Rejoignez les Editions Addictives surles réseaux sociaux et tenez-vous aucourant des sorties et des dernièresnouveautés ! Facebook : cliquez-iciTwitter : @ed_addictives

Egalement disponible :

Secret Love

Alex va enfin découvrir qui est Oliver,le frère de son colocataire… Maisquand vient le moment des présentations,la jeune femme est stupéfaite deressentir une telle attirance pour cethomme aussi agaçant que sexy. En plus,Oliver est un richissime businessman,l’un des célibataires les plus en vue dela côte Ouest, et surtout le concurrent del’entreprise où elle travaille. EntreOliver et Alex, malgré une attirancemagnétique, toute relation paraîtimpossible : Oliver ne peut se résoudre

à sortir avec la colloc de son frère, etencore moins avec une concurrente !Ne pouvant résister à leur désirdévorant, les deux amants sont obligésde prendre une décision : renoncer ou secacher. Commence alors un jeu de «suis-moi je te fuis » où sentiments etraison se disputent la victoire.

Tapotez pour voir un extrait gratuit.

Egalement disponible :

Protège-moi… de toi

Célèbre actrice abonnée au succès et ausommet du box-office, Liz Hamilton estune jeune femme de 22 ans, insoucianteet légère. Sa vie se résume à unesuccession de tournages, de soirées,d’interviews – et d’amis pas toujourssincères. Jusqu’au jour où elle reçoit leslettres d’un détraqué. Des missivesinquiétantes, violentes, sinistres.Habituée à évoluer dans un monde depaillettes et de faux-semblants, elle n’yaccorde guère d’importance… avant queson agent n’engage un garde du corps.

Et pas n’importe lequel !

Tapotez pour voir un extrait gratuit.

Egalement disponible :

Résiste-moi

Ludmilla Providence est psychologue.Quand une de ses patientes lui racontedes choses étranges sur un éminentchirurgien esthétique, Ludmilla enquête,persuadée que sa patiente est manipulée,voire abusée par le médecin. Mais elleest bien obligée de reconnaître que ledocteur Clive Boyd est absolumentcharmant ! Luttant contre son attirancepour le médecin, Ludmilla décide de luitendre un piège… Mais si c’était elle, laproie ? Le docteur Boyd est-il sincèreou essaie-t-il de manipuler Ludmilla

comme il en a manipulé d’autres ?Impossible de le savoir sans se mettreen danger…

Tapotez pour voir un extrait gratuit.

Egalement disponible :

Dark Light - À lui pourtoujours, 1

Dans les bras d’Elliott Grant, le vampirele plus torride qu’il lui ait été donné deconnaître, Iris est devenue une véritablefemme, tour à tour soumise etdominatrice. D’abord sorcière puisvampirisée, elle a pu surmonter toutesles épreuves, galvanisée par leurpassion.

Tapotez pour voir un extrait gratuit.

http://www.amazon.fr/dp/B018W3ZLMS/ref=nosim?tag=wwwmultimed09-21

Egalement disponible :

Jeux interdits

À 15 ans, j’ai rencontré mon pireennemi. Sauf que Tristan Quinn étaitaussi le fils de la nouvelle femme demon père. Et que ça faisait de lui mondemi-frère. Entre nous, la guerre étaitdéclarée. Et on n’a pas tenu deux moissous le même toit. À 18 ans, le roi desemmerdeurs revient du pensionnat où ila été envoyé pour le lycée. Il a sondiplôme en poche, les yeux les plusperçants qui soient et un sourireinsupportable que j’ai envie d’effacer desa gueule d’ange. Ou d’embrasser juste

pour le faire taire.

Tapotez pour voir un extrait gratuit.

Chloe Wilkox

PRÊTE À TOUT ?

Volume 3

ZCLA_003

1. « K » sort del’ombre

Colin

C’est pas vrai ! Quel imbécile jefais !

Une fois de plus, c’est arrivé. Bienque je me sois promis de ne plus jamaisme laisser prendre à ses filets, j’airecouché avec Tess Harper.

Crétin. Crétin. Crétin.

Qu’est-ce qui m’a pris ? Cette filleest un danger ambulant, elle passe d’unextrême à l’autre en quelques secondes,c’est une vraie montagne russeémotionnelle. Un coup, j’ai l’impressionque c’est la femme la plus sincère et laplus touchante au monde. L’autre coup,elle me pique mon téléphone pour faireje ne sais quoi et me menace ensuite defoutre ma carrière en l’air. Pourquoi est-ce que je me suis fourré dans cettegalère une nouvelle fois ?

Je sais très bien pourquoi.

Tess Harper n’est pas seulementsublime, avec son visage de déesse etson corps digne d’un mannequin de chez

Victoria’s Secret. Ce n’est pasuniquement une amante hors pair. C’estaussi la femme la plus magnétique, laplus troublante, la plus énigmatique quej’aie jamais rencontrée. Son mélange defranchise et de secrets, d’assurance et dedoutes, son sens de la repartie… Toutchez elle me déstabilise, m’irrite, maisparfois…

… parfois aussi, me plaît.

C’est plus fort que moi : elle m’attire.Et je n’arrive pas à lui résister. Qu’est-ce que j’espérais ? Que la candidated’un jeu où tous les coups sont permis lajouerait fair-play dans la vraie vie ?Qu’il suffirait de la sortir de la Maison

des Murmures pour qu’elle décide des’abonner au Time magazine et qu’ellerenonce à devenir une starlette de latélé ? Je ris de ma naïveté, de monimbécillité et de ma foutue libido.

Ça ne peut pas se reproduire. Je doisla sortir de ma tête. Plus vite TessHarper sera de retour dans cette fichuemaison, plus vite je pourrai retourner àma vie.

Je me dirige vers le bureau de Joshuapour lui demander de faire porter uneguitare à Tess mais ce dernier n’est paslà. Je jette un coup d’œil à ma montre :5 h 45.

Super. Je pense que je vais devoirme débrouiller seul sur ce coup.

Je m’empare du téléphone fixe duproducteur exécutif pour appeler lestandard, tout en me demandant quelusage Tess compte faire de cetinstrument. Est-ce qu’elle va obéir à laconsigne ? Régler ses comptes avec sescolocataires et moi, à l’antenne et enchanson ? Tout mettre en œuvre pourrafler les 1000 $ tout en se mettant lesautres candidats et le public dans lapoche ?

J’ai un moment d’hésitation avant detaper le numéro du standard. Monportable en profite pour se mettre à

vibrer dans la poche arrière de monpantalon. Je regarde l’écran : c’est Ian.Il sait que je me lève généralement tôt etm’appelle parfois en sortant de garde.

– Salut, Ian.– Salut mec. Dis-moi, je quitte

l’hôpital, là : ça te dirait pas d’allerprendre un petit déj’ ?

Je pense un instant à la perspectivealléchante d’une montagne de pancakeset d’un café noir chez Du-par’s.

Impossible. Je dois régler cettehistoire avec Tess.

– Je suis désolé, Ian : ça ne va pas

être possible pour moi aujourd’hui.– Tu es… en charmante compagnie,

c’est ça ? me demande mon ami enbaissant d’un ton.

– Pas le moins du monde, réponds-je,irrité.

Ian interprète mal ma mauvaisehumeur.

– Tu penses encore à elle, avoue.L’inconnue du Peninsula. Si ça te met àce point de mauvais poil, tu devraisessayer de la retrouver.

– On n’est pas dans Cendrillon, Ian,rétorqué-je. Je ne vais pas retournertoute la ville pour la débusquer.

D’autant qu’elle se trouve à moinsde 500 mètres de moi, que je n’ai riend’un prince charmant, et qu’elle-mêmeest tout sauf une princesse en détresse.

– Bon, je vois que tu t’es levé dupied gauche, me réprimande Ian. Dèsque tu te détends, tu me fais signe ?

– Tu as raison, je suis désolé : la nuita été rude, une galère avec le travail.

– Tu bosses trop, ça fait des annéesque je te le dis.

En ce moment, bof-bof.

Ian et moi parlons encore quelquesminutes puis raccrochons sur une noteapaisée, avec la promesse de se voir

bientôt. Je contacte ensuite l’accueilmais personne ne me répond. Je passe latête dans le couloir en espérant tombersur quelqu’un. Au bout de quelquesminutes, je vois l’une des monteusespasser.

– Bonjour M. Cooper ! me lance-t-elle d’un ton enjoué.

– Bonjour… Sara, c’est ça ?m’enquiers-je en cherchant à merappeler son prénom.

– C’est bien ça, Sara Henessy, medit-elle avec un sourire flatté,visiblement heureuse que je mesouvienne d’elle.

– Vous êtes bien matinale, remarqué-je.

– Pour tout vous dire, je m’apprêtaisà aller en salle de repos piquer unroupillon. J’ai monté toute la nuit pour lamatinale de 10 h 15.

– Et les autres ? Où sont-ils ?– Les autres ? Quels autres ?– Eh bien, les cadres, par exemple.

Joshua Pierce en tête.– À part votre sœur, rit-elle, on voit

rarement les chefs arriver avant 9 h 30 àcet étage. Ce n’est pas le cas, au 6e ?

– Si, avoué-je. Malgré les rumeursqui courent à mon sujet, je ne suis pas unmonstre : je n’oblige pas mescollaborateurs à renoncer au sommeil età leur vie privée… même si j’adoreraisça, dans le fond.

– Oh, M. Cooper, rit la jeune femmeen battant des cils, personne ici ne penseque vous êtes un monstre.

Tout le monde flirte avec tout lemonde au 4e étage, ou quoi ? Ma sœurmet des philtres d’amour dans le café ?

– Sara, soyez gentille et prévenez-moi dès que Mme Cooper arrive. Je seraià mon bureau, déclaré-je d’un ton neutrehistoire de recadrer Sara Henessy.

– C’est que… C’est samediaujourd’hui, M. Cooper, m’informe lamonteuse. Et le samedi, à part l’équipetechnique, personne n’est là.

Bon sang ! J’avais complètement

zappé que c’était le week-end ! Il fautque je téléphone à Miléna. À 6 heures,un samedi d’avril, ma sœur doit être enpleine salutation au soleil : elle ne peutpas se passer de ses cinq heures de yogahebdomadaires. Rapidement, je prendscongé de Sara : je dois terminerd’honorer mes engagements envers Tess,rentrer chez moi, retourner à ma vie.Réserver chez Lucques pour Zach etmoi. Après tout, c’est samedi !

« Bonjour, vous êtes bien sur lamessagerie de Miléna Cooper, je ne puisvous répondre pour l’instant : merci dem’indiquer le motif de votre appel ainsique vos coordonnées complètes et jevous rappellerai. »

– Mila, c’est moi. Je te préviens, jevais te harceler jusqu’à ce que tu laissestes chakras tranquilles et que tudécroches ce téléphone. Il y a urgence.

Je raccroche et rappelle. Une fois,deux fois… La troisième fois, Milénarépond, la voix ensommeillée.

– Mmmm… Allô ?– Allô Mila, c’est Colin.– Gnnnniiii… geint ma grande sœur.

Colin, on est samedi !– Samedi, c’est bien le jour où tu vas

à l’ashram aux aurores ?– Ce n’est pas un ashram, Colin ; on

n’est pas en 1973. C’est un club de gymde luxe où je pratique l’ashtanga Yoga.

Ça n’a rien d’une petite fantaisie NewAge !

– Et tu sèches ton cours d’Ashtan-machin-chose ? Ce n’est pas ton genre.

– Je n’ai pas entendu mon réveil, merépond-elle avec un peu d’humeur. Çaarrive.

Pas à ma grande sœur.

Bizarre... Y aurait-il quelque chosequi cloche avec Miléna ? Entre ça et lefait qu’elle m’ait délégué l’un de sesdossiers brûlants…

Note pour plus tard : ne plus jamaisassocier Tess à l’adjectif « brûlant » ouà un quelconque mot qui puisse me

rappeler nos deux nuits ensemble.

– L’oiseau a-t-il rejoint le nid ?s’enquiert justement ma grande sœur.

– Presque, la rassuré-je. On a quittéWatts, on est arrivés aux studios il y a20 minutes. Il me faut maintenant uneguitare pour qu’elle écrive sachansonnette et qu’elle rentre dans lamaison.

– Il me semble qu’on a sa guitarequelque part. Envoie un mail à la celluletechnique : ils sont hyper-réactifs etsavent ce qu’ils ont à faire. Le tournagereprend à 7 heures : la candidate doitabsolument être dans son lit comme si derien n’était à ce moment-là. C’est notreseul moyen de nous épargner un

cérémonial de retour invraisemblable.– C’est dans 55 minutes !– Raison de plus pour te dépêcher.

On ne peut pas se permettre de la fairerentrer après, sinon il faudra annoncerpourquoi, trouver un scénar… Tous mesproducteurs sont en week-end, je ne mevois pas les tirer du lit pour ça.

– Miléna, je ne suis pas certain queTess – je veux dire Miss Harper –réussisse à écrire une chanson en moinsd’une heure.

– Tatata, me coupe ma sœur.Contrairement à moi, tu ne connais pascette fille : tu ne sais pas de quoi elle estcapable.

Ma pauvre sœur, si tu savais !

– C’est une battante, Colin. Je saisque tu as du mal à le croire mais laplupart des gens qui réussissent notrecasting ont du talent…

– Je sais, Miléna, concédé-je. Cettefille est intelligente et elle a de laressource mais…

– Tu es certain que tout va bien, petitfrère ? me charrie Miléna. Tu vienspresque de reconnaître qu’il fallait faireconfiance à la candidate, sur ce coup !

Je blêmis. Est-ce que Mila se doutede quelque chose ?

– Concernant la grand-mère,demandé-je abruptement pour fairediversion, qu’est-ce qu’on fait ? Après

tout, le mot qu’a trouvé Tess dans sonburger commençait par : « La prod neveut pas te dire… »

– J’y ai beaucoup réfléchi depuis hiersoir et ça ne colle pas, Colin. Personnede mon équipe ne ferait ce genre dechoses.

– C’est vrai que la télé-réalité est unmilieu très clean, ironisé-je.

– Peut-être pas, et peut-être qu’ilnous arrive de manipuler un peu laréalité pour la rendre plus trépidante ouplus glam’…

– La « réalité » ? Tu veux plutôt direles candidats, interromps-je ma sœur.

– Tu peux penser ce que tu veux,Colin, s’agace Miléna, mais moi je sais

que ma team est réglo : ils jouent peut-être avec certaines règles mais ilsn’iraient pas jusqu’à contourner la loi !

– Visiblement, quelqu’un a franchi laligne rouge, ce coup-ci, grande sœur.

Et « K » sait de qui il s’agit.

– Tu sais comme moi qu’il va falloirprévenir les ressources humaines,commanditer une enquête interne ; c’estla procédure. Des têtes vont tomber.

– Ça va foutre une super ambiancedans l’équipe, en début de saison. Lagalère, putain… Comme si j’avaisbesoin de ça en ce moment ! gémitMiléna.

– Écoute, puisque je suis au bureau

pour encadrer le retour de Tess, ça neme gêne pas de fouiner un peu pouressayer de voir ce qui s’est passé.Histoire qu’on ait quelques élémentsavant de prévenir les RH. Peut-êtrequ’on peut encore limiter la casse. Ça teva ?

– Si tu trouves le responsable etrègles ça discrétos, tu me sauves la vie,petit frère. N’hésite pas à passer enrevue les mails de toute l’équipe. Je terevaudrai ça.

– Ça marche. Je t’embrasse, Mila.Prends soin de toi, on se parle demain.

Bon. Avant d’éplucher lacorrespondance professionnelle dedizaine d’employés, il faut que j’envoie

d’urgence ce mail à la cellule technique.Pas question de perdre du temps engrimpant jusqu’au 7e étage. Je fais volte-face et entre de nouveau dans le bureaude Josh. Je m’installe à son ordinateur,tape mes identifiants qui me donnentaccès à tout le réseau, ouvre Outlook…

Tiens, en voilà un qui a oublié de sedéconnecter avant de partir en week-end…

Je m’apprête à fermer sa boîte pourouvrir la mienne quand je remarque une-mail daté de la veille, avec un objetqui m’interpelle.

De : Kate Wilson<wilson.kate@ucla.edu.>À : Josh Pierce<joshua.pierce@studioscooper.com>Objet : URGENT TESS HARPER

Un rapide coup d’œil me permet deconstater que d’autres messages dumême genre n’ont cessé d’arriver depuistrois jours. « TESS HARPER :IMPORTANT », « TESS HARPER :URGENT »... Tous ont été envoyés parcette Kate Wilson.

Je repense au petit mot que Tess atrouvé dans son burger :

« La prod ne veut pas te le dire : tagrand-mère est à l’hôpital depuis lasemaine dernière. DSL. K. »

« Kate Wilson ». « K.W ». « K ».

On dirait bien que dans monmalheur, j’ai eu de la chance…

Peut-être que cette affaire va serégler plus rapidement que je ne lepensais ? Josh était très certainement ladernière personne que j’auraissoupçonnée d’une telle fauteprofessionnelle.

Au nom de notre ancienne amitié,j’espère sincèrement me tromper.

J’ouvre le premier e-mail etcommence à le lire.

2. Ce n’est pas facilede demander pardon

Tess

Il est temps de sécher mes larmes degamine ridicule : Colin n’est pas revenuet il ne reviendra pas. À la place, j’ai eudroit à un technicien barbu d’environ50 ans arborant fièrement un tee-shirtSlayer. Il m’a recommandé de dire, unefois de retour dans la maison, quej’avais eu une crise de claustrophobie.Ensuite, il m’a laissé dix minutes en tête

à tête avec ma guitare, avec commeinstruction de « pondre quelque chose debien ».

C’est certainement ce qu’on a dit àJohn Lennon juste avant qu’il trouveles premiers accords d’Imagine :« John, ponds-nous quelque chose debien. »

J’ai dû me creuser les méninges pourtrouver une idée mais je crois quefinalement je ne m’en suis pas trop malsortie.

On verra ça dans quelques instants,de toute façon.

Après le départ du barbu et mes dixminutes de préparation, une styliste estvenue me voir. Elle m’a somméed’enfiler une nuisette transparente, m’asoigneusement démaquillée et m’adiscrètement conduite à la Maison desMurmures pour me faire regagner monlit sans réveiller les autres filles. Je mesuis endormie illico, épuisée par ma nuitde sexe sauvage et par ma disputenucléaire de ce matin. Je n’ai rouvert lesyeux qu’à 11 heures, la boule au ventre.

Il est maintenant 11 h 30 et je n’aitoujours pas réussi à sortir de machambre. Je suis terrifiée par la manièredont les autres vont me regarder.Malheureusement pour moi, Devin finit

par entrer dans la chambre. Il sembledéterminé à m’extraire de mon lit.

– Tess ? Est-ce que ça va ?– Pas top, lui avoué-je avec un

sourire contrit.– Écoute, je ne sais pas ce qui t’a

pris hier et ce n’est probablement pasmes affaires mais tous les autres sont entrain de finir de petit déjeuner. Tudevrais te joindre à nous.

– Devin, c’est gentil… Mais je nevais pas y arriver.

– Tu ne vas pas pouvoir te cacher là àjamais, ma jolie. Allez, viens,m’encourage le blond musclé au largesourire. Suis-moi.

J’obéis à Devin et pénètre dans lapièce commune. Mon arrivée provoqueun silence de mort.

– Beverly, braille soudain Karmen, tune trouves pas que ça pue, par ici ?

– Oh non, Karmen, bafouille Beverlyavec son sourire de labrador, aucontraire : ça sent le café chaud.

– T’es vraiment trop bête, pesteKarmen en levant les yeux au ciel.

Puis, la méchante de service foncevers la chambre d’où j’émerge à peineet en profite au passage pour mebousculer.

– Dégage de mon chemin, la psycho,

ou je te jure que je te casse la gueule.– Non mais t’es pas sérieuse,

j’espère ? demandé-je à Karmen. Elleest pas sérieuse, elle ?

– Ne cède pas à sa provoc’ à la con,me glisse Devin. Viens, je vais te servirun café.

Il a raison, je dois garder moncalme, je dois garder mon calme, jedois…

Je me raccroche aux instructions deDevin comme à une bouée de sauvetage.

Au moins, ici, j’ai un allié.

Je m’installe à la table alors que

Devin m’apporte un mug fumant et melance un regard qui veut dire :« Courage ». Les autres quittent un parun la cuisine en me jetant des regardsnoirs. Bientôt, Devin et moi sommesseuls.

– Bon, ma jolie, déclare mon nouvelami, on va parler un peu, toi et moi.Qu’est-ce qui t’a pris hier ?

– Je suis désolée, Dev’ : j’ai pété lesplombs. Le stress, la fatigue… J’aipiqué une crise de… de claustrophobie,mens-je comme on me l’a recommandé.Ça m’arrive parfois. Je sais que j’aigrave abusé mais je n’ai pas réussi à mecontrôler.

– C’est pas à moi qu’il faut dire ça

mais à Quentin. Le pauvre n’a riencompris à ce qui se passait. Ensuite, tut’excuses auprès des autres pour leraffut. Ils sont gentils, je t’assure – à partKarmen, qui est une vraie garce.

Le beau Devin, avec ses grands yeuxbleus rêveurs et sa fossette craquante surle menton, a visiblement décidé dedevenir mon conseiller encommunication.

Je ne pense pas avoir mérité tant degentillesse mais je ne vais pas meplaindre : un soutien, c’est toujoursbon à prendre.

– Merci, Dev’, lui dis-je, débordante

de reconnaissance. Dis-moi, demandé-jeen mimant la suspicion, ton secret, ça neserait pas que tu es psy, par hasard ?

– Ah ah ! Tu es encore très loin de lavérité, me dit-il. Ça va, c’est pas demainla veille que tu vas me démasquer : onpeut rester copains.

– J’adorerais, Dev’. Sincèrement.

Je prends sa main dans la mienne.Finalement, je suis peut-être mieux icique dehors. Au moins, dans cettemaison, je peux me focaliser sur le jeu,sur les amis que j’ai à me faire, etoublier une bonne fois pour toutes ColinCooper.

Le corps de Colin, ruisselant d’eau.

La bouche de Colin, effleurant lamienne.

La voix de Colin, quand il amurmuré dans la pénombre qu’il étaitheureux de m’avoir rencontrée.

Je ne sais pas comment arrêter deressasser tout ça. Ce n’était qu’un flirt,deux petites baises de rien du tout. Entrenous, il n’y a que le sexe qui fonctionne.En dehors de ça, jusqu’à présent, on apassé notre temps à s’engueuler ou à sefaire des crasses : c’est bête mais c’estcomme ça.

Pourtant, c’est difficile. Ça ne m’étaitjamais arrivé de vivre une telle osmose

physique. Sérieusement, ce mec me renddingue. En plus, il est beau comme undieu : plus jamais je ne rencontrerai uncanon comme ça… Et puis par moments,j’ai l’impression qu’on se comprendvraiment. Je ne sais pas pourquoi ça finittoujours par partir en vrille entre nous !Ce n’est pas ce que je veux…

Mais qu’est-ce que je veux,exactement ?

Je chasse cette question insoluble etcommence à débarrasser la table. Unefois que j’aurai mis un peu d’ordre dansla cuisine, j’irai faire ma toilette.

Mieux vaut s’excuser et faire des

hugs aux autres avec l’haleine fraîche.

Avant que j’aie eu le tempsd’atteindre le lave-vaisselle, unemusique d’alerte retentit dans toute lamaison, signalant que le Maître desSecrets a une annonce à nous faire. Nousobéissons aux instructions que nousconnaissons par cœur : nous réunirimmédiatement dans le salon.

Canapé d’angle, méridienne, fauteuilsblancs : chacun se trouve une place. Unefois que nous sommes installés, leMaître des Secrets prend la parole.

– Bonjour à tous, tempête sa voix àtravers les haut-parleurs. Comme vous

le savez, l’une de nos candidates s’estmal conduite hier. Nous vous avionsannoncé que Tess, après s’être battueavec Quentin, devait préparer unesurprise pour tous les habitants de laMaison des Murmures. Nous allonsmaintenant voir comment elle a choisi defaire ses excuses. Tess, ton matérielt’attend dans le sas.

Je trotte le cœur battant vers le saspour récupérer ma guitare. J’ai peur :peur de perdre ma place dans la maison,peur de perdre la face devant les autres,peur de passer pour une idiotesentimentale devant tout le pays. Pendantce temps, le Maître des Secrets continueson speech.

– Habitants de la maison, ce sera àvous, pour une fois, de décider si le défiest réussi ou non. Si Tess échoue, 1000 $seront retirés de sa cagnotte.

Aïe. Voilà une super occasion poureux de se venger.

– Mais si elle gagne, poursuit leMaître, elle recevra 1000 $ en plus etvous tous serez récompensés pour votremagnanimité : le Maître des Secrets aparlé.

La communication cesse alors quej’entre dans le salon en portant mon étuià guitare. Mes « colocataires »m’observent, intrigués. Karmen et

Quentin s’échangent un regard narquois.

C’est pas gagné…

– Qu’est-ce que c’est que ça ? ritméchamment Karmen. On va se faire unesoirée feu de camp ? On est chez lesscouts ou quoi ?

Imperturbable, je sors l’instrument demusique et m’installe.

– Je vous préviens, si elle se met àchanter, moi je me casse, se moqueencore Karmen. Déjà qu’elle nous aruiné l’après-midi d’hier, elle va pas enplus nous faire pleuvoir dans le salon.

– Tais-toi, Karmen, lui intime Devin.

Allez, Tess, on t’écoute, ajoute-t-il pourm’encourager.

Je prends une profonde inspiration.Je sais que je m’apprête à chanter pourma place dans la maison, pour m’attirerde nouveau les bonnes grâces du public.Mais aussi…

… mais aussi pour Colin, même si jene devrais pas penser à lui.

Après tout, cette chanson d’excuses,c’est lui qui me l’a demandé. Et peut-être que si j’avais été plus douée pourexprimer mes regrets suite à l’affaire dutéléphone, on n’en serait pas là, lui etmoi.

Bien entendu, je n’ai pas eu le tempsde composer quelque chose, mais je mesuis dit qu’une reprise ferait tout aussibien l’affaire. D’autant que j’ai mêmeajouté un petit couplet à ma sauce.

Spéciale dédicace pour Colin.

Rapidement, je gratte un la mineur, unré mineur, un sol, un do, un mi : les cinqaccords qui composent les couplets dela chanson d’Elton John, Sorry Seems ToBe The Hardest Word.

Ma voix commence à sortir, d’abordtimide, tremblante :

What have I gotta do to make you

love me ? What have I gotta do to makeyou care ?

« Que dois-je faire pour que tum’aimes ? Que dois-je faire pour que tut’intéresses à moi ? »

Mais rapidement me revient enmémoire le conseil que m’avait donnéCharly lors de mes premières leçons :« Tu as une voix magnifique, Tess, maistu as tellement peur du ridicule que tul’étouffes. Le chant, ça part du ventre,juste là. Si tu ne te montres pascourageuse, si tu n’y mets pas assez detripes, tu ne peux pas chanter. »

Je décide de prendre mon courage à

deux mains et de me lâcher. Deprétendre que je suis seule dans machambre. D’oublier les neuf pairesd’yeux braquées sur moi et les millionsde téléspectateurs derrière leur écran.D’occulter les vidéos qui vont circulersur le Net et les éventuels articlesrailleurs des magazines people. Plusimportant que tout : je tente de ne paspenser au fait que Colin verra sans doutetout ça.

Tout en gardant à l’esprit qu’aufond, je ne chante que pour lui.

What do I do to make you want me ?What have I got to do to be heard ?What do I say when it's all over ? And

sorry seems to be the hardest word ?

« Que dois-je faire pour que tu medésires ? Que dois-je faire pour êtreentendue ? Que dois-je dire maintenantque tout est fini entre nous ? Et ques’excuser semble si difficile ? »

Ça va de mieux en mieux. Sur lerefrain, je me détends tout à fait etchante de tout mon cœur. Quand arrivele couplet spécialement écrit pour Colin,une part de moi prie pour qu’il nel’entende jamais. L’autre espère aucontraire qu’il est en studio en cemoment même et qu’il peut m’entendresur l’un des moniteurs.

What do I do when you think I usedyou ? How can I let you know you arewrong ? How do I say that I just wantyou ? When both our angers grow sostrong ?

« Que dois-je faire quand tu pensesque je t’ai utilisé ? Comment te fairesavoir que tu te trompes ? Comment tedire que je ne veux que toi ? Alors quenos colères deviennent si fortes ? »

Je conclus ma chanson et repose maguitare. Je reste les yeux baissés,quelques secondes, et ne les relèvequ’au moment où se fait entendre unconcert d’applaudissements. Jessica,Devin et Melvin sont en train de frapper

dans leurs mains.

Par contre, Amber, Alex, Quentin,Mason, Karmen et Beverly restent demarbre.

– Ne faites pas semblant, les grondeDevin. Elle a réussi son challenge, vousle savez aussi bien que moi !

– Pas si vite, proteste Karmen. Ondoit voter.

– OK, balance le beau gosse musclé,on vote. Qui trouve que Tess a trouvéune manière surprenante et sincèred’exprimer ses regrets et qu’elle méritedonc qu’on lui pardonne ?

Sans surprise, Devin, Jessica et

Melvin lèvent la main, et je leur en suisincroyablement reconnaissante. Mais àmon grand étonnement, ils sont bien viterejoints par Amber, Alex… et même parBeverly ! Karmen manque de s’étoufferde rage en voyant que sa Barbie changede camp.

– Bah quoi ? demande la poupéeblonde à la bitch brune. Le Maître desSecrets a dit que si on se montraitmagnétiques, on aurait une récompense.

– « Magnanime », Beverly, souffleKarmen, exaspérée. Le mot qu’il aemployé était « magnanime ».

– Ouais, en gros, fallait voter pourelle, quoi, rétorque Beverly en haussantles épaules, la main toujours levée.

Je suis triste de ne pas avoir le votede Quentin, même si bien sûr je lecomprends. Il faudra que je trouve unmoyen de lui présenter mes excuses, aucalme.

– Habitants de la Maison desMurmures, gronde le Maître des Secrets,vous avez parlé. Tess s’est faitpardonner en musique et gagne grâce àvous 1000 $, qui vont directement danssa cagnotte. Quant à vous, le Maître desSecrets tient à vous féliciter pour votreesprit de camaraderie. Vous aurezdésormais accès à une nouvelle zone dela maison : la piscine.

À cet instant, l’une des parois

amovibles du jardin s’ouvre sur unesplendide piscine.

– À la flotte ! s’écrie Alex fou de joieavant de courir vers le jardin et de fairela bombe. Wouhou ! Venez, elle est tropbonne !

Ni une ni deux, il est rejoint parDevin puis par Amber, qui sans hésitersautent habillés dans l’eau.

C’est ma chance. Je ne dois pasrester à l’écart.

Je cours moi aussi et plonge sansréfléchir. Quand je remonte à la surface,Devin m’éclabousse. Je ris et lance sur

lui un assaut pour le couler, soutenue parAmber. Je commence à me sentir mieux.J’ai envie de croire que tout va bienaller.

Que si je réussis à ne pas penser àColin, tout va bien aller.

***

Quelques heures plus tard, alors quele reste de la maison est en plein défi« mimes », Devin et moi sommesmandatés pour faire des mojitos.

– Tu fais ça hyper bien, remarqué-je.– Avant de venir ici, je bossais dans

un bar.

– Ah ouais ? Où ça ?– Euh, à Hollywood, bafouille-t-il.– T’as pas plus vague, comme info ?

ris-je. Je te signale que je connais laville comme ma poche : je suis unevéritable angeleno.

– C’est vrai ? s’étonne Devin. Tuviens d’où ?

– De Watts.– Waouh, tu es une authentique bad

girl, pas vrai ?

Je souris.

– Qu’est-ce qui me vaut ce sourireradieux, ma jolie ?

– Riens, c’est juste que tu as dit« waouh ». C’est un truc que je dis

souvent, moi aussi.– Comme tout le monde, non ? me

charrie Devin.– Pas forcément… Un ami m’a

reproché d’abuser des « waouh »,récemment.

– Ah oui ? Eh bien ton ami est uncrétin : tes « waouh » sont swag, beauté,me dit Devin avant de m’embrasser surla joue tout en laissant sa main s’attarderau creux de mes reins.

Alerte rouge. Il flirte avec moi ouquoi ?

– Devin, le repoussé-je en douceur,je ne peux pas… Je veux dire : il y aquelqu’un dehors… Enfin non, pas

vraiment, mais…– Il y a quelqu’un ou pas ? me

demande Devin en riant.– Disons que c’est… compliqué.

Mais j’ai vraiment besoin d’un ami, ici,Devin. Je ne comprends rien à ces faux-semblants, à ces accords, à cesstratégies pour cacher qui on estvraiment. J’ai l’impression d’être enplein Hunger Games !

– Sauf que tu es bien plus belle queJennifer Lawrence.

– Je suis surtout bien moins armée.– Tu te sous-estimes, Tess : tu as tout

ce qu’il faut pour t’en sortir.– Tu dis ça parce que j’ai une grande

gueule… Je t’assure qu’au moment de

revenir dans le jeu, ce matin, je mesentais perdue. Sans toi, je n’y seraispas arrivée.

– OK, me dit Devin en m’enlaçantaffectueusement. Alors mettons que cejeu, ce soit Hunger Games : je suisd’accord pour forger une alliance avectoi, Katnis Everdeen. Mais surtout,« rappelle-toi…

– … qui est le véritable ennemi »,récité-je de mémoire en riant.

– Tu dois te méfier de Karmen, elleva essayer de te faire nominer demain.

– Elle devrait y arriver sans mal : tuas vu comme les autres m’ont regardéede travers tout l’après-midi ? Il n’y aque toi, Jess et Amber qui m’ayez

réellement pardonné.– Karmen essaye de faire de toi le

bouc émissaire, c’est clair, mais il tereste la soirée entière pour rattraper lecoup. Déjà, l’apéro mimes, c’est coolparce qu’on joue en équipe : ça vat’aider à te rapprocher de certainshabitants de la maison. Ensuite, cessucculents mojitos vont nous permettrede nous mettre plein de monde dans lapoche. L’essentiel, c’est que tu aillesvers Quentin. Essaye de te fairepardonner ton coup d’éclat. Moi, je tecouvre, comme on dit.

– Pourquoi tu fais ça pour moi,Devin ?

– Parce que j’ai envie que tu restes le

plus longtemps possible dans la maison.Je ne veux pas que tu partes tout de suiteet que tu ailles retrouver ce type avecqui c’est « compliqué ».

– Devin… protesté-je.– Ne dis rien, Tess, m’intime Devin

en posant un doigt sur ma bouche. Tu nesais pas comment les choses vontévoluer entre nous. Huit semaines, c’estlong.

3. Pas mon genre

Colin

Quand je franchis la porte de mavilla, il est 19 heures. Je suis finalementallé boire un coup avec Ian. Après unematinée d’enfer, je me suis dit quej’avais moi aussi besoin de prendrel’air. Aux studios, je devenais dingue :entre ce que j’ai découvert sur monancien copain de fac et la chanson deTess…

C’est la chanson qui a été le pire : je

n’ai pas arrêté de relancer la vidéoYouTube, de compter les pouces verts etles pouces rouges, de dénombrer lesvues. J’ai même réussi, pour une fois, àme servir de Twitter – c’est dire à quelpoint j’étais motivé ! Je voulais savoirce qui se disait sur la prestation de Tess.Je dois dire que je n’ai pas été déçu.

Sonia Fuller@SonicSonia – 12 sec

Trop k-non Tess et je kif trop sa voixaussi ouf, la meuf elle chante komAdele ! #PSEA

TimR@timmer – 16 sec

Pt1 la voix kel a Tess faut dire kel a

du coffre lol #PSEA

Alina Joy @alinajoy – 21 sec

C pas #PSEA kel aurait dû faire,Tess, c’est @TheVoiceOfficial

Il y en avait des kilomètres, de cetacabit-là. J’ai mis des heures àdécrypter le sens des « # », « @ » etautres abréviations type PTDR. De ceque j’ai compris, tout le monde a étéaussi ému que moi de la performance deTess. Même Elton John s’est fendu deson petit éloge en 140 signes.

EltonJohn@eltonofficial – 2 h

OK, je démissionne. #émotion#perfection #PSEA #SSTBTHW#TessIsTheRealDeal

Mais toutes ces infos n’ont pasrépondu à ma principale question : est-ce que Tess était sincère ? Dois-jecroire les paroles qu’elle a ajoutées autexte original de la chanson ?

« Que dois-je faire quand tu pensesque je t’ai utilisé ? Comment te fairesavoir que tu te trompes ? »

J’ai tenté d’avoir l’avis de Ian, sansbien sûr lui donner tous les éléments.

– Mettons qu’une nana avec qui tu as

eu une aventure fasse ensuite un trucvraiment impardonnable.

– C’est une sorte d’hypothèse ? m’acharrié Ian en m’interrompant. C’est paspour toi mais pour un ami qui teressemble beaucoup ?

– C’est ça, ai-je souri. Donc : la fillefait un truc impardonnable. Mais ensuite,sans qu’il y ait de raison puisque detoute façon vous ne vous reverrezjamais, elle trouve un moyen des’excuser. Tu accepterais de luipardonner ?

– Ses excuses sont gratuites ? Ellen’a rien à y gagner ?

– Rien, non.– Et ton… « ami » : lui-même est

certain de ne jamais avoir eu tort detoute sa vie ?

– Pas vraiment, non.– Alors en ce cas, ton « ami » a sa

réponse : il sait que l’erreur esthumaine. Avoir le courage etl’intelligence de reconnaître qu’on s’esttrompé et demander pardon pour ça,c’est déjà énorme.

Quand Ian m’a dit ça, ça m’a achevé.Après tout, moi aussi j’ai mes torts dansla dispute de ce matin. Je me suiscomporté en goujat, au réveil. Je voulaistracer une frontière nette, montrer à Tessque malgré deux nuits extrêmement…intenses, nous n’avions aucun avenirensemble. Nous sommes de deux

mondes trop différents. Elle a sesprojets, j’ai les miens…

J’aurais dû me douter que fairecomme si de rien n’était blesserait Tess.Elle m’a parlé de sa situation familiale :je sais à quel point être abandonnée denouveau est sa hantise. Mais j’étaiscomplètement paniqué par le fait d’avoirune nouvelle fois perdu le contrôle. Vuma position de producteur du show, cettefille est tout ce que je devrais éviter. Enplus, elle n’est même pas mon genre. Jedéteste ses « waouh » en pagaille, safaçon de se laisser déborder par sesémotions, ses semelles compensées, sagrande gueule et ses sautes d’humeur…

Mais j’aime qu’elle me fasse rire,qu’elle me désarçonne, qu’elle joue lesvamps puis les gamines dans la mêmeseconde. J’adore qu’elle se préoccupeautant du bien-être des autres. Sa nannyKate Wilson, par exemple, qu’elle arefusé de nommer quand je l’aiinterrogée sur le mot glissé dans sonburger, de peur de lui attirer des ennuis.

Il va d’ailleurs falloir que jem’occupe du cas de Josh.

Je n’arrive pas à croire qu’un de nosproducteurs, qui plus est un ancien ami,ait pu se montrer à ce point stupide !Depuis le premier jour del’hospitalisation de Violetta Harper, il

était au courant, et il a quand mêmechoisi de garder cette info pour lui ! Toutça pour ne pas risquer que l’un de sesprécieux candidats quitte le jeu ! C’estbien plus qu’une faute, cela aurait punous coûter des centaines de milliers dedollars : c’est un total manque d’éthique.Nous devons nous séparer de lui dèsdemain. Il faudra que je voie avec lesressources humaines si nous avonsquelqu’un susceptible d’assumer sesfonctions au pied levé. Miléna a l’airdébordé en ce moment, je doute qu’ellepuisse se passer d’un bras droit…

Je verrai ça lundi. Le début duweek-end a été assez mouvementécomme ça.

Ce n’est pas la peine non plusd’avertir tout de suite ma sœur : aprèstout, elle est épuisée, et c’est samediaujourd’hui : je préfère la laisser sereposer.

Moi aussi, il faut que je me détende.Sinon je vais faire un ulcère avant mes30 ans.

Au pied de l’escalier, je medébarrasse de mes chaussures. Je medirige vers la cuisine, d’où s’échappeune alléchante odeur d’épices, et trouveZach aux fourneaux.

– Qu’est-ce que tu fais, kiddo ?– Je prépare un tajine.

– Zach, protesté-je, je t’avais dit queje t’emmenais dîner chez Lucques cesoir ! Pour me faire pardonner de t’avoirlaissé hier !

– Changement de programme, oncleColin. Je suis désolé, j’ai complètementoublié de te prévenir mais tante Milénavient dîner.

– Miléna ? Mais… Je ne comprendspas : quand je lui ai proposé hier, ellem’a dit qu’elle ne pouvait pas, qu’elleavait trop de boulot… !

– Il faut croire qu’elle a réussi à selibérer. En plus, elle a trouvé une sitter,ce qui veut dire que pour une fois, oncleWill sera lui aussi de la partie : c’estcool, non ?

Ma sœur qui annule ses engagementsprofessionnels pour venir dîner chezmoi ? Et qui prend une baby-sitter plutôtque de confier ses trois terreurs à sonmari ou de les laisser ruiner mon salon ?C’est vraiment étrange.

Je suis de plus en plus inquiet pourMila. Elle ne se comporte pas commed’habitude. Et avec ce dîner de familleimprovisé, je ne peux m’empêcher decraindre qu’elle ait quelque chose degrave à nous annoncer.

Ceci dit, si on va par là, moi aussi,j’ai un truc grave à lui annoncer…

Ce soir n’est pas le moment. Et après

tout, pour ce qui est de Mila, je m’enfais probablement pour rien. Noussommes juste une famille américainetypique, désireuse de se réunir unsamedi soir pour partager un bon repas.

Méthode Coué. Pure méthode Coué.

– Est-ce que Kim vient ? m’enquiers-je.

– Je t’ai dit que je ne voulais pasparler de Kim en ce moment, serenfrogne Zach. Tu avais promis !

– Tu es certain que tu veux gardertout ça pour toi ? Je sais que je ne suispas l’as des as avec les filles, et il n’y aaucune raison que tu veuilles de mesconseils, mais je peux aussi t’écouter, tu

sais. Sans commenter ni donner monavis.

– C’est gentil, oncle Colin, me ditZach radoucit.

Mais mon neveu a le don de ne pas selaisser déborder par ses émotions.

Ça doit être de famille.

Il retourne vite à son tajine. Jecomprends qu’il vaut mieux que je lelaisse tranquille.

Il sait qu’il peut me parler s’il ledésire, c’est l’essentiel. Je ne veux paslui mettre la pression.

Au moment où je tourne les talons etme dirige vers les escaliers pour allerprendre ma douche, Zach commence àme raconter.

– Kim part à Londres en septembre.Elle a réussi à entrer dans une écoled’art là-bas.

– Une école d’art ? Laquelle ?demandé-je en me tournant vers lui.

Lentement… Pas de gestesbrusques… Il ne faut pas effrayerl’adolescent qui communique.

Il parle, c’est déjà un miracle.

– Saint Martin quelque chose… C’est

visiblement son rêve depuis qu’elle esten troisième.

– La Saint Martins School of Art ?Zach, c’est l’une des meilleures écolesqui soit ! Tu dois être fier d’e…

Oh. Oh zut ! Je comprends mieux :Kim part vivre en Europe à la rentrée !

– Kiddo, dis-je en avançant pour leprendre dans mes bras, je suis désolé.

– Ça fait mal, me confie-t-il en selaissant étreindre.

– Le premier amour, c’est toujours leplus douloureux. Après, on s’habitue.

– Mais je ne veux pas m’habituer !s’exclame Zach au bord des larmes. Jeveux Kim et c’est tout ! Je l’aime, oncle

Colin. Je l’aime tellement…– Je sais. Mais si tu l’aimes, tu dois

la laisser partir. Tu n’as pas le droit del’empêcher de réaliser ses rêves. Il vousreste encore quatre longs mois,temporisé-je. Et tu pourras la voir durantles vacances scolaires…

– Elle n’en aura plus rien à faire demoi une fois là-bas ! Elle va vivreentourée de gens qui partagent sapassion et moi je serai l’ex-petit copainplouc coincé ici, croulant sous… sous lamédiocrité !

Mes yeux s’écarquillent. Zach estdonc si insatisfait de sa vie ?

Comment un ado de 17 ans peut-il

trouver son existence médiocre ?

– Qu’est-ce que tu racontes, Zach ?demandé-je, choqué de découvrir monneveu aussi malheureux.

– Faut pas se voiler la face, oncleColin. Je ne suis pas ce qu’on appelleune flèche. Avec mes notes, j’intégreraidans le meilleur des cas une fac d’Étatdans laquelle je passerai une licence quime servira à rien. Je trouverai un jobminable payé au salaire minimum. Mavie sera finie avant même d’avoircommencé. La seule chose pour laquelleje sois vraiment doué, c’est la cuisine.

– Zach, nous en avons déjà parlé,soupiré-je. Je ne veux pas que tu entresen apprentissage tout de suite. Pas avant

d’avoir un diplôme universitaire, c’esttrop risqué.

– Mais oncle Colin ! Il n’y a qu’àvoir tous les jeunes chefs qui ont faitfortune, ici, à L.A. !

– Et tu as tout le temps d’aller grossirleurs rangs. Dans trois ans, quand tuseras prêt à supporter les horairesdécalés, la chaleur, le stress d’unecuisine, on en rediscutera. Je veux que tuétudies avant d’autres possibilités :critique gastronomique, éditeur de livresde cuisine, ce sont aussi d’excellentsmétiers, et qui requièrent un diplômeuniversitaire.

– Oncle Colin, je ne peux pas êtreheureux comme ça !

– Tu n’en sais rien, Zach !m’emporté-je. Tu n’as que 17 ans. Et sidans deux ans, tu en as marre de lacuisine ? Que tu veux changer de voiemais que tu n’as reçu aucune éducationsupérieure ?

– Oncle Colin… proteste-t-il.– Non, Zach, je ne veux plus en

entendre parler. Tu vas remplir tesdossiers pour la fac et pondre cesfichues dissertations d’entrée. Tu ferasdes études, un point c’est tout. Si dansquelques années tu as toujours envie det’orienter vers la cuisine, il y aura millemanières de…

Mais Zach ne m’écoute plus. Aprèsm’avoir lancé un regard furieux, il

retourne à son tajine.

Je sais que tu m’en veux, kiddo.Mais je fais ça pour ton bien.

Un jour, tu comprendras.

***

Je sors de la douche et enfile unpantalon en lin casual, un tee-shirt, ainsiqu’un blazer en coton. Il fait 21 degrésdehors : nous dînerons dans le patio. Jevais dresser une belle table. Le repas sepassera sans heurts.

Même si Zach m’en veut.

Je retourne à la cuisine pourrécupérer la nappe en coton d’Égypte etle chemin de table que Zach a choisischez Frette le week-end dernier.

– Amanda a téléphoné pendant que tuétais sous la douche, me dit mon neveud’une petite voix désolée qui me laissepenser qu’on n’est plus fâchés. Je lui aiproposé de venir, elle est en route.

Amanda ? À mon repas de famille, cesoir ? Alors que j’ai encore l’odeur deTess sur moi ?

Mais non, enfin, c’est une illusion !Je sors de la douche.

Pourtant, je sens le parfum de Tessautour de moi. Il m’obsède, me faittourner la tête, me rappelle sa robemouillée qui lui collait à la peau, sescheveux trempés, son souffle haletant…

– Oncle Colin ? Ohé, oncle Colin ?– Hein ? Quoi ?– Je te demandais si j’avais bien fait.

Vu que ça fait deux nuits en quatre joursque tu découches…

– Deux nuits ? Quatre jours ?Amanda ? répété-je, éberlué.

– Oui, oncle Colin, reprend Zach enriant. Je sais bien ce que tu fais lorsquetu ne rentres pas dormir. Je suis assezvieux pour savoir ce qui se passe entreun homme et une femme qui

s’apprécient ; moi-même, à mes heures,j’ai pu expérimenter…

– … Ça va, ça va, j’ai compris lemessage ! crié-je en plaquant mes mainssur mes oreilles. Je ne veux pas ensavoir plus. Tant que tu prends tesprécautions…

– Ce que je voulais te dire, poursuitZach, c’est que j’aime beaucoupAmanda : tu n’as pas à me cacher que tula fréquentes.

Je n’ai pas le temps de rétablir lavérité qu’on sonne à la porte.

– Tiens, ça doit être elle ! s’écriemon neveu avant de se précipiter à laporte pour lui ouvrir. Hello Amy ! dit-il

en débarrassant mon amie de sesaffaires. Oh ! Qu’est-ce que c’est queça ?

– Des tournesols pour votre salon etun Chaupin 1998 pour ton tajine.

– Confisqué ! m’exclamé-je eninterceptant la bouteille de Châteauneuf-du-Pape. Comment vas-tu, Amanda ?m’enquiers-je alors qu’elle me tend sajoue.

Je me pousse pour laisser entrerAmanda, sa coupe à 500 $ et sesLouboutin.

– Je vais chercher un vase, lui ditZach en brandissant le bouquet.

– Quand est-ce que vous allez vous

décider à prendre une gouvernante ?s’exaspère la blonde BCBG.

– Histoire que Zach l’exploite ? Horsde question.

Amanda et moi allons nous installerdans le jardin, sur l’un des fauteuils enrotin qui bordent la piscine, là où nousattend une bouteille de Cristal Roederer.

– Tu m’as manqué, me confieAmanda. Et Zach aussi. J’ai été heureusequ’il m’invite. Tu sais à quel point c’estimportant pour moi qu’il accepte quej’entre dans ta vie.

Le souci, Amanda, c’est justementque Zach l’accepte tout à fait. Moi, par

contre…

J’ai connu Amanda Perkins il y adeux ans, lorsqu’elle était encoremadame Amanda Bloom. J’avais besoindes lumières d’un avocat spécialisé enpropriété intellectuelle pour l’un de mesréalisateurs qui se trouvait victime d’unplagiat. Amanda était la plus chère, j’enai déduit qu’elle était la meilleure : je nem’étais pas trompé.

Amanda a eu dès notre rencontre unpetit béguin sans conséquence pour moi.Mais depuis qu’elle a repris son nom dejeune fille et viré son deuxième mari, ils’est intensifié. Je sais qu’elle envisageune relation avec moi, quelque chose de

sérieux.

Comme tout dans la vie d’Amanda.

Il ne faut pas se méprendre : Amandaest très belle, douce, cultivée, classe,mais… j’ai besoin de plus. Je suiscertain qu’il existe plus. Je rêve dechimie, d’étincelles, de magie, et pasd’un partenariat domestique avec unefemme tout droit sortie d’un catalogueLigne Roset.

Je ne sais pas pourquoi, me viennentdes images de Tess. Tess qui rit, Tessqui pleure, Tess qui dit toujours ce quilui passe par la tête. Tess qui a l’odeurla plus enivrante, la plus entêtante qui

soit.

Mais également Tess quim’insupporte, Tess qui met ses piedssur mon tableau de bord, Tess qui jurecomme un charretier…

Je chasse la pensée de son rirerauque et spontané, de sa voix de sirène,de ses yeux gris clair dans lesquels j’aiparfois l’impression de me noyer. Jereviens à la situation qui m’occupe, àsavoir Amanda.

– … En tout cas, Colin, c’estabsolument fantastique que La Terre etla Glace ait été nommé aux TV Awards.Je pense que ce documentaire va

vraiment aider les gens à ouvrir les yeuxsur le drame du réchauffementclimatique. Toute l’équipe mérite d’êtrerécompensée.

– Amanda, serais-tu disponible pourm’accompagner à la cérémonie deremise des prix ? lui proposé-je à brûle-pourpoint.

Je n’ai pas à me sentir coupable :Amanda est une femme superbe, nousavons les mêmes centres d’intérêt etsommes tous les deux célibataires. Il n’ya rien de mal à passer une soiréeensemble ! D’ailleurs, je ne me prenaispas autant la tête avant que Tessdébarque dans ma vie. Si, il y aseulement quatre jours, Amanda n’avait

pas décroché son téléphone et si,ensuite, je n’avais pas abordé cettesublime inconnue, qui sait où nous enserions à l’heure actuelle ?

– Rien ne pourrait me faire plusplaisir, me répond-elle, enchantée, enpressant ma main dans la sienne, ce quia pour effet de faire tinter ses finsbracelets en or.

Soudain, il me semble entendre lerire de Miléna qui éclate depuis lesalon.

– Mais oui ! m’exclamé-je en entrantdans la maison, Amanda à ma suite.C’est bien toi ! dis-je en me penchant

vers ma sœur déjà assise sur le canapépour l’embrasser.

Elle a les traits tirés. Et pourtant,elle est joyeuse.

Je dois me faire des idées.

Je n’ai qu’une seule hantise, c’est quel’un de nous hérite de la maladie de mamère.

Zach ne pourrait supporter unnouveau drame, un nouveau deuil.

Je serre la main de Will.

– Qu’est-ce que vous regardez ?

m’enquiers-je.– La quotidienne de Petits Secrets,

me répond Will. Tu connais notre Mila :son bébé avant tout !

– Oh la la, c’est vrai que ça arecommencé ! s’exclame Amanda.Miléna, vous ne m’en voudrez pas si jesèche ? Vous me connaissez, ajoute-t-elle en grimaçant : si ça passe à la télémais que ce n’est ni noir et blanc, nisous-titré, c’est que ce n’est pas pourmoi.

– Amanda, serait-ce mon frère quicommence à déteindre sur vous ? lacharrie Miléna.

– C’est possible… C’est même fortprobable, rit joyeusement Amanda en

retournant dans le jardin.

Cette façon qu’a Amanda de sous-entendre à ma trop curieuse sœur quenous formons un couple m’agace. Plutôtque de la suivre, je prends place dans undes fauteuils.

Peut-être vais-je apercevoir Tess ?

Je ne sais pas pourquoi, à cetteperspective, mon cœur se met à cognerdans ma poitrine.

Je dois être inquiet à l’idée qu’unmembre de ma famille devine quelquechose.

Je me concentre donc pour garderface à l’écran une expression neutre.

« Tess, ostracisée par ses camarades,saura-t-elle éviter la nomination dedemain ? » interroge la voix off.

S’ensuit un montage de Karmen entrain de faire des grimaces dans le dosde Tess, de dire à son entrée dans lacuisine qu’elle « pue ». Une autre filleavoue face caméra que Tess la met mal àl’aise. Deux des candidats se moquentd’elle dans son dos. Tout ça estextrêmement cruel et me serre le cœur.

– Ils sont vraiment dégueu avec elle,commente Zach comme pour faire écho à

mes pensées.« Son salut pourrait bien venir de

Devin », continue la voix off.

Un bellâtre blond du genre surfer faitson apparition dans le confessionnal.

– Tess est vraiment… extra, confie-t-il. Et elle a une putain de repartie !J’avoue que son intelligence m’intimidevachement.

Qu’est-ce que tu y connais, toi, enintelligence ?

Suite à cette déclaration percutante,on voit ledit Devin, les bras passésautour de Tess, déclarer à cette

dernière :

– J’ai envie que tu restes le pluslongtemps possible dans la maison. Tune sais pas comment les choses vontévoluer entre nous.

Puis, environ dix fois d’affilée, on levoit se pencher au ralenti sur la joue deTess, qui se laisse embrasser.

– Ouais, c’est clair que je sens untruc, reprend Devin en interview dans leconfessionnal. Elle m’a prévenu qu’il yavait quelqu’un dehors mais je penseque sa relation n’a aucun avenir. On sentque ce type l’a vraiment fait souffrir…ajoute le surfer ridicule d’un air

méditatif. Je pense qu’au fond, Tess saitque c’est un salaud.

Je serre les mâchoires.

« On sent que ce type l’a vraimentfait souffrir… Tess sait que c’est unsalaud. »

Tess parlait-elle de moi ? Est-cevraiment comme ça qu’elle me perçoit ?

En silence, je subis une séquence aubord de la piscine entre Tess et Devin.

– Non mais attends, c’est clair quet’es trop faite pour avoir des gosses.

– Tu crois ? dit Tess en rejetant la

tête en arrière et en laissant éclater sonrire spontané qui me rend dingue.

– C’est clair ! T’as vachement defantaisie et puis t’as des bonnes valeurs.Franchement, dit-il après un instant deréflexion, t’imagines comme ils seraientbeaux, nos gamins, si on en faisait, toi etmoi ?

Non mais je rêve ! Parler de faire desenfants à une femme qu’on connaîtdepuis moins d’une semaine ? Maisc’est le plus vieux tour du monde !

Quel blaireau, ce Devin…

– Tess devrait sortir avec Devin,remarque Zach.

– Je ne vois pas pourquoi tu dis ça,grincé-je.

– Il est ultra populaire dans la maisonet il a l’air de vraiment bien l’aimer.

– Dieu t’entende, soupire Miléna. Ceserait tellement bon pour l’audimat, uncouple pareil !

– Il n’y a pas que l’audimat quicompte ! m’emporté-je. Votre favorite al’air d’être malmené par tous les autrescandidats ! Elle doit être affreusementmal, dans cette maison de fous !

Tous trois me jettent un regard étonné.Je fais comme si de rien n’était etsupporte stoïquement les deux dernièresminutes d’émission, au cours desquellesest d’ailleurs rediffusée la reprise

d’Elton John. Puis nous passons àl’apéro, où j’essaye de me montrerjoyeux même si je me sens préoccupépar les images que j’ai vues et par lescommentaires de Zach. Est-ce que Devina vu juste ? Est-ce que j’ai trop faitsouffrir Tess ? Et est-ce que ce seraitvraiment mieux pour elle de sortir avecDevin ?

Tess avec lui, moi avec Amanda… Ilfaut bien reconnaître que, sur le papier,ça semble parfait.

Toujours songeur même une fois àtable, la conversation que tiennent mesinvités me parvient comme une sorte demurmure. Ce qui me fait revenir parmi

eux, c’est la sonnerie du portable deMiléna et ce qu'elle raconte à soninterlocuteur.

– OK, merci, Josh. T’assures, jesaurai m’en souvenir.

Pierce, félicité ? Il faudrait quandmême que j’avertisse Miléna de cequ’il a fait avant qu’elle lui donne unepromotion et les clefs de la maison…

Ma sœur raccroche. Elle est pâlecomme la mort.

– Encore une urgence… Il faut quej’y aille, dit-elle en se levant.

– Mila, dit Will en posant une main

sur son épaule, tu es certaine que JoshuaPierce ne peut pas gérer ? Après tout, ilest là pour ça, non ?

– Qu’est-ce qui se passe ?m’enquiers-je, un peu inquiet.

– Rien, évacue Miléna. Will araison : Josh peut gérer ce coup-ci,ajoute-t-elle en se rasseyant àcontrecœur. On a quelque chosed’important à vous annoncer, les gars.

Ça y est, punaise, je le savais : masœur est malade. La seule famille qu’ilme reste. Elle a un lymphome. Commemama…

– Je suis enceinte ! s’écrie Miléna.De jumeaux !

– Quoi ? nous exclamons-nous, Zachet moi, en chœur. Mais comment est-cepossible ?

– J’ai eu la même réaction que vous,sourit Miléna. J’ai un peu passé l’âge, jel’avoue : avec un aîné qui entre au lycéeet mes 41 ans à l’horizon, je pensais cechapitre de ma vie clos…

– Je vais avoir deux cousins de plus !Ou peut-être même deux cousines !l’interrompt Zach avant de se précipitersur elle pour la féliciter.

Je m’apprête à en faire de mêmequand je constate que ma sœur semblemalgré tout extrêmement préoccupée.Est-ce dû à sa grossesse ? Ou à l’appelde Josh ?

– Mila, ça ne va pas ? m’enquiers-je.– Ne t’en fais pas, dit-elle. C’est

juste un peu de fatigue. Et en plus, avecce qui vient d’arriver à Tess Harper…

– C’est clair que notre chère Miléna,reprend Will, avec ses 40 ans dont 17 àfumer, son addiction au café et sonhyperactivité légendaire, n’est pascensée faire le moindre effort ou seconfronter à des situations stressantesdurant toute la grossesse…

Mais je n’écoute rien de ce que ditmon beau-frère. Ma langue dans mabouche me semble gonflée. Mes oreillesbourdonnent.

– Qu’est-ce qui s’est passé ?

demandé-je à ma sœur en interrompantWill. Avec Tess ?

– Tu as entendu ce que je viens dedire ? tempête ce dernier en me fusillantdu regard.

– Miléna, répété-je en tâchant de nepas paniquer, briefe-moi, s’il te plaît.

– Comme je te le disais, c’est…C’est Tess Harper, m’explique ma sœur,surprise par la violence de ma réaction.Elle vient de tomber dans la piscine,elle s’est cogné la tête. Et pour l’instant,elle est dans les vapes. Le médecin estavec elle, mais…

– Quoi ? m’écrié-je en bondissant demon siège. Qu’est-ce que tu dis ?

C’est pas vrai. Non, non, non !

– Je sais, moi aussi je flippe. Cegenre de chutes peut causer de sacrésdégâts neuros…

« Dégâts neuros » ?

C’est pas vrai, ce doit être uncauchemar.

– Restez ici, tous, leur ordonné-je. Jefonce aux studios m’occuper de ça.

– Colin, ce n’est pas la peine,commence à protester Miléna. Will araison : Josh peut…

Mais je ne l’écoute pas. Je suis déjàdans l’entrée de la maison en traind’attraper les clefs de la Jaguar.

Tess. Bon sang, c’est pas vrai !

Vite. Vite, vite… !

Est-ce qu’elle a été, comme moi,distraite toute la journée à cause denotre nuit trop courte ? De notre violentedispute de ce matin ? Est-ce que c’estpour ça qu’elle a fait cette chute et s’estcogné la tête ?

Elle ne sait même pas que j’aientendu sa chanson et que je lui aipardonné.

Elle ne sait même pas que moi aussi,je m’en veux.

Je sors la voiture du garage etdémarre en trombe. Jamais je n’ai étéaussi concentré, aussi clairvoyant qu’encet instant.

S’il lui est arrivé quoi que ce soit, jene m’en remettrai pas.

4. La garçonnière

Tess

Le médecin me laisse après unénième avertissement :

– Bon, rien de grave : une nuit loindes caméras et vous serez comme neuve.Mais à l’avenir, il faut être plusprudente, mademoiselle.

– Oui oui, Dr Sullivan, promis.

Je me sens coupable, honteuse,idiote.

Et en plus, avec mon énorme bosse,j’ai l’air d’Elephant Man.

Je n’arrive pas à croire que20 millions de mes compatriotes m’aientvue faire une chute aussi stupide ! Ça neva pas jouer en ma faveur, pour leséliminations. Demain, deux candidatsseront nominés dans la journée ; l’und’entre eux sortira le soir suite au votedu public. Et quelque chose me dit queje vais être désignée par mescolocataires…

La seule façon d’être sauvée, c’estque l’Amérique me choisisse. Or, pourl’instant, j'ai l’impression que je ne mesuis pas montrée sous mon meilleur

jour… Surtout qu’avec mes deux sorties,j’ai rarement été à l’écran.

Comment faire si je suis éliminée ?Certes, j’aurai quand même les6000 dollars de ma cagnotte. Ça mepermettra de régler les factures enretard, de payer l’hôpital Saint Franciset de voir venir le temps de trouver unjob… Mais on sera quand même loin dela vie de château que je peux espérer enrestant jusqu’au bout.

Qu’est-ce que je vais faire ?

J’ai déjà poussé la chansonnette pourattendrir tout le monde. Peut-être quemaintenant il faut que je me lance dans

une démonstration de claquettes ? Unspectacle de GRS ?

Pour ce qui est du numérod’équilibriste, j’ai déjà donné. Sansgrand succès.

Pfff, j’en ai marre de ce cirque. Çafait quelques jours à peine que tout acommencé et pour l’instant je n’ai faitque m’en prendre plein la gueule.Pierce, Karmen, Quentin, et bienentendu, le pire de tous, Col…

– Colin ??

Grâce au reflet dans le miroir, je voisma bombe sexuelle au cœur de pierre

faire irruption dans la pièce.

– Tess, oh, bon sang. Tu n’as rien ?me demande-t-il en fonçant sur moi pourm’étreindre.

Tiens, on recommence à se tutoyer,nous deux ?

– Je… Je vais bien, Colin, réponds-je un peu surprise.

Mmmm, qu’est-ce qu’on est biendans ses bras !

Je devrais peut-être faire semblantd’aller un peu plus mal que ça. Pourqu’il me serre encore, rien qu’un peu.

– Bon sang, Tess, j’ai eu si peur,soupire-t-il, soulagé.

C’est qu’il a vraiment eu la trouille,on dirait !

Je ne peux m’empêcher de savourerson ton inquiet. Lui qui se comportait cematin encore comme s’il n’en avaitabsolument rien à faire de moi… !

Colin se décolle, examine monvisage, constate l’ampleur des dégâts.

– Ça fait mal ? demande-t-il enapprochant ses doigts de ma bosse.

– Je n’ai jamais eu aussi mal de toutema vie, grimacé-je.

– Sur une échelle de 1 à 10 ?s’enquiert-il, inquiet. Où est-ce que tusituerais la douleur ?

– À 10.– C’est peut-être plus grave qu’il n’y

paraît. Je vais rappeler le docteur. Si tun’avais rien, ton crâne ne te ferait pasautant souffrir.

– Ah, mais mon front, ça va ! C’estma dignité qui souffre ! lui avoué-je enriant.

– Tess ! me gronde-t-il. Tu ne devraispas jouer avec mes nerfs comme ça !J’ai eu vraiment peur, tu sais. J’ai passéle trajet à me demander ce que je feraissi…

– … si quoi ?

– Rien. J’ai imaginé le pire, commetoujours – c’est une mauvaise habitude,chez moi. Heureusement, tu n’as rien degrave.

– Les Japonais considèrent aucontraire que perdre sa dignité est lachose la plus grave qui puisse leurarriver.

Il secoue la tête en me gratifiant d’unde ses sourires ultra-sexy.

– N’importe quoi… Et d’abord,comment est-ce que tu t’y connais autant,en culture japonaise ?

– J’ai un compte chez Planet Sushi.

Cette fois, nous éclatons de rire en

chœur.

– En parlant de sushis, dis-je enreprenant mon souffle, j’ai vraiment,vraiment faim. Je me suis cassé lagueule au moment où les autresallumaient le barbecue : je suis passée àcôté de la côte de bœuf du siècle.

– Lève-toi, je t’emmène manger. Tacascade m’a aussi fait manquer unfameux dîner.

– Mais je…– Mais tu quoi ?– Tu n’as pas peur qu’on me

reconnaisse, dehors ?– J’avais oublié que tu étais une

terroriste recherchée… C’est pas grave,on va s’arranger.

– Ça veut dire qu’on n’est plusfâchés ? risqué-je.

– Non, ça veut dire qu’on a tous lesdeux faim. Mais on pourra se réconcilierdurant le dîner.

Colin n’a vraiment plus l’air encolère. Est-ce à cause de la grossefrayeur que je lui ai faite ? Ou est-ceparce qu’il m’a entendue chanter cematin et qu’il a capté le message ?

Peu importe. Tout ce qui compte,c’est qu’il soit là.

Non pas que j’aie besoin de lui ouquoi que ce soit. C’est juste que j’ai trèsfaim et que son invitation tombe à pic.

Mauvaise foi, mauvaise foi…

– Suis-moi, me dit Colin en meprenant la main. On va aller à monbureau, on trouvera bien quelque chose àgrignoter là-bas.

Je tente de masquer ma déception.Pas seulement parce que nous noussommes déjà nourris à des distributeurshier au motel mais aussi parce quej’aurais bien aimé un vrai dîner deréconciliation. Avec entrée, plat…

Mais pas dessert. Plus jamais dedessert. Dessert égal danger.

Quand Colin m’a laissée ce matin, ça

m’a fait un mal de chien. Je ne veuxjamais revivre ça. Simplement, j’aipassé la journée à rêver de rattraper lecoup… Ce dîner, c’est l’occasion de merapprocher de lui. Qui sait ? Peut-êtredeviendrons-nous amis ? Après tout, il aprouvé ce soir qu’il était là pour moi.

Non, c’est insensé : je le désire trop.Je n’y arriverai jamais.

Et pourtant, quel autre choix ai-je ?Colin m’a bien fait sentir ce matin qu’ilregrettait d’avoir recouché avec moi. Sije veux conserver de bons rapports aveclui, je dois renoncer à…

… ses bras puissants. Ses lèvres

sensuelles. Ses coups de reins qui memettent en transe.

Je secoue la tête pour chasser lesimages de notre dernier corps-à-corpsen date pendant que Colin appellel’ascenseur. Nous montons : il tape soncode secret – que je prends bien gardede ne pas mémoriser, ce coup-ci – puisappuie sur le bouton du 7e étage.

Ne pas repenser à l’ascenseur duPeninsula, ne pas repenser àl’ascenseur du Peninsula, ne pas…

Je jette un coup d’œil discret versColin : il a l’air tendu, gêné. A-t-il entête la même chose que moi ?

Ma robe de plage transparente, monabsence de culotte, notre troublepartagé pendant que nous grimpionsvers ma chambre ?

– Je n’aime pas me retrouver dans unascenseur avec toi, m’avouebrusquement Colin. Ça ravive trop desouvenirs.

– Je sais, soufflé-je en regardant mespieds.

Je dois faire un effort surhumain pourne pas relever la tête, pour ne paschercher son regard. Je crois que si nosyeux se croisaient, en cet instant, je nerépondrais plus de rien : je me jetteraissur lui pour l’embrasser…

… et une nouvelle fois, je gâcheraistout.

Heureusement, un léger « DING » sefait entendre.

Sauvés par le gong.

La porte de l’ascenseur s’ouvre mais,à mon grand étonnement, au lieud’arriver dans un énième couloiridentique aux autres, Colin et moi nousretrouvons de plain-pied dans unappartement. Plus exactement : dans lesalon cosy d’un appartement, avecmobilier design, cheminée, baie vitrée ettout et tout.

– Waouh ! Dément ! Qu’est-ce quec’est que cet endroit ?

– Mon bureau.– Non, sérieux, dis-moi. C’est ta

garçonnière ?– « Sérieux », Tess : c’est mon

bureau. Cet appartement, mes parentsl’ont fait construire quand ils ont fondéles studios. C’est là qu’ils vivaient avantde nous avoir, mes sœurs et moi. Natalieet son mari en ont profité un temps. J’aifini par l’occuper quand j’ai fondé lasection documentaire de la boîte. Jepensais vivre ici de façon permanente –à l’époque, je ne me consacrais qu’autravail. Mais Natalie est morte peu detemps après, je voulais la garde de

Zach… J’ai dû trouver quelque chosed’un peu plus… familial.

– Tu ne vis plus ici, alors ?– Non, j’ai une maison à Mulholland,

avec jardin et piscine. C’est mieux pourle gosse. Maintenant, je travaille ici.Mes collaborateurs occupent l’étage dudessous. Mais on se réunit souvent dansle salon ou sur la terrasse pourbrainstormer. Je te fais visiter ?

Colin me fait faire le tour dupropriétaire : un grand salon, une cuisineconfortable et suréquipée, une chambrepar laquelle on accède à la salle debains.

– Tu vois ? Rien d’extravagant.

L’appartement doit faire dans les 90 m2,ce qui est bien suffisant pour un hommeseul.

– C’est bien ce qu’il me semblait,répété-je en riant : c’est unegarçonnière.

– Pour être honnête, tu es la premièrefemme que j’emmène ici. Enfin, je veuxdire… Il est déjà arrivé que des femmesviennent ici – des femmes avec qui jetravaille. Et je ne « t’emmène » pas icipour… tu sais… Mais normalement,c’est un lieu dédié au travail et pas au…

– … plaisir ? ne puis-je m’empêcherde compléter.

– C’est ça oui : au plaisir, me répondColin, le souffle court.

Ses yeux de velours plongent dans lesmiens. L’air autour de nous devientélectrique. Mes pupilles se dilatent.Mon cœur bat plus vite. Par réflexe, jeme mets à mordiller ma lèvre inférieure.

Alerte rouge. Alerte rouge.

Je dois dire quelque chose, et vite.

– Et où donc ranges-tu ta Batmobileet ton armure secrète, Colin Cooper ?

Une blague faite pour casserl’ambiance mais qui a pour effet de mevaloir un nouveau sourire ultra-craquant.En tentant de garder la tête froide,j’avance jusqu’à la baie vitrée et

l’ouvre.

– Pas mal, la terrasse ! m’exclamé-je.– On pourra dîner ici, si tu veux. Il

fait bon, ce soir.– Qu’est-ce qu’on va manger ?

demandé-je, l’air gourmand.– Bonne question…

Il se dirige vers la cuisine. Je luiemboîte le pas. Il ouvre l’énorme frigochromé : désespérément vide, à part unebouteille de champagne.

– C’est déjà ça… dit-il en me latendant. Sers-nous un verre pendant queje cherche une idée de génie.

J’ouvre les placards et sors deuxverres, puis je me hisse jusqu’au plan detravail et, une fois assise, fais sauter lebouchon.

– À quoi est-ce qu’on trinque ? luidemandé-je en lui tendant son verre.

– Je propose un toast : à Tess Harper,casse-cou, bordélique, grande gueule…mais fort heureusement, saine et sauve,dit-il d’une voix sexy et pleine demalice. Par ailleurs, ne peut-ils’empêcher d’ajouter, tu aurais quandmême pu prendre des flûtes plutôt quedes verres à eau…

Il choque son verre contre le mienpuis me lance un regard magnétique. Ses

yeux s’attardent sur mes lèvres.

Oh ! Non, pas ça.

Maintenant, je n’ai plus qu’une seuleenvie : qu’il m’embrasse. Je bondis duplan de travail et tente de faire comme side rien n’était.

– Moi aussi, je propose un toast. ÀColin Cooper, parfois mufle, souventsnob, toujours agaçant… mais sur qui onpeut compter en cas de coup dur.

Nos verres s’entrechoquent unenouvelle fois puis Colin se remet àouvrir les placards en quête d’un dînermiracle. Une boîte de macaronis &

cheese entamée, des olives à la grecque,des tomates en conserve… Colin finitpar sortir un bocal où flottent deuxsortes de boules blanches quiressemblent à ces desserts à la noix decoco qu’on trouve dans les restoschinois.

– Truffo bianco… Truffe blanche,traduit pour moi Colin. On est sur labonne voie.

– Ça se mange comment, ce truc ?– Il suffit d’en râper un peu sur

n’importe quel plat pour transformer unrepas en festin. Ah ! s’exclame-t-il enbrandissant un sachet de spaghettis. J’aitrouvé notre bonheur !

Puis il me regarde, l’air déconfit.

– Je te préviens, aux fourneaux, jesuis une catastrophe. Même les pâtes,c’est un peu trop élaboré pour mestalents.

– Tu as de l’huile d’olive ? demandé-je, décidée à prendre les choses enmain.

– Oui. Elle vient directement d’unpetit producteur toscan, précise-t-il enme tendant le bidon.

– Un cube de bouillon, peut-être ?– Ici.– OK, je m’occupe des pâtes, et toi

de râper la truffe : deal ?– Deal.

Quinze minutes plus tard, noussommes sur la terrasse avec nosspaghettis al truffo bianco.

– Un verre de vin ? me proposeColin.

– Ah non, surtout pas : le vin, jedéteste ça. Je trouve que le rouge, çarâpe, et que le blanc, ça brûle la gorge.Je ne comprends pas que tout le mondeen fasse tout un plat.

– Tiens, goûte ça, me dit Colin en metendant un verre au pied délicat. C’est unChâteau Rayas de 1999, je ne pense pasqu’il te brûle quoi que ce soit.

Je trempe mes lèvres, méfiante, maiseffectivement Colin a raison : c’est un

régal !

– Un peu de truffe, maintenant…

Il me tend un fin copeau de ce quiressemble, en consistance, à de la noix.Je croque.

– Et maintenant, une autre gorgée devin, m’encourage-t-il.

– Hummmm… C’est trop bon… !– Dis-moi ce que tu sens.– La terre, un peu. Quelque chose de

huileux.– Ça, c’est la truffe.– Et puis un goût amer et doux en

même temps, comme de l’amandefraîche.

– Ça, c’est le vin. Tu as raison, il ades nuances d’amande jeune. Tu as unsacré palais, Tess.

– J’aime bien la bonne bouffe, avoué-je, mais j’ai rarement l’occasion de fairece genre de festins. À côté de chez moi,pour faire les courses, il y a que dessuperettes et je te jure qu’elles n’ont pasde truffo bianco en stock. En plus, lacuisine de notre maison est minus, jefinis souvent au KFC… Et toi ?demandé-je. Comment ça se fait que tut’y connaisses autant et que pourtant tune saches même pas faire cuire despâtes ?

– J’ai grandi avec une cuillère enargent dans la bouche, me rappelle

Colin. Et celle-ci était souvent garniepar le cinq étoiles du coin.

Je ris.

– Dans notre famille, il n’y a queZach qui sache cuisiner. D’ailleurs, ilme concocte souvent des supers plats.

– Où est-ce qu’il a appris ?– Aucune idée. Chez lui, c’est

naturel. Il a un véritable don… déclare-t-il avant de se rembrunir.

– Qu’est-ce qui se passe ?

J’ai encore fait une gaffe ?

– Ce n’est rien. Je pensais juste àZach. On a eu une sorte de dispute

aujourd’hui. À propos de ce qu’il vafaire une fois le lycée fini. Il aimeraittravailler dans un restaurant mais je nesuis pas pour. Les études, à mon sens,c’est primordial.

Je rougis violemment en pensant auxtrois facs que j’ai refusé d’intégrer.Colin, sentant mon embarras, essaye dese rattraper.

– Je ne voulais pas dire que c’est malde ne pas faire d’études, Tess. Quand onn’a pas le choix, on ne l’a pas. Zach, lui,n’a pas à se soucier de ça : je peuxlargement subvenir à ses besoins durantsa scolarité. Ne pas aller à la fac quandon le peut, c’est une vraie ânerie, tu ne

trouves pas ?

Je rougis encore plus violemment.Que penserait Colin s’il savait que j’airefusé d’intégrer UCLA ou, pire, SarahLawrence ?

Il me prendrait pour la reine desconnes.

– Il ne va pas te manquer ? demandé-je pour changer de conversation. Quandil vivra sur le campus ?

– Tout dépend. Si je ne dois le voirque durant les vacances scolaires, maisque je sais qu’il est à l’autre bout dupays en train de préparer son avenir, jeserais heureux pour lui. Ceci dit, il est

plus probable qu’il atterrisse dans uncommunity college quelconque, pas loinde la maison… Tu dois me trouver snob,s’excuse Colin en me resservant despâtes et du vin. Je m’en veux de parlercomme ça.

– Non, au contraire, le rassuré-je.J’aime bien que tu me dises ce que tupenses, pour une fois. Je préfère quandon a des rapports comme ça : cash.

– Cash ? me demande Colin ensouriant.

– Honnêtes, quoi.– Et ça te va si je te dis, en toute

franchise, que tu es très belle ce soir ?– Malgré ma bosse ? bafouillé-je en

me faisant toute petite sur ma chaise en

teck.– Surtout avec ta bosse. Ça te rend

moins symétrique, plaisante-t-il. C’estennuyeux, la symétrie.

– Attention, M. Cooper : vous êtes entrain de devenir dangereusement léger etspontané. Je vais finir par croire que j’aiune mauvaise influence sur vous.

Colin fronce les sourcils. Ce que jeviens de dire semble le rendre méditatif.

– Je rigolais, Colin, dis-je en roulantdes yeux.

– Peut-être, mais ça n’empêche qu’ily a du vrai dans ce que tu dis…

– Tu veux mon avis ? Tu réfléchistrop.

– Mieux vaut trop que pas assez,philosophe le milliardaire.

Attends, je dois me sentir visée, là ?

– Je croyais qu’on avait dépassé cegenre d’attaques, lui réponds-jesèchement.

– Je ne disais pas ça pour toi, Tess,me répond le beau gosse d’un airdésespéré. On ne peut pas enterrer lahache de guerre ? Juste pour ce soir ?

– Figure-toi que tes réflexions sur lafac et ça, ça fait beaucoup à encaisser,pour un dîner de réconciliation.

– Une fois de plus, tu t’emportes sansréfléchir…

– « Réfléchir », « réfléchir » : tu n’as

que ce mot à la bouche ! Peut-être que jene pense pas assez, mais moi au moinsje ne suis pas chiante !

C’est la goutte d’eau qui faitdéborder le vase de Colin.

– Pas chiante ? Tu es certaine ? Parceque je t’assure que là, tu te comportes ensacrée emmerdeuse.

– Ah oui ?– Oui ! Avec toi, tout est toujours noir

ou blanc. On passe d’un extrême àl’autre. Du rire aux larmes, de laréconciliation à la dispute… J’en aimarre ! Peut-être que ce genre d’excès,ça marche dans ton monde de carton-pâte, mais dans le mien on évite de tout

dramatiser pour rien.– Mon « monde de carton-pâte » ?

sifflé-je. Waouh, quelle mauvaise foi !Tu penses que ton monde est plus réelque le mien ? Tu as vu la gueule de tonbureau ? Ta voiture, ton costard, tonchampagne et tes truffes ? Tu ne saismême pas faire cuire des pâtes, Colin !manqué-je de m’étouffer.

– Oui, je ne sais pas faire des pâtes.Et je ne tape pas sur un inconnu aupremier coup de nerfs. Et je ne passepas mon temps à m’attirer des ennuis. Etje ne m’embrouille pas avec la terreentière…

– Alors je vais te dire, M. lemilliardaire, le coupé-je, je ne m’attire

pas des embrouilles par choix. Figure-toi que quand on est né du mauvais côtéde la barrière, on n’a pas d’autresolution que de se mettre en danger pourréussir !

Colin ne réplique rien et mecontemple, troublé. L’argument sembleavoir fait mouche.

– Tu as raison, Tess, admet-il.– Sur le fait que tu es affreusement

chiant ? ne puis-je m’empêcher decontinuer à grommeler.

– Mais c’est pas vrai ! s’étrangle-t-il,exaspéré. Tu ne lâches jamais l’affaire,pas vrai ? Tu as raison, dit-il enappuyant chaque mot, sur le fait que je

ne sais rien de ta manière de vivre et detes difficultés. Je suis désolé si je t’aivexée en parlant des études de Zach ouen ayant une réflexion maladroite. Ça nete visait aucunement. Je n’ai pas demépris pour toi. Pour tout dire, j’auraisplutôt tendance à admirer ta… tadétermination.

– Merci, soufflé-je.– Par contre, dit-il en finissant son

verre cul sec, je ne suis pas « chiant ».– Mon œil, plaisanté-je avec un

sourire en coin faussement boudeur.– Je t’assure que non : je peux même

être spontané et surprenant.– J’aimerais bien voir ça… continué-

je de le charrier tout en vidant moi aussi

mon verre.

Colin se lève, fait le tour de la tableen teck.

– Tu l’auras voulu, dit-il en tirant machaise.

Avant que j’aie eu le temps decomprendre ce qui m’arrive, Colin mehisse vers lui et m’embrasse.

Oh mon Dieu, oh mon Dieu, oh monDieu…

Sauf que Dieu n’a rien à voir là-dedans : le baiser du beau Colin estplutôt du genre démoniaque. Et comme

l’enfer, il est terriblement… chaud.

Non, je dois être forte : si on remetça, on va encore foutre en l’air lefragile équilibre qu’on a plus ou moinsréussi à installer ce soir…

Et pourtant, impossible de ne pasrépondre : un feu violent brûle au creuxde mes reins. Mes lèvres sont ouverteset ma langue cherche celle de Colinalors que mes doigts s’enfoncent dansses épaules musclées avec une ragedésespérée.

Je suis dingue de lui. C’est plus fortque moi : je suis complètement accro àce mec.

Le sourire de Colin, la voix de Colin,le corps de Colin, les coups de reins deColin : tout ça me provoque desdécharges d’adrénaline trop fortes pourque je puisse m’en passer.

– Tu as cette fameuse capote desecours que tu gardes toujours dans tonportefeuille ? m’enquiers-je à sonoreille.

– Oui, j’ai pensé à la remplacer cematin. En fait, j’ai même pensé à enprendre trois… au cas où…

– Au cas où quoi ?– Au cas où je retomberais sur toi.

Enflammée par ses paroles, meslèvres partent à la recherche de celles

de Colin – mon milliardaire « chiant »,qui soudain ne me semble plus du toutennuyeux…

Je crois que je pourrais prendregoût au Colin Cooper spontané etsurprenant.

Sa bouche danse avec la mienne. Samanière de m’embrasser estlangoureuse, sensuelle. Je savoure lasensation de nos langues emmêlées, lefrisson de ses mains qui descendent lelong de mes épaules, caressent mes bras,se lovent au creux de mes reins. Sabouche impérieuse me soumet. Moncœur bat la chamade. Je suis étourdie,prête à tout pour lui. Il me rend

complètement dingue.

Dingue de son corps.

Notre baiser devient plus sauvage.Ses dents s’en mêlent, mordillent malèvre inférieure, la tirent. Je me mets àmordre, à suçoter moi aussi. Puis je meretourne et me plaque dos à lui. Il faitglisser la bretelle de ma robe. Sa languese met à explorer mon cou, et monépaule, et mon lobe, et ma nuque. Un feunaît au creux de mes reins. Colin poseune main sur l’un de mes seins, que jesens instantanément durcir.

– Ton corps est tellement réactif,Tess.

– C’est toi qui le fais réagir, tu le saisbien.

Je me cambre, frotte mes fessescontre sa virilité bandée.

– Et moi ? minaudé-je. Je te faisréagir ?

– À ton avis ? me répond Colin aucreux de l’oreille.

Son souffle provoque mille frissonsqui parcourent mon crâne. Il attrapel’une de mes mains et la pose sur sonentrejambe gonflée. Sentir son excitationdécuple la mienne. Je pousse un soupirprofond.

– Déshabille-toi, me suggère Colin.– Comment ça ? demandé-je en jouant

les ingénues bien que son accèsd’autorité me donne encore plus enviede lui.

– Tu m’as très bien compris, TessHarper, me susurre-t-il. Je veux te voirte déshabiller pour moi.

Obéissante, je me décolle de lui etavance de quelques pas. Un peu griséepar le vin, par le désir, par cette soirée,je chancelle sur mes stilettos. Je meretourne pour faire face à Colin. Lesdeux bretelles de ma robe ont glissé lelong de mes épaules.

– Derrière tes manières de gentleman

se cache un vrai bad boy, Cooper, dis-jeen défaisant la fermeture éclair qui setrouve dans mon dos.

– Tu ne le savais pas ? s’amuse Colinen me gratifiant d’un sourire sexy quifait effectivement très « mauvaisgarçon ».

– Tu es au courant qu’en théorie, lesfilles bien n’obéissent pas aux badboys… ?

– Si tu savais comme j’en ai soupé,des filles bien. Je te préfère mille foistoi, ma bad girl.

À qui me préfère-t-il ? À ses autresmaîtresses ?

Ce soir, beau gosse, je vais toutes te

les faire oublier.

J’ai envie de faire en sorte que Colinse souvienne longtemps de cette nuit.J’ai envie de supplanter toutes lesfemmes qu’il a connues.

Tout en me mordillant la lèvreinférieure, je commence à me balancersensuellement en me défaisant de marobe. Je m’en extrais en me trémoussantde façon sexy. J’ai l’impression d’avoirrêvé ce moment depuis des jours. Unefois qu’il ne me reste que mon string etmes chaussures, je commence à effleurerma poitrine en jetant à Colin un regarddigne de l’héroïne de Showgirls. Monmilliardaire s’approche de moi de sa

démarche virile et interrompt monnuméro de meneuse de revue hot. Il meprend le menton et lève mes yeuxinterrogatifs vers ses prunelles d’un noirprofond.

– Pas comme ça, me dit-il. Je ne veuxpas que tu joues les play girls ou que tume fasses un stip-tease de danseuse pro.C’est toi que je veux regarder. Telle quetu es vraiment.

Je m’interromps. Mes yeux setroublent.

Moi ? Telle que je suis vraiment ?Mais je n’ai aucune idée de commentfaire ça !

J’ai passé tellement de temps, en tantque mannequin, à correspondre auxfantasmes des directeurs de casting etautres photographes que j’en ai oubliéqui je suis.

– Je ne sais pas qui est cette fille,Colin. Je ne le sais plus, soufflé-je avectristesse.

– Peut-être que je peux t’aider à t’ensouvenir ?

Colin m’embrasse avec fougue ettendresse.

– Déjà, je suis certain que cettefemme-là ne porte pas de string, souritColin en faisant glisser mon sous-

vêtement le long de mes cuisses.

Je dégage mes jambes.

– Et je suis également certain qu’ellene garde pas ses talons pendant l’amour,ajoute-t-il en se baissant pour défaire leslanières de mes chaussures. Voilà, c’estmieux, constate-t-il une fois que je suisen tenue d’Ève.

Le désir fait étinceler son regard dejais. Je ne pensais pas pouvoir être plusnue que ça, mais Colin, en me détaillantcomme il le fait, continue de medéshabiller. Je me sens sans défense,vulnérable.

Ce n’est pas la première fois qu’ilme fait cet effet-là. Et le pire, c’est quej’y prends goût.

Il m’attire à lui et me donne un baisertendre, romantique, qui se transformeprogressivement en une étreinteimpérieuse. Peu à peu, je m’oublie : mesbras s’enroulent autour du cou de monamant, mes mains s’enfoncent dans sescheveux, mes doigts griffent ses épauleset son dos, ma bouche et mes cuissess’ouvrent. Le feu dans mes reins repartde plus belle.

Comme si je ne pesais rien, Colin mesoulève du sol. J’enroule mes jambesautour de sa taille. Il me porte à

l’intérieur de l’appartement. Une foisdans le salon, il me pose sur le rebordde la table de réunion. Ça fait quelquesjours que mon milliardaire joue àsouffler le chaud et le froid : ce soir, il avisiblement opté pour le chaud.

– Tes collaborateurs ne vont pas t’envouloir de détourner le matériel detravail ? lui susurré-je.

– Pas si c’est pour la bonne cause,me dit-il en laissant son blazer en cotontomber au sol.

– Et de quelle cause s’agit-il,exactement ?

– Te faire jouir comme tu n’as jamaisjoui avant.

Ma respiration se bloque. Un frissonme parcourt. Le projet est alléchant. Jen’ose cependant pas avertir monténébreux amant qu’à ce jeu il est sonpropre rival : il m’a déjà fait prendremon pied comme aucun mec avant lui.

Tout à son objectif, il écarte mescuisses et vient poser un pouce humidesur mon clitoris. Je ne résiste pas : matête se renverse en arrière et je glapis.Colin savoure l’effet qu’il a sur moi. Iljoue quelques minutes avec ma vulve enm’écoutant gémir puis, en me lançant unsourire ravageur, il introduit son majeuren moi. La sensation est fulgurante.Trempée, je commence à soupirer et àonduler pendant qu’il fait aller et venir

son doigt dans mon intimité.

Affamée, gémissante, je mords malèvre alors que mon milliardaireintroduit un deuxième doigt et augmentel’intensité, la profondeur de son va-et-vient. Le plaisir devient plus intense. Jene sais même pas comment je trouve laforce de l’interrompre. J’y parvienscependant, le temps de lui enlever sontee-shirt. Mes mains s’attardent sur sapeau, dont le grain à la fois doux et virilme fait perdre la tête. Une fois torse nu,Colin recommence à me prodiguer sacaresse experte et à me faire geindre deplaisir – un plaisir redoublé par lespectacle de son large torse et de sesabdominaux parfaits.

– Tu me rends dingue, gémis-je enm’attaquant à sa braguette.

– Je te retourne le compliment, mabelle.

J’ai la tête qui tourne. J’ai envie delui donner autant de plaisir qu’il m’enprocure. J’empoigne son sexe raide etcommence à le caresser, lentement, par-dessus le tissu de son pantalon. Maisrapidement, j’abandonne : ce que me faitColin est trop bon, je suis incapable deme concentrer sur autre chose que mapropre jouissance.

Son autre main caresse le reste demon corps – creux des reins, dos,épaules, nuque. Sa bouche se pose dans

mon cou, sur ma poitrine. Enemprisonnant l’un de mes tétons entredeux dents, il tire : je réponds par un crid’extase. C’en est trop : je le veux enmoi. Un vide hurle dans mon ventre, quelui seul peut combler.

– Viens, lui glissé-je à l’oreille.

Ses pupilles se dilatent et tout soncorps brûlant frémit. J’ai l’impressionqu’il meurt d’envie de me pénétrer maisque, par principe, il me fait languir.

– Je n’ai pas l’habitude qu’on medonne des ordres, Tess.

– Et moi, je n’ai pas l’habitude qu’onme résiste.

– C’est une provocation en duel,mademoiselle Harper ?

– Qui gagnerait, selon toi ?– C’est ce qu’on va voir.

Décidée à relever le défi et à le fairecéder, je récupère dans la poche arrièrede son pantalon son portefeuille. J’enextrais un emballage doré de préservatif,que je coince entre mes dents. Je luilance un regard qui vaut toutes lesinvitations au monde. Mais Colin n’estpas du genre à perdre le contrôle : ilcontinue de plus belle à jouer avec moncorps, si bien que je finis par haleter,gémir, crier et par en oublier la capote,qui glisse d’entre mes dents. Colin larécupère et me renverse sur la table. Une

main posée sur mon épaule me maintientallongée. Impatiente de l’accueillir,j’ouvre les cuisses. J’entends sa ceinturetinter, j’entends son pantalon tomber,j’entends le bruit de l’emballage quel’on déchire… Je suis au supplice…

Prends-moi. Prends-moi vite…

Répondant à ma prière silencieuse, ilcommence à entrer en moi. Centimètrepar centimètre. Alors que je suis en feu.Pendant que j’ondule sous lui, quej’essaye de l’attirer au plus profond demoi, il prend son temps, histoire de merappeler qui est aux commandes.Bientôt, il commence à bouger en moiavec lenteur.

Je gémis, de plus en plus fort àmesure que l’intensité de ses coups dereins augmente. En moins d’une minute,je suis en transe. Son sexe dur qui meremplit me mène au comble de l’extase.Colin empoigne l’une de mes chevilleset la pose sur son épaule. Il se met àm’impulser son rythme, progressif,impitoyable, toujours profond. De sonpouce humide, il caresse mon clitoris :je recommence à gémir. La sueur perlesur mon bas-ventre, à la base de mescheveux, sur mon front. Le plaisirpossède maintenant tout mon corps etpas seulement mon sexe. Je sens que jevais bientôt jouir et j’essaye de meretenir, juste quelques minutes encore.

C’est à la fois dur et délicieux. J’oublieoù je suis, ce que Colin me fait,comment on en est arrivé là. Je ne saisplus qu’une chose : que c’est bon,beaucoup trop bon, et que l’orgasme quime tend les bras va me terrasser.

Aucun homme ne m’avait jamaistouchée comme ça avant. Et aucunhomme n’était allé aussi profond dansmon intimité. Je suis à la merci de Colin,cet amant hors pair qui à chaque fois mefait franchir un nouveau palier dans leplaisir. Ses grognements d’extase ne fontque renforcer mon ivresse.

Comment est-ce que ça peut êtreaussi bon ?

Chaque fois que son regard croise lemien, j’ai l’impression de lire dans sesyeux que je suis une déesse. Ça me rendd’humeur encore plus sensuelle. Notrecorps-à-corps s’intensifie. La tensiondans mon sexe est à son comble. Je nesuis plus que gémissements, ondulations,électricité.

Une ultime fois, le sexe impitoyablede Colin s’enfonce en moi, et ce coup-cije ne peux plus différer : ma jouissanceexplose, dans mon ventre, dans mesreins. Je pousse un cri, renverse la têteen arrière, crispe mes doigts sur leplateau en acajou de la table. Mesjambes se resserrent autour de la taillede Colin, qui jouit lui aussi avec

violence. Son cri est rauque, surpris,douloureux, extatique ; ses spasmes sejoignent aux miens… Son buste retombesur le mien et, lovés l’un au creux del’autre, nous tremblons de concert. Aumilieu de nos soubresauts, mes lèvresembrassent son crâne, sa main caressema peau.

– Objectif atteint, monsieur Cooper,soupiré-je une fois que j’ai repris mesesprits.

– Déjà ? demande-t-il en faisant minede se désoler. Il nous reste encore deuxcapotes et quelques heures !

– Si tu te montres gentil, peut-être queje t’autoriserais à essayer de battre tonpropre record.

– J’y compte bien, dit-il enm’embrassant tendrement.

Colin se retire précautionneusementet, sans que je m’en rende compte, sedébarrasse de la capote. Je commence àme diriger vers la terrasse pourrécupérer ma robe.

– Qu’est-ce que tu fais ? dit-il enm’attrapant par le bras pour m’arrêter.

– Je me rhabille.– Hors de question.– Je vais attraper froid !– Je te tiendrai chaud, dit-il en

m’enlaçant.– C’est tentant mais…– Mais quoi ?

– … Tu es certain que si on passetoute la nuit ensemble, tu ne vas pasregretter ? Encore une fois ?

– Tess, me dit Colin en prenant monvisage entre ses mains, je ne sais pas sije te l’ai dit, mais ce matin j’ai été unvrai con. Je suis désolé : en meréveillant, j’ai paniqué. Je n’aurais pasdû. Tu me pardonnes ?

– D’accord, dis-je avec une petitevoix. Uniquement si tu me promets quetu ne recommenceras pas.

– Je te le promets. Et toi, promets-moi que tu ne fouilleras plus dans mesaffaires.

– Je te le promets. Et toi, promets-moi… dis-je en réfléchissant comme s’il

s’agissait d’un jeu où chacun doit faire àtour de rôle une nouvelle promesse,promets-moi de ne pas penser du mal demoi, quand je serai de retour dans laMaison des Murmures.

– Du mal de toi ? me demande-t-ilétonné.

– Oui.– Je te le promets, si tu me promets…

dit-il en faisant mine de se creuser lecrâne… de te préserver un peu. Desautres candidats, d’abord ; de lacélébrité, ensuite. Être tellementexposée, si vite, ça peut être difficile àgérer.

– Je te le promets… Eh bien, ajouté-je en souriant, ma joue posée contre ses

pectoraux en béton, pour une nuit sansattache ni promesse, on fait fort !

– Sans compter que c’estprobablement l’aventure d’un soir laplus longue de toute l’histoire desaventures d’un soir.

– Tu vois ? C’est pour ça qu’il fautqu’on arrête de s’engueuler : à chaquefois, ça nous oblige à nous revoir pournous réconcilier.

– C’est vrai que c’est extrêmementdésagréable, dit-il en approchant sabouche de la mienne.

– Tout à fait atroce, murmuré-je àquelques millimètres de ses lèvres.

– Un supplice, ajoute-t-il eneffleurant ma bouche.

– Je dirais même un calvaire,renchéris-je en entrouvrant la mienne.

– Vite, Tess, dis-moi quelque chosede désagréable : j’ai effroyablementenvie de me disputer avec toi, confesse-t-il avant de me donner le plus torridedes baisers.

Alors que sa langue caresse lamienne, je sens son sexe dur contre monventre.

Seigneur.

– Tant pis pour la dispute, tranche-t-ilen me soulevant de terre. Je proposequ’on passe tout de suite à laréconciliation.

Et, comme si j’étais Scarlett O’Haraet lui Rhett Butler, Colin Cooperm’emporte vers la chambre.

5. Prime Time

Colin

Au petit matin, elle était partie,emportant avec elle son chaos, sescascades de rires, ses coups de gueule etsa chute de reins à tomber. J’ai trouvé unmot sur la commode noire dans l’entrée.

« Cher Colin,

Je te demande de ne pas t’en faire :je connais maintenant la procédurepour réintégrer la maison. Je te

demande aussi de ne pas t’inquiéter :j’ai la tête dure, ce n’est pas unevilaine chute ou la méchanceté deKarmen qui réussiront à m’assommer.

Je sais que tu as ton monde et moi lemien, et que même si ces deux universse croisent parfois, ils sont tropdifférents pour se rejoindre.J’appartiens au 4e étage et toi, au 7e.Ça ne change rien au fait que je suiscontente qu’on ait pu se quitter en bonstermes.

Prends soin de toi.

Tess »

J’espère que tu dis vrai, Tess… Et jete souhaite toute la réussite du monde.

Est-ce que je regrette de l’avoirlaissée partir ? Non : Tess a raison, nosunivers sont trop éloignés. Mais commeelle, je suis heureux de cette nuitapaisée.

Enfin, apaisée…

J’ai quand même récolté un beausuçon dans le cou et une jolie marque degriffures dans le dos. Je souris en lesexaminant dans le miroir.

Une autre chose que je ne regrettepas, c’est d’avoir signifié son congé à

Joshua Pierce. Ceci étant dit, maintenant,il faut que je formalise tout ça parcourrier et que je trouve un nouveau brasdroit à ma sœur avant qu’elle découvreque j’ai viré le sien. Je me fais couler unbain et décroche mon portable.

– Allô Aleesha ?– Tiens, un revenant ! Comment ça

va, mon beau Cooper ?– Je ne te dérange pas ?– Un dimanche ? Penses-tu ! Je te

signale juste que Kelley est déjà furaxcontre toi.

– Je te hais, Colin Cooper ! entends-je Kelley crier au loin. Tu es unbourreau de travail ! Laisse ma femmetranquille !

– Hello Kelley ! Désolé pour ledérangement, m’excusé-je piteusementdans le combiné.

– Ça va, elle s’en remettra,m’informe Aleesha. Tu sais bien qu’unsourire de toi suffit à lui faire toutoublier. Qu’est-ce que je peux faire pourtoi, mon beau ? C’est un coup de fil pouraffaires ou pour le plaisir ?

Aleesha était la meilleure amie deNatalie. C’est l’une des showrunner lesplus importantes d’Hollywood, et aussiprobablement l’une des personnes que jepréfère au monde.

– Dis-moi, Alee, tu as déjà envisagéune incursion dans le monde merveilleux

de la télé-réalité ?– Oui, quelque part entre le moment

où j’ai planifié mes vacances àTchernobyl et celui où j’ai pris rendez-vous pour ma coloscopie annuelle.Crache le morceau, jeune Cooper.

– OK, je l’avoue : j’ai désespérémentbesoin de toi.

Une demi-heure, un chèque indécentet quelques flatteries plus tard, Miléna aune nouvelle prod’ exé jusqu’à la fin dePetits Secrets.

– Tu commences maintenant.– Non, demain. Aujourd’hui c’est

dimanche, je dois faire l’amour à mafemme puis l’emmener bruncher.

– Tu sais que, normalement, jen’autorise personne à me parler commeça ?

– C’est pour ça que j’abuse avecautant de plaisir de mon pouvoir sur toi.C’est l’avantage de t’avoir connu enculottes courtes.

– Je te signale par ailleurs, à toutesfins utiles pour ton nouveau job,qu’aujourd’hui, c’est les nominations etce soir le prime…

– Bon courage pour ta journée, en cecas. Dis à Miléna que je la verraidemain, me lance Aleesha avant deraccrocher.

Ai-je précisé que cette femme estplus dure en affaires que Miléna et moi

réunis ?

***

Après avoir passé l’après-midi auGetty Center avec Zach devant une expoque Tess qualifierait certainement de« chiante », je rentre à la maison, letemps d’avaler quelque chose avant legrand prime. Pendant que je me faisréchauffer les restes d’hier, j’allume lachaîne 22/24 pour voir où est-ce qu’onen est avant le son et lumière de ce soir.J’ai su par Miléna que ma tigresse avaitété, sans surprise, nominée à cause deson mauvais caractère, face à un Melvinjugé trop effacé par ses camarades. Je ne

sais pas si c’est une bonne ou unemauvaise chose pour Tess. Les autrescontinuent de la malmener. Je trouve çadur. Je comprends qu’elle ait besoin decet argent, mais de là à subir ça… !

De toute façon, ne nous leurronspas : le public va la sauver. Il adoreTess.

Tout à mes pensées, je répondsdistraitement à un SMS d’Amanda.

[Peut-on se voir ce soir ? J’aimeraiste parler. Baisers, Amanda]

[Je travaille en début de soirée. Jerentre chez moi vers 23 heures, ons’appelle pendant que je suis en route et

on voit. Colin]

Sur l’écran, je contemple Tess assisesur le rebord de la piscine, dans unesorte de une-pièce lamé or auquel ilmanque visiblement des bouts. Unempiècement recouvre partiellement sesseins, un autre cache son sexe, untroisième dissimule vaguement sonnombril… C’est encore plus impudiqueque si elle montrait tout. Je ne peuxretenir un sourire. Ce maillot de bainn’est pas du meilleur goût, certes, maisil faut avouer qu’elle le porte bien. Parcontre, j’ai un rictus agacé en observantla grossière parade nuptiale de Devin.

– C’est quoi, au fond, ton genre de

mec ? lui demande le bellâtre.– Je ne sais pas trop si j’ai un genre,

tu sais.– OK. Mais ton dernier mec, il était

comment ?– Brun, dit Tess après une hésitation.

La peau mate. Musclé.– Petit ? lui demande Devin. Moche ?– Pas du tout ! s’offusque Tess en

riant. Environ 1,90 mètre, hyper-beau,style mannequin. Et très classe.

– Alors c’était quoi, son problème ?Il était con ?

– Oh non, pas du tout, répond Tess enhaussant les épaules avec une mouecharmante. Il était même beaucoup plusintelligent que moi.

J’ai un choc en l’entendant dire ça.Est-ce que réellement je la fais se sentirinférieure à moi ?

– Alors quoi ? insiste Devin. Il tetrompait ? Il était méchant ?

– Non, sourit Tess. On ne venait pasdu même monde, c’est tout. Ça n’auraitpas collé.

– Ouais. C’est important d’avoir despoints communs. Comme toi et moi,précise Devin avant d’éclabousser sacible avec l’eau de la piscine.

– Hey ! proteste Tess avant depousser son prétendant dans l’eau.

Incapable d’en voir plus, j’éteins,perturbé.

Est-ce que Tess se sent rabaisséepar moi ?

Peut-être que Devin a raison. Peut-être que, contrairement à moi, il sauraitla rendre heureuse. Au moins, lui, il lafait rire. Elle n’a pas l’air de le trouver« chiant ». Et elle ne se sent pas jugéepar lui. Perdu dans mes pensées, je merends aux studios pour encadrer le primeet le vote du public.

Vivement qu’Aleesha prenne lerelais.

Arrivé sur place, un technicienportant un tee-shirt Slayer m’expliquecomment la soirée va se dérouler. Un

poste d’ordinateur comptabilise lesvotes par Internet. Les votes par SMSarrivent par fax toutes les dix minutesdepuis le central téléphonique. Il fautsimplement entrer le total dans unordinateur. C’est ennuyeux au possible,il n’y a presque rien à faire, juste àcontempler les chiffres enfler. Je soupireet m’installe confortablement.

– On peut regarder l’émission endirect ? m’enquiers-je.

– Si vous voulez, me rétorque letechnicien en haussant les épaules. Moi,ça fait sept saisons que je travailledessus, alors forcément à force jepréfère lire, dit-il en brandissant unexemplaire de Rolling Stone.

– Je comprends, oui.

Je suis son exemple et attrape unnuméro de Variety qui traîne par là. Jecommence à le parcourir distraitement.En réalité, je continue de gamberger.

Vers 22 h 05, le technicien m’annoncequ’il doit aller aux toilettes. Il me ditque les derniers chiffres devraientbientôt arriver, qu’il me suffit de lesrentrer dans l’ordinateur. J’acquiesce.Effectivement, le dernier fax finit parsortir dès qu’il franchit la porte. Je m’enempare, le contemple : l’avenir de Tessest là, entre mes mains. Je suis lepremier de tous les États-Unis àconnaître son sort.

Je m’assieds face à l’ordinateur pourentrer le résultat. Je repense à ce qu’ellem’a dit, sur le fait que Petits Secretsserait pour elle un tremplin vers autrechose. Je pense à ses problèmesd’argent. À l’hôpital qu’elle doit payer.Je pense à Devin. À elle en train de rireaux blagues de Devin. À elle en train derire à mes blagues. Je pense à ses yeux.À sa bouche. À cette nuit. À son futur. Àmon futur. À ce qui vaut le mieux pourelle. À ce qui vaut le mieux pour moi.Au fait qu’il n’y a pas de nouspossible… peut-être. Sûrement, même.Et pourtant…

Les chiffres s’empilent dans ma tête.Les possibilités aussi. Je suis

complètement noyé sous les images deTess.

– Tout va bien ? me demande letechnicien.

– Oui, lui réponds-je en pianotantrapidement sur l’ordinateur. On a eu ledernier fax.

– Le verdict est tombé ?– Ça y est. Je vous laisse transmettre

à la régie ? Je dois filer.– OK patron.

***

Il est 23 h 10 quand j’arrive chezmoi, le fameux fax roulé en boule dansma poche. Dans le couloir, je croise

Zach qui monte se coucher.

– Tu as une sale mine, oncle Colin.– J’ai eu une rude soirée. Tu as

regardé le prime ?– Oui, confirme-t-il. Ça s’est joué à

pas grand-chose, hein ? Ça a dû êtremouvementé et riche en émotions, là-bas. En tout cas, ça te remontera peut-être le moral de savoir qu’Amanda estpassée.

Mince, Amanda ! Je l’avaiscomplètement oubliée !

– N’aie pas l’air désolé, oncle Colin,ajoute Zach avec un clin d’œil appuyé.Elle est arrivée il y a dix minutes

seulement et elle t’attend… dans tachambre.

Après avoir pris congé de Zach, jemonte jusqu’à mon étage et pousse laporte de ma chambre. Je trouve Amandaalanguie sur mon lit king size. Elle est entrain de lire et porte ses lunettes. Pourtout dire, elle ne porte que ses lunettes.Et ça lui va bien.

– Qu’est-ce que tu lis ? lui demandé-je accoudé dans l’encadrement de laporte à double battant.

– Schopenhauer. Quel misogyne !

J’avance vers elle, troublé par sanudité. Elle se redresse sur un coude. Sa

poitrine est ronde, de taille moyenne,attirante. Je m’assieds à côté d’elle et,avec douceur, lui confisque l’ouvrage duphilosophe allemand que je repose surla table de chevet. Je lui souris avectendresse et replace l’une de ses mèchesderrière son oreille. Elle me rend monsourire, embrasse au passage le bout demes doigts.

Je crois qu’il est temps, pour monentourage et moi, que je prenne enfinles bonnes décisions.

À suivre,ne manquez pas le

prochain épisode.

Egalement disponible :

Lui, moi et le bébé

Léonie remplace son frère commechauffeur auprès du richissime JesseFranklin. Alors qu'elle attend sonnouveau patron au volant de la RollsPhantom, une femme, se présentantcomme la gouvernante, installe sur lesiège arrière Zoé, un adorable bébé dequelques mois. Problème : JesseFranklin, en arrivant, dit n’avoir nigouvernante, ni bébé. À qui appartientce bébé ? Par qui et pourquoi a-t-il étédéposé là ?

Tapotez pour voir un extrait gratuit.

http://www.amazon.fr/dp/B017L5ZK38/ref=nosim?tag=wwwmultimed09-21

Retrouveztoutes les séries

des ÉditionsAddictives

sur le catalogue en ligne :

http://editions-addictives.com