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Article restituant une expérience pédagogique autour de la réception d’œuvres du FRAC - Nord Pas de Calais Œuvre(s) du FRAC Nord - Pas de Calais accueillie(s) par : Collège Anatole France à Sin Le Noble (Nord) Œuvre(s) accueillie(s) : Robert Doisneau (1912-1994), "La cheminée de Madame Lucienne, Paris 20 e ", 1953. Photographie noir et blanc, 60,7 x 50,5 cm Robert Doisneau (1912-1994), "Chez Madame Lucienne, concierge, rue de Ménilmontant, Paris 20e, La salle à manger de Madame Lucienne", 1953. Photographie noir et blanc, 60,7 x 50,5 cm. Exposition du 24 janvier au 02 février 2017. ROBERT DOISNEAU Présentation de l’œuvre sous le regard de l’étude menée : Cette série de photographies nous montre un intérieur populaire des années 50, celui de Madame Lucienne, concierge, rue Ménilmontant à Paris. Avec "La cheminée de Madame Lucienne", nous observons au premier plan plusieurs objets posés sur la tablette de la cheminée recouverte d'un napperon brodé : une horloge, un cadre présentant une photo de mariage, une clé, des lunettes, un petit pot dans lequel sont réunis différents petits objets. A l'arrière-plan, il y a un miroir dans lequel se reflète le logis de Madame Lucienne. Elle y apparaît attablée, en train de lire le journal, accompagnée de son mari, assis, écoutant la radio. Il y a un jeu de cadre incessant entre les différents portraits de Mme Lucienne et son mari, mais aussi entre les deux photographies empruntées, présentant champ / contre champ où les objets dialoguent et se déplacent. De plus, le hors champ se matérialise à travers des objets qui nous renvoient vers l’extérieur, par exemple avec la présence de la radio, le journal, la douille de balle présente dans le petit pot « vide poche » : certainement un écho au contexte socio-politique d’après-guerre. Il y a aussi une forte matérialisation du temps qui passe, dialogue incessant entre le passé et le présent, à travers par exemple les horloges dont l’heure diffère, le calendrier, la photo de mariage... Portrait ou nature morte ? Ce ne sont que des objets qui sont représentés dans cette photographie et tous contribuent à raconter la vie de Mme Lucienne. Le portrait va au-delà de la présence physique de la personne et s’inscrit à travers les objets présentés de manière quasi biographique. Témoin d'une époque mais aussi témoin d'une vie, d'un métier, d’une histoire sociale et politique, cette photographie est de surcroît l'empreinte même du regard de Doisneau. Avec "La salle à manger de Madame Lucienne", l'éclairage devient puissant, plus contrasté, totalement contrôlé, les objets sont soigneusement déplacés, Madame Lucienne aussi s’est déplacée, elle reste dans la même attitude pourtant, mais à présent elle brode de l’autre côté de la table. Tout cela perturbe notre représentation de l'espace : on ne sait plus où est le reflet, où est la réalité et on comprend alors à quel point tout cela est aussi une mise en scène du photographe dont les paroles reflètent bien sa démarche : « Toute ma vie je me suis amusé, je me suis fabriqué mon petit théâtre ». Son point de vue joue avec le réel et nous interroge sur la dimension fictionnelle d'un portrait, sa part de mise en scène.

ROBERT DOISNEAU - fracnpdc.fr€¦ · Robert Doisneau (1912-1994), "Chez Madame Lucienne, concierge, rue de Ménilmontant, Paris 20e, La salle à manger de Madame Lucienne", 1953

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Page 1: ROBERT DOISNEAU - fracnpdc.fr€¦ · Robert Doisneau (1912-1994), "Chez Madame Lucienne, concierge, rue de Ménilmontant, Paris 20e, La salle à manger de Madame Lucienne", 1953

Article restituant une expérience pédagogique

autour de la réception d’œuvres du FRAC - Nord Pas de Calais

Œuvre(s) du FRAC Nord - Pas de Calais accueillie(s) par : Collège Anatole France à Sin Le Noble (Nord) Œuvre(s) accueillie(s) : Robert Doisneau (1912-1994), "La cheminée de Madame Lucienne, Paris 20e", 1953. Photographie noir et blanc, 60,7 x 50,5 cm Robert Doisneau (1912-1994), "Chez Madame Lucienne, concierge, rue de Ménilmontant, Paris 20e, La salle à manger de Madame Lucienne", 1953. Photographie noir et blanc, 60,7 x 50,5 cm. Exposition du 24 janvier au 02 février 2017.

ROBERT DOISNEAU

Présentation de l’œuvre sous le regard de l’étude menée : Cette série de photographies nous montre un intérieur populaire des années 50, celui de Madame Lucienne, concierge, rue Ménilmontant à Paris. Avec "La cheminée de Madame Lucienne", nous observons au premier plan plusieurs objets posés sur la tablette de la cheminée recouverte d'un napperon brodé : une horloge, un cadre présentant une photo de mariage, une clé, des lunettes, un petit pot dans lequel sont réunis différents petits objets. A l'arrière-plan, il y a un miroir dans lequel se reflète le logis de Madame Lucienne. Elle y apparaît attablée, en train de lire le journal, accompagnée de son mari, assis, écoutant la radio. Il y a un jeu de cadre incessant entre les différents portraits de Mme Lucienne et son mari, mais aussi entre les deux photographies empruntées, présentant champ / contre champ où les objets dialoguent et se déplacent.

De plus, le hors champ se matérialise à travers des objets qui nous renvoient vers l’extérieur, par exemple avec la présence de la radio, le journal, la douille de balle présente dans le petit pot « vide poche » : certainement un écho au contexte socio-politique d’après-guerre. Il y a aussi une forte matérialisation du temps qui passe, dialogue incessant entre le passé et le présent, à travers par exemple les horloges dont l’heure diffère, le calendrier, la photo de mariage...

Portrait ou nature morte ? Ce ne sont que des objets qui sont représentés dans cette photographie et tous contribuent à raconter la vie de Mme Lucienne. Le portrait va au-delà de la présence physique de la personne et s’inscrit à travers les objets présentés de manière quasi biographique.

Témoin d'une époque mais aussi témoin d'une vie, d'un métier, d’une histoire sociale et politique, cette photographie est de surcroît l'empreinte même du regard de Doisneau. Avec "La salle à manger de Madame Lucienne", l'éclairage devient puissant, plus contrasté, totalement contrôlé, les objets sont soigneusement déplacés, Madame Lucienne aussi s’est déplacée, elle reste dans la même attitude pourtant, mais à présent elle brode de l’autre côté de la table. Tout cela perturbe notre représentation de l'espace : on ne sait plus où est le reflet, où est la réalité et on comprend alors à quel point tout cela est aussi une mise en scène du photographe dont les paroles reflètent bien sa démarche : « Toute ma vie je me suis amusé, je me suis fabriqué mon petit théâtre ». Son point de vue joue avec le réel et nous interroge sur la dimension fictionnelle d'un portrait, sa part de mise en scène.

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Rencontres et expériences vécues entre les élèves et les œuvres

Arts Plastiques et Français Public concerné : 3e – 100 élèves.

AUTOPORTRAIT MULTIPLE Cette séquence d’arts plastiques s’inscrit dans un projet interdisciplinaire en Français et en Arts Plastiques, dont l’intitulé est « Mieux se connaître pour mieux devenir ». Le point de départ était d’amener les élèves à s’interroger sur les correspondances qu’il peut exister entre le portrait et la biographie ou l’autoportrait et l’autobiographie.

Un autoportrait peut-il être autobiographique ? Comment se représenter ? Que raconte-t-on, qu’omet-on ? Se connaît-on vraiment ? Quelle est la part de fiction et de réalité, dans un portrait ou un autoportrait ?

En arts plastiques, les élèves ont réalisé des autoportraits dont la dimension devait être autobiographique, en utilisant principalement des objets. Comment raconter sa vie à travers l’image ? A travers cette séquence, nous avons travaillé les notions de mise en scène, de représentation du temps, de réalité et de fiction.

Etudes réalisées en histoire des arts en cours d’Arts Plastiques en parallèle à la découverte de l’œuvre de Robert Doisneau.

Sélection d’œuvres montrant des autoportraits à dimension autobiographique.

- Frida KAHLO, "Ce que l’eau m’a donné", 1938 (huile sur toile)

- ARMAN, "Poubelle de Andy Warhol", 1969 (matériaux et objets divers dans une boîte en verre)

- Roman OPALKA, "Autoportrait", 1965-2011 (série de photographies)

- Robert FILLIOU, "Je meurs trop", 1977 (multiple, brique avec étiquette)

- GG KOPILAC, "Autoportrait au Fer", 1980 (huile sur toile)

- Sophie CALLE, "Filatures", 1981 (textes et photographies)

- Sophie CALLE, "Birthday Ceremony", 1981/92 (série de 15 vitrines comprenant divers objets personnels)

- Sophie CALLE, "Des histoires vraies" 1988-2000 (textes et photographies d’objets)

Réalisation d’élève.

Réalisation d’élève.

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Réalisation d’élève.

Réalisation d’élève.

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Réalisation d’élève.

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