60
Rapport POLYFINANCES Campus NEW YORK 2012

Rapport annuel PF 2012

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: Rapport annuel PF 2012

Rapport

POLYFINANCES

Campus NEW YORK2012

Page 2: Rapport annuel PF 2012

PolyFinances:du rêve à la réalité...AU RÊVENew York, Londres, Singapour, Tokyo, Paris, Francfort, Toronto, etc. Des noms de villes qui riment aussi avec finance internationale. En 2012 plus que jamais, la mondialisation, l’interconnexion des économies et la crise financière et des dettes souveraines font que les citoyens ne peuvent plus ignorer que leurs vies et décisions personnelles seront impactées et auront un impact sur le reste du monde.

Les avancées technologiques, les réseaux sociaux et la diminution des coûts font que la planète ressemble de plus en plus à un village global. Si les citoyens ne peu-vent plus ignorer que leurs sociétés sont reliées, alors les artisans de ces sociétés se doivent d’être les précurseurs. Et ces artisans, ce sont les ingénieurs. Qu’ils soient en génie civil, logiciel, électrique, bio-médical ou indus-triel, les ingénieurs, un à un, sont les constructeurs des infrastructures, des petits et grands projets, et ensemble ils façonnent nos sociétés modernes. Ils apportent les derniers développements de la recherche scientifique au coeur de nos sociétés. Dans ce contexte, les ingénieurs doivent prendre du recul et comprendre la mécanique sociale dans sa dimension internationale. C’est l’objectif du profil «ingénieur manager» à l’École Polytechnique qui chapeaute les orientations thématiques (Outils de gestion, innovation et projets internationaux) au bacca-lauréat et les options gestion de projets et management de la technologie de la maîtrise en génie industrielle aux études supérieures.

Il y a à peine une année, une conversation de couloir, un rêve éveillé, un projet ambitieux, je ne sais quel qualifi-catif utiliser mais en tout cas un projet d’envergure était discuté avec quelques étudiants extrêmement motivés. Il s’agissait de comprendre comment les entreprises étaient évaluées par les marchés financiers. Est-ce que la technologie utilisée compte vraiment? Est-ce qu’un analyste d’une salle de marché s’intéresse plus à la valeur fondamentale de l’entreprise, donc de sa technologie, de ses processus d’affaires, etc. ou alors s’intéresse-t-il plus au secteur industriel? Ou enfin, s’agit-il juste d’une logique dans le cadre de la gestion d’un portefeuille boursier? Ces questions étaient posées par des élèves in-génieurs qui se rendaient compte que la technologie est un élément extrêmement important pour nos sociétés et leur avenir économique, mais qu’au beau milieu de

la crise financière la plus importante depuis celle de 1929 il semblait que quelque chose n’était pas correct dans les modèles d’évaluation.

C’est de cette conversation de couloir qu’est né le projet PolyFinances. C’est un projet sur les approches de la valorisation de l’entreprise par les marchés financiers: développer des notions de comptabilité générale, de comptabilité ana-lytique, d’analyses fondamentales et sectorielles et enfin de comprendre le fonctionnement de la diversification de portefeuille et des produits dérivés. C’est donc bien les finances - et donc PolyFinances - au pluriel plutôt que PolyFinance qui devait être créé.

Il s’agissait d’être le prolongement de cours déjà offerts à l’École Polytechnique et notamment IND5115 Technologie et concurrence interna-tionale. Se reposant sur les outils de ce cours, on pouvait pousser plus loin les analyses sectorielles des entreprises technologiques et les confronter à la valorisation financière dans le monde réel. On pourrait alors trouver les écarts et prévoir des mouvements de cours de bourse.

Dès septembre 2011, une vingtaine d’étudiants on été sélectionnés pour faire partie de la première cohorte de PolyFinances. Ils ont mis en place les structures de ce qui s’apparente à une société technique, rédigé la charte de l’association, orga-nisé des campagnes de levées de fonds, organisé un campus international et fais des recomman-dations de gestion d’un portefeuille d’entreprises technologiques. En plus de cela, sans être cré-dité et juste pour la curiosité intellectuelle et leur propre épanouissement, ils se sont rencontrés tous les mercredis soirs pendant trois heures pour présenter leurs études de cas, leurs incroyables notes sectorielles et faire des recommandations de gestion de portefeuille. Leur motivation est une grande leçon d’humilité.

Pour couronner le tout, nous voulions avoir deux activités «signatures» de PolyFinances. La première sur le campus de l’École et la seconde devait avoir une dimension internationale. La première activité

Page 3: Rapport annuel PF 2012

était donc de mettre en place un fonds d’investis-sement. L’objectif de ce fonds est de transformer les recommandations des étudiants en véritables décisions d’investissement sur les marchés finan-ciers. Il s’agit de confronter l’analyse technique et fondamentale à la valorisation du marché. Nos élèves ingénieurs viennent de tous les génies de l’École et sont extrêmement compétents pour connaître les technologies d’avenir qui sont ou seront implantées dans les entreprises dans les-quelles ils travailleront. Leurs connaissances tech-niques sont donc véritablement un atout pour savoir si une technologie ou une entreprise ont de belles perspectives d’avenir. Mais qu’en dit le marché? Et s’il y a des différences, quelles en sont les raisons? Ce fonds a aussi naturellement une dimension de développement durable. Les pré-occupations de la nouvelle génération ressortent dans le choix des techniques étudiées et dans le choix des entreprises. Ce fonds a aussi une di-mension éthique. Dans ce contexte, les étudiants ont créé leur propre indice d’évaluation: l’indice PolyFinances (IPF). À terme, les profits engrangés serviront à financer des bourses d’étude pour les étudiants du profil ingénieur manager.

La deuxième activité «signature» était l’organisa-tion d’un événement international. La décision a été prise d’organiser un voyage d’étude dans une place financière majeure: nous voici donc partis pour Wall Street. Le «campus New York» est arrivé comme une évidence. Le mandat était d’organiser chaque année une semaine de conférences et de visites des personnages et des acteurs clés d’une place financière. En d’autres termes, en plus des «finances» énoncées ci-dessus, nous voulions faire une analyse de l’organisation industrielle d’un marché financier. Nous voulions aussi com-prendre les relations entre ces différents acteurs, les technologies employées, les contextes dans lesquels ces acteurs évoluaient, etc. Nous avons eu l’incroyable honneur d’avoir eu des confé-rences de sommités internationales en ingénierie financière. Dans les pages qui suivent, vous retrouverez avec intérêt l’agenda de ce campus. Mais, c’était vraiment une semaine extraordinaire qui aura marqué les esprits de nos étudiants et aussi de leur enseignant ainsi que de Mme Line Dubé, directrice du BRIN qui nous a aidé à organi-ser ce campus sans compter ses efforts.

Pourquoi des ingénieurs seraient-ils intéressés par ce monde en dehors de leur expertise tech-

nique? J’espère que les lignes qui précèdent s’imposent comme une réponse évidente. Les meilleurs ingénieurs sont ceux qui ont compris qu’il leur fallait être les meilleurs dans leur expertise tout en comprenant les nouvelles mécaniques sociales dans leur dimension internationale. Le monde aujourd’hui compte 20 ingénieurs supplémentaires parmi cette élite. Et ils sont de l’École Polytechnique de Montréal. Avec PolyFinances, nous sommes passés en moins d’un an du rêve, à la réalité... au rêve.

Bonne lecture,

bien humblement,

Thierry Warin

Page 4: Rapport annuel PF 2012

L’équipe PolyFinances est compo-sée de 20 futurs ingénieurs issus de 7 branches du génie. Parmi ceux là se retrouvent des étudiants au baccalauréat, des étudiants à la maîtrise et des étudiants en échange. Cette complémentarité de bagage et d’expertise tech-nique permet à PolyFinances de couvrir l’ensemble des domaines de l’industrie.

L’ensemble de l’équipe est cha-peautée par le professeur Warin, professeur d’économie au dépar-tement de mathématiques et de génie industriel de l’École Poly-technique de Montréal (MAGI).

Professeur responsable

Thierry Warin

Équipe exécutive

• William Sanger, coordonnateur• Romaric Juvanon, directeur• Charles-André Guénette, trésorier• Antoine Troadec, responsable de

l’équipe logistique• Sofiane Benyouci, responsable de

l’équipe financement

Aéronautique et aérospatial

Sofiane Benyouci, génie aérospatialMarion Lefebvre, génie aérospatial

Biotechnologie et pharmaceutique

Stéphanie Dejoie, génie biomédicalWilliam Sanger, génie biomédical

Technologie de pointe

Éric Garat , Génie industriel Bertrand Nembot , Génie mécanique

Présentation de l’équipe

Page 5: Rapport annuel PF 2012

Énergie

Olivier Caillet, génie nucléairePaul Galet, génie nucléaireMikaël Héroux-Vaillancourt, génie industrielRomaric Juvanon, génie industriel

Manufacturier & Services

Catherine G. Couturier, génie industrielCélia Lamarche, génie industrielCharles-André Guénette, génie industriel

Ressources naturelles

Antoine Troadec, génie industrielChristophe Mondin, génie chimiqueMehdi Guedira, génie industriel

Technologie de l’information

Michael Eilers-Smith, génie informatique Camélia Lalhou, génie industrielAlexis Pouliot-Deschamp, génie civilÉlias Abi Rached, génie industrielAlexis Richer, génie mathématiques

Les membres de PolyFinances sont répar-tis selon trois comités : édition, finance-ment et logistique.

Outre cette répartition, les PolyFinan-cières et PolyFinanciers sont regroupées au sein de sept pôles pour couvrir les dif-férents domaines de l’industrie :

• aérospatial et aéronautique• biotechnologie et pharmaceutique• énergie• ressources naturelles• manufacturier et services• haute technologie• technologie de l’information

Présentation de l’équipe

Page 6: Rapport annuel PF 2012

Ce rapport a été réalisé par l’ensemble des étudiants de PolyFinances, le fonds d’investissement étudiant de l’École Polytechnique de Montréal.

Aucune reproduction ne peut être effectuée en tout ou en partie sans mention de la source.

Bonne lecture.

Page 7: Rapport annuel PF 2012

PolyFinances en bref... 7

Sommaire

Analyse de Portefeuille 8

Campus de printemps à New York 10Délégation du Québec 12BNP PARIBAS 15Thierry Vongphanith 17Galilelo Global Advisor 21NYU-Poly Finance & Risk engineering 23Moody’s 27New York Stock Exchange 29Morgan Stanley 31Federal Reserve Bank 33Open Society Foundation 35 Meeschaert Financial Services 39Hodgson Russ 41Mission permanente du Canada à l’ONU 44

Organisation d’une Place financière 47Les acteurs 47Finance de marché 51Développement durable et éthique 53

Bibliographie 55

Page 8: Rapport annuel PF 2012

Mis sur pied en septembre 2011, cette société technique du dépar-tement de génie mathématique et industriel, composée d’étudiants provenant de différents génies entre dans le monde des transac-tions boursières fort de leur bagage scientifique et industriel.

La particularité de PolyFi-nances ? Faire reposer ses décisions d’inves-tissement sur une analyse complète d’un secteur industriel puis d’entre-prise en particulier. Les étudiants mettent ainsi à profit une expertise technique acquise à travers leur for-mation pour proposer une recom-mandation éclairée appuyée sur de solides analyses. Chaque investisse-ment s’appuie sur une étude gravi-tant autour de quatre aspects d’une entreprise : sa structure de marché, ses stratégies, le contexte dans le-quel elle s’inscrit et les données fi-nancières de son secteur.

De plus, le fonds d’investissement se base autour de quatre valeurs

fondamentales pour légitimer les décisions prises, que sont le déve-loppement durable, l’éthique, la technologie et l’aspect internatio-nales. Avec une volonté de briser la pensé en silo, PolyFinances désire rétablir les ponts entre les stratégies industrielles et les répercussions boursières à l’aide d’une approche systémique.

De la finance à PolytechniqueLa mise sur pied du fonds d’inves-tissement étudiant s’inscrit dans un dynamisme d’ouverture de la part de l’École Polytechnique de Mon-tréal. Les étudiants impliqués sont caractérisés par un attrait marqué vers l’économie et par une curiosité sur les interactions entre décisions industrielles et conséquences bour-sières. Plus globalement, ils possè-dent tous les qualités nécessaires pour répondre au profil d’ingénieur manager dans leur future carrière.Plusieurs cours universitaires enca-drent cette implication étudiante. En effet, un cours d’économie indus-trielle est prérequis pour incorporer

l’équipe PolyFinances, cours néces-saire à la réalisation des analyses d’entreprises. Ces connaissances sont par la suite complétées par un cours consacré à la gestion d’un portefeuille d’action, à l’interpréta-tion de données financières et à l’in-troduction à la finance d’entreprise. Les deux cours sont donnés par Thierry Warin, professeur agrégé de l’École Polytechnique et vice-prési-dent du Centre Interuniversitaire de Recherche en Analyse des Organisa-tions et fondateur de PolyFinances.

Chaque semaine, les vingt étudiants de PolyFinances se rencontrent pour faire une revue exhaustive de l’actualité industrielle par secteurs (pharmaceutique, aéronautique, énergétique, haute technologie, manufacturier et services, énergie et ressources naturelles). L’ensemble de cette revue d’actualité composée de notes sectorielles est disponible en s’inscrivant à la liste d’envoi de PolyFinances : [email protected], diffusée les lun-di matins de chaque semaine.

en bref...Reconnecter économie industrielle, finance de marché et gestion de portefeuille, tel est le nouveau défi relevé à l’École Polytechnique par les vingt étudiants formant la première cohorte de PolyFinances.

7

Page 9: Rapport annuel PF 2012

Analyse du portefeuille de PolyFinancesLa gestion du portefeuille d’actions est la suite de l’investissement et du travail de chaque étudiant dans les études de cas. C’est aussi la vitrine de PolyFinances puisque notre implication, notre crédibilité et enfin notre expertise se reflètent dans nos résultats.

Depuis septembre 2012, PolyFinances a investi dans 9 entreprises technologiques dans divers secteurs liés aux génies étudiés à Polytechnique. Pour la première année de son mandat, nous avons choisit de gérer un portefeuille fictif de 100 000 $CAD. Ce portefeuille, géré sur une plate-forme en ligne, reprend les principaux frais bancaires lors des transactions mais aussi les dividendes reçus.

Société   Secteur   Bourse   Date  d'achat   Quan4té   Montant  Total  inves4  $CAD  

TECHNIP   Pétrolier   Paris  CAC40   23/09/2011   50   3  994.93  $  

CGG  Veritas   Pétrolier   Paris  CAC40   26/10/2011   175   3  958.54  $  

Métro  Inc   Agroalimentaire   Toronto  TSE   17/11/2011   79   3  998.98  $  

Ericsson   TélécommunicaCon   NASDAQ   22/11/2011   400   4  006.10  $  

IBM   Technologie  de  l’informaCon  

NYSE   29/11/2011   22   4  128.76  $  

Novar4s   PharmaceuCque   NYSE   06/12/2011   76   4  013.31  $  

GDF  Suez   Énergie   Paris  CAC40   06/12/2011   140   4  006.85  $  

TOTAL  SA   Pétrolier   Paris  CAC40   01/02/2012   75   4  011.55  $  

Accenture   Technologie  de  l’informaCon  

NYSE   08/02/2012   70   3  979.32  $  

Tableau 1 - Caractéristiques des investissements

Afin de caractériser notre rentabilité du portefeuille, nous avons valorisé celui-ci en prenant en compte les éventuels dividendes reçu et la valeur actuelle de l’action en dollars canadiens au 20 mars 2012. Nous avons ensuite comparé le rendement de chaque investissement au rendement de l’indice boursier (CAC40, NASDAQ, Dow Jones, Toronto TSE, S&P500) dans lequel nous avons fait l’investissement mais aussi l’indice sectoriel asso-cié (Oil and Gaz, NASDAQ telecom, Gaz et eau, …)

Page 10: Rapport annuel PF 2012

1 Taux de change en vigueur à la date de perception2 Taux de change en vigueur au 20 mars 20123 Le rendement en monnaie local diffère du rendement en $CAD à cause des différence de taux de change entre la date d’achat et le 20 mars 2012

Inves&ssement   Plus-­‐values   Rendement  sur  $CAD   Rendement  sur  monnaie  locale  

36  098.34  $   3  707.26  $   10.27%   14.17%  

Tableau 2 - Résultats par investissement et par monnaie

Société   Dividende  $CAD  1   Plus-­‐values  $CAD  2   Rendement  sur  $CAD  

Rendement  en  monnaie  locale  3  

Indice  Bourse  (monnaie  locale)  

Indice  sectoriel  (monnaie  locale)  

TECHNIP   -­‐   1  615.88  $   40.45%   48.22%   25.65%   36.72%  

CGG  Veritas   -­‐   1  095.44  $   27.67%   36.92%   11.29%   10.81%  

Métro  Inc   16.99  $   15.41  $   0.39%   0.39%   4.37%  

Ericsson   -­‐   14.52  $   0.36%   4.64%   22.09%   10.44%  

IBM   16.44  $   369.61  $   8.95%   14.11%   17.95%   14.69%  

NovarGs   186.75  $   347.52  $   8.66%   11.45%   11.68%  

GDF  Suez   -­‐   -­‐356.66  $   -­‐8.90%   -­‐4.79%   12.53%   2.90%  

TOTAL  SA   55.81  $   189.21  $   4.72%   5.54%   6.25%   4.86%  

Accenture   -­‐   416.32  $   10.46%   11.11%   4.43%  

Pour une première année, les résultats sont satisfaisants. Si nous rapportons nos différents investissements sur une année complète, nous obtenons des rendements beaucoup plus importants : 44% en monnaie locale et 33% en dollars canadiens. Conscients que nous profitons de la reprise économique mondiale suite à la crise de 2008, il est important de comparer nos rendements aux indices sectoriels associés.

Au regard de ces chiffres, une nouvelle question se pose : PolyFinances ne devrait-il pas se doter de comptes en différentes devises étrangère pour éviter d’être dépendant des fluctuations du marché du foreign exchange ?

Ces résultats sont encourageants et donnent une crédibilité certaine à notre travail, cependant nous devons redoubler d’efforts pour affiner notre expertise afin de continuer à prendre des décisions avisées.

Nous pouvons constater que nos investissements ont été performants dans l’ensemble. Un seul titre a perdu de la valeur, deux peuvent être considérés comme stable et les 6 autres ont performés entre 4,72% et 40,45%. Le tableau suivant résume la rentabilité du portefeuille de septembre au 20 mars 2012.

Tableau 3 - Résumé des résultats des investissements

9

Page 11: Rapport annuel PF 2012

Tableau 3 - Résumé des résultats des investissements

Campus de printemps à

New YorkDu 3 au 10 mars dernier, les étudiants de PolyFinances se sont rendus à New York dans le but de rencontrer les différents acteurs de la place financière de Wall Street. Le but de ce campus d’étude est de comprendre les interactions entre les princi-paux intervenants du monde de la finance. Plusieurs visites officielles furent donc réalisées, notamment auprès des banques d’investissement, de la banque centrale américaine, des agences de notation, de la bourse et des différents bureaux de consultants et d’analystes financiers.

Les conclusions de ce campus sur le sol américain vous sont dévoilées dans ce rapport, ainsi que les résultats du portefeuille d’action de la première cohorte de PolyFinances.

Page 12: Rapport annuel PF 2012

Une semaine à

NEW YORK

Page 13: Rapport annuel PF 2012

Le présent rapport fait état de la visite de la visite effectuée à la Délégation du Québec à New York en date du 5 mars 2012 par l’équipe de PolyFinances. Lors de cette visite, les membres ont eu le privilège de s’entretenir, entre autres, avec les représentants suivants :

Sophie Plante : directrice des investissements Québec à New York. Brièvement, Mme Plante joue un rôle de prospection, c’est-à-dire qu’elle contacte des clients américains potentiels pour vendre les at-traits du Québec et encourager les investissements américains en terre québécoise. Elle a aussi le rôle de prendre soin des investisseurs et garder de bons contacts avec ces derniers (after care).

Laurent Bassa : attaché financier. Il joue le rôle inverse de Mme Plante, c’est-à-dire qu’il joue un rôle de facilitateur dans l’intégration de travailleurs qualifiés québécois présents à New York. En effet, plusieurs grandes firmes telles Google et Facebook relocalisent leurs centres de R&D à New York dû à la main-d’œuvre d’ingénierie qualifiée qui s’y trouve. Il s’agit donc d’une opportunité pour les ingénieurs québécois par exemple.

La structure de cette organisation sera d’abord présentée, puis suivra la description de leurs stra-tégies mises en place pour faire la promotion du

Québec en sol américain par le biais de nos avantages concurrentiels. Le contexte sera enfin présenté pour les positionner face à leurs concurrents (canadiens et mondiaux).

Présentation de la Délégation du Québec à New YorkLa Délégation du Québec à New York est la principale représentation du Québec aux Etats-Unis. Elle agit au même titre qu’une ambassade sauf qu’elle ne peut porter cette appellation puisque le Québec est une province. Ce pôle inauguré en 1940 exerce ses activi-tés dans la région du Mid-Atlantique qui comprend les huit États ; Delaware, Kentucky, Maryland, New Jersey, New York, Pennslyvanie, Virginie, Virginie occidentale ainsi que le District of Columbia.

Pour ce qui est de Investissement Québec, c’est à la fois une institution financière et une agence de dévelop-pement économique. Depuis 2012, elle est composée de la fusion des organisations de la société générale d’investissement (SGF) et Investissement Québec (IQ). Cette dernière est une corporation qui appartient à part entière au gouvernement du Québec. Elle agit comme promoteur des intérêts du Québec pour attirer les investisseurs étrangers entre autres, mais elle a un grand mandat au sein du Québec même. Conséquem-

4 Mars8h30, 1 Rockefeller Plaza, Suite 2600

Délégation du Québec à New York

12

Page 14: Rapport annuel PF 2012

ment, ces intervenants travaillent de manière bilatérale, c’est-à-dire qu’ils accompagnent autant les entrepreneurs québécois à s’établir en sol américain que les américains à s’installer au Québec. Cette fusion a aussi eu pour effet qu’ils agissent maintenant à même titre qu’une institution financière.

Leur mandat est de promouvoir les avantages du Québec dans les secteurs des affaires, de l’investis-sement, des institutions gouver-nementales, de l’éducation, de la culture et des affaires publiques.(Ministère des affaires internatio-nales, 2012) Tel que mentionné par Sophie Plante lors de la présentation : «Nous sommes présents pour faire connaître le Québec, et surtout pour le vanter.»

StratégiesLors de la présentation, nous avons capté la complexité d’exécution du mandat de la Délégation du Québec à New York. Cette section détaille les principaux arguments de vente utilisés ainsi que les méthodes em-ployées

Les avantages concurrentiels du Québec et secteurs clésTel que présenté par Sophie Plante, le Québec comporte plusieurs avantages concurrentiels pour les investisseurs américains. Le princi-pal mentionné fut notre talent local, c’est-à-dire notre main-d’œuvre bilingue et éduquée engendrée par la présence de grandes univer-sités reconnues mondialement tels McGill et l’École Polytechnique. Le Québec est reconnu pour son bassin disponible, compétent, dynamique et créatif. Ce facteur est d’ailleurs

le fondement de plusieurs de nos secteurs phares, dont l’industrie du multimédia.

Économiquement parlant, le Qué-bec détient la fiscalité corporative la plus compétitive en Amérique du Nord. (Investissement Québec et Raymond Chabot Grant Thornton, 2011). En effet, le Québec offre des incitatifs fiscaux et des programmes d’aide adaptés aux besoins des entreprises. Suivant cet ordre d’idée, nous détenons des coûts d’opéra-tions très avantageux, parmi les plus bas en Amérique du Nord (KPMG, 2010). Ensuite, le Québec offre des incitatifs aux travailleurs étrangers. En effet, il est extrêmement com-plexe d’obtenir un permis de travail aux États-Unis et cela peut devenir décourageant. Cet élément est donc un bon argument de vente. Le Québec est aussi attirant de par son emplacement géographique à

13

Page 15: Rapport annuel PF 2012

proximité des grandes métropoles telles New York, Toronto, Boston et Washington sans compter que le fleuve Saint-Laurent donne accès à la mer et aux Grands Lacs. Finale-ment avec l’avènement d’un accord de libre-échange avec l’Union eu-ropéenne, le Québec est en voie de devenir un emplacement fortement stratégique pour les entreprises ayant des intérêts aux Amériques et en Europe.

L’approche de nouvelles entreprises se fait principalement par réseau-tage. Conséquemment, la Déléga-tion Générale du Québec à New York se doit d’être la plus visible possible dans un bon nombre d’activités dont des événements corporatifs

ainsi que des foires de carrières sur les campus universitaires.

Contexte et concurrenceLa Délégation du Québec à New York doit faire face à énormément de compétition et un contexte rè-glement difficile pour attirer les en-treprises ainsi que les investisseurs. Parmi ces obstacles, on retrouve le mouvement Buy American ainsi que le Buy American Act (Gouver-nement du Canada, 2012) qui font partie de la loi fédérale. Cette forme de protectionnisme consiste en une barrière réglementaire pour les flux entrants et sortants québécois, car elles imposent l’achat de produits sur le territoire américain pour

les achats directs effectués par le gouvernement américain. De plus, le contexte économique difficile depuis 2008 incite plusieurs orga-nismes à investir d’abord à l’intérieur des frontières américaines.

Pour ce qui est de la compétition, nos représentants québécois doivent tirer leur épingle du jeu devant les grandes puissances déjà établies sur place. Du côté canadien, d’autres provinces canadiennes sont aussi représentées à New York, notamment l’Ontario. Ils sont donc en compétition sur certains aspects et doivent tout de même préserver l’esprit d’union canadienne. Finale-ment, l’engouement planétaire pour les pays émergents tels les membres du BRICS est un autre aspect qui corse les activités de la délégation.

La promotion du Québec passe inévitablement par nos secteurs phares très prisés par les Américains, ainsi que les entreprises du monde entier dont :• Technologies de l’information• Le Plan Nord• Secteur minier, les minéraux stratégiques• Le multimédia (comprenant les jeux vidéo)

Page 16: Rapport annuel PF 2012

Trois unités d’affaires stratégiques composent la banque. La première est l’unité banque de détails, dont les principaux marchés sont la France, l’Italie, la Belgique ainsi que le Luxembourg. Ils sont aussi présents aux États-Unis ainsi que dans d’autres pays. Le deuxième est le CIB (Corporate & Investment Banking), l’unité d’investissement et de financement. Ils sont notamment reconnus pour leur expertise dans les domaines de la négociation de produits dérivés sur toutes les classes d’actifs et sur les financements structurés. Enfin, la dernière unité d’affaires est le service d’ingénierie financière qui regroupe notamment la gestion d’actifs, la banque dépo-sitaire (custodial banking), et les services immobiliers.

Visite des bureauxLes bureaux visités font partie de l’unité d’affaires CIB (Corporate & In-vestment Banking) et se spécialisent notamment en produits dérivés et en capitaux propres (equity). Ils ne forment qu’une petite portion du domaine d’expertise de la BNP. Ces deux spécialités visent notamment à gérer des portefeuilles d’investis-

sement et des transactions pour le compte de leurs clients. Une partie importante au sein de ces spécia-lités est la division de gestion des risques qui permet d’offrir des produits adaptés aux spécificités et aux volontés d’investissement des différents clients en fonction notamment de leurs tolérances respectives aux risques. Elle a aussi pour fonction de constamment analyser les risques afin de revoir les stratégies d’investissement si nécessaire. Elle est aussi très impor-tante en situation de crise. On peut aussi noter que certaines fonctions sont complètement isolées sur la salle des marchés dans une salle appelée familièrement “The Cage” avec un brin d’humour. La raison est simple : éviter le transfert de toute information qui pourrait influencer les décisions prises dans l’intérêt de la banque au détriment de son client ou inversement. Le but est donc d’éviter tout conflit d’intérêts entre ces deux entités.

On notera finalement l’importance de l’image de marque et de l’im-pression que BNP Paribas souhaite émettre. Dès l’entrée, des grandes portes de métal semblent nous

indiquer que nous sommes dans une zone de haute sécurité et qu’y entrer n’est pas aisé, tout comme en faire sortir de l’information. Dans les bureaux, l’espace est ouvert, très éclairé et les murs sont remplacés par des vitres transparentes. On a une impres-sion de transparence. L’entreprise ne cache rien à ces employés, à ses visiteurs, à ses clients. Fina-lement, des télévisions HD sont accrochées partout sur les murs et CNN tourne en boucle. Se tenir au courant, s’intéresser à l’actua-lité semble très important.

Conférencier : M. Jean-Olivier Caron, directeur des ventes chez BNP-Paribas

L’expérience de vie de M. Caron est très enrichissante puisqu’il re-présente un modèle de réussite de la transition de l’ingénierie vers la finance, aspirations partagées par les étudiants de Polyfinances. Sa conférence abordera plusieurs thèmes dont son expérience de vie, les chocs culturels rencontrés (Québec-États-Unis-Japon-Asie), la rémunération en finances (théorie du principal agent) et

11h00, 787 7th Avenue

BNP PARIBASBNP Paribas est un groupe bancaire global dont le siège social est à Paris et né le 23 mai 2000 de la fusion de la Banque Nationale de Paris et de Paribas. En octobre 2010, Bloomberg et Forbes la classaient plus grande banque et plus grande entre-prise classée par actifs avec au-dessus de 3 100 milliards de $.

15

Page 17: Rapport annuel PF 2012

l’innovation financière. Diplômé de Polytechnique en génie élec-trique, M. Caron a eu une carrière hors de l’ordinaire. D’abord, il rem-porta une bourse de recherche au Japon dans le cadre du pro-gramme Canada-Japan COOP et obtint ainsi une maîtrise en génie électrique de l’Université de Tokyo. Il apprendra par le fait même le japonais qu’il parle couramment. Après une expérience courte en ingénierie à Montréal, M. Caron fera le saut en finances où il sera recruté par Citigroup. Plus tard, il rejoindra BNP-Paribas au Japon où il travaillera dans la vente de produits dérivés. À terme, il sera transféré à New York comme direc-teur des ventes, poste qu’il occupe actuellement.

Quant aux chocs culturels, les ma-nières de faire sont très différentes d’un continent à l’autre. Il est essentiel selon lui de s’immerger dans la culture environnante pour être efficace. Par exemple, les Japonais valorisent énormé-ment la hiérarchie et appliquent une philosophie d’amélioration continue dans tous les domaines. Par contre, les nord-américains

prônent plutôt l’individualisme où l’épanouissement personnel est la priorité. Aussi, la résolution de pro-blèmes et l’innovation sont souvent radicales par opposition à l’Asie, où la philosophie d’amélioration continue laisse place à des petits changements incrémentaux.

Pour M. Caron, le mode de rému-nération des financiers basé exclusi-vement sur la croissance est le plus grand problème avant la crise de 2008 et le demeure toujours. En effet, les différents agents ne cherchent aucunement à retenir une clientèle pour un développement durable. Les gains à court terme sont prio-risés et tous les moyens sont bons. M. Caron a mentionné également que l’innovation financière était nécessaire à un certain moment et a permis d’amener des liquidités supplémentaires sur les marchés financiers. Cependant, le “surplus” d’innovation financière a causé un effet pervers et a augmenté le risque et la volatilité. Les produits dérivés actuels sont tellement complexes et opaques que la transparence est de plus en plus questionnée.

ConclusionBNP Paribas est réellement une banque internationale. À tous moments dans le monde, la banque réalise des transactions. Leurs employés reçoivent donc des informations d’autres marchés mondiaux, communiquent les informations du déroulement de leur journée à leurs collègues situés sur un marché qui s’apprête à ouvrir. C’est l’adaptation de l’entreprise à un monde de plus en plus interrelié et c’est ce qui leur permet d’être aussi performants dans un environnement où la fi-nance est plus que jamais globale et décentralisée.

Page 18: Rapport annuel PF 2012

Dans le monde, 80 % des gens qui investissent ont des pertes ce qui illustrent que pour des personnes qui ne s’y connaissent pas, il est très difficile de faire de l’argent dans les milieux financiers. En fait, il est presque impossible pour les non-connaisseurs de prédire ce qui se passera.

Il y a plusieurs groupes qui parti-cipent au marché. Il y a d’ailleurs des distinctions qu’il faut faire entre investisseur et spéculateur et individuel et institutionnel. L’investisseur prévoit faire de

l’argent à long terme avec un retour sur l’investissement prévisible alors que le spéculateur fait de l’argent sur les transactions en espérant faire des gains potentiels dans le futur. Le participant corporate travaille pour une firme alors que le participant individuel travaille pour lui-même. La majorité des participants indi-viduels qui se considèrent comme des investisseurs entre au mauvais moment sur les marchés.

En finance, la volatilité contribue à créer de la richesse. Lorsqu’il y a de la volatilité extrême et que

les moments sont plus difficiles, cela représente une opportunité aux meilleurs de se démarquer. Il s’agit de profiter des opportunités. Les connaisseurs profitent de la hausse et de la baisse pour réaliser de bon coup. En effet, plusieurs fonds alternatifs ont réussi des rendements de 20% entre 2008 et 2011. Pour les particuliers, la volatilité est synonyme de risque et très peu de gens sont confiants d’investir à ce moment. Les gens se réfugient alors dans les bons du trésor puisqu’ils sont plus sûrs.

14h30, 1 Rockefeller Plaza, Suite 2600

Thierry Vongphanith

«Depuis 4-5 ans , je réalise des rendements de 65%.»

Thierrry Vongphanith

Page 19: Rapport annuel PF 2012

Il existe deux types de fonds :

1. Qualitatif

Décision prise à l’aide de critères fondamentaux au sein des entre-prises et on étudie le secteur, les produits de l’entreprise, l’analyse des Cash Flow et le potentiel de croissance

2. Quantitatif

Décision prise à l’aide de tech-niques d’arbitrages, de stratégies et d’analyses des volumes et des aspects comportementaux des investisseurs

Pour M. Vongphanith, l’approche quantitative est plus riche. Elle peut être très stressante à exécuter, mais il y a beaucoup d’opportunités. D’ailleurs, les fonds quantitatifs ont des rendements plus élevés.

Le marché est la représentation des humains. Il est composé de raison

et d’émotions. Dépendamment des différentes situations et des intervenants la prédiction du com-portement des décideurs n’est en ce moment pas encore évaluable à cause des aspects irrationnels. On a tous un biais et c’est la somme de toutes les préférences indivi-duelles qui constitue la richesse et la difficulté de la finance.

Différentes stratégies quanti-tatives En Leadline/News Based Strate-gies, on sait qu’une bonne nou-velle peut faire varier de 5 à 7 % le cours d’une petite entreprise et de 2 et 3 % celle d’une grande.

En Valuation Base Strategies, quand on gère plusieurs milliards de dollars. Il est alors difficile de battre le marché, puisqu’on repré-

sente le marché.

Comprendre le secteurLe gain de croissance cette année par rapport à l’année d’avant est de 0,4 %. Les gens paniquent et vendent leurs meilleures actions et achètent des perdants en espérant créer un mouvement. 90 % des gens sont perdus en ce moment à cause de cette recherche de sécu-rité faussée.

Selon notre conférencier, il y a deux approches pour comprendre le cycle économique du secteur. À l’intérieur de l’évolution d’un même indice, il y a beaucoup d’écart. Il faut alors regarder les situations où l’écart type est le plus grand. À ce moment, il repère et investit dans les extrêmes. Il choi-sit ses investissements à l’aide de beaucoup d’analyses techniques

Stratégie quantitative

Différentes stratégies quantitatives

Avantages Inconvénients

Règle  stricte  et  forte  discipline Rigide  et  non  créa3f

Moins  de  biais Se  base  sur  l’historique

Large  Screening  Process Sous-­‐évalue  les  situa3ons  d’excep3ons  (réac3ons  non-­‐ra3onnelles)

Real  Time  input

H igh   F r equency  Trading

L e a d l i n e / N e w s  Based

Opportunist   Based  investment

Sa?s?cal  Arbitrage Earning   trend   base  strategies

V a l u a ? o n   B a s e  Strategies

Quelques   secondes  à  quelques  minutes

Quelques   minutes   à  quelques  heures

Quelques   heures   à  quelques  jours

Quelques   jours   à  quelques  mois

Quelques   semaines  à  quelques  mois

Quelques   mois   à  quelques  années

18

Page 20: Rapport annuel PF 2012

et il maximise sa probabilité de succès sur une cer-taine période de temps. En regardant les écarts des indices sectoriels du S&P (SPREAD), il a constaté que c’est au moment où les indices ont un taux de croissance 2 fois supérieur à celui de ceux qui sont moins performants qu’il faut vendre les meilleurs pour acheter les moins performants.

Il est important de trouver des stratégies que d’autres n’ont pas trouvées et de les garder se-crètes. Plus des stratégies sont appliquées plus leur efficacité diminue et jusqu’à devenir inefficace. Le marché a la capacité d’apprendre. Lorsque le taux de satisfaction passe de 75% à 55%, 90 % des gens vont garder leurs actions.

Pour bien réussir, il faut user de créativité ex-trême, s’ouvrir à d’autres perspectives afin d’en-richir les outils et les approches quantitatives. Il faut entres autres :

• Prendre en compte les multiples approches et paradigmes afin d’améliorer la probabilité de succès d’investissement

• Il faut profondément comprendre les périodes de stress et traduire ces cycles en stratégies d’investissements

• Le développement de stratégies quantitatives basées sur les erreurs et les biais des transac-tions faites par des hommes puisque ce sont les humains qui font le marché financier

Il ne faut jamais oublier que l’on achète un produit parce que l’on croit que quelqu’un d’autre l’achè-tera plus cher plus tard.

Les stratégies s’appuient sur les données his-toriques et n’ont pas l’habilité à s’ajuster à de nouvelles situations. Les firmes se fient trop aux mêmes outils qui exploitent les transactions les

plus volumineuses et elles manquent de méthodes plus innovantes. La majorité des gens investit dans des actions qui ont actuellement du momentum. Les stratégies ne prennent pas en compte comment les comportements humains sont influencés par les cas extrêmes de la peur d’exubérance ou de volati-lité soudaine.

Les recherches les plus riches doivent se faire au niveau des comportements humains. Celui qui réussira à percer ce puzzle sera très riche. Cela per-mettra d’enrichir l’approche quantitative. Les outils du risque doivent être plus précis pour l’avenir. La valorisation n’est juste que s’il y a un futur acheteur.

Selon M. Vongphanith, les participants au marché contribuent à sa sur ou sous évaluation et ne sont pas là pour le juger, mais pour faire de l’argent.

Thierry Vongphanith

Thierrry Vongphanith détient un doctorat en finance quantitative de l’ESSEC. Il réalise depuis 4 à 5 ans des rendements de 65%. Aujourd’hui, il travaille à Brown Brothers Harriman & CO où il utilise des techniques secrètes basées sur des outils très perfec-tionnés qui a pour but de faire de l’argent à des participants selon des objectifs à court ou long terme. Pour atteindre ce niveau de performance, en plus du doctorat, M. Vong-phanith a pris plus de 7 ans avant d’être enfin confortable. Selon son expérience, c’est en faisant des erreurs qu’on apprend le marché et ses réactions.

Les  noms  de  quelques  fonds  quan.ta.fs  à  retenir    

 D.E.  Shaw  

AQR  Capital  Management  

 Renaissance  Technologie  

19

Page 21: Rapport annuel PF 2012
Page 22: Rapport annuel PF 2012

Du recul de la finance New Yorkaise à la création de GalileoAvant de nous parler de son entre-prise, Monsieur Ugeux a souhaité apporter son avis sur le rôle de New York dans la finance mondiale. Alors que pour la plupart d’entre nous, New York est le haut lieu de la finance mondiale, son avis semble dire que Wall Street n’est en fait lié qu’à une activité régionale, constat bien diffèrent du début de sa car-rière. Ses mots sont clairs : deux « péchés » sont responsables de ce recul de la finance à New York. Le premier, l’ « interest equalization tax » (ou l’impôt d’égalisation des intérêts) vise à taxer les dépôts des banques étrangères aux USA. Cette mesure a entrainé un dé-placement des acteurs du marché obligataire vers Londres dans un premier temps et ensuite vers des places asiatiques telles que Hong-

Kong. Le second péché est la section 404 du Sarbanes-Oxley Act qui renforce et augmente les contrôles sur les entreprises étrangères. C’est tout le travail de Monsieur Ugeux pour le NYSE qui s’effondre, le nombre de firmes étrangères cotées à Wall Street commence à diminuer dès la parution de cette nouvelle réglementation. De plus, Monsieur Ugeux ajoute que le début du siècle n’est pas une période où les clients accordent une grande confiance à leur banquier d’affaires.

L’ensemble de ces conditions ouvre des opportunités pour de nouveaux acteurs, de taille plus humaine dans la finance. Georges Ugeux l’a bien senti et décide alors de créer Galileo Global Advisors (GGA), banque d’affaires de conseil en investisse-ments, basée à New York.

Les missions de GGA reposent sou-

vent autour de la mise en relations de 2 ou plusieurs acteurs du marché. Les finalités sont diverses : joint-ven-ture, partenariat, fusion-acquisition, relation fournisseur-client, place-ments privés…

Multi culturalité et axe Sud/Sud La firme Galileo Global Advisors travaille principalement à l’inter-national et s’est donc dotée d’une équipe multiculturelle composée de plusieurs nationalités : chinoise, in-dienne, belge, française et bulgare. Selon Monsieur Ugeux, l’équipe parfaite n’existe pas, il est important de s’entourer des bonnes personnes et d’avoir des partenaires d’affaires compétents dans les zones géogra-phiques clés. Ces zones semblent se trouver en Asie où GGA fait plus de 75% de son chiffre d’affaires.

Georges Ugeux a d’ailleurs beau-

17h00, 10 Rockefeller Plaza, Suite 1001

Galileo Global Advisor«Wall Street n’est en fait lié qu’à une activité régionale»

21

Page 23: Rapport annuel PF 2012

coup insisté sur l’axe Sud/Sud qui prend beaucoup d’importance. Selon lui, Galileo est encore à New York seulement grâce à la réputa-tion de la place boursière.

Dans ce contexte, Galileo Global Advisors s’est spécialisé dans les relations interculturelles. La com-pagnie a de nombreux partenaires locaux en Ukraine et au Brésil par exemple même si l’Inde est le prin-cipal territoire d’affaires. Et quand nous lui demandons « et l’Afrique ? », Monsieur Ugeux nous répond que seuls les occidentaux ne sont pas en Afrique et que GGA œuvre déjà en Afrique via les compagnies indiennes et chinoises qui ont maintenant une avance non né-gligeable sur leurs concurrents. Le 21ème siècle est celui de l’Afrique pour le PDG.

Aussi, la connaissance du client est

primordiale car ils connaissent mieux que personne leur travail. GGA n’a pas pour mandat d’apprendre au client son travail, « comme le font certaines firmes de conseil ». La taille de GGA lui permet d’avoir une relation réellement personnalisée avec ces clients.

Enfin, concernant la création de la firme Galileo, il souligne l’impor-tance d’être passionné pour créer sa propre entreprise. La gestion de petites équipes n’est pas aussi simple qu’on pourrait le penser, et encore plus quand cela concerne des équipes multiculturelles. Il faut « une cohérence complète » pour des résultats concrets.

Et après?Nos dernières questions portent sur l’avenir de la finance. Nous cherchons des réponses auprès de

quelqu’un qui a de l’expérience dans le milieu et qui donne son avis sur lemonde.fr.

Pour Georges Ugeux, la clé est la transparence. On ne peut pas prétendre aider ses clients si on ne leur dit pas ce que l’on fait avec leur argent. Il reprendra les termes d’un de ses supérieurs lorsqu’il était plus jeune : « If it can’t be on the first page of the Wall Street Journal, don’t do it ! ». Plus de transparence aura un impact direct sur les délits d’initié (“insider trading”) qui sont encore bien trop nombreux. Les pressions qui pèsent actuel-lement sur les grands groupes financiers (Goldman Sachs et Greg Smith) ne sont-elles pas le prélude d’une refonte des politiques de communication et d’éthique?

«Galileo est encore à New York seulement grâce à la réputation de la place boursière.»

Georges Ugeux

M. Georges Ugeux est Docteur en Droit et Licencié en Sciences Economiques de l’Université Catholique de Louvain. Il a axé l’ensemble de sa carrière sur le commerce international, la fi-nance et la gouvernance. Il a une profonde compréhension de la dimension culturelle des négociations, des réseaux d’affaires et des partenariats.

Durant sa carrière, Georges Ugeux a exercé différents postes à responsabilités, de la Société Générale à la présidence du fond d’investissement européen en passant par Morgan Stanley. Au milieu des années 90, il devient numéro deux du NYSE, bourse de New York. Il amènera plus de 300 entreprises non américaines à être cotées sur Wall Street pour une valeur bour-sière de 2 700 milliards de dollars américains.

Actuellement, Georges Ugeux est CEO et chairman de Galileo Global Advisors, Professeur à l’Université de Columbia, siège à de nombreux conseils d’administrations et tient un blog sur la finance pour le journal « Le Monde ».

Page 24: Rapport annuel PF 2012

Le département de finance et d’ingénierie des risques du NYU-Poly propose aux étudiants des programmes d’ingénierie finan-cière multi-facettes regroupant les sujets suivants :

• Finance d’entreprise et de mar-ché

• Finance computationnelle qui permet d’obtenir des résultats et recréer une convergence entre tous les problèmes de la finance (Simulations, Calculs, Bases de données)

• Technologies et services d’infor-mations financières, plutôt axés sur la gestion des risques.

• Finance algorithmique qui fait le lien entre les hautes tech-nologies et la finance (High fréquence finance, TI, etc.)

La Maitrise en ingénierie financière de NYU-Poly permet aux étudiants d’obtenir des compétences leur permettant de faire le pont entre la théorie et la pratique dans le domaine de la finance.

Le département offre des for-mations soit à temps plein soit à temps partiel tout en cherchant des projets de collaborations avec le secteur privé pour donner une expérience pratique des connais-sances accumulés par les élèves.

Actuellement, le programme de

maitrise en ingénierie financière compte 350 étudiants, dont la majo-rité vient de Chine.

Sa vision de la FinancePour Monsieur Tapiero, la finance n’est pas une fin, c’est un moyen de gagner de l’argent.

Il décrit trois grands domaines d’études dans la finance:

• Les mathématiques financières

• La physique. (Les formulations des sciences fondamentales per-mettent d’expliquer certains phé-nomènes de la finance actuelle).

• L’ingénierie financière qui recrée le pont entre le la théorie et la pratique.

Il insiste également sur l’impor-tante différence entre l’ingénierie financière et les mathématiques financières.

Quatre points importants1. Dans la finance, les prix ne sont

pas fixés par la valeur réelle du bien échangé mais il est défini par l’échange lui-même. “Make money by trading but not by investing.” Ce qui est contraire à l’actionnariat et aux investisse-ments à long terme qui se basent essentiellement sur les valeurs.

2. Saint Augustin a insisté sur l’im-

portance du présent: Il n’y a pas de passé, pas d’avenir. Il n’y a que le présent. De ce fait dans la finance, on ne travaille que dans le “présent du futur”. En effet, dans la finance il n’y a pas non plus de futur car tous les prix sont fixes à l’instant présent.

3. Le risque de l’incertitude est un des plus grands risques en finance. Il ne faut jamais être certain car nous vivons dans un monde global ou toutes les valeurs sont relatives les unes par rapport aux autres.

4. Il ne faut pas négliger l’impor-tance de la technologie dans la finance. Chaque étude doit en tenir compte. C’est pourquoi les programmes d’étude du NYU-Poly s’y réfèrent beaucoup.

Développement de la filière ingénierie financière du NYU-PolyIl souhaite développer cette filière suivant plusieurs axes:

• Création d’un lien pédagogique avec l’Ohio.

• Diversification des diplômes afin d’avoir des programmes beaucoup plus riches et basés sur l’ingénierie du risque.

• Mettre l’accent sur le côté ingé-nieur du diplôme.

6 Mars

Finance & Risk Engineering

11h00, Metrotech Center, Brooklyn

23

Page 25: Rapport annuel PF 2012

6 Mars

Finance & Risk EngineeringProfesseur Charles S. TapieroMonsieur Tapiero est professeur depuis 1969. Il est actuellement professeur à l’université de Colombia et de New York. Il est également consultant et chercheur dans les domaines de la gestion des risques financiers, les technologies d’information, l’économétrie, etc.

Il a fait un baccalauréat à l’école Polytechnique de Montréal et un Doctorat aux Etats-Unis. Il est spécialisé dans les méthodes quantitatives : aléas, probabilités…

Il a publié 12 livres et plus de 300 articles scientifiques couvrant de nombreuses probléma-tiques de son domaine.

• Enfin, il veut développer les collaborations, notamment avec Dophine-Paris, le département de mathématiques financières en Corée, l’université en Chine (présence de problèmes politiques), etc.

• Il souhaite limiter ces collaborations à très peu d’étudiants de manière à mettre l’accent sur la qualité de la formation.

• Il voudrait créer des équivalences entre les cours de certaines institutions avec la possibilité d’obtenir des certificats. En effet, il souhaite réduire les temps des programmes pour les ingénieurs qui possèdent déjà un côté multidisciplinaire.

Page 26: Rapport annuel PF 2012

Questions et commentairesLa théorie de la finance est simple, les structures et modèles le sont aussi, c’est l’environnement des marchés financiers, avec tous les intermédiaires qu’il engendre, qui est complexe et crée bon nombre de délits d’initiés. Certains intermédiaires cachent, déforment et manipulent les informations. En finance, l’avenir s’implique et se concrétise avec les espérances des gens voulant placer leur argent; ce n’est pas de la complexité mais seulement des émotions humaines.

Monsieur Tapiero a noté l’importance des risques d’externalité en finance : les entreprises prenant des risques sans en assumer les responsabilités sont des polluants dans le monde de la finance. «Il faut internaliser les externalités négatives”!!

Portrait futur de la finance: Pour Monsieur Tapiero, la finance aura une grande instabilité, multipolarité avec les EU, la Chine, l’UE qui se font compétition. Ce n’est plus un problème de marché mais bien un problème de stratégie et de théorie des jeux. Il note également l’importance de l’influence de la globalisation.

Mais dans le cadre de cette finance de plus en plus globale, il faut garder en tête que toutes les valeurs dont nous disposons sont des valeurs relatives et non absolues.

25

Page 27: Rapport annuel PF 2012
Page 28: Rapport annuel PF 2012

Présentation générale de l’agence de notation Moody’sMoody’s est une entreprise in-dépendante inscrite au NYSE qui offre un service de notations finan-cières standardisées des grandes entreprises en fonction du risque et de la valeur de l’investissement. Fondée aux États-Unis en 1909, elle possède environ 40% du mar-ché des notations financière et a comme principaux concurrents les agences Standard&Poor, propriété du conglomérat Mcgraw-Hill, et Fitch, qui est sous le contrôle du conglomérat Finamac. L’entreprise possède deux divisions distinctes; le Moody’s Investor Service et le Moody’s Analytics. La première division est celle qui propose des solutions de notations financière en interagissant avec les offreurs (entreprises, Banque, Gouverne-ment, etc.) et le marché (investis-seur).

Qu’est-ce que la notation finan-cière?La notation financière est une opinion indépendante qui mesure la probabilité qu’une entité fasse défaut sur sa dette et qui intègre aussi la répercussion de ce défaut sur les investisseurs. Cette notation est principalement basée sur les

états financiers des entités et des informations venant des dirigeants de celle-ci et est l’un des instru-ments élémentaires utilisés par les investisseurs dans leurs décisions d’investissement. Les entités que l’agence Moody’s note sont très variées; Banques, bons du trésor, projets d’infrastructure, universités, nations, fond mutuels, etc.

Il est à noter qu’une portion des en-tités, principalement les gouverne-ments étrangers, sont contre cette démarche de notation car elle peut influencer grandement leurs coûts d’emprunt.

Les bénéfices de la notation finan-cière sont nombreux. Tout d’abord, elle permet d’augmenter la transpa-rence dans les marchés en réduisant l’asymétrie d’information entre les emprunteurs et les investisseurs. En-suite, elle offre un outil de premier plan aux investisseurs dans leur décision d’investissement et finale-ment, la notation financière profite aux emprunteurs qui peuvent profi-ter d’une exposition supplémentaire aux investisseurs.

Comment la notation financière est produite chez Moody’sMoody’s note les entités en fonction de plusieurs éléments. Tout d’abord,

elle recueille une foule d’infor-mations à travers une multitude d’agents et prend en compte les facteurs suivants; l’analyse qualitative, l’analyse quantitative, la position de l’entité dans son marché, la compétition même du marché, la régulation du marché, l’analyse du secteur et l’analyse macro-économique du (des) pays où l’entité fait affaire.

Ensuite, ces données sont ana-lysées minutieusement par un comité de notation composé de plusieurs analystes ayant des expertises différentes. Chaque analyste possède un vote, ce qui permet de protéger l’analyse de conflit d’intérêts et amène une diversité d’expérience dans l’ap-proche aux problèmes complexes.

L’analyse finale de l’entité porte principalement sur trois aspects différents; les risques financiers, les « business risk » et le management de l’entreprise. Dans le premier cas, les analystes portent surtout attention aux prévisions futures du flux de trésorerie et aux ratios financiers relatifs. Ensuite, du côté du « business risk », ils vont baser leur analyse sur les effets de le-vier d’exploitation, la cyclicité de l’entité, la vulnérabilité de l’entité au changement technologique,

7 Mars10h30, 7 World Trade Center, 250 Greenwich Street

Moody’s Investor’s Service

27

Page 29: Rapport annuel PF 2012

7 Mars10h30, 7 World Trade Center, 250 Greenwich Street

Moody’s Investor’s Service les barrières à l’entrée et la réglementation de l’environnement. Finalement, les analystes portent un regard sur les têtes dirigeantes de l’entité et analysent leur stratégie à long terme, leurs perfor-mances précédentes, leur aversion pour le risque, leur flexibilité financière ainsi que les acquisitions et autres manœuvres exécutées au cours des der-niers trimestres. Ainsi, la décision finale du comité portera sur les attentes futures de l’entité, et non sur son état actuel.

Finalement, le comité révisera sa position si l’entité faire face à des évènements majeurs qui impacte-ront sa santé financière, si l’industrie dans laquelle l’entité est impliquée subie des changements significatifs ou si l’implantation de stratégies in-

Liste des cotations de Moody’s

ternes impacte la compétitivité de l’entité.

Critique du modèleTout d’abord, avec la foulé des scandales de Enron au début du siècle et lors de la dernière crise financière, les agences de notations ont perdu beaucoup de crédibilité auprès des investisseurs étant donné la piètre qualité d’analyse de produits toxiques. De plus, les informations auxquelles Moody’s a accès peuvent diverger grandement d’une entreprise à l’autre étant donné des lois comptables en vigueur et l’ouverture de l’entité face aux agences de notations. Cette asy-métrie d’informations peut grandement impacter les évaluations que Moody’s produisent.

Page 30: Rapport annuel PF 2012

Le but de notre visite au NYSE était de mieux comprendre les rôles des différents acteurs présents dans la salle de marché ainsi que d’élargir notre vision de la finance du point de vue la banque d’investissement à celui de la vente d’actions en tant que telles.

Notre visite s’est faite en deux

parties. Nous avons d’abord été ac-cueillis par James D. Maguire, notre interlocuteur principal, qui nous a donné quelques faits marquants sur le NYSE et nous a ensuite séparés en plusieurs groupes afin de rencontrer plusieurs gérants de portefeuilles d’actions. Ces gérants travaillent pour le compte de diverses banques d’investissement telles que Mor-

gan Stanley, Goldman Sachs ou encore la Barclays bien que leur activité demeure complètement indépendante de celle la banque d’investissement. Nous avons eu la chance de recueillir plusieurs témoignages.

L’essentiel de leur travail s’effectue de 9h30 à 16h durant la période

12h15, 20 Broad StreetNew York Stock ExchangeCréée le 17 Mai 1792 à New York, le NYSE (couramment appelé Wall Street en raison de son em-placement au 11 Wall Street Avenue) est la première bourse américaine. Depuis sa fusion avec la bourse européenne Euronext, l’ensemble NYX (Nyse et Euronext) forme la plus importante institution boursière au monde. En Décembre 2006, le NYSE représentait à lui seul une valeur totale de 25 000 milliards de dollars, répartie sur un total de 2764 sociétés.

29

Page 31: Rapport annuel PF 2012

12h15, 20 Broad StreetNew York Stock Exchange

d’ouverture de la bourse. La première phase d’échange d’actions réalisée à l’ouverture est faite manuellement alors que toutes les autres se font exclusivement par voie informatique. Par ailleurs, le portefeuille géré par chaque gérant comporte une grande variété d’entreprises réparties dans plusieurs secteurs de l’économie et dont la valeur des actions ne varie pas à la même vitesse dans une journée et/ou sur plusieurs semaines. M. Pistillo gérait notamment des actions d’Exxon Mobil dont la valeur est beaucoup plus volatile et beaucoup plus dépendante de l’actualité quotidienne que celle d’actions de Tim Hortons, aussi gérées par M. Pistillo. Chaque gérant travaille au sein d’une équipe qui gère des actions en temps réel mais surtout reste informée en continu de l’actualité économique et industrielle. Le partage d’informa-tions fait partie intégrante de leur travail et il se fait aussi bien avec les différents employés de la salle de marché qu’avec les directeurs financiers et PDG des différentes entreprises gérées. M. Pistillo nous a confié avoir de nombreux contacts notamment

au sein de l’entreprise Tiffany & co. dont il est en charge d’une partie des actions détenues par la Barclays.

Bien que la plupart des entreprises gérées soient américaines, la fusion avec Euronext a permis l’ou-verture du NYSE aux entreprises européennes. Ce-pendant, le NYSE ne parvient pas encore à pénétrer le marché asiatique, pourtant en forte croissance avec l’émergence de la Chine et de l’Inde que l’on constate actuellement.

D’un point de vue rémunération, les gérants de portefeuille tels que M. Pistillo ont des salaires de base réguliers auxquels viennent s’ajouter des boni basés sur les revenus de l’entreprise qui les embauche autrement dit sur la performance et la qualité de leur travail.

Page 32: Rapport annuel PF 2012

15h00, 1585 Broadway

Morgan StanleyL’équipe a été reçue par deux employés en ressources humaines. La visite a duré un peu moins de deux heures et a permis à l’ensemble des étudiants d’apprendre davan-tage sur les secteurs d’activité de la grande banque d’investissement, en plus d’en connaitre plus sur les processus d’embauche de la compagnie. La visite s’est terminée par une courte visite guidée des deux étages du bureau, offerte par l’un des jeunes courtiers de la banque, où les étudiants ont pu voir concrètement les activités de com-merce de la compagnie.

La firmeMorgan Stanley est une firme américaine de services financiers qui conseille des clients à l’échelle mondiale. Elle a été fondée en 1935 par deux anciens partenaires de la firme J.P. Morgan & CO dans le but de se concentrer sur les services banquiers. Aujourd’hui, la firme se centralise sur trois axes d’affaires : les valeurs mobilières, les services de courtage et de conseils d’in-vestissement, ainsi que la gestion d’actifs. Sous la direction de James P. Gorman, elle a enregistré en 2011 un chiffre d’affaires d’environ 40 milliards US$.

Les processus d’embaucheLes processus de recrutement chez Morgan Stanley sont bien rodés de-puis des années. En général, pour obtenir un poste dans la firme, il faut d’abord venir de l’une des huit universités appartenant au « Ivy League » des États-Unis. Cela dit, la firme accepte aussi la candidature d’étudiants venant d’autres institu-tions, quoique la responsable des ressources humaines a souligné l’importance pour le candidat

d’être dans les meilleurs de sa pro-motion. Ensuite, le candidat suit généralement un stage de quelque mois où il est jumelé à un employé dans l’un des trois secteurs d’activité, selon les besoins de la firme et des compétences du candidat (la plus part du temps, le stagiaire effectue un travail d’analyste). À la fin de son stage, si la firme est satisfaite de son travail, le candidat peut se voir offrir un poste. Il devra alors suivre une formation intensive de 6 mois pour apprendre tous les secrets du métier et s’ancrer des valeurs de la compagnie. Par la suite, il occupera différents postes pendant un an, période après laquelle le candidat sera soumis à une évaluation afin de savoir s’il est promu associé officiel de la firme.

En ce qui concerne la place qu’occu-pent les ingénieurs dans la compa-gnie, la responsable des ressources humaines a dévoilé qu’il n’y avait aucune discrimination faite sur l’orientation du candidat. L’impor-tant est d’avoir une solide formation en mathématiques et d’être à l’aise avec des concepts économiques et financiers.

La visite des planchersLa courte visite guidée des deux étages du bureau à New York a permis à l’équipe de PolyFinances d’avoir un bref aperçu de la réalité des courtiers sur le plancher. Le responsable de la visite nous a expliqué comment les employés étaient regroupés en section, selon leur secteur d’activités et leur spécialité (par exemple, pour la gestion des avoirs : « foreign private equity », « domestic pri-vate equity », etc.). Par ailleurs, le responsable nous a expliqué l’importance d’être constamment en contact direct avec le client lorsque la firme agit en tant que courtier d’investissement, ce qui implique une charge importante de travail pour certains employés. Enfin, le responsable a glissé un mot sur l’importance des « insti-tutional securities » pour la firme (levée de capitaux, prêts, conseils, etc.) puisque ce secteur est le plus profitable pour l’entreprise.

31

Page 33: Rapport annuel PF 2012

15h00, 1585 Broadway

Morgan Stanley

Page 34: Rapport annuel PF 2012

La Federal Reserve Bank, plus connue sous l’acronyme de FED, représente la banque centrale des États-Unis. La FED est une institution financière privée complètement indépendante du gouvernement américain et a été répartie en 12 établissements dont l’un d’eux s’avère la Federal Reserve Bank of New York. Cette dernière représente la plus grande banque du lot. Ce système mis en place après l’adoption du Federal Reserve Act de 1913 par le congrès des USA ; il cherchait à aider à prévenir une éventuelle crise économique. La loi « pré-voyait la création de banques de la Réserve Fédérale, de fournir une monnaie élastique, de fournir des moyens de réescompte du papier commercial, d’établir un contrôle plus efficace des banques aux États-Unis, et à d’autres fins. »

La FED dispose d’un double man-dat, c’est-à-dire qu’elle cherche à maintenir à la fois un faible taux de chômage et un faible taux d’inflation. Cette tâche est loin d’être une tâche des plus simples puisque selon la courbe de Phillips, le taux de chômage et l’inflation sont étroitement liés et inversés. En effet, dans les temps de crise économique, le taux de chômage a tendance à augmen-ter. Pour aider à relancer l’écono-mie, le gouvernement, à travers la FED, diminue les taux d’intérêt pour que l’accès aux capitaux

soit moins dispendieux et que les investissements puissent reprendre. Petit à petit, la croissance reprend et cela se répercute sur les salaires des employés et sur les embauches. Le pouvoir d’achat augmente et le taux de chômage diminue ce qui entraîne une consommation à la hausse. Subséquemment, arrive un stade où le taux de chômage devient trop faible pour pouvoir augmenter la production alors que la demande est beaucoup trop élevée. La réper-cussion immédiate sur l’économie s’avère une augmentation des prix, traduisant une inflation. De l’autre côté, certaines de leurs fonctions au-près du gouvernement consistent en : la mise en œuvre de politiques éco-nomiques, servir de banquier pour les autres banques centrales à travers le monde, opérer le système Fedwire qui est le système de paiement de grande importance aux États-Unis, et bien d’autres. Une particularité de cette institution financière est que cette société travaille pour le compte du gouvernement et qu’en tant qu’organisme à but non lucratif, tout excédant d’argent fait au cours de l’année est redistribué à la trésorerie du pays.

Avec les événements de 2008, il est clair que la FED cherche à mettre en place des stratégies pour éviter qu’un autre événement de cette impor-tance ne se reproduise. La banque centrale a donc mis en place trois stratégies. La première traite d’une plus forte régulation et supervision

de l’économie américaine, la deu-xième traite d’une législation plus large et comme troisième straté-gie, la FED a décidé de faire appel à des politiques de surveillance du marché non traditionnelles tels que des mécanismes pour faciliter les prêts monétaires ou bien la possibilité de souscrire à un prêt directement de la banque centrale. Il faut cependant rappeler que cela ne s’applique pas à tout individu puisque la FED ne fait pas affaire avec les particuliers.

La conférence avait pour thème la récente croissance des agrégats monétaires aux États-Unis. M. McAndrews, ancien professeur de l’université de Pennsylvanie et de l’université d’Iowa, a expliqué au groupe les récentes évolutions des composants de la masse moné-taire M1 et M2. M1 est une mesure restreinte de la monnaie, elle cor-respond aux liquidités contenues généralement dans les comptes chèques: billets et pièces. M2 re-présente M1, plus les placements d’épargne, les dépôts à terme, fonds de détails et d’autres catégo-ries de fonds. On observe depuis

8 Mars11h00, 44 Maiden Lane

Federal Reserve Bank

James McAndrews M. McAndrews est Vice-Prési-dent de la FED et Directeur du département de Recherche fi-nancière depuis janvier 2010. Il a préalablement travaillé en tant que consultant en économie, pour la Banque d’Angleterre, la Banque Centrale australienne, la Banque du Japon, ainsi que pour la Banque Mondiale. Mr McAndrews a rejoint le bureau de la FED à New York en 1997.

Page 35: Rapport annuel PF 2012

2009 une croissance historique de l’agrégat M1 (20% de croissance en Janvier 2012 par rapport à Janvier 2011) alors que la croissance du PIB et celle des prêts bancaires augmentent faiblement aux États-Unis. Ce phénomène est expliqué par les agissements de la Banque Centrale américaine: en baissant le taux directeur à presque 0, les particuliers n’ont presque aucun avantage à conserver leur richesse dans un compte épargne plutôt que dans un compte chèque. On assiste donc à un transfert de la masse monétaire des comptes épargnes vers les comptes chèques. La croissance de M1 est aussi un résultat du large programme de rachat d’actif de la FED suite à la crise de 2008: en effet, la FED a augmenté ses réserves en argent donnant la capacité aux banques commerciales d’emprunter davantage, donc aug-menter leur actif et leur bilan financier. En donnant un taux directeur de 0%, ses dettes contractées par les banques commerciales sont considérées comme des comptes chèque, ce qui explique la croissance de M1.

«(...)elle cherche à maintenir à la fois un faible taux de chômage et un faible taux d’inflation.»

34

Page 36: Rapport annuel PF 2012

Open Society Foundation est une fondation privée crée par George Soros, visant à façonner la poli-tique publique afin de promouvoir la gouvernance démocratique, les droits de l’homme, et des réformes sociales, économiques et juri-diques. Au niveau local, OSF met en oeuvre une gamme d’initiatives visant à appuyer la primauté du droit, l’éducation, la santé publique et les médias indépendants. Dans le même temps, OSF travaille à construire des alliances à travers les frontières et les continents sur des questions telles que lutte contre la corruption et les violations des droits.

HistoriqueOpen Society Institute fut créée en 1993 par le financier et milliardaire américain George Soros afin de

soutenir ses fondations d’Europe centrale, orientale et d’ex-Union soviétique. Le 28 mai 1984 Soros signa le contrat entre la Fondation Soros (New York) et l’Académie hon-groise des Sciences. Cet évènement marqua la naissance de la fondation Soros à Budapest. De nombreuses fondations locales suivirent le pas et contribuèrent grandement au recul du communisme dans les régions de l’ex URSS. En Août 2010, l’Open So-ciety Initiative fut renommée Open Society Foundation afin de mieux refléter son rôle de bailleur de fonds pour les groupes de société civile à travers le monde. Open Society Foundation a étendu le réseau des fondations Soros à d’autres régions du monde où la transition vers la démocratie est particulièrement préoccupante.

Open society foundation est depuis

devenue une véritable multinatio-nale de la philanthropie dont le siège social est basé à New York. Elle comprend 70 organisations locales réparties dans plus de 70 pays à travers le monde. Chacune d’entre-elle possède un conseil d’administration indépendant. La particularité de Open Society Foundation est qu’elle insiste sur la nécessité de créer des fondations nationales dotées d’une perti-nence locale.

Open Society Foundation est présente au Maghreb, au Moyen-Orient, en Afrique, en Asie, en ex URSS et dans beaucoup d’autres régions du globe.

Opens Society Foundation pos-sède de nombreux projets très diversifiés. Parmi eux, on peut citer:

• Le programme de support à

14h00, 400 West 59th Street

OPEN SOCIETY FOUNDATION Georges SorosGeorges Soros est né en Hongrie. Il y vécut jusqu’en 1946, date à laquelle il fuit l’occupation soviétique en se rendant à un congrès d’espéranto. Soros émigra au Royaume-Uni en 1947 où il entreprit des études d’économie à la London School of Economics. En 1952, il obtint un bachelor of science en philosophie et commença à travailler, la même année, dans une petite maison de courtage de la City londonienne fondée par deux associés hongrois. Il se rendit en-suite aux États-Unis en 1956. Il travailla à la Bourse de New York en tant que trader et créa son propre fonds d’investissement : le Soros Fund Management.

Soros utilise une partie de sa fortune à des activités philanthropiques. Il consacre 1 milliard de dollars par année à Open Society Foundation. (2e après la fondation Gates).

Soros fut le disciple de Karl Popper avec qui lequel il entretenait une correspondance. Le nom de sa fondation, Open Society Institute, est d’ailleurs une référence à l’ouvrage de Popper, La Société ouverte et ses ennemis.

35

Page 37: Rapport annuel PF 2012

14h00, 400 West 59th Street

OPEN SOCIETY FOUNDATION

Jacques FrémontLe Professeur Jacques Frémont est l’ex doyen et vice-recteur aux Affaires académiques de l’Uni-versité de Montréal. Il y était auparavant vice-recteur aux Études internationales. Il est égale-ment professeur titulaire à la Faculté de droit de l’Université de Montréal, il a également été doyen de cette faculté entre 2000 et 2004. Entre 1994 et 1999, il a été directeur du Centre de recherche en droit public. Depuis de nombreuses années, le professeur Frémont a également été fortement impliqué dans des projets de coopération internationale en matière juridique et judiciaire, en particulier en Asie et en Afrique. Il est aussi régulièrement appelé à agir comme expert en matière de droits de l’homme de la gouvernance et de démocratie par l’Agence ca-nadienne de développement international (ACDI) ainsi que par l’Organisation Internationale de la Francophonie. Au fil des ans, il a également été impliqué en tant que consultant dans divers organismes tels que la Banque mondiale.

Aujourd’hui directeur de l’International Higher Education Support Program à l’Open Society Foundations, M. Frémont est appelé à parcourir le globe afin de favoriser l’avancement de l’en-seignement supérieur dans les sciences humaines et sociales en fournissant un soutien tech-nique et financier à des individus et un réseau de ressources allant d’universités de premier cycle à des programmes de doctorat et des centres pour les études supérieures.

Jacques Frémont constate que l’enseignement supérieur est devenu un des principaux centres d’intérêt des états partout à travers le monde. C’est un enjeu de développement, de diplo-matie, de positionnement international qui est incontournable actuellement. L’enseignement universitaire est ainsi devenu une importante préoccupation pour plusieurs États, qui y injec-tent des sommes considérables.

36

Page 38: Rapport annuel PF 2012

l’éducation de l’Open Society Foundation qui cherche pro-mouvoir une éducation juste à travers le monde par l’entremise de la lutte contre l’inégalité et la discrimination dans l’éducation en exposant au grand jour les inégalités structurelles pro-fondes qui reproduisent l’exclu-sion et d’autres désavantages éducatifs.

• National Security & Human Rights Campaign qui travaille à démanteler les paradigmes erronés, utilisés pour justifier les politiques actuelles de sécurité nationale, afin de promouvoir des politiques progressistes qui respectent les droits de l’homme et la primauté du droit.

• La création du centre Lindesmith qui a mené à des recherches sur la réforme de la drogue.

• Et bien d’autres encore...

Il existe de nombreuses multina-tionales de la philanthropie (ex: Carneggie, Ford, etc...). Cependant, OSF se distingue par le fait que son fondateur est encore vivant et qu’ainsi, l’idéal de société diffusé par la fondation corresponde exac-tement à la vision de son créateur.

Le contexte mondialMalgré le fait que l’Europe soit actuellement encore touchée par la crise économique et, bien qu’on en ignore encore les retombées sur le système universitaire, cela n’empêche guère la France d’investir massivement dans l’enseignement supérieur.

En Afrique, certains pays comme l’Afrique du Sud et le Ghana relan-cent véritablement la donne sur les plans intellectuels et universitaires. L’Afrique du Sud a transformé ses établissements en universités de «classe mondiale» qui ont désor-mais leur place dans les classements internationaux. Elle s’est même dotée d’un réseau inspiré de celui des chaires de recherche du Ca-nada. Son influence est telle que l’Angola, le Nigeria, le Zimbabwe et le Kenya l’imitent progressivement. L’apparition d’une classe moyenne, convaincue de l’importance de l’enseignement supérieur, est un vé-ritable stimulant pour ces sociétés. Cette effervescence autour de l’enseignement supérieur touche aussi certains pays de l’ex-Union soviétique. Le Kazakhstan espère ainsi devenir une société du savoir d’ici 20 ans, rapporte M. Frémont. D’autre part, la réforme du système

universitaire est en grande partie financée par les revenus pétroliers.La Mongolie est l’endroit où l’ef-fervescence intellectuelle est la plus ressentie à travers la planète, entre autres dans le domaine de l’anthropologie sociale. La faculté d’anthropologie sociale de Oulan Bator est ainsi devenue l’une des plus prestigieuses au monde. Européens comme Américains se bousculent pour pouvoir y étudier. Enfin, la Birmanie, la Thaïlande et la Corée du Sud sont des pays à surveiller de près.

ConclusionFinalement, Jacques Frémont nous invite à ouvrir les yeux sur les en-jeux majeurs entourant le domaine de l’enseignement supérieur et à prendre conscience de l’efferves-cence intelectuelle qui touche de nombreux pays émergents. Il nous encourage enfin à poser les gestes pour soutenir ces initiatives en invitant ses anciens collègues de l’Université à créer des liens avec quelques-uns d’entre eux. Il nous faut donc envoyer des membres de notre communauté en reconnais-sance pour discuter des besoins de ces établissements et de trouver des créneaux disciplinaires qui susciteront leur intérêt.

Page 39: Rapport annuel PF 2012
Page 40: Rapport annuel PF 2012

La famille Meeschaert est considé-rée comme la 452e famille la plus riche de France avec des actifs éva-lués entre 70 et 80 millions d’euros soit environ 100 millions de dollars canadiens (Challenges, 2011). La compagnie fournit ses services auprès de 13 000 familles repré-sentant au total des actifs tournant autour de 5 milliards d’euros. Les secteurs d’activités de l’entreprise sont orientés selon quatre axes : le premier axe la gestion de porte-feuille qui fut initialement l’activité principale de la compagnie; le se-cond axe est le Conseil immobilier qui regroupe des services liés à la transaction et à l’investissement; le troisième axe porte sur le Conseil aux expatriés francophones (prin-cipalement européens) s’installant aux États-Unis; le quatrième axe porte sur les regroupements fami-liaux avec la division Meeschaert Family Office, permettant ainsi aux familles avec un capital trop faible pour normalement requérir les services de Meeschaert, de s’assem-bler afin d’obtenir les services du Groupe Meeschaert. MFS possède aussi une présence internationale qui se développe progressivement

: MFS est implantée en France, en Suisse, au Luxembourg, en Belgique et aux États-Unis.

AnalyseChristophe GOUDAL fut notre conférencier. Il est l’un des 160 colla-borateurs travaillant pour le groupe. Il est gestionnaire de fortune au sein de la compagnie, il est notamment en charge de représenter le groupe Meeschaert sur la côte est des États-Unis depuis la ville de New-York. M. Goudal a obtenu un DESS en Ges-tion de Patrimoine, puis a suivi une formation en Gestion de Portefeuille en France. Il a par la suite eu une expérience en tant que trader, avant de rejoindre le groupe Meeschaert.

En tant que gestionnaire de fortune à l’étranger, ses principaux clients sont des expatriés francophones souhaitant s’installer aux États-Unis, ainsi que des clients francophones habitant en amérique du nord souhaitant investir en France. M. Goudal bâtit sa clientèle au travers du réseautage, grâce aux multiples évènements sociaux organisés par la communauté francophone à

New York. M. Goudal offre à ses clients de diversifier leurs inves-tissements au travers de rachat d’entreprises, de financements de start-ups, d’investissements en Bourse par exemple. Il s’agit pour lui d’un défi de taille puisque la compagnie vient juste d’entrer sur le marché américain. M. Goudal doit assurer la crédibilité et répandre la notoriété de Mees-chaert. Les clients de M. Goudal investissent généralement entre 150 000 euros à 1 million d’eu-ros. Meeschaert ne cherche pas à obtenir des investissements supérieurs à quelques millions d’euros, deux raisons justifient ce choix: la première raison est que la compagnie n’a pas les ressources humaines pour gérer de tels sommes et deuxièmement parce qu’elle souhaite garder un mar-ché plus restreint (niche). En effet, un marché restreint permet aux gestionnaires de fortune de pou-voir effectuer un suivi fréquent et rendre un meilleur service auprès des 13 000 familles clientes. L’ap-proche cliente du Groupe MFS est basée sur les besoins et objectifs exprimés par le client: selon la si-

9 Mars9h00, 1 Rockefeller Plaza, Suite 2600

Meeschaert Financial ServicesMeeschaert Financial Services (MFS) est une société française œuvrant dans l’industrie de la gestion de patrimoine familial. Elle a été fondée en 1935 par Emile Meeschaert, et le siège social fut localisé à Roubaix jusqu’en 1999. Le Groupe Meeschaert est aujourd’hui installé à Paris et dirigé par le petit-fils d’Emile nommé Cédric Meeschaert depuis 2001.

39

Page 41: Rapport annuel PF 2012

9 Mars9h00, 1 Rockefeller Plaza, Suite 2600

Meeschaert Financial Services

tuation du client (âge, capital, ambition, expérience etc.) les investissements seront plus ou moins risqués. En général, les gestionnaires de MFS ne vendent pas un certain ren-dement à atteindre à l’année auprès de leur clientèle, ce qui rend le climat de travail moins stressant que dans une corporation public (par exemple les banques d’inves-tissement) où les employés sont jugés sur leur rende-ment annuel. Meeschaert est une compagnie responsable,

et sait reconnaître ses erreurs: suite au scandale Madhoff, Meeschaert a remboursé dans l’intégralité les pertes clients qui ont été engendrées. Le client est au centre de leur pratique d’affaires et c’est effectivement ce qui leur a permis de gagner en notoriété en France dans le domaine de la Gestion de Patrimoine où ils sont pionniers.

D’ailleurs leur engagement envers leur

client a atteint son paroxysme lorsqu’ils ont créé en 1983, le premier fonds éthique de France, parmi lesquels une grande partie des actifs provient de congrégations religieuses possédant d’importants capi-taux. Ce fonds éthique prend en compte les soucis éthiques des clients en investissant dans des projets appuyés par l’Associa-tion Éthique et Investissement qui base ses choix d’investis-sements sur des critères autres que simplement monétaires mais au travers de la doctrine de l’église.

ConclusionMeeschaert est une compagnie qui oeuvre dans l’industrie de la finance et qui toutefois porte un re-gard éthique sur ses activités d’investissements: cette dualité finance et éthique est un point très im-portant à souligner surtout par rapport au contexte du pays dans lequel la compagnie a été fondée. En effet la France a une culture socialiste prononcée, où les classes riches et métiers reliés à la finance sont parfois perçus d’un mauvais oeil. Ceci est d’autant plus vrai avec le désir d’un des nouveaux can-didats à la présidentielle de Mai 2012 d’imposer à hauteur de 75% les personnes ayant des revenus supérieurs au million d’euros. Cette intention de loi entraîne une inquiétude chez la classe riche et par conséquent une fuite des capitaux vers des régions moins exigeantes fiscalement parlant: environ deux fortunes par jour quittent la France suite à l’intention des 75% d’imposition. L’industrie de la gestion de patrimoine en France, peut aussi s’en réjouir car la demande sera en forte hausse dans les années à venir si cette intention de loi vient à se concrétiser.

Page 42: Rapport annuel PF 2012

Hogson Russ est un cabinet d’avocat se concentrant sur l’acti-vité du business international, et notamment des affaires avec le Canada. Il a acquis une importante renommée grâce à sa maitrise des différents problèmes de fiscalité (en particulier Etats-Unis/Canada) ainsi que par la création de stra-tégies ciblées suivant la situation de ses clients (exemple donné par Carole Aciman : l’expansion des BlackBerry sur le marché américain, ces derniers étant développé par la compagnie canadienne Research In Motion (RIM)).

En créant la page de votre entre-prise sur Facebook, vous acceptez les termes de 12 règlements et cédez droits et propriété intel-lectuelle de tout ce qui figure celle-ci. Dans ces conditions, en tant qu’entreprise quelles sont les précautions que je dois prendre ? Puis-je me passer du réseau social où figure 1 personne sur 12 de la planète et créer mon propre réseau social d’entreprise ?

Cet exemple, aussi anodin et simpliste qu’il puisse être illustre un concept qui ne trouve pas son

écho en Europe et qui n’est pas non plus forcément compris et assimilé au Canada : aux États-Unis, d’une part l’environnement juridique est un outil qui permet de détruire l’adversaire, d’autre part « seuls les paranoïaques survivent ».

En France par exemple, l’avocat est consulté au terme des négociations et de la rédaction du contrat écrit pour le vérifier, à titre consultatif. Le droit civil français dit « oui » ou « non ». Aux États-Unis, l’avocat a au contraire un rôle stratégique en amont et va décider de la meilleure manière à suivre pour entrer sur le marché en utilisant notamment son réseau (monde de la finance, de l’investissement) : il n’est pas seulement accompagnateur mais aussi accélérateur. Cette différence nait du fait que les États-Unis rassemblent 50 états, c’est-à-dire 50 marchés potentiels avec des lois différentes en finance et en gouvernance : l’environnement est flou et la Common Law régit tout, il s’agit donc de trouver les « points de flexibilité » pour créer la meilleure solution pour le client.

Sur le marché, les entreprises s’ex-

posent de multiples façons aux dangers : propriété intellectuelle, responsabilité, Initial Public Offe-ring (entrée en bourse) et le rôle de l’avocat d’affaires est de préparer à toutes les éventualités en ficelant les contrats de telle manière à créer un véritable bouclier juridique. Le mot d’ordre est d’éviter les contentieux qui coûtent extrême-ment cher, et blinder les contrats implique des procédures longues et complexes pour les dénouer, ce qui en fait un excellent moyen de dissuasion.

Lorsque Facebook a rempli son « Amended S1 », première étape pour réaliser une IPO, l’entreprise a été forcée de fournir de nombreux détails en constituant un dossier très précis : stratégies, business plan, partenaires, alliances, pro-priété intellectuelle, finances… Le lendemain, Yahoo! menace d’engager un procès pour violation d’une quinzaine de brevets. Yahoo! avait fait la même manœuvre lors de l’entrée en bourse de Google et avait gagné 2,7 millions d’actions…

Nous voyons l’étendue des enjeux gardés au niveau de l’environne-ment juridique.

10h30, 1 Rockefeller Plaza, Suite 2600

Hodgson RussPlongée au cœur de l’environnement juridique américain en matière de droit d’affaires et de propriété intellectuelle. Notre conférencière, Carole Aciman, avocate en droits des affaires (business lawyer) dans le cabinet Hodgson Russ LLP nous éclaire sur ce milieu complexe.

41

Page 43: Rapport annuel PF 2012

10h30, 1 Rockefeller Plaza, Suite 2600

Hodgson Russ« On ne sait pas si on a affaire à un grand avocat tant qu’on n’a pas de grand problème. »

La loi aux États-Unis introduit aussi la dimension des plafonds des responsabilités, qui offre la possibilité de passer par des filiales sans garantie avec la maison mère pour se dédouaner de certaines responsabilités ou éviter les consé-quences fâcheuses d’opérations un peu hasardeuses ou risquées : c’est le corporate veil. On trouve des so-ciétés avec 40 filiales dans 20 états, alors « percer le voile » demande des investigations pouvant être très longues et très compliquées.

L’entrée d’une entreprise étrangère sur le marché américain n’est donc pas sans peine puisque le milieu est déjà difficile, et souvent la culture ou les concepts sont radicalement

différents. Une compagnie française peut déposer 3 brevets en 100 ans et faire face à des concurrents en dé-posants entre 300 et 600 par an aux États-Unis, muselant complètement son entrée sur le marché.

Toujours concernant les brevets, il ne faut pas oublier qu’ils sont une arme aussi bien défensive qu’offensive puisque rien n’oblige à exploiter un brevet que l’on détient, néanmoins il peut permettre de bloquer un domaine de l’industrie. Le choix de recourir ou non à un brevet est d’au-tant plus stratégique qu’enregistrer un brevet demande du temps et de l’argent : jusqu’à ce qu’un brevet soit diffusé, il est impossible de savoir si un concurrent travaille sur le même concept, et il peut être plus intéressant de lancer un produit immédiatement car celui-ci sera dépassé rapidement plutôt que de le protéger.

Le contexte de mondialisation in-sère de nouvelles inconnues dans l’équation puisque breveter un produit s’est l’exposer aux dangers de la copie et de la contrefaçon, ainsi certaines entreprises préfè-rent garder secret leurs concepts.

Après cette conférence, le rôle des entités juridiques sur la place financière New Yorkaise est à la fois plus clair, puisque nous sai-sissons l’ensemble des domaines auxquels elles touchent et qu’elles délimitent ; mais aussi parsemé de zones d’ombre tout comme l’est la loi puisqu’elles constituent un environnement très complexe au sein duquel il faut toujours penser un coup en avance.

Il serait très intéressant d’étudier les rapports et la synergie existant entre les entités juridiques et la place financière dans une autre ville comme Londres ou Paris, où le contexte légal est différent.

42

Page 44: Rapport annuel PF 2012
Page 45: Rapport annuel PF 2012

La mission du Canada est la princi-pale voie de communication entre le gouvernement du Canada et les Nations Unies à New York. Elle est composée qu’une quarantaine de personnes dont 20 diplomates et 2 ambassadeurs et représentant permanent, Monsieur Guillermp E. Rishchynski et son adjoint Monsieur Gilles Rivard. Grâce à la diplomatie, à la négociation et au suivi quotidien des activités des Nations Unies, la mission fait pro-mouvoir les intérêts du Canada, du développement international, de la sécurité et des droits de la personne, et la mission tient le gouvernement du Canada au cou-rant des dossiers multilatéraux.

Lors de notre visite, nous avons eu la chance de pouvoir nous entretenir avec Monsieur l’Ambas-

sadeur Gilles Rivard, ambassadeur adjoint, qui nous a expliqué la place du Canada aux Nations Unies et le fonctionnement de l’organisation.

L’Organisation des Nations Unies

L’Organisation des Nations Unies, avec 193 pays (le dernier en dates étant le Sud-Soudan), regroupe lors de son assemblée générale la grande majorité des pays du monde. Le point central de cette assemblée est que chaque pays possède une unique voix. Ainsi Saint-Marin à autant de poids que les États-Unis.Cependant, la structure la plus importante des Nations Unies est le conseil de sécurité comptant 5 membres permanents ayant un droit de véto sur toutes les propositions (France, États-Unis, Royaume-Uni, Chine, Russie) et de

10 états membres des Nations Unies élues pour un mandat de 2 ans. Le Canada a perdu son siège de membre du conseil de sécurité lors de l’élection de 2010.

Si on regarde la géopolitique des Nations Unies, l’organisation est constituée d’une multitude de groupe en fonction de leur intérêt convergeant. Les plus influents sont les suivants :

• P5 : 5 membres avec le droit de véto au conseil de sécurité

• G77 : 132 pays en voie de développement dits « non alignés »

• Union Européenne : les 27 pays membres de l’Union Européenne

• Ligue Arabe

• Union Africaine

• CANZ : Canada / Australie / Nouvelle Zélande

• GRULAC : Amérique latine et Caraïbe

• Organisation de la conférence islamique (Ligue Arabe, Turquie et Malaisie en autre)

Un des principaux problèmes des Nations Unies est le manque de transparence de l’institution tant au niveau des allocations des budgets qu’au niveau du conseil de sécurité où 5 membres possè-

12h00, One Dag Hammarskjold Plaza, 885 Second Avenue, 14th floorMission permanente du Canada à l’ONU

44

Page 46: Rapport annuel PF 2012

dent un droit de veto et peuvent donc aiguiller les résolutions en fonction de leur propre intérêt comme cela est le cas pour la Syrie en 2012 de la part de la Chine et la Russie. Ce dernier point soulève un des problèmes de gouvernance de l’institution. Il est à la fois difficile de trouver un consensus pour une résolution contraignante à 193 et à 15 compte tenu des droits de veto.

La transparence et une nouvelle gouvernance sont parties des priorités du Canada aux Nations Unies actuellement.

La place du Canada aux Nations Unies

La mission entretient des relations avec les autres 193 États membres

des Nations Unies, les missions d’observation et les organisations non gouvernementales (ONG), ainsi qu’avec le personnel du Secrétariat des Nations Unies.

Les diplomates représentent le Canada à l’Assemblée générale des Nations Unies, aux assemblées publiques du Conseil de sécurité, du Conseil économique et social et des multiples commissions, comités et conférences spécialisés de l’ONU. Lors de ces réunions de l’ONU, les diplomates canadiens exposent la position du Canada relativement aux enjeux d’ordre mondial et prennent connaissance du point de vue des autres États membres. En négociant les résolutions et les traités internationaux qui guident la conduite des États, ils favorisent des

relations pacifiques et un monde stable et prospère.

Le Canada possède en plus de son ambassade à New York siège des Nations Unies, 7 missions accrédi-tées auprès de l’organisation :

• Mission permanente du Canada auprès de l’Office des Nations Unies à Genève, chargée des relations avec les bureaux des Nations Unies dans cette ville, dont le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés, le Haut Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme et la Conférence du désarmement.

• La Délégation permanente du Canada auprès de l’UNESCO à Paris, chargée des relations du Canada avec l’Organisation des

Page 47: Rapport annuel PF 2012

Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO)

• La Mission permanente du Canada auprès des Organisa-tions internationales à Vienne, chargée des relations avec les bureaux des Nations Unies qui y ont leur siège, notamment l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA).

• La Mission permanente du Canada auprès du Centre des Nations Unies pour les établis-sements humains (HABITAT) et auprès du Programme des Nations Unies pour l’environne-ment se trouve à Nairobi.

• La Mission permanente du Ca-nada auprès de l’Organisation pour l’alimentation et l’agricul-ture à Rome, chargée des rela-

tions avec la FAO, le Programme alimentaire mondial (PAM) et le Fonds international de dévelop-pement agricole.

• La Mission permanente du Canada auprès de l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI) à Montréal.

Le travail diplomatique peut se résumer en 3I : Influence, Intérêts, Investissements.

Ainsi, un des principaux buts de la mission à New York est de placer des membres canadiens dans les commissions afin de représenter le Canada et la politique menée par le gouvernement et d’influencer les décisions en faveur des valeurs prônées par le gouvernement et des intérêts du Canada.

En particulier, le Canada cherche à exercer une influence sur les sujets autour des droits de la personne en préparant une résolution qu’il soumettra lors de la prochaine assemblée générale.Le Canada a aussi des intérêts dans la réduction des matières fissibles, l’environnement et les change-ments climatiques.

Enfin le Canada investit 1 milliard de dollars dans les Nations Unies chaque année, dont 250 millions pour le maintien de la paix. Cela en fait le 7ième plus gros contributeur de l’organisation.

Page 48: Rapport annuel PF 2012

L’organisation d’une place

financière Les acteurs

Avant d’être une succession de visites, le mandat principal du Campus NY 2012 est de comprendre le fonctionnement de cette place financière historique. Cela implique dans un premier temps de connaître les différents acteurs qui la consti-tuent, leurs rôles, leurs implications et leurs interactions.

Bien loin d’être polarisée par la bourse de Wall Street, la place financière de New York est un réseau de relations bilatérales et multilatérales étroit où chaque entité, chaque institution cher-chent à maximiser ses intérêts.

Nous allons maintenant adopter une approche pyramidale hiérarchique afin de nommer les différents acteurs et d’expliquer leurs rôles.

On retrouve en premier lieu la banque centrale américaine, la FED, qui est chargée de réguler les liquidités qu’elle injecte dans l’économie améri-caine afin de réduire le chômage d’une part et de limiter l’inflation d’autre part. La FED traite uniquement avec les banques présentes sur le marché américain et l’état américain.

Depuis l’adoption du Glass-Steagall Act en 1933, les banques américaines ne peuvent pas être à la fois des banques de dépôt (historiquement Bank of America, Chase,… ) et des banques d’in-vestissements (historiquement Morgan Stanley, Goldman Sachs, Merill Lynch,…). Malgré le fait

que le Glass-Steagall Act fut abrogé en 1999, les banques américaines sont encore largement sépa-rées entre banques d’affaires ou d’investissements et banques de dépôt ou dîtes pour particuliers. Ces deux types de banques ont des rôles bien distincts sur le marché financier. Les banques de dépôts, qui regroupent les épargnes des particuliers, cherchent à vendre à leurs clients des produits consistant à placer leurs économies sur différents marchés, à savoir celui des actions, des obligations ou à convertir à les convertir en biens mobiliers ou immobiliers au travers de prêts.

Les banques d’investissements utilisent directe-ment l’argent emprunter à la FED pour investir sur les différents marchés d’obligations, d’actions ou de devises ou bien créer des produits financiers qu’elles vendent ensuite à des clients institu-tionnels comme les fonds de pensions ou des investisseurs. C’est l’opposition de ces deux volets de leurs activités qui est actuellement fortement décriée. Comment peut-on d’un côté prétendre faire de l’argent en investissant directement sur les marchés et de l’autre conseillé nos clients à en faire

Page 49: Rapport annuel PF 2012
Page 50: Rapport annuel PF 2012

sur les mêmes marchés en leur vendant des produits que nous avons produits et sur lesquels nous faisons aussi de l’argent ? Pourquoi donner à nos clients les meilleures opportunités d’enrichissement alors que l’on peut nous mêmes directement investir sur ces produits. Dans ce cas, les clients sont aussi les concurrents et les conflits d’intérêts sont nombreux. Un troisième rôle de ces banques d’investissements est celui de souscripteur (underwriter). Les souscripteurs permettent aux entreprises industrielles d’entrer sur les marchés publics en éta-blissant les différents paramètres qui permettront à ces entreprises de maximiser leur cotation boursière : promotion et listing . Le choix de ce souscripteur se fait essentiellement en fonction de sa réputation, connu de tous, pour maximiser la valorisation de l’entreprise. Habib (2001) a montré que la promotion (ou publicité) est un substitut à la sous-évaluation lors d’un pre-

mier appel public à l’épargne. En plus de cette manipulation de l’in-formation, on retrouve dans ces cas des conflits d’intérêts importants. Les opportunités pour les banques d’investissements sont grandes.

Les différents fonds de mutuelles ou de pensions sont également des acteurs importants de la place finan-cière. Ils sont financés directement par les épargnants et ont pour ob-jectifs d’investir leur fond afin de le faire croitre sans prendre des risques inappropriés puisqu’ils doivent chaque mois émettre les pensions de leurs cotisants. Leur réputation ainsi que leur levier leur permettent d’investir sur des obligations à long terme ou sur des produits à faible risque.

Les fonds d’investissement sont des structures de détentions collectives d’actifs financiers d’horizons très larges. Ces fonds se financent en émettant des actions de leur porte-feuille qui sont ensuite acquises par des investisseurs particuliers. On retrouve dans ces fonds des place-

ments classiques sur les marchés obligataires, d’actions, de devises ou de matières premières mais aussi des investissement dans des compagnies non cotées en investissant sur les opportunités de croissance et sur les possibles offres publiques à l’épargne auxquelles elles feront face. On re-trouve dans ces types d’acteurs les fonds alternatifs (hedge funds) et les investisseurs à capital de risque qui font des placements risqués à hauts rendements potentiels.

Les entreprises industrielles sont les acteurs majeurs sur lesquels repose tout le système financier moderne. Qu’elles soient cotées ou non, ces entreprises, lorsqu’elles atteignent une certaine taille, recherchent des capitaux afin de soutenir leur croissance. C’est à ce moment là que le monde financier entre en jeu. Ces investissements se transforment en part de pro-priété des entreprises. Dès lors, les acteurs précédemment énoncés ont eux même une part des entre-prises industrielles, au travers des

Page 51: Rapport annuel PF 2012

conseils d’administration. Une fois de plus, on retrouve des situations de conflits d’intérêts inévitables ou plutôt volontairement évitées.

À la vue des précédents para-graphes, qui sont loin d’être exhaustifs sur les différents acteurs d’une place financière, on comprend que la concurrence entre les différentes opportunités des marchés est grande du fait du nombre de joueurs présents. Cette concurrence et l’évolution technologique, que l’on constate maintenant depuis 15 ans en finance, nécessitent un accès à l’information important. C’est pourquoi, parallèlement à tous ces acteurs se trouvent 2 moyens d’ac-céder à l’information : les agences

d’informations financières, qui délivrent à leurs abonnés toutes l’information relative au secteur et les agences de notations, qui ont pour objectif de noté tout type d’actifs et indiquer les probabilités pour qu’un acteur ait un défaut de paiement. Le rôle de ces acteurs sera plus amplement détaillé un peu plus tard dans ce rapport.

Parallèlement au marché financier, retrouve également le régulateur, la Securities and Exchange Com-mission. Le SEC a le rôle de police de la place financière. Elle gère les réglementations ainsi que les contrôles des marchés financiers. Son champ d’action est donc très large, ses décisions impactent sur tous les acteurs de marchés amé-

ricain. La SEC a aussi un grand rôle à jouer lorsque les entreprises en faillites se placent sous le chapitre 11 de la loi sur les faillites. Elle a pour rôle d’examiner les documents que les gestionnaires délivrent à leurs actionneurs et investisseurs durant cette période. Malheureusement, l’antenne qui a en charge l’état de New York se trouve à Albany et nous n’avons pas eu l’occasion de la visiter.

Cette brève introduction à l’orga-nisation financière nous permet d’avoir une vue d’ensemble et un premier aperçu du nombre d’inte-ractions qui résident entre les ac-teurs. Il s’agit d’un tissu de relations complexes où les intérêts propres à l’entreprise prennent souvent le pas sur les intérêts des clients.

50

Page 52: Rapport annuel PF 2012

L’accès à l’information sur les entreprises au sein des marchés financiers est une nécessité puisque les décisions et stratégies d’investissements en découlent en partie. Il existe deux types de compagnies sur dans l’industrie de l’information financière : les agences d’informations finan-cières (Bloomberg, Thomson-Reu-ters) et les agences de notations (Moody’s, Standard & Poor, Fitch). Les agences d’informations finan-cières offrent des services finan-ciers variés à l’échelle mondiale, mais leur cœur de métier se situe au niveau de l’approvisionnement en information et analyses variées sur les compagnies. Bloomberg et Thomson-Reuters possèdent à eux deux, 2/3 du marché de l’information financière qui s’élève à environ 16 milliards de dollars US. La nature de ces informations fournies regroupe par exemple les cotations en temps réel (reflet de l’offre et la demande pour l’action d’une compagnie), les informations pertinentes sur une compagnie (joint-venture, lance-ment de produits, changement organisationnelle, etc.), ou encore les outils d’aide à la décision pour les traders et gestionnaires de portefeuilles. La majorité des opérateurs financiers à Wall Street possèdent des terminaux provenant de Bloomberg ou Thomson-Reuters sur chacun de leurs ordinateurs. Ces outils sont devenus incontournables pour

quiconque souhaite réussir sur les marchés financiers. Ces deux com-pagnies sont parvenues à installer une interface virtuelle entre ache-teurs et vendeurs, en centralisant l’information et facilitant le partage de l’information dans les marchés financiers.

Les agences de notations informent les investisseurs sur la « santé finan-cière » des compagnies, ou pays par le biais d’une note de crédit (voir la section sur Moody’s pour plus d’in-formation). Elles se distinguent des agences d’informations financière, dans le sens où l’accent de leur cœur de métier est mis sur l’analyse des informations retenues auprès de chaque compagnie, en émettant des conseils, et recommandations. Leur crédibilité est cependant remise en cause surtout depuis la crise de 2008 à cause de flagrantes « erreurs » de jugement soulevant des conflits d’intérêts majeurs : en effet, le système de paiement est basé sur le principe de l’émetteur-payeur, impliquant que la compagnie souhaitant obtenir une note paie la facture de l’étude.

Aspects technologiques de la place financière

La place financière de NYC a beau-coup évolué depuis sa création à la fin du 18e siècle. Il fut un temps où les transactions boursières se faisaient « à la crier » et par négo-

ciation humaine : aujourd’hui les transactions sont complètement informatisées. Le but premier de tout investisseur en bourse est de faire de l’argent. Les progrès technologiques sur les places financières ont donc été accueillis à bras ouverts car ils ont permis d’accroître le nombre de tran-sactions réalisables par un être humain comparativement aux an-ciennes pratiques à la crier. Avant d’aller plus loin dans l’analyse des impacts positifs et négatifs de ces progrès technologiques, il est nécessaire d’expliciter leur nature.

En finance, l’informatisation des places boursières a donné nais-sance au High Frequency Trading (HFT) : il s’agit d’une nouvelle méthode de spéculation dont l’efficacité repose entièrement sur la rapidité des ordinateurs à carto-graphier le marché financier afin d’obtenir le cours du plus grand nombre d’actions avant les autres. Pour faire de l’argent en bourse, il faut avoir l’information avant ses concurrents afin de pouvoir antici-per les mouvements des autres et capitaliser sur les prévisions, d’où cette course vers des processeurs et programme de code toujours de plus en plus rapide. Comment cela se passe-t-il concrètement? Avec le système « à la crier », un trader devait demander à un vendeur le prix de ses actions à un instant t pour ensuite accepter ou annuler la transaction, tandis

Finance de marché Comment les marchés font l’analyse des entreprises ?

51

Page 53: Rapport annuel PF 2012

qu’aujourd’hui durant ce même instant avec l’aide des ordinateurs, il est possible d’aller chercher le prix de toutes les actions du marchés, de les analyser pour ensuite accepter les meilleurs offres et rejeter les moins bonnes.

En parlant de programmation, le HFT a ouvert la porte à de nouveaux corps de métiers en finance : notam-ment la profession d’ingénieur. En tant qu’ingénieur, la programmation en langage informatique fait partie du cursus d’apprentissage universitaire, et alors que les marchés s’informatisent, le nombre de traders a fortement diminué au profit d’analystes quantitatifs principalement des mathématiciens, physiciens et ingénieurs. D’ailleurs, avec la venue du HFT et le déve-loppement de la programmation parallèle (technique de programmation consistant à modifier le code informatique de façon à ce que plusieurs processeurs traitent le code en même afin de gagner en rapidité d’exécution), des programmes d’Ingénierie financière ont été conçu, reliant ainsi académiquement les disci-plines de l’ingénierie et de la finance.

Si les investisseurs ont gagné en productivité et

rentabilité grâce à l’informatisation, certains aspects négatifs ne sont pas à ignorer : en effet d’un point de vue technologique, les places financières assistent par moment à des phénomènes de saturation des bandes passantes du réseau. En HFT par exemple, il est possible d’envoyer une grande quantité de requête de prix d’actions presque instantanément. Cependant si le serveur de la place boursière ne parvient pas à soutenir cette masse d’information, certaines informations peuvent être perdues ou altérées. Un autre aspect négatif à mentionner porte sur l’aspect humain du métier de trader : en effet, la robotisation des places financières a entraîné une déshumanisation de la profession. Il y a moins de champ à la négociation, et les habilités de ventes des traders sont moindrement mise à l’épreuve rendant le métier possiblement moins passionnant qu’il ne l’était du temps où les transactions se faisaient à la crier. L’aspect relationnel lié au monde des affaires au sein de la NYSE s’estompe graduellement.

52

Page 54: Rapport annuel PF 2012

Bien que nécessaire de part son rôle mo-teur de l’économie, la finance est souvent montrée du doigt en matière d’éthique et de développement durable (dans le sens, est-ce que son fonctionnement est sain et durable pour notre économie ?), et ce sentiment s’est bien évidemment accentué avec la crise financière mon-diale débutant en 2007.

Au cours du campus nous avons ren-contré des acteurs très différents de la place financière New Yorkaise, et chaque entretien a apporté matière à réflexion sur le sujet.Nous pouvons nous demander quel est le mécanisme amenant à la situation de 2007 : au départ, il y a une bulle spécu-lative, un modèle qui marche très bien et qui génère de l’argent. Tout le monde suit la tendance, alors ne pas la suivre équivaut à perdre de l’argent et finale-ment les institutions financières créent et manipulent des produits dans une sorte d’euphorie, en totale déconnexion avec la réalité. Le profit, les incitatifs financiers poussent les traders et les institutions à continuer d’emprunter ce chemin et plus personne n’a d’intérêt à comprendre les risques inhérents à ce modèle, jusqu’à ce que la bulle explose… La finance, qui est censé être moteur de développement

grâce au déplacement de capitaux devient simplement un outil à faire du profit, un maximum de profit, jusqu’au dernier moment et tant pis pour la casse. Ces produits financiers qui se voulaient innovants ont été mal tournés, en cause le mode de paiement dans le monde financier qui n’incite pas à la rétention en supportant et en encourageant le profit à court terme.

Est-ce que ce modèle est durable et sain pour la société ? Est-ce que la finance apprend de ses erreurs et va changer d’orientation, id-est de pas favoriser le profit à court terme qui multiplie les risques et favorise des comportements et phénomènes de bulle ?La perte de confiance dans le secteur de la finance appelle à la recherche d’un modèle « honnête et transparent » qui ne mettrait pas le profit immédiat sur un piédestal. Cependant, beaucoup de montagnes sont à déplacer pour arriver à un tel résultat : les banques qui mettent leur profit avant ceux de leurs clients, les conseils d’administration qui sont cen-sés défendre les actionnaires lorsqu’une grande proportion des actionnaires des institutions financières sont elles-mêmes des institutions (le cercle vicieux est bouclé). Alors, c’est finalement peut-

Ethique et Développement durableEst-ce que ce modèle est durable et sain pour la société ?

53

Page 55: Rapport annuel PF 2012

être un problème de législation à régler : mettre plus de barrières et imposer plus de transparence pour éviter les dérives. « Depuis 1960, tous les 3 ans il y a une région du monde où il y a la crise. Il faut une nouvelle réglementation car les banques n’ont pas appris et n’apprendront pas ».Mais modifier les lois à la défaveur des institutions financières ne se fait pas facilement, les réseaux sont solides et lobbys puissants.

« C’est quand c’est la crise qu’il y a de l’argent à faire », est-ce une utilisation habile de l’outil, du modèle que nous avons ou une approche non éthique ? Après tout, trouver un modèle moins dépendant des risques, moins aléatoire, ce serait supprimer des opportunités et des possibilités… la finance pourrait alors perdre son rôle premier.

Un autre changement dans le monde de la finance se rapproche lentement mais sûrement : avec le développement de l’Asie tout d’abord, et celui de

l’Afrique à un horizon plus lointain, les centres de gravités de la finance se multiplient (Singapour, Shenzhen, Shanghai…) et les équilibrent changent. Peut-on alors espérer un changement des règles, et donc un changement du modèle ? Si les pays émergeants se concentrent plus sur le dévelop-pement que la spéculation financière (assumant moins de dérives comme évoquées plus haut), cela sera pour combien de temps ? Après tout, ces pays émergeants calquent leur modèle sur celui du monde Occidental, ce qui laisse supposer que des tendances plus pernicieuses apparaitront fina-lement. Les changements doivent donc peut-être bien s’opérer en amont.

Page 56: Rapport annuel PF 2012

RemerciementsL’équipe PolyFinances tient à remercier chaleureuse-ment le professeur Thierry Warin sans qui cette aven-ture extraordinaire n’aurait pu voir le jour. Par sa vision avant-gardiste et son approche humaniste, le profes-seur Warin a su nous transmettre une véritable passion pour le monde de la finance. À chaque semaine il a su nous démystifier petit à petit le monde de la finance. La finance, c’est pas complètement noir, ni tout blanc, c’est toujours plus compliqué... mais incroyablement passionnant ! Thierry, merci !

Nous tenons aussi à remercier le département MAGI et son directeur Pierre Baptiste pour son support durant la naissance du projet et pour l’avenir de l’aventure

PolyFinances. Mme Line Dubé, le BRIN et l’École Polytechnique de Montréal ont été des soutiens de force tout au long de l’année et au cours de notre campus à New York.

PolyFinances n’aurait pu avoir vu le jour sans l’ap-pui de ses commanditaires : la compagnie Aquisio, le CIRANO, le FAIE et bien entendu le département MAGI et l’École Polytechnique de Montréal.

Finalement, nous tenons à remercier grandement les intervenants de marque que nous avons ren-contré à New York et à Montréal. Leur temps et opinion ont grandement su forger et nuancer la notre.

Page 57: Rapport annuel PF 2012

Site internet : www.polymtl.ca/pf

Adresse postalePolyfinances,

A l’attention du professeur Thierry Warin, bureau A305.30

Case postale 6079, succursale Centre-villeMontréal, Québec, H3C 3A7

Adresse [email protected]

Page 58: Rapport annuel PF 2012

Collaborations

FAIE

AEP

Fonds d'appui aux initiatives étudiantes

Page 59: Rapport annuel PF 2012

CréditsDesign fait par Mikaël Héroux-Vaillancourt

Photos prises par Romaric Juvanon

Page 60: Rapport annuel PF 2012