constitue la litt?rature orale de la r?gion, la femme non encore

mari?e est le plus souvent objet de la concupiscence cannibale d'un vampire masculin. Dans le conte de ?Mara la Blanche?, commun ? l'espace bulgarophone et gr?cophone, l'aspect incestueux de l'app?tit vampirique est soulign? [G. Drettas 1985], mais ce n'est pas toujours le cas.

Dans un texte en dialecte bulgare local, recueilli dans la r?gion de Edhessa

[SbNU, IV, 1891 :114-115] on donne ce sch?ma de d?part :

O

O -

A vampire

Un vampire qui ne veut pas de dot ?pouse successivement les trois filles d'une

pauvre veuve. Il exige de chacune de ses conjointes

une cuisine cannibale. Les

deux premi?res ne peuvent ni ne veulent s'y r?soudre, et elles sont consomm?es ;

la troisi?me ruse et s'enfuit.

Ce conte qui m?riterait une analyse approfondie montre bien, dans un contexte

d'?change in?gal marqu? notamment par le statut peu enviable de cette veuve

qui a trois filles ? marier, la confusion des cat?gories

: les jeunes ?pouses non seule

ment doivent faire bouillir de la chair humaine, mais elles devraient aussi en

consommer. L'impossibilit? de satisfaire leur mari les r?duit ? l'?tat de viande, le vampire confondant activit? sexuelle et activit? carnivore.

Un autre r?cit, qu'on pourrait intituler ?La fianc?e du vampire?, met en sc?ne

une jeune fille qui vient de perdre son fianc?. Elle va ? une veill?e (activit? matri

moniale) [G. Drettas 1980] et r?v?le que son fianc? d?funt a ?t? inhum? avec un

tr?s bel anneau. Avec l'aide des gar?ons pr?sents, on ouvre la tombe, on arrache

le doigt o? est pass? l'anneau et on le rapporte ? la veill?e. Afin de pouvoir enlever

l'anneau du doigt gonfl?, on le jette dans une marmite de bouillie de c?r?ales qui

mijote sur le feu. Peu apr?s, le fianc? d?funt entre ; il remue la bouillie avec la

cuill?re ; les assistants, g?n?s, s'en vont et la jeune fille reste seule avec lui. La

transgression est ici commise par la jeune ?cervel?e. Beaucoup plus que de vio

lation de s?pulture5, elle se rend coupable de m?ler aux c?r?ales bouillies un doigt

This content downloaded on Tue, 5 Mar 2013 11:32:22 AMAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

QUESTIONS DE VAMPIRISME 209

humain, donc une viande interdite. On remarquera aussi que l'exc?s provient

initialement de la partenaire f?minine et qu'il concerne les dons ?chang?s dans la

phase qui pr?c?de imm?diatement le mariage, dons qui sont toujours au c ur de

probl?mes multiples. On retiendra de ces deux exemples l'association de l'anti-cuisine aux

aspects

?conomiques de l'alliance matrimoniale. Ces sch?mas, ainsi que celui de la repro duction vampirique (cf. infra), impliquent la conjonction d'un vampire m?le avec

une femme. Cela est en partie contradictoire avec la possibilit?, pour les femmes, de se

vampiriser. Pourtant on nous en cite un cas :

?Et ? Tr?sino, hein, la m?re du Georges... Elle ?tait morte avec des plaies, on ne l'avait

pas br?l?e , elle devint vampire. Le matin, elle avait laiss? des enfants petits, les enfants

dirent : 'maman est venue cette nuit...'. On alla voir, il y avait un trou dans la tombe.

On ouvrit la tombe et, dedans, elle ?tait l? tremblante. On la tua dans sa tombe, la m?re

du Georges...?

Ce t?moignage que j'ai recueilli ? Ts., en rappelle bien d'autres et nous ram?ne aux r?cits du p?re Richard ou de Tournefort. Tout le contexte socio-culturel

que je ne puis d?tailler ici am?ne ? conclure qu'il s'agit d'une conjonction de

type incestueux ; par ailleurs ce t?moignage montre aussi la solidarit? du groupe face ? l'un de ses membres, bien identifiables , et une action commune. Le

contexte g?n?ral est n?gatif, contrairement au cas ? de beaucoup le plus fr?quent ?

de la conjonction d'un mari vampire avec sa veuve ; l? le contexte est potentiel

lement positif puisque cette derni?re peut devenir enceinte et donner naissance

? un ?fils de vampire? :

vampire A ?=z O

A ?fils? chasseur de vampire

Ce fils de veuve r?tablit, au niveau du groupe, le d?s?quilibre introduit dans la

relation d?funt/vivants ; en effet il est par excellence un clairvoyant (de m?me que les ?enfants du samedi?) et sp?cialistes de la chasse au vampire. D poss?de des

caract?ristiques h?ro?ques tr?s nettes dans l'espace bulgarophone o? ce scheme

du fils-de-veuve fonctionne dans les chants ?piques. (La relation privil?gi?e de la

m?re au fils avec un p?re absent

? veuvage fonctionnel de la m?re

? appara?t

?galement dans la figure de saint Georges, forgeron, cavalier, p?le calendaire...) Nous avons ici un mod?le quasi dipien tr?s puissant qui op?re dans un

contexte de violence ?tendue ? toute la p?rentele et qui rend n?cessaire la dext?

rit? meurtri?re de certains vivants en r?ponse ? l'hostilit? gloutonne des morts.

Disons tout de suite que dans ce mod?le la femme est soit neutre (objet passif vou? aux convoitises carnivores7), soit nettement positive (ce qui

est contradic

toire avec sa transformation possible en

vampire).

This content downloaded on Tue, 5 Mar 2013 11:32:22 AMAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

210 G. DRETTAS

La chasse au vampire

Les vampires qui ne sont plus identifiables8 directement, de visu, par tous les

membres du groupe local, n'en continuent pas moins d'agir. Les effets de cette

turbulence apparaissent au

groupe comme des sympt?mes de leur pr?sence

[G. Drettas 1985]. Les chasseurs sont des sp?cialistes qui, gr?ce ? une certaine

technique unie ? leur clairvoyance, peuvent ?tablir un diagnostic d'agression

vampirique et

pratiquer la suppression du ou des vampires. Ces chasseurs sont,

par ordre d'efficacit? d?croissante, d'abord les fils de vampire, puis les enfants

n?s le samedi (?? l'ombre l?g?re?). La documentation ethnographique atteste

que les ?Turcs? ont ?t? assimil?s ? cette seconde cat?gorie de chasseurs.

On m'a racont? ? Ts. :

?Il y a des sp?cialistes qui, avec un fusil et une herbe qu'ils mettent sur la langue, voient

le machin et le tuent.?

?Il y a un chasseur de vampires au village de T. [situ? ? 10 km ? l'est de Ts.J Mon oncle

l'appela, il vint un soir et dit : 'Faut que je vois, ce n'est pas juste que je te prenne de

l'argent si ce n'est pas ?a. Je vais voir'. Alors il le tua. Il nous dit : 'Lorsque vous entendrez

un boum !, n'ayez pas peur'. Il chercha et tira. Certains virent du sang, apr?s. Quand tu

as fait ?a, tu es tranquille pour plusieurs ann?es : le truc ne revient plus. Tu ne peux pas te permettre de perdre un gros animal tous les six mois, alors tu appelles ce type de T. ...?

Nous avons ici un r?cit canonique de la chasse au vampire, dans le cas o?

celui-ci est difficilement visible. Il n'est plus directement identifiable et donc on

ne peut le tuer dans sa tombe, par exemple.

Les chasseurs sont essentiellement d?finis par leur caract?re masculin bien

s?r, mais aussi par les conditions particuli?res de leur conception : soit, le veuvage

de la m?re ; le p?re est mort mais peut encore l?gitimer dans la lign?e sa prog? niture. Soit la ma?trise totale des cycles naturels qui permet de faire na?tre un

enfant le samedi. Soit encore l'appartenance ? un groupe ethnique

avec lequel

l'?change des femmes est impossible : les Musulmans prennent des filles mais

n'en donnent pas. Ce dernier ?l?ment montre la plasticit?, le caract?re ouvert,

des cat?gories mises en uvres dans le vampirisme.

La croyance existait avant que les Turcs n'eussent conquis toute la partie de

la P?ninsule, comme en t?moigne le zakonik (code) du tsar Dusan au milieu du

XlVe si?cle [G. Drettas 1985]. Uislamisation, parfois massive dans certaines

r?gions9, a boulevers? les zones d'endogamie traditionnelles en introduisant une

situation de violence extr?me avec un voisinage

sans alliance possible. La r?cup?

ration positive de ce fait dans l'agencement du ph?nom?ne vampirique corres

pond, d'une part, ? une tendance ? consid?rer toutes les relations sociales ?

travers le prisme des relations de parent? et, d'autre part, ? l'id?e ? tr?s

profonde ?

qu'il y a du c?t? de la sauvagerie une violence positive ou, plus

exac

tement, cathartique. C'est pourquoi le loup, animal au voisinage pourtant diffi

cile, est marqu? positivement

: c'est un carnivore parfait qui peut ?manger un

vampire?. De ce point de vue, il est encore

plus fort que les chasseurs qui lui sont

?quivalents en

particulier par l'acuit? visuelle, mais dans un registre mineur.

This content downloaded on Tue, 5 Mar 2013 11:32:22 AMAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

QUESTIONS DE VAMPIRISME 211

Le sch?ma ci-dessous donne une ?chelle de quantification de l'efficacit? cyn?

g?tique des diverses cat?gories :

identit?

de groupe ethnico

religieux

humains O-*

n?s du samedi

= Turcs

fils de vampire

(fils de veuve)

loup

monde animal,

carnivore parfait, non domestique.

On a une croissance cumulative de a ? a' ; je veux dire par l? qu'un Turc peut aussi ?tre mis au monde le samedi, de m?me qu'un fils de veuve. Le marquage

de la limite s'effectue de la fa?on suivante ?jusqu'en a\ les agents chasseurs doivent ne pas avoir peur du vampire ; ? partir de a\ c'est le vampire qui a peur de l'agent chasseur. On voit qu'en passant du domestique

au non-domestique, il y a une

analogie ?

partielle certes mais nette ? entre l'une des modalit?s de la relation

vampire O-? / femme et la relation vampire ^** / loup.

Une informatrice (n?e ? S., ?g?e de 75 ans au moment de l'entretien) me

raconte avoir rencontr? l'un de ses proches parents r?cemment d?c?d?, un soir

qu'elle allait ?couter un office dans un monast?re. Elle lui dit : ?

Qu'est-ce que tu fais l? ? Ciel ! Que le loup te mange !

Le loup peut poser un probl?me ? des ?leveurs, surtout d'ovins. C'est un voisin un peu envahissant, mais son comportement est tout de m?me pr?sent?

comme

globalement positif. Le r?le qui lui est attribu? confirme, entre autres choses, la

forme carn?e du vampire : le loup n'est pas un

charognard, mais un consommateur

de viande fra?che. Il permet ?galement de comprendre l'int?gration analogique du

?Turc? dans une cat?gorie de voisins encombrants, tr?s souvent pr?dateurs,

mais utiles en raison m?me de leur ?tranget? radicale.

R?FLEXIONS

L'ensemble que nous venons d'?voquer repose de toute ?vidence sur une

image extr?mement n?gative des relations de parent? : des ?proches? dissimulent tant bien que mal un cannibalisme latent associ?, pour certains degr?s, ? des

pratiques incestueuses.

Le groupe familial appara?t donc comme un producteur de vampires. On m'a

m?me dit que certaines lign?es avaient une assez forte h?r?dit? vampirique, ce

qui souligne le danger que le groupe familial repr?sente pour le groupe villageois. Mais il y a, ? ce niveau, une contradiction entre les deux types de groupes.

This content downloaded on Tue, 5 Mar 2013 11:32:22 AMAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

212 G. DRETTAS

La ?religion grecque?

Dans ce complexe dialectique, l'intervention de l'institution eccl?siastique fonctionne en quelque sorte ? la fa?on d'un embl?me de la communaut? locale, en tant qu'elle r?siste ? la gloutonnerie obsc?ne des familles. Mais l'?glise

(orthodoxe) ne peut rien par elle-m?me. Ses rituels sont n?cessaires comme

autant de marqueurs s?mantiques qui permettent d'effectuer des ?tiquetages.

Cette fonction, qui n'a pas toujours eu la m?me importance, permet de saisir

l'?volution qui s'op?re entre le XlVe si?cle, par exemple, o? un pouvoir central

doit interdire express?ment la participation du clerg? ? la destruction des vampires [zakonik de Dusan, article 20], et le XVIIe si?cle o? les r?cits des voyageurs

europ?ens t?moignent du r?le de l'autorit? eccl?siastique dans ces affaires.

L'intervention positive de l'institution religieuse authentifie le bien-fond?

de la croyance et constitue une reconnaissance explicite, d'ordre en quelque

sorte juridique, des classifications propos?es par le vampirisme. Cette parti

cipation de l'?glise orthodoxe a lieu alors que le processus d'islamisation est

important dans plusieurs provinces de l'Empire, o?, par l?-m?me, la structure

politique globale se modifie radicalement pour la communaut? locale.

La contradiction mise ? jour entre le groupe familial (qui se pr?sente dans les

termes d'une id?ologie patrilin?aire) et le groupe villageois qui se veut l'?l?ment

de base du syst?me des millet, refl?te en partie le fait que l'?glise orthodoxe, dans un contexte d'in?galit? des groupes par rapport au

pouvoir, est un ?l?ment

de la structure politique ottomane : le d?s?quilibre fondamental du syst?me r?side dans la tr?s forte autonomie des groupes locaux, autonomie relay?e

sur le

plan institutionnel par les divers clerg?s et qui trouve sa limite dans la situation

d'inf?riorit? des groupes non musulmans vis-?-vis du pouvoir d'?tat, lequel tend

? identifier sa force ? la seule composante ?turque? de la soci?t? globale.

L'argumentation de son ?abb? grec? n'a pas ?t? comprise par le p?re Richard

pour ce qu'elle ?tait r?ellement : une affirmation du r?le de la ?religion grecque? dans un processus ethnique. En disant en

quelque sorte ? la communaut? rurale :

?Tes vampires sont les miens?, l'?glise marque id?ologiquement l'autonomie

nouvelle dont elle est activement partie prenante, au moins dans sa phase initiale.

Les t?moignages des XVIIe et XVIIIe si?cles montrent que l'Eglise orthodoxe

m?ne une strat?gie d'adaptation

aux pressions antagonistes qu'engendre le syst?me

ottoman : pression

en provenance des groupes locaux, d'une part, et pression du

pouvoir turc, d'autre part. Il faut pr?ciser n?anmoins que la r?ponse de l'institu

tion eccl?siastique n'a pas ?t? partout uniforme. Les vari?t?s de ce m?canisme

d'int?gration qu'on a pu observer indiquent l'importance du p?le ?groupe local?

dans le syst?me global des contradictions sociales. Ainsi, dans les zones o? le

vampirisme est quasiment inconnu comme, par exemple, la r?gion

caucaso

pontique, on observe la pratique de la double appartenance religieuse pour une

partie de la population ?

officiellement musulmane et officieusement chr?tienne.

Ces m?canismes d'adaptation ne sont d'ailleurs n?cessaires que durant la p?riode

o? l'islam exerce une force d'attraction certaine dans de nombreuses r?gions de

1' Empire. Il est bien ?vident aussi que la naissance des mouvements nationaux

This content downloaded on Tue, 5 Mar 2013 11:32:22 AMAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

QUESTIONS DE VAMPIRISME 213

a modifi? profond?ment cet aspect des choses et, par voie de cons?quence,

l'attitude de l'?glise orthodoxe vis-?-vis de la soci?t? locale [K. Fotiadis 1985].

L'enfant ?turc? et le fils-de-veuve

L'islamisation bouleverse violemment les zones d'endogamie traditionnelles,

puisque le groupe islamis? (famille, village) devient, vis-?-vis de non-musulmans,

preneur de femmes sans ?tre donneur. Le sch?ma id?al de cette situation d'alliance

?forc?e? se pr?sente,

au niveau de la relation primaire, de la fa?on suivante :

w A O +

u A

L'?pouse chr?tienne n'est pas, du point de vue de la norme juridique, oblig?e d'embrasser l'islam, mais ses enfants, eux, appartiennent

au groupe du p?re. Si nous revenons maintenant au contexte

vampirique, le sch?ma de reproduc

tion (origine du chasseur) est le suivant :

o +

A +

Ce sch?ma est sym?triquement invers? par rapport au pr?c?dent. Leur rappro

chement met en ?vidence le caract?re qui leur est commun : l'?l?ment f?minin comme

op?rateur de la diff?rence. En effet, dans le premier cas, une femme

produit un enfant ?turc? et, dans le deuxi?me, une femme veuve produit un

enfant anti-p?re. Le premier correspond ? l'accentuation de la logique patrili

ni?aire, mais dans un contexte o? il y a, en quelque sorte, ?berwindung (fait de

surmonter) des cat?gories ethniques, alors que le deuxi?me pr?sente l'accentua

tion positive d'une matrilin?arit? totale. Dans les deux cas c'est la femme en tant

que m?re qui op?re la diff?renciation, soit selon l'alliance, soit selon la filiation. Ce qui importe ici, c'est la facult? f?minine de g?n?rer des ?sauts cat?goriels?,

gr?ce ? un ?tat de f?condit? potentielle, ?tat que le contexte vampirique souligne tr?s fortement par l'?nonc? d'une contradiction apparente

: d'une part, les dis

cours indig?nes courants pr?sentent la vampirisation comme indiff?rente ? la

diff?rence sexuelle mais, d'autre part, la tradition orale pr?sente presque exclusi

vement l'opposition d'un vampire masculin ? un ?tre f?minin marqu? comme

f?cond. (Dans les donn?es que j'ai cit?es plus haut, les femmes vampiris?es ont

d?j? plusieurs enfants, elles sont ?us?es? et leur attrait sexuel est en quelque sorte

diminu?.)

This content downloaded on Tue, 5 Mar 2013 11:32:22 AMAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

214 G. DRETTAS

Nous retrouvons l? ce caract?re pluricat?goriel de la femme qui, certes, peut devenir vampire

comme tout le monde, mais qui, au niveau id?el, ne fonctionne

presque jamais comme tel, puisqu'elle sert ? garantir aux app?tits masculins la

forme ?chair? d'un objet sexuel plus utile au fonctionnement de l'ensemble que ne l'est un simple r?le g?n?rique garantissant le caract?re global de la croyance.

Ainsi la femme sous sa forme d'objet du d?sir, est consommable par le vampire, soit de fa?on cannibale s'il s'agit d'une vierge, soit de fa?on ?normale? s'il s'agit

d'une veuve encore jeune. Ce qui compte ici, c'est l'intervention de la violence

masculine dans le champ de la parent?. La r?ponse f?minine ? cette violence est

constitu?e par un saut cat?goriel qui,

sur le plan sociologique, r?pond aux trans

formations naturelles dont le corps f?minin est le si?ge. Le probl?me que soul?vent de cette fa?on les soci?t?s ? vampirisme est bien

celui d'une sup?riorit? physique de la femme du fait des mutations naturelles

qui contredisent avec la force de l'?vidence la fixation patrilin?aire d'une

id?ologie fragile. Celle-ci n'arrive pas en effet ? masquer que les femmes,

qu'on le veuille ou non, peuvent avoir des enfants n?s de p?re inconnu

ou ?tranger.

Pour r?sumer en quelques mots la le?on des faits que nous avons

rapidement

examin?s, nous pouvons dire que l'?tre f?minin suscite, de par ses facult?s pro tei

formes, un inconfort permanent et, devrait-on dire, angoissant chez les hommes

qui se l'approprient pour faire commerce de sa valeur ou, ? la rigueur, de ses

charmes.

Dans cette optique, il para?t normal que le ?fruit de ses entrailles? rev?te la

forme h?ro?que de l'oppresseur ou du justicier. Cette forme pose un probl?me d?licat d'ethnohistoire. Il n'est pas possible de revenir ici sur des ?l?ments que

j'ai ?voqu?s par ailleurs [1985], mais il faut r?sumer les contours du probl?me. L'ensemble bulgarophone poss?de une v?ritable ?pop?e dont le h?ros principal

pr?sente une relation privil?gi?e

avec une m?re veuve. L'espace gr?cophone

ne

poss?de pas, ? proprement parler, d'ensemble ?pique . Une partie du domaine

pr?sente donc un rel?chement structurel du complexe vampirique. Ces schemes

h?ro?ques, qu'ils soient complets ou

incomplets, mettent en jeu

un principe qu'on

pourrait formuler ainsi : ?Le p?re est quelque chose qui doit ?tre supprim?.? L'enfant ?turc?, lui, fait penser ? une relation d'?quivalence qui serait pos?e

entre le veuvage et l'alliance hors du groupe ethnique, ?quivalence de l'ordre du

quantitatif puisque, comme nous l'avons vu plus haut, nous n'avons pas affaire

? des oppositions de type disjonctif.

Vers une soci?t? sans p?res

Ainsi la femme sous sa ?forme m?re? produit de l'h?ro?que et dans un type conflictuel ou, plus g?n?ralement, probl?matique de conjonction masculin/

f?minin, elle op?re une mise au premier plan de la relation de filiation telle que cette derni?re ne soit con?ue positivement qu'? partir de la seule g?nitrice.

Nous savons en outre que, dans le complexe vampirique, la femme appara?t

comme un ?tre frontalier dont la forme d?pend de la relation qui s'?tablit entre

This content downloaded on Tue, 5 Mar 2013 11:32:22 AMAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

QUESTIONS DE VAMPIRISME 215

ses transformations biologiques au sein d'un ensemble fini d'?tats et des

cat?gories de la pratique socio-culturelle : si elle est vierge, la femme est directe

ment li?e aux cat?gories culinaires qui mettent en question sa ma?trise des

processus techniques de transformation d'une mati?re premi?re en

produit

consommable. Dans ce m?me ?tat, les techniques textiles sont en rapport d'ana

logie avec les techniques culinaires [G. Drettas 1979]. Lorsqu'elle est femme

f?conde, les choses deviennent plus complexes ou, si l'on veut, plus abstraites ? encore que l'abstraction s'exprime dans les termes d'un processus naturel

concret : celui de la naissance. L?, le f?minin produit du masculin, mais du mas

culin qui n'est positif que si on lui reconna?t une origine exclusivement maternelle.

Les schemes h?ro?ques ?tablissent en effet une soci?t? sans p?res dans un

imaginaire qui, globalement, range ces derniers dans la cat?gorie des vampires

potentiels. Cette d?marche peut ?tre illustr?e par le conte de ?L'enfant sans

peur?, recueilli ? Ts., dans le dialecte bulgare local :

?Un jeune gar?on, ayant p?re et m?re, ne conna?t pas la peur. Il en discute avec sa m?re

et d?cide de voyager. La m?re ne sait pas quoi lui donner ? manger et, comme provision de route, elle lui met un pigeon dans une bo?te de bois. Le gar?on part et arrive le soir ?

un village. Il voit fuir tous les habitants. Il arr?te le pope au passage et le questionne. Ce

dernier lui dit que, chaque soir, le village se remplit de vampires. Le gar?on sans peur d?cide d'y rester. Le pope lui donne son ?tole et les cl?s des maisons en lui disant de

consommer tout ce qu'il voudra. Le gar?on s'installe dans la maison du pope et met une

volaille ? r?tir. Les vampires arrivent, ils essaient de l'effrayer en lui jetant des parties de

corps humain : une main, puis une t?te. Lui, g?n? dans sa pr?paration culinaire, se retourne

et attrape avec l'?tole le chef des vampires ; ceux-ci ont peur. Il ?tablit alors avec eux un

contrat oral : en ?change de la lib?ration de leur chef, les vampires s'engagent ? ne plus revenir au village. Les villageois le comblent de cadeaux et le gar?on repart. Lorsqu'il

prend son casse-cro?te, le pigeon remue dans la bo?te ; le gar?on a un mouvement de

frayeur ?tonn?e : il a appris la peur.?

Le conte met en jeu une relation privil?gi?e m?re/fils qui s'accompagne d une

d?l?gation de savoirs. Le gar?on dou? au

d?part d'un manque h?ro?que ? il ne sait pas ce

qu'est la

peur ?

oppose au cannibalisme vampirique la pratique de la bonne cuisine. S'il

?tablit le contrat final gr?ce ? l'adjuvant institutionnel de l'?tole (qui repr?sente ici une d?l?gation m?tonymique du pouvoir), c'est parce qu'il a su exhiber la

ma?trise d'une technique f?minine. (Le conte serait ? mettre en relation avec tous

les textes de ce genre qui mettent en jeu des jeunes filles exhibant ?

pour n'?tre

pas ?mang?es? ?

la ma?trise de techniques essentielles comme la cuisine ou le

tissage, ainsi que la ma?trise du juste maniement des rapports sociaux qui y

correspondent.)

Le conte se r?f?re aussi ? une menace commune pour le groupe villageois, menace d?samorc?e par la mise en ?vidence de cette relation maternelle qui

v?hicule des solutions possibles. Nous avons donc d'une part la mise en ?vidence de savoirs f?minins et, d'autre

part, l'accentuation insistante de deux ?tats f?minins : l'?tat pr?-marital et l'?tat

post-marital, le passage entre les deux se pr?sentant

comme une m?tamorphose

relevant d'un pouvoir physique qui permet ? l'?tre le plus m?pris? de la soci?t? traditionnelle de fabriquer des anti-p?res.

This content downloaded on Tue, 5 Mar 2013 11:32:22 AMAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

216 G. DRETTAS

Si nous reprenons le cas de l'enfant ?turc?, nous verrons qu'il

est

? sym?triquement

au fils-de-vampire op?rant dans sa

lign?e paternelle ?

dans une

position d'agressivit? dipienne ? l'?gard des membres de sa lign?e maternelle.

Il y a donc un certain d?calage par rapport au type dipien pur (non m?diatis?) du fils-de-vampire.

Il faudrait, bien entendu, poursuivre l'analyse d?taill?e des jeux cat?goriels dont la femme, sous ses aspects divers, constitue le pivot. Mais une telle analyse,

pour ?tre men?e ? bonne fin, exige que soient d?mont?s tous les rouages de la

soci?t?.

*

Le vampirisme constitue un des aspects fondamentaux d'un syst?me id?olo

gique en d?s?quilibre. D est regrettable que cet aspect ait ?t? trop longtemps

n?glig? par les observateurs des soci?t?s balkaniques. Le ph?nom?ne r?v?le en

effet toutes les difficult?s qu'ont ces soci?t?s oppressives ? justifier de fa?on

id?ologiquement ?l?gante, l'?tat de suj?tion totale o? elles maintenaient leurs

femmes et, dans ce contexte, ? masquer de fa?on efficace la sup?riorit? physique

(et mentale) de ces m?mes femmes qui, en d?pit de tous les gestes du m?pris, ont la nature pour garant et le savoir pour racine.

NOTES 1. Historiquement, le premier ? signaler la croyance au ?broucolaque? doit ?tre Leone

Allaci (Allatius) (1586 ou 87-1669), et Du Cange se r?f?re explicitement ? la d?finition qu'il en donne. Mais il est difficile d'appr?cier de fa?on critique son r?le dans la d?couverte de cette

croyance ; n? ? Chios mais ?migr? tr?s jeune en Italie, ce th?ologien catholique, qui propose un rapprochement des ?glises grecque et latine, a une position ambigu? vis-?-vis de son groupe

d'origine. 2. Dans son effort pour d?crire et interpr?ter le ph?nom?ne selon une approche essen

tiellement historique, J. Lawson est constemment g?n? dans sa lecture des sources ethnogra

phiques qu'il s'agisse de l'ouvrage de N. Poli ris ou de ce qu'il a pu conna?tre des faits bulgares,

par ce qu'il pense ?tre une diff?rence originelle entre le ?puxoxaxac ?vrik?lakas, grec et le

vampire slave. Pour lui, ce dernier est un ?tre brutal et sanguinaire, caract?re que son homo

logue grec n'avait pas ? l'origine, mais qu'il aurait acquis pas emprunt culturel, au cours des

mouvements de populations de la p?riode byzantine. 3. A la diff?rence du vampire, le xotl?x est un revenant turc ou chr?tien, dont la manifes

tation est fondamentalement li?e au probl?me de la dette, c'est-?-dire au d?s?quilibre que la mort

introduit dans les ?changes ?conomiques entre familles. En effet, dans le cadre d'une ?thique mer

cantiliste, la bonne r?gulation du bilan vient au premier plan, et le groupe familial est financi?re

ment solidaire des comptes de chacun de ses membres. Cf. par ex. S. Athanasi?dhis [1968 : 31 ].

4. Disons tr?s rapidement que les enfants qui naissent avec une ?tare? vampirique plus ou moins forte ?

qu'ils voient le jour entre No?l et la Saint-Basile, ou qu'ils ?mangent? leurs

petits fr?res et s urs (cas de mortalit? infantile importante apr?s le premier enfant) ?

peuvent ?tre soumis ? une l?g?re cuisson dans un four : on introduit l'enfant tout entier ou ses pieds seulement dans un four-?-pain encore chaud. Cette cuisson symbolique qui op?re avec l'oppo sition cru/cuit constitue un m?canisme visant ? corriger d'?ventuels d?s?quilibres

d?mographiques.

This content downloaded on Tue, 5 Mar 2013 11:32:22 AMAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

QUESTIONS DE VAMPIRISME 2 17

5. Dans cette zone, ouvrir une tombe n'est pas grave en soi. C'est le motif de l'ouverture

qui compte. 6. Caut?risation prophylactique qui consiste ? verser, sur les plaies et les orifices naturels

du cadavre, du vin bouillant et du beurre fondu.

7. Qui sont, dans ces cas, toujours h?t?rosexuelles.

8. Dans le cadre de cet article je ne peux analyser la composition temporelle de la th?orie

vampirique. 9. Pour la partie occidentale de l'?tat ottoman : Bulgarie orientale, Rhodopes, Thrace,

Mac?doine, Albanie, Bosnie, Sancak de Novi-Pazar...

10. L'histoire des manipulations diverses qui visent ? pr?senter les textes mettant en sc?ne

Dhijenis Akritas comme des t?moins d'une ?pop?e populaire serait fort int?ressante, mais

elle d?passe le cadre de cette ?tude.

BIBLIOGRAPHIE

Athanasi?dhis, S.

1967- 'ioxopCa Kai AaoYpacpCa tt\q Eavx?e (Histoire et folklore de Sant?). Thessalonique 1968 I : 245 p. ; II : 252 p.

Baigarski Junaski Epos (L'?pop?e h?ro?que bulgare) 1971 SbNU LUI, Sofia, 1056 p. (en bulgare).

Drettas, G.

1979 ?B?la Mara ili surovata devica? (Mara la Blanche ou la jeune fille crue), in

Balgarski Folklor, Sofia, 1 :23-37.

1980 La m?re et l'outil. Paris, S?laf, 592 p.

sous presse ?Le cavalier glouton?, in Mosa?que sociographique, M?langes offerts ? Lucien

Bernot. Paris, ?ditions de l'?cole des hautes ?tudes.

Du Cange 1688 Glossarium ad scriptores mediae et infimae graecitatis. Lyon.

Fotiadis,K. 1985 Die Islamisierung Kleinasiens und die Kryptochristen des Pontos. Dissertation

in der Geschichtswissenschaftlichen Fakult?t der Eberhard-Karls-Universit?t

zu T?bingen, Sofort-Druck T?bingen, 717 p.

Karavidhas, K. D.

1931 aypotlxA (Questions rurales). Ath?nes, Imprimerie nationale.

Kraus, F.

1908 Slavische Volksforschungen. Leipzig, W. Heims, 431 p.

Laoghrafia ( AaoYPoupta ) Revue annuelle publi?e ? Ath?nes depuis 1909. Cf. en particulier les num?ros :

7(1923), 10(1932), 11(1937).

Lawson, J. C.

1910 Modem Greek Folklore and Ancient Greek Religion. Cambridge, Cambridge

University Press, 620 p. Voir particuli?rement : 198-202, 230 s. q., 384-541.

This content downloaded on Tue, 5 Mar 2013 11:32:22 AMAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

218 G. DRETTAS

Marinov, D. V 1891 Ziva Starina, I, Russe, 189 p. (en bulgare).

1914 ?Narodna vjara i religiozni narodni obicai? (Religion populaire et coutumes

religieuses populaires), SbNU XXVIII, Sofia.

Pirinski kraj (La r?gion de Pirin) 1980 Recueil d'articles, Sofia, BAN, 687 p. (en bulgare).

Politis, N.

1904 napa?ooeic (Traditions). Ath?nes, Reproduction de la premi?re ?dition :

EPE, Ath?nes, 1965, 2 vol.

1920 AooYPatpiK? a?uuLKxa (M?langes folkloriques), Ath?nes.

Richard, S. J., P?re Fran?ois 1657 Relation de ce qui s'est pass? de plus remarquable ? Saint-Erini, isle

de l'Archipel, depuis l'?tablissement des P. P. de la Compagnie de Jesus en

icelle, Paris, S. Cramoisy, 428 p.

SbNU (Sbornik za Narodni Umotvorenija) Recueil de traditions populaires, ?dit? ? Sofia. Voir en particulier : vol. III,

1890 : 147-151 ; vol. IV, 1891 : 114-115 (contenant un conte recueilli par

G. Lazev. Indication de heu : Voden (actuel. Edhessa). La transcription

pr?sente des d?fauts) ; vol. V, 1891 : 142-143 (conte recueilli par N. Nastev,

r?gion de Florina, village de Tserovo) ;vol. VII, 1892 :148-150.

Tourne fort, J. Pitton de

1717 Relation d'un voyage au Levant. Paris, Impr. Roy, 2 vol (vol. I, 544 p.).

Weigand, G.

1894 Die Aromunen, II, Leipzig, J. Barth, 383 p.

SOURCE

Manuscrits du K. M. S. (Centre d'?tudes Micrasiatiques), Pontos-Santa' : 1) Isxan?nton et 2) Zurnats?nton.

This content downloaded on Tue, 5 Mar 2013 11:32:22 AMAll use subject to JSTOR Terms and Conditions