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Université Blaise Pascal Flore de FOUCHIER Clermont-Ferrand Réflexions sur le devenir professionnel des personnes dyslexiques Tome 1 Direction de mémoire : Régine Roche Licence Professionnelle Intervention Sociale Spécialité Médiateur Socio-économique Juin 2007

Réflexions sur le devenir professionnel des personnes dyslexiques

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Page 1: Réflexions sur le devenir professionnel des personnes dyslexiques

Université Blaise Pascal Flore de FOUCHIER

Clermont-Ferrand

Réflexions sur le devenir professionnel des personnes dyslexiques

Tome 1

Direction de mémoire :

Régine Roche

Licence Professionnelle Intervention Sociale Spécialité Médiateur Socio-économique

Juin 2007

Page 2: Réflexions sur le devenir professionnel des personnes dyslexiques

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Je tiens à remercier ma tutrice de mémoire pour son accompagnement tout au long de

l'année. Elle a été pour moi un réel soutien et un bel exemple de médiation cognitive ! Merci Madame Roche.

Je remercie les professionnels de m’avoir apporté leur vision sur ce sujet.

(orthophonistes, enseignants, conseiller en orientation psychologue en CIO, conseiller en insertion sociale et professionnelle, consultant en cabinet privé d’orientation, consultant en cabinet de ressources humaines, médecins).

Plus généralement, merci à tous les professionnels rencontrés qui se passionnent pour

leur travail et donnent courage aux personnes dyslexiques et à leur entourage. Et, tout particulièrement, je remercie les établissements scolaires, l’Ecole Saint Benoît à Versailles, l’Ecole St Joseph de Nohanent et le Collège St Joseph de St Saturnin. L’accueil et la qualité de la pédagogie réservés à leurs élèves permettent à mon enfant dyslexique de s’épanouir et d’avoir envie d’apprendre.

Merci à tous les dyslexiques qui nous montrent une autre manière d’être présent au

monde. J’ai eu plaisir à recevoir les témoignages et à les lire. Ces histoires de vie m'ont beaucoup touchée. J’espère que chacun se sentira respecté. Merci à chacun.

Je remercie également mes premiers lecteurs qui ont su améliorer ce mémoire grâce à

leur regard neuf ou pointu sur la dyslexie : Claire d’ Adhémar, Marie-Ange Alligier, Séverine de la Batie, Souela Boukefa, Dalie Chrifi Alaoui, Claude de Féligonde, Alain de Fouchier, Marie-Aude Guesdon et Emmanuelle Marcotte.

Je suis reconnaissante à mon fils et mon mari qui, par leur dyslexie, m'ont ouverte à ce

monde. J'y associe mes deux autres enfants. Merci à eux quatre pour leur soutien dans le cadre de mes recherches pour ce mémoire.

J'espère de tout coeur que ce mémoire créera des liens et apportera sa petite pierre

pour changer le regard porté sur les personnes dyslexiques.

Page 3: Réflexions sur le devenir professionnel des personnes dyslexiques

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TOME 1 : PREAMBULE 7

INTRODUCTION 12

1ERE PARTIE : APPORT DE LA RECHERCHE 15

I. LA DYSLEXIE : DES TROUBLES ET DES RICHESSES 16

1.1. Les troubles spécifiques de la dyslexie 16

1.1.1 Le déficit phonologique, au cœur des difficultés du dyslexique

1.1.2. Un déficit de la mémoire à court terme (MCT) et de la mémoire

à long terme (MLT) 18

1.1.3 Un déficit de l'organisation spatiale 19

1.1.4 Un déficit de repères dans le temps 19

1.2 Des signes qui accompagnent la dyslexie 19

1.2.1 Une pensée en images plutôt qu'en mots 19

1.2.2 La désorientation 19

1.2.3 Une lenteur, une fatigabilité et une difficulté de concentration 20

1.3 Les qualités des dyslexiques 20

1.3.1 Une intuition très développée

1.3.2.Maîtrise mentale de l'espace

1.3.3 La curiosité 21

1.3.4 Une imagination et une créativité très vives

II LA RECHERCHE PRECISE LES CAUSES DE LA DYSLEXIE 23

2.1. Hypothèse cérébrale : « un cerveau extra-ordinaire » 23

2.2. L’hypothèse génétique 24

2.2.1. Une récurrence familiale 24

2.2.2. Une mosaïque de gènes participant à la migration neuronale 25

2.3. L'hypothèse environnementale 25

2.4. L'hypothèse d'une difficulté oculomotrice 26

2.5. L’hypothèse auditive 27

2.6. L'hypothèse psychologique 28

Page 4: Réflexions sur le devenir professionnel des personnes dyslexiques

III. LA PRISE EN CHARGE DU DYSLEXIQUE 30

3.1. Du dépistage au diagnostic : un réseau de professionnels 30

3.1.1. Le dépistage

3.1.2 Le diagnostic 30

3.2. La rééducation orthophonique : un accompagnement incontournable 33

3.2.1. Un point de vue professionnel : Témoignage recueilli lors d’un

entretien avec une orthophoniste réalisé en novembre 2006 33

3.2.2 Mise en place de stratégies de compensation adaptées 37

2ème PARTIE : ANALYSE DES QUESTIONNAIRES 38

I. MISE EN PLACE DE LA METHODE 39

I.1. La grille de questions 39

I.2. Le public 40

II. PRESENTATION DE DEUX TEMOIGNAGES ET DE LEUR ANALYSE 41

2.1 Michel, 31 ans, Conseiller en insertion socioprofessionnelle

en Mission Locale 41

2.1.1 Questionnaire 41

2.1.2. Analyse de contenu du témoignage de Michel 44

2.1.3. Bilan 51

2.2. Blandine, 34 ans, Créatrice d’une ligne de vêtements 52

2.2.1 Le questionnaire 52

2.2.2 Analyse de contenu du témoignage de Blandine 57

2.2.3. Bilan 64

III. TABLEAUX DE SYNTHESE DES INFORMATIONS RECUEILLIES

SUR LA SCOLARITE 66

3.1 Synthèse des données pour les 6 femmes 66

3.1.1 Tableau des femmes

3.1.2 Résumé des caractéristiques des 6 femmes

3.2 Synthèse des données pour les 11 hommes 66

3.2.1 Tableau des Hommes

3.2.2 Résumé des caractéristiques des 11 hommes

3.3 Commentaire sur les 17 questionnaires 68

Page 5: Réflexions sur le devenir professionnel des personnes dyslexiques

IV. DETAIL DES REPONSES ET COMMENTAIRES 69

4.1 Les difficultés d’apprentissage et leurs causes 69

4.2 Les difficultés actuelles 71

4.3 Les causes qu’ils attribuent à leur réussite 74

4.3.1 Dans les matières scolaires 74

4.3.2 Sur le plan professionnel 76

4.3.3 Des stratégies de compensation mises en place 79

4.3.4 Préférences pour d’autres secteurs 81

4.3.5 Activités extra-scolaires et centres d’intérêts 83

4.3.6 Conseils à un jeune dyslexique 86

V. ELEMENTS DE VALIDATION DES HYPOTHESES 88

5.1 Par rapport au sujet : des compétences communes à tous 88

5.1.1 Des compétences cognitives 89

5.1.2 Des stratégies ou compétences compensatoires 91

5.1.3 Des atouts personnels 92

5.1.4 Recherche d’une théorie explicative de la dyslexie :

leurs définitions 93

5.1.5 Par rapport à l’environnement 96

5.1.6 Les secteurs professionnels émergeants 105

3ème PARTIE : PROPOSITIONS 111

I. LE ROLE DES PARENTS 112

1.1. Une attente positive 112

1111....2222.... Un rôle actif dans les choix, persévérance et ténacité 112

1111....3333.... Savoir donner du temps et, si possible, de l’argent 113

1111....4444.... Être parti prenante des associations de parents 114

Page 6: Réflexions sur le devenir professionnel des personnes dyslexiques

II. PREVENTION, INFORMATION, TRAITEMENT PRECOCE 115

III. AMELIORER LE DISPOSITIF SCOLAIRE 116

3.1. Ce qui est mis en place

3.2. Former les enseignants 117

3.2.1. Le 1er défi : Rendre l’élève heureux à l’école 118

3.2.2. Mettre l’élève en situation d’apprentissage 118

3.2.3. Amener l’élève au savoir 119

3.3. Consulter un conseiller en orientation 123

3.3.1 L’approche d’une conseillère de CIO 123

3.3.2. L’approche de Claire d’Adhémar, consultante au

« Centre EniXe Profil Conseil » 124

3.4. Expression des talents personnels dans la culture 128 3.4.1. Un vecteur d’apprentissage 128

3.4.2. Une rééducation ludique 128

3.4.3. Un exutoire 129

3.5. Le médiateur ouvre des possibles 129

3.5.1. En général : quelles missions ? 129

3.5.2. Le cas particulier du CISP

(Conseiller en insertion socioprofessionnelle) 131

CONCLUSION 134

BIBLIOGRAPHIE 136

ADRESSES UTILES 137

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Page 7: Réflexions sur le devenir professionnel des personnes dyslexiques

7

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Je vous présente ce questionnaire reçu par la poste ; c’est le témoignage d’un homme

que je prénomme Antoine. Il répond à ce questionnaire par écrit, au crayon de papier. Je

constate la présence d’une tierce personne qui corrige au stylo bille bleu certaines fautes et

réécrit en dessous les mots difficiles à lire, parfois elle apporte quelques précisions sur le

fond. Cette photocopie fait ressortir en plus foncé l'écriture du tiers. Je trouve ce témoignage

d’une grande richesse. En effet, Antoine décrit son parcours, celui d’un homme dyslexique de

45 ans. Son écriture apporte une dimension supplémentaire qui nous fait mesurer la réalité de

ce handicap.

J’aimerais que grâce à cet écrit, chacun puisse également vivre la réalité de la

personne dyslexique face à la lecture car la difficulté que nous éprouverons à déchiffrer cette

lettre y est comparable.

Je remercie Antoine du temps qu’il a accordé à ma recherche et de la générosité avec

laquelle il a répondu.

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Léonard de Vinci, Albert Einstein, Auguste Rodin, George Patton, Napoléon, Steven

Spielberg …la dyslexie, un handicap ou un don ?

Cette réflexion sur le devenir professionnel des personnes dyslexiques s’inscrit dans le

cadre de mes études pour devenir conseillère en insertion et orientation professionnelle. Elle

me tient d'autant plus à coeur que je suis maman d'un garçon dyslexique de 12 ans.

Avec cette étude, mon premier objectif est de mieux accompagner toutes les personnes

que je rencontrerai dans mon métier. Je me suis donc documentée afin de mieux comprendre

ce qu’est la dyslexie. Celle-ci fait l’objet d’études pluridisciplinaires : neurosciences,

orthophonie, pédagogie, psychologie, linguistique …Il m’était évidemment impossible de

rendre compte de toute la recherche ; ce n’est pas en spécialiste que je fais mes choix : je me

fonde sur des lectures forcément partielles. Ce travail est donc sélectif, je me suis appuyée sur

ce qui faisait le plus sens pour moi en tâchant d’être la plus objective possible.

Un deuxième objectif est d’aider rapidement et simplement toute personne concernée

(parents, éducateurs, dyslexiques, …) en leur proposant des pistes et des entrées.

Enfin et surtout, mon dernier objectif est de participer au changement de regard sur les

personnes dyslexiques, en mettant notamment en lumière les talents qu’ils peuvent avoir.

Bien qu’ils s’agissent d’un sujet concernant des adultes, il sera également question de

leur enfance car beaucoup de choses se construisent à cette période et le devenir professionnel

peut se penser très tôt.

Page 13: Réflexions sur le devenir professionnel des personnes dyslexiques

13

Dyslexie est un mot d'origine grecque : le préfixe "dys" signifiant "difficulté", et,

"lexie" signifiant "mot ». La Fédération Mondiale de Neurologie (F.M.N.) la définit comme

un trouble développemental1 de l’acquisition du langage écrit, « trouble qui se manifeste par

une difficulté durable dans l’apprentissage de la lecture en dépit d’un enseignement normal,

d’une intelligence appropriée, de conditions socioculturelles satisfaisantes ». L’Organisation

Mondiale de la Santé (O.M.S.) complète en précisant « un trouble spécifique, durable et

persistant chez l’enfant…et indemne de troubles sensoriels et de troubles psychologiques

préexistants».

De nos jours la dyslexie concerne environ 5% à 8% de la population française, trois

garçons pour une fille, et davantage les gauchers. Elle est reconnue comme un handicap qui

est d’autant plus complexe que, selon le type de symptômes et leur degré de sévérité

diagnostiqués, plusieurs formes de dyslexies sont identifiées.

Etant donné la place du langage écrit dans l'acquisition des savoirs et dans le

fonctionnement de nos sociétés, le sujet dyslexique est un être en souffrance.

De plus, l’accès à de nombreux métiers est souvent lié à la réussite scolaire. Il y a là

non seulement une injustice pour ces personnes dont les capacités intellectuelles sont

normales voire même supérieures à la moyenne, mais également un défi pour la société et les

médiateurs d’aider chacun à trouver sa juste place.

Comme le souligne le Dr Habib2,« Les éléments déficitaires des dyslexiques ont été

plus étudiés que leurs aptitudes particulières : il existe là un champ pratiquement inexploré

qui pourrait s’avérer très important pour une meilleure compréhension de l’organisation

cérébrale du dyslexique et pour améliorer sa prise en charge et aider à son orientation scolaire

et professionnelle. »

Les adultes dyslexiques se souviennent de leurs années de scolarité, des années plus ou

moins douloureuses pouvant même aller jusqu’à l’échec scolaire. Certains ont pu être mal

orientés : par manque de liberté de choix, leurs métiers ne correspondent pas toujours à leurs

souhaits ni à leurs capacités, mais ils ont su s’adapter. D’autres évoluent dans le secteur qu’ils

aiment et, malgré les obstacles, réussissent leur vie professionnelle, c’est-à-dire travaillent

avec plaisir et se montrent performants dans la voie choisie.

1 Qui se révèle au cours du développement de la personne tout en faisant partie d’elle depuis toujours

(intrinsèque), a contrario de la dyslexie dite « acquise » lors d’une lésion cérébrale. 2 HABIB Dr (Michel), 1997, Le cerveau singulier, Solal.

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Je cherche à comprendre les facteurs de réussite : Quels sont leurs domaines de

réussite ? Peut-on faciliter la réussite professionnelle d’une personne dyslexique ? Quelles

propositions, alors, peut-on faire pour améliorer la procédure d’orientation professionnelle ?

Ont-ils des points communs, des talents et des compétences propres, des stratégies de

compensation développées grâce et/ou à cause de leur dyslexie ?

Je cherche à savoir si ces profils particuliers permettraient de dégager des secteurs où

ils seraient particulièrement heureux et performants, ou bien, même, si finalement, toutes les

voies professionnelles ne leur seraient pas ouvertes. En partant par exemple des personnes

dyslexiques célèbres ou inconnues qui montrent leur performance dans leur parcours

professionnel, nous pouvons peut-être extraire d’éventuelles similitudes d’appropriation,

d’intégration des apprentissages et d’identification des aptitudes ressources. Serait-il possible

d’identifier un tronc de fonctionnement commun, et de les rapprocher de certains secteurs

professionnels ou de les transposer à tous les métiers ?

Plusieurs hypothèses peuvent être ainsi posées :

Malgré des difficultés sur le plan scolaire, les dyslexiques ont des ressources qui

peuvent assurer la réussite de leur insertion professionnelle. (Hypothèse A)

Différentes formes de soutien de l’environnement sont nécessaires pour aider à

l’enrichissement de leurs ressources et accompagner la motivation. (Hypothèse B)

Si ces ressources sont à l’origine de profils de compétences, elles vont orienter la

personne dyslexique vers certains secteurs professionnels. (Hypothèse C)

Afin d’étayer ces hypothèses, nous nous intéresserons tout d’abord, aux conclusions

de la recherche concernant la dyslexie. En partant de recherches bibliographiques nous

verrons comment la Recherche définit les symptômes de ce handicap, en attribue les causes et

influe sur la prise en charge. Puis, dans une deuxième partie, nous confronterons nos

hypothèses à l’analyse de témoignages d’adultes. Enfin nous pourrons alors proposer des

conclusions pour l’accompagnement de la personne dyslexique.

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L’accompagnement des personnes dyslexiques est un parcours dans la durée ayant

pour objectif d’aider chacun à surmonter son handicap en trouvant des voies cognitives

différentes. Comment mieux comprendre les symptômes et les causes de chaque dyslexie afin

que la personne trouve ses propres voies de compensation, tel est l’enjeu de la prise en charge.

Nous verrons tout d’abord les troubles et les richesses que revêt la dyslexie, puis nous

présenterons les causes trouvées par les chercheurs, et enfin nous montrerons la nécessité

d’une prise en charge globale du sujet dyslexique tout en mettant l’accent sur le rôle

incontournable de l‘orthophoniste.

I. LA DYSLEXIE : DES TROUBLES ET DES RICHESSES

1.1. Les troubles spécifiques de la dyslexie

1.1.1 Le déficit phonologique, au cœur des difficultés du dyslexique

De nombreuses études ont démontré que les personnes dyslexiques souffrent d'un

manque de conscience phonologique, capacité à diviser un mot en syllabes et la syllabe en

phonèmes (sons). Or, cette conscience des sons est un préalable obligatoire à l'apprentissage

de la lecture.

� Logiciel permettant une restitution vocale des textes. Voir « Adresses utiles » p 130

Page 17: Réflexions sur le devenir professionnel des personnes dyslexiques

17

Le Schéma du Docteur Habib1, exposé ci-dessous, montre le mécanisme normal de la

lecture :

Les personnes dyslexiques ont du mal à lire par assemblage, c'est-à-dire que la

conversion graphème (la lettre) / phonème est laborieuse. La médiation phonologique ne

s'automatise pas. Il en est de même pour l’écrit.

Par exemple, pour écrire «Il est sur un petit voilier de dix mètres. C’est pour voir la

nature de l’océan. », Thibaud, en CE2, transcrira :

Du fait de cette difficulté, il utilise la voie la plus facile pour lui qui est l'adressage,

système de reconnaissance globale immédiate du mot qui permet à un lexique visuel interne

de se constituer.

1 Docteur Michel Habib : Neurologue des hôpitaux de Marseille, enseignant en neurologie et en neuro-

sciences à l'Université d'Aix-Marseille, Rédacteur en Chef de la Revue de Neuropsychologie.

Page 18: Réflexions sur le devenir professionnel des personnes dyslexiques

18

La lecture faisant appel à une mobilisation des mots stockés en mémoire ; elle est un

phénomène de va-et-vient entre les données visuelles et des données cognitives. Le « normo-

lecteur » jongle entre les deux méthodes, alors que le dyslexique procèdera naturellement par

adressage. La lecture ne peut donc s'automatiser car, ne pas maîtriser suffisamment la

conscience phonologique rend incapable de distinguer les différents sons qui composent les

syllabes ou les mots parlés (difficulté à segmenter, à dénombrer, à comparer, à remplacer et à

éliminer des phonèmes).

Mais les troubles de la lecture ne sont jamais isolés. Des troubles de l’écriture sont

souvent superposables, et la calligraphie est généralement défectueuse.

1.1.2. Un déficit de la mémoire à court terme (MCT) et de la mémoire à

long terme (MLT)

Le sujet dyslexique connaît des difficultés à mémoriser dès que la mémoire à court

terme est sollicitée. La mémoire à court terme est aussi appelée mémoire de travail en raison

de son utilisation dans de nombreuses activités telles que la lecture, le raisonnement et la

résolution de problèmes. En conséquence il n'arrive pas à accéder automatiquement à son

lexique interne, pour évoquer la représentation graphique du mot et la ramener en mémoire

immédiate. Alors, écrire, lire, copier (recherche des règles d'orthographe, de grammaire),

calculer (retrouver les tables de multiplication...), s’exprimer oralement avec précision,

deviennent laborieux pour lui. Par exemple, il est courant qu'après avoir longtemps travaillé

pour apprendre une leçon, réinterrogé plus tard, il ne sache plus la retrouver. Ceci est très

déconcertant non seulement pour la personne mais également pour son entourage car, selon

les moments, il donnera ou ne donnera pas la bonne réponse. Pour cette même raison, il lui est

difficile de retenir plusieurs consignes à la fois.

Les informations recueillies par les perceptions auditives et visuelles sont stockées par

la mémoire à long terme dans les lexiques phonologiques et visuels. Or, selon le type de

dyslexie, les perceptions sont perturbées.

Page 19: Réflexions sur le devenir professionnel des personnes dyslexiques

19

1.1.3 Un déficit de l'organisation spatiale

Il peut confondre longtemps la gauche et la droite. Les notions haut-bas, en avant et en

arrière peuvent être confuses. C'est pourquoi, lorsqu'il lit un texte, il se perd facilement au

bout de la ligne. Par ailleurs, il peut avoir du mal à se repérer dans l'espace, à retrouver son

chemin ... En dépit de ces difficultés, les personnes dyslexiques sont souvent douées en

dessin, qu'ils s'agissent de dessins artistiques ou techniques, plans d'architecte …

1.1.4 Un déficit de repères dans le temps

Il peut connaître des difficultés dans la gestion du temps : il lui est pénible d’utiliser

un agenda, de se repérer dans les jours, les mois, les années et de rendre un devoir dans le

temps qui lui est imparti. Souvent, en 6ème, l'enfant dyslexique ne sait pas lire l'heure. Il a une

« horloge interne » qui n'est pas très fiable1. Il a également du mal à se repérer en Histoire.

1.2 Des signes qui accompagnent la dyslexie

1.2.1 Une pensée en images plutôt qu'en mots

« Le dyslexique réfléchit de manière non-verbale : il pense avant tout en images et a

peu de monologue interne…D’où ses difficultés quand le sens des mots ne peut être mis en

images». Ron Davis, dans son livre «Le don de dyslexie», liste 200 mots déclencheurs pour

lesquels il n’y a pas d’images mentales possible (par exemple : le, la, autant, sans, temps...).

Or, il est impossible pour quelqu’un qui fonctionne de manière non-verbale de réfléchir à

l’aide de mots dont le sens ne peut être mis en image. En effet, pendant la lecture d’une

phrase, dès que le processus de construction de l’image est interrompu, la personne éprouve

un sentiment de confusion parce que la scène qu’elle est en train de concevoir devient

incohérente. Il finit par atteindre un seuil de confusion et se sent désorienté par rapport à son

environnement.

1.2.2 La désorientation

Ron Davis décrit les symptômes de la désorientation, tels que le sentiment de vertige,

les maux au ventre, les lettres et les mots qui tournoient sur la page2.

1 Bulletin Hors-série N°2 d'APEDA FRANCE, Octobre 2005, p.15 2 Voir Annexe A

Page 20: Réflexions sur le devenir professionnel des personnes dyslexiques

20

1.2.3 Une lenteur, une fatigabilité et une difficulté de concentration

Pour la lecture, l’écriture et l’orthographe, l'enfant dyslexique doit fournir un tel effort

de concentration, dépenser une telle énergie qu'il sature, fatigue et se déconcentre. Par

exemple, la copie est un exercice particulièrement difficile car elle suppose une lecture

correcte, une mémorisation et une transcription. Alors que les autres élèves réalisent déjà

l'exercice copié, l'enfant dyslexique, après avoir écrit lettre par lettre, essaiera de lire et de

comprendre l'énoncé qu' il a mal copié ! Cette identification déficiente se répercute sur la

compréhension écrite alors qu'en général la compréhension orale des dyslexiques est d'un bon

niveau.

Par ailleurs, d'autres troubles sont plus ou moins associés : trouble du graphisme, du calcul et

en particulier de l'évocation des chiffres, ainsi que des troubles de l'attention.

Le schéma1 ci-dessous résume les difficultés d’apprentissages des personnes dyslexiques :

1.3 Les qualités des dyslexiques

1.3.1 Une intuition très développée

Selon la définition du Petit Robert, «elle est une forme de reconnaissance immédiate qui

ne recourt pas au raisonnement». Ils prennent conscience d’indices qui viennent à la

conscience au moment où on en a besoin, notamment dans les ressources humaines.

1 Bulletin Hors-série N°2 d'APEDA FRANCE, Octobre 2005, p.10

Page 21: Réflexions sur le devenir professionnel des personnes dyslexiques

21

1.3.2 Maîtrise mentale de l'espace

Leur mode de pensée en images favorise cette maîtrise multi-dimensionnelle.

Comme le souligne le Docteur Habib1, «Les dyslexiques auraient des aptitudes de perception

et d'attention spatiales supérieures à celles de non-dyslexiques. Ils obtiennent des

performances au-dessus de la moyenne à des épreuves consistant à manipuler l'espace. Par

exemple, les épreuves de rotation mentale où il s'agit de reconstituer mentalement en trois

dimensions un cube mis à plat. ». Ils bricolent, démontent des appareils électroniques et

engins de toutes sortes. Par exemple, certains arrivent « naturellement » à remonter

entièrement une mobylette sans l’aide de plan.

1.3.3 La curiosité

Les dyslexiques ont tendance à se montrer plus curieux que la moyenne des gens dès leur

plus jeune âge. Leur conscience est en éveil et embrasse tout l’environnement. Entouré de

stimuli, si l’enfant n’est pas intéressé par ce qui lui est dit, il s’ennuie, et part dans

l’imaginaire ou porte son attention sur ce qui l'entoure et le captive le plus.

Comme le précise Rebecca Duvillié dans son livre2 « la curiosité est une graine qu’il

faut faire pousser. Elle est à la racine de la connaissance. Sans elle, pas de savoir ! La

curiosité est une force dynamique… et également source de créativité. »

1.3.4 Une imagination et une créativité très vives

Elle permet de concevoir et de donner naissance à des choses qui n'existaient pas.

Pour Ron Davis, « les personnes qui fonctionnent de manière non-verbale sont créatives...et

leur créativité est accrue par la pensée en images, la pensée intuitive, la pensée multi-

dimensionnelle et la curiosité3 ». Ron Davis explique ainsi leurs dons pour «les arts, le

théâtre, la musique, les sports, la mécanique, l’art du conte, le business, les affaires, le design,

la construction ou les métiers d’ingénieur4».

C’est la raison pour laquelle on rencontre parmi eux des inventeurs (Leonard de Vinci,

Thomas Edison), des écrivains (Gustave Flaubert, Agatha Christie, Hans Christian

1 Article sur le site : www.orthophonie.fr 2 Petit dyslexique deviendra grand, 2004, Marabout, 234p. Rebecca Duvillié, psychologue scolaire en zone d’éducation prioritaire et thérapeute au centre Pluralis à

Paris. 3 « Le don de dyslexie » p. 85 4 www.dyslexia.com : les 37 signes révélateurs de la dyslexie

Page 22: Réflexions sur le devenir professionnel des personnes dyslexiques

22

Andersen1), des artistes (Michel Ange, Auguste Rodin), des scientifiques (Thomas Edison,

Einstein), des créateurs (Walt Disney, Steven Spielberg), des acteurs (Marlon Brando, Tom

Cruise, Depardieu), etc.

A la fois composée de troubles et de richesses, la dyslexie est pleine de paradoxes qui

ont amené depuis plus d'un siècle les chercheurs du monde entier à l'étudier.

1 Celui-ci présentait à son éditeur des manuscrits témoignant de ses troubles de l’écrit.

Page 23: Réflexions sur le devenir professionnel des personnes dyslexiques

23

II LA RECHERCHE PRECISE LES CAUSES DE LA DYSLEXIE

L'un des premiers à avoir décrit un cas d’enfant dyslexique est le médecin anglais W.

Pringle-Morgan en 1896. Il développa la théorie de cécité congénitale spécifique aux mots.

Son hypothèse se basait sur l’idée que la dyslexie était un simple trouble visuel, d’où

l’inversion des lettres.

Dès le début du XXème siècle, les recherches commencent principalement aux USA

et en Europe. En 1948, lorsque les études d'orthophonie sont créées en France, elles incluent

tout naturellement la rééducation de la dyslexie.

Autour des années 70, le renouveau des études est dû à l'émergence de disciplines

telles que la psychologie cognitive et les neurosciences, dont le but est de comprendre les

liens entre le cerveau et les fonctions mentales (le langage, la mémoire, l'attention, la

lecture...). L'équipe américaine d'Albert Galaburda et de Norman Geschwind a établi en 1979

que la lecture n'était pas simplement une activité visuelle, mais avant tout une activité

langagière. Ils ont mis en évidence que le cerveau des dyslexiques présentait des déficiences

spécifiques dans les zones de langage.

2.1. Hypothèse cérébrale : « un cerveau extra-ordinaire »1

Dès la 2ème moitié du XIXè siècle, l'équipe de Paul Broca en France (1865) et de Carl

Wernicke en Allemagne (1874) établissent que le fonctionnement du langage dépend de zones

spécifiques de l'hémisphère gauche du cerveau. En effet, le cerveau humain est constitué de

deux hémisphères reliés par le corps calleux, pont de substance blanche. Ils fonctionnent de

façon différentes : le gauche contient tous les centres et circuits spécialisés dans le langage, le

droit contient les circuits permettant la perception spatio-visuelle.

En 1979, les recherches du Neurologue américain Albert Galaburda sur des cerveaux

de patients dyslexiques décédés montrent une anomalie cérébrale.

Le Docteur Habib a constaté que les dyslexiques ont une structure cérébrale unique

ayant un hémisphère droit plus grand que la normale, et une augmentation du corps calleux.

Cela pourrait expliquer leurs talents pour la musique, les arts, les sports, la visualisation

tridimensionnelle, la mécanique, la créativité, l'intuition dans les ressources humaines. De

1 « Le cerveau singulier », Solal, 1997

Page 24: Réflexions sur le devenir professionnel des personnes dyslexiques

24

plus, ses travaux1 signalent les zones du langage dans l’hémisphère gauche comme

déficitaires2 avec des « connexions inhabituelles » : les neurones ne sont pas ordonnés aussi

précisément que dans le cas de cerveaux non-dyslexiques. En effet, l'imagerie structurale

(IRM), qui examine les détails anatomiques, montre une concentration anormale de plusieurs

millions de cellules en excès, réalisant de véritables ectopies neuronales3 à la surface du

cortex. Cette anomalie serait responsable de la dyslexie : en désorganisant les connexions au

sein du cortex, ces petits agrégats entraîneraient des troubles de la lecture et de l’écriture. Leur

importance en millions serait proportionnelle à l’importance de leur trouble. On ne sait pas

encore pour quelle raison un cerveau peut contenir des millions de neurones en plus, mais une

hypothèse possible est qu’au cours du développement du fœtus, la destruction de cellules qui

est un phénomène naturel, ne se serait pas produite.

De plus, l’IRM révèle une trop faible activité de ces zones qui font partie du «réseau

de la lecture», à la fois siège des représentations phonologiques, du maintien des mots dans la

mémoire à court terme, et du stockage des représentations orthographiques dans le lexique,

vaste système cérébral oeuvrant quand on déchiffre un texte. On peut donc supposer que les

personnes dyslexiques, qui ne font pas fonctionner cette partie la plus efficace du cerveau au

cours de la lecture et de l’écriture, développent des mécanismes de compensation pour pallier

leurs difficultés. D'après ce courant de recherche, la dyslexie découle d'une différence

neurologique, c'est-à-dire d'un fonctionnement différent du cerveau.

2.2. L’hypothèse génétique

2.2.1. Une récurrence familiale

A partir de la seconde moitié des années 80, plusieurs équipes de recherche ont étudié

la composante génétique de la dyslexie. Par exemple, le psychologue américain John DeFries

a observé que lorsqu’un jumeau monozygote (ayant le même patrimoine génétique que son

frère) est dyslexique, la probabilité que l’autre le soit également est de 70%. En revanche, la

probabilité n’est plus que de 45% pour les jumeaux dizygotes. Un constat qui prouverait que

les gènes jouent un rôle dans la genèse de la dyslexie. En tout cas, on constate une récurrence

familiale4.

1 « Le cerveau singulier », Solal, 1997 2 Revue Sciences Humaines N°134, p.18 3 Une ectopie : il s'agit d'un amas de cellules et de neurones qui, au cours du développement embryonnaire,

n'ont pas migré correctement. 4 Revue Cerveau & Psychologie, N° 12

Page 25: Réflexions sur le devenir professionnel des personnes dyslexiques

25

2.2.2. Une mosaïque de gènes participant à la migration neuronale

En 2003, le généticien finlandais Mikko Taipale a identifié le gène DYX1C1 sur le

chromosome 15. Ce gène remplirait apparemment une fonction déterminante dans la

migration des neurones vers les différentes couches du cortex chez le foetus en

développement. Pour autant, les mutations de ce gène ne s'observent que chez certains

dyslexiques. Récemment, trois autres gènes participant à la migration neuronale ont été

découverts. Si bien qu'il faut s'attendre à ce qu'il y ait une mosaïque de gènes de la dyslexie.

2.3. L'hypothèse environnementale

La dyslexie existe partout où les langues sont construites à partir de signes

représentant des sons. Selon sa langue maternelle, l'enfant dyslexique aura plus ou moins des

difficultés d'apprentissage. Par exemple, en anglais, il existe 1120 combinaisons de

graphèmes pour représenter 40 phonèmes, en français, 190 graphèmes environ pour 35

phonèmes, alors qu'en italien, 33 graphèmes suffisent à représenter 25 phonèmes. Il est donc

plus ou moins facile d'effectuer les conversions grapho-phonémiques selon les langues.

En 2001 l’équipe du Professeur Eraldo Paulesu1, a montré qu’à trouble biologique

égal, les symptômes de la dyslexie sont plus graves quand l’orthographe de la langue est

irrégulière.

Franck RAMUS (chargé de recherche au C.N.R.S., laboratoire de sciences cognitives

et psycholinguistiques) a défini, à l’aide d’un graphique, un cadre général qui permet de

formuler les hypothèses sur la dyslexie et de comprendre les interactions entre ces différentes

hypothèses.

1 Professeur de Neurologie à l’Université de Biacocca à Milan

Page 26: Réflexions sur le devenir professionnel des personnes dyslexiques

26

Figure 1 : Modélisation causale de la dyslexie développementale. L’objectif des

recherches est de préciser l’enchaînement des causes génétiques, cérébrales, cognitives et

environnementales qui conduisent aux manifestations comportementales de la dyslexie.

2.4. L'hypothèse d'une difficulté oculomotrice

Les dyslexiques éprouvent une grande fatigue et une grande lenteur à lire. Il leur

arrive de se plaindre que les lettres bougent et qu'elles sont floues lorsqu'ils tentent de les lire.

Par ailleurs, ils peuvent également ressentir des vertiges, des nausées, des problèmes de

repères dans l'espace1….

La lecture commence par la vision et exige une motricité oculaire complexe, avec des

mouvements de saccades (pour positionner les yeux sur le mot) et des mouvements de

vergence (pour mettre au point). Depuis plus de 20 ans, le Professeur da Silva, chef du service

d'ophtalmologie de l'hôpital de Lisbonne, effectue des recherches, reprises par un certain

nombre de professionnels américains et français, dont le Docteur Quercia, qui mettent en

évidence que le dyslexique présente des limites oculomotrices entravant la qualité de la

vision. Concrètement il présente des difficultés de convergence et de divergence lui 1 Voir Annexe B : questionnaire sur les symptômes de la personne dyslexique posé aux patients du Dr Quercia

(à comparer avec celle Ron Davis en annexe A)

Page 27: Réflexions sur le devenir professionnel des personnes dyslexiques

27

demandant un effort d'attention soutenu pendant la lecture qui le fatigue. Les travaux en 1987

de l'équipe de John Stein aux USA ont montré que 75% des enfants dyslexiques présentent

ces dysfonctionnements, qui peuvent passer inaperçus lors d'un examen visuel standard, et

demandent donc un examen spécifique.

Toutes ces recherches prouvent que ces problèmes de muscles oculaires entraînent

non seulement des difficultés de lecture, mais présentent également des troubles de la

proprioception, sorte de « 6ème sens » grâce auquel nous avons conscience de notre posture1.

Or les muscles oculaires jouent sur l'équilibre de la personne, ses repères dans l'espace....et

donc également sur sa croissance ! Nos yeux jouent un rôle majeur au sein du système

proprioceptif. D'où l'idée, en cas de déficience de cette mécanique interne, de la corriger par

une relaxation des muscles oculomoteurs et ce, par un ensemble de remédiation : le port de

lunettes à verres prismatiques, des semelles orthopédiques et quinze minutes quotidiennes

d’exercices posturaux.

2.5. L’hypothèse auditive

« Alfred A. Tomatis2, oto-rhino-laryngologiste, fut le premier à observer, vers 1950, que

« nous chantons grâce à nos oreilles », après avoir noté des distorsions dans la voix de

travailleurs d'usine ayant une perte d'audition, et une perte auditive chez les chanteurs d'opéra

ayant des troubles de la voix. Ce phénomène fut ensuite vérifié scientifiquement et nommé

« effet Tomatis ».

Ce fut le point de départ d'une longue série d'observations cliniques qui amenèrent

Tomatis à redéfinir notre compréhension de l'oreille et de son influence non seulement sur la

voix, mais aussi sur le développement du langage, de la communication, de la capacité

d'attention, de la langue écrite et de la facilité d'apprentissage.

La méthode Tomatis est utilisée traditionnellement par des gens faisant une utilisation

intensive de leur voix dans un contexte professionnel (chanteurs, acteurs, enseignants,

thérapeutes) afin de développer et d’approfondir leur voix sans fatigue. Cependant, cette

méthode est surtout utilisée auprès d'enfants ayant des difficultés de communication et

d'apprentissage (dyslexie, trouble de déficit de l'attention, troubles évasifs du développement,

1 Article Le Monde du 8 novembre 2006, Catherine Vincent. 2 Alfred Tomatis (1920-2001) était docteur en médecine de la Faculté de Paris, oto-rhino-laryngologue et

spécialiste des troubles de I’audition et du langage. Auteur du livre « Education et dyslexie »

Page 28: Réflexions sur le devenir professionnel des personnes dyslexiques

28

autisme, désordre de l'intégration sensorielle, syndrome de Down et autres handicaps de retard

psychomoteur), dans le but d’actualiser leurs désirs d’écouter et, ainsi, optimiser leurs

capacités de communication.

Bien que quelques études aient été effectuées sur les effets de la méthode Tomatis

dans les années 1970 à 1980, les effets bénéfiques observés reposent majoritairement sur des

observations cliniques et des expériences personnelles. Aucune étude scientifique bien

contrôlée n’a été publiée à ce jour. Il n’y a donc aucune preuve démontrant l’efficacité de la

méthode Tomatis comme thérapie contre les troubles de communication et d’apprentissage.

Des études contrôlées adéquates sont donc nécessaires avant de recommander la méthode

Tomatis. »1

2.6. L'hypothèse psychologique

On a longtemps attribué les difficultés d'apprentissage de l'enfant dyslexique à un

défaut éducatif, alors qu'il existe des enfants dyslexiques dans tous les milieux sociaux et dans

toutes les écoles. On a également associé la dyslexie à des troubles psychologiques ou

affectifs (conflits familiaux, déménagements, décès d'un proche...). D'après les statistiques, 20

% des enfants français éprouvent des difficultés de lecture à l'entrée en classe de 6ème2. Or, la

définition de la dyslexie donnée par l'OMS et la Fédération Mondiale de Neurologie ne se

limite pas à des difficultés d'apprentissage de la lecture mais précise la notion de « difficulté

spécifique et durable ». Ainsi, il n'y aurait que 5% à 8% des enfants scolarisés qui

correspondraient à cette définition. Les problèmes d'ordre psychologique, s'il en a, sont une

conséquence de ce handicap, et non une cause. C'est pourquoi, «les troubles psychologiques

éventuellement présents dans la dyslexie sont aujourd'hui considérés comme secondaires aux

difficultés de lecture et d'écriture»3. Néanmoins, l'accompagnement psychologique peut

s'avérer nécessaire pour soulager les tensions et conflits, les sentiments de mal-être, de

dévalorisation, liés à cette frustration de ne pas réussir et ce, malgré de nombreux efforts et

une réelle intelligence. Béatrice Sauvaugeot et Jean Métellus brossent4 le portrait de ce que

peut vivre l’enfant dyslexique : « Il travaille plus que les autres avec tout ce que cela

comporte comme conséquences : fatigue, sentiment d’inutilité, moquerie, pas de récréations,

1 site internet : www.passeportsante.net 2 Revue Sciences humaines N°82, P.27 3 www.orthophonie.fr 4 Vive la dyslexie, p. 48

Page 29: Réflexions sur le devenir professionnel des personnes dyslexiques

29

de sorties scolaires, punitions. Souvent, il doit rester en classe pendant les récréations pour

terminer un travail. Il est toujours bien placé pour occuper la dernière place au classement de

la classe. Entre la fatigue due au surmenage, qui peut, d’ailleurs être facteur déprimant, et

l’ambiance scolaire et familiale, il est pris dans un cercle vicieux qui le maintient dans le repli

sur soi. »

L'évolution de la recherche, grâce aux nouvelles technologies, progresse rapidement.

Néanmoins, il faut rester prudent, car les découvertes n'en demeurent pas moins partielles.

Aujourd'hui, grâce à l'ensemble de ces recherches, le puzzle prend forme. Loin de se

contredire, ces recherches se complètent et les rendent plus cohérentes.

C'est en comprenant mieux la dyslexie sur les plans cognitif et physiologique que l'on

comprend la nécessité de mettre en place une prise en charge globale.

Page 30: Réflexions sur le devenir professionnel des personnes dyslexiques

30

III. LA PRISE EN CHARGE DU DYSLEXIQUE

3.1. Du dépistage au diagnostic : un réseau de professionnels

3.1.1. Le dépistage

La langue écrite ou orale permet l’accès au savoir et reste un besoin dans nos activités

quotidiennes. A moins d'avoir un suivi respectant le rythme de l'enfant, le système scolaire

français, fondé sur l'écrit et donc l’hémisphère gauche du cerveau, risque d'exclure ceux qui

ne lui correspondent pas. On comprend alors la nécessité d’appréhender le trouble de la

dyslexie le plus tôt possible afin d’éviter qu’il fasse souffrir.

Dès la maternelle et le CP, si un enfant montre des problèmes liés à l’écrit, à la

lecture, ou à des comportements, cela doit susciter des questionnements. En outre, d’après le

Rapport Ringard1 publié en 2001 permettant d’élaborer un plan national d’action pour les

enfants atteints d’un trouble spécifique du langage, l’école devrait alerter les parents dès la

moyenne et la grande section de maternelle si l’enfant présente des perturbations du langage

écrit, oral, des difficultés d’orientation ou des maladresses motrices. Le RASED (Réseau

d'Aide Spécialisée aux Elèves en Difficulté) est chargé notamment du repérage des fragilités

et de l’information des parents et de l’enseignant. Il revient au médecin traitant de prescrire

différents bilans afin d’établir un diagnostic.

La dyslexie étant un trouble spécifique du langage écrit, on ne pourra la diagnostiquer

réellement qu’après une difficulté persistante de lecture, soit vers l'âge de 7-8 ans (fin du

CE2). C’est en définitive un âge bien avancé car l’enfant souffrira déjà de troubles de

l'apprentissage. Pour les scientifiques, un décalage d’un an et demi ou deux ans par rapport au

niveau de lecture attendu, doit être observé pour parler de dyslexie.

3.1.2. Le diagnostic

En fonction du repérage des difficultés de l’enfant, différents examens médicaux

peuvent être demandés avant de pouvoir poser définitivement le diagnostic d’une dyslexie. Il

est alors essentiel de se limiter au strict nécessaire afin de respecter le rythme et la sensibilité

de l'enfant qui risque d’être effrayé par tant de tests.

� Un examen audiométrique chez l’ORL afin de s’assurer que l’enfant entende bien car

1 www.sante.gouv.fr

Page 31: Réflexions sur le devenir professionnel des personnes dyslexiques

31

souvent des otites répétitives ou un rhume peuvent déranger l’audition et par conséquent

engendrer une mauvaise prononciation et la confusion des sons.

� Un examen de la vue chez l’ophtalmologiste pour voir si l’enfant n’est pas sujet à un

déficit visuel qui l’empêcherait par exemple de déchiffrer correctement un texte.

� Un bilan chez l'orthoptiste pour vérifier notamment ses muscles oculomoteurs.

� Parfois, il est recommandé de passer un bilan psychomoteur pour observer le contrôle

tonique, la coordination des gestes, la motricité fine, la dominance latérale, le rythme, la

perception et l’organisation de l’espace, la graphomotricité (posture et tenue du crayon)...

� Vers 8 ans, l'enfant peut passer auprès d'un psychologue le WISC IV, test

psychométrique permettant notamment de confirmer la normalité de l'intelligence et

d’évaluer les troubles d’apprentissages.

� Le bilan orthophonique : il est réalisé sur prescription du médecin traitant.

l’orthophoniste écoute et recueille des informations concernant la vie de l'enfant et les

antécédents familiaux, puis lui fait passer des tests.

Ce bilan permet de poser un diagnostic, d'évaluer le type de TSALE (Trouble Spécifique

d’Apprentissage du Langage Ecrit) et son degré de sévérité :

• S’il s’agit d’un TSALE dit dysphonétique ou profond (dans la majorité des cas), il y a une

atteinte auditive, une difficulté à manipuler les sons du langage (confusion des sons

proches tels que b/d, ch/j f/v...), engendrant un déficit de la mémoire à long terme pour

retenir les sons et les structures grammaticales et une atteinte de la voie phonologique :

L’enfant reconnaît visuellement les mots familiers mais la conversion graphème /

phonème est impossible. Il ne sait pas lire par assemblage. Donc les mots nouveaux ne

sont pas lus. L’enfant essaie de deviner à partir de syllabes qu’il reconnaît isolement ou en

s’aidant du contexte. Son écriture est peu compréhensible. Il a des difficultés avec la voie

d'assemblage, et développe une stratégie par adressage.

• S’il s’agit d’un TSALE dit dyséidétique ou de surface, le cas le plus rare, il y a une atteinte

visuelle (confusion des lettres visuellement proches telles que b/d, u/n, ...) engendrant un

déficit de la mémoire à long terme visuelle et une atteinte de la voie lexicale (une

difficulté à la reconnaissance globale des mots même familiers). Ils ont alors une difficulté

à traiter l’image visuelle de la lettre et des mots écrits. L’enfant maîtrise la conversion

graphème / phonème mais les mots sont des suites de sons sans sens. Il a du mal à lire par

Page 32: Réflexions sur le devenir professionnel des personnes dyslexiques

32

adressage. La lecture reste donc possible mais elle est lente et laborieuse et le texte reste

incompris. La phase orthographique est impossible, l’enfant redécouvre le mot à chaque

lecture : il écrit phonétiquement.

• S’il s’agit d’un TSALE mixte : à la fois dysphonétique et de surface, avec une tendance

plus ou moins forte. La lecture par adressage et par assemblage est mauvaise. Il faut

privilégier l’approche kinesthésique, sensorielle.

A ce stade, l’orthophoniste conclut sur la nécessité d’entreprendre une rééducation en

fonction du type de dyslexie diagnostiquée.

Le diagnostic posé, le médecin informe dans un premier temps les parents, et les aide à

comprendre le handicap de leur enfant. Puis, il fait une ordonnance de rééducation. Souvent

l’enfant a une à deux séances par semaine chez l'orthophoniste selon le degré de sévérité du

trouble. Il est également intéressant de diversifier les étayages possibles au cas par cas.

Pour Françoise Estienne1, « le traitement prend la valeur d’un itinéraire ou d’un

voyage dont on prévoit les escales et le jour de l’arrivée à destination ».

Depuis le rapport Ringard, il y a une véritable prise de conscience de ces troubles

spécifiques d’apprentissage avec une volonté de plus en plus marquée de travailler ensemble :

parents, enseignants, enseignants spécialisés, orthophonistes, psychologues,

psychomotriciens..., comme le montre ci dessous le schéma de Ch. Egaud2 sur l'enfant

dyslexique à l'école élémentaire.

1 Orthophoniste et Professeur à l’Université catholique de Louvain, en Belgique. Auteur de divers ouvrages

sur l’examen et la rééducation du langage oral et écrit. 2 Bulletin Hors-série APEDA FRANCE, Octobre 2005, P.29

Page 33: Réflexions sur le devenir professionnel des personnes dyslexiques

33

La recherche permet de multiplier les types de remédiation (orthoptie, prismes,

auditive, …), tout en maintenant la rééducation orthophonique comme incontournable.

3.2. La rééducation orthophonique : un accompagnement

incontournable

3.2.1. Un point de vue professionnel : Témoignage recueilli lors d’un

entretien avec une orthophoniste en novembre 2006

� Quel est votre parcours et votre évolution ?

Avez-vous une spécialisation et pour quelles raisons ?

« L'orthophonie est un vaste métier qui touche différents types de patients et différents

troubles. En effet, l'orthophonie traite tous les troubles du langage ainsi que toutes les autres

formes de communication non-verbale, du petit enfant qui ne parvient pas à construire son

langage et sa parole à la personne âgée perturbée dans sa communication.

Parfois même, l’orthophoniste doit intervenir auprès d’enfants âgés de moins de 3 ans

ayant un handicap reconnu tel que la surdité, ou une anomalie génétique.

Les compétences de l'orthophoniste portent sur les actes de dépistage, les bilans, la

rééducation des troubles de la voix, l'éducation précoce et la rééducation des divers handicaps

du jeune enfant, la rééducation des troubles de l'articulation et de la parole, la rééducation des

troubles de la phonation, l'apprentissage de la lecture labiale (surdité), la démutisation

(surdités précoces), la rééducation du langage écrit (dyslexie, dysorthographie, dyscalculie,

dysgraphie), la rééducation de l'aphasie, de l'alexie, de l'acalculie, de l'agraphie, la rééducation

de la déglutition, l'apprentissage de la voix oesophagienne, la rééducation du bégaiement et

enfin la rééducation tubaire.

Beaucoup de ces pathologies nécessitent une formation supplémentaire à celle initiale,

et une réelle connaissance de ses propres limites car, selon les cas, l'accompagnement peut

durer jusqu'à la fin de la vie du patient. (Ex: cas de sclérose latérale amyotrophique.)

Ma formation générale d'orthophoniste me permet d'accueillir la plupart des

patients.Par ailleurs, j’ai suivi une formation psychanalytique afin de mieux accompagner les

personnes - j’ai réalisé une analyse personnelle, travaillé en psychiatrie infantile, suivi des

séminaires, des journées d'études-. Les pratiques et les besoins évoluant, il est nécessaire de

Page 34: Réflexions sur le devenir professionnel des personnes dyslexiques

34

continuer à se former par des lectures, conférences, formations spécifiques...c'est pourquoi, en

réponse aux besoins de certains enfants, je me suis également formée aux traitements de la

dyscalculie. L'absence de formation initiale sur les mathématiques pendant mes études et mon

goût personnel pour cette matière m'ont amenée à suivre une formation professionnelle

pendant une année les week-end. »

� Quels sont les objectifs de votre métier dans le cas d'une dyslexie ?

« Le cabinet de l'orthophoniste est un lieu en dehors de l'école qui accueille un enfant

et des parents en souffrance. Ici, pas de contrôles, ni de notes; chacun a le droit à l'erreur, sans

jugement, et progresse à son rythme. J’accueille des enfants qui viennent suite à des échecs

scolaires.

Le bilan constitue une étape essentielle : il est avant tout une rencontre avec l'enfant. Il

faut regarder tout ce qui est positif et acquis, avant de repérer les difficultés spécifiques.

L'enfant doit se sentir en confiance.

Il peut être orienté vers moi parfois par l'institutrice, ou les parents, ou le médecin

traitant ou bien encore le médecin scolaire qui décèle des difficultés permettant ainsi une prise

en charge précoce, si le diagnostic confirme les problèmes de l'enfant.

Néanmoins, il arrive que le bilan permette de révéler un blocage ponctuel et non pas

de réels problèmes d'apprentissage. Dans ce cas, je peux donner des conseils aux parents sans

pour autant proposer une rééducation.

En tant qu'orthophoniste, je me considère plus comme une thérapeute que comme un

rééducatrice. En effet, il ne s'agit pas seulement de « réparer quelque chose qui ne fonctionne

pas ou mal », mais d'en déterminer les causes. Afin d'effectuer une remédiation, il faut d'abord

permettre à l'enfant d'exprimer son ressenti par rapport à ce qu'il vit à l'école et avec sa

famille. Comprendre ses attitudes de refus, d'oppositions, de passivité, ses intérêts,...le mettre

en confiance. Par exemple, un enfant qui confond le «F» et le «V» a besoin d'un travail auditif

et visuel. Or, si l'enfant se bloque, il faudra alors au préalable l'amener à réinvestir la lecture

avant d'entamer une rééducation plus pointue.

L'enfant a un rôle actif majeur dans ses progrès. Il doit se sentir concerné et accepter

de s'engager pour pouvoir progresser car l'orthophoniste ne peut faire le travail seul. Je veille

à démarrer un travail à partir de là où l'enfant est en réussite, afin de le valoriser. »

� Pensez-vous qu'il existe dans votre métier des rôles de médiation ?

Page 35: Réflexions sur le devenir professionnel des personnes dyslexiques

35

- Entre l'enfant et les professionnels :

« L’orthophoniste est tenu d'adresser un compte-rendu écrit du bilan au médecin prescripteur.

Les comptes-rendus écrits sont donnés aux médecins prescripteurs du bilan.

Malheureusement, il existe peu de retour.

Je prends contact avec l'école si nécessaire, avec l'accord des parents et de l'enfant.

Dans ce cas, un dialogue est préférable à un document écrit. L'échange est souvent fructueux

car l'enfant se comporte différemment dans un groupe. Il s'agit d'un véritable travail de

collaboration. Cela permettra ainsi une meilleure prise en charge de l'enfant en classe par des

explications précises de ses difficultés, une meilleure connaissance de l'enfant par la

perception qu'en a l'instituteur, notamment dans ses attitudes en classe et avec ses amis. »

- Entre l'enfant et sa famille :

« Expliquer les difficultés de l'enfant aux parents change leurs relations : leur apporter un

diagnostic de dyslexie modifie leur regard (par exemple, ne plus considérer leur enfant

comme un paresseux), et ainsi améliore les relations familiales. »

- Entre l'enfant et le savoir :

« La connaissance de l'enfant sur sa propre histoire a un lien direct avec son accès au savoir.

En effet, des non-dits, des secrets familiaux peuvent entraîner des difficultés d'apprentissages.

L'orthophoniste devra donc être à l'écoute pour discerner les causes des blocages

d'apprentissages et proposer si nécessaire une psychothérapie. »

� Comment définiriez-vous la dyslexie ?

« La notion de dyslexie est large et complexe car elle implique beaucoup de données.

Elle va du simple trouble, si elle est légère, au handicap quand la scolarité est réellement

perturbée. La dyslexie est un trouble spécifique de l'apprentissage de la lecture.

On distingue :

- les dyslexie dysphonétique (atteinte de la voie lexicale)

- les dyslexies mixtes

Elle peut être isolée ou associée à une dysorthographie (le plus souvent), un retard de parole

et de langage, une dyscalculie, une dysgraphie.

La dyslexie est profondément liée à l'histoire personnelle de l'enfant, à sa relation avec

l'instituteur, et plus largement à sa relation à l'école.

Page 36: Réflexions sur le devenir professionnel des personnes dyslexiques

36

Il faut veiller à ne pas enfermer l'enfant sous l'étiquette « dyslexique ». J’évite de

l'employer afin de préserver l'enfant, et de mettre en valeur toutes ses richesses.

Il existe plusieurs hypothèses de recherche sur les causes de la dyslexie. Actuellement,

des recherches sont en cours pour déterminer les facteurs génétiques mais ce ne sont pas les

seuls en jeu : il y a aussi les facteurs environnementaux (milieux sociaux, méthode

d'apprentissage...) et des facteurs psychosociaux qui ne sont pas quantifiables. »

� Quels conseils donnez-vous pour accompagner un enfant dyslexique ?

Avez-vous trouvé un traitement efficace ?

Quels conseils donnez-vous aux parents et aux enseignants ?

« Il est difficile de répondre car chaque enfant est particulier; les progrès peuvent être

rapides ou lents selon chacun.

Il existe dorénavant l'obligation d'établir un bilan de renouvellement (après 50

séances) pour réévaluer l'enfant. Il est alors important de se poser la question de la pertinence

du maintien du suivi, en fonction du niveau de l'enfant, de sa motivation et de celle des

parents. L'orthophoniste demande toujours l'accord de l'adolescent.

Le sujet est délicat car se pose la question du transfert affectif de l'enfant. En effet,

cette prise en charge est avant tout une rencontre. Les orthophonistes ne sont pas

interchangeables. Lorsque l’enfant change d’orthophoniste - pour des raisons de

déménagement par exemple - il doit alors s’adapter à une nouvelle personne, à des nouvelles

méthodes de travail... . Dans ce cas, il est très important de préparer l'enfant à la séparation et

de créer un lien entre les deux professionnels. L'orthophoniste accompagne l'enfant, quitte à

espacer les rendez-vous quand ça va mieux, pour l'amener vers l'autonomie.

Afin de favoriser l'épanouissement de l'enfant et d'entretenir son envie d'apprendre,

l’orthophoniste peut donner des conseils concernant le choix des écoles et du collège. Avec

l'expérience, l’orthophoniste se crée un véritable réseau lui permettant d’orienter un enfant et

ses parents. »

3.2.2 Mise en place de stratégies de compensation adaptées

Chaque rééducation est adaptée à la personnalité et aux types de difficultés de

l’enfant. L’orthophoniste travaille sur les déficits repérés au cours de l’évaluation. Le but est

d’acquérir des mécanismes de compensation lui permettant d’évoluer. Nous pouvons utiliser

Page 37: Réflexions sur le devenir professionnel des personnes dyslexiques

37

la métaphore d’une boîte à outils particulièrement bien fournie dont dispose le sujet

dyslexique. Le problème pour lui est d’accéder à cette boite et ce, d’autant plus, que les

méthodes utilisées habituellement à l’école ne sont pas adaptées. L'orthophoniste joue le rôle

de guide. Ils élaborent ensemble des stratégies de compensation permettant à l'enfant d'utiliser

toute son intelligence, tous ses outils. L'enfant se sent d'autant plus soutenu, qu'il est

encouragé par ses progrès. L’orthophoniste contribue dans la majorité des cas à la poursuite

d’une scolarité normale. Il rétablit un niveau de lecture et d’écriture adéquat et aide l’enfant à

prendre confiance en ses capacités d’apprentissage. L’enfant doit retrouver une image positive

de lui-même. Vu l’importance de cette rééducation, l’orthophoniste évalue régulièrement sa

méthode pour être certain de son efficacité.

Le Docteur Habib conclut que « le domaine déficitaire doit être pris en charge de la

manière la plus performante possible. Il faut mettre en avant les qualités intactes, parfois

supérieures, de ce cerveau « extra-ordinaire» reconnu par la médecine mais pas encore par la

société. »

Page 38: Réflexions sur le devenir professionnel des personnes dyslexiques

38

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Page 39: Réflexions sur le devenir professionnel des personnes dyslexiques

39

Je vous présente les données recueillies auprès de dix-sept personnes. Il s’agit

d’analyser comment ces témoignages confirment mes hypothèses sur ma vision positive de la

dyslexie et ce, sans nier son caractère handicapant. J’ai trouvé un certain nombre de réponses

aux questions liées à l’individu et d’autres liées à son environnement.

Réfléchir sur les points communs des dyslexiques est une première étape qui me

semble intéressante car les ressources les plus faciles à mobiliser sont en chacun d’eux. Les

connaître est un atout, et ce d’autant plus qu’elles sont valorisantes.

Puis, une seconde étape consiste à prendre conscience de leur capacité à créer des

stratégies efficaces de compensation et apprendre à les nommer.

I. MISE EN PLACE DE LA METHODE

I.1. La grille de questions

J’ai recueilli les témoignages d’adultes dyslexiques ayant réussi leur insertion

professionnelle à partir d’une grille de questions semi-directives (précises mais ouvertes)

accompagnée d’une lettre de présentation1.

Au départ, j’ai mobilisé l’ensemble de mon réseau personnel via internet, espérant

toucher des personnes directement concernées, ou d’être mise en relation avec d’autres. En

passant par le web, je ne maîtrisais plus le trajet des questionnaires sur la toile. J’ai eu

l’heureuse surprise d’être en contact avec des personnes sans avoir trace du lien qui avait pu

nous rapprocher !

J’ai également contacté des professionnels qui ont parfois pu faire le lien avec des adultes

dyslexiques : orthophonistes, conseiller en CIO, consultant en cabinet privé d’orientation,

consultant en cabinet privé de ressources humaines, un ophtalmologiste, un collège spécialisé.

1 Annexe C

Page 40: Réflexions sur le devenir professionnel des personnes dyslexiques

40

J’ai aussi interrogé directement deux personnes : j’ai pris des notes qu’ils m’ont

confirmées à la relecture.

Pour les autres, j’ai utilisé la poste ou internet selon les demandes. Leurs auteurs ont

rempli les questionnaires directement soit sur ordinateur et retournés par mail, soit par écrit,

me les renvoyant alors par la poste. J’ai contacté en direct quelques uns pour des précisions et,

après relecture des questionnaires retravaillés, ils les ont validés.

Ainsi, dans le respect des règles de déontologie (confidentialité, anonymat, utilisation

à des fins de formation et de recherche), tous les questionnaires sont confirmés par les

auteurs.

I.2. Le public

L’échantillon est composé de 17 adultes dont 11 hommes et 6 femmes. Le panel est

âgé de 22 ans à 62 ans, et chaque personne a de l’expérience professionnelle. Leur dyslexie a

été diagnostiquée soit dès l’enfance, soit découverte à l’âge adulte. Il faut savoir que le

diagnostic n’était pas systématique, il y a seulement vingt-cinq ans.

L’étude mériterait d’être plus étendue pour une meilleure représentativité car

l’échantillon reste modeste. Néanmoins, le ratio Hommes / Femmes qui s’est dégagé

naturellement est tout de même révélateur de la prédominance du nombre d’hommes parmi la

population dyslexique.

A ma connaissance, compte tenu des témoignages, tous habitent en France et sont

français.

Les champs professionnels sont variés, dix sont cadres, deux ont un CAP, un a un

BEP, trois ont le niveau BAC, onze ont de BAC+3 à BAC +15.

Tous ces entretiens feront l’objet d’une analyse de contenu pour faire sortir des

catégories significatives en réponse à mes questions.

Page 41: Réflexions sur le devenir professionnel des personnes dyslexiques

41

II. PRESENTATION DE DEUX TEMOIGNAGES ET DE

LEUR ANALYSE

II.1. Un homme, Michel, 31 ans, Conseiller en insertion

socioprofessionnelle en Mission Locale

2.1.1 Questionnaire

Q1) ÊTES-VOUS : Un homme X ou une femme

Q2) QUEL AGE AVEZ-VOUS ? 31 ans

Q3) ÊTES-VOUS : Gaucher X ou Droitier

Q4) QUEL METIER EXERCEZ-VOUS ?

Conseiller technique en insertion socio professionnelle en Mission Locale

Q5) COMMENT S'EST PASSEE VOTRE SCOLARITE ?

En primaire :

Elève moyen avec de grosses difficultés en français.

Au collège :

Elève très moyen avec difficultés en français, anglais et espagnol.

Redoublement de la troisième.

Après la troisième direction lycée professionnel pour CAP BEP.

Au lycée :

En CAP BEP élève très bon avec 18 de moyenne. Puis élève Bon en 1ère Adaptation et

Terminale. En BTS électrotechnique, élève moyen du à la difficulté des cours mais le

professionnel rattrapait les enseignements généraux.

Avez-vous redoublé ? Quelles classes ?

OUI. La Troisième.

Quelles sont les matières où vous aviez de bons résultats et à quoi les attribuez-vous ?

Histoire Géo, dessin, sport, musique, informatique, enseignements professionnels. A la

mémoire, la mixité des mains utilisées pour « le faire », à la technicité du geste et la logique

du faire.

Quelles étaient vos activités extrascolaires ? Vous plaisaient-elles et pourquoi ?

Le judo (ceinture noire), le jonglage, les arts du cirque, le bricolage. Oui, elles me plaisaient

Page 42: Réflexions sur le devenir professionnel des personnes dyslexiques

42

car sinon je ne l’aurai pas fait.

J’ai été initié au jonglage de haut niveau où la position du cops est primordiale pour réussir

les exercices. Ce qui a pour effet de replacer le corps dans l’espace et de faire travailler la

latéralité des deux hémisphères du cerveau.

Q6) ETUDES

Quel niveau d'études avez-vous ? (CAP, BEP, BAC, ...) et dans quel domaine ?

BTS en électro technique

Bac + 3 Licence professionnelle de médiateur socio économique.

Comment avez-vous été orienté ?

Fin de 3ème, mon père a dit « tu vas apprendre un métier, car tu ne travailles pas à l’école ».

Alors, nous avons choisi un CAP BEP maintenance car mon père était réparateur en

électroménager et cela me plaisait. Après en fin de BEP, les profs m’ont dit de continuer à la

vue de résultats excellents. Donc 1ère adaptation puis BTS. Après emploi jeune, avec le droit à

une formation alors DU médiateur socio économique et culturel puis Licence.

Qu'est-ce qui vous a permis de poursuivre vos études ?

La soif de connaissance et l’envie d’être chef. Et le fait que c’était gratuit.

Qu'est-ce qui vous a empêché de poursuivre vos études ?

Il faut bien travailler à un moment.

Q7) VOUS SENTIEZ-VOUS DIFFERENT DES AUTRES ET POURQUOI ?

Non pas vraiment mais quand même gaucher (comme d’autres).

Q8) QUELLE A ETE LA REACTION DE VOS PARENTS FACE A VOTRE DYSLEXIE ?

Ignorance du cas sauf à la découverte du fait (à 25ans) où cela a expliqué beaucoup de

situations.

Avez-vous été soutenu dans vos difficultés : comment et par qui ?

Oui par Régine Roche avec une méthode d’entrainement logique.

Quels obstacles avez-vous rencontrés ?

Difficulté de lecture donc difficulté dans le système scolaire pour atteindre le savoir.

Difficulté à se faire comprendre.

Q9) A PRESENT, AVEZ-VOUS DES PROBLEMES DE REPERES DANS L'ESPACE ET DANS LE

TEMPS ?

Non, pour l’espace et pour le temps je n’ai pas de montre.

Q10) AVEZ-VOUS DES DIFFICULTES A LIRE ET A ECRIRE ?

Je ne lis pas plus de 6 pages d’un roman par jour. Et pour écrire, je vérifie mon orthographe

tout le temps et j’essaye d’être lisible.

Page 43: Réflexions sur le devenir professionnel des personnes dyslexiques

43

Q11) AVEZ-VOUS MIS EN PLACE DES STRATEGIES DE COMPENSATION ?

Oui beaucoup mais sans savoir que j’en appliquais. Adaptation à un monde différent du votre.

Gaucher au quotidien, dans les apprentissages, dans la gestuelle, …, demande un traitement

particulier pour comprendre ce que l’on vous dit.

Q12) COMMENT AVEZ-VOUS CHOISI VOTRE METIER ?

Lequel ? Car j’ai fait plusieurs travails qui m’ont tous plus. Mais celui de conseiller vient

sûrement de ce que j’ai vu sur la société et cela ma donné envie de changer tout ça (ou d’y

contribuer).

Y a-t-il un goût personnel, une passion ?

Oui l’envie de faire progresser la société et de monter des projets.

Y a-t-il eu des concours de circonstances, des rencontres décisives...?

Oui des rencontres décisives qui confirme un choix déjà pensé.

Y a-t-il une influence familiale ?

Peut être par le fait que j’ai appris qu’il faut toujours s’améliorer et que c’est une bataille de

tous les jours.

Q13) QUELLES SONT LES QUALITES, APTITUDES, TALENTS QUI VOUS PERMETTENT DE

REUSSIR DANS CE DOMAINE PROFESSIONNEL ?

Visionnaire, être à l’écoute, synthétique, polyvalent, adaptable et savoir appliquer des

stratégies de contournement pour réussir la où les autres échouent.

Q14) Y A-T-IL DES FREINS LIES A VOTRE DYSLEXIE QUI VOUS EMPECHENT D'ALLER PLUS

LOIN ?

Non, mais si je pouvais lire comme les autres je pourrais aller plus vite.

Q15) A QUOI ATTRIBUEZ-VOUS VOTRE REUSSITE ?

A la persévérance, au fait de rebondir (résilience) et aux rencontres de personnes ressources

voulu ou pas. Dire après que je réussis est un grand mot. J’ai juste fait le choix de faire ce

dont j’ai envie malgré des fois la routine.

Q16) AURIEZ-VOUS AIME TRAVAILLER DANS D'AUTRES SECTEURS ?

J’ai travaillé dans d’autres secteurs (industrie, commerce, loisir, informatique, éducation

nationale …).

Q17) AVEZ-VOUS UNE PASSION OU UN CENTRE D'INTERET PRIVILEGIE DANS LA VIE ?

Oui, les arts du cirque, les reconstitutions historiques, le judo, mon boulot et ma famille.

Q18) VU VOTRE EXPERIENCE, QUELS CONSEILS DONNERIEZ-VOUS AUX JEUNES

DYSLEXIQUES ?

Faire du sport et des activités manuelles (les deux mains doivent travailler en même temps

Page 44: Réflexions sur le devenir professionnel des personnes dyslexiques

44

mais indépendamment l’une de l’autre).

Faire de l’orthographe mais avec les règles à connaître par cœur.

Apprendre à écouter les autres et avoir plusieurs sources d’informations.

Vérifier l’équilibre de son corps.

Et surtout ne pas se victimiser.

Q19) COMMENT DEFINIRIEZ-VOUS PERSONNELLEMENT LA DYSLEXIE ?

En raccourci, la dyslexie est un problème qui a trois causes.

Un problème de cerveau qui ne peut traiter la latéralité

Un déséquilibre du corps d’où un recueil des informations qui fausse le traitement et l’action

de ce même corps

Un environnement pas adapté à votre latéralité (gaucher dans un monde de droitier)

En conclusion, la dyslexie n’est pas une maladie que l’on attrape mais une discrimination

d’un monde majoritairement droitier (voir les histoires sur les gauchers, le diable, l’impur, le

différent, …) d’où peut être un refoulement psychologique de cette différence (surtout chez

les plus jeunes) pour être comme les autres et se fondre dans la masse.

Si tout petit votre cerveau fonctionne comme un gaucher et que l’on vous oblige à le nier.

Votre cerveau ne fait pas les bonnes connexions d’où un déséquilibre qui s’amplifie de jour

en jour jusqu’à vous handicaper.

Il faut cultiver et se servir de cette différence pour avancer tous les jours car les minorités font

avancer la majorité (regarder les grands de l’histoire ne sont-ils pas gaucher ?).

2.1.2 Analyse de contenu du témoignage de Michel

Données Analyse

Q1) Homme

Q2) 31 ans

Q3) Gaucher

Q4) CISP

Page 45: Réflexions sur le devenir professionnel des personnes dyslexiques

45

Q5) SCOLARITE

a)Primaire

- moyen ou très moyen au primaire et au

collège.

Difficulté en langage écrit : français et

langues étrangères (anglais et espagnol),

a) Confirmation des difficultés en français et

en langues

b) Collège

- Orientation en filière professionnelle où il

a été très bon ou bon car le professionnel

rattrapait les enseignements généraux

c) Lycée

d) Redoublement : 3ème

e)-Matières préférées : il est bon en

Histoire-géo, dessin, sport, musique,

informatique, enseignements professionnels

Les compétences qu’il s’attribue : la

mémoire, l’ambidextrie, la ténacité du geste,

la logique de faire

e) Ellipse sur les mathématiques.

Logique (intelligence) des systèmes.

f)- Activités : le judo (ceinture noire), le

jonglage (de haut niveau), les arts du cirque,

le bricolage

f) Existence de domaines d’excellence.

Mise en jeu du corps dans l’espace.

Mise en valeur des compétences d’habileté

manuelle, dextérité.

Q6)-Niveau d’études :

Bac + 3

a) Type d’études :

BTS en électro-technique

Licence professionnelle de Médiateur socio-

économique

a) Confirmation de la capacité à poursuivre

des études supérieures, même en cas

d’orientation après la 3ème.

Page 46: Réflexions sur le devenir professionnel des personnes dyslexiques

46

b) Orientation :

- décision du père pour le choix d’une filière

professionnelle en référence au métier du

père

- encouragements des professeurs à

continuer vu les excellents résultats.

- opportunité de formation dans le secteur de

l’intervention sociale, par le statut d’emploi

jeune

= choix personnel et réorientation par

rapport au BTS

c) Motivations pour les études :

- soif de connaissances

- envie d’être chef

- gratuit

c)

- Curiosité comme aspect de la vitalité.

- Motivation personnelle.

- Hypothèse du manque de ressources /

soutien du milieu familial.

d) Freins pour les études :

il faut travailler à un moment

- Contrainte économique, besoin

d’indépendance, d’autonomie sur le plan

financier.

- Ellipse des problèmes de langage écrit qui

l’auraient empêché de réussir les examens

écrits.

Q7) Perception d’une différence

- non

- mais quand même gaucher

Dyslexie non perçue comme un handicap

(risquant de provoquer l’exclusion)

Q8) Réaction des parents :

Ils n’ont pas eu connaissance de la dyslexie

Les soutiens :

Absence de démarches pour traiter le

problème et absence de soutien particulier à

l’école et dans la famille.

Page 47: Réflexions sur le devenir professionnel des personnes dyslexiques

47

- à l’âge adulte, avec la méthode

d’entraînement logique

Les obstacles :

- Difficultés en lecture dans le système

scolaire limitant l’accès au savoir

- Difficultés à se faire comprendre

Méthode qui s’appuie sur des compétences

déjà construites : la mémoire, l’organisation,

l’intelligence, l’intelligence des systèmes.

Possibilités d’expression de soi et de

communication perturbées, on peut supposer

également à l’oral.

Q9) Repères dans l’espace et le temps :

- pas de problèmes

Pour l’espace, on peut supposer qu’avec le

jonglage, il a compensé la latéralisation à

gauche et construit de bonnes compétences

dans les domaines de l’espace et du temps.

Q10) Difficultés à lire et écrire :

- ne lit pas plus de 6 pages par jour

- vérification de l’orthographe

Problème partiellement résolu.

Q11) Les stratégies de compensation

Beaucoup, sans en avoir conscience

Compensations « naturelles » qui s’appuient

sur les ressources et les compétences

construites non précisées.

Q12) Choix d’un métier

Prise de conscience et projet de contribuer

au changement social

Choix inspiré par des valeurs d’ordre éthique.

Projet de l’ordre de la « mission ».

Goûts / passions :

Monter des projets

Aspect de la vitalité

Circonstances / rencontres

Rencontres décisives qui confirment les

choix déjà pensés

Ressources naturelles et les ressources de

l’environnement complémentaires.

Page 48: Réflexions sur le devenir professionnel des personnes dyslexiques

48

Influence familiale :

J’ai appris qu’il faut s’améliorer et que c’est

un combat de tous les jours

Fidélité aux valeurs familiales comme

ressource et forme de soutien.

Aspect de la vitalité : être en dynamique de

progrès.

Q13) Aptitudes / talents : réussite

professionnelle :

a)- visionnaire

b)- être à l’écoute

c)- capacité de synthèse

d)- polyvalence et adaptabilité

e)- conduite de détour

a) Présence d’esprit, savoir regarder et saisir

les opportunités du présent.

b) Auditif surdéveloppé : qualité d’attention,

disponibilité, concentration.

c)- Non précision de l’origine de cette capacité

(naturelle, compensatoire ?). Cela suppose une

certaine intuition et une certaine audace.

d) Compétences personnelles construites avec

le parcours scolaire (réorientation) et avec le

fait d’être visuel, auditif et kinesthésique.

e) Compétence en jeu est le raisonnement

hypothético-déductif. Cela suppose une grande

vigilance et une certaine inventivité.

Q14) Les freins

la lecture est trop lente

Prise de conscience d’un point à améliorer.

Q15) Attribution de la réussite

a)- Persévérance, résilience

a) Ressources personnelles en rapport avec la

gestion du temps : capacité à tenir une

perspective temporelle.

Page 49: Réflexions sur le devenir professionnel des personnes dyslexiques

49

b)- rencontres

c)- choix de faire ce que j’ai envie

b) Ressources du côté de l’environnement.

c) Motivation intrinsèque, personnelle : projet

de changement social, cohérence des valeurs.

Q16) Autres secteurs

j’ai travaillé dans d’autres secteurs

Confirmation de la polyvalence et de

l’adaptabilité.

Q17) les passions

a)- arts du cirque / judo

b)- reconstitutions historiques

c)- boulot

d)- famille

a) Rapport du corps à l’espace.

b) Rapport au temps.

c) Projet de changement social comme aspect

de sa vitalité.

d)- Fidélité aux valeurs.

Q18) Les conseils

a)- faire du sport, vérifier l’équilibre du

corps

a)- Proposition de mettre en rapport du corps à

l’espace.

b)- activités manuelles b) Mise en valeur des savoir-faire, habileté,

dextérité.

c)- orthographe = apprendre les règles par

cœur

c) Développer la mémoire auditive et visuelle.

d)- écouter

d) Développer l’attention, la concentration, la

disponibilité.

Page 50: Réflexions sur le devenir professionnel des personnes dyslexiques

50

e) Avoir plusieurs sources d’information

e) Construction de styles cognitifs

complémentaires. Cf. La Garanderie (auditif,

visuel, verbal et kinesthésique)

f)- Ne pas se victimiser

f) Faire l‘équilibre entre la conscience du

handicap et le fatalisme pour ne pas perturber

la construction de l’estime de soi et donc de

freiner la mobilisation des ressources

personnelles.

Q19) Définition de la dyslexie

Attribution à 3 causes :

a) problème du cerveau qui ne peut pas

traiter la latéralité

b) Déséquilibre du corps

c) Environnement non adapté aux gauchers

a et b) Côté sujet

a)Liaison entre dyslexie et latéralisation à

gauche.

b) Affirmation de la notion de déséquilibre

comme centrale (traitement de l’information et

rapport du corps à l’espace)

c) Côté environnement :

Dénonciation du manque de tolérance de la

société vis-à-vis des membres porteurs d’une

différence (pression du conformisme).

Discrimination plus difficile à vivre que les

troubles du langage écrit.

2.1.3. Bilan :

� Compétences par hypothèses côté sujet :

• Qualité de l’attention au monde : écoute, disponibilité, concentration, présence d’esprit.

Page 51: Réflexions sur le devenir professionnel des personnes dyslexiques

51

• Habileté manuelle, dextérité, savoir faire, intelligence des mains, logique du faire (Cf.

Wallon et Piaget « l’intelligence se construit dans l’action »).

• Esprit de synthèse, capacité de vue d’ensemble, engendrant intuition et audace,

mémoire visuelle et kinesthésique.

• Mise en place de conduite de détour : bon niveau de raisonnement logique des

classifications, des nombres, des systèmes, des opérations et raisonnement hypothètico

déductif.

• Polyvalence, adaptabilité, existence d’une palette de compétences multiples

transférables à différents champs, perfectibilité.

• un certain rapport au temps : patience, persévérance, résilience, ténacité et résistance,

capacité d’« auto dépannage » : être capable de se ressaisir et de surmonter les

obstacles par soi-même.

• Vitalité qui s’exprime dans les différents domaines de la vie : construire une

intelligence, connaître le monde, contribuer au changement social, conduite de projets,

participation culturelle.

� Les facteurs de la motivation :

Il y a une complémentarité entre les ressources du sujet et les ressources de

l’environnement

Le sujet L’environnement

Soif de connaissance, curiosité, ouverture au

monde

Valeurs familiales porteuses : « s’améliorer,

se battre. »

Une ou plusieurs passions qui impliquent le

rapport du corps à l’espace

Rencontres décisives

Une orientation professionnelle choisie Domaines d’excellence en judo et jonglage

� Conclusion du sujet :

Il propose de faire de cette différence une source de créativité et une ressource à

partager.

Page 52: Réflexions sur le devenir professionnel des personnes dyslexiques

52

La dyslexie n’a pas entravé son développement, il a pu se mettre dans une dynamique

de devenir et de progrès.

On ne sait pas si l’inventivité, la créativité résultent de stratégies de compensation, si

ce sont des talents personnels, ou le résultat d’une éducation – formation.

Au sujet de la dyslexie, il construit un système d’attribution de causes et de

conséquences et met en place une sorte de programme d’auto rééducation et/ou de

compensation.

Le métier choisi est une occasion d’appliquer ce programme de changement de soi-

même et du monde. Il facilite une dynamique de devenir.

2.2. Une femme, Blandine, 34 ans, Créatrice d’une ligne de

vêtements

2.2.1 Le questionnaire

Q1) ÊTES-VOUS : un homme �une femme �X

Q2) QUEL AGE AVEZ-VOUS ? 34 ans

Q3) ÊTES-VOUS : gaucher �droitier X

Q4) QUEL METIER EXERCEZ-VOUS ?

J’ai été chef de produit International et je crée actuellement mon propre business en tant que

créatrice d’une marque de vêtements pour filles et mères.

Q5) COMMENT S'EST PASSEE VOTRE SCOLARITE ?

En primaire

Plutôt difficile, en ce qui concerne l’orthographe puisque je suis une ancienne dyslexique et

dysorthographique. Donc des résultats en français médiocres et toujours montrée du doigt.

J’ai redoublée la classe de CM1.

Au collège

Guère mieux. Toujours des problèmes d’orthographe et bien sûr en langue puisque le sort a

voulu que j’étudie en 1ère langue l’allemand. Des résultats de façon générale toujours juste. Le

passage de la 4ème à la 3ème fut problématique. J’ai dû changer d’établissement dans une

« boîte à bac » pour éviter le redoublement. Les années de 4èmé et 3ème sont une époque que

Page 53: Réflexions sur le devenir professionnel des personnes dyslexiques

53

je souhaiterais ne jamais revivre.

Au lycée

J’ai fait une 1ère S sans grand succès pour me rabattre sur une terminale B (Sc. Eco). J’ai

loupé mon Bac au rattrapage deux années de suite.

Avez-vous redoublé ? Quelles classes ?

Oui, CM1 et Terminale

Quelles sont les matières où vous aviez de bons résultats et à quoi les attribuez-vous ?

Les mathématiques, en algèbre mais pas en géométrie et trigonométrie, cours de dessins en

6ème et 5ème, Philosophie et Sociologie.

Quelles étaient vos activités extra-scolaires ? Vous plaisaient-ellles et pourquoi ?

Pour simplifier ma réponse, les activités extra-scolaires qui ne m’ont pas plus sont :

Flûte, Danse Classique qui avaient en commun un professeur peu sympathique et avec

beaucoup trop d’exigence et de sévérité où je ne me sentais pas à l’aise.

Le Piano, les 4 premières années auraient pu être classées ci-dessus mais les trois

dernières années j’ai changé de professeur ce qui était plus agréable mais j’ai fini par arrêter

car il y avait une telle demande de travail que je revivais ces activités extra-scolaires comme

une contrainte supplémentaire au même type d’exigence que l’école.

Dessins et de pastel : n’a pas bien marché car j’étais intégrée dans un cours d’adultes

car sur notre commune il n’y avait pas de cours pour enfants. Je me suis sentie trop seule et a

fortiori dans un monde d’adultes une fois de plus.

Seul le Hockey sur Glace a été pour moi une véritable révélation de ma personne et de

ma capacité à me battre dans un environnement ne m’apparaissant pas comme hostile et basé

sur le jugement individuel. Bien au contraire j’ai toujours eu des entraîneurs qui insistaient sur

la notion de plaisir et ne pas jouer s’il n’y avait pas de plaisir.

Par ailleurs, le fait de jouer en équipe m’a permis de ne plus sentir les yeux rivés que

sur moi, d’évoluer à mon rythme et de me surpasser. En effet, j’ai pratiqué ce sport durant 20

ans et ai été Championne de France et Vice Championne de France plusieurs années. J’ai fait

partie de l’équipe de France Senior et participé au Championnat d’Europe et ai passé mes

premiers degrés d’entraîneur pour encadrer les petites catégories.

C’est avec cette activité que j’ai appris que je pouvais faire partie des meilleurs et de

prendre confiance en moi tout en douceur, de faire preuve de leadership en étant désignée

comme capitaine d’équipe durant 8 ans et d’avoir enfin de goût du challenge et du

dépassement de soi. C’est d’évoluer en groupe qui m’a permis tout ça et en plus de tomber

dans un club sans prétention et ayant pour première politique le plaisir pas le résultat.

Page 54: Réflexions sur le devenir professionnel des personnes dyslexiques

54

Q6) ETUDES

Quel niveau d'études avez-vous ? (CAP, BEP, BAC, ...) et dans quel domaine ?

Bac + 5 : Après le bac, Prépa Beaux-Arts puis 1ère année de Design Industriel en école privée

puis j’ai réintégré la Fac en passant un concours d’intégration pour les non bacheliers que j’ai

réussi avec une note de 13/20. Puis Maîtrise d’Arts Plastiques et pour finir, la cerise sur le

gâteau et une belle revanche sur la vie un Master Marketing Management à l’ESSEC.

Comment avez-vous été orienté ?

Jusqu’à mes 2 années après le Bac par ma mère essentiellement par rapport à mes souhaits

professionnels puis par moi-même. Et c’est là que tout a changé dans ma vie et que mes

études n’ont plus été une source d’échec.

Qu'est-ce qui vous a permis de poursuivre vos études ?

La détermination de mes parents, connaissant mes capacités intellectuelles (plusieurs fois

testée), qui n’ont jamais voulu se résigner aux simples discours de la plupart de mes

professeurs.

Qu'est-ce qui vous a empêché de poursuivre vos études ?

RAS

Q7) VOUS SENTIEZ-VOUS DIFFERENT DES AUTRES ET POURQUOI ?

Jusqu’à mon arrivée en Fac, je suis toujours sentie un peu inférieure dans le cadre scolaire,

d’où une timidité maladive étant jeune, avec toujours la peur au ventre de dire d’énormes

bêtises et que l’on se moque de moi.

Mais depuis très jeune toujours convaincue que le jour ou je devrais aborder des sujets

concrets je n’aurai aucun problème. J’ai toujours l’envie de passer à quelque chose de

palpable et de non théorique.

Q8) QUELLE A ETE LA REACTION DE VOS PARENTS FACE A VOTRE DYSLEXIE ?

La mise en place d’un suivi par une orthophoniste durant 6 ou 7 ans, je ne me souviens plus

exactement.

Avez-vous été soutenu dans vos difficultés : comment et par qui ?

Par mes parents et surtout ma mère qui ne voulait me voir « galérer » comme elle pour suivre

des études. Cela a été à certaine époque proche de l’acharnement. Ma mère, sortie d’un milieu

modeste, n’avait pas d’études supérieures car mes grands-parents n’en voyaient pas l’intérêt.

Elle a donc à 30 ans passé une équivalence au Bac et réintégré la Fac jusqu’en DESS.

Quels obstacles avez-vous rencontrés ?

Des méthodes d’apprentissage non adaptés à ma personnalité et surtout le jugement fatal et

Page 55: Réflexions sur le devenir professionnel des personnes dyslexiques

55

sans retour possible de mes professeurs qui vous projette dans une case dont on finit par ne

pas arriver à sortir. C’est une énorme spirale dans laquelle je me suis senti happée. Bref le

jugement des gens et même de notre entourage proche et moins proche.

Q9) A PRESENT, AVEZ-VOUS DES PROBLEMES DE REPERES DANS L'ESPACE ET DANS LE

TEMPS ?

Non aucun.

Q10) AVEZ-VOUS DES DIFFICULTES A LIRE ET A ECRIRE ?

Lire non, à écrire toujours les même manies de faire des phrases trop longues et toujours un

peu l’orthographe si je ne fais pas attention.

Q11) AVEZ-VOUS MIS EN PLACE DES STRATEGIES DE COMPENSATION ?

Chercher des synonymes aux mots que je ne sais pas orthographier ou simplement changer

ma phrase.

Q12) COMMENT AVEZ-VOUS CHOISI VOTRE METIER ?

Par mon souhait et mon goût pour un travail devant être varié, sans routine, créatif permettant

de remettre en question les choses et surtout opérationnel. Etant très créative mais sans l’âme

artiste j’ai donc suivi des études d’arts et fini par du marketing pour cet gestion du

changement et de la nouveauté constante.

Y a-t-il un goût personnel, une passion ?

La création de choses avec ses doigts ou la conception avec son esprit.

Y a-t-il eu des concours de circonstances, des rencontres décisives...?

Le fait à 21 ans, après mon année de Design Industriel, de vouloir intégrer la Fac pour palier

mon manque en terme de culture artistique. J’ai par la même souhaité ne plus avoir sur mes

épaules le poids de la culpabilité que j’ai dû porter ou que ma fait porter ma mère. En rentrant

en Fac, je me suis libérée de cette oppression et par la même occasion de ma dépendance

financière vis-à-vis de mes parents. Ils n’avaient plus à payer pour mes études car je prenais

en charge tout ce que je pouvais. Par suite, je ne [me] sentais plus redevable et la sensation de

ne plus avoir de compte à rendre.

Pour la suite, l’Ecole de commerce la rencontre durant un de mes job d’étudiantes de jeunes

diplômés ayant des doubles formations.

Y a-t-il une influence familiale ?

Non aucune

Q13) QUELLES SONT LES QUALITES, APTITUDES, TALENTS QUI VOUS PERMETTENT DE

REUSSIR DANS CE DOMAINE PROFESSIONNEL ?

Page 56: Réflexions sur le devenir professionnel des personnes dyslexiques

56

Ma créativité, le goût du changement et de la nouveauté, ma capacité à gérer plusieurs sujets

en même temps, d’insuffler au gens une dynamique, c’est mon goût pour l’équipe et le travail

de groupe qui est pour moi une véritable « spirale de dynamisme » et à toujours chercher une

solution à tous les problèmes car je ne veux pas m’avouer vaincue (probablement car ça était

le cas durant tellement d’années).

Q14) Y A-T-IL DES FREINS LIES A VOTRE DYSLEXIE QUI VOUS EMPECHENT D'ALLER PLUS

LOIN ?

Non, il ne me semble pas ou bien je n’en ai pas conscience.

Q15) A QUOI ATTRIBUEZ-VOUS VOTRE REUSSITE ?

Le simple déclic de devenir libre et de devenir un numéro au milieu de millions d’autres. Ne

plus être le sujet de temps de préoccupations et d’attention permanente et sans relâche.

Q16) AURIEZ-VOUS AIME TRAVAILLER DANS D'AUTRES SECTEURS ?

L’archéologie, pour travail d’équipe et la découverte.

Commissaire d’expositions arts ou de manifestation culturelle : Pour la création de

l’évènement, la mise en coordination de plusieurs métiers, travail d’équipe et le fait de

construire quelque chose de rien.

Q17) AVEZ-VOUS UNE PASSION OU UN CENTRE D'INTERET PRIVILEGIE DANS LA VIE ?

Passion non car je trouve la passion trop restrictive.

Un intérêt privilégié pour la cuisine en se fixant des challenges tant en terme de créativité et

de rapidité.

Q18) VU VOTRE EXPERIENCE, QUELS CONSEILS DONNERIEZ-VOUS AUX JEUNES

DYSLEXIQUES ?

Rien n’est insurmontable, mais surtout arriver avant toutes choses à se détacher du regard que

portent les autres sur ce « handicap ».

Mais quand on est jeune, on n’a pas la maturité et la force de personnalité pour se détacher de

l’appréciation des gens qui vous entourent, et qui vous servent aussi à vous construire mais

pour moi, la clé est là.

Q19) COMMENT DEFINIRIEZ-VOUS PERSONNELLEMENT LA DYSLEXIE ?

Une riche fragilité différenciant, poussant hors d’une norme, édictée par le corps enseignant,

les individus concernés alors considérés comme touchés d’une tare synonyme d’une pauvreté

intellectuelle à laquelle aucun espoir n’est permis.

2.2.2 Analyse de contenu du témoignage de Blandine

Page 57: Réflexions sur le devenir professionnel des personnes dyslexiques

57

Données Analyse

Q1) Femme

Q2) 34 ans

Q3) Droitière

Q4) Chef de produit International

Aujourd’hui, créatrice d’une marque de

vêtements pour filles et mères.

Confirmation adaptabilité et polyvalence

habileté manuelle, dextérité, intelligence des

mains et créativité.

Q5) SCOLARITE

a) Primaire : difficile

je suis une ancienne dyslexique et

dysorthographique

résultats en français médiocres

toujours montrée du doigt

a)

Capacité à nommer l’origine de ses

difficultés. Fixation de la dyslexie dans le

passé.

Sentiment d’humiliation, de mise à l’écart.

b) Collège : difficile

résultats scolaires moyens

problèmes en orthographe et en allemand

Difficultés en 4ème et 3ème : « une époque que

je souhaiterais ne jamais revivre. »

Changement d’établissement dans une boite

à bac pour éviter le redoublement de la 4ème

Persistance de souvenirs douloureux..

Confirmation des difficultés d’apprentissages

des langues.

Soutien des parents à poursuivre les études en

changeant d’établissement.

c) Lycée : 1ère S, Terminale B (sciences

économiques)

« j’ai loupé mon Bac au rattrapage deux

années de suite »

d) Redoublements : CM1 et Terminale

Page 58: Réflexions sur le devenir professionnel des personnes dyslexiques

58

e) Matières préférées :

Les mathématiques, en algèbre,

Dessins

Philosophie et Sociologie.

e)

Intelligence logique des nombres, des

systèmes.

Dextérité et capacité d’expression.

Préférence peu caractéristique dans le panel.

f)- Les activités :

Flûte, danse classique, dessin et pastel ne lui

ont pas plu sauf à l’école, 7 ans de piano, 20

ans de Hockey sur glace

Adulte, elle est entraîneur pour les petites

catégories.

f)

Difficultés face aux activités trop scolaires

et/ou des professeurs et des groupes

autoritaires.

Existence d’un domaine d’excellence :

Hockey sur glace. Plus-value du facteur

plaisir et du sport d’équipe.

Mise en jeu du corps dans l’espace

Mise en valeur des compétences d’habileté

manuelle

Grande sensibilité face à l’environnement

porteur ou opposant, sentiment de solitude.

Implication sociale

Q6) Etudes

- Niveau d’études :

Bac + 5

Ténacité

Conduites de détours

Motivation portée par le besoin de réparation

de l’estime de soi.

Page 59: Réflexions sur le devenir professionnel des personnes dyslexiques

59

- Type d’études :

Prépa Beaux-Arts

puis 1ère année de Design Industriel en école

privée

puis la Fac en passant un concours

d’intégration pour les non bacheliers (note de

13/20).

Puis Maîtrise d’Arts Plastiques

et pour finir, la cerise sur le gâteau et une

belle revanche sur la vie un Master

Marketing Management à l’ESSEC.

Mise en valeur de l’intuition, de la créativité

dans le domaine artistique, le marketing et le

management.

Conduite de détour pour intégrer des études

supérieures par concours d’intégration.

Confirmation de la capacité à poursuivre des

études supérieures, malgré une scolarité

difficile sans avoir obtenu le Bac.

- Orientation :

- décision maternelle jusqu’à ses 2 années

après le Bac par rapport à ses souhaits

professionnels

- puis par elle-même. Et c’est là que tout a

changé dans ma vie et que mes études n’ont

plus été une source d’échec.

Soutien familial en tenant compte de ses

souhaits.

Choix personnel vécu comme un tournant :

elle change d’attitude par rapport aux études :

Motivation personnelle, volonté.

Motivations pour les études :

La détermination de mes parents, connaissant

mes capacités intellectuelles (plusieurs fois

testés), qui n’ont jamais voulu se résigner

aux simples discours de la plupart de mes

professeurs.

Soutien familial : capacité des parents à tenir

et à croire dans les possibilités de leur enfant.

Passation de tests de QI

Freins pour les études :

RAS.

Vitalité, capacité d’auto ressaisissement,

ténacité, motivation personnelle.

Q7) Perception d’une différence

Toujours sentie un peu inférieure dans le

Manque de confiance en elle.

Page 60: Réflexions sur le devenir professionnel des personnes dyslexiques

60

cadre scolaire,

Timidité maladive étant jeune,

Toujours la peur au ventre de dire d’énormes

bêtises et que l’on se moque de moi.

Mais depuis très jeune toujours convaincue

que le jour ou je devrait aborder des sujets

concrets je n’aurais aucun problème voir

mieux. J’ai toujours l’envie de passer à

quelque chose de palpable et non théorique.

Peur du regard des autres.

Regard positif sur elle-même et en ses

capacités.

Capacité à évaluer ses forces et ses faiblesses.

Besoin de concret et approche kinesthésique

qui lui assurent d’être meilleure.

Projection dans l’avenir

Q8) La réaction des parents :

Orthophonie pendant 6 ou 7 ans

les soutiens

Par mes parents et surtout ma mère à certaine

époque proche de l’acharnement.

Histoire personnelle de la maman qui a repris

ses études à 30 ans jusqu’au DESS.

Relais des parents auprès de l’orthophoniste.

Soutien parental.

Perception du soutien comme pesant.

Exemplarité de la mère.

Les obstacles :

Des méthodes d’apprentissage non adaptés à

ma personnalité

Le jugement des gens et même de notre

entourage proche et moins proche.

L’environnement :

Système scolaire non adapté.

Regard des autres blessants.

Q9) Aujourd’hui, repères dans l’espace et

le temps :

Aucun problème

Paradoxe entre ses difficultés à l’école en

géométrie et trigonométrie et ses capacités à

l’âge adulte. Hypothèse de l’existence d’une

bonne rééducation.

Q10) Difficultés à lire et à écrire :

Pas de problème en lecture

Pour écrire : toujours les même manies de

faire des phrases trop longues et toujours un

Rééducation orthophonique efficace.

Page 61: Réflexions sur le devenir professionnel des personnes dyslexiques

61

peu l’orthographe si je ne fais pas attention.

Q11) Les stratégies de compensation

Chercher des synonymes aux mots que je ne

sais pas orthographier ou simplement

changer ma phrase.

Résolution de la dysorthographie par une

stratégie de détour.

Capacité à vérifier et à adapter.

Q12) Choix d’un métier

Goût pour un travail varié, sans routine,

créatif, permettant de remettre en question

les choses et surtout opérationnel

Goût pour la gestion du changement et de la

nouveauté constante

Goûts / passions

Création manuelle, concevoir avec l’esprit.

Choix en fonction des goûts :

Confirmation de la créativité, de la

polyvalence, de la capacité à gérer plusieurs

données en même temps, de l’adaptabilité, de

la capacité à inventer.

Dextérité et capacité d’expression.

Circonstances / rencontres

Décision d’être indépendante financièrement

pendant les études supérieures qui libère d’un

sentiment d’oppression en n’ayant plus de

comptes à rendre.

Rencontres avec des étudiants ayant une

double formation.

Choix libérateur d’autonomie.

Ressources du côté de l’environnement

Influence familiale :

non

Q13) Aptitudes / talents : réussite

professionnelle :

a) Créativité

Goût du changement et de la nouveauté.

Ressources personnelles :

a) Développement de qualités spécifiques :

créativité, goût pour la variété, audace,

dynamisme, curiosité, témérité.

Page 62: Réflexions sur le devenir professionnel des personnes dyslexiques

62

b) Capacité à gérer plusieurs sujets en même

temps.

c) Capacité à insuffler aux gens une

dynamique, c’est mon goût pour l’équipe et

le travail de groupe qui est pour moi une

véritable « spirale de dynamisme »

d) Toujours chercher une solution à tous les

problèmes car je ne veux pas m’avouer

vaincue.

b) Polyvalence, adaptabilité.

c) Intuition des relations humaines

Vitalité

d) Motivation intrinsèque, personnelle :

combativité.

Q14) Les freins

Pas conscience de l’existence de freins.

Dynamique de progression

Q15) Attribution de la réussite

A un déclic.

Devenir sujet, et non plus objet.

Q16) Autres secteurs

L’archéologie, pour travail d’équipe et la

découverte.

Commissaire d’expositions arts ou de

manifestation culturelle : Pour la création de

l’évènement, la mise en coordination de

plusieurs métiers, travail d’équipe et le fait

de construire quelque chose de rien.

Appui sur des qualités transférables :

Curiosité, créativité, aptitude à créer des

liens, inventivité.

Q17) Les passions

Passion non car je trouve la passion trop

restrictive.

Un intérêt privilégié pour la cuisine en se

fixant des challenges tant en terme de

créativité et de rapidité.

Soif d’ouverture, de connaissances, goût du

défi, efficacité, créativité et audace.

Q18) Les conseils

a) Rien n’est insurmontable

b) Gagner en maturité et en force de

Vision positive, combative, dynamique du

handicap.

Page 63: Réflexions sur le devenir professionnel des personnes dyslexiques

63

personnalité pour se détacher du regard que

portent les autres sur ce « handicap » et de

leurs appréciations (qui vous servent aussi à

vous construire)

Proposition de prise de distance par rapport

aux autres.

Transformation de ce qui est blessant en force

pour se construire.

Q19) Définition de la dyslexie

Une riche fragilité différenciant, poussant

hors d’une norme,

édictée par le corps enseignant, les individus

concernés alors considérés comme touchés

d’une tare synonyme d’une pauvreté

intellectuelle à laquelle aucun espoir n’est

permis.

Définition tournée vers la perception d’autrui.

2.2.3. Bilan :

� Compétences par hypothèses côté sujet :

Une palette de compétences multiples transférables à différents champs :

• Intuition des relations humaines.

• Audace, vitalité, dynamisme, combativité, goût du défi.

• Vision positive.

• Créativité, inventivité, curiosité, soif d’ouverture, de connaissances.

• Aptitude à créer des liens, à travailler en équipe.

• Capacité à mettre en place des conduites de détour, à vérifier et à changer.

• Intelligence logique des nombres et des systèmes.

• Polyvalence, adaptabilité, capacité à gérer plusieurs données en même temps.

• Habileté manuelle, dextérité, intelligence des mains, logique du faire, mémoire

kinesthésique, besoin de concret.

• Un certain rapport au temps : persévérance, capacité d’« auto dépannage ».

Page 64: Réflexions sur le devenir professionnel des personnes dyslexiques

64

� Les facteurs de motivation :

Il y a une complémentarité entre les ressources du sujet et les ressources de

l’environnement

Le sujet L’environnement

Soif de connaissance,

Curiosité

Soutien familial à poursuivre ses études

Goût du défi

Combativité

Rééducation orthophonique

Test de QI

Une orientation professionnelle choisie Des rencontres décisives

Autonomie Domaine d’excellence en sport

Optimisme Travail en équipe, créer des liens

� Conclusion du sujet :

Pour elle, la dyslexie n’a pas entravé son développement, elle a pu se mettre dans une

dynamique de devenir et de progrès.

On ne sait pas si l’inventivité, la créativité résultent de stratégies de compensation, si ce sont

des talents personnels, ou le résultat d’une éducation – formation.

Elle conseille de prendre de la distance par rapport aux autres et de transformer ce qui

est blessant en force pour se construire. Elle montre aussi l’écueil à éviter en tant que parents :

ne pas s’acharner, laisser vivre l’enfant à son rythme. Ne pas le faire se sentir différent des

autres.

Au sujet de la dyslexie, elle met en valeur deux facettes positive et négative. Cette

différence devient source d’exclusion à cause du système scolaire, d’après elle, trop normé.

Elle met en évidence la nécessité pour l’enfant en difficultés scolaires de ne pas être

dans un cadre aussi normé que l’école pendant ses activités extra-scolaires. Pour elle, ces

activités doivent être un lieu de plaisir, révélateur de points forts et du potentiel de chacun.

Elles doivent favoriser la confiance en soi, le leadership, le goût du challenge et du

dépassement de soi, la capacité à se battre.

Finalement Blandine a été particulièrement réceptive à la pédagogie des entraîneurs de

Hockey qui insistaient pour valoriser davantage le plaisir que le résultat. L’évaluation est une

Page 65: Réflexions sur le devenir professionnel des personnes dyslexiques

65

épreuve pour la personne dyslexique. C’est parce que Blandine était libérée de cette

contrainte, que les adultes l’ont autorisée à prendre du plaisir dans cette activité, elle a pu

s’ouvrir et donner le meilleur d’elle-même, apprendre à son rythme. Le sport d’équipe permet

de se décentrer car l’attention n’est plus focalisée sur soi.

III. TABLEAUX DE SYNTHESE DES INFORMATIONS

RECUEILLIES SUR LA SCOLARITE

Les 15 autres questionnaires se trouvent en annexe.

3.1 Synthèse des données pour les 6 femmes :

3.1.1 Tableau des femmes

Tableau en annexe D

3.1.2 Résumé des caractéristiques des 6 femmes :

Elles sont âgées de 34 ans à 47 ans, soit des personnes nées entre 1960 et 1973. Cinq

d’entre elles sont droitières. Deux n’ont jamais redoublé, trois ont redoublé une fois, une a

redoublé deux fois. Cette dernière est néanmoins titulaire d’un BAC + 5. Leur niveau d’études

s’étend de Bac + 3 à Bac +5.

Deux ont vu un conseiller en orientation qui a pris en compte leurs centres d’intérêts.

Trois ont été orientées par influence familiale ou sociale. Une a choisi elle-même son parcours

et ses « études n’ont alors plus été source d’échec ».

Deux travaillent dans les ressources humaines, une dans la communication, une en

comptabilité (mais elle est en reconversion dans le secteur sanitaire et social), une dans le

secteur social, une autre dans la mode. Deux d’entre elles sont créateurs d’entreprise

(ressources humaines et mode) et deux autres sont directrices (agence de communication et

crèche).

En ce qui concerne la classification des postes, cinq appartiennent au niveau cadre.

3.2 Synthèse des données pour les 11 hommes

Page 66: Réflexions sur le devenir professionnel des personnes dyslexiques

66

3.2.1 Tableaux des Hommes

Tableaux en annexe F

3.2.2 Résumé des caractéristiques des 11 hommes :

Ils sont âgés de 22 ans à 62 ans, soit des personnes nées de 1945 à 1985. Huit d’entre

eux sont droitiers. Trois sont titulaires d’un CAP, dont 1 a un BEP. Deux ont le Bac, et l’un

d’entre eux possède un diplôme agricole équivalent au Bac. Un a un bac + 3, trois se situent

au niveau Bac + 5, et un dernier atteint le niveau Bac + 15 (huit ans de médecine, sept ans de

chirurgie).

Finalement :

- 4/11 ont des postes de techniciens agents de maîtrise ou d’ouvriers qualifiés :

Mécanicien poids lourds et ouvrier de maintenance qualifié électricien, Couvreur

zingueur, technicien agricole et chef de département rayon frais en hypermarché.

- 2/11 sont des conseillers : en orientation et en assurance.

- 2/11 sont entrepreneurs : dans le bâtiment et dans les ressources humaines.

- 3/11 sont cadres : directeur de site industriel, ingénieur en informatique, chirurgien.

3.3 Commentaire sur les 17 questionnaires1

Ils sont âgés de 22 ans à 62 ans.

Le diagnostic de dyslexie n’a pas toujours pu être posé dans l’enfance car les connaissances

ont surtout beaucoup évolué depuis 25 ans.

Sept ont été diagnostiqués comme dyslexiques lors de leur enfance ou adolescence et

ont bénéficié de rééducation orthophonique : Yvonne, Alice, Blandine, Jean, Louis, Benoît,

Gilles (pas d'orthophonie mais des séances avec un psychologue pour s'apaiser). Parmi ceux-

là, cinq se situent entre le niveau Bac+4 à Bac+5, un a un CAP et un autre un BEP.

Dix ont été diagnostiqués adultes : Florence, Caroline, Yves, Antoine, Michel,

Catherine, Charles, François, Hubert, Patrick. : quatre d’entre eux ont été orientés en 3èmeou 1 15 questionnaires en Annexe G

Page 67: Réflexions sur le devenir professionnel des personnes dyslexiques

67

en 2nde, mais trois autres ont le niveau Bac. Six possèdent des diplômes d’études supérieures.

Tous ont eu une scolarité en primaire plus ou moins difficile (sauf Patrick). Le fait d'avoir eu

des signes d'alerte tôt obligent l'environnement à se préoccuper du problème, que le

diagnostic de dyslexie soit posé ou non.

Latéralisation :

Quatre sont gauchers. Le pourcentage de gauchers varie de 2 à 6% de la population

général, mais cette fourchette est admise comme plus importante chez les sujets dyslexiques.

Ce pourrait être un élément aggravant notamment, en accentuant l’aspect malhabile du

graphisme à cause de problèmes de psychomotricité fine et d’orientation dans l’espace.

Rebecca Duvillié1 rappelle la recherche des neurosciences et la question de la

dominance cérébrale: « On est normalement gaucher du cerveau pour parler, mais droitier de

la main pour écrire. Chez le dyslexique, l’enfant est plus ambidextre et ses deux cerveaux sont

en compétition, …et il y a interférence du cerveau droit sur le cerveau gauche. ».

Mariam Annet2 a étudié les troubles de la latéralité (la gaucherie, l’ambidextralité,

l’écriture en miroir). Ces travaux l’amènent à conclure à une latéralité atypique anormalement

haute chez les dyslexiques de type phonologique, et un taux anormalement fort de droitiers

dans la dyslexie visuelle.

IV. DETAIL DES REPONSES ET COMMENTAIRES

4.1 Les difficultés d’apprentissage et leurs causes

Yvonne n’aimait « pas lire, les dictées, faire des tracés en technologies. Plus on

montait en abstraction, plus c’était difficile. »

Alice « a eu des problèmes en lecture, des difficultés à mémoriser les théorèmes et à

les visualiser, ainsi qu’un déficit de repères dans l’espace. » Elle se décrit « comme lente. »

Florence, également lente et fatigable, était souvent « dans la lune ». Sa « lecture et

son passage à l’écrit étaient laborieux. Elle avait du mal à mémoriser, notamment les gros

volumes. »

1 P. 33 2 Citée par le Docteur Habib, Dyslexie : le cerveau …, p. 236

Page 68: Réflexions sur le devenir professionnel des personnes dyslexiques

68

Caroline manquait « de temps pour traiter les énoncés par écrits et pour mettre en

mémoire. Elle avait des difficultés de concentration. Le pire c’est de comprendre les

mathématiques et d’avoir des notes aussi moyennes ! ! ! ». Elles dit également : « les chiffres

« bougent » et les formules avec… ».

Catherine, lente et fatigable, « avait du mal à se concentrer (sauf en maths) »:

Elle attribue ses difficultés également au manque de confiance en elle : « Le manque

de confiance que j’ai pu acquérir par la suite avec l’âge ? Effectivement, je n’ai recommencé

mes études que depuis 2004 où j’ai eu ma licence. J’ai eu un mémoire à rendre, j’ai eu alors

les vieux démons qui sont remontés et je me suis dit mais rappelle toi tu n’es pas capable, tu

es bien trop nulle on te l’a pourtant répété, tu es maso ma pauvre. Alors mes enfants et mon

mari m’ont rappelée à l’ordre et m’ont dit avant de dire que tu es nulle, essaie. »

Yves se souvient « de difficultés en français et en langues. »

Benoît mentionne « des difficultés à l’apprentissage de la lecture et de l’écriture, et

pour retenir les poésies. » (…) « J’aurai pu faire un bac agricole mais j’en avais assez des

études et j’ai eu mon BEP à 18 ans » ajoute-t-il.

Charles avait de gros problèmes de diction, d’expression, d’écriture : « Entre 70 à

150 fautes sur un texte de 10 lignes », il n’a su lire qu’en 4ème « ce qui explique que mes

résultats à l’écrit étaient déplorables, et que ma culture générale en soit limitée »(…) « Les

lacunes accumulées dans les matières littéraires ont été très handicapantes. » Il souligne

« ’incapacité d’exprimer les idées. Et plus jeune, une honte de faire des fautes ou de ne pas

être compris car trop rapidement je passais d’une idée à l’autre sans y avoir mis de liaison. Et

donc j’étais très difficile à suivre. Je ne comprenais pas non plus la lenteur d’esprit des autres

mais j’étais incapable d’exprimer ma rapidité. »

François parle de « difficultés en écriture et en orthographe. »

Gilles, lent « en lecture et à l’écrit, avait des difficultés en orthographe, et en

philosophie car cette matière était pour lui trop abstraite. »

Blandine parle également de « ses difficultés en français, en orthographe, en langue

(Allemand) et en géométrie – trigonométrie. »

Patrick estime que son « primaire s’est très bien passé. Sa scolarité est devenue

difficile au lycée et l’a quitté en seconde ». Il se trouvait face à de « l’incompréhension et

l’assimilation à de la fainéantise, de la bêtise. ». Comme aujourd’hui il veille à ne pas « lire à

haute voix devant d’autres personnes et commet énormément d’erreurs d’orthographe », il est

possible qu’il ait pu masquer ses difficultés en primaire en compensant par une grande aisance

orale et peut-être une précocité.

Page 69: Réflexions sur le devenir professionnel des personnes dyslexiques

69

Hubert nomme ses difficultés en lecture, orthographe, mémoire (« du mal à entretenir

son savoir, ne retient pas les dates de naissance de ses enfants »).

Jean avait de« grosses difficultés en orthographe et une sorte de dégoût pour la

lecture. », et « Plus de difficulté à apprendre et à retenir que la plupart des enfants. ».

L’apprentissage des langues était très difficile. Il parle d’un « manque d’intérêt pour les

études. »

Louis avait de même «des difficultés d’apprentissage en lecture, en orthographe, en

écriture et en langues. »

Antoine cite également « la lecture, l’orthographe et l’écriture ». Il était lent et dit-il :

« très vite ma vue se troublait, mes mains étaient moites et j’étais vite fatigué. » Au collège, il

est mis en CPPN (Classe Pré Professionnelle de Niveaux : ancêtre SEGPA).

Michel mentionne le français et les langues étrangères.

Commentaires :

Ces témoignages confirment les troubles mentionnés dans la première partie.

√ Problème de codage, de conscience phonologique :

Dans l’ordre, l’orthographe, la lecture puis l’écriture sont toutes citées comme

sources de difficultés majeures, ainsi que le déchiffrage d’une partition musicale. Le

traitement des énoncés est également relevé. Les difficultés en français se reportent sur

l’apprentissage des langues étrangères : anglais, espagnol et allemand. Seul, Gilles est

bon en Allemand soit parce qu’il a beaucoup pratiqué en allant en Allemagne et en

Autriche, soit parce que, peut-être, son degré de dyslexie est moins sévère.

√ Problèmes de repères dans l’espace pour certains :

Cinq ont des difficultés avec la géométrie, et un avec les mathématiques.D’autres

disent que les chiffres et les formules bougent et qu’il est difficile de suivre une

partition de piano.

√ Problème de mémorisation : Solliciter la mémoire de travail et la mémoire à long

terme, apprendre des poésies, des noms propres, des dates, des théorèmes, de gros

volumes posent problème. Cela exprime également des difficultés de repères dans

le temps.

√ Problème de lenteur : fréquemment décrit par les témoins.

√ Problème de concentration : représenté par exemple par la métaphore « dans la

lune ».

Page 70: Réflexions sur le devenir professionnel des personnes dyslexiques

70

√ Des difficultés à s’exprimer, L’aspect ardu à trouver les mots justes est signalé.

Certains ressentent le fait que que les autres sont lents d'esprit mais n’arrivent pas

à exprimer leur rapidité.

√ Des manifestations physiques sont décrites : vue troublée, mains moites,

fatigabilité. Les chiffres « bougent » et les formules avec…..

√ Conséquences psychologiques : Ils sont frustrés de comprendre et de beaucoup

travailler pour finalement obtenir des notes moyennes ou mauvaises. Description

aussi d’un manque d’intérêt pour les études.

√ La difficulté peut venir également de la manière dont la matière est abordée.

4.2 . Les difficultés actuelles

Caroline n’a plus de difficultés en lecture, écriture, ni dans le temps. Il reste des

efforts de travail importants à fournir pour mémoriser et se concentrer.« Oui mémoire de

travail liée au stock de l’information verbale. Grande difficulté pour mémoriser les noms et

les visages (futur ALZEIMER ou est le H ?) ». Dans l'espace, elle précise : « je suis bien

latéralisée mais lorsque je me déplace je perds mes repères parce que je n’arrive pas à

mémoriser les informations trop nombreuses liées aux déplacements. Je pense que c’est un

problème d’attention ».

Catherine n’a pas de problème dans le temps ou l’espace, ni pour lire. « Lorsque je suis

fatiguée, je dois me concentrer pour faire des phrases claires aussi bien à l’oral qu’à l’écrit »

(…) « J’ai besoin de calme et de concentration pour imprimer ! »(…) Elle signale : « Le

manque de confiance en moi qui surgit à tout moment et la lenteur »

Alice n’a aucune difficulté en lecture et écriture. « J’ai du mal à me représenter

l’espace. Cela me demande un effort de concentration ». Elle dit encore manquer de confiance

en elle.

Charles : « J’ai toujours des problèmes de repère dans l’espace, mais mon cursus

professionnel et mes études ont minimisé ces problèmes. Toutefois, je me suis mis à la

radiocommande d’hélicoptère pour forcer mon cerveau à gérer le déplacement relatif et

absolu. » (…) « Je n’ai toujours pas l’envie de lire. C’est toujours pour moi une contrainte

mais cela est indispensable pour mon métier… » (…) « La communication de mes idées est

toujours très difficile, je dois me faire violence pour m’exprimer. Pour ma situation c’est

vraiment un handicap, je pense que si je n’avais pas cette « maladie » la vie serait plus

Page 71: Réflexions sur le devenir professionnel des personnes dyslexiques

71

facile… ».

Florence : « Le passé est très peu compartimenté mes seuls repères sont scolaires ou

professionnels je ne retiens aucune date. » (…) « La notion de temps s’estompe elle aussi : les

évènements du passé appartiennent au passé et pour moi peu importe l’ordre chronologique

J’avais de très bons repères spatiaux que je suis en train de reperdre. Ces repères étaient innés

et je ne les pas cultivés me laissant guider par mon mari par ex. » (…) « Pour lire à voix

haute, il m’arrive d’inverser des syllabes, accrocher sur une lettre, voire même de remplacer

par un mot de même sens et de sens proche. Il m’arrive de lire en public : il faut alors, lorsque

je prépare une lecture, que je prenne mon temps, que je lise à voix basse le texte avec une

grande attention car si je me trompe, j’ai du mal à corriger derrière. Je compense en

m’entendant dire les choses. J’ai besoin de verbaliser et de m’entendre. » (…) « Dans mon

écriture, vous le constatez peut-être, il m’arrive d’oublier un mot et mon écriture n’est pas très

fluide. » (…) « Toujours le passage à l’écrit.»

Yvonne : « Je n'ai pas de problème dans le temps, sauf en vacances quand le rythme

est changé. J'ai toujours des problèmes de repères dans l'espace : je ne peux pas lire de plan.

Pour retrouver l'endroit où j'ai garé ma voiture, je mémorise des repères visuels (un arbre, un

panneau publicitaire...), et je fais la même chose pour retrouver mon chemin en forêt ! » (…)

« Je n'ai pas de freins concernant la lecture, à partir du moment où le sujet abordé m'intéresse,

sauf en période de stress. » (…) « Ce qui peut me gêner quel que soit le métier, c'est ma

difficulté à transmettre les perceptions, le ressenti, et à expliquer le pourquoi. Cela constitue

un frein. »

Yves : « Non. J’ai un très bon sens de l'orientation : par exemple je me repère très

facilement dans une nouvelle ville » (…) « Pas de problème pour la lecture. Pour l’écriture

c’est la catastrophe : pas un mot sans faute d’orthographe et les tournures de phases sont

toutes incorrectes » (…) « Problèmes sur la composition de l’écriture. Problème de

prononciation » (…) Problème de mémorisation : « J'ai une mémoire courte. Par exemple, il

m'était impossible de retenir une poésie ».

Benoît : « Aucun problème de repères dans le temps et dans l’espace » (…) « oui , j’ai

des difficultés à lire et à écrire : je lis des histoires à mes enfants en primaire, je lis des BD ou

des revues mais rarement des livres car cela me fatigue et me demande de gros efforts et de

toute façon jamais en public. Pour ce qui est d’écrire, je fais mes brouillons (le moins souvent

possible !) que mon épouse corrige. Qui croyez vous qui écrit ces lignes ?!! » (…) «Oui ma

dyslexie est un frein professionnel : si je n’avais pas ce handicap, je pourrai prendre des

responsabilités administratives qui m’auraient intéressées (management des techniciens,

Page 72: Réflexions sur le devenir professionnel des personnes dyslexiques

72

.directeur commercial.) Les formations sont sources d’angoisse pour moi et du coup je ne fais

que celles qui sont obligatoires pour mon travail »

François : « Mon niveau beaucoup trop bas » pour poursuivre des études après le bac.

Il rencontre des problèmes de repères dans l’espace et dans le temps : « Tourne à gauche en

montrant la droite. Je ne comprends pas les changements d'heure il me faut un moyen mémo-

technique que j'oublie 6 mois après » (…) « J'ai horreur d'écrire, sauf sur l'ordinateur. Et lire il

faut que j'accroche dès les premières pages » (…) « Les langues surtout l'anglais ».

Gilles : « Aucun. Je suis même très à l'aise dans l'espace. J'étais excellent en

topographie à l'Ecole d'officiers pendant mon service militaire. » (…) « Oui. Je suis toujours

lent en lecture et en rédaction. Cela me demande un effort. Je ne lis jamais pour mon plaisir. »

Blandine : Elle ne signale aucun problème de repères dans le temps et l’espace. «Lire

non, à écrire toujours les même manies de faire des phrases trop longues et toujours un peu

l’orthographe si je ne fais pas attention.» Par rapport aux freins actuels : « Non, il ne me

semble pas ou bien je n’en ai pas j’ai conscience. »

Patrick : « Oui, incapacité à s’orienter sans plan. Difficultés entre la droite et la

gauche. Enormément de fautes d’orthographe. Des difficultés à découvrir un texte en lecture à

voix haute devant d’autres personnes. »

Hubert: « Oui, j’ai du mal à entretenir mon savoir, [intérêt] des congrès » (…) « je ne

sais pas les dates de naissances de mes enfants. » (…) « Tout est obstacle quand vous ne lisez

pas les étiquettes, les modes d’emploi, les [éléments] d’entretiens etc. ». Il lit plus facilement.

Jean : « Je ne pense pas que l’on puisse parler de freins mais d’envie pour mon propre

cas. Non, je ne pense pas. » (…) « Mis à part les fautes d’orthographe, et le fait de ne pas

aimer lire.» (…) « Renoncer au travail de couvreur, du en partie à ma dyslexie, pour un

problème postural de la colonne vertébrale. »

Louis : « les langues », pas de problèmes de repères dans le temps ni dans l’espace,

« des fautes d’orthographe et pas de goût pour l’écriture. »

Michel : « Non, pour l’espace et pour le temps je n’ai pas de montre. Je ne lis pas plus

de 6 pages d’un roman par jour. Et pour écrire, je vérifie mon orthographe tout le temps et

j’essaye d’être lisible. »

Antoine : « Il y en avait avant que je porte mes lunettes magiques. Là, je reprends les

cours de français, l’espagnol et des cours d’informatique, et déjà un diplôme en français CFG

et un autre en informatique. »

Page 73: Réflexions sur le devenir professionnel des personnes dyslexiques

73

Commentaires:

Ceux qui n'ont pas bénéficié de rééducation mentionnent, différemment selon chacun,

encore des difficultés d'orientation dans l'espace, de concentration, de mémorisation,

d'orthographe, de lecture silencieuse et à voix haute, du passage à l'écrit, d'expression des

idées, de repères dans le temps (retenir les dates).

Ceux qui ont été rééduqués, parlent de difficultés dans l'espace, de transmettre à l'oral

leur pensée. Ils signalent aussi des difficultés pour lire, écrire, orthographier et apprendre des

langues étrangères.

Globalement, leurs difficultés se sont amoindries, ils arrivent à compenser et aussi à

cacher leur dyslexie. Pour certains, cela peut encore constituer un frein dans leur évolution

professionnelle, mais pour beaucoup ce n'est pas le cas.

4.3 . Les causes qu’ils attribuent à leur réussite

4.3.1 Dans les matières scolaires

Florence : « intuition dans ces matières » (Maths, grammaire, sciences, philosophie)

Yvonne : « les matières concrètes » (la physique)

Catherine : les maths sont « faciles et logiques, je n’ai pas besoin de me concentrer ni

d’apprendre ».

Caroline : Les neurosciences et les statistiques lui ont permis de réussir en études de

psychologie. Elle aime ces matières. « Je me suis débrouillée. »

Alice : « attrait pour l’écriture (formulation d’idées, de sentiments) », « intérêt

personnel », « goût pour la compréhension des mécanismes du corps humain »

Yves : « les maths car c’est logique, la géo car c’est concret et par intérêt pour la

nature. » Egalement de l’intérêt pour comprendre comment cela fonctionne.

Benoît : « Le sport (j’y étais heureux et j’avais besoin de me défouler, j’y étais mis en

valeur car j’étais assez bon partout), les maths, j’aimais bien l’histoire géo , les sciences, la

technologie. Cela m’intéressait et j’étais soutenu par mon oncle et ma tante ».

Charles : « toutes les matières scientifiques » Le professeur valorisait par son système

de notation le raisonnement, et non la rédaction.

François : « Les maths, le sport, le dessin, les travaux manuels et la musique. En tout

premier lieu les profs, ensuite les matières où il n'y avait pas d'écriture et une logique. »

Page 74: Réflexions sur le devenir professionnel des personnes dyslexiques

74

Gilles : « mon esprit logique et concret. », « Très bon en latin, allemand,

mathématiques », «fort en grammaire et en explication de texte pour « décortiquer » (…) « J'ai

des facilités à décortiquer, à comprendre. Faire un plan et organiser ma pensée sont faciles. ».

Par goût, « j’aime l’économie »

Blandine : « Maths, algèbre, dessin, philosophie, sociologie » (…) « Depuis très jeune,

j’ai toujours été convaincue que le jour où je devrai aborder des sujets concrets, je n’aurai

aucun problème voir mieux. J’ai toujours l’envie de passer à quelque chose de palpable et non

théorique. »

Patrick : « don naturel » pour le dessin, la maîtrise des chiffres.

Hubert: « grâce à un travail énorme », « sciences, histoire-géo »

Jean : « Technologie, la Physique, SVT, Histoire-géo, Mathématiques »

Louis: « Maths, Physique, Histoire-géo », l’informatique (goût et talent)

Antoine : « Les maths, la géométrie. Je l’attribue à la logique. »

Michel : La mémoire, l’ambidextre, la ténacité du geste, la logique du faire

(histoire-géo, informatique, enseignements professionnels, musique, dessin, sport)

Commentaires :

La plupart des témoins aime comprendre comment les choses fonctionnent

(mécanique, bricolage, corps humain, Economie, Physique, les neurosciences, les statistiques,

…). Ils sont nombreux à citer l’histoire-géographie. Ils parlent d’intuition. Ils ont de intérêt

pour ces matières. Alice est la seule à avoir une attirance depuis son enfance pour l’écriture en

tant que moyen d’expression. Quatorze citent les mathématiques comme matière privilégiée.

Ils ont besoin de concret, de palpable et de logique. Michel parle de mémoire kinesthésique.

Ainsi, leur intuition, leur goût pour le concret, leurs compétences en logique ont

permis d’investir certaines matières et d’y réussir (le corps humain, l’économie, les travaux

manuels, l‘informatique.) Des centres d’intérêts, voire même pour certains un talent naturel,

pour la nature, le sport, les travaux manuels, le dessin, la musique, … ont permis la

construction de compétences transférables aux apprentissages scolaires. Ils attribuent

également cette réussite à leur capacité de travail. Certains citent également le soutien de leur

famille, et la pédagogie et les encouragements des professeurs.

4.3.2 Sur le plan professionnel

Alice : « la volonté, la capacité de travail, la persévérance» (…) « L’art de négocier, la

Page 75: Réflexions sur le devenir professionnel des personnes dyslexiques

75

capacité à convaincre. Mon côté sérieux qui inspire confiance. Je suis souvent en compétition

sur des appels d’offres. L’échec ne me fait plus peur. J’ai appris à le surmonter. Enfin ma

capacité de travail, mon souci de perfectionnisme sont aujourd’hui des forces. »

Caroline : « A ma ténacité… » (…) « J’ai dû m’accrocher ! Et je travaillais en

parallèle. Donc cette autonomie et le concret m’ont permis de tenir. » (…) « Je me crois

visionnaire ! Et pense souvent que j’ai raison. Et mes stratégies ont souvent des stratégies

adaptées et porteuses….ou mes pressentis négatifs se sont révélés exacts. Mon chemin de

progrès apprendre à écouter et comprendre les MOTS pour gagner en communication

interpersonnelle ! ! ! »

Florence : « C’est ma volonté de réussir » (…) « La patience, l’écoute, la

persévérance. »

Catherine : « La persévérance et mon père qui a su croire en moi malgré les

commentaires des profs » (…) « à mon optimisme et à des lectures du Dalaï-Lama . Cela

pourrait paraître loufoque mais pour moi c’est le premier homme qui a parlé de la bien-

traitance et de la pensée positive », (…) « la persévérance, l’intuition, l’observation des gens,

l’écoute, la compréhension. »

Yvonne : « A l'intérêt des études choisies et à la persévérance. » (…) « J'ai un grand

sens de l'observation. J'ai une bonne perception des situations, j'ai de l'intuition. Ma formation

initiale de Psycho m'a bien formée à l'écoute et à l'entretien. »

Yves : « Avoir un bagage pour l’avenir et encouragé par les parents à tenir. Aucune

remarque désobligeante sur les mauvais résultats scolaires. » (…) « A la ténacité : il faut bien

vivre et ne pas baisser les bras. », « Travail et ténacité et savoir évoluer dans la formation

continue. », (…) « Organisation des tâches à accomplir. »

Benoît : « La ténacité de mon oncle et ma tante ainsi que le fait que 2 directeurs

d’établissement aient cru en mes capacités » (…) « Le directeur de l’établissement a fait un

bulletin élogieux en disant à mon oncle et ma tante que je pouvais faire mieux. Cela m’a

permis de rentrer au lycée agricole de Derval. » (…) « Au fait que des gens ont cru en moi, ce

qui m’a donné envie de réussir. »

Aux bonnes rencontres au bon moment et au fait que je n’ai pas fait le difficile,

n’hésitant pas à subir seul de nouveaux déracinements (Normandie, La Rochelle, Arras) mais

j’avais le soutien moral de ma famille » (…) « Un très bon contact relationnel et une grande

adaptabilité aux différents milieux. » (…) « De la volonté. Une bonne connaissance des

cultures. Les maths pour la vente, de l’intérêt pour ce que je fais. J’ai pris confiance en moi en

surmontant toutes ces épreuves. »

Page 76: Réflexions sur le devenir professionnel des personnes dyslexiques

76

Charles : « La ténacité de mes parents. » (…) « Des rencontres décisives de

professeurs qui m’ont apporté une reconnaissance. » (…) « La rapidité de passer d’une idée à

l’autre, le fait de ne pas pouvoir rester très longtemps focalisé sur une idée. Le fait de ne pas

aimer écrire ni lire m’oblige à compenser par une architecture intellectuelle sans faille, et

donc me permet de prendre des décisions structurées avec un but déjà construit. La

modélisation de toutes mes idées pendant ma scolarité pour « survivre » me sert aujourd’hui »

(…) « L’attrait de certains domaines où je me sentais bien. »

François : « L'argent de mes parents » (…) « Le défi challenge et surtout ma ténacité »

« Mon empathie ma sociabilité ma culture générale ». Son choix professionnel s’est fait

« toujours par opportunité.»

Gilles : « J'ai un bon contact et des valeurs (respect mutuel, droiture, équité) qui

inspirent confiance. Je suis très rationnel dans mon jugement. En étant dans le concret

rapidement, dans l'opérationnel, j'obtiens des résultats que les clients apprécient. » (…) « Je

suis très créatif. J'ai un esprit logique. J'ai une capacité à trouver des solutions. J'ai une bonne

capacité d'écoute empathique et de jugement : je suis dans le plaisir quand il s'agit d'aider les

autres. Je crois que le dyslexique n'ayant pas d'intérêt pour la lecture qui est un plaisir

individuel, il se tourne naturellement vers les autres. » (…) « Je ressens comme un besoin de

se situer dans le concret, ce qui est une force pour un créateur d'entreprise. » (…) « J'ai des

facilités à décortiquer, à comprendre. Faire un plan et organiser ma pensée sont faciles. » (…)

« Mes difficultés ont développé ma volonté et ma rigueur dans le travail. »

Blandine : « La détermination de mes parents, connaissant mes capacités

intellectuelles (plusieurs fois testées), qui n’ont jamais voulu se résigner aux simples discours

de la plupart de mes professeurs. » (…) « Ma créativité, le goût du changement et de la

nouveauté, ma capacité à gérer plusieurs sujets en même temps, d’insuffler au gens une

dynamique, c’est mon goût pour l’équipe et le travail de groupe qui est pour moi une véritable

« spirale de dynamisme » et à toujours chercher une solution à tous les problèmes car je ne

veux pas m’avouer vaincue (probablement car ça était le cas durant tellement d’années). » (…)

« Le simple déclic de devenir libre et de devenir un numéro au milieu de millions d’autres. Ne

plus être le sujet de temps de préoccupations et d’attention permanente et sans relâche. »

Patrick : Dans son métier, « La facilité d’expression et de communication, la maîtrise

des chiffres » (…) « Une grande capacité de travail, à la confiance de mon épouse. »

Hubert : « L’acharnement, je travaillais de 2 heures du matin à 20 heures pendant les

concours. Je me lève toute l’année à 5 heures et je peux faire des journées de 20 heures de

travail. 4 h. à 5 h. de sommeil sont suffisantes » (…) « La rapidité, l’ingéniosité, la rigueur. »

Page 77: Réflexions sur le devenir professionnel des personnes dyslexiques

77

Jean : « par ma famille et mes amis » (…) «Le fait d’être en extérieur, de passer du

temps à réaliser quelque chose qui reste pendant des années. » (…) « A l’envie de

progresser. »

Louis : « Je suis doué pour l’informatique » (…) « Logique, goût pour les

mathématiques, sérieux, serviable. »

Antoine : «Un jour, j’ai fait la rencontre d’un homme formidable qui m’a tendu la

main et je l’ai écouté. » (…) « Je m’adapte très vite, je m’entends avec tout le monde, les

talents étaient de cacher ma différence et de surpasser tous les autres, de cumuler des stages et

les formations professionnelles pour me surpasser moi-même et pour être reconnu comme un

véritable professionnel de la part de mes supérieurs. (Surtout leur cacher ma dyslexie) » (…)

« Je suis intelligent et un très bon manuel. (Doué d’une très grande habileté, polyvalent

merveilleux : bois, métaux, végétaux, maçonnerie, plomberie, électricité), Je dois réussir tout

ce que je fais et surtout que je sois satisfait du résultat obtenu. » (…) «La volonté de réussir et

l’aide de maman plus des personnes formidables qui m’ont aidé bénévolement pour la plupart.

Ils me voyaient déterminé. »

Michel : « encouragements des professeurs à continuer vu les excellents résultats. »

Commentaires :

Je listerai ici simplement les idées dominantes. Elles sont variées et riches.

Elles seront analysées dans le paragraphe V.

Ils notent des qualités et des capacités : La volonté, l'envie de progresser,

l'envie de réaliser quelque chose, l’envie d’aider les autres, des talents manuels, une habileté,

une dextérité, un don pour l'informatique, de l'intérêt pour les matières travaillées, la capacité

à convaincre, esprit logique, une créativité, une capacité à trouver des solutions et à prendre

des décisions, une ingéniosité, une rapidité d'esprit pour passer d'une idée à l'autre, la capacité

à gérer plusieurs sujets en même temps, une capacité de travail, un esprit de synthèse, la

capacité à faire un plan et organiser sa pensée, une volonté et de la rigueur dans le travaille

goût du changement et de la nouveauté un bon relationnel, une sociabilité, le goût du travail

en équipe, le besoin de se situer dans le concret, un sens de l'observation, de l’intuition,

visionnaire, , de la persévérance, de la patience, de l’optimisme, une capacité d'écoute

empathique et de jugement, une éthique personnel, le soutien familial moral, matériel et

financier, des rencontres décisives et l'encouragements des professeurs.

Ils insistent aussi sur des procédures : aimer les défis, surpasser les autres pour

Page 78: Réflexions sur le devenir professionnel des personnes dyslexiques

78

être reconnu par la qualité de son travail l’art de négocier, savoir évoluer, s’adapter, savoir

s'organiser, aimer le travail bien fait, de la ténacité, insuffler au gens une dynamique, savoir

cacher sa différence, inspirer confiance, avoir confiance en soi, ne plus avoir peur,

4.3.3 Des stratégies de compensation mises en place

Yvonne opère des associations d’idées avec quelque chose de concret et un besoin de

visualiser. Elle a pris conscience de pouvoir arriver au même résultat par d’autres chemins.

Florence se fixe de petits objectifs adaptés pour se rassurer et réussir.

Catherine nomme sa dyslexie si besoin : « maintenant, quand je me sens fatiguée,

j’avertis les personnes que je risque de faire des erreurs car je suis dyslexique »

Alice : « Comme un aveugle, il s’agissait pour moi de combler par différents moyens

mon handicap : par le travail, par le développement de mon niveau de communication orale,

par ma qualité d’écoute et mon intuition relationnelle : en effet, ma difficulté à comprendre

les énoncés, ma grande lenteur m’ont obligée à beaucoup écouter : je crois aujourd’hui que

cette écoute est une force en stratégie commerciale. Aujourd’hui, je comprends très bien les

énoncés et ma qualité d’écoute m’aide à cerner les attentes de mes clients. Je crois que ce sont

là les clés de ma réussite dans ce domaine. »

Caroline : « couleurs, lunettes grossissantes. Synthèse écrite (en réécrivant des textes

que je synthétise pour les relire de temps à autre et tenter de fixer l’information) »

Yves : «Ecriture manuelle illisible pour effacer les fautes au point où j’ai du mal à me

relire. Utilisation au maximum de l’ordinateur avec la correction automatique. Besoin de

répéter les choses pour les retenir; il faut en permanence que je réactive mon moteur de

mémoire. C'est comme une formation en continue mais sur des choses déjà apprises. C'est la

même chose pour la lecture et l'écriture, sinon je régresse. »

Benoît : «Pour apprendre les poésies, ma tante me les faisait enregistrer pour que je

les écoute ensuite dans ma chambre. » (…) «J’apprenais sans effort » lors des soirées films de

« connaissance du monde » (…) « Le téléphone plutôt que des courriers, Mon épouse comme

secrétaire….De la répartie pour me laisser du temps, je trouve le moyen pour que les

agriculteurs me donnent des papiers antérieurs où je réussis à trouver les mots dont j’ai

besoin. Un travail en amont avant mes périodes de vente pour repérer ce que j’aurai besoin

d’écrire. »

Charles : « Pour l’écriture, je synthétise au maximum, et j’ai appris à compenser mon

problème de transmission et d’ordonnancement des idées avec l’ordinateur. » (…) « Toutefois,

Page 79: Réflexions sur le devenir professionnel des personnes dyslexiques

79

je me suis mis à la radiocommande d’hélicoptère pour forcer mon cerveau à gérer le

déplacement relatif et absolu. » (…) «Le fait de ne pas aimer écrire ni lire m’oblige à

compenser par une architecture intellectuelle sans faille, et donc me permet de prendre des

décisions structurées avec un but déjà construit. La modélisation de toutes mes idées pendant

ma scolarité pour « survivre » me sert aujourd’hui. »

François : « Oui mais pour les expliquer je ne saurais pas expliquer »

Gilles : « Face à ma lenteur de lecture et rédactionnelle, j'ai élaboré ma méthode de

travail et ai développé mon esprit de synthèse. Grâce à cela, en prépa écoles de commerce, le

résumé de documents est devenu ma meilleure matière. »

Blandine : « chercher des synonymes aux mots que je ne sais pas orthographier ou

simplement changer ma phrase »

Patrick : « Oui, j’évite de lire devant d’autres personnes et je m’entraîne avant

(apprentissage par cœur). Beaucoup de démarches téléphoniques. »

Hubert: « Le travail.»

Jean : Pas de réponse.

Louis : « non. »

Antoine : « Des stratégies de compensation, il fallait bien que j’en trouve par

centaines si ce n’est pas plus ! » (…) « Les talents étaient de cacher ma différence et de

surpasser tous les autres, surtout leur cacher ma dyslexie. »

Michel : « Oui beaucoup mais sans savoir que j’en appliquais. Adaptation à un monde

différent du vôtre. Gaucher au quotidien, dans les apprentissages, dans la gestuelle, …,

demande un traitement particulier pour comprendre ce que l’on vous dit. »

Commentaires

Ces stratégies leurs sont indispensables pour s’adapter. Elles sont plus ou moins

conscientes. Il est difficile de discerner les qualités innées ou de celles qui sont acquises.

Peut-être ont-ils développé naturellement leurs points forts ?

Béatrice Sauvageot et Jean Métellus illustrent cette aptitude à compenser chez le sujet

dyslexique : « Il a un sens de l’observation visuelle déroutant alors qu’il ne peut se repérer en

fonction d’informations écrites, comme des plans, les panneaux indicateurs des rues et de

directions. Il fait preuve d‘une mémoire extraordinaire pour retrouver un circuit déjà emprunté

grâce à des détails visuels (une fleur sur un balcon), auditifs (le métro qui passe, le bruit d’une

école), olfactifs (l’odeur d’une boulangerie), gustatifs (le bonbon qu’il a dans la bouche à ce

Page 80: Réflexions sur le devenir professionnel des personnes dyslexiques

80

moment là), émotionnels (le sentiment éprouvé lors de son dernier passage). »

La mémorisation peut poser problème et requiert des stratégies : mémoriser grâce aux

images et concrétiser les notions. Cela confirme la pensée en images des dyslexiques et leur

esprit pratique.

4.3.4 Préférences pour d’autres secteurs

Alice : « Journaliste grand reporter » son premier désir. Néanmoins, elle travaille dans

la communication.

Caroline : « Tout m’intéresse, du moment que c’est pour être dans la qualité de vie. »

Florence : Volonté de se réorienter vers le sanitaire et sociale qui correspond à son

idée de départ de s’occuper d’enfants.

Catherine : « oui peut-être dans la médecine légale ou le secteur artistique mais à voir

j’en suis pas sur !! ». Après avoir fait des études d’infirmière-puéricultrice, elle est directrice

de crèche.

Yvonne : « Lors de mes études en Administration des Entreprises, j'ai découvert une

foule de métiers que je ne connaissais pas. J'aurai pu m'orienter différemment.

Yves : « oui : conseiller en forêt et tout ce qui touche aux bois. L’arboriculture ou

maraîchage ? » Son métier était Chef de département rayons frais dans un hypermarché.Sa

passion est la nature. Il aurait aimé peut-être plus travailler en extérieur.

Benoît : « être agriculteur », il est actuellement technicien agricole. Il est son secteur

de prédilection, mais à débuter comme commercial. Son désir correspond à sa première

orientation, liée à son milieu familial.

Charles : « Non plus maintenant. »

François : Il s’est orienté par ses propres moyens. Il aime les pelleteuses, les engins

Gilles : « Etant très curieux et créatif, j'aurai aimé travailler dans pleins de secteurs.

Notamment, le théâtre, écrire des sketches comiques, faire rire. »

Blandine : «L’archéologie, pour travail d’équipe et la découverte. Commissaire

d’expositions arts ou de manifestation culturelle : Pour la création de l’évènement, la mise en

coordination de plusieurs métiers, travail d’équipe et le fait de construire quelque chose de

rien. »

Page 81: Réflexions sur le devenir professionnel des personnes dyslexiques

81

Patrick : « non. »

Hubert: « Je ne peux pas finalement. »

Jean : « Oui, bien sûr, il y a même sûrement des métiers que je ne connais pas qui

pourraient m’intéresser. »

Louis : « non. »

Antoine : « Oui, dans un secteur qui est en plein air et qui a un lien avec la nature. »

Michel : « J’ai travaillé dans d’autres secteurs (industrie, commerce, loisir,

informatique, éducation nationale …). »

Commentaires :

Certains travaillent dans leur secteur passion (Louis)

Tout en aimant leur métier, d’autres aimeraient travailler dans le domaine qui les

passionne. (Antoine par rapport à la nature, François pour les pelleteuses, les engins, Florence

et le social…). lls peuvent être curieux de tout, et seraient ouverts à beaucoup d’autres

secteurs (Jean, Yvonne, Gilles, Florence)

D’autres encore auraient aimé aussi s’investir dans leur secteur passion, mais cela leur

est impossible aujourd’hui.

4.3.5 Activités extra-scolaires et centres d’intérêts

Caroline faisait enfant de la gym, de la danse, des travaux manuels et du piano. Elle

pense que le piano « l’a aidée à se rééduquer et à se concentrer ».

Yvonne aimait la danse et le ski. Néanmoins, la danse était difficile pour elle à cause

de problèmes de coordination et de repères dans l’espace.

Catherine : « L’équitation, le cheval me comprenait et je me sentais bien. »

Alice : « Dessin, violon, tennis, danse classique, théâtre, écriture d’un recueil de

poèmes, voyage humanitaire en Inde, visite d’une personne âgée pendant 10 ans ».

Florence : Excellente en hand-ball et athlétisme et, dès le collège, elle accompagne de

jeunes enfants.

Yves n’avait pas d’activités extra-scolaires mais aimait le bricolage, le vélo, le patin à

roulettes, …

Charles : « Kayak, Violon (mais là encore, la dyslexie ne m’a pas permis de

m’exprimer, la lecture des notes était trop difficile, faire la note suivante avant la première, ou

en rajouter une), le dessin là par contre, je me suis éclaté et m’éclate toujours. » Aujourd’hui,

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82

« je me suis mis à la radiocommande d’hélicoptère pour forcer mon cerveau à gérer le

déplacement relatif et absolu. »

Benoît : « Judo, foot, tennis, hand ball, athlétisme. Les soirées-films « connaissance

du monde » J’aimais bien ce dépaysement et je pense que j’apprenais sans effort. La

sculpture (…) activité que j’aimais bien »

François : « J'ai eu plein d'activité comme la chorale, le scoutisme, la Croix Rouge,

les échecs et le sport et tout ce qui pouvait me faire oublier l'école. J'avais besoin d'être

reconnu dans des disciplines autre que la scolarité là où je n'excellais pas »

Gilles : « Tennis, rugby, chant, théâtre. J'aime l'esprit d'équipe, le groupe. Avoir une

activité d'expression orale. »

Blandine : Flûte, danse classique, dessin et pastel ne lui ont pas plu, 7 ans de piano, 20

ans de Hockey sur glace. Beaucoup d’activités difficiles soit à cause des professeurs ou d’un

groupe qui ne convenaient pas (« peu sympathique », « trop d’exigence et de sévérité »,

« dans un monde d’adultes…je me suis sentie trop seule »), soit à cause de la quantité de

travail exigé qui relevait du scolaire. Excellente en Hockey sur glace. Elle aime le sport

d’équipe « ayant pour première politique le plaisir, pas le résultat. »

Patrick: « Le dessin, talent naturel. » (…) «Théâtre : j’avais plus de liberté, mise en

avant des différences, de l’excentricité. »

Hubert: « Beaucoup de scoutisme. Très peu de contraintes extérieures »

Jean : Beaucoup de sports.

Louis : « Le tennis, activité plaisante, sauf la compétition (stress). »

Antoine : « Les compétitions cyclistes. Je me trouvais seul sur mon vélo et donnais le

meilleur de moi-même pour que mes parents soient fiers de moi (j’ai gagné toutes les courses

et je me suis surpassé : 5 fois champion de Côte d’Or, 1 fois champion de France sur route. »

Michel : « le judo, le jonglage, les arts du cirque, le bricolage. »

Tableau de synthèse

Sports et Jeux Travaux

manuels

Musique Expression

artistique

Ouverture sur

le monde

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83

- Beaucoup de sports (2)

- Tennis (4)

- Danse (4)

- Gym

- Judo (2)

- Ski

- Equitation

- Jonglage

- Courses cyclistes

- Kayak

- Vélo, Patin à roulettes

- Rugby,

- Foot,

- Hand ball (2)

- Athlétisme(2)

- Hockey sur glace

- Echecs

- Les travaux

manuels

- Bricolage (2)

- Le dessin (4)

- Le pastel

- Chant (2)

- Flûte,

- Violon (2)

- Piano

- Théâtre (2)

- Ecriture d’un

recueil de poèmes

- Arts du Cirque

- Voyage

humanitaire en

Inde

- Visite d’une

personne âgée

pendant 10 ans

- Les soirées films

- La Croix-Rouge

- Accompagnement

de jeunes enfants

- Scoutisme

Commentaires :

Je nommerai « culturelles » toutes ces activités dites extra-scolaires (sportives,

manuelles, artistiques, d’ouverture sur le monde) dans la mesure où elles ouvrent la personne

sur plusieurs mondes : le leur et celui que nous partageons tous.

Tous ont eu des activités extra-scolaires et en ont eu besoin. Elles sont variées. La

majorité d’entre eux pratique un sport. Certains préfèrent les sports d’équipe, d’autres les

sports individuels, parfois les deux. Certains se révèlent dans la compétition (Antoine,

Blandine …), d’autres l’évitent (Louis, car pour lui, c’était trop stressant).

Ces activités peuvent jouer sur l’équilibre de la personne, la coordination gauche-droite, et

exercer un travail au niveau du cerveau (jonglage, radiocommande d’hélicoptère, piano …).

Elles permettent également de se changer les idées, de se défouler, de se mettre en valeur, de

canaliser son énergie, de s’exprimer autrement (théâtre, recueil de poème, langage du

corps)… et finalement de se sentir plus libre et de mettre en avant ses différences, son

excentricité.

Certains ont vécu des actions humanitaires ou des activités centrées sur l’aide à la

personne : Croix-Rouge, voyage en Inde, accompagnement de groupe de jeunes.

Centres d’intérêts :

Page 84: Réflexions sur le devenir professionnel des personnes dyslexiques

84

Caroline : « tout % amélioration de la qualité de la vie », « Neurosciences et nutrition

/ finances / humain/ archi (construction écologie) et génie civil. »

Alice : « Ma famille. »

Catherine : « les voyages pour la passion et le centre d’intérêt la connaissance des

autres cultures. »

Yvonne : « Pas particulièrement. »

Yves : « Toujours la nature » (…) « le bricolage, la mécanique (les machines, les

moteurs...): j'aime comprendre comment ça fonctionne en repérant les mécanismes. Je

n'utilise pas de plans car j'ai du mal à lire les schémas monoplans, à l'horizontale, je préfère ce

qui est en 3 dimensions. »

Benoît : « Au départ l’agriculture en général » (…) «Ma famille, les braderies pour

alimenter la kermesse des religieux de St Vincent de Paul qui tiennent une maison des jeunes.

Je suis dans l’organisme de gestion de l’école. Le foot avec mes garçons. »

Charles : « Le dessin, mes enfants, mon travail »

François : « La bande dessinée et tout ce qui touche les gros engins comme les

tracteurs, les bull, les pelleteuses, les dameuses etc... »

Gilles : « Le tennis, La musique, le chant. »

Florence : « le service auprès des autres» (…) « La rencontre avec l’autre, mieux

comprendre la relation humaine, l’Homme. »

Blandine : « Passion non car je trouve la passion trop restrictive. Un intérêt privilégié

pour la cuisine en se fixant des challenges tant en terme de créativité et de rapidité. » (…)

« La création de choses avec ces doigt ou la conception avec son esprit. »

Patrick : « ma famille »

Hubert: « J’aime la pêche à la mouche, la montagne, la marche, plutôt les loisirs

physiques ou demandant de la précision. »

Jean : « La nature, le calme, la tranquillité » (…) « Le dessin industriel est une chose

que j’apprécie. »

Louis: « lire et voyager » (…) « l’informatique. »

Antoine : « Tout ce qui touche de près ou de loin à la Nature. (Pêche, chasse,

champignons, faune, flore, piégeage, garde particulier) » (…) « Les champignons, la nature, et

une fois mes problèmes réglés, je vais me consacrer à ma femme et mes filles. »

Michel : « les arts du cirque, les reconstitutions historiques, le judo, mon boulot et ma

famille. »

Page 85: Réflexions sur le devenir professionnel des personnes dyslexiques

85

Commentaires :

Tous ont des centres d’intérêt montrant une curiosité et une vitalité.

En fonction de l’histoire de chacun, sont privilégiés la famille, le travail, les passions

et activités qu’ils exerçaient dès l’enfance (la nature, le sport, le bricolage, les engins,…), les

goûts (la précision, le dessin industriel, la cuisine, la connaissance des autres cultures par les

voyages …), l’engagement dans la société (aide aux personnes, aux institutions….)

4.3.6 Conseils à un jeune dyslexique

Alice : « Se développer là où ils se sentent en confiance » (…) « le dyslexique a besoin

de reconnaissance. »

Caroline : «Il y a plusieurs formes de dyslexie…tout dépend du profil. »

Gilles : « D'abord, de persévérer, car plus on avance et moins la dyslexie est un

handicap. En effet cela devient plus facile car on va plus vers le raisonnement. Après, de

travailler dans des métiers, des secteurs et des cultures d'entreprises où l'oral est privilégié. »

François : « Foncer et ne pas avoir honte. Avoir un centre d'intérêt et de graviter un

maximum autour. Etre opportuniste et ne pas avoir peur de prendre le train en route. Ressentir

les choses et ne pas trop se poser de questions. En général la première impression est la

bonne ».

Charles : « Je dirai à un jeune dyslexique que cette « maladie » peut se vaincre, chose

qui est très difficile à concevoir quand on est au fond du gouffre. Que nous n’en serons jamais

débarrassés, mais qu’il y a un moyen de vivre avec. Il faut pouvoir trouver la faille qui permet

de nous valoriser pour nous même. De s’y accrocher et de balayer tout le reste avec. De

prendre ce domaine où nous avons des facilités (je pense dans la parti brainstorming

personnel) et d’en faire un chemin de bataille pour nous permettre de nous faire comprendre

par le monde qui nous entoure. »

Benoît : « Pour ce qui est des plus grands (ados et +) : rechercher et cultiver ses points

forts, ne pas se décourager, trouver sa voie de départ, ne négliger aucune piste et saisir les

opportunités. Ne pas s’isoler, trouver des activités qui lui permettent de s’épanouir et

d’évacuer le stress. »

Yves : « Ne pas abandonner et se diriger sur des métiers manuels et touchant la nature

(horticulture, paysager, menuisier, foret, ...), des métiers très intéressants et ne demandant pas

Page 86: Réflexions sur le devenir professionnel des personnes dyslexiques

86

trop d’écriture et ni de langue. Les efforts fournis sont récompensés par les progrès. »

Yvonne : « Se dire que ce n'est pas grave si on ne raisonne pas comme les autres. Ce

n'est pas parce qu'on ne sait pas expliquer les choses qu'on a tort. Il faut persévérer. Savoir

qu'on est dyslexique permet de comprendre et de déculpabiliser. Mais, le savoir peut

constituer un frein, limiter le potentiel de la personne à cause du regard des autres et du regard

que l'on peut porter sur soi-même. Mais cela peut être aussi un atout car paradoxalement en va

peut-être plus vite dans la réflexion, la recherche et mise en pratique grâce à l'habitude de

« recoder » l'inconnu n'est pas une nouveauté. »

Catherine : « De s’acharner et de ne pas écouter les gens qui ne croit pas en vous. De

suivre ses objectifs. »

Florence : « Ne pas rester là, il y a des gens qui existent pour vous aider » (…) « Faire

nommer et reconnaître leur dyslexie. Cela permet de se libérer de cette sensation que l’on est

nul et capable de rien. Trouver la méthode de travail ou de rééducation qui permettra de

travailler lire écrire plus aisément, ne pas perdre le contact avec la société. J’insisterai sur la

déculpabilisation et le maintien du lien parents-enseignants et rééducateur car à ce jour le

travail de rééducation n’est pas harmonisé… »

Blandine : « Rien n’est insurmontable, mais surtout arriver avant toutes choses à se

détacher du regards que portent les autres sur ce « handicap». Mais quand on est jeune, on n’a

pas la maturité et la force de personnalité pour se détacher de l’appréciation des gens qui vous

entourent, et qui vous servent aussi à vous construire mais pour moi, la clé est là. »

Patrick : « De suivre ses propres règles »

Hubert: « Mettez des prismes »

Jean : « De se battre contre leur dyslexie. »

Louis : « De travailler, de ne pas se décourager »

Antoine : « De trouver au plus vite un spécialiste de la vue et qu’il soit formé pour

soigner les dyslexiques. Du courage, de la persévérance et on déplace des montagnes. »

Michel : « Faire du sport et des activités manuelles (les deux mains doivent travailler

en même temps mais indépendamment de l’autre). Faire de l’orthographe mais avec les règles

à connaître par cœur. Apprendre à écouter les autres et avoir plusieurs sources d’informations.

Vérifier l’équilibre de son corps. Et surtout ne pas se victimiser. »

Commentaires :

Ces précieux conseils, me semble-t-il, se passent de commentaire !

Page 87: Réflexions sur le devenir professionnel des personnes dyslexiques

87

V. ELEMENTS DE VALIDATION DES HYPOTHESES

Cette analyse précise d’une part la nécessité de mobiliser pour le sujet ses propres

ressources et d’autre part la nécessité d’un soutien de l’environnement pour réussir son

insertion professionnelle.

5.1 . Par rapport au sujet : des compétences communes à tous

Comme le souligne Béatrice Sauvageot et Jean Metellus1, « les dyslexiques ont des

traits de caractères communs, une façon de s’organiser, d’écouter, de se concentrer, de créer,

très particulière. »

Je déduis de l’analyse des dix-sept questionnaires trois types de compétences : les

compétences cognitives, les compétences compensatoires et les atouts personnels. Parfois, le

classement pourrait paraître arbitraire car il m’a été difficile de discerner ce qui est naturel de

ce qui est acquis. Je ne détaillerai plus ici quel témoin correspond précisément au profil. En

effet, je me limiterai à synthétiser les ressources mentionnées déjà détaillées précédemment.

5.1.1 Des compétences cognitives

� Des qualités de présence au monde :

• Ecoute empathique

• Disponibilité / ouverture / curiosité

• Concentration

• Présence d’esprit, intuition

• Patience

• Persévérance

• Humour

• Optimisme

• Altruisme

• Sociabilité

1 P. 45

Page 88: Réflexions sur le devenir professionnel des personnes dyslexiques

88

• Sens de l’observation

• Goût pour le travail en équipe

• Capacité à mobiliser ses collaborateurs, insuffler une dynamique, management

� Des conduites de détours

Il s’agit de la capacité à partir d’hypothèses posées d’anticiper un effet ou de prendre

une décision.

Cela peut consister dans le fait, par exemple, d’investir dans du matériel vidéo, des

dictaphones pour pouvoir transmettre l’information sans passer par l’écrit, ou en se remettant

invariablement à des personnes de confiance qui lisent et écrivent à la place du sujet.

� Un bon niveau de raisonnement logique

Dans les conceptions contemporaines, l’intelligence est composée des fonctions

cognitives suivantes :

• La comparaison

• L’analyse et la synthèse

• La déduction (passer de l’indice au général) et l’induction (passer du général au

particulier

• Logique de classes : toutes les sciences sont basées sur la classification

• Logique de nombres

• Logique des systèmes

• Logiques des propositions (le syllogisme)

Les témoignages recueillis mettent en valeur, selon chacun, ces compétences. Ils savent

organiser leur pensée.

� Une certaine rapidité d’esprit

Il s’agit de la possibilité pour certains de gérer plusieurs tâches en même temps, voire de

chercher à cumuler plusieurs tâches pour mieux réfléchir.

� Une pensée en images

� Un certain rapport au temps

• Tenir : patience et persévérance

Page 89: Réflexions sur le devenir professionnel des personnes dyslexiques

89

• Rigueur

• Capacité d’auto ressaisissement face aux difficultés

• Résilience

� Un certain rapport à l’espace

• Une vision en 3D

� Adaptabilité / polyvalence

• Goût du changement et de la nouveauté, savoir évoluer

• Transférabilité des compétences

5.1.2 Des stratégies ou compétences compensatoires

Il est difficile de savoir s’il s’agit de compétences « naturelles » ou résultant de

stratégies de compensation. Peut-être ont-ils développé naturellement leurs points forts ?

� Développement de la capacité de travail

� Développement de la capacité à vérifier

� Développement de l’autonomie

� Développement de la mémoire

•••• visuelle, auditive, kinesthésique, verbale…

•••• Association d’idées, mémorisation par cœur

� Développement des sens

Béatrice Sauvageot et Jean Metellus1 remarquent leur sens de l’observation visuelle

déroutant alors qu’il ne peut se repérer en fonction d’informations écrites, comme des plans,

les panneaux indicateurs des rues et de directions. Il fait preuve d‘une mémoire extra ordinaire

pour retrouver un circuit dejà emprunté grâce à des détails visuels (une fleur sur un balcon),

auditifs (le métro qui passe, le bruit d’une école), olfactifs (l’odeur d’une boulangerie),

gustatifs (le bonbon qu’il a dans la bouche à ce moment là), émotionnels (le sentiment

1 « Petit dyslexique deviendra grand », p. 221

Page 90: Réflexions sur le devenir professionnel des personnes dyslexiques

90

éprouvé lors de son dernier passage).

Pour mémoriser le langage écrit et appliquer des règles =, il procèdent par une série

d’association multi sensorielles et affectives, dans un d’écoute et de présence particulier, relié

à une mémoire précise de certains détails. »

� Développement de la synthèse

La synthèse permet de retenir, éviter d’écrire, pallier la lenteur. Elle assure une vue

d’ensemble, d’un coup d’œil. Charles dit que «le fait de ne pas aimer écrire ni lire m’oblige à

compenser par une architecture intellectuelle sans faille, et donc me permet de prendre des

décisions structurés avec un but déjà construit. La modélisation de toutes mes idées pendant

ma scolarité pour « survivre » me sert aujourd’hui. »

� Construction d’un équilibre dans le rapport du corps à l’espace

� Développement de la dextérité, habileté des mains

� Capacité d’expression orale

Pour compenser les difficultés de passage à l’écrit, avoir de la répartie pour gagner du temps.

La facilité d’expression et de communication

� Cacher ou, au contraire, nommer sa dyslexie

Masquer les fautes d’orthographes avec une écriture illisible

� Utilisation d’outils

Ordinateur, magnétophone, dictaphone, le téléphone, lunettes grossissantes, « mon épouse

comme secrétaire » …

5.1.3 Des atouts personnels

� La vitalité

• Enrichissement des compétences

• Soif de connaissance

• Conduites de projet

Page 91: Réflexions sur le devenir professionnel des personnes dyslexiques

91

• Dynamique de devenir :

• Capacité de travail

� La curiosité

• L’intérêt pour les matières enseignées

� La participation culturelle

• Activités de loisirs

• Activités de rencontres

• Expression artistique

• Valeur de sauvegarde de l’environnement, écologie, (= caroline)

� La conduite de défi

• Se dépasser :

• Surpasser les autres

• Montrer sa normalité : « prouver que je pouvais y arriver »

• Démontrer des zones d’excellence

� Motivation, volonté, courage, audace

• L’envie de progresser

• L’envie de réaliser quelque chose

� Estime de soi

• Gain de la confiance en soi.

� Contribution au changement social, aux changements des mentalités

• Respect de la personne et de l’environnement

� Créativité / intuition

• Capacité à trouver des solutions, à inventer

� Art de négocier, capacité à convaincre

Page 92: Réflexions sur le devenir professionnel des personnes dyslexiques

92

� Dons, talent :

• Dessin, informatique, sculpture, …

5.1.4 Recherche d’une théorie explicative de la dyslexie : leurs définitions

Alice : « Le dyslexique se sent souvent incompris. Il souffre d’un système scolaire

inadapté à lui. » (…) « L’impression de pas arriver à exiger de son cerveau des choses qui

semblent aux autres si simples. Comme si certaines connexions cérébrales étaient troublées.

Parallèlement le dyslexique développe d’autres aptitudes. Sa sensibilité est un atout. »

Caroline : « une autre forme de pensée, qui est mis à rude épreuve dans un système

académique classique. »

Florence : « Raisonnement pas adapté aux méthodes d’apprentissages actuelles. »

Catherine : « Une maladie galère que personne ne prend au sérieux surtout

l’éducation nationale qui la prend à la légère. Une maladie où l’on se sent seule. Jeune il est

difficile d’en parler. Les personnes atteintes de dyslexie sont classées dans le registre des

idiots des analphabètes. Ces gens ne sont intelligents et n’y arriveront jamais il faut les mettre

dans des voies de garages puisqu’ils ne savent ni lire ni écrire !

Un seul médecin a su me donner un traitement certain ne la considère pas comme

sérieuse et handicapante. »

Blandine : « Une riche fragilité différenciant, poussant hors d’une norme, édictée par

le corps enseignant. »

Yvonne : « C'est avoir un disque dur qui n'est pas formaté comme tout le monde, et

reconstituer des puzzles avec des morceaux manquants qu'il faut imaginer. »

Yves : « Personne possédant des difficultés sérieuses et durables sur la maîtrise de la

langue française. Comme une maladie que j'ai eu enfant entraînant un retard de scolarité. »

Benoît : « Comme un handicap qui demande énormément d’énergie au quotidien »

Charles : « La dyslexie est pour moi une incapacité à faire le lien entre ce qui est écrit

avec la vie qui nous entoure. Et je dirais même que cela va même jusqu’à mettre de coté la

théorie qui dit que la pensée a besoin des mots pour exister… Je pense qu’un dyslexique

pense sans l’appui des mots où même d’un support abstrait structuré. »

François : « C'est passé par des chemins de traverses pour arriver au but. »

Gilles : « Pour moi, la dyslexie est une difficulté à lire et à rédiger (formuler les

phrases par écrit). »

Page 93: Réflexions sur le devenir professionnel des personnes dyslexiques

93

Patrick : « Ça n’est un problème que pour les autres, dans le système tel qu’il existe

(on peut très bien vivre avec, mais les enseignants, non). »

Hubert: « Un handicap méconnu et non compris. »

Jean : « Je la définirais comme une gêne pouvant être perçue sous différentes

formes. »

Louis : « Je n’en sais rien. »

Antoine : « La dyslexie est un obstacle de plus, qui à notre époque n’est que de la

rigolade par rapport à ce que j’ai enduré. Pour vous les jeunes si vous êtes sérieux et

déterminés (c’est gagné), un nouveau jour s’ouvre à vous. Bon courage. »

Michel : « En raccourci, la dyslexie est un problème qui a 3 causes : un problème de

cerveau qui ne peut traiter la latéralité, un déséquilibre du corps d’où un recueil des

informations qui fausse le traitement et l’action de ce même corps, et enfin un environnement

pas adapté à votre latéralité (gaucher dans un monde de droitier). En conclusion, la dyslexie

n’est pas une maladie que l’on attrape mais une discrimination d’un monde majoritairement

droitier (voir les histoires sur les gauchers, le diable, l’impure, le différent, …) d’où peut être

un refoulement psychologique de cette différence (surtout chez les plus jeunes) pour être

comme les autres et se fondre dans la masse. Si tout petit votre cerveau fonctionne comme un

gaucher et que l’on vous oblige à le nier. Votre cerveau ne fait pas les bonnes connexions

d’où un déséquilibre qui s’amplifie de jour en jour jusqu’à vous handicaper. Il faut cultiver et

se servir de cette différence pour avancer tous les jours car les minorités font avancer la

majorité (regarder les grands de l’histoire ne sont-ils pas gaucher ?). »

Commentaires : Une vision de l’intérieur de la dyslexie

Ces adultes vivent leur dyslexie comme une maladie, un handicap, une difficulté, une

incapacité à penser avec des mots et à faire le lien entre l’écrit et ce qui les entoure. Elle est

aussi pour eux un raisonnement pas adapté, une autre forme de pensée, ils éprouvent

l’impression d’avoir des connexions cérébrales troublées, une gêne avec différentes formes.

Enfin la dyslexie renvoie à un problème lié au système scolaire, une discrimination, un autre

chemin, une riche fragilité différenciante, un problème pour les autres.

Suite à cette analyse des sujets, je remarque beaucoup de paradoxes dans leurs

caractéristiques : des troubles de perception auditive mais une mémoire auditive surdéveloppé

des troubles de la concentration mais une grande capacité de travail, des difficultés

d’expression mais une capacité d’expression orale. Ils ont une capacité d’adaptation énorme,

Page 94: Réflexions sur le devenir professionnel des personnes dyslexiques

94

doublée d’une créativité qui leur fait imaginer diverses solutions pertinentes.

Ils savent mobiliser en eux leurs ressources les développer.

« Un malheur n’est jamais merveilleux, il vous oblige à deux solutions : vous

soumettre ou résister. Les enfants qui surmontent cette douleur ont le ressort pour la dépasser.

Ils ont besoin des autres pour sortir vainqueur de cette blessure intime » R. Duvillié1. Les

ressources de l’environnement : les parents, les institutions, les rencontres, les méthodes, les

dispositifs institutionnels, les logiciels …sont nécessaires pour accompagner l’enfant.

5.1.5 Par rapport à l’environnement :

a) Des blessures et le sentiment d’être différent

Catherine se sentait différente car elle devait toujours en faire plus, malgré le manque

de reconnaissance du corps professoral : « ils pensaient que je ne voulais pas travailler » (…)

« les profs n’ont jamais considéré le surcroît de travail et l’effort de concentration que je

devais fournir ». A cela s’ajoutait les « punitions des instituteurs à cause des fautes

d’orthographes » (…)

« la moquerie des autres qui a provoqué un repli et une hyperactivité pour prouver que je

pouvais y arriver. »

Florence : manquait de confiance en elle à cause des« Insultes publiques par la

professeur d’anglais qui était la directrice du collège » (…) « Nombreux sont les enseignants

qui m’ont fait confiance mais je n’avais plus vraiment confiance en moi. » (…) « Mes parents

ont accepté la lenteur me diminuant parfois à la fainéantise. Ils ont vite cru que mes résultats

moyens venaient de mon manque de travail. » (…) « Ma différence venait surtout du fait que

je comprenais très vite mais mon passage à l’écrit m’empêchait d’avoir des résultats. »

Yves : Trop grande différence d’âge (3 ans d’écart) en CM2 et 6ème

Alice : « Différente par : ma lenteur, ma trop grande sensibilité, ma difficulté à

énoncer clairement une idée. » (…) « J’ai eu de nombreuses années d’orthophonie (2 à 3 fois

par semaine à l’heure des récréations après la cantine) J’en garde le souvenir d’une grande

humiliation. » (…) « J’ai grandi dans une fratrie de surdoués. Ma sœur et mon frère avaient 2

ans d’avance. Je faisais figure de canard boiteux. J’ai toujours souffert de ne pas sentir mes

1 « Petit dyslexique deviendra grand », p.182

Page 95: Réflexions sur le devenir professionnel des personnes dyslexiques

95

parents fiers de mes résultats. ».

Caroline : se sentait différente par son autre forme de pensée : « Le pire c’est de

comprendre les mathématiques et d’avoir des notes aussi moyennes ! ! ! D’avoir envie de

comprendre la chimie et de ne pas avoir le tps de mettre en mémoire de travail ts ces

symboles et formules » (…) « Je vivais les autres comme des « BOULETS » et de plus je ne

pensais pas comme eux » (…) « Nous [Caroline et sa fille [sommes les martiennes. »

Yvonne ne se sentait pas différente des autres. Les difficultés scolaires

n’engendraient pas systématiquement de mauvais souvenirs de l’école. De même pour la

danse qu’elle aimait malgré les difficultés de coordination.

Benoît : « Dans le même temps, après avoir perdu mon père dans un accident et un de

mes frères (autre accident) l’année de mes 12 ans, je perdais ma mère d’un autre accident

alors que j’allais sur mes 13 ans. » (…) « Je me sentais différent même si j’avais des copains

(…) et parce que toutes les matières scolaires me demandaient un effort. »

Charles : « plus jeune, une honte de faire des fautes ou de ne pas être compris car trop

rapidement je passais d’une idée à l’autre sans y avoir mis de liaison. Et donc j’étais très

difficile à suivre. » (…) « L’incapacité d’exprimer les idées » (…) « Je ne comprenais pas

comment faisait les autres pour écrire sans faute. Pour aimer lire. Par contre, pour la partie

analyse, je ne comprenais pas non plus la lenteur d’esprit des autres mais j’étais incapable

d’exprimer ma rapidité. » (…) « Mon niveau beaucoup trop bas » l’a empêché de poursuivre

ses études.

François : « pour moi, j’étais nul. »

Gilles se sentait différent dans sa manière de travailler.

Blandine : En primaire, « toujours montrée du doigt » (…) « Jusqu’à mon arrivée en

Fac, je me suis toujours sentie un peu inférieur dans le cadre scolaire, d’où une timidité

maladive étant jeune, avec toujours la peur au ventre de dire d’énormes bêtises et que l’on se

moque de moi. », (…)« Des méthodes d’apprentissage non adaptés à ma personnalité et

surtout le jugement fatal et sans retour possible de mes professeurs qui vous projette dans une

case dont on finit par ne pas arriver à sortir. C’est une énorme spirale dans la quelque je me

suis senti happée. Bref le jugement des gens et même de notre entourage proche et moins

proche. » (…) « Le regard des autres qui peut, en classant hors norme les individus concernés,

les considérer comme touchés d’une tare synonyme d’une pauvreté intellectuelle à laquelle

aucun espoir n’est permis. »

Patrick : « Résultats scolaires insuffisants » (…) « L’incompréhension et

l’assimilation à de la fainéantise, de la bêtise. »

Page 96: Réflexions sur le devenir professionnel des personnes dyslexiques

96

Hubert: « souvenir du lycée épouvantable » ; la scolarité a été de plus en plus difficile

Jean : « Plus de difficulté à apprendre et à retenir que la plupart des enfants. »

Louis : « Aucune aide du système scolaire par les instituteurs, et les psychologues

scolaires qui ne connaissaient pas et riaient de la dyslexie. » (…) « j’avais un sentiment

d’infériorité jusqu’à ma rééducation. »

Antoine : « Une catastrophe : j’étais gaucher et on m’a forcé à écrire de la main

droite. De plus, on me prenait pour un débile » (…) « Je passais pour un fainéant et on m’a

placé en CPPN. » (…)« Et j’ai passé mon DFEU avec brio et à la remise des diplômes le

professeur m’a dit que je l’avais eu avec compassion. » (…) « Il fallait que je travaille

davantage pour avoir des résultats satisfaisants (pour moi) » (…) « Trop faible en français »,

pour pouvoir poursuivre ses études. Des obstacles « Au niveau professionnel : pour passer des

concours ou des stages avec un diplôme professionnel. ».

Michel : « la dyslexie n’est pas une maladie que l’on attrape mais une discrimination

d’un monde majoritairement droitier ».

Commentaires :

Il y a beaucoup de sentiments d’humiliation causés par les punitions, les insultes des

professeurs et les moqueries des autres élèves, et la différence créée par les séances

d’orthophonie au vu des camarades de classe qui étaient en récréation. Il ressort également un

sentiment d’injustice par un défaut de reconnaissance des efforts fournis.

Certains se sentent tellement différents qu’ils disent venir d’une autre planète, qu’ils

ne parlent pas la même langue.

D’autres ne se sentent pas différents : leurs difficultés ne semblent pas avoir créé pour

eux de blessures ou ne souhaitent plus en parler. Par exemple, Charles ne parle que de ce qui

est positif. L’idéal est de tirer les leçons de toute expérience, tourner la page et aller de

l’avant.

b) Des soutiens

Certains témoins ne répondent pas systématiquement.

� Le soutien familial

Catherine : On remarque chez elle une persévérance et une attente positive de

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97

l’entourage familial : « mon père qui a su croire en moi. »

Yvonne : Elle signale le soutien scolaire de la maman en dictées et lecture.

Florence : Elle cite ses parents qui consultent pour l’orientation, qui l’emmènent chez

l’orthophoniste, qui offrent de soutien scolaire, qui l’encouragent.

Alice : « Ils ont pris très au sérieux ma dyslexie » (…) « mes parents ont souhaité que

je puisse écrire de la main gauche, ce qui était assez précurseur à cette époque là. »

Benoît : A partir de la 5ème, «Par ma « nouvelle famille » qui a pris les choses à « bras-

le corps » chacun m’aidant selon mes besoins. Par exemple ma + jeune cousine (plus jeune

que moi) corrigeait les fautes de mes devoirs. Ma tante me faisait travailler tous les soirs et

trouvait des astuces à certaines difficultés. »

Charles : « Ils m’ont toujours soutenu à l’école et je crois que c’est déjà beaucoup. »

(…) « La ténacité de mes parents » (…) « Par mes parents au début, jusqu’en terminal, sinon

je devais quitter le cycle général en 5ème. »

François : Il nous fait part de la méconnaissance par ses parents de son handicap et

des conséquences de cette méconnaissance. « Jamais puisque je ne savais pas. Pour moi j'étais

nul. »

Gilles : « Mes parents étaient exigeants mais compréhensifs (pas de punitions à cause

des mauvais résultats en dictée). Ma mère m'a soutenu dans le travail du soir. »

Blandine : « Par mes parents et surtout ma mère qui ne voulait me voir « galérer »

comme elle pour suivre des études. Cela a été à certaine époque proche de l’acharnement. Ma

mère, sortie d’un milieu modeste, n’avait pas d’études supérieures car mes grands-parents

n’en voyaient pas l’intérêt. Elle a donc à 30 ans passé une équivalence au Bac et réintégré la

Fac jusqu’en DESS. » (…) « La mise en place d’un suivi par une orthophoniste durant 6 ou 7

ans, je ne me souviens plus exactement. »

Patrick : « Ils ne se sont jamais vraiment posés la question, de même que les

enseignants » (…) « Non, pas dans l’enfance. Dyslexie non détectée avant l’âge adulte. »

Hubert: « Ils ont cherché comment me traiter mais en fait j’ai fait le traitement des

prismes, après un de mes neveux très dyslexique qui ne lisait pas et n’écrivait pas à 17 ans. »

Soutenu par « Ma famille, mon épouse. »

Jean : « Oui, énormément par la famille et les amis. » (…) «Pas surpris du fait que

mon père, mon frère et ma sœur le sont. »

Louis : « Ils m’ont aidé. Ils ont eu des difficultés à trouver un programme adapté pour

la rééducation » (…) « Oui, par ma famille, mais pas par les instituteurs. »

Antoine : « L’aide de maman plus des personnes formidables qui m’ont aidé

Page 98: Réflexions sur le devenir professionnel des personnes dyslexiques

98

bénévolement pour la plupart. Ils me voyaient déterminé. » (…) « Maman a tout tenté et c’est

grâce à sa persévérance que je suis arrivé à un niveau moyen. »

Michel : Ses parents l’ont aidé à s’orienter mais ils ignoraient sa dyslexie

(diagnostiquée adulte).

Commentaires :

Ces témoignages montrent qu’une implication familiale forte dans le soutien du sujet

aide à tenir dans la durée. Charles, directeur d’un site industriel, aurait dû être orienté en 5ème.

Il n’a su lire qu’en 4ème et a fait des études d’ingénieur.

Certains témoins ont parmi les membres de leur famille des parents dyslexiques

L’aspect héréditaire peut constituer un atout ou bien au contraire un frein, selon le ressenti du

parent dyslexique confronté au handicap qui apparaît comme en miroir chez son enfant.

� Le soutien scolaire

François : « Je me souviens où une fois j'ai eu les félicitations de mon maître pour un

0,5 sur 10 »

Catherine : « Une institutrice s’est penchée sur mes difficultés et a conseillé à ma

mère d’aller voir une orthophoniste » (…) « Je pense surtout à un prof de math qui m’a

permis de voir que je pouvais être bon dans certaines matières, et que ça valait le coup de s’y

attarder. Un enfant ou même un adulte a besoin de la reconnaissance d’autrui… »

Charles : « J’ai eu un très bon prof en 5ème qui ne portait pas forcément la réduction

des points sur la rédaction mais avait une orientation de notation sur le raisonnement. J’avais

enfin une matière où je pouvais me distinguer… Très important pour un enfant. Avoir 1 point

fort reconnu. »

Caroline : 1 institutrice en CM2, 1 professeur de philo en 2nde

Catherine : 1 institutrice.

Yves : Son instituteur qui l’a aidé dans ses devoirs et s’est formé pour mieux

transmettre son savoir.

Benoît : « Le directeur de l’établissement a fait un bulletin élogieux en disant à mon

oncle et ma tante que je pouvais faire mieux. Cela m’a permis de rentrer au lycée agricole de

Derval. »

Ludovic : « Aucune aide du système scolaire par les instituteurs, et les psychologues

scolaires qui ne connaissaient pas et riaient de la dyslexie. »

Page 99: Réflexions sur le devenir professionnel des personnes dyslexiques

99

Antoine : « Oui, par des professeurs qui m’ont donné des cours particuliers. Ils avaient

confiance en moi. »

Michel : « Après en fin de BEP, les profs m’ont dit de continuer à la vue de résultats

excellents. »

Commentaires :

L’implication des enseignants et leurs encouragements sont fortement ressentis par les

élèves dyslexiques. Leur absence aussi.

� L’orientation :

Charles : « ses goûts » (…) « Il s’agit d’un métier d’impression d’image, de technique

pur donc un domaine où je me sens à l’aise. »

François : « Par mes propres moyens »

Gilles : par lui-même, en fonction de ses goûts.

Blandine : par la maman, selon les souhaits de sa fille, puis directement par elle-

même. « Par mon souhait et mon goût pour un travail devant être varié, sans routine, créatif

permettant de remettre en question les choses et surtout opérationnel. Etant très créative mais

sans l’âme artiste j’ai donc suivi des études d’arts et fini par du marketing pour cette gestion

du changement et de la nouveauté constante. »

Patrick : «Je n’ai pas été orienté. Choix effectués par hasard et par défi. »

Hubert: « Non, je l’ai fait, faute de faire mieux, (impossibilité de faire AGRO et

Grandes Ecole) et puis c’est devenu une passion »

Y a-t-il une influence familiale ? « Oui, mon père était chirurgien »

Jean : « visite au forum des métiers de Dijon »

Louis : « Je n’ai pas rencontré de conseiller en orientation, choix personnel après une

scolarité normale. » (…) « J’aimais l’informatique »

Antoine : « une influence familiale ? Oui, dans le choix de mon travail. Je voulais être

dans les pépinières (la nature, quoi), mais mon frère qui était plus âgé faisait ce métier et on

m’a orienté du côté de la mécanique où j’ai bien réussi. »

Benoît : «j’aimais bien la nature, mon père, mon grand-père et un de mes oncles (pas

celui chez lequel j’étais) étaient agriculteurs. Je me voyais bien dans cette branche. »

Yves : « Tests d’orientation par un cabinet privé à l’époque. »

Page 100: Réflexions sur le devenir professionnel des personnes dyslexiques

100

Commentaires :

S’agissant d’adolescents, leurs parents ont eu un rôle primordial :

� En influençant plus ou moins directement la voie à choisir par la référence au métier

du père ou à la culture familiale (Michel, Antoine, Caroline, Alice, Benoît)

Néanmoins, la maturité leur permet plus tard soit de choisir d’autres voies (Yvonne)

soit d’en découvrir une passion (Hubert).

� En accompagnant à un forum des métiers (Jean)

Il avait bien préparé sa visite selon « les facteurs suivants : - métier manuel, peu

d’années d’études, métier d’extérieur, métier à long terme ». Il y a rencontré les

« Compagnons du devoir ». Il s’était fixé des objectifs réalistes et réalisables, concrets,

basés sur ce qu’il aime faire.

� En faisant appel à un conseiller en orientation (Florence, Catherine, Yves) qui a pris

en compte leurs goûts et de ce qui était réalisable.

� En laissant leur enfant choisir seul selon ses goûts (Charles, Gilles, Blandine, Louis)

Patrick et François se sont orientés visiblement seuls : « par hasard et par défi », « Par mes

propres moyens »

� La rééducation / le traitement

• Orthophonistes :

Catherine : Diagnostiquée en primaire, orthophonie 3 fois par semaine au collège.

Alice : Orthophoniste 2 à 3 fois par semaine en primaire pendant quatre ans.

Yvonne : Orthophoniste en primaire.

Yves : Deux fois par an, consultation d’une orthophoniste pour des bilans et des formations de

l’instituteur.

Benoît : En 5è et 4è a suivi ses 1ers cours d’orthophonie. « J’ai fait de gros progrès. »

Blandine : Diagnostiquée enfant, 6 ou 7 ans d’orthophonie

Louis : « Rééducation en CM1-CM2. »

• Tests de QI :

Alice : « Mon examen de QI a été un « permis de passage en classe supérieure » de

nombreuses fois. »

Page 101: Réflexions sur le devenir professionnel des personnes dyslexiques

101

Antoine : « on m’a fait passé des tests de QI. Le résultat était de 120. »

Blandine a été également testée.

Commentaires :

L’intérêt des tests compte dans la mesure où c’est la seule possibilité d’évaluer

l’intelligence de la personne et par là même contribuer au diagnostic final. L’enfant

dyslexique aura sa place dans le système scolaire classique et les rééducations seront mieux

ciblées. Mais les tests concernent en tout premier lieu la personne elle-même et ses parents car

ils rassurent, confirment leur conviction profonde et encouragent à tenir.

• Méthode particulières (Tomatis , prismes, Ron Davis, psychologues, médecin,…)

Alice : psychologues Dolto + Debré Ritzen.

Charles : un psychologue qui a décelé ses capacités non utilisées.

Gilles : en CP, séances pour le déstresser.

Hubert et Antoine : les prismes.

Catherine : traitement médical.

• Méthodes d’entraînement logique (Programme d’Enrichissement de l’Intelligence …)

Michel : A l’âge adulte.

Commentaires :

Les enfants ayant bénéficié de séances d’orthophonie ont pu s’améliorer grâce à cette

rééducation.

Les témoins cherchent encore des solutions pouvant les faire progresser.

c) Des rencontres décisives

Catherine : « une institutrice s’est penchée sur mes difficultés et a conseillé à ma

mère d’aller voir une orthophoniste » (…) « Un seul médecin a su me donner un traitement.

Certains ne la considèrent pas comme sérieuse et handicapante. »

Caroline : « 1 institutrice en CM2, 1 professeur de philo en 2nde, l’entrée en CP de sa

fille ! La lecture de Ron Davis » (…) « Qu’est-ce qu’il est important que j’apprenne pour

Page 102: Réflexions sur le devenir professionnel des personnes dyslexiques

102

survivre dans ce monde. Qu’est-ce que j’ai besoin de savoir. »

Florence : « des personnes hors scolarité m’ont aidée en me redonnant confiance en

moi. »

Charles : « Je pense surtout à un prof de math qui m’a permis de voir que je pouvais

être bon dans certaines matières, et que ça valait le coup de s’y attarder. Un enfant ou même

un adulte a besoin de la reconnaissance d’autrui… » (…) « Et un certain psy qui a décelé, je

ne sais comment que j’avais des ressources non utilisés » (…) « J’ai eu un très bon prof en

5ème qui ne portait pas forcément la réduction des points sur la rédaction mais avait une

orientation de notation sur le raisonnement. J’avais enfin une matière où je pouvais me

distinguer… Très important pour un enfant. Avoir 1 point fort reconnu. »

Yvonne : Au lycée, elle comprend ce qu’elle doit faire pour améliorer ses notes : « on

attend de moi simplement de restituer par analogie les raisonnements. »

Benoît : « Après mon service militaire (que j’ai voulu faire dans les paras pour me

prouver que j’étais capable de quelque chose et qui m’a donné un peu plus confiance en

moi) » (…) « Un directeur d’une société d’engrais (AZF) et qui avait à cœur de lancer des

jeunes en difficulté. »

François : « oui. »

Blandine : « Le simple déclic de devenir libre et de devenir un numéro au milieu de

million d’autre. Ne plus être le sujet de temps de préoccupations et d’attention permanente et

sans relâche. ». Après 2 années d’études supérieures, elle décide par elle-même de son

orientation, « Et c’est là que tout a changé dans ma vie et que mes études n’ont plus été une

source d’échec. » (…) « Le fait à 21 ans, après mon année de Design Industriel, de vouloir

intégrer la Fac pour palier à mon manque en terme de culture artistique. J’ai par la même

souhaité ne plus avoir sur mes épaules le poids de la culpabilité que j’ai dû porter ou que ma

fait porter ma mère. En rentrant en Fac, je me suis libérée de cette oppression et par la même

occasion de ma dépendance financière vis-à-vis de mes parents. Ils n’avaient plus à payer

pour mes études car je prenais en charge tout ce que je pouvais. Par suite, je ne sentais plus

redevable et la sensation de ne plus avoir de compte à rendre. Pour la suite, l’Ecole de

commerce la rencontre durant un de mes jobs d’étudiantes de jeunes diplômés ayant des

doubles formations. »

Patrick : « oui. »

Hubert: « la microchirurgie m’a fasciné. »

Antoine : « Un jour, j’ai fait la rencontre d’un homme formidable qui m’a tendu la

main et je l’ai écouté. Trois mois plus tard je portais les lunettes magiques (à prismes) et

Page 103: Réflexions sur le devenir professionnel des personnes dyslexiques

103

toujours aussi persévérer (…). Mes lunettes ça fait que 5 mois que je les possède et 2

diplômes en poche (Alors) »

Michel : Encouragements des professeurs à continuer vu les excellents résultats.

Commentaires :

Les rencontres décisives concernent aussi bien des personnes (enseignants,

psychologues, employeur, étudiants, autres …) que des expériences (passion pour des études,

service militaire). La rencontre avec des situations différentes donne l’occasion d’une prise de

conscience (« déclic »), et permet une maturation aidant à prendre des décisions : cela peut

consister dans l’orientation scolaire dans le supérieur, l’indépendance financière, ou le fait

simplement de devenir adulte devenir adulte (être libre et responsable de ses choix), être

autonome

Ne faut-il pas aider l’élève dyslexique à poursuivre au maximum ses études afin

d’atteindre une certaine maturité dont il se servira pour rebondir de lui-même ?

5.1.6 Les secteurs professionnels émergeants

a) La performance comme définition de la réussite professionnelle

Si on évalue la réussite professionnelle à la performance dans l’exercice de son métier,

alors, il n’existe pas de hiérarchie parmi les métiers : un métier intellectuel ne sera pas plus

valorisant qu’un métier manuel, tout dépend comment chacun l’exerce.

Il existe pléthore de définitions de la performance. Pour m’aider, j’ai rencontré un

consultant en RH du Cabinet Perfhomme qui a déterminé des facteurs contribuant à la

performance :

� Des aptitudes intellectuelles de la personne (verbales, numériques, spatiales…) qui

doivent être conformes à ce qui est nécessaire pour tenir le poste.

� Des compétences nécessaires pour tenir le poste

• Savoirs

Page 104: Réflexions sur le devenir professionnel des personnes dyslexiques

104

• Savoir faire (dextérité, …)

• Savoir être (oser dire, sociabilité, leadership, créativité, …)

� De la motivation et l’environnement de travail : Il faut qu’il y ait adéquation avec

• Ce que la personne aime faire et le contenu du poste

• Son désir d’autonomie

• Son désir de reconnaissance et d’avantages matériels

• Son souhait d’évolution de carrière

• Le cadre et l’ambiance de travail

• La culture et les valeurs de l’entreprise

• Le style de management et de communication

• Le niveau de responsabilités

Or, bien que chaque personne dyslexique soit unique, les apports théoriques sur la

dyslexie et l’analyse des témoignages mettent en évidence de réelles aptitudes intellectuelles

ainsi que des compétences communes à tous et transférables dans différents secteurs, la

motivation et l’environnement de travail étant plus propre à chacun.

b) Les secteurs professionnels

Ainsi, parmi les témoignages, tous mettent l’accent sur leur capacité de travail, réel

atout dans le monde professionnel où il faut savoir résister aux différentes pressions. Ils font

également preuve d’adaptabilité. Le travail en équipe leur plaît. Ils sont pourvus d’une grande

curiosité et ouverture d’esprit, d’une envie permanente d’évoluer. Leur intuition, leur goût

pour le concret, leurs compétences en logique ont permis d’investir certains domaines et d’y

réussir (la médecine, les ressources humaines, la mécanique, l‘informatique, …).

Certains ont pu exercer un métier dans leur passion : l’informatique, et même la

communication écrite ! En effet, Alice est la seule à avoir une attirance depuis son enfance

pour l’écriture en tant que moyen d’expression.. D’autres auraient souhaité travailler dans la

nature (agriculture, forêt), les engins ….

Le Dr Habib retrouve un nombre conséquent de dyslexiques dans les professions

Page 105: Réflexions sur le devenir professionnel des personnes dyslexiques

105

faisant appel aux aptitudes spatiales (ingénieurs, architectes) et dans des activités sportives

nécessitant une précision spatiale (escrime, tennis). Dans mon panel de témoignages, je n’ai

malheureusement pas d’architecte, mais deux ingénieurs, un chef d’entreprise en bâtiment et

construction, un mécanicien, un chirurgien et un couvreur-zingueur, une créatrice de

vêtements. Il me semble que des aptitudes spatiales sont nécessaires dans ces métiers.

Trois d’entre eux sont créateurs d’entreprise (Deux dans les RH, un dans le bâtiment)

et trois autres sont à des postes de direction (dans la communication, dans l’industrie, dans le

social). Leur créativité doit être pour eux un élément important, car il faut toujours trouver de

nouvelles solutions pour résoudre des problématiques et se projeter dans l’avenir.

Huit sont dans le conseil ou l’aide à la personne : Trois dans les ressources humaines,

une dans la communication, un conseiller d’insertion socio-professionnelle, un dans les

assurances, une dans le sanitaire et social et une dans une crèche. Ces secteurs privilégient le

contact, l’intelligence de la relation, si présente chez les personnes dyslexiques. D’ailleurs

deux témoins travaillent dans le social. Il est fréquent de les trouver dans des métiers

d‘infirmières, d’assistantes sociales, …L’altruisme est un trait caractéristique. Elles aiment

donner aux autres. En plus de leurs aptitudes à percevoir et analyser les signes extérieurs,

avoir été en difficulté rend capable de ressentir de l’empathie.

Les domaines artistiques les attirent également : le théâtre, écrire des sketches,

commissaire d’expositions d’art ou de manifestation culturelle, le dessin, la sculpture …

Afin de mettre en valeur ces secteurs, je vous propose les portraits de Léonard de

Vinci et d’Auguste Rodin.

c) Léonard de Vinci et Auguste Rodin :

� Léonard de Vinci

Je vous livre en partie les notes des livres de Rébecca Duvillié d’une part, et de

Béatrice Sauvageot & Jean Metellus d’autre part. Ces derniers font eux-mêmes références aux

travaux de P. Huard, dessins anatomiques, K. Clark, Léonard de Vinci, et G. Mourgue,

Léonard de Vinci.

« L’artiste génial de la Joconde a aussi inventé le sous-marin, le principe de

Page 106: Réflexions sur le devenir professionnel des personnes dyslexiques

106

l’hydrodynamique et saisi la nature et l’intérêt des fossiles avec trois cents ans d’avance (…)

Pourtant, l’éducation intellectuelle laisse à désirer : c’est le fils illégitime d’un notaire de

Florence, ce qui n’aide pas, surtout à cette époque là, à trouver une place sociale, il apprend le

latin tardivement. Mais ses talents le portent vers l’architecture, la peinture et les travaux

publics, tout en camouflant sa dyslexie et son écriture illisible. Grand peintre, mais surtout

observateur d’une insatiable curiosité, Léonard de Vinci est avant tout un inventeur ingénieux

de la Renaissance. (…) Son génie réside aussi dans le fait qu’il trouva bien d’autres moyens

de communiquer que celui de l’écriture. La peinture ne peut se contenter de copier la réalité.

Elle doit aller au-delà des apparences pour décrypter les liens qui sous-tendent l’équilibre du

monde mieux que l’écriture ! (…) La peinture devient intelligence et geste. (…) Léonard ne

put jamais passer pour un lettré et c’est vers 40 ans qu’il accéda, tout seul, aux classiques

latins. Les carnets de l’artiste nous démontrent d’ailleurs que la langue qu’il utilise est la

toscan parlé et rural, plus soucieux de phonétisation que d’orthographe. Dès son plus jeune

âge, il se montre très adroit de ses mains et admirablement doué pour le dessin. Dans ces

conditions, le concept, au lieu de se développer par un exposé théorique, s’exprime, pour lui,

par un schéma. Toute observation, toute expérience peut se dessiner et doit être objectivée par

le constat d’un dessin. (…) Les touts premiers carnets de Léonard traitent de questions

techniques et nombre de pages sont uniquement consacrées à la reproduction de machines

ingénieuses. … le sens si pénétrant de la construction et son inlassable curiosité …il ne se

contentait pas d’analyser le fonctionnement d’un appareil. Il souhaitait découvrir le pourquoi

de son fonctionnement et c’est cette curiosité qui transforma le technicien en savant. Il avait

un goût prononcé pour les démonstrations qu’il souhaitait parfaitement claires et rigoureuses.

(…) Les mathématiques étaient la seule forme d’abstraction qui emportait son assentiment

car, au fond, il ne les tenait pas pour de l’abstraction : « il n’y a aucune certitude scientifique

qui ne soit mathématiquement démontrable. », écrivait-il. (…)Sa véritable écriture était le

dessin. (…) Le graphisme devient son moyen d’expression préféré, son langage véritable, son

moyen de transmettre son univers d’idées. »

Commentaires :

Ces descriptions mettent l’accent sur a curiosité de Léonard de Vinci, son esprit

inventif, son sens de la précision, sa dextérité, son goût pour les sciences, la technique et la

nature, comprendre et démontrer le fonctionnement des choses, sa pensée en images et enfin

sa capacité d’expression par le biais du dessin et de la peinture.

Page 107: Réflexions sur le devenir professionnel des personnes dyslexiques

107

� Auguste Rodin, d’après les notes relevées dans le livre de Béatrice Sauvageot & Jean

Metellus.

« Timide et handicapé par une forte myopie, il ne tire aucun profit de ses années

d’école. Il lit et écrit avec difficulté et sait à peine compter. Il a alors 14 ans, l’âge où un jeune

garçon doit apprendre un métier. Auguste n’a pas encore une idée très précise sur son avenir.

Il passe beaucoup de temps à la Bibliothèque Sainte Geneviève inaugurée quatre ans plus tôt.

En consultant des livres de gravures d’après Michel Ange, c’est la révélation : il décide de

faire carrière dans le dessin. Mais, Jean-Baptiste Rodin, son père, ne considère pas le métier

d’artiste comme sérieux ; il nourrit pour son fils des ambitions plus conformes à sa situation

sociale. Auguste s’entête, ne démord pas de son idée. Le père se laisse enfin fléchir par sa

femme et sa fille : Auguste entre à l’Ecole impériale de dessin, rue de l’Ecole de Médecine.

La première année d’études étant consacrée au dessin, Rodin ne connaît encore rien de la

sculpture. C’est par hasard qu’il découvre son existence : en poussant un jour la porte de la

salle de modelage, il comprend quelle est sa véritable vocation. Sa dextérité, sa rapidité à

malaxer la terre, bref son savoir faire immédiat et le plaisir éprouvé lui confirment qu’il a

trouvé sa voie : « je fis des morceaux séparés, des bras, des têtes ou des pieds ; puis j’attaquai

la figure entière. Je compris cela avec autant de facilité qu’aujourd’hui. J’étais dans le

ravissement. (…) En 1857, il reçoit deux premiers prix de dessin. A partir de 17 ans, sûr de sa

vocation et poussé par ses professeurs, il se présente à trois reprises au concours de Beaux-

Arts. A chaque fois, il est rejeté. Il est en totale opposition avec l’esprit classique de David qui

impose ses normes à l’Ecole des Beaux-Arts. A l’âge adulte, Rodin est définitivement lancé

dans le monde des artistes. (…) Il possède le don suprême de « savoir voir ». Il donne forme à

la terre glaise ; d’un morceau de mur, il peut tirer un buste, un visage, un être vivant. Sa main

était faite pour créer la vie et non pour tracer des lettres à la manière d’un copiste. »

Commentaires :

Il est intéressant de relever non seulement les ressources d’Auguste Rodin mais

également son parcours « d’orientation ».

Page 108: Réflexions sur le devenir professionnel des personnes dyslexiques

108

Côté sujet : il fait preuve de curiosité et d’ouverture d’esprit en allant à la Bibliothèque

malgré sa dyslexie et sa myopie. Il prend alors conscience de ce qui l’intéresse. Il a un

tempérament volontaire et s’affirme face à son père. Il parle de facilité, de savoir faire

immédiat, de dextérité, de rapidité et de ravissement : il est dans le plaisir, indices qui lui

confirment son orientation.

Côté environnement : Il a le soutien de sa mère et de sa sœur, celui de ses professeurs

qui le poussent dans cette voie. Il y a le hasard, provoqué peut-être par sa curiosité, en

« poussant la porte de la salle de modelage. »

Finalement, j’ai trouvé que les personnes dyslexiques peuvent réussir particulièrement

brillamment dans certains secteurs mais également que l’ensemble des métiers peut leur

convenir, à deux conditions :

- un environnement porteur : le sujet doit être bien accompagné (rééducation psy…),

bien soutenu et donc mieux orienté.

- une connaissance et une mobilisation par le sujet de ses ressources naturelles

(talents) et compensatoires : par exemple, bon à l’oral, esprit de synthèse, capacité de travail,

mémoire auditive, mémoire sensorielle …

Grâce à ces deux piliers, la construction identitaire se développe. Comme le souligne

Rebecca Duvillé1, « la fabrication du soi semble être un facteur capital de l’aptitude à résister.

Le sentiment d’appartenance, l’apport et le soutien des autres, permettent de surmonter les

blessures et de se donner une image de soi plus sereine. »

1 Petit dyslexique deviendra grand, p. 182

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110

Les données bibliographiques apportées en première partie et les témoignages analysés

dans la seconde montrent les réelles ressources dont disposent les personnes dyslexiques. A

chacun de les connaître pour mieux les développer et les utiliser. La première chose est de

croire en soi, se faire confiance. Puis, il faut prendre la décision d’affronter les difficultés.

C’est comme se retrouver au bas d’une montagne et de se décider ou pas à mettre son matériel

d’escalade. Face ces efforts conséquents à fournir, l’environnement doit se remettre en cause

pour soutenir la personne dyslexique : il s’agit de changer son regard et mettre à disposition

les outils nécessaires.

I. LE ROLE DES PARENTS

Quand il s’agit de demander à Benoît des conseils, il pense spontanément aux parents. Il

constate combien ils peuvent se sentir souvent démunis devant cette difficulté, ayant lui-

même un fils de 13 ans dyslexique et ayant connu le « vrai parcours du combattant pour le

sortir de l’échec ».

Les témoignages de ceux qui ont eu connaissance de leur dyslexie enfant décrivent

comment leurs parents les ont accompagnés de diverses façons.

1.1. Une attente positive

Donald Winnicott, psychanalyste anglais contemporain, décrit par le concept d’attente

positive l’éducateur dont l’attitude délivre un message : « je t’attends capable de donner le

meilleur de toi-même et je suis là pour t’y aider. »

Ces témoignages montrent combien ils y ont été sensibles. Nous savons qu’ils ont une

intuition des ressources humaines très développée et qu’ils ressentent fortement ce type

d’attitude. Ce regard a pu transformer leur vision d’eux-mêmes et soutenir leur capacité à aller

de l’avant.

1111....2222.... Un rôle actif dans les choix, persévérance et ténacité

Les parents ont plusieurs charges à assurer : s’informer, chercher, placer dans une

école parfois éloignée mais plus adaptée leur enfant (changer de cadre s’il n’est pas adapté),

écouter les avis des spécialistes, prendre du recul pour rassembler les données et discerner ce

Page 111: Réflexions sur le devenir professionnel des personnes dyslexiques

111

qui est le meilleur pour leur enfant en suivant leur intuition. Ce type d’approche heuristique

permet aux parents de le connaître au mieux et d’avoir une vue globale. Ils doivent se faire

confiance. Leur parcours peut faire penser à celui du combattant : Les parents portent leur

enfant hors de l’eau à travers les obstacles, les contournent jusqu’à la prochaine bouée. S’ils

restent seuls, ils risquent de s’épuiser. C’est pourquoi il est indispensable de savoir s’entourer

et de faire confiance aux personnes choisies. En créant des liens avec les spécialistes et les

enseignants et en voyant son enfant bien soutenu, la confiance s’installe. Les parents

prendront alors de la distance.

Blandine parle de l’acharnement de sa mère à vouloir l’aider car elle « ne voulait me

voir « galérer comme elle pour suivre des études ». Blandine, pour évoluer, a dû « devenir

libre et devenir un numéro au milieu de million d’autres. Ne plus être le sujet de temps de

préoccupations et d’attention permanente et sans relâche. » Elle alerte sur la nécessaire juste

distance à tenir afin de laisser l’enfant respirer et être comme les autres.

1111....3333.... Savoir donner du temps et, si possible, de l’argent

Pour les parents c’est aussi une litanie de démarches et de déplacements : emmener

l’enfant chez l’orthophoniste, parfois chez le psychologue, essayer différentes pistes de

rééducation, consulter pour l’orientation, faire des kilomètres, aider aux devoirs1, en dictées et

lecture … : si la famille le peut, offrir notamment du soutien scolaire car il donne la

possibilité de prendre de la distance vis-à-vis des difficultés de son enfant et de garder son

rôle premier de parents : aimer et sécuriser pour faire grandir. De plus, passer des moments

basés sur l’échange et le plaisir aident à garder ce regard positif sur la personne.

Malheureusement il y a des différences dans les possibilités financières des familles. C’est

pourquoi il est essentiel de se tenir informé des aides matérielles qui existent auprès des

Maisons du Handicap. Une reconnaissance officielle de la dyslexie offre une allocation

(AEH : Allocation d’Enfant Handicapé) et des aides indirectes comme des réductions de

charges pour les personnes employées pour soutenir l’enfant, etc. Une prise en charge à 100%

par la Sécurité sociale (certaines caisses l’acceptent) donne notamment la possibilité de

demander une prescription médicale de transport pour les séances de rééducations. Il serait

indispensable que l’information circule plus directement auprès des familles, au lieu

d’attendre que les celles-ci en prennent connaissance d’elles-mêmes, creusant ainsi les

1 Conseils de Béatrice Sauvageot et Jean Métellus, Vive la dyslexie, p.225-226

Page 112: Réflexions sur le devenir professionnel des personnes dyslexiques

112

inégalités.

En premier lieu, pour accéder à ses démarches, cela suppose de la part des parents

l’acceptation du handicap en tant que tel. « Handicap » est un terme anglais de course de

chevaux (hand in cap : main dans le chapeau) qui désignait une épreuve dans laquelle on

pénalisait certains concurrents pour donner à tous des chances égales de victoire. Ce terme

concerne donc une pénalité au départ et dans ce sens là, la dyslexie est un véritable handicap

qui peut entraver la communication écrite. Une reconnaissance permet alors d’égaliser les

chances. Il est intéressant de le rappeler afin de le percevoir comme ni dévalorisant ni

péjoratif.

En second lieu, cela implique l’élaboration d’un dossier complet du parcours de

l’enfant. Pour cela, il faut rassembler tous les bilans ce qui n’est pas systématique puisque

l’orthophoniste n’a l’obligation de l’envoyer qu’au médecin les ayant prescrits. Il est à noter

que la commission d’attribution ne demande pas à voir l’enfant. C’est une bonne chose de lui

éviter cette épreuve supplémentaire.

1111....4444.... Être parti prenante des associations de parents

Être membre d’une association de parents d’enfants dyslexiques crée des solidarités,

enrichit l’échange d’informations, donne l’occasion de participer des groupes de paroles, et

donne une énergie et une représentativité pour faire avancer les décisions au niveau national.

Page 113: Réflexions sur le devenir professionnel des personnes dyslexiques

113

II. PREVENTION, INFORMATION, TRAITEMENT PRECOCE

Au départ, les parents cherchent tous azimuts les causes de la difficulté de leur enfant.

Il s’agit d’une course contre la montre, car plus tôt l’enfant sera pris en charge, meilleurs

seront ses progrès, comme si la rééducation jouait sur le développement du cerveau en pleine

croissance.

De l’avis de tous les spécialistes, plus la dyslexie sera diagnostiquée tôt, plus vite

l’enfant bénéficiera de rééducation appropriée et préservera ainsi au maximum son parcours

scolaire. Le Docteur Habib pense qu’il est possible de tester dès la maternelle la conscience

phonologique avec le double avantage de repérer tôt les enfants dyslexiques et de rendre les

autres meilleurs lecteurs.

L’Institut National de la Santé Et de la Recherche Médicale (INSERM) a mis au point

un questionnaire appelé « Langage et comportement » destiné aux enseignants et

psychologues scolaires pour observer des enfants de petite section de maternelle. En cas de

suspicion de dyslexie, ce test permet aux professionnels de l’orienter vers le spécialiste.

La difficulté est de trouver l’équilibre pour que l’enfant ne se sente pas comme une

bête curieuse et soit actif dans sa rééducation. Il s’agit de trouver le bon thérapeute qui

instaurera une relation de confiance à la fois avec les parents et l’enfant, et qui disposera

d’une méthode appropriée face au type particulier de dyslexie ce qui rendra le traitement

efficace. Il faut veiller à ce qu’il y ait une progression dans la prise en charge, sinon l’enfant

risque de s’épuiser. Il vaut mieux aucune rééducation qu’une rééducation inefficace.

Il existe différentes formes de rééducation orthophonique mettant en oeuvre des

activités spécialisées pouvant être phonologiques, visuo-attentionnelles, orthographiques ou

graphomotrices. Par exemple, la sémiophonie1 (support logiciel de rééducation pour aider au

« conditionnement » graphème/phonème), la méthode Sensonaime2 qui aide le dyslexique

adulte comme enfant à aborder l’écrit de façon ludique en utilisant la musique, le chant, la

danse, les rimes, les rythmes, les mouvements du corps, et aussi la méthode du Docteur

Gelbert, Neurologue parisienne, qui rééduque le déficit du traitement de la structure de la

Langue.

1 Docteur Isy Beller 2 Béatrice Sauvageot et jean Métellus, Vive sa dyslexie

Page 114: Réflexions sur le devenir professionnel des personnes dyslexiques

114

En complément de l’orthophonie, des stages sont proposés avec l’approche de Ron

Davis, d’autres avec la méthode Tomatis. Par ailleurs, le traitement à l’aide de prismes est

encouragé notamment par Antoine et Hubert. Catherine nous parle d’un traitement

médicamenteux. Il doit certainement exister d’autres solutions dont je n’ai pas connaissance.

De plus, la recherche évolue. Trouver une équipe pluri disciplinaire serait l’idéal, plutôt que

tenter différentes méthodes ici et là.

En ce qui concerne notre étude, dix des sujets ont appris leur dyslexie adulte : quatre

d’entre eux ont été orientés en 3ème ou en 2nde, mais trois d’entre eux ont le niveau Bac. Six

ont des diplômes d’études supérieures. Leur niveau d’étude peut dépendre de leur degré de

dyslexie et de leur capacité d’auto ressaisissement. De plus, les recherches en cours aident les

dyslexiques adultes, comme le soulignent Antoine et Hubert avec leurs « lunettes magiques »,

ou Catherine qui nous parle de traitement médicamenteux, ou encore les stages de Ron Davis.

Mais, il y en a sûrement d’autres à découvrir …

III. AMELIORER LE DISPOSITIF SCOLAIRE

3.1. Ce qui est mis en place

La Loi sur le Handicap de février 2005 oblige les établissements scolaires à inclure

dans les classes ordinaires les enfants à besoin éducatif spécifique. Cette loi correspond à une

avancée en instaurant des droits et en faisant évoluer les mentalités.

En primaire, les enseignants peuvent monter un Projet Personnalisé de Réussite

Educative (PPRE), document interne pour pallier une difficulté momentanée de l’élève et

suivre son évolution.

Il est également possible de constituer un Projet Personnalisé de Scolarisation (PPS)

ayant pour objectif l’accompagnement de l’élève en grande difficulté pour le mener au

maximum de ses capacités. Le maître référent, déchargé par l’Académie agit comme un

médiateur pour monter le dossier avec l’enseignant, le directeur de l’école, et éventuellement

les parents. Il contient une présentation de l’enfant et une description du type de handicap, de

Page 115: Réflexions sur le devenir professionnel des personnes dyslexiques

115

ses capacités et de ses besoins spécifiques, des objectifs du projet et du détail des

aménagements de la scolarité avec les adaptations pédagogiques (en classe, temps

supplémentaire, photocopies…), le matériel souhaité (ordinateur, logiciel …), aide humaine,

transport adapté. Il est transmis à la Maison du Handicap, qui le financera après accord.

3.2. Former les enseignants

Pour aborder ces enfants, il semble nécessaire pour les éducateurs de se décentrer en

renonçant au mode de raisonnement traditionnel : ils sont en présence de personnes

normalement intelligentes, voire supérieures à la moyenne, et échappant au moule scolaire,

c’est-à-dire en dehors des schémas de pensée de la majorité. En effet, il lui faut passer par

d’autres chemins de pensée pour arriver à la solution. C’est pourquoi, l’école doit changer son

mode de référence pour approcher l’enfant dyslexique.

Le métier d’enseignant est complexe et exigeant en ce qu’il demande d’accompagner

un groupe conséquent d’individus, tous uniques, dans un cadre très normé (programmes

scolaires à tenir, contraintes horaires, ...). Trouver l’équilibre entre l’avancée du groupe et le

respect du rythme de chacun est d’autant plus délicat que le professeur aura à suivre à la fois

des enfants qui s’adapteront au rythme scolaire, et d’autres qui seront hors normes, soit par

leurs difficultés, soit par leurs facilités.

Les témoins citent des enseignants comme soutiens et rencontres décisives dans leur

parcours. Ces paroles nous montrent combien leur rôle est essentiel dans leurs parcours et a

rendu possible une avancée dont ils gardent mémoire aujourd’hui. Il est possible de donner le

goût d’apprendre en établissant une dimension affective à la relation maître-élève et ce, en

donnant sens aux apprentissages.

3.2.1. Le 1er défi : Rendre l’élève heureux à l’école :

Page 116: Réflexions sur le devenir professionnel des personnes dyslexiques

116

Les témoins nous livrent également des blessures vécues sur le temps scolaire :

punitions à cause des fautes d’orthographes, erreur de jugement (« ne veut pas travailler » …),

assimilation à de la fainéantise et de la bêtise, insultes publiques de professeurs, moqueries

des élèves, humiliations d’avoir de l’orthophonie pendant les récréations, sentiment de honte,

mauvaise image de soi (« j’étais nul »).

Compte tenu du temps passé, de la souffrance vécue liée aux nombreux apprentissages

de notre langue, et des conséquences que cela peut avoir sur la construction de la personne,

l’enjeu est de taille : nous n’avons qu’une seule enfance ! L’école est aussi un lieu de

socialisation et de construction identitaire. L’enfant essaiera de trouver sa place et aura à

apprendre à gérer sa différence vis-à-vis de ses camarades et vis-à-vis des adultes.

Toute punition écrite pour l’enfant dyslexique équivaut à une double punition. Si les

enseignants pouvaient réaliser son état de détresse face à ces lignes à copier et adapter leur

système de sanction négative, ce serait un grand soulagement.

3.2.2. Mettre l’élève en situation d’apprentissage

C’est en apprivoisant l’enfant, en lui renvoyant une image positive de lui-même, en lui

redonnant confiance en lui qu’il acceptera de s’ouvrir et de faire l’effort d’apprendre. Se

sentant écouté, entendu et compris, il pourra avancer.

Selon le concept de l'effet Pygmalion étudié par Rosenthal et Jacobson qui assurent

qu’une attente favorable du maître améliore les performances de l’élève, tout le monde est

éducable et peut changer, à condition d’aller chercher la personne là où elle en est.

Nous pouvons relever que le lexique utilisé par ces adultes dyslexiques est combatif :

« vaincre », «se battre », « un chemin de bataille », « c’est un combat de tous les jours », « il

faut bien vivre et ne pas baisser les bras », « survivre », « toujours chercher une solution à

tous les problèmes car je ne veux pas m’avouer vaincue. »

Or, être prêt au combat nécessite beaucoup d’énergie, de la motivation, cela nécessite

aussi de se sentir fort et courageux. Un enfant, qui se sent nul, ne sera pas prêt à affronter la

difficulté. Il lui faut être en projet de s’en sortir, en avoir le désir.

3.2.3. Amener l’élève au savoir

Page 117: Réflexions sur le devenir professionnel des personnes dyslexiques

117

� Connaître et comprendre leurs difficultés

L’établissement scolaire est un lieu d’enseignement avec un projet pédagogique.

Il faudrait une formation spécifique des enseignants dès la formation initiale car il peut

être déconcertant d’accompagner un dyslexique. De nombreux conseils sont répertoriés1 pour

aider les enseignants à accompagner les enfants dyslexiques et il existe au niveau académique

des formateurs spécialisés.

En sachant comment fonctionne l’enfant, en s’interrogeant sur ses possibilités et ses

limites, et sur la manière dont il vit sa situation, l’enseignant aura de bons repères pour

l’accompagner.

Les témoignages recueillis expriment tous « une lenteur et une fatigabilité », des

difficultés en lecture et en écriture (« une sorte de dégoût pour la lecture »), des difficultés

dans l’apprentissage des langues, des problèmes de mémorisation et de concentration, parfois,

des problèmes de spatialisation (montrant notamment des difficultés en géométrie) et de

repères dans le temps. Tous ces symptômes expliquent un comportement différent : « J’étais

dans le brouillard en primaire», « dans la lune», « une hyperactivité pour prouver que je

pouvais y arriver »

Comme le dévoilent les témoignages, l’enfant dyslexique risque de se sentir frustré,

honteux, nul, humilié, jugé, avec un sentiment d’infériorité. « Le pire c’est de comprendre les

mathématiques et d’avoir des notes aussi moyennes ! ! ! », « D’avoir envie de comprendre la

chimie et de ne pas avoir le temps de mettre en mémoire de travail tous ces symboles et

formules… »

Parfois des manifestations physiques s’ajoutent « J’avais d’énormes difficultés et très

vite ma vue se troublait, mes mains étaient moites et j’étais vite fatigué. ». Ces symptômes

vécus confirment ceux développés par Ron Davis et l’Ecole portugaise décrivant des vertiges,

des nausées…2

Caroline dit qu’elle « aurai adoré faire de l’histoire en partant de la réalité

d’aujourd’hui. Par exemple, à partir du Code Civil d’aujourd’hui et de remonter le temps et

intégrer la dimension pratique (pourquoi a t-on modifié tel décret/loi ? Qu’est-ce que cela veut

dire dans le quotidien des personnes d’il y a 100 ans ? 200 ans ? ? ? J’avais besoin de me faire

des images, de me représenter la réalité. Les mots abstraits n’avaient pas de sens si je ne

pouvais pas les intégrer à mon ressenti, à du concret. »

1 Vive la dyslexie, p. 229-231 ; www.orthophonie.fr 2 Annexe A et B

Page 118: Réflexions sur le devenir professionnel des personnes dyslexiques

118

� Connaître ses points forts

Chaque personne est unique. Elle a ses caractéristiques propres, ses points forts qu’il

faut lui aider à découvrir. Mais, le système éducatif français a tendance à vouloir corriger les

points faibles, alors que les pays anglo-saxons valorisent les points forts. Certes, les difficultés

sont également à travailler si elles représentent un handicap, mais l’essentiel du travail

pédagogique devrait se porter sur le plus efficace : développer les qualités. La personne y

prendra plus de plaisir, se sentira valorisée et les résultats s’amélioreront et pourront même

avoir un effet positif sur les matières difficiles.

Par ailleurs, les recherches et les témoignages recueillis mettent en évidence des points

communs aux sujets dyslexiques : Le goût pour les matières scientifiques, leur intuition très

développée, leur curiosité et leur créativité, leur appréhension différente de l’espace, leur

esprit logique, le besoin de concret, l’intérêt pour la compréhension du mode de

fonctionnement de ce qui nous entoure, la pensée en images … Il est intéressant d’en prendre

conscience en vue de les utiliser comme entrée dans les apprentissages et l’orientation.

� Savoir s’adapter et créer des solutions nouvelles

Afin de trouver d’autres chemins d’apprentissage, il faut inventer de nouvelles

formules et adapter la pédagogie.

Souvent les premières difficultés scolaires apparaissent lors de l’apprentissage de la

lecture. Comme l’explique le Docteur Habib, « l’enfant en général ne peut se fabriquer un

lexique orthographique (système global) que si le système d’analyse fonctionne correctement.

Or, l’utilisation par les enseignants d’une méthode globale ou semi-globale d’apprentissage

repose sur le postulat que le système est parfaitement fonctionnel, ce qui est vrai pour la

majorité des enfants, mais que pour 10% d’enfants souffrant de la dyslexie, chez qui ce type

de méthode peut donc s’avérer désastreuse, en particulier par le fait qu’elle risque de masquer

le trouble et de retarder d’autant le début de la rééducation. ». En ce sens, parmi les

témoignages, Antoine décrit comme catastrophique la méthode globale. D’autres ont vu leurs

difficultés se déclarer plus tardivement dans leur scolarité, présageant soit d’une précocité

compensant quelques temps les apprentissages, soit l’usage d’une méthode masquant les

Page 119: Réflexions sur le devenir professionnel des personnes dyslexiques

119

troubles pendant un temps. Il existe des méthodes gestuelles d’apprentissage de la lecture et

de l’écriture comme « Borel-Maisonny » ou « Jean qui rit », reconnues pour leurs résultats.

� Favoriser l’apprentissage par l’expérience et la manipulation d’objets

Il serait formidable de renforcer les pédagogies artistiques et corporelles en passant par

le kinesthésique et par le jeu. Par exemple, les outils de Maria Montessori, laissant une grande

part à la manipulation des objets, rendent l’apprentissage ludique et concret.

L’artiste sort du cadre et est différent. Or, les dyslexiques ont une forte aspiration

artistique et créatrice. Ils ont besoin d’expression. L’idéal serait de leur donner la possibilité

de s’exprimer également autrement pour se mettre en valeur. Par l’approche kinesthésique, ils

comprennent mieux et mémorisent des notions fondamentales enseignées à l’école. En

d’autres termes, participer au processus de rééducation et d’apprentissage en leur proposant

des activités culturelles telles que des ateliers théâtre, des cours de musique, de la sculpture,

du dessin, des sports, de la fabrication d’objets …et ce, toujours en adaptant la pédagogie. Par

exemple, la musique telle qu’elle est enseignée dans les conservatoires est inaccessible aux

personnes dyslexiques tant elle demande du temps en dehors de l’école avec une pédagogie

très scolaire. L’idéal serait de proposer au sein de l’école des ateliers musicaux ludiques où le

solfège serait intégré avec l’apprentissage d’une pièce musicale.

A propos de l’apprentissage des langues qui est difficile à tous nos témoins notamment

pour des raisons de problèmes de conscience phonologique : il faudrait privilégier à l’écrit des

langues ayant une conversion graphème/ phonème automatique comme l’italien. L’allemand

est parfois mentionné comme plus abordable. Je n’ai pas pu le vérifier. Certains témoins

avaient également des difficultés. En revanche, Gilles était excellent en allemand parce qu’il a

eu la chance d’aller sept fois en Allemagne et Autriche. Organiser des échanges scolaires

serait précieux. Pour l’anglais, indispensable de nos jours, il serait intéressant d’encourager

l’oral puisque la difficulté se situe essentiellement au passage à l’écrit. Et ce d’autant plus

qu’en choix de seconde langue, l’examen est oral.

Yvonne mémorisait les mots du vocabulaire espagnol car ils étaient illustrés en

images. Cela illustre bien la théorie de la pensée en images décrit notamment par Ron Davis.

� L’aider à se créer ses propres méthodes

Les témoignages ont donné précédemment des idées de stratégies de compensations.

Page 120: Réflexions sur le devenir professionnel des personnes dyslexiques

120

• Pour éviter au maximum le passage à l’écrit, utiliser nos outils ludiques modernes

mettant en valeur leurs atouts. Par exemple, l’ordinateur, et notamment les

logiciels à reconnaissance vocale qui compensent les difficultés au niveau de

l’écrit en transcrivant leur pensée. Enfin, les élèves dyslexiques ne sont plus

réduits à leurs écrits et sont évalués sur leurs qualités de raisonnement et d’analyse

! Leur travail est mis en valeur. Cette réflexion est globale au sein de

l’établissement, car il faut non seulement pouvoir intégrer l’ordinateur dans les

différentes disciplines, mais surtout transmettre les apprentissages fondamentaux

pour rendre l’enfant plus autonome et adapté au fonctionnement de notre société.

Les enseignants cibleront alors le travail avec l’ordinateur pour trouver le meilleur

équilibre.

• Aller à son rythme et accepter sa courbe de progression, penser autrement

l’évaluation (pratiquer l’évaluation positive et relativiser l’importance des notes) :

Trop d’enfants se jugent nuls à cause de notes dévalorisantes.

• Eviter au maximum de faire redoubler un enfant dyslexique : Yves a eu jusqu’à 3

ans de retard en 6ème et a vécu douloureusement le regard moqueur des autres. Il

semble de bon sens de ne pas rajouter des années de scolarité à des enfants en

souffrance scolaire, et ce d’autant plus qu’ils ont besoin de temps pour que la

rééducation donne des résultats. Heureusement, l’Education Nationale a su évoluer

et dorénavant, un seul maintien est autorisé en primaire. Il y a la volonté de faire

progresser l’enfant au maximum de ses capacités en allant vers le socle commun.

• Réfléchir bien posément à la question de l’orientation. Antoine a été orienté en

CPNN (actuelle Section d’Enseignement Général et Professionnel Adapté :

SEGPA) alors qu’il avait un QI de 120 ! Et les témoignages montrent que certains

se sont améliorés scolairement grâce à leur rééducation et à leur maturité. Ils

commencent à mettre en place des stratégies de compensation. Persévérer, c’est

leur donner une chance de poursuivre leurs études. Charles n’a su lire qu’en 4ème et

à un Bac + 5 d’ingénieur. Il est aujourd’hui Directeur d’un site industriel de 200

personnes.

Page 121: Réflexions sur le devenir professionnel des personnes dyslexiques

121

3.3. Consulter un conseiller en orientation

Il existe des Conseillers en Orientation Psychologues (COP) qui travaillent dans les

Centres d’Information et d’Orientation (CIO) et des cabinets privés.

Les exemples de Florence et Catherine montrent que les psychologues qui les ont

orientées, ont pris en compte leurs centres d’intérêts et leurs aptitudes. Catherine a pu suivre

un stage qui l’a confortée dans son choix.

J’ai interrogé une COP et une consultante d’un cabinet privé en leur demandant

quelles étaient les filières ou métiers où les plus jeunes dyslexiques connaissaient le plus de

réussite.

3.3.1. L’approche d’une conseillère de CIO

D’après elle, dès la 6ème, ils sont signalés par le collège comme élèves ayant des

difficultés et un bilan orthophonique est demandé.

Le COP veille à n’avoir aucun a priori, il procède comme pour chaque élève car ce

sont des jeunes comme les autres. Ainsi, il travaille de la manière suivante :

� Cerner le jeune dans sa globalité

� Comprendre comment lui, sa famille et l’établissement scolaire vivent la situation.

� Rechercher les points d’appuis externes, internes …Voir où il en est, qui il est, ce qu’il

aime, …Il valorise ce qui est positif, chacun a son chemin. Il cherche à transformer un

obstacle traversé en point fort, faire d’une difficulté une richesse. L’orientation se fait sur

l’intérêt qu’il porte à aller dans un secteur donné.

Il faut savoir relativiser car on ne travaille pas toute sa vie au même endroit

Ce conseiller en orientation du CIO considère la dyslexie comme un élément, parfois

un obstacle. Il faut tenir compte des difficultés, du handicap, comprendre comment il a pu

compenser, voire sublimer et mettre en valeur des savoir-faire et des savoir-être.

Ce conseiller m’alerte sur les risques de dérive entraînant une culpabilité et une

pression pour l’enfant : « tu aurais pu être bon, comme les gens célèbres », et de s’interroger

sur la pertinence pour le jeune de connaître ces talents développées chez des personnes

Page 122: Réflexions sur le devenir professionnel des personnes dyslexiques

122

connues dyslexiques.

3.3.2. L’approche de Claire d’Adhémar, consultante au

« Centre EniXe Profil Conseil » :

Madame d’Adhémar estime d’après son expérience, que « pour 60% des sujets

dyslexiques les possibilités d’orientation sont plutôt bien définies. Pour les 40% restants, cela

est plus complexe. Voici les tendances qui en ressortent, sachant qu’il existe énormément de

nuances :

En tant que psychologue, elle « commence par un test de QI, étudie le type de dyslexie

en croisant les résultats avec les productions d’écrits scolaires, annotation des enseignants et

analyse des centres d’intérêts/motivations. »

Elle « distingue les dyslexiques qui présentent un fort potentiel visuo-spatial : ceux là

sont ceux qui réussissent particulièrement bien dans les métiers à forte implication visuo-

spatiale (technique et technologique).

Ce qui paraît central à ce premier niveau d’analyse serait cette nuance :

a) S’il s’agit d’un dyslexique présentant un simple défaut de codage graphème /

phonème (vraie dyslexie) et une bonne aptitude du QI performance (traitement de

l’information visuo-spatiale), alors, pour ceux là, une rééducation orthophonique

sensorielle (Méthode Davis et Méthode Sauvageot) et la sémiophonie sont efficaces

(+ support logiciel de rééducation pour aider au « conditionnement »

graphème/phonème.)

b) S’il s’agit d’un candidat trop développé dans les zones de traitement et d’appui visuel

et qui par conséquent ne développe pas l’utilisation d’une pensée plus verbale, alors

ce sont de faux dyslexiques qui seront souvent bien rééduqués avec la méthode

DAVIS. En effet, ce sont ceux-là qui présentent de manière très accentuée le « don de

dyslexie » (cerveau visuel, autre manière d’appréhender et de traiter l’information,

pas de déficit de codage).

Si le dyslexique présente plus des facilités pour traiter les symboles arithmétiques, il

présente toutes les chances de succès dans une filière technologique, école d’ingénieur en

Page 123: Réflexions sur le devenir professionnel des personnes dyslexiques

123

alternance. Si, en plus, il présente un don artistique, alors des métiers d’architectes,

graphistes, bijoutiers …sont envisageables.

Si le dyslexique présente des difficultés dans sa capacité à structurer l’information et

les logiques verbales, à entrer ou pas dans la catégorisation : situer et structurer les

informations verbales : une ville est contenue dans un département qui lui-même est contenu

dans une région…pays….continent … Une rééducation plus tournée vers l’utilisation de la

pensée en langage sera plus appropriée que de la conscience phonologique à proprement

parler. Ce n’est pas trop la dysorthographie qui va être le symptôme majeur, mais le langage.

L’accompagnement Gelbert peut-être une bonne préconisation.

Souvent ces enfants là deviennent des adolescents un peu fragiles en mathématiques à

partir du CM2 car les mathématiques du collège font appel à la structure de la langue

également (ex : le carré fait parti de la famille des polygones réguliers, alors que le trapèze lui

ne fait que partie des polygones mais irréguliers...donc si on demande à l’élève de tracer un

polygone régulier…il doit entrer dans un processus d’analyse faisant appel à de la

catégorisation verbale ! ! !).

L’approche psychométrique identifie les priorités des remédiations et en fonction de

leur impact, peut préconiser la possibilité d’un parcours scolaire classique ou instaurer une

nécessité d’orienter rapidement pour l’équilibre de l’enfant. Le plus difficile en France, c’est

la persistance d’une pensée et réussite sociale par l’académique.

Le cabinet a pu évoquer le cas d’un jeune, Lauréat dans le cursus Anglo-

saxon…devenu tout juste élève moyen en 5ème dans une de nos fameuses institutions

françaises… avec un risque dépressiongène important, l’intelligence de ce jeune a été mise à

rude épreuve….C’est la manière et le critère de notation qui lui ont fait perdre 6 points de

moyenne générale. Ce jeune étant en souffrance psychologique, un test de QI lui a été

proposé… et sans surprise, le QI était exceptionnellement supérieur : 156.

De cette analyse, il n’est possible de transposer que pour les dyslexiques surdoués (fort

QI Performance). Il est pour eux fondamental d’introduire la notation à l’oral + une double

notation à l’écrit (qualité du processus et précision des réponses). D’ailleurs, immédiatement,

ils se sentent mieux à l’école et leur intelligence devient parfaitement visible.

Concernant les dyslexies ne présentant pas un QI performance hors norme, si les

rééducations proposées ne dynamisent pas assez la capacité à entrer dans la conceptualisation

Page 124: Réflexions sur le devenir professionnel des personnes dyslexiques

124

alors une orientation vers un CAP BEP en alternance, métier manuel et artisanal paraît

souhaitable. Le domaine d’orientation choisi sera évidemment en fonction de leur motivation

et centres d’intérêts. Ces profils ont visiblement tout intérêt à ne pas trop rester dans un

environnement scolaire classique car la maturité cérébrale n’est pas adaptée à un

enseignement académique. Ces profils ont visiblement tout intérêt à ne pas trop rester dans un

environnement scolaire classique car la maturité cérébrale n’est pas adaptée à un

enseignement académique. Il serait intéressant de savoir s’il y a une meilleure adéquation à

les encourager à présenter un Bac pro/BTS après qu’ils aient travaillé quelques années

(formation continue) car l’appréhension de l’environnement par le concret a permis ainsi que

le bénéfice de l’âge, de gagner en maturité de traitement (même si la maturité se fait très

lentement). Ils accèdent finalement à un BAC pro /BTS / Licence Pro vers 25 ans, dans le

cadre de la formation continue, d’une manière plus cohérente, à condition d’avoir eu la

chance d’être rassuré et préparé à cette stratégie. Ils gagnent un an car le BTS se prépare en un

an après expérience professionnelle conséquente, leur formation est prise en charge par le

Conseil Régional, le Conseil Général ou ASSEDIC) ainsi que 85 % de leur salaire. D’ailleurs,

il existe, pour ces profils, des entreprises qui mettent en place des formations intra-muros

reconnues par la branche professionnelle de l’entreprise. Ce qui place ainsi ces jeunes face à

de bonnes perspectives d’intégration sociale et professionnelle. Ils présenteront donc un

diplôme sans avoir eu le sentiment d’avoir perdu du temps sur les bancs de l’école.

Le candidat dyslexique a souvent un sens relationnel et intuitif développé. Si sa

capacité à traiter les mathématiques (algèbre) est bonne, des métiers de communication des

entreprises, vente action marchande, marketing sont une piste, ainsi que ceux de la

comptabilité.

Les filières tertiaires peuvent être recommandées face à des profils dyslexie classique,

qui n’ont pas un QI performance très développé.

La capacité à mettre en mémoire de travail les informations verbales (mémoire

immédiate) est également à mettre en lien avec un bon pronostic de réussite dans une filière

classique. Si cette aptitude est déficitaire, elle semble être fortement liée à l’existence d’un

TDA (Trouble Déficit de l’Attention) qu’il convient de rechercher et de traiter (rééducation /

ritaline / micro nutrition) :

Le TDA se manifeste par :

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125

� un défaut de codage

� une mémoire de travail déficitaire ou vite à saturation

� l’enfant /le jeune est ailleurs, n’intégre visiblement pas les consignes simples

données à l’oral (« n’était pas là »…).

Le défaut de mémorisation peut comme tous les symptômes avoir plusieurs

causes…d’où la nécessité d’appréhender la recherche dyslexique par une approche globale et

psychométrique.

Les préconisations n’en seront que meilleures et les orientations qui en découleront,

prendront mieux en compte le profil optimisé de l’enfant devenu jeune adulte. Le Centre

EniXe Profil Conseil se place dans une perspective dynamique et déontologique : Privilégier

l’adaptation de l’enfant au système scolaire et lui proposer les remédiations ciblées pour

l’aider à entrer dans les apprentissages…tout en encourageant les parents à adapter l’école/le

parcours à son profil ! ! ! C’est une bonne stratégie pour la mise en confiance et pour

l’adéquation de tous.

Il faut que globalement les sections en alternance après le Bac constituent une

excellente stratégie pour l’ensemble des dyslexiques….sauf que la demande devient très forte

car les jeunes se détournent de plus en plus des études longues et aspirent à une autonomie

financière.

Il faut savoir également que des cabinets de recrutements américains recherchent pour

des domaines spécifique des personnes dyslexiques pour leurs aptitudes relationnelles : une

pensée intuitive développée (savoir comprendre l’état émotionnel d’une autre personne…), la

capacité à jongler avec plusieurs notions en même temps, la capacité à sortir d’une pensée

trop linéaire, leur sens pratique de l’organisation les rendent tout particulièrement performants

dans les actions de développement commercial ou événementiel à partir du moment où ils

gèrent eux-mêmes leurs propres stratégies commerciales ou à de l’innovation technique. Ils

sont reconnus comme étant d’excellents consultants dans le domaine de la prospective. »

3.4 Expression des talents personnels dans la culture

Je nommerai « culturelles » toutes ces activités dites extra-scolaires (sportives,

Page 126: Réflexions sur le devenir professionnel des personnes dyslexiques

126

manuelles, artistiques, d’ouverture sur le monde) en ce qu’elles ouvrent la personne sur

plusieurs mondes : le leur et celui que nous partageons tous.

3.4.1. Un vecteur d’apprentissages

Nous avons vu que les personnes dyslexiques ont des problèmes de mémorisation. Or,

Benoît parle des soirées film qu’il aimait bien et au cours desquels il apprenait sans effort.

Ainsi, en variant les supports d’apprentissages (audio, vidéo, par la manipulation), il est plus

facile de mémoriser car il sera fait appel à la mémoire que j’appellerai « du corps », une

mémoire plus sensorielle et affective. Nous retenons mieux ce que nous vivons ou ressentons.

3.4.2. Une rééducation ludique

Tous nos témoins ont bénéficiés plus ou moins d’activités culturelles. Ces activités

aident-elles les personnes dyslexiques à se rééduquer ?

Il s’agit là d’une vraie question pour les parents et les médiateurs. En effet, l’emploi du temps

d’un enfant dyslexique est chargé et les (pré)occupations s’additionnent ! :

Ecole + Travail scolaire (lent et laborieux) + Orthophoniste (1 à 3 fois par semaine) + Temps

de jeu, de Vie familiale et de Sommeil nécessaire à tout enfant = 1 Casse-tête !

Et si, paradoxalement, ajouter permettait de diminuer la charge de travail ? Il me semble qu’il

s’agit là d’une piste de réflexion intéressante.

La culture met en valeur les talents, atouts, et offre une perspective de se révéler aux

autres et à soi même.

Nous savons par ailleurs que la personne dyslexique doit trouver des voies

neurologiques autres que celles utilisées habituellement. Or, grâce à l’utilisation du corps et

notamment des deux mains, les deux hémisphères du cerveau sont en activité et améliorent

ainsi les activités neuronales et le fonctionnement du corps calleux, ainsi que l’équilibre : le

violon, le piano, le judo, la danse, le jonglage, bricolage …

Les échecs aident à la spatialisation grâce à leur espace géométrique quadrillé : les

bons en géométrie devraient s’y plaire, et les moins bons trouveraient un jeu qui les

rééduquerait.

Elles sont également source d’apprentissage de la concentration, et canalise l’énergie :

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127

le piano, les jeux de constructions, l’écriture de poèmes, la broderie, le tricot (Caroline), le

jonglage (pour Michel), le judo, le violon.

3.4.3. Un exutoire

François aimait toutes les activités qui pouvaient lui faire oublier l’école. Catherine

nous explique combien son cheval la comprenait et qu’elle se sentait bien pendant

l’équitation. Les activités créant des liens avec les animaux consolent et donnent le sentiment

d’être compris. Il s’agit là d’un espace intermédiaire, selon le concept de Winnicott, entre

rêves et réalité permettant à la personne de construire son identité.

La culture créé un espace intermédiaire. Rebecca Duvillié1 précise qu’il est le lieu où se

construit « quelque chose entre l’intime et le monde extérieur » donnant alors un point

d’appui pour se reconstruire. Le monde extérieur paraît hostile tant il demande de s’insérer

par l’écrit, la culture tisse un lien entre les deux.

Elle décentre la personne de ses problèmes et l’ouvre à la connaissance du monde

extérieur sous toutes ces facettes.

3.5. Le médiateur ouvre des possibles

3.5.1. En général : quelles missions ?

Le médiateur a des missions générales de concertation et de coordination entre

plusieurs personnes afin de donner une cohérence au parcours du sujet dont il est question :

médiation entre les médecins des différentes spécialités nécessaires, l’enfant, la famille,

l’école, l’orthophoniste … Il adapte les intentions, les décisions thérapeutiques et le désir du

sujet. Cette régulation permettrait d’améliorer les situations. Le médiateur peut également

mettre l’accent sur la nécessité d’aménagements par rapport aux types de difficultés scolaires,

au rythme, à l’image de soi, au regard des enseignants. Il faut élargir à tout type de

difficultés : développer la capacité d’auto dépannage, valoriser les parents et les

déculpabiliser, réfléchir avec eux sur l’image que leur renvoie leur enfant …

En matière de dyslexie, il n’existe pas de « chef d’orchestre » de l’accompagnement global de

1 Petit dyslexique deviendra grand, p.181

Page 128: Réflexions sur le devenir professionnel des personnes dyslexiques

128

l’enfant dyslexique. Tout professionnel investi exerce un rôle de médiateur réel mais partiel :

chacun selon sa spécialité en relation avec les parents et les autres professionnels.

Le médiateur, c’est :

� Un porteur d’espérance qui ouvre une perspective temporelle.

Dès qu'il y a prise en charge, il y a forcément espoir d’aller mieux. Le médiateur va

chercher l’enfant là où il en est, il croit en lui et en sa capacité de réussite. Il agit

comme un tuteur de résilience.

� Un être de parole.

� Un créateur d’espace transitionnel1, comme le soulignait l’orthophoniste dans son

témoignage dans la première partie : « un lieu en dehors de l’école qui accueille un

enfant et des parents en souffrance ». Si l’orthophoniste sait apprivoiser l’enfant, ce

rendez-vous hebdomadaire sera pour ce dernier un véritable lieu de ressource, un lieu

neutre, où l’enfant a «le droit à l’erreur» sans le moindre jugement. Il représente

également un cadre avec un espace de parole et un temps donné.

� Un créateur de liens.

� Les enseignants et les orthophonistes exercent une médiation avec une dimension

supplémentaire entre l’enfant et le savoir.

Vis-à-vis de cette fonction générale de médiation, il me semble que les parents restent les

mieux placés en ce qu’ils ont une vue globale de leur enfant et en sont les premiers

responsables.

En effet, le premier éducateur d’un enfant demeure ses parents. Il leur revient la responsabilité

de le faire grandir, et pour bien y arriver, ils ont besoin des autres ! Tous les adultes

intervenants auprès de l’enfant (parents, professionnels de la rééducation, médecins,

enseignants, éducateurs …) doivent être cohérents et s’entendre pour son bien. L’objectif

principal est le même avec en plus, pour les parents, le rôle de coordinateur car il est le lien

permanent entre tous.

Mais en cas de déficience, ou en cas de conflits, qui peut prendre le relais ? Tous les

professionnels en lien avec l’enfant ayant la confiance de chacun peuvent être amenés à

occuper ce rôle entre l’école, la famille et l’enfant : l’orthophoniste, le psychologue, le

1 Concept de Winnicott, un SAS entre illusions et désillusions

Page 129: Réflexions sur le devenir professionnel des personnes dyslexiques

129

médecin traitant, le COP … tous ces spécialistes étant soumis au secret professionnel. Si

l’enfant est pris en charge dans un CMPP (centre médico-pédagogique pédiatrique) où

plusieurs professionnels de la Santé interviennent, l’un d’eux peut faire l’interface entre

l’équipe de spécialistes, l’école, la famille et l’enfant.

3.5.2. Le cas particulier du CISP (Conseiller en insertion

socioprofessionnelle)

Cette fonction me tient d’autant plus à cœur que je souhaite exercer ce métier. Les

conseillers accompagnent des personnes en difficultés d’insertion socio-professionnelle et

parmi elles, éventuellement des dyslexiques. Il a une fonction de médiateur socio-économique

en faisant l’interface entre le social et le monde du travail : Là où il y a fracture sociale, il crée

du lien. La construction de l’identité est par nature relationnelle : on se construit sous le

regard de l’autre. Et il y a réciprocité. Une des devises du médiateur est de créer une relation

d’enrichissement mutuel entre l’individu et son environnement. Le médiateur est un maillon

de la chaîne de la rééducation, mais plus globalement apparenté aux rencontres « décisives »

qui parcourent une vie, et qui peuvent être élément déclencheur pour passer à une autre étape.

Quelles propositions existe-il pour améliorer le parcours ? Quels sont les meilleurs

moyens pour faciliter les sujets atteints de dyslexie à trouver leur devenir professionnel ?

Aujourd’hui, il n’y a pas à ma connaissance de parcours particulier applicable aux

adultes dyslexiques. De plus, comme me l’a signalé Michel, lors d’échanges par mail, il est

rare de pouvoir détecter une dyslexie de prime abord à partir du moment où l'échange est oral.

Le jeune peut aussi avoir des difficultés d'ordre social, financier ou relationnel. Une occasion

d'aborder ce sujet se crée quand il exprime un blocage vis-à-vis de l'école, ou lors d’un

passage à l’écrit.

S'il repère la dyslexie, le conseiller prend en charge le sujet dans sa globalité. La

dyslexie n’étant qu’un aspect de sa personne. Néanmoins, elle est porteuse d’éléments

permettant de mieux le connaître. L’accompagnement du jeune étant fondé sur le volontariat,

celui-ci doit entrer dans une démarche participative pour appréhender sa dyslexie.

Page 130: Réflexions sur le devenir professionnel des personnes dyslexiques

130

� Le CISP met la personne dans une dynamique de projet.

Le projet se situe dans le temps et est lié au désir d’être. Il s’inscrit dans une histoire de vie

(étapes, passé, épreuves …), lié à la qualité de présence au monde du sujet et à sa capacité de

projection dans l’avenir. Le rapport au temps est de l’ordre de la patience, de la persévérance,

de la ténacité.

� Il accompagne une prise de conscience des atouts et des stratégies efficaces et de leur

portée. Il aide à prendre du recul pour pouvoir rebondir de ses erreurs et à construire

son style d’intelligence (Se rendre adaptable, créatif, conciliant, capable d’improviser

…)

� Il évalue dans quelle mesure sa dyslexie constitue un frein à son insertion

socioprofessionnelle. Si tel est le cas, il faut affiner l’analyse pour mieux remédier :

• Apprécier le niveau scolaire : a-t-il toujours des difficultés de lecture et

d’écriture ? A-t-il bénéficié de rééducation ?

• Connaître ses centres d’intérêt, ses talents personnels, ses goûts et passions.

• Améliorer l’image de soi, si nécessaire. Ecouter avec empathie.

• Chercher les qualités que nous avons pu mettre en valeur dans ce mémoire afin

de trouver des secteurs et des métiers réalisables en terme de niveau mais

également de l’intérêt personnel.

���� Il trouve des relais pour, à son rythme, lever les freins l’empêchant d’atteindre ses

objectifs choisis.

���� Il aide à mettre en situation la personne par le biais de stages : explorer un métier

permet de mieux se connaître et de développer des compétences qu’il est possible de

réutiliser vers une autre activité professionnelle.

���� Il peut chercher des formations en alternance qui, comme le montrent les

témoignages de Caroline et de Blandine, aident à devenir autonome, être dans le

concret et tenir dans la durée.

���� Il propose et favorise des activités culturelles qui, comme nous l’avons vu,

l’aideront (atelier de jonglage, théâtre, …)

Page 131: Réflexions sur le devenir professionnel des personnes dyslexiques

131

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Il est intéressant d’associer aux définitions de l’Organisation Mondiale de la Santé et

de la Fédération Mondiale de Neurologique1 celles des adultes dyslexiques. Ils vivent leur

dyslexie comme une « maladie », « un handicap », « une difficulté », « une gêne sous

différentes formes », « une incapacité à penser avec des mots et à faire le lien entre l’écrit et

ce qui les entoure ». Elle est aussi pour eux « un raisonnement inadapté », « une autre forme

de pensée », « ils ont l’impression d’avoir des connexions cérébrales troublées ». Enfin la

dyslexie renvoie à un « problème lié au système scolaire », « une discrimination », « un autre

chemin », « une riche fragilité différenciante », « un problème pour les autres ».

L’ensemble des recherches effectuées dans de ce mémoire, nous amène à nous

interroger sur différents points :

La dyslexie est-elle un handicap ou un don ?

La dyslexie est pleine de paradoxes : il n’y a pas deux dyslexiques similaires mais ils

ont des caractéristiques communes. C’est un fonctionnement différent, comme tout type de

fonctionnement, puisqu’il n’y a pas de pensée unique ! Ils sont porteurs de talents, parfois à

l’état de graine, il faut parvenir à placer la personne dyslexique dans un environnement

permettant de les développer et de les utiliser à bon escient.

Qui doit s’adapter ?

Nous avons vu que l’adaptation peut être une « question de survie »2 pour les

personnes dyslexiques. Avec le temps, ils ont mis en place leurs propres stratégies de

compensation et développent leurs talents pour s’insérer dans la société. Le soutien de

1 La Fédération Mondiale de Neurologie (F.M.N.) la définit comme un trouble développemental� de

l’acquisition du langage écrit, « trouble qui se manifeste par une difficulté durable dans l’apprentissage de la

lecture en dépit d’un enseignement normal, d’une intelligence appropriée, de conditions socioculturelles

satisfaisantes ». L’Organisation Mondiale de la Santé (O.M.S.) complète en précisant « un trouble spécifique,

durable et persistant chez l’enfant…et indemnes de troubles sensoriels et de troubles psychologiques

préexistants».

2 Expression utilisée de façon récurrente par les témoins.

Page 132: Réflexions sur le devenir professionnel des personnes dyslexiques

132

l’environnement est primordial pour garder une bonne image de soi et donner l'envie de

réussir. Une rééducation bien ciblée facilite leur adaptation au mode de fonctionnement de

notre société tout en gardant leurs spécificités. Une bonne orientation scolaire maximise les

chances de réussite par la mise en valeurs de leurs talents. C’est la cas de nos dix-sept témoins

qui, malgré un parcours scolaire douloureux, ont pu trouver leur place dans la société et

réussir professionnellement : leurs aptitudes intellectuelles, leurs compétences acquises avec

brio dans certains domaines, leurs savoir être, leur sens du travail et de l’action, leur

motivation et leur adaptabilité les rendent performants. Et ce, non seulement dans tous les

secteurs selon leurs centres d’intérêt, mais aussi dans des secteurs spécifiques. Leurs

difficultés les ont rendu plus forts et les ont préparé au monde professionnel.

Nous assistons à un réveil des consciences en matière de troubles du langage, et la

Recherche pluridisciplinaire avance à grands pas. Le système scolaire commence à s’adapter

également. L’INSERM1 permet à chacun de se tenir informé, et de plus en plus

d’établissements scolaires se donnent les moyens d’accueillir les élèves dyslexiques. L’enjeu

est pour l’école de mettre en valeur les qualités et développer les stratégies de compensation

pour accéder au savoir afin d’éviter l’atrophie par manque de travail et de stimulations.

D’après la thèse de Serge Moscovici sur la Psychologie des minorités actives les

minorités, « même persécutées », peuvent être créatrices et bousculer « la majorité

normalisante ». Ainsi, ce sont les élèves en difficulté scolaire qui ont fait évoluer la recherche

en matière de pédagogie.

Ces exemples de combativité et d’adaptabilité sont un modèle d’intégration et nous

font réfléchir sur la question de la normalité, ils nous aident aussi à porter un regard

d’espérance sur l’avenir et sur la capacité de l’Homme à trouver des solutions. Ce regard neuf

sur chaque personne rencontrée est essentiel pour un médiateur.

J’espère une société où la différence serait comprise et même valorisée. Je crois que

chacun est unique et que, ce sont justement les différences qui constituent des valeurs ajoutées

pour notre société. Tant que l’on cherchera à faire entrer dans un système de pensée unique

tous les sujets, il y aura des exclus et la société se privera de potentiels.

1 Institut National de la Santé Et de la Recherche Médicale, Bilan des données scientifiques, éd. Inserm, 2007

Page 133: Réflexions sur le devenir professionnel des personnes dyslexiques

133

� �� ��� ���� ��� � LIVRES

BONNELLE (Marc), 2002, La dyslexie en médecine de l’enfant, Solal, 221p.

DAVIS (Ronald D.), 2005, Le don de dyslexie, La Méridienne, Desclée de Brouwer, 250 p.

DUMONT (Annie), 2005, Réponses à vos questions sur la dyslexie, reconnaître la dyslexie et

aider l’enfant à la surmonter, Pocket évolution, 243p.

DUVILLIE (Rebecca), 2004, Petit dyslexique deviendra grand, Marabout, 234p.

ESTIENNE (Françoise), 2002, La rééducation du langage de l’enfant, Paris, Masson.

DE LA GARANDERIE (Antoine), 1999, Tous les enfants peuvent réussir, Marabout, 224

HABIB Dr (Michel), 1997, Le cerveau singulier, Solal.

LEMOINE (Bernadette), Maman, ne me quitte pas, St Paul, 230 p.

SAUVAGEOT (Béatrice), METELLUS (Jean), 2002, Vive la dyslexie !, Paris, J’ai lu, 220p.

� RAPPORT DE L’INSERM

Expertise collective, 2007, Bilan des données scientifiques sur la Dyslexie, Dysorthographie,

Dyscalculie, Ed. Inserm

� ARTICLES

- Le Monde, Catherine Vincent, 8 novembre 2006, Une nouvelle approche

pour combattre la dyslexie.

- APEDA France, octobre 2005, Comprendre les troubles d’apprentissage du

langage écrit pour mieux les aider, bulletin hors-série n°2, 4ème édition,

- Revues Sciences humaines n°82 et n°134.

- Revue Cerveau & Psychologie, n°12

� SITES INTERNET

- www.orthophonie.fr

- www.dyslexia.com

- www.coridys.asso.fr

- www.sante.gouv.fr

- www.tomatis.com

- www.passeportsante.net

Page 134: Réflexions sur le devenir professionnel des personnes dyslexiques

134

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www.inserm.fr �������� ������ ����� � ��������������������� ����� �

� Cabinet EniXe Profil Conseil

(Tests de QI, dyslexie, précocité, ...Bilan d'orientation pour les jeunes, bilan de compétences pour adultes, formation en entreprise) Madame d’Adhémar 5 bv du Maréchal Joffre 92 500 Rueil-Malmaison Tél : 01 47 08 64 10

� Institut de la Vocation (Bilans d'orientation à partir du lycée) Monsieur Jourda 317, cours Emile Zola 69 100 Villeurbanne Tél : 04 78 03 76 26 ��������� ��� � ������������������ ��������� ��

� APEDA : www.ifrance.com � APEDYS : www.apedys.com

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� Madame Lemoine-Cordier

Psychologue et Psychothérapeute pour enfants et adolescents 38 Orée de Marly 78 590 Noisy le Roy Tél : 01 30 56 58 84 Mail : [email protected]

Page 135: Réflexions sur le devenir professionnel des personnes dyslexiques

135

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• Ecole Maternelle et Primaire St Joseph A taille familiale, l’école rassemble trois classes (Maternelles, Cycle 2 et Cycle 3) avec des effectifs limités. L’accompagnement des enseignants privilégie le rythme de chacun.

Directrice : Madame Mathais 3 rue des caves 63830 Nohanent Tél : 04 73 60 51 50

• Collège St Joseph L’établissement dispose depuis 23 ans d’une structure d’accueil en 6ème pour enfants dyslexiques. Après deux années, les élèves sont intégrés en 5ème au cursus traditionnel avec un projet individualisé. Directeur : Monsieur Rondepierre 3 rue Principale 63 450 St Saturnin Tél : 04 73 39 30 19

� Ecole Collège Lycée Massillon L'établissement forme notamment ses enseignants sur la différence (enfants intellectuellement précoces, dyslexie, hyperactivité...) afin d’améliorer le suivi des enfants. Directeur : Monsieur Maître 5 rue Bansac 63 000 Massillon Tel : 04 73 98 09 70

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•La FEED (Fédération des Etablissements scolarisants des Enfants Dyslexiques) www.feedfrance.fr�

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� www.medialexie.com Monsieur Vessière Tel : 04 73 40 52 01 � www.ceciaa.com Madame Peries Tel: 01 44 69 31 62

Page 136: Réflexions sur le devenir professionnel des personnes dyslexiques

136

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� Madame Fromageot (Proche de la méthode Sensonaime) 1 bis rue pasteur 78 150 Le Chesnay Tel : 01 39 43 16 54

� Madame Rougon-Clamens Rééducation, entre autres, de la dyslexie, la dysorthographie et la dyscalculie. 123 rue Sully 63 000 Clermont-Ferrand Tel : 04 73 30 87 64

� Madame Sellier (Méthode du Docteur Gelbert) 11 bv Courtais 03 100Montluçon Tel : 04 70 03 65 11

� Madame Raynaud Dans le cadre de sa thèse sur la dyslexie, madame Raynaud fait de la recherche au sein du laboratoire de psychologie et neurosciences, à Boulogne-Billancourt. 19 place des ramacles 63 170 Aubière Tel : 04 73 27 13 07

� Madame MESSECA (Méthode sémiophonie) 14 chemin du l’abreuvoir 78 860 St Nom La Bretèche Tel : 01 34 62 67 02

Page 137: Réflexions sur le devenir professionnel des personnes dyslexiques

137

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� Stage de Gestion mentale : (pour professionnels et élèves du collège et lycée)

« Initiative et formation » : suivant la pédagogie d’Antoine de la Garanderie. www.ifgm.org

� Pédagogie « Jean Qui Rit » (stages pour enseignants et parents) Méthode gestuée et syllabique d’apprentissage de la lecture et de l’écriture.

Responsable : Mademoiselle Lemaire 82 rue Bonaparte 75 006 Paris Tel : 01 43 25 08 65

� Méthode Borel-Maisonny Méthode gestuée et syllabique d’apprentissage de la lecture. ���������� ��������������� �

� Stage de Ron Davis

• Madame Nelson 197 bis avenue de Versailles 75 016 Paris Tel : 08 70 27 70 29 Mail : [email protected]

• Madame Delrieu Tel : 01 30 44 19 91 Mail : [email protected]

� Stage de la méthode Sensonaime : Puissance Dys 5 rue pierre Chausson 75 010 Paris Tel : 01 40 40 90 37 Site internet : www.bilexie.fr ������ �������� ���� ���� �� ������

Docteur QUERCIA Rééducation proprioceptive 15 rue du Clair Matin 210200 Beaune Tel : 03 80 52 71 58 www.quercia.info

Page 138: Réflexions sur le devenir professionnel des personnes dyslexiques

138

Université Blaise Pascal Flore de FOUCHIER Clermont-Ferrand

Réflexions sur le devenir professionnel des personnes dyslexiques

Tome 2 : Annexes

Direction de mémoire : Régine Roche

Licence Professionnelle Intervention Sociale Spécialité Médiateur Socio-économique

Juin 2007

Page 139: Réflexions sur le devenir professionnel des personnes dyslexiques

139

SOMMAIRE

Annexe A : Liste de symptômes dressée par Ron Davis 143 Annexe B : Questionnaire du Docteur Quercia 144 Annexe C : Lettre de demande de contacts 145 Annexe D : Tableau des femmes 146 Annexe E : Tableau des hommes 148 Annexe F : Témoignages 152

� Alice 152 � Antoine 157 � Benoît 162 � Caroline 168 � Catherine 173 � Charles 178 � Florence 183 � François 188 � Gilles 192 � Hubert 196 � Jean 200 � Louis 204 � Patrick 208 � Yves 212 � Yvonne 217 � Vincent 223

Page 140: Réflexions sur le devenir professionnel des personnes dyslexiques

140

Annexe A / Liste dressée par Ron Davis des symptômes les plus courants, classés en fonction de la perception sensorielle la plus affectée :

LA VISION � Les formes et les séquences de lettres ou de chiffres paraissent changées ou

inversées. � Les mots sont épelés de manière erronée ou incohérente. � Des mots ou des lignes sont omis au cours de la lecture ou de l‘écriture. � Les lettres ou les chiffres donnent l’impression de bouger, de disparaître, de

grossir ou de rétrécir. � La ponctuation ou les majuscules sont omises, ignorées ou ne sont pas vues. � Des mots ou des lettres sont omis, transformés ou substitués au cours de la

lecture ou de l’écriture.

L’OUIE � Certains sons du discours sont difficiles à émettre. � Des sons sont mal prononcés. � Des sons « erronés »sont entendus. � La personne donne l’impression de ne pas écouter ou de ne pas entendre ce

qui est dit. � Les sons sont perçus comme s’ils étaient plus doux, plus forts ou provenant

de plus loin ou de plus près qu’ils ne le font en réalité.

L’EQUILIBRE / LE MOUVEMENT � Vertige ou nausées pendant la lecture. � Mauvais sens de l’orientation. � Incapacité à rester assis tranquillement. � Graphisme malhabile. � Problème d’équilibre et de coordination.

LE TEMPS � Hyperactivité. � Hypoactivité. � Peine dans l’apprentissage des concepts mathématiques. � Difficultés à être ponctuel ou à savoir l’heure. � Rêvasse trop. � Perd aisément le cours de sa pensée. � Difficulté à ordonner les choses en terme de séquence (c’est-à-dire à les

mettre dans le bon ordre).

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141 ann

Annexe B / Questionnaire du Docteur Quercia

Page 142: Réflexions sur le devenir professionnel des personnes dyslexiques

142

Annexe C / Lettre de demande de contacts Chers amis, et Chers amis d'amis, Dans le cadre de mes études de Conseiller en insertion et orientation professionnelle, je rédige un mémoire sur le thème «Le devenir professionnel des dyslexiques », un sujet qui me tient d'autant plus à coeur que je suis maman d'un garçon de 11 ans dyslexique. Les dyslexiques ont des talents et des compétences propres développés grâce et/ou à cause de leur dyslexie. Je cherche à savoir si ces profils particuliers permettraient de dégager des secteurs professionnels où ils seraient particulièrement heureux et performants. C'est pourquoi, je recherche d'ici fin avril 2007 des adultes dyslexiques heureux de leur orientation professionnelle afin de les interroger sur leur parcours. Je me permets donc de me tourner vers vous en espérant que dans votre entourage certains acceptent de répondre à mon questionnaire. Je vous remercie de l'attention que vous porterez à ce courrier. Flore de Fouchier PS : Afin de pouvoir contacter ces personnes, je vous remercie de me répondre par mail: [email protected]

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143 1

Annexe D / Tableau des femmes

Prénom Caroline Yvonne Catherine Florence Alice Blandine Age 45 ans 46 ans 47 ans 43 ans 38 ans 34 ans

Droitière/gauchère Droitière Droitière Droitière Droitière Gauchère Droitière

Métier Consultante en Formation / orientation / Ressources Humaines

Conseil en recrutement

Directrice de crèche Comptable En réorientation sanitaire et sociale

Directrice d’agence de communication

Chef de produit à l’international Auj., en cours de création d’une marque de vêtements pour filles et mères

Primaire Mal Pas de souvenir travail à la maison laborieux

Difficile : punition

Difficulté à lire et écrire // vive d’esprit et bonne en maths Appréciations : lente, dans la lune

Difficile Difficile : En français, dont l’orthographe « montrée du doigt »

Collège Difficile (mais mieux)

Difficile, mais bonne intégration scolaire

Très bien (surcroît de travail et effort de concentration + 3 séances d’orthophonie par semaine

Humiliations par la directrice

Difficile Difficile en Résultats moyens « je ne souhaiterais jamais revivre l’époque » de la 4ème et de la3ème

Lycée Difficile Meilleure Arrêt en 2nde Pas dans la bonne filière

Meilleure « boîte à bac » 1ère S moyenne, Terminale Eco manqué à 2 reprises

Redoublement 3ème Aucun CM1 Aucun Evite un redoublement en CP

-Terminale CM1 et terminale

Matières faciles - Techniques - Scientifique maths

Physique Maths - Maths - Grammaire - Sciences - Philosophie

- Sciences naturelles - Français (attrait pour l’écriture) - Histoire géographie

- Maths, algèbre - Dessin - Philosophie - Sociologie

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144 1

Prénom Caroline Yvonne Catherine Florence Alice Blandine Activités extra-scolaires

Gym Danse Piano Travaux manuels

Danse Ski

Equitation Hand-ball Athlétisme Patronage

Dessin Violon Tennis Danse classique Théâtre Ecriture d’un recueil de poèmes Voyage humanitaire en Inde Visite d’une personne âgée pendant 10 ans .

Flûte Danse classique Dessin et pastel 7 ans de piano 20 ans de Hockey sur glace

Niveau d’études Bac + 5 Bac + 5 Bac + 3 Bac + 4 Bac + 4 Bac + 5

Type d’études - DESS de recherche développement génétique de l’enfant et l’adolescent - Formation en RH par le CNAM

- DESS de psychologie clinique et pathologie - DESS d’Administration des entreprises

- Infirmière / puéricultrice - DU de Directeur Petite Enfance

- DEUG de droit - Etudes de comptabilité par le CNAM

- Maîtrise de RH et communication interne (CELSA) - Master de management à l’ISCT

- Prépa Beaux-arts - 1ère année de design industriel en école privée - Concours d’intégration à la fac pour les non-bacheliers - Maîtrise d’Arts Plastiques - Mastère marketing Management à l’ESSEC

Orientation « N’importe comment » En littéraire car plus féminin : influence sociale

Influence familiale pour 1ère année de sciences Accord parental pour la psychologie

En seconde, par choix personnel, après un stage dans les métiers de la santé proposée par une conseillère d’orientation et par goût

Test d’orientation avec psychologue en terminale vers le droit pour être juge pour enfants : Par goût

Orientation personnelle en droit, comme 70% de ma classe influence sociale

Orientation par sa mère selon les souhaits professionnels de Blandine, puis par choix personnel

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145 1

Annexe E / Tableau des hommes

Prénom Michel Charles François Yves Benoît Patrick Age 31 ans 40 ans 42 ans 62 ans 44 ans 35 ans

Droitier/ gaucher

Gaucher Droitier Droitier Droitier Droitier Droitier

Métier Conseiller en insertion sociale et professionnelle

Directeur industriel (site de 200 personnes)

Conseiller commercial en assurance

Chef de département Rayon frais en hypermarché

Technicien agricole Chef d’entreprise en bâtiment et construction

Primaire Très moyen Difficultés à l’écrit

bien : très bon à l’oral, nul à l’écrit, ne sait pas lire

Des difficultés Long Difficultés en français

Difficulté à l’apprentissage de la lecture et de l’écriture

Très bien

Collège Très moyen

Notes à l’écrit déplorables (sait lire en 4ème), mauvaise culture générale

Très dur Après la 6ème ; orientation en lycée professionnel agricole : moins de difficultés

Mieux : établissement spécialisé, pensionnaire, puis collège ailleurs

Moyennement

Lycée Filière professionnelle : Très bon

Handicapé par les lacunes littéraires accumulées

On me laissait tranquille car le privé est payant

Lycée agricole Lycée agricole : CAP agricole

Arrêt après la seconde

Redoublement

3ème 4ème et Terminale 3 fois la 4ème

La Terminale CE1 et CM2 Pas de souvenir en

primaire Le BEP

2nde

Matières faciles Histoire-géo Informatique, Enseignements professionnels Musique Dessin Sport

Toutes les matières scientifiques

Les maths Le sport Le dessin Les travaux manuels La musique

Maths Géographie

Le sport l’histoire-géo Les maths les sciences la technologie

Le dessin La maîtrise des chiffres

Causes La mémoire L’ambidextrie Ténacité du geste La logique de faire

Notation du prof sur le raisonnement, et non la rédaction

Grâce aux professeurs Les matières où il n'y avait pas d'écriture et une logique.

Concret Logique

Lieu de défoulement Intérêt Soutien familial

Talent naturel

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146 1

Prénom Michel Charles François Yves Benoît Patrick Activités extra-scolaires

Judo Jonglage Arts du cirque Bricolage

Kayak Violon Dessin

Chorale Scoutisme La croix rouge Echecs Sports

Jeux d’enfants : Vélo, patins à roulettes, billes, bricolage…

Judo Foot Tennis Hand ball Athlétisme Sculpture Soirées films : « connaissance du monde

Théâtre

Niveau d’études Bac + 3 Bac + 5 Bac Diplôma agricole équivalent au Bac

BEP et CAP agricole Bac F2 par équivalence

Type d’études BTS en électrotechnique Licence Pro de médiateur socio-économique

Ecole d’ingénieur Pas de réponse Agricole Agricole

Orientation Décision paternelle Puis, choix personnel

Parents jusqu’en Terminale puis par goût

Tout seul Test d’orientation en Cabinet privé

Vers l’agriculture, par goût et influence familiale

Pas orienté. Choix effectués par hasard et par défi.

Page 147: Réflexions sur le devenir professionnel des personnes dyslexiques

147 1

Prénom Hubert Jean Louis Antoine Gilles Age 54 ans 22 ans 26 ans 45 ans 42 ans

Droitier/ gaucher

gaucher Droitier Droitier Gaucher contrarié

Droitier

Métier Chirurgien Couvreur zinguer en réorientation (raisons médicales)

Ingénieur en informatique Mécanicien poids lourds et ouvrier de maintenance qualifié électricien

Consultant en ressources Humaines (créateur d’entreprise)

Primaire Difficile Difficulté en orthographe et dégoût de la lecture.

Très difficile Lecture orthographe

Une catastrophe Difficile Instituteurs compréhensifs

Collège Très difficile Difficultés pour les langues 3ème technologique

Très bien grâce à la rééducation Langues très difficiles

Jugé fainéant Placé en CPPN (actuelle SEGPA)

Mieux

Lycée Epouvantable Lycée des Compagnon du Devoir

très bien Lycée professionnel Bien mais lent

Mieux

Redoublement

6ème et 4ème 5ème CM2 CE1 et CE2 4ème

Matières faciles Sciences Histoire-géo Moyen en langues et physique

Matières technologiques Sciences physique SVT Histoire-géo Maths

Maths Physique Histoire-géo

Maths Géométrie

Très bon en latin, en Allemand et en mathématiques. Pour le français, fort en grammaire et en explication de texte pour « décortiquer » J'aime l'économie.

Causes Grâce à un travail énorme Pas de réponse Pas de réponse logique Esprit logique et concret.

Page 148: Réflexions sur le devenir professionnel des personnes dyslexiques

148 1

Prénom Hubert Jean Louis Antoine Gilles Activités extra-scolaires

Scoutisme Sports : escalade, marche à pied, vélo, ski, natation, foot…

Tennis cyclisme Tennis Rugby Chant Théâtre « J'aime l'esprit d'équipe, le groupe. Avoir une activité d'expression orale. »

Niveau d’études Bac +15 CAP Bac + 5 en informatique

CAP Mécanique poids lourds

Bac + 5

Type d’études Médecine et chirurgie Couvreur-zingueur Ecole d’ingénieur Mécanique Ecole supérieure de commerce Master dans les RH Internationales

Orientation Pas de possibilité en agro et grandes écoles Métier du père

Forum des métiers, rencontre avec les Compagnons du Devoir

Choix personnel par goût e l’informatique

Maman Influence familiale

Par goût

Page 149: Réflexions sur le devenir professionnel des personnes dyslexiques

- 149 -

Questionnaire de témoignage anonyme : Alice

1) Êtes-vous : un homme une femme X

2) Quel âge avez-vous ? 38 ans

3) Êtes-vous : gaucher X droitier

4) Quel métier exercez-vous ? Direction d’agence de communication 9 personnes (dans un groupe de conseil en

management)

5) Comment s'est passée votre scolarité ?

- En primaire :

Nombreuses difficultés scolaires : apprentissage très difficile de la lecture. Pas de

problèmes spécifiques à l’écrit. Je me souviens d’annotations scolaires blessantes.

4 années d’orthophonie. Passage d’un QI.

- Au collège :

Difficultés persistantes surtout en mathématiques. Faible vision de la géométrie dans

l’espace, lenteur dans la résolution des exercices. Difficulté à mémoriser les théorèmes

et à les visualiser.

Immaturité jusqu’à la fin de la troisième.

- Au lycée :

Cette période fut meilleure : les dissertations me posaient moins de difficultés.

Niveau en français correct (13 et 14 au bac en 1ère) ainsi qu’en Hist Géo. Grande

curiosité et intérêt pour les Sciences Naturelles (18/20 en option au bac)

Difficultés en mathématiques et en langues.

Page 150: Réflexions sur le devenir professionnel des personnes dyslexiques

- 150 -

- Avez-vous redoublé ? Quelles classes ?

La Terminale

- Quelles sont les matières où vous aviez de bons résultats et à quoi les attribuez-

vous ?

Français : Attrait pour l’écriture (formulation d’idées, de sentiments)

Sc Naturelles : Goût pour la compréhension des mécanismes du corps humain

Hist Géo : intérêt pour la matière

Pour l’ensemble de ces matières mes bons résultats étaient le fruit d’heures

interminables de travail. Je résumais inlassablement mes cours, les schématisant au

maximum afin de les retenir.

- Quelles étaient vos activités extra-scolaires ? Vous plaisaient-elles et pourquoi ?

Dessin (j’aimais beaucoup), musique (5 ans de violon en primaire, trop exigeant,

j’avais des difficultés à lire les partitions), tennis, danse classique, théâtre, écriture

d’un recueil de poèmes vers 10 ans et à l’adolescence, visite d’une personne âgée

pendant 10 ans, voyage humanitaire en Inde en fin de terminale,

J’ai toujours eu un niveau médiocre dans l’ensemble de mes activités extra-scolaires

me projetant alors parfois dans un sentiment d’échec. Le recueil de poèmes m’a donné

l’occasion de dire des choses que je ne pouvais exprimer autrement. Aucune n’a été

véritablement une passion sauf ce voyage en Inde. Pourtant j’ai exprimé ma sensibilité

au travers de ces activités.

6) Etudes

- Quel niveau d'études avez-vous ? (CAP, BEP, BAC, ...) et dans quel domaine ?

Bac + 4 : Maîtrise de Ressources Humaines et Communication interne (diplômes de la

Sorbonne et du Celsa). Master de management à l’ISCT

- Comment avez-vous été orienté ?

Orientation vers le droit (Paris II Assas) comme 70% de ma classe : autrement dit, zéro

orientation !

Page 151: Réflexions sur le devenir professionnel des personnes dyslexiques

- 151 -

- Qu'est-ce qui vous a permis de poursuivre vos études ?

La volonté

- Qu'est-ce qui vous a empêché de poursuivre vos études ?

7) Vous sentiez-vous différent des autres et pourquoi ? Différente par :

1° ma lenteur,

2° ma trop grande sensibilité,

3° ma difficulté à énoncer clairement une idée.

J’ai longtemps eu l’impression de comprendre de travers les énoncés. Je réussissais

plus facilement les épreuves orales que les épreuves écrites.

8) Quelle a été la réaction de vos parents face à votre dyslexie ? Ils ont pris très au sérieux ma dyslexie. J’ai vu très rapidement Dolto puis le docteur

Debré Ritzen, également psychologue. Tous les 2 ont exigé que je continue

normalement ma scolarité. Mon examen de QI a été un « permis de passage en classe

supérieure » de nombreuses fois.

Je suis gauchère à 100%. Mes parents ont souhaité que je puisse écrire de la main

gauche (ce qui était assez précurseur à cette époque là)

- Avez-vous été soutenu dans vos difficultés : comment et par qui ?

J’ai eu de nombreuses années d’orthophonie (2 à 3 fois par semaine à l’heure des

récréations après la cantine) J’en garde le souvenir d’une grande humiliation.

Pourtant cela m’a permis d’apprendre à lire et à écrire.

- Quels obstacles avez-vous rencontrés ?

J’ai grandi dans une fratrie de surdoués. Ma sœur et mon frère avaient 2 ans d’avance.

Je faisais figure de canard boiteux.

J’ai toujours souffert de ne pas sentir mes parents fiers de mes résultats.

9) A présent, avez-vous des problèmes de repères dans l'espace et

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- 152 -

dans le temps ? J’ai du mal à me représenter dans l’espace. Cela me demande un effort de

concentration.

J’ai toujours des difficultés à lire un plan, et à comprendre ce qui est en plusieurs

dimensions.

Mais, je n’ai pas de problème particulier de sens de l’orientation.

10) Avez-vous des difficultés à lire et à écrire ? Aucune.

11) Avez-vous mis en place des stratégies de compensation ? Comme un aveugle, il s’agissait pour moi de combler par différents moyens mon

handicap :

Par le travail.

Par le développement de mon niveau de communication orale.

Par ma qualité d’écoute et mon intuition relationnelle : En effet, ma difficulté à

comprendre les énoncés, ma grande lenteur m’ont obligé à beaucoup écouter : je crois

aujourd’hui que cette écoute est une force en stratégie commerciale. Aujourd’hui, je

comprends très bien les énoncés et ma qualité d’écoute m’aide à cerner les attentes de

mes clients. Je crois que ce sont là les clés de ma réussite dans ce domaine.

12) Comment avez-vous choisi votre métier ? Je souhaitais travailler dans un univers au service des autres. J’ai commencé dans une

ONG comme responsable communication et recueil de fonds.

- Y a-t-il un goût personnel, une passion ?

La passion de l’écrit et de la communication. J’ai toujours aimé écrire et relater des

évènements auxquels je participais.

Aujourd’hui j’enseigne à la Sorbonne en master II et au Celsa. J’éprouve un réel plaisir

à transmettre ce qui me semble le plus passionnant dans mon métier.

Ce sont les mots employés par les entreprises, les discours des dirigeants, les stratégies

mises en place, qui retiennent mon attention. J’écris des articles sur ce sujet

Page 153: Réflexions sur le devenir professionnel des personnes dyslexiques

- 153 -

(notamment pour les Echos). Actuellement, j’ai entamé l’écriture d’un livre sur les

stratégies de discours et l’analyse sémiologique des phrases.

- Y a-t-il eu des concours de circonstances, des rencontres décisives...?

Mon parcours professionnel est jalonné de rencontres décisives et d’opportunités.

- Y a-t-il une influence familiale ?

La capacité à entreprendre est un « gêne » familial.

13) Quelles sont les qualités, aptitudes, talents qui vous permettent

de réussir dans ce domaine professionnel ? L’art de négocier, la capacité à convaincre. Mon côté sérieux qui inspire confiance.

Je suis souvent en compétition sur des appels d’offres. L’échec ne me fait plus peur.

J’ai appris à le surmonter. Enfin ma capacité de travail, mon souci de perfectionnisme

sont aujourd’hui des forces.

14) Y a-t-il des freins liés à votre dyslexie qui vous empêchent d'aller

plus loin ?

Je ne crois pas. (Sauf, peut-être la confiance en soi !)

15) A quoi attribuez-vous votre réussite ? A la volonté d’y arriver un jour et à ma capacité de travail. Je pense que le fait d’avoir

souvent échoué rend le dyslexique plus persévérant.

16) Auriez-vous aimé travailler dans d'autres secteurs ? Journaliste grand reporter

17) Avez-vous une passion ou un centre d'intérêt privilégié dans la

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- 154 -

vie ? Ma famille

18) Vu votre expérience, quels conseils donneriez-vous aux jeunes

dyslexiques ? Se développer là ou ils se sentent en confiance. Le dyslexique se sent souvent

incompris. Il souffre d’un système scolaire inadapté pour lui. Il a besoin de

reconnaissance.

19) Comment définiriez-vous personnellement la dyslexie ? Je partirai d’un ressenti et proposerai une définition peu scientifique : l’impression de

ne pas arriver à exiger de son cerveau des choses qui semblent aux autres si simples.

Comme si certaines connexions cérébrales étaient troublées.

Parallèlement le dyslexique développe d’autres aptitudes. Sa sensibilité est un atout.

Page 155: Réflexions sur le devenir professionnel des personnes dyslexiques

- 155 -

Questionnaire de témoignage anonyme : Antoine J’ai reçu par la poste ce témoignage écrit manuellement.

En encre bleue, une tierce personne inconnue ajoute des commentaires.

1)Êtes-vous :un homme X une femme

2)Quel âge avez-vous ? 45ans

3)Êtes-vous ? :gaucher droitier X

4)Quel métier exercez-vous ? Mécanicien poids lourds et ouvrier de maintenance qualifié électricien

5)Comment s'est passée votre scolarité ? - En primaire :

Une catastrophe : j’étais gaucher et on m’a forcé à écrire de la main droite. De plus, on

me prenait pour un débile et on m’a fait passé des tests de QI. Le résultat était de 120.

NB : la méthode globale l’a anéanti

- Au collège :

Je passais pour un fainéant et on m’a placé en CPPN.

- Au lycée :

Je travaillais 2 fois plus que tous les autres pour avoir des résultats, mes notes étaient

moyennes et en fin de trimestre, le professeur notait (travail bien mais lent). Et j’ai

passé mon DFEU avec brio à la remise des diplômes le professeur m’a dit que je

l’avais eu avec compassion.

- Avez-vous redoublé ? Quelles classes ?

CE1 et CE2

Page 156: Réflexions sur le devenir professionnel des personnes dyslexiques

- 156 -

- Quelles sont les matières où vous aviez de bons résultats et à quoi les attribuez-

vous ?

Les maths, la géométrie. Je l’attribue à la logique.

- Quelles étaient vos activités extra-scolaires ? Vous plaisaient-ellles et pourquoi ?

Les compétitions cyclistes. Je me trouvais seul sur mon vélo et donnais le meilleur de

moi-même pour que mes parents soient fiers de moi (j’ai gagné toutes les courses et je

me suis surpassé : 5 fois champion de Côte d’or, 1 fois champion de France sur route.

6)Etudes

- Quel niveau d'études avez-vous ? (CAP, BEP, BAC, ...) et dans quel domaine ?

CAP Mécanique poids lourds

- Comment avez-vous été orienté ?

Par ma maman

- Qu'est-ce qui vous a permis de poursuivre vos études ?

La volonté de réussir et l’aide de maman plus des personnes formidables qui m’ont

aidé bénévolement pour la plupart. Ils me voyaient déterminé.

- Qu'est-ce qui vous a empêché de poursuivre vos études ?

Trop faible en français ;

7)Vous sentiez-vous différent des autres et pourquoi ? Oui, je me sentais différent. Il fallait que je travaille davantage pour avoir des résultats

satisfaisants (pour moi)

8)Quelle a été la réaction de vos parents face à votre dyslexie ? A cette époque, on appelait ça un défaut de motricité et maman a tout tenté et c’est

grâce à sa persévérance que je suis arrivé à un niveau moyen. En 1970, on ne

connaissait rien sur la dyslexie. Il a fallu qu’en 2006 je découvre qu’il existe des

opticiens qui ont trouvé une méthode et des lunettes à prismes (elles sont magiques).

Page 157: Réflexions sur le devenir professionnel des personnes dyslexiques

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- Avez-vous été soutenu dans vos difficultés : comment et par qui ?

Oui, par des professeurs qui m’ont donné des cours particuliers. Ils avaient confiance

en moi.

A mon envie de me surpassé.

- Quels obstacles avez-vous rencontrés ?

Au niveau professionnel : pour passer des concours ou des stages avec un diplôme

professionnel.

9) A présent, avez-vous des problèmes de repères dans l'espace et

dans le temps ? Pour l’instant mon cas est particulier (je suis en prison) et c’est là que j’ai découvert

les lunettes à prismes (grâce à un copain qui lui, et deux de ses enfants, qui portent

aussi des lunettes).

10) Avez-vous des difficultés à lire et à écrire ? J’avais d’énormes difficultés et très vite ma vue se troublait, mes mains étaient moites

et j’étais vite fatigué.

11) Avez-vous mis en place des stratégies de compensation ? Des stratégies de compensation, il fallait bien que j’en trouve par centaines si ce n’est

pas plus !

12) Comment avez-vous choisi votre métier ? Je suis intelligent et un très bon manuel. (Doué d’une très grande habileté, polyvalent

merveilleux : bois, métaux, végétaux, maçonnerie, plomberie, électricité))

Je dois réussir tout ce que je fais et surtout que je sois satisfait du résultat obtenu.

- Y a-t-il un goût personnel, une passion ?

Tout ce qui touche de près ou de loin à la Nature. (Pêche, chasse, champignons, faune,

flore, piégeage, garde particulier)

Page 158: Réflexions sur le devenir professionnel des personnes dyslexiques

- 158 -

- Y a-t-il eu des concours de circonstances, des rencontres décisives...?

Des concours de circonstances, il y En a tous les jours plus ou moins important.

Des rencontres décisives, il y en a eu énormément.

- Y a-t-il une influence familiale ?

Oui, dans le choix de mon travail. Je voulais être dans les pépinières (la nature, quoi),

mais mon frère qui était plus âgé faisait ce métier et on m’a orienté du côté de la

mécanique où j’ai bien réussi.

13) Quelles sont les qualités, aptitudes, talents qui vous permettent de

réussir dans ce domaine professionnel ? Je m’adapte très vite, je m’entends avec tout le monde, les talents étaient de cacher ma

différence et de surpasser tous les autres, de cumuler des stages et les formations

professionnelles pour me surpasser moi-même et pour être reconnu comme un

véritable professionnel de la part de mes supérieurs. (Surtout leur cacher ma dyslexie)

14) Y a-t-il des freins liés à votre dyslexie qui vous empêchent d'aller

plus loin ? Il y en avait avant que je porte mes lunettes magiques. Là, je reprends les cours de

français, l’espagnol et des cours d’informatique, et déjà un diplôme en français CFG et

un autre en informatique.

15) A quoi attribuez-vous votre réussite ? Un jour, j’ai fait la rencontre d’un homme formidable qui m’a tendu la main et je l’ai

écouté. Trois mois plus tard je portais les lunettes magiques (à prismes) et toujours

aussi persévérer malgré ce que pense la femme : pour elle, je ne fais rien ou presque.

Mes lunettes ça fait que 5 mois que je les possède et 2 diplômes en poche (Alors)

16) Auriez-vous aimé travailler dans d'autres secteurs ? Oui, dans un secteur qui est en plein air et qui a un lien avec la nature.

Page 159: Réflexions sur le devenir professionnel des personnes dyslexiques

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17) Avez-vous une passion ou un centre d'intérêt privilégié dans la vie ? Les champignons, la nature, et une fois mes problèmes réglés, je vais me consacrer à

ma femme et mes filles.

18) Vu votre expérience, quels conseils donneriez-vous aux jeunes

dyslexiques ? De trouver au plus vite un spécialiste de la vu et qu’il soit formé pour soigner les

dyslexiques. Du courage, de la persévérance et on déplace des montagnes.

19) Comment définiriez-vous personnellement la dyslexie ? La dyslexie est un obstacle de plus, qui à notre époque n’est que de la rigolade par

rapport à ce que j’ai enduré. Pour vous les jeunes si vous êtes sérieux et déterminés

(c’est gagné), un nouveau jour s’ouvre à vous. Bon courage.

Page 160: Réflexions sur le devenir professionnel des personnes dyslexiques

- 160 -

Questionnaire de témoignage anonyme : Benoît

1) Êtes-vous :un homme X une femme

2) Quel âge avez-vous ? 44 ans

3) Êtes-vous :gaucher droitier X

4) Quel métier exercez-vous ? Technicien agricole

5) Comment s'est passée votre scolarité ? - En primaire :

Difficulté à l’apprentissage de la lecture et de l’écriture. J’en garde un mauvais

souvenir car je me sentais différent même si j’avais des copains. Apparemment, on ne

s’est rendu compte que j’avais des problèmes qu’en CM2

- Au collège :

A l’issue du CM2, j’ai été orienté en établissement spécialisé dans le choletais dans

lequel j’étais pensionnaire. (J’y ai passé 3 ans) Je m’y sentais mieux mais je ne crois

pas y avoir progressé. L’éducateur spécialisé qui me suivait voulait m’envoyer en

apprentissage d’ouvrier boulanger.

Dans le même temps, après avoir perdu mon père dans un accident et un de mes frères

(autre accident) l’année de mes 12 ans, je perdais ma mère d’un autre accident alors

que j’allais sur mes 13 ans.

Cela explique que je n’ai que mes propres souvenirs du primaire, et par exemple, je

suis incapable de dire si j’ai ou non redoublé à cette période ?

C’est un frère de mon père et sa famille qui m’ont accueilli, et sans me connaître

beaucoup, ont pensé que je pouvais faire « mieux » que boulangerie, ils m’ont donc

retiré de cet établissement pour me mettre dans un collège à Saumur.

J’y ai fait une 5è et une 4è en suivant mes 1ers cours d’orthophonie. J’ai fait de gros

progrès, aidé aussi par ma tante.

Page 161: Réflexions sur le devenir professionnel des personnes dyslexiques

- 161 -

J’avais beaucoup de mal à retenir les poésies.

Le directeur de l’établissement a fait un bulletin élogieux en disant à mon oncle et ma

tante que je pouvais faire mieux. Cela m’a permis de rentrer au lycée agricole de

Derval.

- Au lycée :

J’ai eu le CAP agricole à Derval en 1 an mais ils ont dit que je pouvais faire mieux et

je suis parti en BEP agricole, mais me sentant enfin à l’aise, j’ai fait le clown toute

l’année et je n’ai eu le Bepa que l’année suivante.

- Avez-vous redoublé ? Quelles classes ?

Donc le BEP, en primaire ???

- Quelles sont les matières où vous aviez de bons résultats et à quoi les attribuez-

vous ?

Le sport (j’y étais heureux et j’avais besoin de me défouler, j’y étais mis en valeur car

j’étais assez bon partout), les maths, j’aimais bien l’histoire géo, les sciences, la

technologie. Cela m’intéressait et j’étais soutenu par mon oncle et ma tante.

- Quelles étaient vos activités extra-scolaires ? Vous plaisaient-elles et pourquoi ?

Judo, foot, tennis, hand ball, athlétisme, les soirées-films « connaissance du monde »

J’aimais bien ce dépaysement et je pense que j’apprenais sans effort. La sculpture.

6) Etudes - Quel niveau d'études avez-vous ? (CAP, BEP, BAC, ...) et dans quel domaine ?

CAP et BEP agricoles

- Comment avez-vous été orienté ?

J’aimais bien la nature, mon père, mon grand-père et un de mes oncles (pas celui chez

lequel j’étais) étaient agriculteurs. Je me voyais bien dans cette branche

- Qu'est-ce qui vous a permis de poursuivre vos études ?

La ténacité de mon oncle et ma tante ainsi que le fait que 2 directeurs d’établissement

aient crû en mes capacités

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- 162 -

- Qu'est-ce qui vous a empêché de poursuivre vos études ?

J’aurai pu faire un bac agricole mais j’en avais assez des études et j’ai eu mon BEP à

18 ans

7) Vous sentiez-vous différent des autres et pourquoi ? Oui, parce que toutes les matières scolaires me demandaient un effort.

8) Quelle a été la réaction de vos parents face à votre dyslexie ? Je ne suis pas sur que le diagnostic de dyslexie ait été fait avant mon arrivée à Saumur.

Ils étaient désemparés par mes difficultés.

- Avez-vous été soutenu dans vos difficultés : comment et par qui ?

Par ma « nouvelle famille » qui a pris les choses à « bras-le corps » chacun m’aidant

selon mes besoins. Par exemple ma + jeune cousine (plus jeune que moi) corrigeait les

fautes de mes devoirs. Ma tante me faisait travailler tous les soirs et trouvait des

astuces à certaines difficultés : ainsi pour apprendre les poésies, elle me les faisait

enregistrer pour que je les écoute ensuite dans ma chambre.

- Quels obstacles avez-vous rencontrés ?

L’incompréhension de certains professeurs (rare), la démagogie d’autres : ainsi en

établissement spécialisé, on ne m’a plus fait ni lire ni écrire et lorsque mon oncle et ma

tante m’ont repris, ils leur ont dit qu’il ne fallait plus me faire faire de français. Quant

au professeur de sculpture, activité que j’aimais bien, il prenait le contre pied de

l’éducation que voulaient me donner mon oncle et ma tante .Or c’est à ces derniers que

je dois de m’en être sorti, ils avaient donc raison.

9) A présent, avez-vous des problèmes de repères dans l'espace et

dans le temps ? Aucun

10) Avez-vous des difficultés à lire et à écrire ?

Page 163: Réflexions sur le devenir professionnel des personnes dyslexiques

- 163 -

Oui, je lis des histoires à mes enfants en primaire, je lis des BD ou des revues mais

rarement des livres car cela me fatigue et me demande de gros efforts et de toutes

façons jamais en public. Pour ce qui est d’écrire, je fais mes brouillons (le moins

souvent possible !) que mon épouse corrige. Qui croyez vous qui écrit ces lignes ?!!

11) Avez-vous mis en place des stratégies de compensation ? Le téléphone plutôt que des courriers

Mon épouse comme secrétaire….

De la répartie pour me laisser du temps

Je trouve le moyen pour que les agriculteurs me donnent des papiers antérieurs ou je

réussis à trouver les mots dont j’ai besoin.

Travail en amont avant mes périodes de vente pour repérer ce que j’aurai besoin

d’écrire.

12) Comment avez-vous choisi votre métier ? Par un concours de circonstances

- Y a-t-il un goût personnel, une passion ?

Au départ l’agriculture en général

- Y a-t-il eu des concours de circonstances, des rencontres décisives...?

OUI, beaucoup.

Après mon service militaire (que j’ai voulu faire dans les paras pour me prouver que

j’étais capable de quelque chose et qui m’a donné un peu plus confiance en moi), j’ai

travaillé comme vacher dans une exploitation agricole, j’ai pris ce qui se présentait à

moi et j’y ai été heureux. C’était dans le département de cousins de mon père qui

m’accueillaient souvent. L’oncle qui m’accueillait désirait autre chose pour moi et a

envisagé de m’installer sur une de ces fermes, mais cela s’est révélé trop compliqué.

C’est alors qu’un de ses gendres en a parlé à son père qui à son tour en a parlé à son

patron qui était directeur d’une société d’engrais (AZF) et qui avait à cœur de lancer

des jeunes en difficulté.

Après plusieurs entretiens, ce dernier a pensé que je serai bien dans le commercial et

m’a envoyé à La Rochelle ou j’ai été formé par un commercial pour promouvoir des

Page 164: Réflexions sur le devenir professionnel des personnes dyslexiques

- 164 -

engrais en vigne.

Suite à une restructuration, j’ai été au chômage 3 semaines mais le directeur m’a fait

embaucher dans une filiale aux alentours d’Arras ou je suis maintenant depuis 20 ans,

malgré toutes les fusions et restructurations et où j’ai progressé, devenant technicien

agricole et commercial.

- Y a-t-il une influence familiale ?

Oui comme vous pouvez le constater !

13) Quelles sont les qualités, aptitudes, talents qui vous permettent de

réussir dans ce domaine professionnel ? Un très bon contact relationnel et une grande adaptabilité aux différents milieux.

De la volonté.

Une bonne connaissance des cultures

Les maths pour la vente,

de l’intérêt pour ce que je fais

J’ai pris confiance en moi en surmontant toutes ces épreuves

14) Y a-t-il des freins liés à votre dyslexie qui vous empêchent d'aller

plus loin ? Oui, si je n’avais pas ce handicap, je pourrai prendre des responsabilités

administratives qui m’auraient intéressés (management des techniciens, .directeur

commercial.)

Les formations sont sources d’angoisse pour moi et du coup je ne fais que celles qui

sont obligatoires pour mon travail

15) A quoi attribuez-vous votre réussite ? Au fait que des gens ont cru en moi, ce qui m’a donné envie de réussir

Aux bonnes rencontres au bon moment et au fait que je n’ai pas fait le difficile,

n’hésitant pas à subir seul de nouveaux déracinements (Normandie, La Rochelle,

Arras) mais j’avais le soutien moral de ma famille

Page 165: Réflexions sur le devenir professionnel des personnes dyslexiques

- 165 -

16) Auriez-vous aimé travailler dans d'autres secteurs ?

Etre agriculteur

17) Avez-vous une passion ou un centre d'intérêt privilégié dans la

vie? Ma famille

Les braderies pour alimenter la kermesse des religieux de St Vincent de Paul qui

tiennent une maison des jeunes .

Je suis dans l’organisme de gestion de l’école

Le foot avec mes garçons

18) Vu votre expérience, quels conseils donneriez-vous aux jeunes

dyslexiques ? Il me semble que c’est plutôt aux parents qu’il faudrait donner des conseils, car ils se

trouvent souvent démunis devant cette difficulté. J’en parle d’autant plus en

connaissance de cause que nous avons aussi un fils de 13 ans dyslexique et cela a été

un vrai parcours du combattant pour le sortir de l’échec

Pour ce qui est des plus grands (ados et +) : rechercher et cultiver ses points forts, ne

pas se décourager, trouver sa voie de départ, ne négliger aucune piste et saisir les

opportunités.

Ne pas s’isoler, trouver des activités qui lui permettent de s’épanouir et d’évacuer le

stress.

19) Comment définiriez-vous personnellement la dyslexie ? Comme un handicap qui demande énormément d’énergie au quotidien

Page 166: Réflexions sur le devenir professionnel des personnes dyslexiques

- 166 -

Questionnaire de témoignage anonyme : Caroline

1) Êtes-vous : un homme une femme X

2)Quel âge avez-vous ? 45 ans

3)Êtes-vous :gaucher droitier X

4)Quel métier exercez-vous ? Consultant « formation / orientation prof / RH »

5)Comment s'est passée votre scolarité ? - En primaire :

MAL

- Au collège :

MIEUX après la 4ème/ Orientée en seconde paradoxalement car orientée en filière A

(littéraire) alors que profil technique et scientifique. Pas assez de temps pour traiter les

énoncés à l’écrit.

- Au lycée : difficile

- Avez-vous redoublé ? Quelles classes ?

3ème

- Quelles sont les matières où vous aviez de bons résultats et à quoi les attribuez-

vous ?

Techniques scientifiques très bonne en maths mais TDA (les chiffres « bougent »

et les formules avec…..

Page 167: Réflexions sur le devenir professionnel des personnes dyslexiques

- 167 -

- Quelles étaient vos activités extra-scolaires ? Vous plaisaient-ellles et pourquoi ?

Gym/danse/piano/ travaux manuels (piano douée mais difficile de suivre une

partition…..cette activité m’a aidée à me rééduquer §concentrer)

6) Etudes - Quel niveau d'études avez-vous ? (CAP, BEP, BAC, ...) et dans quel

domaine ?

DESS recherche développement génétique enfant et ado + CNAM formation

complémentaire RH

- Comment avez-vous été orienté ? N’importe comment. A ma sortie de 3ème

les préconisations étaient : « douée en technologie et technique ». Mais j’étais une

fille….

- Qu'est-ce qui vous a permis de poursuivre vos études ?

J’ai dû m’accrocher ! ! ! Et je travaillais en parallèle. Donc cette autonomie et le

concret m’ont permis de tenir. J’aurais du faire une formation en alternance, je pense

que cela aurait été idéal.

- Qu'est-ce qui vous a empêché de poursuivre vos études ?

7) Vous sentiez-vous différent des autres et pourquoi ? Oui très clairement une autre forme de pensée. J’étais précurseur et avais depuis

longtemps mis en pratique le langage SMS ! ! ! (Typiquement je n’arrivais jamais à me

souvenir du sens de l’accent…et surtout ne n’en voyais pas l’intérêt…et aujourd’hui

encore très faiblement….en SIMPLIFIE, je n’entrais dans une possibilité d’expertise

que lorsque cela était nécessaire. Le travail du traitement de l’orthographe était très

pénible pour moi et je ne me focalisais que sur les priorités de mémorisation en

fonction de l’opérationnel ! ! ! Je pensais « Qu’est ce qu’il est important que

j’apprenne pour survivre dans ce monde. Qu’ai-je que j’ai besoin de savoir ?». J’aurai

adoré faire de l’histoire en partant de la réalité d’aujourd’hui. Par exemple, partir du

code civil d’aujourd’hui et de remonter le temps et intégrer la dimension pratique

(Pourquoi a t-on modifié tel décret/loi ? qu’est que cela veut dire dans le QUOTIDIEN

Page 168: Réflexions sur le devenir professionnel des personnes dyslexiques

- 168 -

des personnes d’il y a 100 ans ? 200 ans ? ? ? J’avais besoin de me faire des IMAGES,

de me représenter la réalité. Les mots abstraits n’avaient pas de sens si je ne pouvais

pas les intégrer à mon ressenti, à du concret.

Je n’ai pas l’impression que la plupart des autres personnes fonctionnent comme cela.

C’est en lisant DAVIS …que j’ai pu me retrouver.

8) Quelle a été la réaction de vos parents face à votre dyslexie ? Je n’ai su que je l’avais été qu’à l’âge de 30 ans lorsque ma fille a présenté les mêmes

difficultés.

- Avez-vous été soutenu dans vos difficultés : comment et par qui ?

Personne. Et pourtant j’avais tellement besoin d’apprendre et de canaliser mes

énergies….jeux de construction, écriture de poèmes, broderie, tricot, ….

- Quels obstacles avez-vous rencontrés ?

Je me suis débrouillée. Le pire c’est de comprendre les mathématiques et d’avoir des

notes aussi moyennes ! ! !

D’avoir envie de comprendre la chimie et de ne pas avoir le temps de mettre en

mémoire de travail ts ces symboles et formules…et pourtant je voulais être chercheur

en neurosciences pour travailler sur le comportement et le cerveau. A l’époque étant

TDA (hyperactive associée prob) j’oubliais de lire l’émotionnel et le besoin affectif

des autres…j’étais autoritaire et avec besoin de réalisation….je vivais les autres

comme des « BOULETS » et de plus je ne pensais pas comme eux….pourtant j’ai fini

par atterrir en psychologie (après avoir tenter une année en droit…catastrophe ! ! !) car

j’ai vu qu’enfin, en psycho, il y avait des statistiques et des neurosciences…Ce sont les

matières qui m’ont permis de réussir ! ! ! !

9) À présent, avez-vous des problèmes de repères dans l'espace et

dans le temps ? Pas dans le temps (toujours en retard mais parce que le temps n’est pas extensible ! ! !)

Dans l’espace je suis bien latéralisée et bonne intégration psychomotrice, mais lorsque

je me déplace je perds mes repères parce que je n’arrive pas à mémoriser les

informations trop nombreuses liées aux déplacements. Je pense que c’est un problème

d’attention car je suis bonne en mécanique / technologie / architecture

Page 169: Réflexions sur le devenir professionnel des personnes dyslexiques

- 169 -

10) Avez-vous des difficultés à lire et à écrire ? Oui et non. J’adore lire et écrire mais je dois m’y reprendre à plusieurs reprises pour

mémoriser ou me recentrer (mémoire de travail).

11) Avez-vous mis en place des stratégies de compensation ? Couleurs, lunettes grossissantes. Synthèse écrite (en réécrivant des textes que je

synthétise pour les relire de tps à autres et tenter de fixer l’info)

12) Comment avez-vous choisi votre métier ? Au hasard…mais un hasard qui m’amènera malgré tout peut-être aux

neurosciences ! ! ! (Psychologie en lien avec le médical). Issue d’une famille de

médecin/Ingénieur

- Y a-t-il un goût personnel, une passion ?

Oui décoration construction. Recherche de l’optimisation pour un confort de l’humain

et un respect de notre paradis. Je suis sensible à la protection de la planète et au respect

de l’humain (soyons moins nombreux sur terre pour une optimisation ! j’adore

réfléchir et participer à des projets architecturaux. Comme la création d’espaces de

vie),

- Y a-t-il eu des concours de circonstances, des rencontres décisives...?

Une enseignante en CM2, un enseignant de philosophie en seconde. ….l’entrée en CP

de ma fille ! ! !

- Y a-t-il une influence familiale ?

Terrain transgénérationnel de dyslexie / Haut Potentiel. Pas de TDA identifié sinon

moi et ma fille…nous sommes les martiennes.

13) Quelles sont les qualités, aptitudes, talents qui vous permettent de

réussir dans ce domaine professionnel ? Je me crois visionnaire ! Et je pense souvent que j’ai raison. Et mes stratégies ont

souvent des stratégies adaptées et porteuses….ou mes pressentis négatifs se sont

Page 170: Réflexions sur le devenir professionnel des personnes dyslexiques

- 170 -

révélés exacts. Mon chemin de progrès apprendre à écouter et comprendre les MOTS

pour gagner en communication interpersonnelle ! ! !

14) Y a-t-il des freins liés à votre dyslexie qui vous empêchent d'aller

plus loin ? Oui mémoire de travail liée au stock de l’information verbale. Grande difficulté pour

mémoriser les noms et les visages (futur ALZEIMER ou est le H ?)

15) A quoi attribuez-vous votre réussite ? A ma ténacité….mais celle-ci me conduira probablement à l’échec….je n’en suis qu’à

la moitié de ma vie (j’espère pas moins !)

16) Auriez-vous aimé travailler dans d'autres secteurs ? Tout m’intéresse, du moment que c’est pour être dans la qualité de vie. J’ai horreur du

gâchis…mais finalement ces notions sont relatives et correspondent à notre propre

système de valeur ! ! ! !

17) Avez-vous une passion ou un centre d'intérêt privilégié dans la

vie ? Neurosciences et nutrition / finances / humain/ architecture (construction écologique)

et génie civil.

18) Vu votre expérience, quels conseils donneriez-vous aux jeunes

dyslexiques ? Il y a plusieurs forme de dyslexie…tout dépend du profil, tout dépend s’il est HP et

TDA associé ? ? ? Dyslexie visuelle? Auditive ? Performant en traitement visuo-spatial

(certains sont très forts d’autres pas ! ! !)

19) Comment définiriez-vous personnellement la dyslexie ? Une autre forme de pensée, qui est mise à rude épreuve dans un système académique

classique.

Page 171: Réflexions sur le devenir professionnel des personnes dyslexiques

- 171 -

Questionnaire de témoignage anonyme: Catherine

1) Êtes-vous : un homme une femme X

2) Quel âge avez-vous ?47 ans

3) Êtes-vous : gaucher droitier X

4) Quel métier exercez-vous ? Directrice de crèche (formation initiale infirmière puéricultrice)

5) Comment s'est passée votre scolarité ?

- En primaire :

Difficile, les instituteurs me punissaient vu mes résultats en orthographe jusqu’en CM1

ils pensaient que je ne voulais pas travailler par contre j’avais de très bon résultats en

maths. Une institutrice s’est penchée sur mes difficultés et a conseillé ma mère d’aller

voir une orthophoniste. C’est à ce moment que nous avons découvert une dyslexie

- Au collège :

Très bien, avec des séances d’orthophonie à un rythme de trois par semaine. Les profs

n’ont jamais considéré le surcroît de travail et l’effort de concentration que je devais

fournir

- Au lycée :

J’ai arrêté en seconde par choix pour me diriger vers un métier de santé

- Avez-vous redoublé ? Quelles classes ?

Le CM1

- Quelles sont les matières où vous aviez de bons résultats et à quoi les attribuez-

Page 172: Réflexions sur le devenir professionnel des personnes dyslexiques

- 172 -

vous ?

Les mathématiques, pour moi c’était facile et logique, je n’avais pas besoin de me

concentrer et d’apprendre

- Quelles étaient vos activités extra-scolaires ? Vous plaisaient-ellles et pourquoi ?

L’équitation, le cheval me comprenait et je me sentais bien.

6) Etudes

- Quel niveau d'études avez-vous ? (CAP, BEP, BAC, ...) et dans quel domaine ?

Licence.

J’ai donc fait une seconde C. Puis une année préparatoire de remise à niveau bac pour

tenter le concours à l’école d’infirmière. Cette année me permettait d’avoir un niveau

bac sans le passer mais me permettant de tenter le concours. J’ai donc fait mes études

d’infirmière puis je me suis spécialisée et j’ai fait alors une école de puériculture d’une

durée d’un an. Je parle d’un niveau de licence car le diplôme d’infirmière est

équivalent à une licence quoique dernièrement la fac de Bordeaux m’a précisée qu’il

était équivalent à un DEUG. En 2004 j’ai eu un Diplôme Universitaire de Directeur

Petite Enfance. Je désire faire un master d’anthropologie mention sciences de

l’éducation mais avec la réponse de la fac sur les équivalences ce sera sûrement une

licence.

- Comment avez-vous été orienté ?

Après plusieurs orientations, j’ai rencontré une conseillère d’orientation qui m’a

suggéré les métiers de la santé et m’a conseillé de faire stage en milieu hospitalier.

- Qu'est-ce qui vous a permis de poursuivre vos études ?

La persévérance et mon père qui a su croire en moi malgré les commentaires des profs

- Qu'est-ce qui vous a empêché de poursuivre vos études ?

Le manque de confiance que j’ai pu acquérir par la suite avec l’âge ? Effectivement, je

n’ai recommencé mes études que depuis 2004 où j’ai eu ma licence. J’ai eu un

mémoire à rendre, j’ai eu alors les vieux démons qui sont remontés et je me suis dit

Page 173: Réflexions sur le devenir professionnel des personnes dyslexiques

- 173 -

mais rappelle toi tu n’es pas capable tu es bien trop nulle on te l’a pourtant répété tu es

maso ma pauvre. Alors mes enfants et mon mari m’ont rappelé à l’ordre et m’ont dit

avant de dire que tu es nulle, essaie.

7) Vous sentiez-vous différent des autres et pourquoi ? Oui, je devais faire toujours plus, j’aurais peut-être pu développer des compétences

dans le secteur artistique mais a mon époque il fallait être excellente en français et en

maths, je l’étais en maths donc aucune raison existait pour les profs pour que je sois

mauvaise en français à part ne pas travailler ce que je faisais. En résumé l’Education

Nationale n’a rien compris au problème des dyslexiques !!

8) Quelle a été la réaction de vos parents face à votre dyslexie ? Très bonne, enfin, il y avait une raison.

- Avez-vous été soutenu dans vos difficultés : comment et par qui ?

Oui par mes parents et une institutrice, mais cela se résume à peu de personne.

- Quels obstacles avez-vous rencontrés ?

La moquerie des autres qui a provoqué un repli et une « hyperactivité » pour prouver

que je pouvais y arriver

9) A présent, avez-vous des problèmes de repères dans l'espace et

dans le temps ? Non plus dans la concentration, lorsque je suis fatiguée je dois me concentrer pour

faire des phrases claires aussi bien à l’orale qu’à l’écrit

10) Avez-vous des difficultés à lire et à écrire ? Plus maintenant pour la lecture quoique j’ai besoin de calme et de concentration pour

imprimer ! A l’écrit oui mais de moins en moins depuis que je suis un traitement

11) Avez-vous mis en place des stratégies de compensation ? Je parlerai des stratégies de compensation mais maintenant quand je sens que je suis

Page 174: Réflexions sur le devenir professionnel des personnes dyslexiques

- 174 -

fatiguée j’avertis les personnes que je risque de faire des erreurs car je suis dyslexique

12) Comment avez-vous choisi votre métier ? - Y a-t-il un goût personnel, une passion ?

Une passion

- Y a-t-il eu des concours de circonstances, des rencontres décisives...?

Oui bien sûr mon mari et mon directeur, des amis psychologues

- Y a-t-il une influence familiale ?

Oui

13) Quelles sont les qualités, aptitudes, talents qui vous permettent de

réussir dans ce domaine professionnel ?

La persévérance, l’intuition, l’observation des gens, l’écoute, la compréhension.

14) Y a-t-il des freins liés à votre dyslexie qui vous empêchent

d'aller plus loin ? Oui bien sûr le manque de confiance qui surgit à tout moment et la lenteur mais à l’âge

que j’ai maintenant je tente et si il y a échec tant pis c’est tout de même une expérience

positive.

15) A quoi attribuez-vous votre réussite ? À mon optimisme et à des lectures du Dalaï-Lama .Cela pourrait paraître loufoque

mais pour moi c’est le premier homme qui a parlé de la bien-traitance et de la pensée

positive ;

16) Auriez-vous aimé travailler dans d'autres secteurs ? Oui peut-être dans la médecine légale ou le secteur artistique mais à voir je n’en suis

pas sur !!

17) Avez-vous une passion ou un centre d'intérêt privilégié dans la

Page 175: Réflexions sur le devenir professionnel des personnes dyslexiques

- 175 -

vie ? Les voyages pour la passion et le centre d’intérêt la connaissance des autres cultures

18) Vu votre expérience, quels conseils donneriez-vous aux jeunes

dyslexiques ? De s’acharner et de ne pas écouter les gens qui ne croit pas en vous. De suivre ses

objectifs.

19) Comment définiriez-vous personnellement la dyslexie ? Une maladie galère que personne ne prend au sérieux surtout l’Education Nationale

qui la prend à la légère. Une maladie où l’on se sent seule. Jeune il est difficile d’en

parler. Les personnes atteintes de dyslexie sont classées dans le registre des idiots des

analphabètes. Ces gens ne sont pas intelligents et n’y arriveront jamais il faut les

mettre dans des voies de garages puisqu’ils ne savent ni lire ni écrire !

Un seul médecin a su me donner un traitement médicamenteux car la rééducation était

trop difficile à organiser et les résultats non concluant. certain ne la considère pas

comme sérieuse et handicapante

Page 176: Réflexions sur le devenir professionnel des personnes dyslexiques

- 176 -

Questionnaire de témoignage anonyme : Charles

1) Êtes-vous : un homme X une femme

2) Quel âge avez-vous ? 40 ans

3) Êtes-vous : gaucher droitier X

4) Quel métier exercez-vous ? Directeur industriel d’un site de 200 personnes

5) Comment s'est passée votre scolarité ? - En primaire :

Bien, j’étais très bon à l’oral mais nul à l’écrit. J’ai toujours limité le nombre de traits

dans les exercices, de peur de mal faire.

- Au collège :

Je n’ai su lire qu’en 4è, ce qui explique que mes résultat à l’écrit étaient déplorables, et

que ma culture générale en soit limitée

-Au lycée :

Les lacunes accumulées dans les matières littéraires ont été très handicapantes.

Aux concours de Central nous n’étions que 2 ou 3 sur la France à avoir passer haut la

main la barre scientifique tant redouté par les candidats et ne pas avoir eu la barre

générale

- Avez-vous redoublé ? Quelles classes ?

Oui, la 4è je me suis d’ailleurs fait renvoyer du collège et la terminal puis j’ai fais 5/2.

- Quelles sont les matières où vous aviez de bons résultats et à quoi les attribuez-

vous ?

Dans toutes les matières scientifiques. J’ai eu un très bon prof en 5ème qui ne portait

Page 177: Réflexions sur le devenir professionnel des personnes dyslexiques

- 177 -

pas forcément la réduction des points sur la rédaction mais avait une orientation de

notation sur le raisonnement. J’avais enfin une matière où je pouvais me distinguer…

Très important pour un enfant. Avoir 1 point fort reconnu.

- Quelles étaient vos activités extra-scolaires ? Vous plaisaient-ellles et pourquoi ?

Sport, Kayak, Violon (mais là encore, la dyslexie ne m’a pas permis de m’exprimer, la

lecture des notes était trop difficile, faire la note suivante avant la première, ou en

rajouter une), le dessin là par contre, je me suis éclaté et m’éclate toujours.

6) Etudes

- Quel niveau d'études avez-vous ? (CAP, BEP, BAC, ...) et dans quel domaine ?

BAC + 5

- Comment avez-vous été orienté ?

Par mes parents au début, jusqu’en terminal, sinon je devais quitter le cycle général en

5ème. Puis l’attrait de certains domaines où je me sentais bien.

- Qu'est-ce qui vous a permis de poursuivre vos études ?

La ténacité de mes parents. Et un certain psy qui a déceler, je ne sais comment que

j’avais des ressources non utilisés

- Qu'est-ce qui vous a empêché de poursuivre vos études ?

Les gros problèmes de diction, d’expression, d’écriture. (entre 70 à 150 fautes sur un

texte de 10 lignes)

7) Vous sentiez-vous différent des autres et pourquoi ? Je ne comprenais pas comment faisait les autres pour écrire sans faute. Pour aimer lire.

Par contre, pour la partie analyse, je ne comprenais pas non plus la lenteur d’esprit des

autres mais j’étais incapable d’exprimer ma rapidité.

Page 178: Réflexions sur le devenir professionnel des personnes dyslexiques

- 178 -

8) Quelle a été la réaction de vos parents face à votre dyslexie ? Je n’en ai jamais rien su, ils m’ont toujours soutenu à l’école et je crois que c’est déjà

beaucoup.

- Avez-vous été soutenu dans vos difficultés : comment et par qui ?

Mes parents, un psy, certains profs de math et de physique. Ensuite, mon épouse

- Quels obstacles avez-vous rencontrés ?

L’incapacité d’exprimer les idées. Et plus jeune, une honte de faire des fautes ou de ne

pas être compris car trop rapidement je passais d’une idée à l’autre sans y avoir mis de

liaison. Et donc j’étais très difficile à suivre.

9) A présent, avez-vous des problèmes de repères dans l'espace et

dans le temps ? J’ai toujours des problèmes de repère dans l’espace, mais mon cursus professionnel et

mes études ont minimisé ces problèmes. Toutefois, je me suis mis à la radiocommande

d’hélicoptère pour forcer mon cerveau à gérer le déplacement relatif et absolu.

10) Avez-vous des difficultés à lire et à écrire ? Je n’ai toujours pas l’envie de lire. C’est toujours pour moi une contrainte mais cela est

indispensable pour mon métier…

11) Avez-vous mis en place des stratégies de compensation ? Pour l’écriture, je synthétise au maximum, et j’ai appris à compenser mon problème de

transmission et d’ordonnancement des idées avec l’ordinateur.

12) Comment avez-vous choisi votre métier ? - Y a-t-il un goût personnel, une passion ?

Il s’agit d’un métier d’impression d’image, de technique pur donc un domaine où je

me sens à l’aise

- Y a-t-il eu des concours de circonstances, des rencontres décisives...?

- Y a-t-il une influence familiale ?

Page 179: Réflexions sur le devenir professionnel des personnes dyslexiques

- 179 -

13) Quelles sont les qualités, aptitudes, talents qui vous permettent de

réussir dans ce domaine professionnel ? La rapidité de passer d’une idée à l’autre, le fait de ne pas pouvoir rester très

longtemps focaliser sur une idée. Le fait de ne pas aimer écrire ni lire m’oblige à

compenser par une architecture intellectuelle sans faille, et donc me permet de prendre

des décisions structurés avec un but déjà construit. La modélisation de toutes mes idées

pendant ma scolarité pour « survivre » me sert aujourd’hui

14) Y a-t-il des freins liés à votre dyslexie qui vous empêchent d'aller

plus loin ?

La communication de mes idées est toujours très difficile, je dois me faire violence

pour m’exprimer. Pour ma situation c’est vraiment un handicap, je pense que si je

n’avais pas cette « maladie » la vie serait plus facile…

15) A quoi attribuez-vous votre réussite ? La ténacité de mes parents au début et je pense surtout à un prof de math qui m’a

permis de voir que je pouvais être bon dans certaines matières, et que ça valait le coup

de s’y attarder. Un enfant ou même un adulte a besoin de la reconnaissance d’autrui…

16) Auriez-vous aimé travailler dans d'autres secteurs ? Non plus maintenant

17) Avez-vous une passion ou un centre d'intérêt privilégié dans

la vie ? Le dessin, mes enfants, mon travail

18) Vu votre expérience, quels conseils donneriez-vous aux jeunes

dyslexiques ? Je dirais à un jeune dyslexique que cette « maladie » peut se vaincre, chose qui est très

difficile à concevoir quand on est au fond du gouffre. Que nous n’en serons jamais

débarrassés, mais qu’il y a un moyen de vivre avec. Il faut pouvoir trouver la faille qui

permet de nous valoriser pour nous même. De s’y accrocher et de balayer tous le reste

avec. De prendre ce domaine où nous avons des facilités (je pense dans la parti

Page 180: Réflexions sur le devenir professionnel des personnes dyslexiques

- 180 -

brainstorming personnel) et d’en faire un chemin de bataille pour nous permettre de

nous faire comprendre par le monde qui nous entoure.

19) Comment définiriez-vous personnellement la dyslexie ? La dyslexie est pour moi une incapacité à faire le lien entre ce qui est écrit avec la vie

qui nous entoure. Et je dirais même que cela va même jusqu’à mettre de coté la théorie

qui dit que la pensée a besoin des mots pour exister… Je pense qu’un dyslexique pense

sans l’appui des mots où même d’un support abstrait structuré.

Page 181: Réflexions sur le devenir professionnel des personnes dyslexiques

- 181 -

Questionnaire de témoignage anonyme : Florence

1) Êtes-vous : un homme une femme X

2) Quel âge avez-vous ? 43 ans

3) Êtes-vous : gaucher droitier X

4) Quel métier exercez-vous ? Jusqu’à il y a un an : comptable.

En pleine évolution vers le secteur sanitaire et sociale : actuellement auxiliaire de vie.

5) Comment s'est passée votre scolarité ? - En primaire :

J’ai manqué de redoubler mon CP

Excellente en mathématiques et en grammaire

De graves difficultés en français, surtout en dictée et en expression écrite.

Toujours comme appréciation : « lente », « dans la lune » : en effet, j’avais besoin

d’évasion, de souffler.

- Au collège :

Les mêmes remarques avec une difficulté dans l’apprentissage des langues étrangères.

J’ai été diminuée par certains enseignants dont la directrice du collège, professeur

d’anglais qui, par des insultes publiques, ne m’a pas donné confiance en moi.

- Au lycée :

Excellente en matières scientifiques et philosophique

Plus de difficultés dans les matières littéraires

Nombreux sont les enseignants qui m’ont fait confiance mais je n’avais plus vraiment

confiance en moi.

Page 182: Réflexions sur le devenir professionnel des personnes dyslexiques

- 182 -

- Avez-vous redoublé ? Quelles classes ?

Je n’ai redoublé aucune classe (sauf la 1ère année de droit)

- Quelles sont les matières où vous aviez de bons résultats et à quoi les attribuez-

vous ?

Les bons résultats sont dus en partie à beaucoup d’intuition dans ces matières

- Quelles étaient vos activités extra-scolaires ? Vous plaisaient-ellles et pourquoi ?

Le hand-ball et l’athétisme où j’étais excellente

le patronage

L’accompagnement de jeunes enfants dès le collège

6) Etudes

- Quel niveau d'études avez-vous ? (CAP, BEP, BAC, ...) et dans quel domaine ?

Bac + 4, en comptabilité par le CNAM

J’ai commencé par un DEUG de Droit, mais j’ai raté ma licence à deux reprises à

cause de l’expression écrite qui était trop lourde.

- Comment avez-vous été orienté ?

En terminale, j’ai fait un test d’orientation auprès de la psychologue de l’enseignement

catholique qui m’a expliquée que j’avais les possibilités de poursuivre des études

mêmes longues. Mon orientation s’est faite selon mes goûts : désir de travailler avec

des enfants. J’ai choisi juge pour enfant.

Comme je n’ai pas validé la licence en droit, j’ai directement travaillé en tant que

conseillère commerciale bancaire, et je me suis formée en comptabilité car j’étais

bonne en maths.

- Qu'est-ce qui vous a permis de poursuivre vos études ?

C’est ma volonté de réussir

- Qu'est-ce qui vous a empêché de poursuivre vos études ?

C’est mon expression écrite, ma lenteur et ma difficulté à mémoriser de gros volumes

Page 183: Réflexions sur le devenir professionnel des personnes dyslexiques

- 183 -

7) Vous sentiez-vous différent des autres et pourquoi ? Ma différence venait surtout du fait que je comprenais très vite mais mon passage à

l’écrit m’empêchait d’avoir des résultats.

8) Quelle a été la réaction de vos parents face à votre dyslexie ? Mes parents ont compris que j’avais des difficultés sans pouvoir vraiment les qualifier.

Ils ont fait confiance aux enseignants. Ils ont accepté la lenteur me diminuant parfois à

la fainéantise. Ils ont vite cru que mes résultats moyens venaient de mon manque de

travail.

J’ai pu nommer ma dyslexie au lycée, un peu par hasard. J’ai fait le lien avec ce que je

vivais. Cela m’a rassurée, mais je n’ai pas eu de rééducation.

- Avez-vous été soutenu dans vos difficultés : comment et par qui ?

Ce sont les personnes qui m’ont connu hors scolarité qui m’ont aidée en me redonnant

confiance

- Quels obstacles avez-vous rencontrés ?

Je rencontre encore beaucoup de difficultés dans tout ce qui est passage à l’écrit et

mémorisation

9) A présent, avez-vous des problèmes de repères dans l'espace et

dans le temps J’avais de très bons repères spatiaux que je suis en train de reperdre. Ces repères

étaient innés et je ne les pas cultivés me laissant guider par mon mari par ex

La notion de temps s’estompe elle aussi (pourquoi ?): les évènements du passé

appartiennent au passé et pour moi peu importe l’ordre chronologique Le passé est très

peu compartimenté mes seuls repères sont scolaires ou professionnels je ne retiens

aucune date

10) Avez-vous des difficultés à lire et à écrire ?

Page 184: Réflexions sur le devenir professionnel des personnes dyslexiques

- 184 -

Pour lire à voix haute, il m’arrive d’inverser des syllabes, accrocher sur une lettre,

voire même de remplacer par un mot de même sens et de sens proche. Il m’arrive de

lire en public : Il faut alors, lorsque je prépare une lecture, que je prenne mon temps,

que je lise à voix basse le texte avec une grande attention car si je me trompe, j’ai du

mal à corriger derrière. Je compense en m’entendant dire les choses. J’ai besoin de

verbaliser et de m’entendre.

Dans mon écriture, vous le constatez peut-être, il m’arrive d’oublier un mot et mon

écriture n’est pas très fluide.

11) Avez-vous mis en place des stratégies de compensation ? Je ne sais pas vraiment comment je m’y suis prise pour compenser. Je pense avoir

toujours synthétiser au maximum pour ne pas avoir à trop écrire.

12) Comment avez-vous choisi votre métier ? Le métier de comptable que j’ai exercé : cela a été des concours de circonstances.

Pour le métier que je souhaite exercer dorénavant, médiatrice familiale, est un

choix personnel, avec une meilleure connaissance de mes aptitudes.

- Y a-t-il un goût personnel, une passion ?

- Y a-t-il eu des concours de circonstances, des rencontres décisives...?

- Y a-t-il une influence familiale ?

13) Quelles sont les qualités, aptitudes, talents qui vous permettent de

réussir dans ce domaine professionnel ? La patience, l’écoute, la persévérance

14) Y a-t-il des freins liés à votre dyslexie qui vous empêchent

d'aller plus loin ?

Page 185: Réflexions sur le devenir professionnel des personnes dyslexiques

- 185 -

Toujours le passage à l’écrit

15) A quoi attribuez-vous votre réussite ?

16) Auriez-vous aimé travailler dans d'autres secteurs ?

17) Avez-vous une passion ou un centre d'intérêt privilégié dans la

vie ? La rencontre avec l’autre, mieux comprendre la relation humaine, l’Homme.

18) Vu votre expérience, quels conseils donneriez-vous aux jeunes

dyslexiques ? Ne pas rester là il y a des gens qui existent pour vous aider

Faire nommer et reconnaître leur dyslexie. Cela permet de se libérer de cette sensation

que l’on est nul et capable de rien. Trouver la méthode de travail ou de rééducation qui

permettra de travailler lire écrire plus aisément, ne pas perdre le contact avec la

société.

J’insisterai sur la déculpabilisation et le maintien du lien parents-enseignants et

rééducateur car à ce jour le travail de rééducation n’est pas harmonisé…

19) Comment définiriez-vous personnellement la dyslexie ? Raisonnement pas adapté aux méthodes d’apprentissages actuelles

Page 186: Réflexions sur le devenir professionnel des personnes dyslexiques

- 186 -

Questionnaire de témoignage anonyme : François

1) Êtes-vous : un homme X une femme

2) Quel âge avez-vous ? 42 ans

3) Êtes-vous : gaucher droitier X

4) Quel métier exercez-vous ? Conseiller Commercial en assurance

5) Comment s'est passée votre scolarité ? - En primaire :

Des difficultés dans l'écriture je me souviens où une fois j'ai eu les félicitations

de mon maître pour un 0,5 sur 10

- Au collège :

Très dur je compensais par autre chose que la scolarité

- Au lycée :

Dans le privé tu paie, on te laisse tranquille

- Avez-vous redoublé ? Quelles classes ?

La 4eme trois fois et la terminale

- Quelles sont les matières où vous aviez de bons résultats et à quoi les attribuez-

vous ?

Les maths, le sport, le dessin, les travaux manuels et la musique

En tout premier lieu les profs, ensuite les matières où il n'y avait pas d'écriture et une

logique.

- Quelles étaient vos activités extra-scolaires ? Vous plaisaient-elles et pourquoi ?

J'ai eu plein d'activité comme la chorale le scoutisme la croix rouge les échecs et

Page 187: Réflexions sur le devenir professionnel des personnes dyslexiques

- 187 -

le sport et tout ce qui pouvait me faire oublier l'école

J'avais besoin d'être reconnu dans des disciplines autre que la scolarité là ou je

n'excellait pas.

6) Etudes - Quel niveau d'études avez-vous ? (CAP, BEP, BAC, ...) et dans quel domaine ?

Bac

- Comment avez-vous été orienté ?

Par mes propres moyens

- Qu'est-ce qui vous a permis de poursuivre vos études ?

L'argent de mes parents

- Qu'est-ce qui vous a empêché de poursuivre vos études ?

Mon niveau beaucoup trop bas

7) Vous sentiez-vous différent des autres et pourquoi ? Non

8) Quelle a été la réaction de vos parents face à votre dyslexie ? Ils ne s'en sont jamais doutés. C'est quand mon fils Benoît en fin de CP ou nous avons

décelé une dyslexie dysorthographie et dyscalculie que tous ses troubles mon fait

comprendre que je soufrais des mêmes symptômes et mes parents ne l'ont su qu'à ce

moment et n'ont pas du tout compris ce que je pouvais ressentir.

- Avez-vous été soutenu dans vos difficultés : comment et par qui ?

Jamais puisque je ne savais pas. Pour moi j'étais nul.

- Quels obstacles avez-vous rencontrés ?

Surtout les langues anglais allemand

Page 188: Réflexions sur le devenir professionnel des personnes dyslexiques

- 188 -

9) A présent, avez-vous des problèmes de repères dans l'espace et

dans le temps ? Tourne à gauche en montrant la droite

Je ne comprend pas les changements d'heure il me faut un moyen mémotechnique

que j'oublie 6 mois après

10) Avez-vous des difficultés à lire et à écrire ? J'ai horreur d'écrire sauf sur l'ordinateur.

Et lire il faut que j'accroche dès les premières pages

11) Avez-vous mis en place des stratégies de compensation ? Oui mais pour les expliquer je ne saurais pas expliquer

12) Comment avez-vous choisi votre métier ? Toujours par opportunité

- Y a-t-il un goût personnel, une passion ?

Non

- Y a-t-il eu des concours de circonstances, des rencontres décisives...?

Oui

- Y a-t-il une influence familiale ?

Non

13) Quelles sont les qualités, aptitudes, talents qui vous permettent

de réussir dans ce domaine professionnel ? Mon empathie, ma sociabilité, ma culture générale.

14) Y a-t-il des freins liés à votre dyslexie qui vous empêchent d'aller

plus loin ? Les langues surtout l'anglais

Page 189: Réflexions sur le devenir professionnel des personnes dyslexiques

- 189 -

15) A quoi attribuez-vous votre réussite ? Le défi chalenge, et surtout ma ténacité

16)Auriez-vous aimé travailler dans d'autres secteurs ? OUI

17)Avez-vous une passion ou un centre d'intérêt privilégié dans la vie

? La bande dessinée et tous ce qui touche les gros engins comme les tracteurs,

les bull, les pelleteuses, les dameuses etc.

18) Vu votre expérience, quels conseils donneriez-vous aux jeunes

dyslexiques ? Foncer et ne pas avoir honte.

Avoir un centre d'intérêt et de graviter un maximum autour.

Etre opportuniste et ne pas avoir peur de prendre le train en route.

Ressentir les choses et ne pas trop se poser de questions. En général la première

impression est la bonne.

19) Comment définiriez-vous personnellement la dyslexie ? C'est passé par des chemins de traverses pour arriver au but.

Page 190: Réflexions sur le devenir professionnel des personnes dyslexiques

- 190 -

Questionnaire de témoignage anonyme : Gilles

1) Êtes-vous : un homme X une femme

2) Quel âge avez-vous ? 42 ans

3) Êtes-vous : gaucher droitier X

4) Quel métier exercez-vous ?

Consultant en Ressources Humaines (créateur d'entreprise)

5) Comment s'est passée votre scolarité ? - En primaire :

Le CP a été très difficile, puis les instituteurs ont été compréhensifs et m'ont toujours

encouragé.

- Au collège :

Mieux

- Au lycée :

Mieux

- Avez-vous redoublé ? Quelles classes ?

La 4ème

- Quelles sont les matières où vous aviez de bons résultats et à quoi les attribuez-

vous ?

J'étais très bon en latin, en Allemand et en mathématiques.

Pour le français, j'étais fort en grammaire et en explication de texte pour

« décortiquer ».

J'aime l'économie.

Pour toutes ces matières, je pense que c'est grâce à mon esprit logique et concret.

Page 191: Réflexions sur le devenir professionnel des personnes dyslexiques

- 191 -

Mais j'étais nul en dictée et lent en rédaction ; je mettais 2 fois plus de temps que les

autres pour écrire.

J'étais moyen en anglais, et nul en philosophie car je ne lisais pas et la matière n'était

pas assez concrète.

- Quelles étaient vos activités extra-scolaires ? Vous plaisaient-ellles et pourquoi ?

Tennis, rugby, chant, théâtre

J'aime l'esprit d'équipe, le groupe. Avoir une activité d'expression orale.

6) Etudes - Quel niveau d'études avez-vous ? (CAP, BEP, BAC, ...) et dans quel domaine ?

J'ai fait un bac B, une prépa écoles de commerce et l'ESLSCA, avec option ressources

humaines en dernière année. Puis, j'ai fait un Master de RH international à l'âge de 36

ans.

Mes difficultés ont développé ma volonté et ma rigueur dans le travail.

J'ai des facilités à décortiquer, à comprendre. Faire un plan et organiser ma pensée sont

faciles.

- Comment avez-vous été orienté ?

- Qu'est-ce qui vous a permis de poursuivre vos études ?

- Qu'est-ce qui vous a empêché de poursuivre vos études ?

7) Vous sentiez-vous différent des autres et pourquoi ? Oui dans la manière de travailler, mais pas par rapport aux résultats.

8) Quelle a été la réaction de vos parents face à votre dyslexie ? Avez-vous été soutenu dans vos difficultés : comment et par qui ?

- Quels obstacles avez-vous rencontré(s) ?

Mes parents étaient exigeants mais compréhensifs (pas de punitions à cause des

mauvais résultats en dictée)

Ma mère m'a soutenu dans le travail du soir.

Page 192: Réflexions sur le devenir professionnel des personnes dyslexiques

- 192 -

9) A présent, avez-vous des problèmes de repères dans l'espace et

dans le temps ? Aucun. Je suis même très à l'aise dans l'espace. J'étais excellent en topographie à

l'Ecole d'officiers pendant mon service militaire.

10) Avez-vous des difficultés à lire et à écrire ? Oui. Je suis toujours lent en lecture et en rédaction. Cela me demande un effort. Je ne

lis jamais pour mon plaisir.

11) Avez-vous mis en place des stratégies de compensation ? Face à ma lenteur de lecture et rédactionnelle, j'ai élaboré ma méthode de travail et ai

développé mon esprit de synthèse. Grâce à cela, en prépa écoles de commerce, le

résumé de documents est devenu ma meilleure matière.

12) Comment avez-vous choisi votre métier ? - Y a-t-il un goût personnel, une passion ?

J'ai toujours voulu concilier l'économique et l'humain.

- Y a-t-il eu des concours de circonstances, des rencontres décisives...?

- Y a-t-il une influence familiale ?

13) Quelles sont les qualités, aptitudes, talents qui vous permettent

de réussir dans ce domaine professionnel ? Je suis très créatif.

J'ai un esprit logique.

J'ai une capacité à trouver des solutions.

J'ai une bonne capacité d'écoute empathique et de jugement : je suis dans le plaisir

quand il s'agit d'aider les autres. Je crois que le dyslexique n'ayant pas d'intérêt pour la

lecture qui est un plaisir individuel, il se tourne naturellement vers les autres. Je

ressens comme un besoin de me situer dans le concret, ce qui est une force pour un

créateur d'entreprise.

Page 193: Réflexions sur le devenir professionnel des personnes dyslexiques

- 193 -

14) Y a-t-il des freins liés à votre dyslexie qui vous empêchent d'aller

plus loin ?

15) A quoi attribuez-vous votre réussite ? J'ai un bon contact et des valeurs (respect mutuel, droiture, équité) qui inspirent

confiance.

Je suis très rationnel dans mon jugement.

En étant dans le concret rapidement, dans l'opérationnel, j'obtiens des résultats que les

clients apprécient.

16) Auriez-vous aimé travailler dans d'autres secteurs ? Etant très curieux et créatif, j'aurai aimé travailler dans pleins de secteurs.

Notamment, le théâtre, écrire des sketches comiques, faire rire.

17) Avez-vous une passion ou un centre d'intérêt privilégié dans la

vie ? Le tennis

La musique, le chant

18) Vu votre expérience, quels conseils donneriez-vous aux jeunes

dyslexiques ? D'abord, de persévérer, car plus on avance et moins la dyslexie est un handicap. En

effet cela devient plus facile car on va plus vers le raisonnement.

Après, de travailler dans des métiers, des secteurs et des cultures d'entreprises où l'oral

est privilégié.

19) Comment définiriez-vous personnellement la dyslexie ? Pour moi, la dyslexie est une difficulté à lire et à rédiger (formuler les phrases par

écrit).

Page 194: Réflexions sur le devenir professionnel des personnes dyslexiques

- 194 -

Questionnaire de témoignage anonyme : Hubert

1) Êtes-vous : un homme X une femme

2) Quel âge avez-vous ? 54 ans

3) Êtes-vous : gaucher X droitier

4) Quel métier exercez-vous ? Chirurgien

5) Comment s'est passée votre scolarité ?

- En primaire :

Difficile

- Au collège :

Très difficile

- Au lycée :

Epouvantable

- Avez-vous redoublé ? Quelles classes ?

6ème et 4ème

- Quelles sont les matières où vous aviez de bons résultats et à quoi les attribuez-

vous ?

Sciences, histoire géo,

plus ou moins langues et physique

Grâce à un travail énorme par rapport d’autres

Mon épouse était avec moi au collège, elle travaillait 4 fois moins pour un résultat très

supérieur.

Page 195: Réflexions sur le devenir professionnel des personnes dyslexiques

- 195 -

- Quelles étaient vos activités extra-scolaires ? Vous plaisaient-ellles et pourquoi ?

Beaucoup de scoutisme

Très peu de contraintes extérieures

6) Etudes

- Quel niveau d'études avez-vous ? (CAP, BEP, BAC, ...) et dans quel domaine ?

Bac + 15 : 8 ans de médecine, 7 ans de chirurgie

- Comment avez-vous été orienté ?

Impossible de faire Agro et Grandes Ecoles

- Qu'est-ce qui vous a permis de poursuivre vos études ?

L’acharnement, je travaillais de 2 heures du matin à 20 heures pendant les concours. Je

me lève toute l’année à 5 heures et je peux faire des journées de 20 heures de travail.

4 h. à 5 h. de sommeil sont suffisantes

- Qu'est-ce qui vous a empêché de poursuivre vos études ?

7) Vous sentiez-vous différent des autres et pourquoi ? Impossibilité de lire et d’écrire sans fautes, ma vie a changé avec les prismes.

8) Quelle a été la réaction de vos parents face à votre dyslexie ? Ils ont cherché comment me traiter mais en fait j’ai fait le traitement des prismes, après

un de mes neveux très dyslexiques qui ne lisait pas et n’écrivait pas à 17 ans.

Avez-vous été soutenu dans vos difficultés : comment et par qui ?

Ma famille, mon épouse

Quels obstacles avez-vous rencontrés ?

Tout est obstacle quand vous ne lisez pas les étiquettes, les modes d’emploi, des

conditions d’entretiens etc.

Page 196: Réflexions sur le devenir professionnel des personnes dyslexiques

- 196 -

9) A présent, avez-vous des problèmes de repères dans l'espace

et dans le temps ? Oui, je ne sais pas les dates de naissances de mes enfants.

10) Avez-vous des difficultés à lire et à écrire ? Beaucoup moins, je lis avec plaisir et volontiers des articles

11) Avez-vous mis en place des stratégies de compensation ? Le travail

12) Comment avez-vous choisi votre métier ? Non, je les fait, faute de faire mieux, puis c’est devenu une passion

- Y a-t-il un goût personnel, une passion ? Oui

- Y a-t-il eu des concours de circonstances, des rencontres décisives...?

Oui, j’ai découvert la microchirurgie, ce qui m’a fasciné.

- Y a-t-il une influence familiale ?

Oui, mon père était chirurgien

13) Quelles sont les qualités, aptitudes, talents qui vous

permettent de réussir dans ce domaine professionnel ? La rapidité, l’ingéniosité, la rigueur

14) Y a-t-il des freins liés à votre dyslexie qui vous empêchent

d'aller plus loin ? Oui, j’ai du mal à entretenir mon savoir.

15) A quoi attribuez-vous votre réussite ? A l’acharnement

Page 197: Réflexions sur le devenir professionnel des personnes dyslexiques

- 197 -

16) Auriez-vous aimé travailler dans d'autres secteurs ? Je ne peux pas finalement.

17) Avez-vous une passion ou un centre d'intérêt privilégié dans

la vie ? J’aime la pêche à la mouche, la montagne, la marche, plutôt les loisirs physiques ou

demandant de la précision.

18) Vu votre expérience, quels conseils donneriez-vous aux jeunes

dyslexiques ? Mettez des prismes

19) Comment définiriez-vous personnellement la dyslexie ? Un handicap méconnu et non compris.

Page 198: Réflexions sur le devenir professionnel des personnes dyslexiques

- 198 -

Questionnaire de témoignage anonyme : Jean

1) Êtes-vous : un homme X une femme

2) Quel âge avez-vous ? 22 ans

3) Êtes-vous : gaucher droitier X

4) Quel métier exercez-vous ? Je suis couvreur zingueur, en réorientation pour des raisons médicales, à la recherche

d’un emploi.

5) Comment s'est passée votre scolarité ? - En primaire :

Apprentissage de la lecture et de l’écriture au même rythme que les autres enfants avec

de grosses difficultés en orthographe et une sorte de dégoût pour la lecture.

- Au collège :

Apprentissage des langues vivantes avec beaucoup de difficultés, un grand intérêt pour

les matières technologiques, sciences physique, SVT …

Arrêt des études en fin de 3ème technologique.

- Au lycée :

Apprentissage du métier de couvreur-zingueur dans le lycée des compagnons du

devoir, et en alternance avec l’entreprise en couverture -zinguerie

- Avez-vous redoublé ? Quelles classes ?

La 5ème

- Quelles sont les matières où vous aviez de bons résultats et à quoi les attribuez-

vous ?

La géographie, l’histoire, les sciences et vie de la terre, les mathématiques.

Page 199: Réflexions sur le devenir professionnel des personnes dyslexiques

- 199 -

- Quelles étaient vos activités extra-scolaires ? Vous plaisaient-ellles et pourquoi ?

Sports : escalade, marche à pied, vélo, ski, natation, foot…

6) Etudes - Quel niveau d'études avez-vous ? (CAP, BEP, BAC, ...) et dans quel domaine ?

J’ai obtenu mon CAP de couvreur zingueur en juin 2003

- Comment avez-vous été orienté ?

Au cours d’une visite au forum des métiers de Dijon, mon père et moi-même sommes

allés voir les différents métiers. Je me suis arrêté au stand des compagnons du devoir

pour discuter d’une éventuelle orientation dans ce secteur.

- Qu'est-ce qui vous a permis de poursuivre vos études ?

- Qu'est-ce qui vous a empêché de poursuivre vos études ?

Un manque d’intérêt pour les études

7) Vous sentiez-vous différent des autres et pourquoi ? Différent, oui et non.

Plus de difficulté à apprendre et à retenir que la plupart des enfants.

8) Quelle a été la réaction de vos parents face à votre dyslexie ? La même que la leur. Pas surpris du fait que mon père, mon frère et ma sœur le sont.

- Avez-vous été soutenu dans vos difficultés : comment et par qui ?

Oui, énormément par la famille et les amis.

- Quels obstacles avez-vous rencontrés ?

Renoncer au travail de couvreur, du en partie à ma dyslexie, pour un problème postural

de la colonne vertébrale ;

Page 200: Réflexions sur le devenir professionnel des personnes dyslexiques

- 200 -

9) A présent, avez-vous des problèmes de repères dans l'espace

et dans le temps ? Oui, parfois, sans que ce soit très courant.

10) Avez-vous des difficultés à lire et à écrire ? Mis à part les fautes d’orthographe, et le fait de ne pas aimer lire, non.

11) Avez-vous mis en place des stratégies de compensation ?

12) Comment avez-vous choisi votre métier ? Sur les facteurs suivants :

- métier manuel

- peu d’années d’études

- métier d’extérieur

- métier à long terme

- Y a-t-il un goût personnel, une passion ?

Le dessin industriel est une chose que j’apprécie

- Y a-t-il eu des concours de circonstances, des rencontres décisives...?

Pas spécialement, différents employeurs pour des postes de couvreur-zingueur,

charpente

- Y a-t-il une influence familiale ?

Non, pas du tout

13) Quelles sont les qualités, aptitudes, talents qui vous

permettent de réussir dans ce domaine professionnel ? Le fait d’être en extérieur, de passer du temps à réaliser quelque chose qui reste

pendant des années.

Page 201: Réflexions sur le devenir professionnel des personnes dyslexiques

- 201 -

14) Y a-t-il des freins liés à votre dyslexie qui vous empêchent

d'aller plus loin ? Je ne pense pas que l’on puisse parler de freins mais d’envie pour mon propre cas.

Non, je ne pense pas.

15) A quoi attribuez-vous votre réussite ? A l’envie de progresser

16) Auriez-vous aimé travailler dans d'autres secteurs ? Oui, bien sûr, il y a même sûrement des métiers que je ne connais pas qui pourraient

m’intéresser

17) Avez-vous une passion ou un centre d'intérêt privilégié dans

la vie ? La nature, le calme, la tranquillité

18) Vu votre expérience, quels conseils donneriez-vous aux jeunes

dyslexiques ? De se battre contre leur dyslexie.

19) Comment définiriez-vous personnellement la dyslexie ? Je la définirais comme une gêne pouvant être perçue sous différentes formes.

Page 202: Réflexions sur le devenir professionnel des personnes dyslexiques

- 202 -

Questionnaire de témoignage anonyme : Louis

1) Êtes-vous : un homme X une femme

2) Quel âge avez-vous ? 26 ans

3) Êtes-vous : gaucher droitier X

4) Quel métier exercez-vous ?

Ingénieur informaticien

5) Comment s'est passée votre scolarité ?

- En primaire :

Très difficile. J’étais dans le brouillard. Rééducation en CM1-CM2.

- Au collège :

Après rééducation, très bien, sauf l’apprentissage des langues qui est resté très

difficile.

- Au lycée :

Très bien

- Avez-vous redoublé ? Quelles classes ?

CM2

- Quelles sont les matières où vous aviez de bons résultats et à quoi les attribuez-

vous ?

Maths, Physique, Histoire-géo

- Quelles étaient vos activités extra-scolaires ? Vous plaisaient-ellles et pourquoi ?

Le tennis, activité plaisante, sauf la compétition (stress).

Page 203: Réflexions sur le devenir professionnel des personnes dyslexiques

- 203 -

6) Etudes - Quel niveau d'études avez-vous ? (CAP, BEP, BAC, ...) et dans quel domaine ?

Bac + 5, informatique

- Comment avez-vous été orienté ?

Je n’ai pas rencontré de conseiller en orientation, choix personnel après une scolarité

normale.

- Qu'est-ce qui vous a permis de poursuivre vos études ?

Aucune difficulté d’apprentissage

- Qu'est-ce qui vous a empêché de poursuivre vos études ?

Rien

7) Vous sentiez-vous différent des autres et pourquoi ? Non, mais j’avais un sentiment d’infériorité jusqu’à ma rééducation.

8) Quelle a été la réaction de vos parents face à votre dyslexie ? Ils m’ont aidé. Ils ont eu es difficultés à trouver un programme adapté pour la

rééducation. Aucune aide du système scolaire par les instituteurs, et les psychologues

scolaires qui ne connaissaient pas et riaient de la dyslexie.

- Avez-vous été soutenu dans vos difficultés : comment et par qui ?

Oui, par ma famille, mais pas par les instituteurs.

- Quels obstacles avez-vous rencontrés ?

Difficulté d’apprentissage de la lecture, de l’orthographe et des langues.

9) A présent, avez-vous des problèmes de repères dans l'espace

et dans le temps ? Non

10) Avez-vous des difficultés à lire et à écrire ?

Page 204: Réflexions sur le devenir professionnel des personnes dyslexiques

- 204 -

Non, mais des fautes d’orthographe et pas de goût pour l’écriture.

11) Avez-vous mis en place des stratégies de compensation ? Non

12) Comment avez-vous choisi votre métier ? J’aimais l’informatique

- Y a-t-il un goût personnel, une passion ?

Goût personnel pour l’informatique

- Y a-t-il eu des concours de circonstances, des rencontres décisives...?

Non

- Y a-t-il une influence familiale ?

Non

13) Quelles sont les qualités, aptitudes, talents qui vous

permettent de réussir dans ce domaine professionnel ? Logique, goût pour les mathématiques, sérieux, serviable

14) Y a-t-il des freins liés à votre dyslexie qui vous empêchent

d'aller plus loin ? Les langues

15) A quoi attribuez-vous votre réussite ? Je suis doué pour l’informatique

16) Auriez-vous aimé travailler dans d'autres secteurs ? Non, pas spécialement

17) Avez-vous une passion ou un centre d'intérêt privilégié dans

Page 205: Réflexions sur le devenir professionnel des personnes dyslexiques

- 205 -

la vie ? Non, mais j’aime lire et voyager

18) Vu votre expérience, quels conseils donneriez-vous aux jeunes

dyslexiques ? De travailler, de ne pas se décourager

19) Comment définiriez-vous personnellement la dyslexie ? Je n’en sais rien

Page 206: Réflexions sur le devenir professionnel des personnes dyslexiques

- 206 -

Questionnaire de témoignage anonyme : Patrick

1) Êtes-vous :un homme X une femme

2) Quel âge avez-vous ? 35 ans

3) Êtes-vous : gaucher droitier X

4) Quel métier exercez-vous ?

Chef d’entreprise en bâtiment et construction

5) Comment s'est passée votre scolarité ?

- En primaire :

Très bien

- Au collège :

Moyennement

- Au lycée :

Arrêt après la seconde

- Avez-vous redoublé ? Quelles classes ?

La 2nde

- Quelles sont les matières où vous aviez de bons résultats et à quoi les attribuez-

vous ?

Le dessin, talent naturel

- Quelles étaient vos activités extra-scolaires ? Vous plaisaient-ellles et pourquoi ?

Théâtre : oui, j’avais plus de liberté, mise en avant des différences, de l’excentricité

Page 207: Réflexions sur le devenir professionnel des personnes dyslexiques

- 207 -

6) Etudes

- Quel niveau d'études avez-vous ? (CAP, BEP, BAC, ...) et dans quel domaine ?

Bac F2, obtenu par équivalence

- Comment avez-vous été orienté ?

Je n’ai pas été orienté. Choix effectués par hasard et par défi.

- Qu'est-ce qui vous a permis de poursuivre vos études ?

Rien

- Qu'est-ce qui vous a empêché de poursuivre vos études ?

Résultats scolaires insuffisants

7) Vous sentiez-vous différent des autres et pourquoi ? Non, pas vraiment

8) Quelle a été la réaction de vos parents face à votre dyslexie ? Ils ne se sont jamais vraiment posés la question, de même que les enseignants

- Avez-vous été soutenu dans vos difficultés : comment et par qui ?

Non, pas dans l’enfance.

Dyslexie non détectée avant l’âge adulte.

- Quels obstacles avez-vous rencontrés ?

L’incompréhension et l’assimilation à de la fainéantise, de la bêtise.

9) A présent, avez-vous des problèmes de repères dans l'espace

et dans le temps ? Oui, incapacité à s’orienter sans plan.

Difficultés entre la droite et la gauche.

10) Avez-vous des difficultés à lire et à écrire ?

Page 208: Réflexions sur le devenir professionnel des personnes dyslexiques

- 208 -

Enormément de fautes d’orthographe.

Difficultés à découvrir un texte en lecture à voix haute devant d’autres personnes.

11) Avez-vous mis en place des stratégies de compensation ? Oui, j’évite de lire devant d’autres personnes et je m’entraîne avant (apprentissage par

cœur).

Beaucoup de démarches téléphoniques.

12) Comment avez-vous choisi votre métier ? Par hasard

- Y a-t-il un goût personnel, une passion ?

Non

- Y a-t-il eu des concours de circonstances, des rencontres décisives...?

Oui

- Y a-t-il une influence familiale ?

Non

13) Quelles sont les qualités, aptitudes, talents qui vous

permettent de réussir dans ce domaine professionnel ? La facilité d’expression et de communication

La maîtrise des chiffres

14) Y a-t-il des freins liés à votre dyslexie qui vous empêchent

d'aller plus loin ? Plus maintenant, car j’ai choisi un métier qui ne nécessite pas de qualification

particulière.

15) A quoi attribuez-vous votre réussite ? Une grande capacité de travail

A la confiance de mon épouse

16) Auriez-vous aimé travailler dans d'autres secteurs ?

Page 209: Réflexions sur le devenir professionnel des personnes dyslexiques

- 209 -

Non

17) Avez-vous une passion ou un centre d'intérêt privilégié dans

la vie ? Ma famille

18) Vu votre expérience, quels conseils donneriez-vous aux jeunes

dyslexiques ? De suivre ses propres règles

19) Comment définiriez-vous personnellement la dyslexie ? Ça n’est un problème que pour les autres, dans le système tel qu’il existe (on peut très

bien vivre avec, mais les enseignants, non)

Page 210: Réflexions sur le devenir professionnel des personnes dyslexiques

- 210 -

Questionnaire de témoignage anonyme : Yves

1) Êtes-vous : un hommeX une femme

2) Quel âge avez-vous ? 62 ans

3) Êtes-vous : gaucher droitier X

4) Quel métier exercez-vous ?

Chef de département rayons frais dans un hypermarché (retraité depuis 6

mois)

5) Comment s'est passée votre scolarité ?

- En primaire :

Long avec beaucoup de soutien scolaire

J’avais de bons camarades.

J'avais beaucoup de difficultés en français: il y a des aberrations dans la langue

française, beaucoup trop d'exceptions

- Au collège

En 6ème adaptée dans laquelle où je n’avais pas de Langue étrangère enseignée, mais

des cours de français.

J'avais 3 ans de retard, ce qui était difficile à vivre par rapport aux autres collégiens

- Au lycée : professionnel agricole

Directement après la 6ème (vers l'âge de 15 ans), en cycle dit long (sur 5 ans) pour

atteindre un diplôme agricole du second degré.

Il y avait moins de décalage d'âge, et j'avais moins de difficultés scolaires.

Les matières enseignées sont très intéressantes et concrètes.( en particulier la

botanique et la zoologie)

J'ai eu mon diplôme vers 20 ans

Page 211: Réflexions sur le devenir professionnel des personnes dyslexiques

- 211 -

- Avez-vous redoublé ? Quelles classes ?

A l’époque et de mémoire la 9 ème et la 7 ème

pour avoir le certificat d’études.

- Quelles sont les matières où vous aviez de bons résultats et à quoi les attribuez-

vous ?

De meilleurs résultats en maths, car c'est plus logique

j'aimais la géographie par intérêt personnel (tout ce qui concerne la nature, comprendre

comment ça fonctionne) et aussi parce que c'est concret

- Quelles étaient vos activités extra-scolaires ? Vous plaisaient-elles et pourquoi ?

Aucune.

Je jouais aux jeux d'enfants: billes, vélos, patins à roulettes...j'aimais aussi beaucoup

bricoler

j'étais d'une nature très autonome (j’allais tous seul chez le dentiste 7 ans) et renfermé

Je participais très bien à vie de famille (courses, vaisselles….)

6) Etudes

- Quel niveau d'études avez-vous ? (CAP, BEP, BAC, ...)

Diplômes agricoles le dernier équivalent au BAC

- Comment avez-vous été orienté ?

Tests d’orientation par un cabinet privé à l’époque.

- Qu'est-ce qui vous a permis de poursuivre vos études ?

Avoir un bagage pour l’avenir et encouragé par les parents à tenir.

Aucune remarque désobligeante sur les mauvais résultats scolaire.

- Qu'est-ce qui vous a empêché de poursuivre vos études ?

Niveau intellectuel et compréhension

Français dans toutes les matières (orthographe, écriture……)

Page 212: Réflexions sur le devenir professionnel des personnes dyslexiques

- 212 -

Langues (rien ne rentre)

7) Vous sentiez-vous différent des autres et pourquoi ?

Non

8) Quelle a été la réaction de vos parents face à votre dyslexie ? Mal connu dans les années 1950/55, quand j'étais en primaire.

Recherche au près de spécialistes rares : Je me suis déplacé 4-5 fois avec mon

instituteur à Lyon alors que j’étais à Clermont-Ferrand pour rencontrer une sorte

d'orthophoniste qui voyait mes progrès et qui formait mon maître pour m'expliquer

comment m'apprendre.

J'ai appris que j'étais dyslexiques que vers l'âge de 30-40 ans, par hasard : une lecture

d'article ou bien une discussion, où je me suis reconnu

- Avez-vous été soutenu dans vos difficultés : comment et par qui ?

Par un soutien scolaire très soutenu pendant de nombreuses années par le dévouement

sans compter de mon maître d’école.

- Quels obstacles avez-vous rencontrés ?

Quelques petits problèmes avec les camarades surtout en fin de primaire et en 6ème

car un grand « dadé » dans une petite classe !!

9) A présent, avez-vous des problèmes de repères dans l'espace

et dans le temps ? Non, j'ai un très bon sens de l'orientation : par exemple je me repère très facilement

dans une nouvelle ville

10) Avez-vous des difficultés à lire et à écrire ?

La lecture n’est pas très rapide mais correcte et satisfaisante. De temps en temps

quand c’est possible je lis à voix haute. Exercice très profitable est intéressante pour la

voix et l’intonation.

Pour l’écriture le moins possible c’est la catastrophe à cause des constructions des

phases et la recherche des mots. pas un mot sans faute d’orthographe et les tournures

Page 213: Réflexions sur le devenir professionnel des personnes dyslexiques

- 213 -

de phases sont toutes incorrectes Connaissance vocabulaire sûrement inférieur à la

moyenne des français.

Pour copier un texte 5 minutes point final !

Ecriture illisible comme pas encore formée mélangeant dans le même mots les

minuscules et majuscules mélange assez curieux !

11) Avez-vous mis en place des stratégies de compensation ?

Ecriture manuelle illisible pour effacer les fautes au point où j’ai du mal à me relire.

Utilisation au maximum de l’ordinateur avec la correction automatique.

Besoin de répéter les choses pour les retenir; il faut en permanence que je réactive mon

moteur de mémoire. C'est comme une formation en continue mais sur des choses déjà

apprises et soit disantes acquises. C'est la même chose pour la lecture et l'écriture,

sinon je régresse.

12) Comment avez-vous choisi votre métier ? Par l’intermédiaire de mon père : il m’a fait entrer dans une entreprise où là

j’ai réussi à faire une très bonne carrière.

- Y a-t-il un goût personnel, une passion ?

- Y a-t-il eu des concours de circonstances, des rencontres décisives...?

- Y a-t-il une influence familiale ?

Oui, neutralité le plus absolu du coté des frères et sœurs (famille nombreuse 6 enfants)

J’étais comme tout le monde.

13) Quelles sont les qualités, aptitudes, talents qui vous

permettent de réussir dans ce domaine professionnel ? Travail et ténacité et savoir évoluer dans la formation continue.

Organisation des taches à accomplir.

Page 214: Réflexions sur le devenir professionnel des personnes dyslexiques

- 214 -

14) Y a-t-il des freins liés à votre dyslexie qui vous empêchent

d'aller plus loin ? Problèmes sur la composition de l’écriture.

Problème de prononciation dans une discutions mais qui s’estompe dans la lecture.

Problème de mémorisation : j'ai une mémoire courte. Par exemple, il m'était

impossible de retenir une poésie.

15) A quoi attribuez-vous votre réussite ? A la ténacité : il faut bien vivre et ne pas baisser les bras.

16) Auriez-vous aimé travailler dans d'autres secteurs ? Oui : conseiller en foret et tout ce qui touche aux bois

L’arboriculture ou maraîchage ?

17) Avez-vous une passion ou un centre d'intérêt privilégié

dans la vie ? Toujours la nature.

Le bricolage, la mécanique (les machines, les moteurs...): j'aime comprendre comment

ça fonctionne en repérant les mécanismes. Je n'utilise pas de plans car j'ai du mal à lire

les schémas monoplans, à l'horizontale, je préfère ce qui est en 3 dimensions.

18) Vu votre expérience, quels conseils donneriez-vous aux jeunes

dyslexiques ? Ne pas abandonner et se diriger sur des métiers manuels et touchant la nature

(horticulture, paysager, menuisier, foret, ……..) métiers très intéressants et

demandant pas trop d’écriture et de langue.

Les efforts fournis sont récompensés par les progrès

19) Comment définiriez-vous personnellement la dyslexie ? Personne possédant des difficultés sérieuses et durables sur la maîtrise de la langue

française

Comme une maladie que j'ai eu enfant entraînant un retard de scolarité.

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- 215 -

Questionnaire de témoignage anonyme : Yvonne

1) Êtes-vous : un homme une femme X

2) Quel âge avez-vous ? 46 ans

3) Êtes-vous : gaucher droitier X

4) Quel métier exercez-vous ? Conseil en recrutement

5) Comment s'est passée votre scolarité ?

- En primaire :

Je n'ai pas de souvenirs particuliers de l'école primaire, excepté pour le travail

laborieux à la maison concernant la lecture, l'écriture et l'orthographe. Beaucoup de

dictées ...

- Au collège :

Je n'étais pas malheureuse à l'école. Le plus dur était de poursuivre au collège les

dictées : c'est lassant d'avoir toujours zéro! Comme je n'aimais pas lire, je ne lisais pas,

sauf bien sûr ce qui était imposé par l'école.

J'avais des difficultés en anglais. En espagnol, je me souviens n'avoir retenu que les

mots de vocabulaire qui étaient illustrés par des images.

En technologie, j'ai un souvenir épouvantable dès qu'il s'agissait de faire des tracés.

En mathématiques, la géométrie me demandait de gros efforts. Quand c'était abstrait,

je trouvais cela moins pénible à vivre car j'avais l'impression d'être sur un même pied

d'égalité avec les autres élèves pour qui ce n’était pas facile non plus.

En histoire, j'avais des difficultés à apprendre et à retrouver des noms propres, sauf

ceux que je pouvais associer à quelque chose de concret.

- Au lycée :

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- 216 -

J'ai eu une révélation ! J'ai enfin compris qu'il ne fallait pas que je cherche à

comprendre : on attendait de moi simplement de restituer par analogie les

raisonnements.

J'ai également pris conscience que je pouvais par d'autres chemins arriver au même

résultat. Par exemple, pour la règle de trois, je la résous par une équation à 2 inconnus.

- Avez-vous redoublé ? Quelles classes ?

Non

- Quelles sont les matières où vous aviez de bons résultats et à quoi les attribuez-

vous ?

Pour chaque matière, cela dépend de la manière dont le savoir était apporté : j'ai besoin

de visualiser, que ce soit concret. Si la matière n'est pas concrète, je cherche à

l'associer à quelque chose de concret pour pouvoir la visualiser.

Par exemple, j'adore la physique car c'est une matière très concrète, sauf en études

supérieures car elle est abordée autrement.

- Aviez-vous des activités extra-scolaires qui vous plaisaient et pourquoi ?

Je faisais de la danse, ce qui me posait beaucoup de difficultés car j'avais des

problèmes de coordination et donc de repères dans l'espace.

J'aimais beaucoup le ski

6) Etudes - Quel niveau d'études avez-vous ? (CAP, BEP, BAC, ...) :

Bac D, 1 année en fac de sciences, puis un DESS de Psychologie clinique et

pathologique et un DESS d'Administration des entreprises.

- Comment avez-vous été orienté ?

J'ai passé 1 année en fac de sciences, le temps de mûrissement de mes parents avant

d'accéder à ma demande de faire Psycho.

- Qu'est-ce qui vous a permis de poursuivre vos études :

- Qu'est-ce qui vous a empêché de poursuivre vos études ?

7) Vous sentiez-vous différent des autres et pourquoi ?

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- 217 -

Non

8) Quelle a été la réaction de vos parents face à votre dyslexie ?

- Avez-vous été soutenu dans vos difficultés : comment et par qui ?

Mes parents m'ont envoyé chez l'orthophoniste en primaire. Ma mère me faisait faire

beaucoup de dictées et de lectures.

- Quels obstacles avez-vous rencontrés ?

9) Avez-vous des problèmes de repères dans l'espace et dans le

temps ? Je n'ai pas de problème dans le temps, sauf en vacances quand le rythme est changé.

J'ai toujours des problèmes de repères dans l'espace : je ne peux pas lire de plan. Pour

retrouver l'endroit où j'ai garé ma voiture, je mémorise des repères visuels (un arbre,

un panneau publicitaire...), et je fais la même chose pour retrouver mon chemin en

forêt !

10) Avez-vous des difficultés à lire et à écrire ? Je n'ai pas de freins concernant la lecture, à partir du moment où le sujet abordé

m'intéresse, sauf en période de stress.

11) Avez-vous mis en place des stratégies de compensation ? Je fonctionne beaucoup par associations d'idées et par images pour retenir et

comprendre.

12) Comment avez-vous choisi votre métier ? - Y a-t-il un goût personnel, une passion ?

- Y a-t-il eu des concours de circonstances, des rencontres décisives...?

- Y a-t-il une influence familiale ?

Je me suis aperçu que je pouvais travailler dans les RH avec ma formation de psycho.

Pour cela, il me fallait élargir ma formation pour avoir une connaissance de

l'entreprise. D'où mon DESS à l'IAE de Paris, pour travailler en cabinet de

recrutement.

13) Quelles sont les qualités, aptitudes, talents qui vous permettent

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- 218 -

de réussir dans ce domaine professionnel ? J'ai un grand sens de l'observation.

J'ai une bonne perception des situations, j'ai de l'intuition.

Ma formation initiale de Psycho m'a bien formée à l'écoute et à l'entretien.

14)Y a-t-il des freins liés à votre dyslexie qui vous empêchent d'aller

plus loin ? Ce qui peut me gêner quelque soit le métier, c'est ma difficulté à transmettre les

perceptions, le ressenti, et à expliquer le pourquoi. Cela constitue un frein.

15) A quoi attribuez-vous votre réussite ? A l'intérêt des études choisies et à la persévérance.

16) Auriez-vous aimé travailler dans d'autres secteurs ? Lors de mes études en Administration des Entreprises, j'ai découvert une foule de

métiers que je ne connaissais pas. J'aurai pu m'orienté différemment.

17) Avez-vous une passion ou un centre d'intérêt privilégié dans la vie ? Pas particulièrement.

18) Vu votre expérience, quels conseils donneriez-vous aux jeunes

dyslexiques ? Se dire que ce n'est pas grave si on ne raisonne pas comme les autres.

Ce n'est pas parce qu'on ne sait pas expliquer les choses qu'on a tord.

Il faut persévérer.

Savoir qu'on est dyslexique permet de comprendre et de déculpabiliser. Mais, le savoir

peut constituer un frein, limité le potentiel de la personne à cause du regard des autres

et du regard que l'on peut porter sur soi-même. Mais cela peut être aussi un atout car

paradoxalement en va peut-être plus vite dans la réflexion, la recherche et mise en

pratique grâce à l'habitude de « recoder » l'inconnu n'est pas une nouveauté.

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19) Comment définiriez-vous personnellement la dyslexie ? C'est avoir un disque dur qui n'est pas formaté comme tout le monde, et reconstituer

des puzzles avec des morceaux manquants qu'il faut imaginer.

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Questionnaire de témoignage anonyme : Vincent Je remercie Vincent d’avoir répondu à ce questionnaire. Je le joins aux autres en remarquant ses nombreux points communs avec les autres témoins. 1) Êtes-vous : un homme X une femme

2) Quel âge avez-vous ? 47 ans

3) Êtes-vous : Gaucher Droitier X

4) Quel métier exercez-vous ? Agriculteur

5) Comment s'est passée votre scolarité ?

- En primaire :

Ai toujours eu des difficultés dues aux problèmes de lecture.

- Au collège :

N’ai fait que 2 x la 6e … difficiles

- Au lycée :

- Avez-vous redoublé ? Quelles classes ?

7e et 6e

- Quelles sont les matières où vous aviez de bons résultats et à quoi les attribuez-

vous ?

De bons résultats en matières scientifiques à l’oral mais dès qu’il s’agissait d’écrire,

j’inversai les chiffres et le résultat bon dans ma tête était faux sur le papier.

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- Aviez-vous des activités extra-scolaires qui vous plaisaient et pourquoi ?

Equitation, bricolages et mécanique en tous genres … moteurs de voitures, quart,

motos etc

6) Etudes - Quel niveau d'études avez-vous ? (CAP, BEP, BAC, ...) :

BEP Agricole + spécialisation Ovins

- Comment avez-vous été orienté ?

Maison familiale agricole avec stages/école en alternance, après la 6e … ce qui

convenait le mieux à mon cas et me permettait de faire mon métier d’agriculteur

comme je l’entendais (avoir les prêts …)

- Qu'est-ce qui vous a permis de poursuivre vos études

Rien et personne

- Qu'est-ce qui vous a empêché de poursuivre vos études ?

Ma dyslexie !

7) Vous sentiez-vous différent des autres et pourquoi ?

Je me suis retrouvé, en maison familiale, avec pleins d’autres qui avaient des

difficultés, alors je ne voyais pas la différence, sauf que j’avais plus de facilités à

l’oral. J’avais tout dans la tête.

8) Quelle a été la réaction de vos parents face à votre dyslexie ? J’ai perdu mon père à 8 ans, … j’ai eu quelques séances d’orthophoniste mais après la

mort de mon père on m’a envoyé chez mon grand-père et ce dernier n’a rien continué.

- Avez-vous été soutenu dans vos difficultés : comment et par qui ?

Par ma mère qui remplissait tous mes papiers

- Quels obstacles avez-vous rencontrés ?

Documentation et culture générale en ont pâtit.

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10) Avez-vous des problèmes de repères dans l'espace et dans le

temps ? Complètement ! Ai du mal a différencié la Gauche et la Droite mais ai un très bon sens

de l’orientation. Dans le temps … ai beaucoup de mal à me repérer.

11) Avez-vous des difficultés à lire et à écrire ? Et comment …. Je ne peux pas écrire une phrase correctement, ce qui est écrit là est

écrit par ma femme sous ma dictée. Je mets beaucoup de temps à lire un article de

journal.

12) Avez-vous mis en place des stratégies de compensation ? J’ai une excellente mémoire visuelle. Je ne lis pas les panneaux sur la route mais j’ai

des repères visuels des routes.

13) Comment avez-vous choisi votre métier ? Je suis tombé dedans étant petit

- Y a-t-il un goût personnel, une passion ?

C’est devenu une vocation

- Y a-t-il eu des concours de circonstances, des rencontres décisives...?

Ma mère a repris une exploitation seule, veuve à 36 ans, nous l’avons naturellement

aidée dès que nous avons pu et c’est resté pour moi ma vie, ma passion.

- Y a-t-il une influence familiale ?

Certes

13) Quelles sont les qualités, aptitudes, talents qui vous permettent

de réussir dans ce domaine professionnel ? La mécanique, la mémoire, le bon sens …

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14) Y a-t-il des freins liés à votre dyslexie qui vous empêchent d'aller

plus loin ? Oui, je ne peux pas prendre des responsabilités dans des groupements, associations,

voire même dans la vie publique, politique etc …

15) A quoi attribuez-vous votre réussite ? J’aime mon métier et ce qu’il m’apporte.

16) Auriez-vous aimé travailler dans d'autres secteurs ? Peut-être dans la recherche, ingénieur …

17) Avez-vous une passion ou un centre d'intérêt privilégié dans la vie ? Aviation, voile …

18) Vu votre expérience, quels conseils donneriez-vous aux jeunes

dyslexiques ? Se forcer à s’entraîner à lire

19) Comment définiriez-vous personnellement la dyslexie ? Un handicap qui diminue les capacités à lire et écrire. C’est épouvantable de ne pas

arriver à lire, au point d’en avoir des maux de crâne et ne rien comprendre de ce que

l’on lit, de ne pas arriver à écrire ce que l’on pense

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