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ECOLE NATIONALE DARCHITECTURE ET DURBANISME DE TUNIS Département dArchitecture Recueil cours Histoire de larchitecture LEgypte ancienne Première année Par Hind KAROUI Assistante

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ECOLE NATIONALE D’ARCHITECTURE ET D’URBANISME DE TUNIS Département d’Architecture

Recueil cours Histoire de l’architecture L’Egypte ancienne

Première année

Par Hind KAROUI Assistante

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P.2/ L’Architecture des civilisations antiques

PARTIE 2, COURS 2, L’EVOLUTION DE L’ARCHITECTURE

AU PROCHE-ORIENT

- L’EGYPTE ANCIENNE-

Plan

INTRODUCTION

I. L’Architecture monumentale

1. Quelques œuvres de référence

2. Les tombeaux de l’Ancien Empire

Les mastabas

Les pyramides

- La pyramide de Saqqarah et le complexe funéraire

- Les pyramides de l’ensemble funéraire de Gizeh

- Les temples du plateau de Gizeh

3. Les tombeaux du Moyen et du Nouvel Empire

- La tombe du roi-enfant Toutankhamon

- La tombe de Néfertari

- La tombe de Ramsès II

- Le complexe de Deir el Bahari

4. Les temples à salles hypostyles du Moyen et du Nouvel Empire

Les temples divins de Thèbes Est (Karnak et Louxor)

Les temples funéraires

- Le temple creusé de Ramsès II à Abou-Simbel (Nubie)

- Le temple de Ramsès II (Ramesseum) à Thèbes (rive ouest)

CONCLUSION

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES

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INTRODUCTION

La civilisation égyptienne est apparue le long de la rive du Nil, 4000 ans av. J.-C, sous la forme d’un Etat

dynastique gouverné par les Pharaons qui étaient déifiés (considérés comme des dieux sur terre) puisqu’ils

étaient les seuls êtres pouvant servir d’intermédiaires entre les hommes et les dieux.

Trois grandes périodes démarquent l’Egypte antique et représentent des périodes de stabilité politique :

L’Ancien Empire : 2650 à 2150

Le Moyen Empire : 2150 à 1780

Le Nouvel Empire : 1580-1080

Entre ces époques s’insèrent des périodes de bouleversements et de luttes pour le pouvoir marquées par

des invasions étrangères (occupations perse, grecque et romaine).

Les Egyptiens de l'Antiquité ont cherché à interpréter tous les phénomènes qu'ils pouvaient observer par

la religion. La notion la plus importante pour eux est celle du cycle de la vie avec les naissances qui

succèdent aux morts (la ressuscitation).

L’écriture fut inventée vers 3500 av. J.-C, et elle était exclusivement figurative (c'est-à-dire qu'elle

représentait quelque chose de tangible, facilement reconnaissable du quotidien comme les animaux, les

plantes, les parties du corps). Elle ornait les stèles, les parois des temples et des tombeaux et exprimait des

textes religieux et politiques. Ce principe de représentation, appelé lopographique (c’est à dire basée sur

l’utilisation d’un signe unique pour noter un seul mot), détermine le caractère dit hiéroglyphique1 de

l’écriture ancienne de l’Egypte. En 1822, l'égyptologue Champollion réussit à la déchiffrer, accédant ainsi à

une source très riche d'informations.

La puissante autorité des Pharaons a fait naître une architecture funéraire et sacrée remarquable.

Représentée au début par les mastabas, ensuite par les pyramides et les temples funéraires et divins, cette

architecture reflète les dogmes de la religion égyptienne basée sur la dualité : temporalité / éternité.

Bien que contradictoires, ces deux notions vont de pair. L’homme n’est que de passage sur cette terre. Il

n’atteint l’immortalité qu’après sa mort biologique, autrement dit, qu’une fois qu’il ait atteint l’au-delà, la

vie spirituelle.

1 Le hiéroglyphe est un terme utilisé par les Grecs pour nommer l’écriture égyptienne (hierós « sacré » et glúphein « graver » : écriture à caractère sacré, gravée sur les parois

Exemple d’écriture gravée sur les parois en pierre d’un temple égyptien

« En vie, prospérité, santé. »

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- Mythe de la mort et culte de l’embaumement du corps (momification)

Le mythe de la mort représentait un aspect très important de la religion des égyptiens, mais constituait

surtout une étape importante de la vie du Pharaon, frère et fils des dieux, qui devait, après son décès, vivre

auprès d’eux un repos éternel. Les égyptiens considéraient qu'après le décès, l'âme du défunt pouvait

renaître et accéder au « royaume des morts ». Pour ce, le corps doit nécessairement être embaumé

(« djet »). Les statues et les offrandes présentes au côté du défunt dans son sarcophage permettent de

l'accompagner dans son chemin vers le jugement de l'âme.

Le « mythe de la mort » peut être décomposé en deux parties :

La première étape est le voyage du défunt vers l'au-delà avec la cérémonie de l'embaumement

La seconde étape correspond au jugement du défunt par le dieu Osiris (le roi des défunts) afin

d’accéder au repos éternel.

Ce chemin vers l'au-delà sera pris en compte dans l'architecture des pyramides faite de couloirs et de

galeries ascendantes et descendantes permettant à l'âme de s'élever et d'atteindre le « repos éternel » dans

l’au-delà.

Tous ces monuments symbolisant l’éternité devaient durer le plus longtemps possible, d’où leur aspect

monumental, imposant et hautement symbolique :

- Le tombeau était à la fois une sépulture pour l'enveloppe charnelle (le corps) du défunt et le lieu

de résidence de son « ka » (l’esprit) en attendant d’accéder à la vie éternelle.

- Les temples funéraires étaient le lieu pour les manifestations du culte des morts. Ils contenaient

les offrandes nécessaires au passage

- Les temples divins abritaient les dieux, « l’idole divine »

D’où, les gens de la classe aisée avaient eux aussi leurs tombes privées, construites de leur vivant à

proximité de la pyramide du Pharaon.

Corps Esprit

Vie biologique Vie spirituelle

Temporaire Eternelle

Peinture murale représentant le rite de l’embaumement célébré par le dieu Anubis

La mort ne constituait pas une fin, mais une continuation. Autrement dit, elle le faisait simplement passer d'un monde connu, celui des vivants, à un monde inconnu, celui de l'Au-delà.

MONDE CONNU ………MONDE INCONNU

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Le précurseur de cette architecture monumentale en pierre de taille, qui a remplacé définitivement celle de

la période primitive faite à base de briques de terre cuite et de roseaux, était l’architecte Imhotep (2800-

2720 av J.-C).

I. L’architecture monumentale

1. Quelques œuvres de référence

Période Egypte Réalisations les plus remarquables

-3500 /-1000 Ancien Empire (III – XVIe Dynastie) -2650 / -2150

Mastabas Ensemble funéraire de Djoser à Saqqarah Pyramides de Gizeh Temple solaire

Moyen Empire (XI – XIIe Dynastie) -2150 /-1780

Pyramide de Mazgouneh Temples de pierre

Nouvel Empire (XVIII – XXe Dynastie.) -1580 / -1080

Tombes dans les vallées des Rois et des Reines Tombes civiles des notables et des artisans (Deir el-Medinet) Temples divins et funéraires (Thèbes, Nubie, Abydos, Delta…)

-1000 / -700 Période tardive (XXI – XXXIXe Dyn)

Tombes royales (Tanis)

2. Les tombeaux de l’Ancien Empire

Chaque pharaon, quand il arrivait au pouvoir, entreprenait la construction de sa future tombe et la

fabrication de son mobilier funéraire. La tombe était à l'époque (par son emplacement, sa décoration et le

luxe de son contenu) ce que nous appellerions aujourd'hui « un signe extérieur de richesse».

Les premiers tombeaux se composaient de deux parties :

* une infrastructure (partie non accessible aux vivants): là où reposait le défunt (sarcophage)

* une superstructure en forme de banquette trapézoïdale (le mastaba) aux murs légèrement inclinés vers

l'intérieur comme la base d'une pyramide (pyramide tronquée).

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Les matériaux de construction étaient soit les briques d'argile crues soit la pierre (Les mastabas les plus

importantes).

Cette construction, appelé mastaba1, avait des dimensions diverses, selon l’importance du défunt. D’une

façon générale, la taille moyenne se répartit entre les 30m de longueur sur les 15m de largeur pour une

hauteur globale de 6m. Elle est constituée de quatre « sous-entités » : la chapelle, le serdab, le puits et la

chambre funéraire.

- La chapelle : Une porte extérieure mène à la pièce ornée par des parois peintes, recouvrant des scènes

de la vie quotidienne du défunt. Face à la porte d’accès, une « fausse porte » est gravée sur le mur menant

symboliquement vers le « royaume des morts ». Cette « porte » est conçue pour faciliter le retour du

défunt, une fois ressuscité, dans le « royaume des vivants ».

- Le serdab : C’est la chambre qui abrite les statues du défunt.

- Le puits : Partant du sommet du mastaba, le puits traverse la chapelle et s’enfonce dans la terre jusqu’à

une profondeur pouvant atteindre les 20m. Il mène à la chambre funéraire. Après les funérailles, on

condamne l’accès au puits par un comblement de pierre afin de protéger la momie des pillages.

- La chambre funéraire : Cette chambre, à l’image du caveau (tombe), abrite le sarcophage du défunt

accompagné de tout le mobilier funéraire.

Après ces grandes tombes de la première dynastie (3000 av. J.-C.), c’est à dire les mastabas, apparaissent

les premières architectures monumentales de pierre, les pyramides.

1 Mot d’origine arabe désignant la banquette de terre placée devant la porte des maisons égyptiennes. Ce sont les fouilleurs égyptiens qui ont attribué ce terme à ce type de construction.

Mastaba du noble Akhethétep, à Saqqarah

La façade du mastaba ressemble à une façade d’une maison: murs de briques à pilastres, piliers en bois ou en brique de terre crue

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Ce passage vers une architecture plus monumentale en pierre taillée a été possible grâce à Imhotep1

(2800-2720 av J.-C): A la fois architecte, prêtre, médecin et ministre du Pharaon Djoser. Son œuvre est la

pyramide à gradins de Saqqarah (2660 av. J.-C) construite pour enfermer la sépulture de Djoser.

Elle comporte 6 degrés inclinés, résultats de la superposition de six mastabas, et une chambre funéraire

taillée sous terre à une profondeur de 33m. Elle s’élève sur environ 60 mètres.

A la pyramide sont ajoutés d’autres lieux à vocation religieuse et funéraire. L'ensemble était incorporé et

protégé par une enceinte fortifiée, orienté sur l’axe Est/Ouest (lever/coucher) :

Un temple d’accueil (appelé aussi « temple de la vallée ») pour recevoir le roi défunt avant d’entamer

son voyage. Il contient le serdab (statue du mort).

La chaussée montante qui conduit au temple où les statues du défunt recevaient les offrandes.

Des cours avec fosses remplies d’eau destinées à recevoir des barques en bois. Ces barques étaient des

éléments importants dans le rituel funéraire puisqu’elles servaient pour accompagner le Pharaon dans

l’autre monde. On les appelle des « barques

solaires ».

Un mur d’enceinte de 10m d’épaisseur

Une entrée à colonnade

Des autels (petits sanctuaires)

1 A la fin de sa vie, il fut divinisé (il fut associé respectivement à Thoth, le dieu de la connaissance et de l’écriture, au fils du puissant Phtah symbolisant l’esprit créatif et l’intelligence divine et enfin au dieu Memphite). Un temple lui fut dédié à Philae près de celui de la déesse de l’amour et de la maternité, Isis.

Pyramide d'Imhotep à Saqqarah (près du Caire) - La plus vieille du monde

Reconstitution du complexe funéraire du roi Djéser conçu par Imhotep

Coupe sur la pyramide montrant les galeries souterraines et le caveau.

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Plusieurs siècles après apparaissent les pyramides à l’aspect lisse. Ce passage s’est fait suite à l’utilisation

des blocs de calcaire découpés en angles1.

L’œuvre la plus parfaite est la pyramide de Kheops (objet de l’exposé - une des 7 merveilles du monde).

Kheops fait partie d’un ensemble de trois pyramides monumentales du plateau de Gizeh érigées durant

trois générations pharaoniques de la quatrième dynastie : Khéops, le grand père, Khéphren, le père et

Mykérinus, le fils.

1 Nous pouvons observer ceci dans la pyramide à degrés de Meidoum (sud de Saqqarah, voulue par Sekhemkhet le successeur de Djoser) ainsi que dans les deux pyramides du roi Snéfrou, IVème dynastie, à Dashour (pyramide « rhomboïdale » et pyramide « régulière »). Ce sont les formes qui ont précédé la forme lisse et régulière de la pyramide de Khéops, le fils de Snéfrou.

Pyramide de Khéops 146 m

Pyramide de Khéphren 143 m

Pyramide de Mykérinus 66,40 m

Le plateau de Gizeh… « L’homme redoute le temps mais le temps redoute les pyramides. »

Proverbe arabe

Plan masse du complexe de Saqqara : Tracé orthogonal mais asymétrique

Procédé de construction utilisé : structure provisoire en rampe ascendante faisant le tour de la pyramide. Au fur et à mesure qu’on monte, on tasse les blocs de pierre les uns sur les autres jusqu’à ce qu’on arrive à la forme finale : prisme parfait à quatre faces triangulaires

Le site archéologique de Saqqarah : en avant plan la colonnade définissant l’entrée de la nécropole.

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L’ensemble forme une grande nécropole royale contenant aussi des temples funéraires, des mastabas

destinés aux hauts dignitaires de la cour, des petites pyramides pour les reines, des chaussées montantes,

une fosse et le sphinx1 en calcaire, personnage mythologique (légendaire) dont la fonction est de protéger

les tombeaux des rois.

L’implantation des trois pyramides et du sphinx répond à un ordre mesuré : Existence d’un plan directeur

basé sur le principe du quadrillage orthogonal. L’unité de mesure étant la « coudée royale » (52cm).

1 En reproduisant la physionomie du Pharaon, le sphinx (Abou el Haoul) voulait symboliser la puissance du roi dominant ses ennemis.

Plan de l’ensemble funéraire de Gizeh

Coupe sur la pyramide de Khéops montrant les emplacements successifs du caveau funéraire (1, 2 (chambre de la reine) et 3 : le choix final (chambre du roi), près du centre de la pyramide), la galerie ascendante (4) a une longueur de 47m, largeur de 2m10 et hauteur de 8m60. Elle est couverte d’une voûte en encorbellement. Un exemple de voûtement unique dans l’architecture de l’ancien Empire.

Vue sur le sphinx, protecteur des tombeaux : tête d’un Pharaon et corps d’un lion. Le sphinx fait 20m de hauteur. Il semblerait qu’à proximité ait été édifié un temple dédié au culte du soleil.

Temple bas

Temple haut

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Ceci nous montre jusqu’à quel point l’intérêt porté vers les proportions modulaires et les rapports simples

en concordance avec des constructions géométriques simples, était présent dans la conception

architecturale des égyptiens de l’Antiquité : « Choisir parmi les proportions modulaires celles qui

concordent avec d’élégants tracés était éveiller une double impression d’harmonie. »1

1 Auguste Choisy, op.cit. , p.56.

Dessins de l’auteur

L’auteur de cette démonstration est le chercheur

Noureddine Amara qui affirme, après étude du relevé du

site de Gizeh, l’existence d’un plan directeur initial, basé

sur le principe du quadrillage orthogonal, établit par les

égyptiens avant la construction des pyramides.

Le module qui se répète est égal à 220 coudées. La base

de la grande pyramide de Khéops est de 440 coudées.

Son axe vertical coupe l'axe horizontal de Khéphren en

un point O qui n’est autre que le centre du cercle de

rayon égal au côté de Khéops.

L’auteur montre le même principe appliqué à la troisième

pyramide (Mykérinus) et au sphinx : « Les pyramides sont

positionnées dans une géométrie rigoureuse... ceci élimine

toute idée de géométrie fortuite et incohérente. Il y a un

ordre établit, à reconstituer. » (Noureddine Amara, « Une

étude géométrique sur le plateau de Gizeh »)

Tracé orthogonal, disposition axiale

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Les temples funéraires du plateau de Gizeh :

Mise en confrontation

Nous trouvons :

Le « temple bas » (1) associé aux rituels

d’embaumement et de purification accomplis lors

des funérailles. Edifié entièrement en granit rose.

La « chaussée montante » (2) qui permet

d’accéder au temple haut. Celui-ci comprend un

« avant-temple » (3) qui donne accès à la « cour à

déambulatoire » (4) bordée des 4 côtés par des

piliers (ou pilastres) et des statues.

Sur la cour ouvrent les cinq « chapelles » du culte

des statues royales (5).

Tout au fond, le « temple intime » (6)

comprenant des magasins pour les objets sacrés

et la salle des offrandes.

Le temple bas où se déroulait la cérémonie de l’embaumement des corps. C’est une salle hypostyle: plafond soutenu par des piliers. Tracé orthogonal, parcours axial.

Tombeau royal / Tour divine

PYRAMIDE / ZIGGOURAT

Khéops Babylone

La signification de la forme pyramidale :

* Omniprésence et puissance du pouvoir religieux sur

l’existence humaine (Zigg)

* Symbole de l’existence éternelle (vie après la mort - Pyr)

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3. Les tombeaux du Moyen et Nouvel Empire

Face aux diverses actions de pillages et de profanations auxquelles les pyramides étaient exposées, les

artisans de l’époque ont pensé à une nouvelle typologie de tombes entièrement taillées dans le roc. Ce sont

les hypogées1.

Les tombes des hauts dignitaires imitaient de l’extérieur l’architecture domestique : Un portique d’entrée

qui mène à une chambre rectangulaire à l’intérieur de laquelle se dressent quatre colonnes en pierre. Le

plafond était plat ou légèrement voûté. L’unique source de lumière était l’entrée.

Cette disposition spatiale connaîtra une évolution sous la XIXème dynastie du Nouvel Empire. Désormais,

les tombeaux royaux pouvaient abriter plusieurs chambres destinées à entreposer les objets funéraires et à

préparer le séjour du défunt dans l’au-delà. Ces chambres étaient reliées entre elles par des galeries et des

escaliers. Les parois étaient ornées de bas-reliefs colorés et retraçant des thèmes de la vie quotidienne, des

rituels, la mythologie des dieux et aussi le déroulement des funérailles (embaumement).

Les rois, les reines et les hauts dignitaires du Nouvel Empire ont occupé la vallée qui se trouve sur la rive

ouest de Thèbes, dans la montagne thébaine (zones plus connues sous le nom de « la vallée des rois » et

« la vallée des reines »), pour y creuser leurs tombes royales (tombes de Ramsès III, IV, V, VI, IX, de

Néfertari…). Le relief montagneux a donné naissance à une sorte de pyramide naturelle. C’est ce qui a fait

que le site était particulièrement sollicité proclamant Thèbes, la capitale du Nouvel Empire.

1 Hypogées : hypo, « sous » : gê, « terre ». Ce sont des tombes souterraines creusées dans le rocher.

Tombe de Senegemib Inti, chef de justice et vizir (Vème dynastie)

Reconstitution de la ville de Thèbes (d’après C.Golvin)

Thèbes se trouve à 500km au sud du Caire.

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La tombe du roi-enfant Toutankhamon1 : Vallée des Rois

« J'ai introduit la bougie et j'ai jeté un coup d'œil. D'abord,

je n'ai rien vu, l'air chaud qui s'échappait de la chambre

faisant danser la flamme de la bougie, mais mes yeux se

sont accoutumés à la lumière, et les détails de la pièce sont

petit à petit sortis des ténèbres : des animaux étranges, des

statues et de l'or … partout le scintillement de l'or . . . »

Howard Carter (Archéologue anglais, 1922)

Dans l’antichambre furent retrouvés des objets domestiques (lits, aliments, statues, embarcations (chars),

bijoux …), pour accompagner le Pharaon dans son voyage vers l'éternité.

A côté de cette pièce se trouve une annexe, et tout au fond une ouverture qui donne accès à la chambre

funéraire. Celle-ci contient le sarcophage de Toutankhamon ainsi que son cercueil. Sur les murs sont

peintes des scènes de l'au-delà.

1 Toutankhamon a régné à l’âge de 9 ans suite à la mort de son père, le roi Akhenaton (XVIIIème dynastie). Il mourut à 18 ans.

A ce jour, 62 tombes royales ont été découvertes.

Chronologie des Pharaons du Nouvel Empire : XVIIIe dynastie (1550-1295): Ahmosis/ Ahmenotep I/ Thoutmosis I et II/ Hatchepsout / Thoutmosis III / Amenhotep II / Thoutmosis IV / Amenhotep III / Amenhotep IV (devenu Akhenaton) / Toutankhamon / Ay / Horemheb XIXe dynastie (1295-1186) : Ramsès I / Séthy I / Ramsès II / Mérenptah / Amenmès / Séthy II /Siptah / Taousert XXe dynastie (1186-1069) : Sethnakht / Ramsès III, IV, V, VI, VII, VIII, IX, X et XI

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A côté de la chambre funéraire se trouve la chambre du trésor, où fut découverts :

- Un coffre doré dans lequel étaient conservés les viscères (organes) du Pharaon après

l’embaumement. Ce coffre est protégé par quatre figures divines de sexe féminin (statuettes en

or) : Neith au nord, Selkis au sud, Isis à l'ouest et Nephthys à l'est.

- Trente-cinq maquettes de bateaux (barques solaires) sur lesquels s'effectuait le voyage vers l'au-

delà

Le sarcophage du

Pharaon

L’intérieur de la chambre funéraire

Un élément du « trésor de Toutankhamon » : la châsse dorée (coffre)

La statue d’Anubis: ce dieu représenté sous une figure canine conduit les morts dans l'autre monde et veille sur leurs tombes et les trésors qui s’y trouvent. Il protège les défunts, les accueillent dans l'au-delà et les conduit devant Osiris pour le jugement final. (outre à ces fonctions, Anubis célèbre l’embaumement)

Restitution de l’aménagement interne de la tombe

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La tombe de Nefertari (épouse de Ramsès II ; 1290 av. J.-C.)1 : Vallée des reines

Les salles de la tombe sont les appartements privés de la reine. Toutes les parois sont peintes de scènes se

référant à deux aspects de la vie:

* Un monde nocturne, évoquant le "passé" de la reine (vie terrestre)

* Un monde solaire, univers dans lequel se prépare le "futur" de la grande souveraine après sa mort

biologique. Pour ce, les scènes retracent les obstacles que la reine devait surmonter avant d’atteindre le

monde d’Osiris et donc l’éternité. La reine est représentée soit debout, soit agenouillée, soit assise sur un

trône.

1 Toutes les reconstitutions y compris les visites virtuelles présentées dans le cours sont extraites du site de Gérard Homann : http://gerard.homann.free.fr/

Légende : B – porte d'accès au tombeau C - antichambre (accueil) D - passage vers le vestibule E – vestibule F - chambre latérale est (annexe) G - accès à la rampe H - rampe intérieure (descenderie) I - accès à la chambre funéraire J –chambre funéraire « salle d’or » (sarcophage) K et L -- annexes latérales ouest et est M - accès à la résidence d'Osiris (le lieu du jugement)

Reconstitution de l’intérieur de la tombe avec des scènes de Néfertari accompagnée du dieu soleil et d’Osiris.

Reconstitution de la chambre funéraire « salle d’or » (sarcophage)

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La tombe de Ramsès II (1279-1213 av J.-C) : Vallée des rois

La tombe de Ramsès II est située à 40m de celle de Toutankhamon. Elle est composée d’une

antichambre, de la salle du sarcophage et de plusieurs chambres-annexes pour la conservation du

mobilier funéraire et du trésor du Pharaon.

Toutes les parois sont recouvertes de scènes qui retracent la vie politique du roi (67ans de règne), ses

exploits militaires, les rites religieux et la vie familiale de la dynastie.

Le complexe de Deir el Bahari : Association tombe-temple (au sud de la Vallée des Rois):

Plan coudé : L’intérieur de la tombe a une hauteur de 5m82. La longueur totale atteint les 168m.

Système à entablements (terrasses) dont un est surmonté d’une pyramide. Le tout est disposé devant le flanc d’une montagne. Principe architectural basé sur la combinaison et la répétition de piliers, de portiques, de rampes de passages et de terrasses. La partie creusée s’étale sur plus de 50m.

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4. Les temples à salles hypostyles d’Égypte (Moyen et Nouvel Empire)

- Les temples divins de Thèbes Est (Karnak et Louxor)

Alors que les temples funéraires situés à proximité des tombes servaient au culte du mort, les temples

divins ont une valeur hautement symbolique puisqu’ils représentaient la maison terrestre des divinités

locales avec une référence directe au cosmos (ciel, soleil, eau, terre) : Amon (soleil), Nut (ciel), Shu (l’air),

Osiris (au-delà)…

* Portes monumentales orientées vers le lever du soleil (est): « porte du ciel » à travers laquelle émerge le dieu soleil

* Plafonds des salles ornés d’étoiles et de vautours1 (oiseaux qui assument une fonction protectrice)

évoquent le ciel

* Les colonnes sur le sol évoquent les tiges de papyrus (plante aquatique) qui poussent dans le Nil

Ces divinités étaient les créateurs et régulateurs du monde. Elles étaient adorées dans tout le pays. Cette

adoration se retrouve dans la décoration gravée sur les murs internes des temples. Autres scènes se

réfèrent aux barques solaires sur lesquelles sont posées et transportées les statues divines lors des

cérémonies religieuses.

L’iconographie des temples touche aussi le roi et les différents aspects de sa vie sur terre (sa naissance en

tant que fils et frère des dieux, exploits militaires sur l’ennemie réel ou imaginaire (taureau sauvage

symbole du chaos)….

Leur construction, tout en pierre, remonte au Moyen Empire (2150 à 1780 av. J.-C.), avec le roi

Mentouhotep II.

Ils ont le même plan d’ensemble, avec seulement des variations dans les dispositions de détails et dans les

dimensionnements : De forme rectangulaire, généralement deux fois plus long que large, le temple est

composé de quatre parties principales qui se succèdent progressivement.

1 Le vautour est un oiseau qui assumait chez les égyptiens une fonction protectrice, grâce entre autre à ses ailes imposantes. Sa figure était associée à la divinité Nekhbet, déesse protectrice de l’Egypte, fille du dieu soleil.

Scène de bataille militaire

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Plan-type : le temple d’Horus à Edfou (époque ptolémaïque1, 130 av J.-C), un des mieux conservés

jusqu’à aujourd’hui. Il est construit entièrement en grès.

De l’extérieur à l’intérieur on trouve :

1. Un double pylône très élevé, flanquant les

deux côtés de la porte centrale. Le pylône est un

grand mur incliné constitué de deux tours

massives de forme trapézoïdale qui enserrent le

portail d'entrée. Il constitue l’entrée triomphale

du temple.

2. Une cour entourée d’une colonnade sur trois côtés

3. Une ou deux salles hypostyles où se faisaient les cérémonies publiques du culte. Hypostyle parce que

le plafond est soutenu par des colonnes. Toutes les parois sont couvertes d’une riche décoration colorée2,

tant à l’extérieur qu’à l’intérieur, traitée en bas relief ou en creux.

4. Le sanctuaire, isolé par un couloir sur lequel s’ouvre encore une série de pièces secondaires destinées à

servir de magasins ou de dépôts. Dans ce sanctuaire, on conservait l’image sainte du dieu, enfermée dans

un riche naos (niche) ou placée sur une barque qu’on apportait devant la foule pendant les grandes

cérémonies. Ce lieu considéré comme le lieu le plus intime et le plus sacré du temple était accessible

uniquement aux prêtres religieux et aux pharaons. S’il existe d’autres divinités adorées en ce lieu, des

chapelles secondaires sont disposées de chaque côté du sanctuaire. Des annexes servent d’entrepôt aux

objets cultuels.

1 Les Ptolémées ont régné en Egypte entre 305 et 30 av J.-C, sous la conquête d’Alexandre le Grand. L’architecture des temples édifiés à cette époque respectait l’ancien style traditionnel. 2 A l’intérieur des salles hypostyles et des autres chambres réservées aux prêtres, il y avait des scènes d’adoration, d’offrandes et de cérémonies de culte. Au niveau des cours, des pylônes et sur les murs extérieurs, les rois faisaient représenter des scènes de guerre et de victoires triomphales, avec des inscriptions historiques.

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Qualité spatiale :

Le temple divin étant la maison de celui qui a créé le monde, les espaces se divisent en deux catégories : il

y a les espaces accessibles au public (cour, salle hypostyle) et les espaces réservés au Dieu et à ses

représentants terrestres (prêtres - sanctuaire). Plus on pénètre dans le temple et plus le caractère sacré

s’accentue. Le profane est éloigné du sacré tout en étant en continuité. Pour renforcer cette idée de

progression et de contraste les architectes ont surélevé le sol tout en abaissant les plafonds. Ceci accentue

la perspective vers le fond du temple, qui est sombre, en contraste avec la cour à ciel ouvert.

Le parcours exprime une avancée progressive vers le monde divin

A l’extérieur du temple, et pour exprimer la prouesse architecturale du Nouvel Empire, on dressait devant

le pylône deux obélisques (piliers en pierre monolithique hauts et extrêmement lourds) et souvent des

statues colossales de rois en granit.

Les temples de Thèbes

A Thèbes, sur les rives est du Nil, on y dressait le plus grand ensemble divin de l’Egypte ancienne faisant

123 hectares de superficie et comprenant :

Vue en perspective du temple d’Horus : la salle hypostyle est éclairée par une ouverture percée dans le toit. La salle assure la transition entre le monde physique extérieur (cour) et le monde spirituel (sanctuaire).

Extérieur du temple

Monde profane

Intérieur du temple

Monde sacré

Espace découvert (cour)

Espace couvert (sanctuaire)

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Les temples de Karnak1 dédiés à Amon, le dieu des dieux, qui était associé à Rê, le dieu soleil, à Mout, à

la fois mère, épouse et fille d’Amon et à Khonsou, le fils de Mout et assimilé à la lune :

- temple d’Amon-Rê Montou (nord)

- temple d’Amon-Rê (centre)

- temple de Mout (sud)

- temple de Khonsou

Le temple de Louxor2, connu comme le « Harem méridional » (ou "Harem du Sud") du complexe

funéraire de Karnak.

Une longue avenue (3km) rattachait les temples

de Karnak à celui de Louxor.

Cette allée est appelée « le dromos de

criosphinx » ou le «chemin des béliers » parce

qu’elle était bordée de sphinx criocéphales (tête

de bélier posée sur un corps de lion).

1 Karnak mot d’origine arabe, el-Karnak, qui veut dire "le village fortifié". 2 Louxor dérive de l’arabe el-qousour (palais ou châteaux)

Amon Mout

Khonsou

Triade thébaine

Deux représentations du dieu AMON: humaine et animale (bélier, animal considéré sacré pour les habitants de Thèbes). MOUT: figure humaine

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Le temple d’Amon-Rê

La construction du temple commença au Moyen Empire, et fut achevé 1600 ans plus tard sous le règne

de Ramsès II (1279-1213 av.J.-C). Au cours des siècles, il a connu de nombreuses extensions et

embellissements.

Construit en grès et en calcaire, il était de dimensions gigantesques (environ 2 hectares). Son enceinte

renferme entre autre, un lac sacré, des temples secondaires, des kiosques (ou pavillons) pour le séjour et le

repos, huit pylônes dont celui de l’entrée principale fait 40m de haut, des portiques, deux obélisques1,

d’immenses statues de Ramsès II (colosses) et les sphinx criocéphales placés à l’entrée.

La salle hypostyle, connue comme étant la plus grande salle antique au monde (103x52m), comprenait 134

colonnes dont les chapiteaux représentaient des plantes naturelles : les palmes, le papyrus et le lotus2. Le

fût des colonnes était décoré de hiéroglyphes sculptés et peints de dessins et de motifs inspirés toujours de

la nature. Ces colonnes soutiennent le toit en pierre. Outre à leur fonction structurelle, elles symbolisent la

vie, la fertilité (puisqu’elles incarnent un papyrus géant), afin de donner stabilité et prospérité au pays.

1 Faisant plus de 33 mètres, c'est le plus haut obélisque connu qui sera transporté à Rome pour décorer le cirque Maxime. 2 D’où la dénomination de colonnes palmiformes (bouquet de palmes), papyriformes (papyrus), campaniformes (fleur de papyrus ouverte), lotiformes (lotus) qu’on retrouve dans tous les édifices cultuels de l’Egypte. Le papyrus est une plante aquatique poussant dans les marais le long le Nil. Les espèces de papyrus qui poussaient en Égypte à l'époque des pharaons sont aujourd’hui disparues.

La progression vers le fond du temple, vers la partie la plus cachée et la plus obscure et donc la plus sacrée.

Temple reposoir de Ramsès III (barque), (1165 av J.-C)

Salles, chapelles dont la grande « salle des fêtes » (célébration du pouvoir royal) et le jardin botanique (vestibule dans lequel le Pharaon Thoutmosis III a représenté la faune et la flore)

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Le temple de Khonsou

Construit pas Ramsès III (XXème dynastie), il fait 75 x 30m.

« Difficile de ne pas éprouver un choc visuel lorsque l'on franchit les portes du second pylône

et l'on pénètre dans la grande salle hypostyle. »

La partie centrale de la salle est plus élevée

des deux parties latérales (les colonnes

centrales ont 20 mètres de hauteur, les

colonnes latérales en ont 17 mètres). Ainsi,

des fenêtres hautes à claustra ont pu être

percées entre les deux niveaux du plafond

pour éclairer l’intérieur de la salle.

Coupe sur la salle hypostyle du temple : la partie centrale est plus élevée que les deux ailes latérales.

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Les éléments constitutifs du temple sont :

- Le double pylône

- La cour à galerie et à ciel ouvert

- La salle hypostyle à 8 colonnes

- Le temple intime accessible aux prêtres

Salle du reposoir de la barque

Vestibule éclairé d’en haut

Salle du naos abritant la statue divine

Le temple de Mout

Il est situé au sud du temple d’Amon et est inscrit dans une autre enceinte (200x400m) comprenant aussi

le temple de Ramsès III et d’Amenhotep III disposés autour d’un lac artificiel à caractère sacré (lieu pour

l’emplacement des barques et pour les purifications quotidiennes des prêtres).

Le temple de Louxor

Le temple a été commandé par le roi Aménophis III vers 1380 av. J.-C. Cent ans plus tard, Ramsès II

ajouta un grand pylône et une grande cour ouverte. Contrairement au temple de Karnak, celui-ci ne fut

pas enrichi par des pharaons postérieurs. Une inscription relate que le pharaon a fait bâtir ce sanctuaire

« dans le grès le plus fin sur un sol d'argent et un lit d'encens ... avec une vaste cour dont les colonnes sont

des boutons de lotus ».

Le temple de Louxor n'était qu'un temple reposoir utilisé une fois l'an, lorsque le dieu et sa femme Mout

quittaient le sanctuaire principal à bords des barques sacrées transportés par les prêtres (procession) . Ils y

résidaient 24 jours et 24 nuits.

D'une longueur de 260 mètres et d'une largeur d'environ 50 mètres, l'édifice est de dimensions plus

modestes que le temple d’Amon. Le plan de masse respecte les constructions de la tradition pharaonique

(le style traditionnel qui veut que le niveau du sol remonte légèrement en progressant vers le sanctuaire

alors que les plafonds suivent une pente rigoureusement inverse).

Le lotus

Le temple élevé au bord du Nil d’après un dessin de J.-C.Golvin

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Un des deux obélisques dressés à l’entrée du temple. L’autre se trouve depuis 1836 sur la

place de la Concorde à Paris.

La cour de Ramsès II

Plan du temple

de Louxor

La première cour du temple de Louxor avec ses colonnes lotiformes.

Vue générale

Entrée (voie sacrée à travers le dromos)

Cour de Ramsès II (+récente)

Colonnade (salle hypostyle oblongue)

Cour d’Amenhotep III

Salles hypostyles (sanctuaire)

La colonnade à double rangée dont chacune est formée

de sept colonnes campaniformes (papyrus ouvert) de

21m de haut. Les reliefs gravés décrivaient le déroulement

de la fête processionnelle (transport des barques de Mout

et d’Amon des temples de Karnak en direction de

Louxor).

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- Les temples funéraires

Le temple de Ramsès II à Abou Simbel (basse-Nubie)

Edifié par Ramsès II durant la XIXème dynastie (1260 av J.-C). Le

temple est un spéos, c'est-à-dire un temple entièrement creusé

dans la roche. Il mesure 33 mètres de hauteur sur 38 mètres de

largeur. Sa profondeur est de 65 mètres.

L'entrée est flanquée de quatre statues colossales (A) en pierre de

Ramsès II hautes de 20 mètres (position assise), faisant face au

soleil. A leurs pieds, des statues de petites dimensions

représentent les membres de sa famille.

Le proanos (C) est la salle hypostyle qui précède le naos : le

plafond est orné de vautours représentant le ciel. Il est soutenu

par huit colosses « osiriaques » (représentant de Dieu des défunts

Osiris sous les traits de Ramsès II) d'une dizaine de mètres. La

salle donne accès à six salles de stockage (G, H, I, J, K) sur les

côtés et se poursuit avec une seconde salle hypostyle (D) de taille

plus modeste. Elle est soutenue par quatre piliers, de section

carrée, recouverts de peintures représentant le pharaon en

compagnie de divinités.

Le temple de Ramsès II (Thèbes, rive Ouest)

Plan du temple respectant le type classique

Une monumentalité qui impressionne et qui témoigne du pouvoir grandissant du Pharaon.

Le vestibule (E) conduit, au centre, au sanctuaire (F) ou « Saint

des Saints », et sur les côtés à deux chapelles inaccessibles au

public. De taille modeste, situé au centre et au fond de l'édifice,

le sanctuaire abrite quatre statues taillées dans le roc.

Coupe montrant les espaces du temple creusés dans la falaise.

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Le temple a été construit peu de temps après la prise du pouvoir du pharaon, vers 1279 av J.-C. Il fut

baptisé par les anciens égyptiens du Nouvel Empire, le "Château de millions d'années ». Le temple est

connu sous le nom de Ramesseum. Sa fonction était de rendre hommage au Pharaon, et de célébrer son

pouvoir royal.

La particularité du temple réside dans son orientation: l’axe longitudinal est légèrement orienté vers le sud-

ouest. Nous ne connaissons pas encore la raison de cette déviation.

Toutes les parois étaient gravées de scènes évoquant différents aspects de la vie du roi : combats militaires,

culte religieux, vie familiale (mémoire des descendances).

Restitution du complexe architectural établi autour du temple de Ramsès II, d’après un dessin de J.-C Golvin, op.cit. L’enceinte (superficie 5hectares) abrite, outre le temple, un lac artificiel pour les barques, un palais royal, le temple de la déesse Mout et de la reine Néfertari ainsi que des annexes (chapelles, entrepôts).

Les éléments constitutifs sont :

- Le double pylône et la 1ère cour

- La 2ème cour

- La grande hypostyle (48 colonnes

végétales formant une allée centrale plus

large et des allées latérales.)

- Le sanctuaire avec ses salles hypostyles

réservées au roi.

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CONCLUSION

L’historien de l’art Christian Norberg-Schulz affirme que les temples de l’Egypte ancienne peuvent être

caractérisés comme une synthèse de quatre facteurs :

1. La nature ou l’oasis clos (salle hypostyle)

2. La masse mégalithique (aspect durable et éternel. Plus la masse est solide et plus elle dure)

3. L’ordre orthogonal (rigueur et organisation)

4. L’axialité (parcours de la vie, vie après la mort, passage vers l’au-delà)

Les plans et les élévations étudiés montrent que le temple est le résultat de l’articulation de diverses parties

entre elles afin de constituer une entité générale: C’est une sorte d’entité dans la diversité (espace couvert/

espace découvert/ espace monumental/ espace réduit/ espace haut/ espace bas/ espace éclairé/ espace

obscur….).

Nous remarquons aussi que toutes les couvertures sont plates. Les murs sont soit rectilignes soit

légèrement inclinés vers l’intérieur. Quant à la lumière du jour, elle a joué un rôle très important dans le

degré de sacralité des salles des temples.

Sens et signification du temple

• C’est dans le temple que se déroule l’union entre le roi et le divin et donc par extension entre

l’homme et les dieux: d’où l’importance de la notion de parcours, d’acheminement…de l’entrée

vers le fond du temple, on s’approche progressivement de la divinité. Architecture axiale (Est-

Ouest)

• La notion de parcours se retrouve aussi à l’extérieur du temple: on y accède qu’une fois parcouru :

*des trajets à caractère processionnels sous forme de dromos bordés de sphinx

*des pylônes et des cours.

Temples funéraires Temples divins

Consacrés au roi (culte) Consacrés au dieu (culte)

L’architecture exprime l’importance du pouvoir du

roi qui est non seulement monarchique mais aussi

divin

L’architecture exprime la sublimation et la

fascination des hommes envers les dieux célestes

(dans les cieux)

Avant la mort: Lieu pour glorifier les actions du

souverain constructeur

Après la mort: Culte funéraire pour honorer la

mémoire du Pharaon. Un mémorial

Lieu pour glorifier les actions des divinités

bienfaitrices.

Une reproduction du microcosme organisé et

ordonné où se produit la rencontre Homme -

Dieu.

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REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES

Livres disponibles à la bibliothèque de l’ENAU

L’Art égyptien (Cote RA.107)

DE CENIVAL, Jean-Louis, Egypte : époque pharaonique (Cote RM.015)

WILDUNG, Dietrich. Égypte, de la préhistoire aux Romains, Taschen, Cologne, 1997. (Cote RM.665)

Autres

Les pyramides de l'Égypte ancienne, Héritage, 1992.

SILIOTTI, Alberto, Pyramides, guide des meilleurs sites, Gründ, Paris, 1994.

STIERLIN, Henri, Les pharaons bâtisseurs, Terrail, Paris, 1992.

AUFRERE, S.,. GOLVIN, J-Cl et. GOYON, J-Cl, L'Égypte restituée, Errance, Paris, 1991.

HERY, François-Xavier, et ENEL, Thierry, Le secret d'Abou Simbel. C.L.É.S., 1996.

JACQ, Christian. La Vallée des Rois, images et mystères, Perrin, 1993.

GRIMAL, Nicolas, Histoire de l'Égypte ancienne. Fayard, Paris, 1988.