Sur La Civilisation, Ma Mère! - Classico

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Deux fils racontentavec tendresse la viede leur mère dans leMaroc des années 1930jusqu’à l’indépendancedu pays. Grâce à ses deuxgarçons, cette femmefinit par prendre sondestin en main. Avecce récit engagé et pleind’humour, Driss Chraïbicélèbre l’ém

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  • La Civilisation, ma Mre !...Driss Chrabi

    dition de Marianne Chomienne

    Deux fils racontent avec tendresse la vie de leur mre dans le Maroc des annes 1930 jusqu lindpendance du pays. Grce ses deux garons, cette femme finit par prendre son destin en main. Avec ce rcit engag et plein dhumour, Driss Chrabi clbre lmancipation des femmes.

    ISBN 978-2-7011-6170-9224 pages

    Classe de Troisime Formes du rcit aux xxe et xxie sicles

  • ditions Belin/ditions Gallim

    ard.

    La Civilisation, ma Mre !

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    Arrt sur lecture 1

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    Arrt sur lecture 1 p. 38-44

    Un quiz pour commencer p. 38-39

    1 O lhistoire raconte par le narrateur se droule-t-elle ? Dans une ville marocaine.

    2 De qui la famille du narrateur est-elle compose ? Son pre, sa mre et son frre.

    3 Pourquoi le narrateur doit-il se laver la bouche en rentrant chez lui ? Parce quil a parl franais la maison.

    4 Comment la mre occupe-t-elle ses journes ? En prenant soin du logement et des membres de sa famille.

    5 Quelle dfinition les deux garons donnent-ils de la radio ? Cest une bote qui parle.

    6 Comment les enfants font-ils accepter leur mre linstallation de llectri-cit ? Ils lui font croire que cest luvre dun magicien.

    7 Que fait la mre pour couter la radio la premire fois ? Elle met de beaux habits.

    Des questions pour aller plus loin p. 40-41

    Dcouvrir la mise en place dun rcit denfanceUn rcit rtrospectif

    1 De quelle priode de la vie du narrateur les souvenirs raconts datent-ils ? Peut-on les situer prcisment dans le temps ? Les souvenirs remontent len-

    fance du narrateur. la fin du chapitre 2, le narrateur donne un ge (6 ans) et

    une date (1936) mais les autres souvenirs ne sont pas aussi prcisment dats,

    on devine juste, par la nature des souvenirs voqus, quils remontent la priode

    o le narrateur est scolaris, entre 1936 et la Seconde Guerre mondiale (fin du

    chapitre 3).

    2 Dressez la liste des procds qui donnent au premier chapitre une tonalit lyrique (expression des sentiments, rapport avec la nature, images). Quel senti-

    ment domine le narrateur lorsquil se remmore son pass ? Le premier chapitre

    prsente une tonalit lyrique qui se traduit par plusieurs indices :

    lexpression des sentiments : cest un rcit la premire personne qui voque la

    nostalgie et le regret du temps qui passe ( souvenirs , pass , l. 10 ; souve-

    nirs , l. 12 ; autrefois employ deux reprises comme adverbe, l. 1 et 4 ; une fois

    sous la forme substantive, l. 15-16) ;

    le rapport la nature : la nature est omniprsente dans ce chapitre ( mer et

    montagne , l. 1 ; arbre , l. 4 ; la terre entire , l. 4-5 ; LOcan , l. 6 ; [le]

    ciel , l. 7 ; la falaise , l. 7 ; la plage , l. 9). De plus, le narrateur semble en

    parfaite adquation avec cet environnement. On peut en effet y lire la fois

    son amour de la nature et son inscription dans lunivers ( Et peut-tre y retour-

    nerai-je pour mourir en paix, un jour , l. 3 ; La terre entire, humanit com-

    prise [] , l. 5-6) ;

    Lloquence des images cres : mtaphore des entrailles de la mer (l. 5) et

    mtaphore file de la vague ; comparaison des bulles dcume (l. 12) ; personni-

    fication de locan (l. 6).

    Face son pass, le narrateur prouve un sentiment de regret, de nostalgie. Les

    mots du texte parlent de souffrance et amertume (l. 13), de gigantesque

    mlancolie (l. 15). Il dplore la fois la perte du paradis (l. 1, 4) de lenfance,

    quand tout tait commencer, esprer (l. 16), mais il est aussi ngatif face au

    chemin parcouru dans la vie : avoir tant lutt pour presque rien (l. 13).

    3 Retrouve-t-on dans le chapitre 2 la tonalit lyrique du chapitre 1 ? Citez trois diffrences entre ces deux premiers chapitres. Non, la tonalit lyrique du cha-

    pitre 1 ne se retrouve pas dans le chapitre 2. Les diffrences entre les deux pre-

    miers chapitres sont nombreuses. Parmi elles on peut citer :

    la prsentation typographique : litalique du premier chapitre vient souligner

    visuellement le hiatus entre les deux chapitres ;

    lge du narrateur : le narrateur du chapitre 1 est arriv lge adulte, puisquil se

    retourne sur son pass et fait le bilan de sa vie, alors que le deuxime chapitre met

    en scne le narrateur enfant dans lvocation des souvenirs de classe ;

    la tonalit des chapitres : potique et lyrique dans le premier chapitre, avec un

    travail sur les sonorits ( tincelle et ruisselle dune vie nouvelle , l. 18-19) et

    sur les rythmes ( naissent et meurent, se couvrant et se renouvelant, ajoutant

    leur vie la vie , l. 20-21), alors que le deuxime chapitre est un texte narratif,

    comme le prouvent le temps employ et lorganisation chronologique, aux accents

    comiques, avec notamment les scnes de la mre chassant le frre coups de

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    torchon, de lenfant oblig de se laver la bouche parce quil a parl franais, du

    rcit de la confection des habits.

    4 En quoi la succession des chapitres 2 et 3 peut-elle rappeler les bulles dcumes (p. 15, l. 12) ou les vagues [] se couvrant et se renouvelant (p. 15,

    l. 20-21) voques dans le chapitre 1 ? Comme des bulles, les deux chapitres sont

    indpendants, chacun centr sur un vnement diffrent (la confection de lhabit

    pour lun, larrive de la radio pour lautre), ils sont autonomes et se recouvrent

    comme des vagues successives. Ce sont deux moments de vie, distincts, qui, par

    leur enchanement dressent un portrait du narrateur et de sa famille.

    5 Dans quelle mesure le narrateur adulte fait-il sentir sa prsence dans les cha-pitres 2 et 3 ? Citez un passage dans lequel il commente son rcit. Le narrateur

    adulte revient de faon visible au chapitre 2 quand il sadresse directement au lec-

    teur ( Vous savez bien : de ces clbres ciseaux japonais des annes 20 , p. 18),

    voquant la machine coudre de sa mre dans sa bibliothque (p. 23) ou encore

    dans le chapitre 3, quand il fait allusion sa fille Dominique (p. 33). Mais on le

    devine galement derrire la remarque sur son frre, Jamais il ne sest mari

    (p. 16), ou dans les commentaires quil fait sur sa mre, sa solitude (p. 19, 25), son

    manque damour (p. 25, 37), son inculture (p. 17). Ce sont davantage des commen-

    taires dun adulte qui se retourne sur son pass que des paroles denfant, et

    comme des clins dil fait au narrateur devenu adulte.

    Une enfance entre tradition et modernit

    6 Quels sont les deux mondes dans lesquels volue le narrateur enfant ? Relevez les termes qui opposent ces deux univers (p. 16-17, l. 1-43). Les deux uni-

    vers opposs dans lesquels le narrateur enfant volue sont celui de lcole et de

    la maison :

    lcole est lunivers du colonisateur et du savoir : connaissances dhygine,

    apprentissage du franais, vtements de civilis (p. 17) ;

    la maison est lunivers de la mre qui fabrique savon et habits de faon artisa-

    nale et traditionnelle.

    Ces deux univers ne communiquent pas, ils sont ferms sur eux-mmes : il faut se

    laver la bouche en rentrant et se changer (p. 17), lHistoire reste derrire la porte

    (p. 20).

    7 Relevez les images et les comparaisons employes par le narrateur dans lpisode de la tonte (p. 18-19, l. 55-108). Quapportent-elles au rcit ? La mre

    est compare un corsaire se prparant labordage (l. 59-60), elle sautille

    ensuite pas de Sioux (l. 73) ; le mouton est quant lui transform en un mus-

    tang fou furieux (l. 88) : cest une vritable bataille, un rodo auquel sapprte

    assister le narrateur. La tonte en elle-mme devient une danse rituelle : dan-

    sait (l. 67), valsait , tanguait (l. 70). La scne devient ainsi une aventure et

    le narrateur lui confre les accents dun rcit pique en lui donnant du rythme. Ces

    mtaphores donnent au rcit un aspect comique et dcal qui se retrouvera dans

    toute la premire partie du roman.

    8 Sur quel ton lpisode de linstallation de la radio est-il racont ? Justifiez votre rponse laide de quelques citations. Le rcit de linstallation de la radio

    est racont sur un ton humoristique : les difficults damnagement puis les expli-

    cations donnes la mre, ses ractions, sont montres travers le regard atten-

    dri du narrateur devant cette mre redevenue une enfant (p. 28). Ce regard est

    galement insistant et souligne tout ce qui est drle (les pripties des dmna-

    geurs pour entrer dans la maison, les croyances de la mre en un monde magique

    fait de sorciers, par exemple). Dailleurs, cest un chapitre domin par la figure du

    frre, Nagib, caractris par son rire et sa joie de vivre communicatifs.

    9 Retrouvez dans le chapitre 3 un exemple de chacun des types de comique suivants : comique de gestes, de paroles et de situation. On peut caractriser les

    lments du chapitre 3 en utilisant la typologie du registre comique :

    comique de gestes : course dans les chambres pour allumer llectricit (p. 33) ;

    gesticulations des dmnageurs pour passer dans lescalier, lorsque lun dentre

    eux se cogne la tte malgr les avertissements de Nagib (p. 27-28) ;

    comique de paroles : recours au registre familier des dmnageurs (p. 26-27),

    image des ours et des gants pour les caractriser (p. 28), dispute autour du nom

    de la radio (p. 30) ;

    comique de situation : excitation de la mre lors de la dcouverte de llectricit

    (p. 31).

    Le portrait dune mre

    Dressez le portrait physique et moral de la mre en vous appuyant sur des citations prcises des chapitres 2 et 3. On sait de la mre quelle est petite et

    menue ( Elle tait si menue, si fragile , p. 16), et que son regard tmoigne de son

    affection pour le narrateur ( Elle tait l, debout, [] me regardant travers deux

    boules de tendresse noire : ses yeux , p. 16). Cest une femme dvoue aux siens.

    Elle est orpheline et de ce fait na pas eu denfance : elle a t immdiatement

    place dans une famille bourgeoise comme bonne (p. 21), elle na reu aucune

    ducation, et a t marie trs jeune, lge de treize ans (p. 21). Elle est alors

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    devenue la femme dun homme riche, un bourgeois cousu dor (p. 21), qui la

    choisie sans lavoir jamais vue (p. 21) et qui pouvait avoir lge de son pre

    (p. 21). On apprend galement, avec lpisode de la tonte et du filage, que cest une

    femme patiente et tenace : elle ne perdait ni son sang-froid ni sa tnacit (p. 18) ;

    patiemment, avec la mticulosit dun Chinois laquant un paravent , (p. 20).

    Sans ducation, elle est crdule, et se montre trs attache aux croyances quon

    lui a inculques, quelles soient religieuses ( nous avons dsobi au Seigneur ,

    p. 28) ou magiques ( comme les fakirs et les charmeurs de serpents , p. 31). Les

    scnes de la tonte ou de la radio permettent galement de dresser un portrait en

    actes de la mre, de la rendre plus vivante au lecteur.

    En quoi la mre incarne-t-elle un mode de vie traditionnel ? Comment ragit-elle face au monde moderne ? Son enfance au travail et son mariage jeune sont

    des marques de la tradition marocaine. Elle fait partie dune socit orale, elle ne

    cesse dailleurs de parler et chanter ( ses enfants, au mouton, la radio). On sait

    aussi quelle est attache la religion : aux vtements de paen que porte son

    fils pour aller lcole, elle oppose des habits bibliques (p. 17) quelle tisse elle-

    mme, et au mouton avant le sacrifice, elle fredonne des chants religieux. Sa pre-

    mire raction face au monde moderne est la peur, ainsi elle ne peut sempcher

    de recourir la prire quand arrive la radio ( prie, mon fils, prie ! , p. 28). Cest un

    monde qui lui est entirement tranger et quelle nadopte que lentement : elle ne

    comprend rien aux leons de son mari ( incomprhension totale , p. 35) et nac-

    cepte la radio que parce quelle la rattache au monde des contes et de la magie.

    Que reprsente larrive de la radio pour la mre du narrateur ? Larrive de la radio brise sa solitude et transforme la mre en tre humain part entire :

    elle reprsente la fois un pre, un mari et un ami. Cest une prsence et aussi

    une libration : grce la radio, elle sort de sa prison, svade, voyage par lesprit,

    assiste aux spectacles quelle coute religieusement (p. 35).

    Que sait-on des rapports de la mre avec son poux ? Quel effet produisent les images de l arbre, cercl dans une cour de prison et de la trappe de la

    colonisation (p. 25, l. 270 et 273) ? Les relations de la mre avec son poux

    manquent de tendresse. Le couple parental est un couple impos, un couple de

    hasard dans lequel, de faon traditionnelle, lhomme est dominant. La femme,

    quant elle, est prsente comme une recluse et vit dans une grande solitude :

    elle parle au mouton pour peupler cette solitude, la soire damour rvle aussi

    cet isolement ( jai assist un lever de soleil sur sa solitude quotidienne et pro-

    fonde p. 25). Limage de larbre cercl dans une cour de prison la fin du cha-

    pitre 2 souligne lenfermement impos cette femme. Le regard du narrateur sur

    cette situation se montre critique : il dnonce linfantilisation de la femme et son

    maintien dans linnocence. Ainsi, page 23, on peut lire, propos de son mode de

    vie le mot colonisation , la femme tant, selon lauteur sous colonisation mascu-

    line, domine et sans aucune autonomie.

    En quoi la lecture des trois premiers chapitres claire-t-elle le titre du livre ? Les premiers chapitres voquent le rapport de la mre du narrateur avec la civili-

    sation. Le chapitre 2 la met en scne dans une scne traditionnelle, la confection

    dun vtement pour le narrateur, et le chapitre 3, loppos, montre lentre dun

    objet moderne, la radio, amene par Nagib dans lunivers maternel. Le titre peut

    ainsi tre compris comme une formule de prsentation, un fils qui prsente sa

    mre la civilisation moderne laquelle son enfance et son ducation ne lui ont pas

    donn accs.

    Comment pourriez-vous caractriser le regard que le narrateur porte sur sa mre ? Expliquez votre rponse. Le regard du narrateur sur sa mre nest jamais

    critique dans ces chapitres : le chapitre 2 a donn des explications ltat denfance

    de sa mre, maintenue dans la plus parfaite ignorance par son mari et par toute

    une socit. Cest le narrateur lui-mme qui, par tendresse, pour ne pas brusquer

    sa mre, invente cette histoire de magicien pour lui permettre daccepter larrive

    de la radio et daccder enfin au monde extrieur qui, sinon, lui serait encore refus.

    Cest un regard attendri, aimant, linstar de Nagib (p. 16) qui se pose sur la mre.

    De la lecture lcriture p. 42-43

    Des mots pour mieux crire

    1 a. adjectifs mlioratifs : tenace, mticuleux, hospitalier, ruditadjectifs pjoratifs : fruste, reclus.

    b. Lors de lpisode de la tonte, la mre se montre tenace pour attraper le mouton.

    Filer la laine est un exercice mticuleux.

    En rentrant de lcole, le narrateur retrouve lunivers hospitalier du foyer

    maternel.

    Le pre est beaucoup plus rudit que la mre, qui na reu aucune ducation.

    Les dmnageurs sont des personnages un peu frustres : ils ne mnagent pas le

    narrateur dans leur propos.

    La mre vit recluse chez elle, sans jamais sortir de la maison.

    2 a. Jeu denfant ; b. enfantillage ; c. infantiliser ; d. infantile.

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    Du texte limage p. 43 Eugne Delacroix, La Famille Bouzaglo, aquarelle, 1834. Photographie de Casablanca, 1936.(Images reproduites en dbut et en fin douvrage, au verso de la couverture.)

    Lire limage

    1 Dcrivez lintrieur peint par Eugne Delacroix en vous intressant notam-ment aux couleurs dominantes, au dcor, aux personnages reprsents et leur

    attitude. Lintrieur reprsent est une pice dapparence simple, domine par la

    couleur brune (sol et murs) qui contraste avec les tons gris et blancs (habits, haut

    des murs). La pice est peu dcore, avec sans doute une tenture au mur ou un

    paravent, et peu meuble. Les personnages sont des femmes et des enfants : les

    femmes sont assises sur une natte pose au sol, deux adultes semblent soccuper

    de bbs et de deux jeunes enfants. Cest une scne de vie quotidienne dans une

    maison marocaine.

    2 Identifiez dans la photographie les signes de la modernit. Prcisez ce qui vous permet de reconnatre une ville marocaine. Cest une rue de grande ville,

    large et sur laquelle donnent des faades dimmeubles cossus : la rue, les trottoirs,

    la taille des immeubles sont les symboles de la modernit. On repre galement

    des objets du monde moderne : les voitures, le rverbre et un cinma (LUX visible

    sur une faade). Certains lments voquent le Maroc : de part et dautre de la

    rue, des palmiers, signe dun climat chaud ; au centre, une place btie autour dun

    lment darchitecture, une sorte de tour, sans doute un minaret, signe religieux

    constitutif des villes maghrbines ; enfin on peut lire linscription Maroc sur la

    faade dun btiment officiel au premier plan.

    3 Comparez le tableau de Delacroix avec la vue de Casablanca en relevant tout ce qui les oppose et dites quelle atmosphre se dgage de chacune de ces deux

    images. Les deux lieux sopposent diamtralement sur plusieurs plans :

    Tableau de Delacroix Photographie

    Intrieur, lieu clos et repli sur lui-mme

    Univers traditionnel

    Activit familiale

    Monde fminin

    Atmosphre calme

    Extrieur, lieu ouvert et lieu de rencontres

    Univers moderne

    Activit conomique

    Monde masculin

    Atmosphre dagitation et douverture sur le monde

    Comparer le texte et limage

    4 Malgr la diffrence dpoque, entre le temps du rcit et celui auquel a t peint le tableau, la mre du narrateur pourrait-elle tre lune des deux femmes

    reprsentes par Eugne Delacroix ? Justifiez votre rponse. Lenfermement et

    laspect traditionnel du repli sur la maternit correspondent bien au personnage

    de la mre mais elle est montre, dans le roman, dans une solitude qui ne corres-

    pond pas au tableau de Delacroix : la mre du narrateur nest pas dans une pice

    avec dautres femmes, elle y est absolument coupe de toute communication. De

    mme, la prsence dun miroir au mur sera nie dans la suite du roman : la mre

    ne sest jamais vue avant lintervention de ses deux fils.

    5 La photographie de Casablanca vous semble-t-elle correspondre lunivers que frquente le narrateur de la premire partie de La Civilisation, ma Mre !

    lorsquil nest pas avec sa famille ? Justifiez votre rponse. La photographie

    reprsente bien lunivers moderne que frquente le narrateur en dehors de la

    maison. Ainsi, les voitures, le cinma sont autant dlments qui figurent dans la

    suite du roman. La photographie tmoigne de louverture sur le monde extrieur,

    un monde auquel les femmes nont pas accs, et en cela elle correspond bien au

    roman.

    Arrt sur lecture 2 p. 95-100

    Un quiz pour commencer p. 95-96

    1 Quels objets modernes entrent dans la maison du narrateur ? Une cuisinire, un tlphone, un fer repasser.

    2 O la mre range-t-elle ses produits de beaut ? Dans la cuisine.

    3 Quelle fte le narrateur veut-il clbrer aprs une conversation avec un camarade de classe ? Nol.

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    4 Quelles lois le narrateur tente-t-il dexpliquer sa mre ? Les lois de llectricit.

    5 Comment la mre du narrateur parvient-elle parler sa cousine au tl-phone ? Laborieusement, elle explique lopratrice o vit sa cousine.

    6 O le pre se trouve-t-il quand les garons font sortir leur mre pour la pre-mire fois ? Il est ailleurs et ne sait rien de ce qui se passe chez lui.

    7 Comment la mre ragit-elle lors de la sortie au parc ? Elle est merveille de tout ce quelle dcouvre.

    8 Qui frquente la contre-cole ? Nagib.

    9 Pourquoi le narrateur quitte-t-il sa mre ? Parce quil part poursuivre ses tudes en France.

    Des questions pour aller plus loin p. 97-98

    Analyser lvolution du personnage de la mreLa dcouverte dune nouvelle vie

    1 Faites la liste des diffrents objets offerts la mre et prcisez ce quelle en fait. La mre reoit plusieurs objets modernes, ou simplement nouveaux pour elle,

    mais elle en dtourne souvent lusage. Car une nouveaut, pour tre assimile

    doit appartenir au monde des sensations et des motions, ne pas tre froide ou

    abstraite. Page 47, on peut ainsi lire : Tout ce quelle pouvait toucher, sentir, voir,

    entendre, goter et aimer, elle lassimilait aisment, ladaptait sa personnalit

    ce qui tait sa mesure. Le reste, elle le rejetait .

    La liste de ces objets est la suivante :

    le fait-tout made in Germany (p. 45) : elle le transforme en brasero ;

    la cuisinire en fonte (p. 47) : elle en fait une armoire trsors ;

    le fer repasser (p. 53) : il est cass ds le premier jour ;

    le tlphone (p. 55) : elle donne des indications farfelues lopratrice tlpho-

    nique pour joindre sa cousine ;

    les chaussures et la robe (p. 61) : elle fait enlever les talons des chaussures,

    quelle ne porte finalement que pour sa premire sortie ;

    un cahier, un crayon une ardoise et un bton de craie (p. 83) : elle sen sert

    correctement, selon leur usage, car ce sont des objets qui participent son

    mancipation.

    2 Quels changements interviennent dans le mode de vie de la mre ? Ont-ils des consquences importantes ? Expliquez. Les changements qui interviennent

    dans le mode de vie de la mre sont sa dcouverte de la modernit mais surtout

    son ouverture au monde. Elle sort de son isolement de faon progressive : avec la

    radio elle entendait des nouvelles du monde et apprenait ce qui sy passait, grce

    au tlphone elle souvre davantage, participant plus activement, par ses ques-

    tions et ses commentaires, sa comprhension de la socit ; enfin en sortant

    de sa maison, elle acquiert une connaissance sensorielle de lextrieur. Ces chan-

    gements sont dune importance cruciale : elle nest plus replie sur elle-mme et

    prend ainsi part aux activits du monde.

    3 Quels sentiments la mre ressent-elle au chapitre 6 ? Lors de sa sortie, elle est dabord tonne ( saisie , p. 63) puis contente mais vite due ( clata en

    sanglots , p. 65), elle est intimide et inquite en sortant ( Vous savez bien que

    je [ne] suis jamais sortie [de la maison] , p. 66). Finalement, elle est envahie par

    un sentiment deuphorie et se montre trs enthousiaste (p. 67-69)

    4 Parmi les matires qui sont enseignes la mre (chap. 9), lesquelles pr-fre-t-elle ? Est-ce tonnant ? Justifiez votre rponse. Ce que la mre prfre

    dans les enseignements que lui prodigue son fils, cest lhistoire et la gographie.

    Il ny a rien dtonnant car cela correspond ce que le lecteur, ce stade du rcit,

    sait de ses gots et de ses talents : talents de conteuse dhistoires, comme en

    tmoigne la scne du cinma au chapitre 8, et plaisir de rencontrer les autres,

    ainsi que le prouve la scne du tlphone au chapitre 5.

    Un rcit dapprentissage

    5 Qui est lorigine de lapprentissage de la mre ? En quoi est-ce surprenant ? Ce sont ses deux fils qui sont lorigine de son apprentissage, tour tour ou

    ensemble : Nagib est prsent le premier, cest lui qui fait installer la radio, qui

    indique son frre comment expliquer leur mre le fonctionnement de llectri-

    cit Puis le narrateur prend le relais quand il apprend des choses plus savantes

    sa mre lhistoire, p. 84, ou lanatomie, p. 85. Les deux garons se joignent

    pour faire sortir la mre dans le parc au chapitre 6, au cinma au chapitre 8,

    ou la foire au chapitre 9. Cette situation est surprenante en ce quelle inverse

    les rles attendus entre parents et enfants, dailleurs la mre le fait remarquer,

    page 55 : Comment ? Je suis plus ge que toi. Cest moi qui tai enfant, et non

    le contraire, il me semble .

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    6 Relevez et analysez limage employe par le narrateur pour voquer lduca-tion de sa mre (p. 80, l. 158-165). la fin de la premire partie (p. 93-94), quelle

    parole de la mre fait cho cette image ? Limage des vannes que lon ouvre

    (l. 162) et de la fertilisation (l. 164) montre que lducation de la mre a une action

    positive sur sa vie, va lui permettre de senrichir intellectuellement. Mais cest aussi

    une image qui traduit une certaine violence ( torrents , l. 162) et qui montre quun

    certain travail est ncessaire ( endiguer , l. 163) pour que lducation soit efficace.

    la fin de la premire partie (p. 93-94), la mre prend compte de cette action. Le

    terreau de son apprentissage a t fertile et toutes les graines semes par ses

    enfants, au fil de son ducation, ont bien pouss. Elle conclut ainsi : je suis grande

    maintenant (l. 56).

    7 Quel reproche la mre fait-elle au narrateur lorsquil essaie de lui expliquer les lois de llectricit en voquant des gnies (p. 54-55) ? Elle lui reproche

    de la prendre pour une enfant et dinverser les rles : Je suis plus ge que toi.

    Cest moi qui tai enfant et non le contraire, il me semble (l. 73-74). Elle na pas

    tort : il linfantilise en effet lorsquil ne lui explique pas rellement les choses mais

    a recours une histoire magique, au merveilleux pour lui expliquer le monde. On

    pourra se souvenir que ctait le rle des mythes et des contes (instruire et plaire).

    Cest un peu la mme infantilisation lorsquil lui achte de quoi lhabiller (p. 61) ou

    quand il lui apprend reconnatre la valeur des billets de banque (p. 90)

    8 Quel sentiment nouveau la mre ressent-elle partir de la fin du chapitre 9 ? Pourquoi ? Au terme de son apprentissage la mre ressent de la tristesse : elle

    pleure et trouve la libert poignante (p. 93) et parle de souffrance. Aprs les

    passages comiques, du cinma notamment, et leuphorie de la promenade dans le

    parc, la premire partie se clt sur une tonalit douce-amre. Cest la conscience

    nouvellement acquise delle-mme et des autres qui est la source de cette peine :

    la mre nest plus un enfant sans volont, elle est devenue un tre responsable de

    ses actes et de ses choix. Cette responsabilit est douloureuse car elle est deve-

    nue elle-mme son propre chef : elle est celle qui accepte une situation familiale

    qui ne lui convient plus mais qui laccepte librement, en tout tat de cause.

    9 En vous appuyant sur lvolution de la mre et sur ce quelle a appris, expli-quez le titre de la premire partie du roman. Au terme de cette premire partie, la

    mre du narrateur a appris tre , selon le titre de la premire partie du roman.

    Elle est sortie de lenfance impose dans laquelle elle tait maintenue pour devenir

    une adulte savante et consciente, elle a eu accs au monde et elle-mme. Ses

    deux fils lui ont ainsi permis dtre un tre humain part entire : Elle ne cher-

    chait pas savoir mais comprendre, tre et non avoir ou possder (p. 82).

    Le regard du narrateur

    Que sait-on de la vie de la mre avant son ducation par ses fils ? On sait quelle tait inculte, savait peine compter ( habituer compter sur ses doigts ,

    p. 80), quelle est enferme dans son ignorance ( peu de vocabulaire , p. 81), soli-

    taire et trangre dans sa famille mme ( elle avait toujours t entoure dune

    pluie de silence et les seuls dialogues quelle pouvait avoir avec les trois tran-

    gers qui habitaient avec elle, ctait a : le mnage et les repas , p. 81). Elle est

    prisonnire de son statut et enferme dans sa maison : elle nexiste pas hors de

    son rle de mre et dpouse ( poupe, on lavait trangle par la loi et dans le

    devoir , p. 68). On sait cependant, quinconsciente de cet isolement, elle nen tait

    pas malheureuse.

    Pourquoi le narrateur veut-il faire sortir sa mre hors de sa maison au cha-pitre 6 ? Comment a-t-il choisi le jour de cette sortie ? Le but du narrateur est de

    rendre sa libert sa mre comme en tmoigne la comparaison avec les chevaux

    (l. 98-103, p. 63).

    La date de ce grand jour quest la premire sortie de la mre, est choisie en fonc-

    tion du pre. Le narrateur privilgie le dimanche parce que le pre nest pas l

    (l. 86-96, p. 63) : la sortie est qualifie dailleurs comme un secret (p. 70).

    Le narrateur dit de son pre quil est moderniste dobjets, non dides (p. 47, l. 77-78) : que lui reproche-t-il ? Pensez-vous que la premire partie du

    rcit lui donne raison ? Le narrateur condamne le machisme de son pre, son

    rle actif dans le maintien de la mre dans lignorance et la plus complte dpen-

    dance. cet gard, on pourra rappeler limage de la trappe de la colonisation

    (p. 25), tudie prcdemment. Le roman lui donne effectivement raison. Les rap-

    ports dans le couple sont totalement dsquilibrs, la mre est un public (l. 28,

    p. 71) pour les discours du pre, pleine de bonne volont mais ne comprenant

    presque rien aux propos de son mari. Dans la communication, il y a comme un

    mur qui spare les parents. Lui aussi est prisonnier de ses habitudes et de ses

    prjugs (l. 94-99, p. 86). Cependant le portrait nest pas totalement manichen,

    et sa gnrosit, notamment, est note deux reprises : quand il donne de largent

    de poche au narrateur pour le rcompenser de ses bonnes notes (l. 112-113, p. 49)

    et quand il paie sans rien dire la note de tlphone de sa femme (l. 176-177, p. 59).

    Quels autres personnages poursuivent leur propre ducation dans les cha-pitres 4 10 ? Prcisez o et comment, puis dites de quelle faon le narrateur

    juge chacun de ces apprentissages. Le narrateur et Nagib suivent tous une du-

    cation mais qui prsentent des modles trs diffrents :

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    La Civilisation, ma Mre !

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    Arrt sur lecture 3

    15

    le narrateur : il reoit une ducation franaise, colonisatrice : il apprend que

    Vercingtorix est son anctre (p. 50), il ctoie des gens trs diffrents de lui (cha-

    pitre 4, pisode de Nol et p. 87-88). Cest une ducation purement scolaire mar-

    que par la froideur et labstraction (explication des lois de llectricit et de son

    mtier dingnieur au moment de linstallation du tlphone, p. 54-55) ;

    Nagib : il quitte lcole franaise ( ce vieux bahut , p. 86) mais na pas dautre

    choix que la contre-cole du vice et des voyous (p. 86-87, 88-89). Son cole

    est donc peu recommandable et peu lgale, fonde sur la force, le mensonge, la

    dbrouille.

    De la lecture lcriture p. 99-100

    Des mots pour mieux crire

    1

    2 a. Autodidacte ; b. arguments ; c. logique ; d. thories ; e. strotypes.

    Inextricable ExtraordinaireTentaculaire ConstantImmuable GigantesqueAnarchique DchirantPoignant EmbrouillAbracadabrant Dsordonn

    Arrt sur lecture 3 p. 168-172

    Un quiz pour commencer p. 168-169

    1 quelle guerre est-il fait allusion dans la seconde partie du rcit ? La Seconde Guerre mondiale.

    2 quels pays la mre du narrateur sintresse-t-elle ? Aux pays qui sont ou qui ont t en guerre.

    3 Pourquoi la mre se rend-elle dans une villa dAnfa ? Pour convaincre les chefs militaires allis de mettre fin la guerre.

    4 Au nom de qui la mre proclame-t-elle une Constitution Universelle ? Au nom des femmes.

    5 Quelle erreur la mre commet-elle quand Charles de Gaulle apparat la fentre ? Elle ne le reconnat pas et croit voir son poux.

    6 Pourquoi la mre se fche-t-elle contre Nagib un soir ? Parce quil est inter-venu dans une dispute entre elle et son poux.

    7 Que reproche la mre aux crivains dont elle jette les livres ? Elle trouve que ce quils ont crit nest pas en accord avec la ralit.

    8 Pourquoi la mre arpente-t-elle le pays chaque dimanche ? Pour enseigner aux autres femmes ce quelle a appris.

    9 Que dcide la mre la fin du rcit ? De quitter son pays pour rejoindre son fils et dcouvrir le monde.

    Des questions pour aller plus loin p. 170-171

    Comprendre la fin du rcit et ses transformationsUn nouveau regard

    1 Qui est le nouveau narrateur de la seconde partie ? Dressez son portrait en vous appuyant sur votre lecture de la premire partie du roman. Le nouveau

    narrateur est Nagib, le frre du narrateur de la premire partie. On sait de lui quil

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    Arrt sur lecture 3

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    est en adoration devant sa mre (p. 16), quil est la joie de vivre incarne et rit tout

    le temps (p. 16), quil a arrt lcole pour acheter des livres sa mre (p. 86-87)

    et est devenu un voyou (p. 87), selon les propres mots du pre.

    2 qui le narrateur sadresse-t-il dans le chapitre 1 de la seconde partie ? Pourquoi ? Il sadresse son frre, le narrateur de la premire partie, parce que ce

    dernier a migr en France pour finir ses tudes et nest donc plus en mesure de

    raconter ce qui est arriv sa mre.

    3 Montrez que le dialogue rapport entre la mre et le soldat en faction (p. 114-120) reflte le caractre rieur de Nagib. Quels types de comique identifiez-vous ?

    Le rcit et le dialogue qui constituent le chapitre 2 sont humoristiques. Le rire

    est dailleurs la meilleure arme pour briser la glace de la discipline au dbut

    du dialogue avec le soldat (l. 72). Nagib tient dans ce passage le premier rle. Le

    fait quil dcide de rapporter cette scne la manire dun dialogue de thtre

    nest pas anodin. Cela lui permet de commenter de faon plaisante, dans les didas-

    calies, les actions du soldat, et notamment de souligner sa gourmandise (l. 153,

    163-165). Il samuse sans cesse de la peur du soldat, du fait quil soit dpass par

    les vnements.

    On peut se fonder sur les diffrents types de comique au thtre pour analyser

    le dialogue :

    comique de gestes : les repos-fixe rptition au dbut du passage (l. 59-67) ;

    comique de caractre : la gourmandise du soldat propos des dattes (l. 128-171) ;

    comique de situation : la mre qui se fche et fait peur au soldat (l. 187-188), le

    braque avec son fusil (l. 242) ;

    comique de mots : la dformation du nom de de Gaulle en Tougoul (l. 88), lin-

    version de lavis du soldat sur ces dattes prfres (l. 131 et 274), ses interruptions

    et commentaires sur [de Gaulle] est comme moi (l. 173).

    4 Pour quelle raison Nagib retrouve-t-il des moments de complicit avec son pre partir du chapitre 7 ? Lvolution de la mre laisse Nagib aussi dsarm

    que son pre : quand il lui propose de laider, elle le rejette (p. 131), il ne comprend

    plus son monde (l. 98-104, p. 141) et nest plus quun chauffeur pour elle (l. 48,

    p. 152), un peu comme si le monde des hommes tait dsormais puni jamais, et

    ne pouvait plus entretenir de relations simples avec la mre.

    La mtamorphose de la mre

    5 Quel type de phrase domine dans les premiers propos de la mre au cha-pitre 1 (p. 104) ? Quel changement du personnage cela traduit-il ? Ce sont des

    phrases injonctives pour donner des ordres son fils. Cela montre quelle a fini

    son initiation et a pris son destin en main : elle nest plus celle qui obit ses fils, ni

    celle que Nagib peut fliciter comme dans la premire partie, mais celle qui on

    obit et qui dcide de ce quelle fait.

    6 De quelles qualits la mre fait-elle preuve dans sa faon dagir pour mettre

    un terme la guerre (chap. 1) ? Elle se montre concrte, et tenace par exemple

    pour obtenir le Journal Parl (p. 107), elle cherche de faon assidue une rsolution

    au conflit, tente dassurer le salut pour toute lhumanit (p. 106). Elle est aussi

    dote de toutes les qualits ncessaires pour tre le coordinateur, rapide, effi-

    cace et neutre (p. 107) : volontaire, dcide, autonome.

    7 Selon vous, la mre est-elle trop nave dans les deux premiers chapitres ?

    Justifiez votre rponse en citant le texte. La mre peut en effet sembler trs

    nave quand elle dcide daller rencontrer de Gaulle : elle na pas conscience de la

    diffrence de statut entre les dirigeants des Quatre Grands et son propre rang ;

    mais cest cette inconscience qui lui permet dagir et de runir la foule autour

    delle. Au-del de la navet, cette attitude a un fondement thorique : lgalit

    absolue des hommes entre eux, quelle proclame haut et fort face au soldat en fac-

    tion devant la villa dAnfa : article 1 : de Gaulle, tu es comme moi (l. 167, p. 117)

    8 Au chapitre 3, en quoi le dialogue entre les parents montre-t-il que leurs rap-

    ports ont volu par rapport la premire partie ? Contrairement la premire

    partie, cest la mre qui mne le dialogue et cest le pre qui ne comprend pas ce

    quil entend. Si sa femme ne cesse de progresser dans son apprentissage, le pre

    nvolue pas du tout. Il ne comprend plus sa femme.

    9 De quoi la mre se spare-t-elle au chapitre 4 ? En quoi cette sparation est-

    elle symbolique ? Dans le chapitre 4, pour se sparer de ce qui marquait sa vie

    antrieure, la mre creuse une tombe. Cette tombe sert enterrer tout son pass :

    objets, robes Son ducation est dsormais termine et le retour en arrire

    refus. Le pass est dtach et mis distance, comme sil tait mort.

    La mre russit-elle sa mission dducation de la population dans les cha-

    pitres 6 et 7 ? Justifiez votre rponse. La mre choue dans sa mission ddu-

    cation de la population. Si au dbut toutes ses runions sont un succs, peu

    peu elle se retrouve seule : les maris interdisent leurs femmes dassister ses

    assembles, les femmes restent dans leur maison On retrouve dans les deux

    chapitres le mme mouvement dadhsion puis de rejet, de popularit suivie dune

    grande solitude.

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    La Civilisation, ma Mre !

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    Arrt sur luvre

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    Un rcit engag

    Qui compose la foule se pressant devant la villa dAnfa (p. 112) ? De qui la mre veut-elle tre le porte-parole auprs du gnral de Gaulle ? Cest une foule

    entirement compose de femmes, les seuls hommes font le service dordre. Ce

    sont des femmes qui viennent porter leur message devant de Gaulle. La mre veut

    tre le porte-voix de la majorit silencieuse : les femmes dabord, mais aussi les

    enfants, les pauvres, tous ceux que lon ncoute pas dordinaire. Elle tend mme

    ses prrogatives aux animaux et aux lments naturels (l. 195-196, p. 118)

    Que reprsente le drapeau cousu par la mre avant la rencontre de la villa dAnfa ? Quelle injustice sa fabrication rvle-t-elle ? Le drapeau cousu par la

    mre reprsente toutes les dmocraties et les nations (p. 110-111). Mais sa confec-

    tion permet de rvler au grand jour la colonisation qui prive de droits certains

    pays : ils nont mme pas de drapeau, ils sont sous tutelle et nont pas dexistence

    propre.

    qui lexpression peuples non encore indpendants fait-elle rfrence (p. 121) ? Quelles valeurs sont mises en avant par la Constitution Universelle

    proclame la fin du chapitre 2 ? Lexpression fait rfrence aux pays encore

    coloniss (africains ou asiatiques notamment). La charte proclame la fin du

    chapitre 2 met en avant la libert, la rparation des guerres et des erreurs dont ils

    ont t victimes, la fin de toute soumission, la fin de linfantilisation.

    Quelles sont les cibles, explicites ou non, de la critique du narrateur dans la deuxime partie du roman ? Le narrateur vise le fonctionnement archaque

    des socits traditionnelles qui imposent aux femmes dtre tenues lcart du

    monde, prisonnires de leur maison ; tout comme il dnonce la colonisation qui

    oblige des pays tre sous tutelle, considrs comme infrieurs aux autres.

    De la lecture lcriture p. 172

    Des mots pour mieux crire

    1 a. Ces mots appartiennent au champ lexical de la guerre.b. Pour rsoudre le conflit, la mre dcide daller rencontrer les belligrants la

    villa dAnfa.

    Son ducation termine, la mre se lance dans une vaste propagande pour inci-

    ter les femmes du pays smanciper.

    Les soldats en poste se tiennent l, martiaux, prts intervenir.

    Anfa, la ville est en tat de sige.

    Les Quatre Grands souhaitent mettre fin aux attaques et aux contre-offensives.

    2 a. Cest une mtaphore (compar : la foule / comparant : une mare qui monte) qui traduit llan massif et naturel, lunion des hommes pour submerger la villa,

    dans cette ide de nombre, de mouvement et de force.

    b. Cest une comparaison (compar : le silence / comparant : un boa qui se dploie)

    qui traduit la lenteur de lcoulement du temps avec, dans le mme temps, lide

    dune menace sous-jacente, symbolise par le serpent.

    c. Cest une personnification qui fait le parallle entre les arbres et des hommes

    debout. Les seuls compagnons de la mre sont ces arbres humaniss, ils pallient

    la coupure avec le pre.

    Arrt sur luvre p. 173-182

    Des questions sur lensemble de luvre p. 173-174Un rcit de souvenirs

    1 Citez des dtails donns par le narrateur sur les lieux ou le mode de vie de son enfance. Selon vous, en donne-t-il une vision raliste ou idalise ? Le narrateur

    voque les lieux les plus importants pour lui, et les plus symboliques : lcole (cite

    ds la premire page du chapitre 2), le march (p. 17), le minaret do le muezzin

    lance ses appels (p. 51), le cinma (p. 75), la mdina (p. 143) ; ainsi que les lieux

    lis sa famille : la maison (p. 16), la ferme de son pre (p. 63). Les descriptions

    sont rares et insistent sur la foule, les bruits et les odeurs. Le mode de vie repr-

    sent accentue la diffrence entre le sort rserv aux hommes et aux femmes :

    les hommes sont tourns vers lextrieur, travaillent, alors que les femmes sont

    maintenues enfermes, sans autre contact que celui de leur famille. Cest donc

    une vision la fois personnelle et pittoresque qui est donne ici.

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    La Civilisation, ma Mre !

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    Arrt sur luvre

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    2 Dressez la liste des anecdotes rapportes par le narrateur dans la premire partie du rcit. Comment qualifieriez-vous son enfance ? La liste des anecdotes

    rapportes par le narrateur dans la premire partie du rcit est la suivante :

    la danse du mouton suivie du filage de la laine et de la confection des

    vtements ;

    linstallation de la radio ;

    le Nol rat ;

    lachat des chaussures et de la robe pour la mre ;

    la sortie au cinma ;

    lapprentissage de sa mre.

    Cest donc une enfance heureuse, marque par le rire et la joie de vivre, qui nous

    est donne lire.

    3 Comment comprenez-vous la dernire phrase de la premire partie (p. 94) ? Que peut symboliser la nuit ? Cette dernire phrase annonce la fin des souve-

    nirs denfance ( la fin de mon pass , l. 60) et une coupure complte entre deux

    priodes ( La nuit tomba , l. 59). La phrase joue sur le sens propre et le sens

    figur de lexpression : relle, elle est la marque du temps qui passe et symbolise

    le moment crucial de la sparation avec la mre ; mtaphorique, elle est aussi un

    noir fondamental qui va tomber sur le narrateur, absent de la deuxime partie

    du roman, et sur les autres personnages pris dans la tourmente des combats de la

    mre et qui ne parviendront plus retrouver ce bonheur de lenfance.

    La civilisation moderne

    4 Quels objets ou quels progrs techniques jouent un rle important dans le rcit ? Pourquoi ? Les objets modernes jouant un rle important dans le rcit

    sont nombreux : radio, cuisinire, fer repasser, tlphone, voiture Les plus

    importants dans la premire partie sont la radio et le tlphone qui permettent

    la mre de sortir de son enfermement impos et davoir accs au monde. Les

    moyens de transports jouent galement un rle notable car ils permettent de se

    dplacer et de repousser les frontires du monde inconnu, de sortir de lenferme-

    ment. La voiture mne ainsi la mre de village en village, lui permettant daller

    prcher et de diffuser sa bonne parole. Le bateau ouvre sur un monde plus vaste

    encore, il est lappel de lailleurs : le narrateur la pris la fin de la premire partie

    pour venir faire ses tudes Paris, et sa mre le prend dans les dernires pages du

    roman pour partir la dcouverte de lOccident.

    5 Nous sommes condamns au progrs et la civilisation industrielle (p. 135, l. 20-21) : qua perdu la mre au cours du rcit pour quelle se sente ainsi

    condamne ? Louverture sur le monde est le dbut dun apprentissage qui

    condamne la mre quitter son statut dassiste, de femme ignorante qui se replie

    derrire les dcisions de son mari. Une fois que la radio et le tlphone sont intro-

    duits dans la maison, la mre ne peut plus rester dans cette ignorance que lon

    peut qualifier de confortable en ce quelle na de fait pas conscience du monde

    extrieur et de ses injustices. plusieurs reprises dans le roman (l. 36-38, p. 93 par

    exemple) la mre se demande pourquoi on lui a fait quitter ce statut, sa prison

    o, paradoxalement, elle tait heureuse car elle ne savait pas quil existait autre

    chose au-del de son monde troit. Cest donc une part de son innocence que la

    mre a perdue en mme temps que son ignorance ; une innocence sacrifie au

    profit de son initiation au progrs et de sa dcouverte de la civilisation moderne.

    6 Quel regard les Occidentaux portent-ils sur les Marocains daprs le narra-teur ? Et inversement ? Appuyez-vous sur des exemples prcis pour rpondre.

    Les Occidentaux ont un regard au mieux paternaliste, ils ne comprennent pas les

    Marocains et leurs traditions, cest ce que montre lpisode de la lecture (p. 144),

    quand la mre ne peut contenir son rire en lisant les livres occidentaux et les

    erreurs grossires quils comportent sur lhistoire du pays, les pratiques religieuses

    des musulmans ou leur mode de vie. Cette mconnaissance se transforme mme

    en ngation totale de lidentit marocaine quand le narrateur doit apprendre

    lcole la fameuse leon sur [ses] anctres gaulois (p. 50).

    Inversement, la mre pose un regard dabord tonn et plein dincomprhension

    sur le monde occidental : aprs lanecdote des chaussures talons faites par ceux

    qui ne connaissent pas les pieds de chez nous (p. 64), elle en vient se moquer

    des Europens, tournant en ridicule les erreurs des livres (p. 144-145), jetant ceux

    errons ou menteurs (p. 146) et esprant que, comme la mare descendante, les

    Occidentaux quittent leur position dominatrice au Maroc (p. 88) combat quelle

    mne dans la seconde partie du rcit.

    Une femme face un monde dhommes

    7 Retracez lvolution du personnage de la mre : prsentez-la telle quelle est au dbut du rcit, puis relevez les tapes de son parcours initiatique. La mre est,

    au dpart, une femme totalement ignorante et enferme : elle est mre et pouse

    mais prive de libre arbitre et comme prive dme : cest ainsi quelle est dcrite

    dans les premiers chapitres et quelle se dfinit dans la deuxime partie (p. 127-128).

    Elle nexiste pas pour elle-mme mais dans son rapport aux hommes de sa famille.

    Quand ses enfants lduquent, elle souvre peu peu au monde et commence le

    comprendre. Au dbut de la seconde partie, elle se dote mme de moyens daction

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    La Civilisation, ma Mre !

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    Arrt sur luvre

    23

    comme la montre-boussole ou la voiture (chap. 1) pour aller prcher sa bonne

    parole aux femmes des environs.

    Une fois son trajet personnel achev, elle devient lgale des hommes de sa

    famille, on observe mme une inversion des rles : cest elle qui donne des ordres

    et qui explique les choses son mari, elle met son professeur en difficult en

    lui demandant des informations quil ne connat pas ou en le confrontant ses

    contradictions (p. 149-150).

    Ltape suivante fait delle un guide, une initiatrice pour les autres femmes

    ( deuxime partie, chap. 6). Dans les dernires pages du roman, ayant achev son

    parcours, elle quitte le Maroc pour clore dfinitivement ce cycle de vie.

    8 Quelle image le narrateur donne-t-il de son pre ? Justifiez votre rponse par

    des exemples tirs du texte. Le pre est un homme traditionnel, il est la figure

    de lautorit dans la famille ; ce nest dailleurs pas pour rien que la mre croit le

    voir quand elle aperoit de Gaulle la fentre (p. 123). Il volue peu et sloigne

    progressivement de sa femme : au dbut, lapprentissage se fait en cachette (lpi-

    sode de la sortie au parc, p. 63) mais petit petit sa femme devient une trangre

    quil ne comprend pas. Toutefois, ce portrait nest pas entirement charge. Le

    pre, dans la premire partie est montr comme gnreux : il donne de largent de

    poche ses fils en rcompense de leurs bonnes notes et paie la facture de tl-

    phone de sa femme. Il pense avoir t particulirement bon avec son pouse car

    il lui a donn des conditions de vie confortables (p. 126). la fin du roman, enfin,

    il appelle de ses vux cette socit nouvelle et galitaire dont sa femme lui a

    montr la voie (p. 162).

    9 Quels messages la mre cherche-t-elle faire passer dans la seconde partie

    du roman ? Dans le chapitre 2, la mre apporte un message de paix et dgalit

    entre les peuples ; et dans le chapitre 6, elle donne aux femmes les moyens de

    sinstruire et de prendre leur vie en main.

    Des mots pour mieux crire p. 174-177

    Lexique de lapprentissage

    Mots croissHorizontalement : 1. Intellectuel. 2. Abstrait. 3. Archtype.

    Verticalement : A. Entendement. B. Rudiments. C. Critique.

    Lexique de la dominationa. Champ lexical de la domination : autonomie, fodalit, mancipation, hgmo-

    nie, imprialisme, souverainet, tyran.

    Champ lexical de la soumission : brider, colonie, tributaire, tutelle.

    Lexique des idesaltruisme gosme

    avant-garde retardataire, passiste

    conservateur progressiste

    contestation accord, acceptation

    dmocratie dictature

    fatalisme volontarisme

    moderniste passiste

    progressiste conservateur

    philanthropie misanthropie

    Du texte limage p. 181 Photographie dune femme marocaine sa porte, Casablanca, 2003. Portrait dune jeune fille marocaine, 1994.(Images reproduites en couverture et en dbut douvrage, au verso de la

    couverture).

    Lire limage

    1 Analysez la composition de la photographie de couverture en tudiant les cou-leurs dominantes et en montrant que leur opposition organise limage en deux

    grands pans verticaux distincts. La photographie de couverture est un portrait

    en gros plan dune femme, sur le pas de sa porte. Son regard est dirig vers lex-

    trieur mais nous ne savons pas ce quelle observe. La composition de limage se

    divise en deux pans verticaux distincts, dlimits par la porte. gauche de limage

    et en arrire-plan, lintrieur de la maison est domin par une couleur sombre, le

    gris sur le mur du fond, et semble ne pas laisser passer la lumire du jour, mna-

    geant de nombreuses zones dombre. droite de limage et au premier plan, la

    porte est peinte dune couleur claire, vert deau, et semble souvrir vers la lumire.

    2 Dcrivez le lieu o se trouve la jeune fille photographie. Quelle impression se dgage de cette image ? La jeune fille est photographie lintrieur dune mai-

    son, probablement, puisquon aperoit un mur au fond et, au sol, des carreaux noirs

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    Vers lcrit du Brevet

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    et blancs en damier. Vtue des habits traditionnels, elle est assise sur un tabouret,

    tourne de trois quarts vers lobjectif. Son visage, souriant, semble serein.

    3 Sur la photographie de la jeune fille, quel lment de dcor nest pas montr, mais rvl par le jeu dombres et de lumires ? Que peut-il symboliser ? Le jeu

    dombres et de lumires sur la photographie rvle lexistence dune fentre bar-

    reaux. Lombre porte de ce grillage, sur le visage de la jeune fille, semble symbo-

    liser son enfermement : elle est comme emprisonne chez elle, rduite aux seules

    tches domestiques, et na aucun accs direct avec le monde extrieur.

    4 Que rvlent lattitude et lexpression du visage de chacune de ces femmes sur leur tat desprit et leur mode de vie ? Cest moins lexpression du visage que

    les lments du dcor qui nous renseignent sur le mode de vie de ces femmes.

    Elles sont toutes deux tenues lcart du monde extrieur, au seuil de sa maison

    pour lune, clotre domicile pour lautre. Curieusement, malgr ce que les l-

    ments du dcor mettent en avant, le visage de ces femmes semble impassible,

    aucune expression de dtresse ne se lit sur leur visage. Mais peut-tre cette sr-

    nit nest-elle quapparente et cache-t-elle une certaine rsignation ?

    Comparer le texte et limage

    5 En quoi la jeune fille photographie ici peut-elle faire penser au personnage de la mre dans le texte de Driss Chrabi ? Dans la premire partie du rcit,

    retrouvez le passage que cette photographie peut illustrer. La jeune fille pho-

    tographie ici nest pas sans voquer la mre du narrateur dans la premire par-

    tie du rcit. Daprs le peu que nous savons de son enfance, elle a t marie

    trs jeune et nest jamais sortie de chez elle avant que ses fils ne ly poussent.

    Servant de bonne ses parents adoptifs et par la suite entirement dvoue ses

    proches, elle sest vue cantonne aux tches domestiques, restant prisonnire de

    sa propre maison. Cest ce quillustre le passage page 21 : Personne ne lui avait

    rien appris depuis quelle tait venue au monde. Orpheline six mois. Recueillie

    par des parents bourgeois qui elle avait servi de bonne. lge de treize ans, un

    autre bourgeois cousu dor et de morale lavait pouse sans lavoir jamais vue.

    Qui pouvait avoir lge de son pre. Qui tait mon pre (l. 158-163).

    6 quel moment, dans lvolution du personnage de la mre, la photographie de couverture peut-elle correspondre ? Justifiez votre rponse. La photographie

    de couverture peut illustrer lpisode de la sortie au parc (premire partie, cha-

    pitre 6). Comme la femme sur la photographie, le personnage de la mre com-

    mence se tourner vers lextrieur, vers la lumire. Grce ses deux fils, elle a t

    initie au monde et ses progrs, notamment par lintermdiaire de la radio et du

    tlphone. Mais, pareille la femme en couverture, elle hsite encore franchir

    le seuil de sa porte, frontire symbolique avec le monde extrieur : Mais que va

    dire votre pre ? Non, non, non, je ne peux pas Pour lamour de Dieu Je vous

    en prie, mes enfants Je naime pas le drame, il mest tranger Retournons vite

    la maison Vous savez bien que je nen suis jamais sortie (l. 194-197, p. 66).

    Vers lcrit du Brevet p. 209-213

    Premire partie

    Questions

    I. Un rcit denfance

    1. Quel est le point de vue adopt ? Justifiez votre rponse en citant le texte.

    Cest un rcit la premire personne, en point de vue interne : le point de vue

    du narrateur. Le lecteur sait ce quil fait (achat de fleurs, attente de la nuit) et

    connat ses sentiments ( une boule maccompagna de marche en marche, qui ma

    crispait le ventre , l. 8-9).

    2. a. Expliquez qui pose les questions mentionnes aux lignes 32-38, qui, et

    par quel type de discours ces paroles sont rapportes. Cest le narrateur qui se

    pose ces questions lui-mme pour mnager son attente ; elles sont rapportes

    en discours indirect libre : comme au discours indirect, les verbes sont limparfait

    ( soccupait , l. 33 ; comprenait , l. 34) ou au conditionnel prsent ( pourrait ,

    l. 35) mais la ponctuation forte (points dinterrogation) et labsence des verbes de

    paroles montrent que ce nest pas compltement du discours indirect.

    b. Quelles informations ce paragraphe apporte-t-il au lecteur quant au caractre

    du narrateur ? Ce paragraphe traduit lenvie et limpatience du narrateur, dsireux

    de clbrer son premier Nol.

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    Vers lcrit du Brevet

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    3. a. Quel est le temps le plus souvent employ dans le rcit ? Donnez-en un

    exemple. Le temps le plus frquemment employ dans le rcit est le pass simple :

    je fis (l. 1), Ma mre maccueillit (l. 2)

    b. quel temps le verbe a voulu (l. 19) est-il conjugu ? Le verbe a voulu

    est conjugu au pass compos.

    c. Comment expliquez-vous ce changement de temps ? Le narrateur change de

    temps pour mieux marquer la diffrence dpoque entre les diffrents souvenirs :

    le rcit denfance est coup de la situation dnonciation, comme mis distance

    par le pass simple alors que le souvenir du refus des pomes est plus proche, il

    est ancr dans la situation dnonciation.

    II. Le rve dun premier Nol

    4. a. Pourquoi le narrateur crit-il quil veillai[t] avec les mots ? Dans la tra-

    dition chrtienne, la nuit de Nol se droule lors dune veille jusqu la messe de

    minuit. Le narrateur, quant lui, adapte cette clbration en se tenant veill grce

    aux livres qui lui rappellent Nol mais qui nen ont pas la dimension religieuse.

    b. Relevez les lments qui composent lunivers dont rve le personnage. Quont-

    ils en commun ? Le monde dont il rve est marqu par le froid : il y est question de

    neige (l. 13), de Mr Christmas (l. 16), [des] Alpes et [de] lHimalaya (l. 20),

    du pre Nol (l. 20), et des rennes (l. 21).

    c. Ce monde rv est-il proche de lunivers dans lequel vit le jeune garon ?

    Expliquez. Le monde rv est oppos son monde familier. Le monde dans lequel

    il vit, le Maroc, se caractrise au contraire par la chaleur : les arbres (le palmier

    dattier et le mimosa , l. 1-2), labsence de chemine (l. 35-35)

    5. dfaut de chemine, pourrait-il descendre par le tuyau de la cuisinire ?

    a. Rcrivez la phrase en transformant le groupe de mots souligns en proposi-

    tion subordonne. Comme il ny avait pas de chemine pourrait-il descendre par

    le tuyau de la cuisinire ?

    Ou en inversant lordre des propositions : Pourrait-il descendre par le tuyau de la

    cuisinire puisque nous navions pas de chemine.

    Toute subordonne de cause est considre comme juste.

    b. Quel est le rapport logique ainsi mis en vidence ? Cest un rapport logique de

    cause.

    6. Quels sentiments le jeune garon ressent-il ? Appuyez votre rponse sur

    quelques citations. Le narrateur connat limpatience et lexcitation de Nol : il se

    plonge dans lesprit de Nol par la lecture et lcriture ( je veillai avec les mots ,

    l. 10 ; jcrivis mme des pomes , l. 18), compte jusqu cent, jusqu mille

    (l. 24) pour attendre de descendre ses souliers, lutte contre le sommeil. Il connat

    aussi une dception quand sa mre se mprend et le prive darbre de Nol : une

    boule maccompagna qui me crispait le ventre (l. 8-9) ; on peut alors penser aussi

    quil a peur de rater son rendez-vous avec le pre Nol.

    7. Selon vous, le rve du jeune garon peut-il se raliser ? Pourquoi ? Le rve

    du jeune garon a peu de chances de se raliser : son rve est trop loign de la

    ralit gographique et culturelle dans laquelle il vit. Sans compter que son rve

    se heurte un adversaire de taille : la mre. Son rle est de sopposer, ici, la rali-

    sation des vux de son fils. deux reprises elle met en pril lorganisation de son

    Nol europen : elle prend pour elle lersatz de sapin en sattribuant le mimosa et

    elle empche lenfant de placer ses souliers dans la cuisinire.

    III. Le regard du narrateur

    8. a. des yeux paillets de diamants : identifiez la figure de style prsente

    dans cette expression. Cest une mtaphore qui tablit un rapprochement entre

    les yeux et des diamants du fait de leur brillance, leur clat.

    b. Quel sentiment traduit-elle chez la mre ? Vous justifierez votre rponse en

    vous appuyant sur le texte. Cela traduit lmotion de la mre, sa joie face un

    cadeau nouveau, quelque chose quelle na jamais eu, elle qui navait mme jamais

    vu de fleur.

    9. Limagination prtant forme et consistance aux cartes gographiques, jcri-

    vis mme des pomes quaucun diteur par la suite na voulu publier et pour-

    tant ils slanaient la dcouverte des Alpes, de lHimalaya, du pre Nol et de

    son traneau tir par des rennes.

    a. Quelle est la relation logique introduite par et pourtant (l. 19) ? Cest une

    relation dopposition.

    b. Quel regard le narrateur porte-t-il sur lui-mme dans la phrase ? Expliquez

    votre rponse. Cest un regard amus, il se moque un peu des prtentions dcri-

    ture dun enfant qui na rien vu de ce dont il parle.

    10. Quel effet la dernire question, qui porte sur Vercingtorix (l. 37-38), pro-

    duit-elle ? Cette question fait suite une srie dinterrogations sur le pre Nol

    qui montrent la mconnaissance du narrateur propos dune tradition qui nest

    pas la sienne. La dernire question semble changer de sujet, il ny est pas ques-

    tion du pre Nol mais, comme dans les autres interrogations, le narrateur semble

    chercher lappropriation dune figure qui ne lui est pas familire. De faon assez

    lgre et humoristique, lauteur met en cause lducation fallacieuse reue par les

    enfants des pays coloniss.

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    Vers lcrit du Brevet

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    Rcriture

    Vers le soir, je fis lacquisition dune branche de palmier dattier et dun brin

    de mimosa. Ma mre maccueillit avec des yeux paillets de diamants. [] Elle

    cloua la branche de palmier sur la porte de la cuisine, mit le mimosa dans ses

    cheveux.

    Rcrivez ce passage en remplaant je par ils et en employant le

    pass compos au lieu du pass simple. Vous ferez toutes les modifications

    ncessaires.

    Vers le soir, ils ont fait lacquisition dune branche de palmier dattier et dun brin

    de mimosa. Leur mre les a accueillis avec des yeux paillets de diamants. [] Elle

    a clou la branche de palmier sur la porte de la cuisine, a mis le mimosa dans ses

    cheveux.

    Deuxime partie

    Sujet de rflexion

    Le narrateur de ce texte aimerait adopter une tradition issue dune culture qui

    nest pas la sienne. Pensez-vous quil faut tre strictement fidle ses racines,

    ou estimez-vous quil est bon de souvrir aux influences extrieures ? Vous

    appuierez votre rflexion sur des arguments prcis, qui seront illustrs par des

    exemples.

    Pour traiter ce sujet, la situation du narrateur nest quun point de dpart : llve

    doit rpondre la question en suivant son propre point de vue. Il faut commencer

    par tudier ce qui peut tre dfini comme racines , pour qui et o (les exemples

    possiblement traits par les lves peuvent tre les suivants : ftes religieuses,

    repas de famille, composition de la famille et rle de la mre ou du pre). Ensuite,

    llve pourra donner un exemple douverture aux influences extrieures et par-

    ler de ses consquences (le cours dhistoire peut fournir des exemples mais aussi

    des images plus proches des lves : couples mixtes dont les deux membres vien-

    nent de deux traditions diffrentes, voyages et migrations). la suite de ces

    rflexions, llve doit tre mme de rpondre la question pose et dutiliser

    les exemples quil a rassembls.

    Pour russir ce sujet de rflexion, il faut que la rponse soit claire (mme si

    elle peut tre nuance, un mlange de fidlit aux racines et douverture aux

    influences extrieures) et justifie par des arguments dvelopps. Il faut aussi que

    la thse dfendue, les arguments et les exemples soient cohrents.

    Sujet dimagination

    Comme le narrateur de ce texte, il vous est dj arriv davoir trs fortement

    envie de quelque chose et de tout faire pour lobtenir. Racontez comment cela

    sest pass, quel point vous dsiriez cette chose, et quel rsultat vous tes

    finalement parvenu(e).

    Ce sujet, dexprience personnelle, demande de se servir du texte comme point

    de dpart mais pour sen carter rapidement : le narrateur nest plus le mme,

    le temps et le lieu sont ceux de llve. Rester trop proche du texte, en faire un

    calque serait une erreur.

    Llve doit commencer par choisir prcisment lobjet de lattente en question

    en tant attentif ne pas sortir du sujet : un objet, une autorisation, un voyage

    Le sujet donne ensuite tous les lments ncessaires pour organiser le devoir : le

    rcit de lenvie suppose une prsentation dtaille de ce qui fait envie en expli-

    quant pourquoi, ensuite le rcit doit sattarder sur ce qui a t fait pour voir ce

    souhait ralis et enfin, en conclusion, le rsultat de ces actions, cest--dire lob-

    tention ou le refus de ce qui faisait envie.

    Lexpression des sentiments (envie, impatience, crainte, joie ou dception) fait par-

    tie des critres de russite dun tel sujet.

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    Bibliographie et sitographie

    Ouvrages sur la littrature francophone

    Jean-Paul Beaumarchais, Dictionnaire des littratures de langue fran-

    aise, Bordas, 1987.

    Jacques Noiray, Littratures francophones I : Le Maghreb, Belin, 1996.

    Collectif, sous la dir. de Jean-Louis Joubert, Les Littratures franco-

    phones depuis 1945, Bordas, 1993.

    Ressources sur Internet

    Sur La Civilisation, ma Mre ! et la littrature africaine

    http://crdp.ac-paris.fr/parcours/index.php/category/chraibi : squence

    sur La Civilisation, ma Mre ! de Khadidja Afrounn-Alabouch, profes-

    seure de lettres.

    http://www.limag.com : site consacr aux littratures du Maghreb

    (Algrie, Maroc et Tunisie).

    http://www.africultures.com : site de la revue du mme nom.

    Sur la peinture orientaliste

    http://www.expo-orientalisme.be/infos/fr/introduction.html : visite

    virtuelle de lexposition De Delacroix Kandinsky. Lorientalisme en

    Europe .

    http://orientaliste.free.fr/expovirt/index.html : nombreux tableaux

    orientalistes.

    http://expositions.bnf.fr/veo/index.htm : exposition sur le voyage en

    orient en photos et en textes au xixe sicle.