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TENDANCE Nos selfies nus P. 17 SUISSE-FICTION Feuilleton en boîte P. 15 GENèVE Mauvaise bannière P. 7 VALAIS Commodités incommodantes P. 5 JAA – 1300 Eclépens PP/Journal – Poste CH SA Vendredi 22 août 2014 // N o 199 CHF 3.50 // Abonnement annuel CHF 140.– // www.vigousse.ch

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TendanceNos selfies nusP. 17

SuiSSe-FicTionFeuilleton en boîteP. 15

GenèveMauvaise bannière P. 7

valaiSCommodités incommodantes P. 5

JAA – 1300 Eclépens PP/Journal – Poste CH SA

Vendredi 22 août 2014 // No 199 CHF 3.50 // Abonnement annuel CHF 140.– // www.vigousse.ch

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Vigousse vendredi 22 août 2014 Vigousse vendredi 22 août 2014

C’est con, une bombe. Presque aussi con qu’un

missile, un virus ou la pire des nouvelles. Ça

vous tombe sur la gueule sans prévenir, ça

fait des centaines, des milliers de morts, des

orphelins, ça répand le malheur partout. Le

seul avantage, c’est que ça meuble l’été et que ça fait oublier que

dehors il pleut qu’il va bientôt falloir ressortir les petites laines.

Ça console un peu, et ça permet de se dire que, tous comptes

faits, ici ce n’est pas plus mal qu’ailleurs. Et qu’on a bien de la

chance d’être d’ici et pas d’ailleurs.

L’été, donc. Grillades, rosé et compagnie. « Vive les vacances,

plus de pénitence, les cahiers au feu, la maîtresse (d’école) au

milieu », chantait France Gall il y a… Il y a longtemps. Sauf

qu’en été, justement, et à l’heure du farniente et du repos bien

mérité, il se passe des choses. Et pas forcément belles. Là c’est

un général qui appuie sur la gâchette, ailleurs c’est un nouveau

tsar qui se sent des envies de conquête et plus bas sur la carte

ce sont des populations entières qui continuent de crever de

faim et de réclamer des vivres et des médicaments. Mais bon,

c’est l’été et on s’en fout puisque l’été, c’est fait pour oublier les

soucis quotidiens. Et le reste avec.

L’été, c’est clair, ce n’est pas fait pour se poser des questions.

Séparatistes ou pas, musulmans ou chrétiens, virus Ebola ou

autres moustiques se mêleraient de pourrir nos vacances ? Non

mais franchement, pour qui ils se prennent ? Ils n’ont donc rien

d’autre à faire que venir nous titiller la bonne conscience entre

le château de sable, le pastis et les embouteillages ? L’été, on le

répète, c’est fait pour le repos de la ménagère, de l’employé et

du guerrier que nous sommes tout le reste de l’année.

La preuve, août est à peine fini qu’il faut se remettre au turbin,

dire oui au chef, nourrir sa famille et gagner de quoi payer ses

primes d’assurance maladie.

Et là, quelle que soit la météo, ça va vraiment nous faire suer.

a F F a i r e S e n c o u r Tc ’ e S T P a S P o u r d i r e ! Q u e l l e S e M a i n e ! 32

L’été meurtrierRoger Jaunin

Coup de pied aux caissesL’argumentaire du lobby des assureurs s’affine et s’affirme à mesure que la campagne sur la caisse publique approche des votations, le 28 septembre prochain. On découvre ainsi une publicité où un monsieur s’inquiète : « Je ne veux pas m’enfermer dans un système à la française. » Bigre ! Manifestement, pour la droite, il n’y a aucun problème sérieux que les thèmes de la peur et de l’étranger ne puissent résoudre.

Derniers nezNe parvenant plus à maîtriser le braconnage et face à l’ampleur des massacres qui déciment les rhinocéros, l’Afrique du Sud a décidé de déplacer plus de 500 spécimens hors du Parc Kruger. Pour leur survie, les bêtes seront envoyées dans d’autres parcs nationaux, voire dans d’autres pays. Une situation qui dépasse les cornes.

Haine perdueDans son discours du 1er Août, le président du Conseil d’Etat tessinois Manuele Bertoli a vanté les bienfaits d’une Suisse plus accueillante et d’un canton italophone aux frontières plus souples. Une ouverture de territoire et d’esprit qu’il paie cher : depuis, le socialiste est la cible d’incessantes injures et calomnies de la part de membres hargneux de la Lega. Voici quelques jours, une page Facebook (anonyme) invitait élégamment le politicien « à se suicider », puis, lundi 18 août, un post souhaitait directement sa mort par balle. Mais il faut dire qu’à la Lega la pensée est vite dépassée par les maux.

LE CHIFFRE

50 millionsTel est le chiffre d’affaires

attendu par les organisateurs de la Fête fédérale de lutte suisse et des jeux alpestres d’Estavayer-le-Lac (FR) en

2016. Culottés, les Broyards lancent un appel aux

bénévoles dans La Liberté (19.08.14). Pour tracer les

ronds de sciure ou pour encaisser les ronds ?

Flanche rigoladeLe vice-Premier ministre turc Bulent Arinç croit bon de rappeler aux femmes qu’elles doivent « conserver une droiture morale et ne pas rire trop fort en public ». Déjà confinées à un rôle de potiches reproductives par le gouvernement islamo-conservateur, les Turques savent désormais que le rire est à craindre.

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Vigousse vendredi 22 août 2014 Vigousse vendredi 22 août 2014

Secrétaire général de la Fédéra-tion romande des consommateurs (FRC) depuis six ans, le beau Mathieu Fleury est unanimement couvert d’éloges. Les médias se disputent ce bon client au dis-cours clair, précis et incisif. Pour cette rentrée, le George Clooney de la FRC engage ses troupes à défendre l’initiative pour la caisse maladie publique, qui passera en votation le 28 septembre.

Juste avant les vacances, la FRC avait annoncé l’engagement d’une responsable politique de la santé. Et le recrutement, manifestement, n’a pas été une promenade de santé. Ainsi Marie*, qui s’était portée can-didate en février 2013, a-t-elle reçu

une réponse négative en… juillet 2014. Avec la lettre type et les remer-ciements d’usage pour la patience et la compréhension dont elle a fait preuve durant une année et demie.« Il est exact que la recherche de notre nouvelle responsable santé a connu bien des péripéties et que je suis loin d’être content de la ma-nière dont les choses se sont pas-sées... », reconnaît Mathieu Fleury. C’est que Marie a été envisagée comme candidate valable d’un bout à l’autre du processus, mais que le processus s’est avéré long et compliqué... « Le seul reproche que l’on peut me faire, à juste titre, est de ne pas l’avoir avertie plus tôt que la recherche n’était pas aboutie, mais durerait (vraiment !) plus long-

DéLAi DE CArENCE Quand la Fédération romande des consommateurs embauche quelqu’un pour s’occuper des patients, les candidats doivent être très très patients.

Date limite limite

F a i T S d i v e r S e T v a r i É S4

« Liebe Parlamentarierinnen, liebe Parlamentarier… » : ainsi débute un aimable courriel adressé le 15 août dernier à tous les députés fédéraux et signé par madame Bea-trice G. Lombard-Martin, « Execu-tive President » du Swiss Russian Forum. Tout dévoué au maintien d’excellentes, amicales et juteuses relations entre l’Helvétie et la Rus-sie, ce machin défend évidemment sa propre vision de la crise ukrainienne : en substance et en gros, les séditieux de Kiev sont des vilains méchants et Vladimir Poutine est un type extra, modéré, avisé et sympa comme tout.

Bien sûr, le manichéisme inverse est tout ce qu’il y a de discutable, l’Occident n’ayant que trop ten-dance à oublier allègrement ses propres turpitudes impérialistes, à perpétuer les vieux réflexes sim-plistes de la Guerre froide et à peindre un peu vite l’ogre russe sur la muraille. Bien sûr, les dirigeants ukrainiens ne sont pas des enfants de chœur ni des adeptes acharnés de la démocratie. Bien sûr, la situa-tion est complexe et Dieu sait quels intérêts privés, pétroliers, gaziers, céréaliers, militaro-industriels bar-botent dans l’ombre pendant que les populations civiles, comme d’habitude, trinquent.

Pour autant, le soutien mili-taire et politique russe aux séparatistes ne peut guère être considéré comme une action de bienfaisance, à plus forte dérai-son quand un avion de Malaysia Airlines est stupidement descen-du. D’où de vertueuses sanctions états-uniennes et européennes,

sanctions assez hypocrites pour ne pas annuler les gros contrats et autres coopérations très payantes avec la Russie.Bref , sur cette toile de fond sombre et embrouillée, le Swiss Russian Forum apporte sa touche de clarté : la Suisse ne doit pas adopter des restrictions à l’encontre des gentils Russes. Et pour en convaincre les parlemen-taires, sa présidente les convie aima-blement, le 23 septembre prochain, à une « discussion ouverte » sur le thème : « Les sanctions occidentales contre la Russie, mesures sensées ou autogoal ? » On croit deviner que la question est purement rhétorique et que la thèse de l’autogoal devrait s’imposer rapidement.

VoDKA D’éCoLE Un groupe d’influence pro-russe drague les parlementaires fédéraux, mais rate son rendez-vous.

Suisse-Russie, zéro-zéro

F a i T S d i v e r S e T v a r i É S 5

temps que prévu. » Désistements de dernière minute, profil recher-ché quasiment inexistant sur le marché, divergences sur le salaire, Mathieu Fleury énumère les aléas de la chasse à l’oiseau rare. « J’ai eu toutes les galères, mais heureuse-ment l’annonce est restée sur notre site pendant toute la durée, ce qui a permis finalement l’émergence de la candidate vraiment idéale. » Tant mieux, car l’heureuse titu-laire n’aura pas la tâche facile :

elle a pour mission de défendre les intérêts des consommateurs-assurés-patients dans le domaine de la santé et d’être leur porte-pa-role dans le débat public, dans le sens d’une politique de santé pu-blique pérenne. Et entre la hausse annoncée des primes maladie et l’échéance du 28 septembre, elle va devoir travailler comme une malade ! Jean-Luc Wenger

* nom connu de la rédaction

Le raout, auquel participeront notamment de jeunes avocats venus de Russie, sera bien évi-demment parachevé par un dîner-buffet, dont on ignore toutefois l’abondance en caviar russe. Il y a juste un léger problème : cette édifiante et très objective manifes-tation destinée aux parlementaires helvétiques se déroulera, donc, le 23 septembre, à 18 heures 30, Bellerivepark, à Zurich. Alors que lesdits parlementaires helvétiques seront en pleine session, Palais fédéral, à Berne.Ce qui soulève une question lan-cinante : « Choix de date et de lieu judicieux, ou autogoal ? » Laurent Flutsch

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Bête de concoursCoUP DE LEUrrE En matière de soutien à l’innovation, Lausanne innove en soutenant ce qui n’aurait pas vraiment besoin de soutienà l’innovation

Depuis 11 ans, la Ville de Lausanne organise le concours PERL (Prix Entreprendre Région Lausanne, en petit nègre dans le texte). But : encourager l’esprit d’entreprise en allouant chaque année la somme de 100 000 francs à des « projets novateurs, économiquement viables et qui contribuent à la création et au maintien d’emplois dans la région lausannoise ».

ouvert à toute entreprise en création ou en développement, ce concours vise avant tout à offrir une visibilité à des projets encore trop confidentiels en prenant en compte « l’impact financier que la récom-

pense peut avoir sur l’avenir des projets soumis à son appréciation ». Voilà qui est bel et bon.

Présidé par Daniel Brélaz, le jury a choisi cette année de décerner le prix « coup de cœur », d’un mon-tant de 10 000 francs, à la société en constitution G-Therapeutics, laquelle développe « des technolo-gies médicales visant à restaurer le contrôle volontaire de la locomo-tion chez des patients paralysés ». Et ce grâce à « une approche pluridis-

ciplinaire combinant la robotique, l’électronique et la pharmaceu-tique ». Très bien, très bien. Sauf que G-Therapeutics est une excroissance privée (spin-off) du laboratoire du professeur Courtine, de l’EPFL. Un laboratoire qui, en août dernier, a été généreusement arrosé par la manne de l’Ecole fédérale, à hauteur de 9,5 millions de francs. C’est dire si le prix de 10 000 balles octroyé par Lausanne Région à sa jeune entre-prise satellitaire est du pain bénit…

Comme le souligne Gustave Muheim, président de Lausanne Région et organisateur du prix PERL, le jury a toujours su repérer

de jeunes pousses prometteuses, capables de grandir pour donner les fruits du succès. Le fait que le professeur Courtine fasse la une des revues scientifiques du monde en-tier depuis 2012 n’enlève rien, bien entendu, à cette vocation de déni-cheur de talents méconnus. Que les laissés-pour-compte qui auraient un besoin vital de 10 000 francs se consolent, le prix PERL reviendra en 2015. Qui sait, peut-être le « coup de cœur » du jury récompensera-t-il une modeste société naissante pour un projet novateur et en manque de financement, comme les CFF pour leur nouvelle ligne Lausanne- Genève... Sacha Durant

tel est prix...

Miction impassibleHoMMAgE à PiE Vii (Dé)pantalonnade : en se soulageant contre l’église du village, des cyclistes créent un nouveau torrent valaisan.

En ce matin du 1er Août, un soleil radieux (entre deux averses) nimbe la petite église romane de Saint-Pierre-de-Clages (VS) et son fameux clocher octogonal. Un lecteur indi-gène voit soudain, vers 10 heures, une centaine de cyclistes, casqués et tous pareillement équipés, déferler sur la place de l’Eglise : c’est le pelo-ton d’une course populaire, la Cy-closportive des vins du Valais, qui déboule de Martigny. Comme c’est la première étape de la journée, les sportifs se ravitaillent et ressentent l’urgent besoin de se vidanger la vessie. Las ! Seuls deux WC publics sont disponibles. Ingénieux dans l’adversité, certains se rendent dans l’un des quatre bistrots de la place. Mais la capacité d’absorption desdits établissements est loin de suffire et l’heure de repartir approche. Or les amateurs veulent rouler groupés.

Force est donc d’improviser : ni une ni deux, jeunes, vieux, hommes, femmes baissent leurs cuissards et, alignés en rang d’oignon, urinent le long des jardins fleuris et contre les murs du vieux prieuré. Les tour-nesols en fleur en auraient presque rougi. Conscient du désagrément, le président de la commune de Chamoson, dont fait partie Saint-Pierre-de-Clages, a contacté les organisateurs de la Cyclosportive. Pour sa prochaine édition, c’est pro-mis, le nombre de lieux d’aisance sera mieux adapté à celui des parti-cipants. En attendant, les habitants peuvent s’estimer heureux que les cyclistes n’aient pas eu envie d’aller à selle ! J.-L. W.

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Vigousse vendredi 22 août 2014 Vigousse vendredi 22 août 2014

Nous évoquions il y a une année et demie (Vigousse, 08.02.13) cette incroyable découverte de l’EPFL : un habile groupe de chercheurs, suite à une démarche longue, patiente et déterminée, était par-venu à identifier la présence d’un milliard d’euros sur Bruxelles et à mettre la main dessus. Un triomphe scientifique alors juste-ment salué par la presse unanime et aussitôt surnommé le Human Brain Project. Car cette décou-verte semblait offrir la possibilité de comprendre assez rapidement tous les secrets du cerveau humain et de ses maladies.Mais nos nouveaux Copernic n’étaient pas au bout de leurs peines. Au mois de juillet dernier en effet, un groupe de chercheurs rival remettait en cause ce résultat spectaculaire. Avec, comme c’est souvent le cas en sciences, une question aussi simple qu’embarras-sante : « Ce milliard existe, certes, mais à quoi sert-il exactement ? »

De fait, nul ne semblait connaître la réponse. Sous la forme d’une lettre ouverte adressée à Bruxelles et d’une pétition en ligne, ces « frondeurs », comme on les a appelés, interro-geaient vigoureusement la direction du Human Brain Project, décriant une vision scientifique étroite et vouée à l’échec, une tendance au baratin et à la survente, ainsi qu’un management opaque et tyrannique contaminé par des conflits d’inté-rêts et par le spectre de la corrup-tion. Ces djihadistes de la synapse, au nombre de 755 à ce jour, dont de nombreux « partenaires » du projet, menaçaient même de boycotter cette promesse d’une grande aventure.

La réponse ne se fit pas attendre. Tous ces prestigieux contestataires se trompaient. Ils faisaient partie de la vieille école, terrifiée à l’idée de tout changement, ne comprenaient ni la beauté ni la nou-veauté du projet, étaient jaloux de ne pas avoir décou-vert eux-mêmes le milliard d’euros. Des sales gosses, en somme. On leur expliqua alors, à nou-veau, qu’il s’agissait de créer des « synergies » et des « plateformes » afin de « galvani-ser la communauté scientifique ». Ne comprenaient-ils donc rien à rien ?

Mais dans la foulée, on révé-lait également, subrepticement, une nouvelle dé-couverte extraordinaire : après maintes analyses, il s’avérait que finalement, en réalité, le mys-térieux milliard ne servirait pas du tout à comprendre le cerveau hu-main et à guérir ses maladies, mais à construire des superordinateurs pour enregistrer et organiser le tra-vail des autres, et c’était tout.Les frondeurs remarquèrent alors que c’était là le boulot de n’importe quelle start-up dans le « neuro-morphique » ou le « big data » et que le milliard découvert devait sûrement avoir des fonctions plus ambitieuses et utiles. Comme ils n’étaient ni informaticiens ni pu-

HUMAN BLêME ProJECt Les neurones artificiels du Human Brain Project, basé à l’EPFL, commencent déjà à griller. En cause : le milliard d’euros accordé par l’Union européenne ferait chauffer les méninges.

blicitaires, mais biologistes, psy-chologues ou médecins, ils avaient la nette sensation de s’être fait rou-ler dans la farine…Et au beau milieu d’un été aussi pourri que meurtrier, on compre-nait alors ceci : ce n’est pas demain la veille qu’on va élucider les mystères du cerveau humain ni guérir ses ma-ladies. Certains se demandent même si, comme on le croyait jusqu’alors, le pognon en vaste quantité est véri-tablement propice à la découverte désintéressée des secrets de la na-ture. Une nouvelle piste à explorer ?

Sebastian Dieguez

Fuite de cerveauA force d’avoir été vu partout et es-sayé par tout le monde, le selfie est déjà ringard. En revanche, son cou-sin sentimental monte en flèche. Le relfie, accouplement de relation et selfie, désigne donc un autoportrait de couple. Beaucoup plus stéréotypé que la simple egophoto à bout de bras, il colonise les profils des plus jeunes utilisateurs des réseaux sociaux. A tel point qu’il ne serait pas imagi-nable, selon plusieurs témoignages d’ados dans les médias en ligne, de vivre une relation amoureuse vrai-ment épanouie sans publier des pho-tos de l’idylle… C’est un moyen de marquer son territoire et d’afficher un bonheur formaté façon jour-naux people. Une légende digne des pires romans de gare, un regard trop doux, un décor intimiste, des vête-

ments partiellement ôtés et des che-veux un brin ébouriffés font partie des incontournables de la discipline. Il arrive toutefois que l’un des par-tenaires, un peu moins enclin que l’autre à se faire tirer le portrait, tire carrément la tronche. Et s’il faut souvent s’y reprendre à plusieurs fois pour réussir un simple selfie, le relfie double les risques d’avoir les yeux fermés, un rictus disgracieux ou autre profil peu avantageux. La séance peut donc durer des plombes jusqu’au cliché parfait.Car il est bien sûr impératif que l’image suscite la jalousie auprès du plus grand nombre possible d’amis virtuels. Lesquels réagiront de manière calibrée avec des com-mentaires du type « vous êtes trop choux » ou « vous allez trop bien ensemble ». Naturellement, les mêmes écriront « je savais qu’il (elle) n’était pas fait(e) pour toi » quand les tourtereaux supprimeront pré-cipitamment les preuves de leur bonheur exhibé, espéré et expiré.

Samuel Dubuis

têtES à CLiC-CLAC Aujourd’hui, si des amoureux regardent ensemble dans la même direction, c’est pour se prendre en photo et publier le résultat sur la Toile.

« Relfies » et garçons

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Antimoustiques et mauvais sangMalgré la météo pourrie de juillet et août, difficile d’éviter la plaie numé-ro un de l’été : le moustique femelle, infernal minivampire qui, au propre comme au figuré, vous boit le sang.

Heureusement, homo sapiens a développé tout un arsenal défensif. Pour tenir l’ennemi en respect, il mise sur la dissuasion en usant no-tamment d’armes chimiques. Ainsi la redoutable molécule « N, N-Di-méthyl-3-méthylbenzamide » (pour faire court, le DEET) se trouve- t-elle dans un large choix de pro-duits pour habitation ou pour la peau, tel l’Anti-Brumm.Or cette formule toxique, fort effi-cace contre les moustiques et autres insectes énervants, n’est pas vrai-

ment bienfaisante pour les mam-mifères, dont elle affecte le système nerveux : elle inhibe en effet une en-zyme cruciale dans l’échange d’in-formations entre neurones. Même si ce menu défaut n’a pas encore été officiellement prouvé sur l’humain, diverses études incitent à la pru-dence. Mieux vaut donc proscrire la molécule en question à moins de partir en villégiature dans des zones infestées par la dengue, la malaria ou le chikungunya.On trouve aisément des produits sans DEET dans le commerce. L’ennui, c’est que les autres prin-cipes actifs agissant comme répul-sifs ne sont guère plus rassurants. Par exemple, le spray de Migros, Optimum, contient de la cyper-

méthrine, du butoxyde de pipéronyl (PBO) et de la tétraméthrine. La cyperméthrine, com-posé toxique et irritant, s’avère dangereux pour les chiens et extrême-ment néfaste pour les abeilles, qui n’ont pas besoin de ça en ce moment. Quant au PBO, il affaiblit le système immuni-taire et peut subsis-ter deux semaines sur des jouets d’en-fants. Ajoutons que les trois composants sont à éviter dans une pièce avec aqua-

rium, car très nocifs sur les organismes aqua-tiques. De plus, les propriétaires de chats devraient bannir tout

ce qui contient de la per-méthrine sous peine de

voir leur félin se convulser en bavant.

Mais alors comment combattre les moustiques sans effets secon-daires ? Facile : moustiquaires, ré-pulsifs naturels à base de pyrèthre, d’huiles essentielles ou de citron-nelle, pots de basilic ou de menthe aux fenêtres. En d’autres termes, mollo sur l’arsenal chimique ; car selon la sagesse chinoise, « c’est quand un moustique est posé sur tes testicules que tu vois que la violence ne résout rien ». Noémie Matos

Drapeau de chagrin

A la suite de 20 minutes (12.08.14), la presse romande a largement rela-té les exploits du policier genevois qui, sous le poétique pseudonyme « Hussard noir », gorillait un juif orthodoxe et clamait sur Face-book sa ferveur nostalgique pour le nazisme et le IIIe Reich. « Le commencement de tout… Joyeux anniversaire à notre Empire », pos-tait-il 80 ans après la prise de pou-voir du Führer, entre éloges de la Waffen SS et photos de lui devant le fameux étendard de la marine de guerre du IIe Reich. Le même, note laconiquement 20 minutes, qui « avait créé la polémique l’an dernier lorsqu’il avait été filmé chez Oskar Freysinger ». Rappelons que l’esthète valaisan arguait alors que s’il avait accroché ce drapeau dans son antre, c’est qu’il le trouvait joli, c’est tout.Là-dessus, ignorant (ou feignant d’ignorer) que l’étendard fut repris par le mouvement nazi munichois d’Ernst Röhm et Adolf Hitler, puis devint après-guerre un emblème pour néonazis allemands interdits de croix gammée, Pascal Décaillet accabla de sarcasmes ces pauvres ignares qui, croyant confondre Freysinger, confondaient le IIe et le IIIe Reich. Et de pontifier sur la différence entre les deux.On attend donc impatiemment qu’il réexplique que ce drapeau, chez un policier genevois ouvertement néo-nazi, n’a strictement rien à voir avec le néonazisme. L. F.

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« Elle préfère me savoir en prison qu’auprès de ma femme. »

Audience en correctionnelle dans un tribunal d’arrondissement. Noms fictifs mais personnages réels et dialogues authentiques.

Madame Cioban et monsieur Georgiu sont accusés de vol en bande par métier, utilisation frauduleuse d’un ordinateur par métier et blanchiment d’argent.– Entre les cantons de genève, Neuchâtel et Vaud, vous êtes soupçonnés d’avoir commis une jolie vingtaine de vols, annonce le juge. Et le modus operandi est toujours le même : Madame s’approche d’une personne qui effectue un paiement à l’aide de sa carte bancaire et mémorise son code PiN. Ensuite, Monsieur subtilise le porte-monnaie, ou juste la carte, puis les deux complices effectuent des retraits d’argent. Au total, vous avez dérobé plus de 50 000 francs. Et encore, cette somme ne concerne que les cas que la police a pu vous attribuer.– Ma cliente reconnaît tous les faits, intervient son avocat.– Le mien ne reconnaît que les cas 6 et 17, enchaîne l’autre défenseur.– Marrant, commente le magistrat ; Monsieur n’admet que les affaires où il y a des preuves irréfutables, soit des photos de lui retirant de l’argent avec des cartes volées.– Je ne l’ai aidée à voler que deux fois ; pour le reste, ce n’est pas moi, insiste monsieur Georgiu.– C’est étrange, relève le procureur, car sur plusieurs autres affaires, la surveillance téléphonique démontre pourtant votre présence aux heures et aux lieux des crimes.– J’ai rien fait, je n’étais pas là. C’est elle, pas moi, mais elle veut m’entraîner avec elle.– Est-ce que vous vous considérez comme victime de Madame ? demande le juge.– oui ! C’est de la jalousie, elle se venge ! D’ailleurs, au début, elle a reconnu que je n’y étais pour rien. Elle ne m’a accusé qu’après six ou sept mois, soit après avoir reçu ma lettre…

– oui, bon, vous avez quand même été arrêtés ensemble et en possession d’argent volé, bougonne le procureur.– … lettre dans laquelle je lui annonce que je suis vraiment déçu par elle et que je veux retourner auprès de mon épouse, poursuit l’accusé. Et comme elle préfère me savoir en prison qu’auprès de ma femme, elle m’accuse d’être son complice !– Mais alors pourquoi m’avoir d’abord avoué tous les crimes ? s’étonne le procureur.– Ben, j’ai quand même eu pitié d’elle, c’est la mère de deux de mes enfants, alors j’ai voulu endosser. Mais c’est pas vrai, c’est elle et elle seule la coupable.– Que je comprenne bien, résume le juge : alors que vous étiez marié à une autre femme, vous avez fait deux enfants à madame Cioban, puis vous êtes venu avec elle en Suisse. Mais maintenant vous voulez retourner auprès de votre femme. Par simple curiosité, qui s’occupe des enfants ?– Avant, c’était ma mère… répond l’accusé.– Et maintenant c’est la mienne, coupe Madame.– Quand on fait des enfants, c’est pour s’en occuper, pas pour les laisser à sa maman ! Passons… Donc Monsieur est une victime de la jalousie. Et vous, madame, quelle est votre version ?– C’était son idée de venir en Suisse pour voler et moi, je l’ai suivi. A chaque fois, on a agi ensemble.– Et que vous a-t-il ordonné de faire si vous étiez prise par la police ?– il m’a dit de ne rien dire, de tout nier. Mais je regrette vraiment ce que j’ai fait, alors je préfère avouer et assumer.Les deux prévenus sont reconnus coupables de tous les chefs d’accusation. Monsieur Georgiu est condamné à 42 mois de peine privative de liberté et madame Cioban écope de 30 mois de prison, dont 15 avec un sursis de deux ans. Lily

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Le jour le plus conLe mardi 19 août a marqué le sinistre « Jour de dépassement de la Terre 2014. » Une date qui indique l’instant où l’humanité a consommé son lot annuel des ressources renouvelables de la planète. Et jusqu’à la fin de l’année, soit encore quatre mois et douze jours, l’espèce humaine surconsommatrice vivra donc à crédit... Une dette à claques.

Le salé de la peurUne récente étude américano-britannique a établi que l’abus de sel, qui fait grimper la tension artérielle et donc augmente les risques de maladies cardiovasculaires, tue 1,65 million de personnes par an. Alors qu’il est recommandé de consommer 2 grammes par jour, les êtres humains en engloutissent globalement 3,98 grammes (2,18 grammes en Afrique subsaharienne et 5,51 grammes en Asie centrale !). Des chiffres qui vont droit au cœur.

riz au champignonDès vendredi 22 août, du riz de Fukushima est exporté à Singapour. Alors que le produit est déjà vendu au Japon depuis plusieurs mois, Singapour est le premier territoire étranger qui accepte de commercialiser du riz de la région nippone sévèrement irradiée en 2011. Pour consommer ce riz-là, les Singapouriens ont-ils un petit grain ?

e n c o u r T

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Vigousse vendredi 22 août 2014 Vigousse vendredi 22 août 2014

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Et vous, êtes-vous un homme ?LES tHéoriES DU ProFESSEUr JUNgE Cette semaine : pourquoi les droits de l’homme ne sont qu’une vaste plaisanterie à laquelle la Suisse n’a pas à se plier.

L’UDC va lancer une nouvelle initiative, car elle en marre que des traités internationaux lient la Suisse dans des domaines comme l’asile ou la sécurité. En ligne de mire : la Convention européenne des droits de l’homme et le « culte des minorités » qui s’ensuit, selon les termes de la conseillère natio-nale Céline Amaudruz, notions dont la Suisse est prisonnière.

Bien sûr, comme à chaque fois que l’on profère une vérité dans ce pays, une fronde de bas du front n’a pas tardé à juger les déclara-tions de la Genevoise inaccep-tables. Comment imaginer que la Suisse, avec sa tradition huma-nitaire, puisse rejeter un concept aussi fondamental ? se sont indi-gnées les poules dans la basse-cour gaucho-altermondialiste. Or il faut bien préciser qu’il y a ici un malentendu fâcheux. L’UDC n’a rien contre les droits de l’homme. Mais encore faut-il s’entendre sur la définition du mot « homme ». On aimerait nous faire croire que ce terme recouvre les nègres et

Pitc

h

les PD, les bougnoules et les you-pins, les métèques, les infidèles, les francs-maçons, les zazous et autres chinetoques. Mais ce ne sont pas des hommes. Juste la lie de l’humanité.

Qu’est-ce que c’est alors qu’un homme ? demanderez-vous. Eh bien c’est très simple : il s’agit d’un Zurichois, ou plus largement d’un Suisse, millionnaire, si possible milliardaire, qui n’aime pas qu’on lui dicte son comportement, car il sait exactement ce qui est bon pour lui. Cet homme véritable est en outre reconnaissable au fait qu’il est opprimé par les pauvres et les étrangers qui tentent sans relâche de bafouer ses droits. Mais contrairement à toutes les minori-tés méprisables, il n’a pas besoin qu’on défende ses droits à sa place, il se débrouille très bien tout seul.On se trouve ici en présence d’un exemple typique de problème de terminologie. Les droits de l’homme, cela ne représente pas grand-chose, car cela englobe tout et n’importe quoi. Si on rebaptise

cela les droits du Zurichois (ou Suisse) millionnaire (ou milliar-daire), alors là on a immédiate-ment envie d’y adhérer ! Voilà une convention qui nous représente-rait fidèlement.Comment, cher lecteur ? Vous avez l’impression que, bien que

Le 8e conseiller fédéralDepuis son bunker sous le Palais fédéral, il dirige dans le plus grand secret le Gouvernement helvétique.

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Mais c’est horrible ce que vous me dites là !

C’est la fin du monde !

Quoi ?

Et en plus, la Suisse n’a pas gagné la Coupe du

monde de foot…

Bonjour, Didier, je suis de retour de vacances.

J’étais dans un trou perdu. Je n’ai pas suivi l’actualité.

Mais de tout ce qui s’est

passé !

De quoi ?

Vous n’êtes pas au

courant ?

Ça ne va pas ?

Mon Dieu, vous voilà

enfin, chef !

Israël a arrosé Gaza de bombes !

C’est l’hécatombe !

Mmh…

Les Russes ont abattu un long-courrier civil

au-dessus de l’Ukraine et tué par la même

occasion les meilleurs chercheurs dans le domaine du sida !

Les avions tombent comme des mouches !

L’épidémie d’Ebola progresse à une

vitesse fulgurante !

On est à deux doigts d’une

Troisième Guerre mondiale !

Les islamistes décapitent à tour de

bras en Irak !Mmh…

Suisse, vous ne possédez pas assez d’argent pour être inclus dans la catégorie définie ci-dessus ? Mais êtes-vous bien certain d’être un homme ? Ne seriez-vous pas un peu chinetoque ou zazou sur les bords ? Professeur Junge, phare de la pensée contemporaine

Cher Geri,Gardien de but de l’équipe de foot du Conseil national, tu t’es planté un bel autogoal. Tout vert et maire de Baden (AG) que tu sois, tu n’étais pas obligé d’envoyer des por-traits de toi tout nu dans ton bureau. Il ne fallait surtout pas les envoyer à cette dame qui s’est empressée de diffuser cette « information » à la presse dominicale. Tu as tenté de par-ler de ta part d’ombre devant les médias réunis à Zurich le mardi 19 août. Tu leur as dit que « c’était une grosse erreur» et que tu avais honte devant la Terre entière. Rien que ça.Pour ta défense, tu as expliqué que ta journée de travail court de 5 heures du matin à 2 heures du matin le lendemain et que certaines affaires person-nelles étaient traitées durant ce laps de temps. Sans accu-ser ta partenaire virtuelle, tu as affirmé qu’elle préparait un livre sur les fantames éro-tiques et t’envoyait jusqu’à trente SMS par jour.A ton corps défendant, tu as rouvert le débat vie privée-vie publique, y compris dans le « journal suisse sérieux » (« Le Temps », 18.08.14) qui te consacre un éditorial.Ecolo atypique, tes positions pro-palestiniennes ont fâché quelques collègues à Berne. An-timilitariste, tu choisis sou-vent la provocation pour faire passer tes idées. Politicien aguerri, tu devrais pourtant sa-voir que pour tes autoportraits à poil il serait préférable d’éviter le bureau. Et peut-être de revenir au polaroid.

Jean-Luc Wenger

A Geri MüllerNu comme un Vert

LE CoUrriErDU CHIEUR

Comme des maladesDepuis que cette grande tarte de Pandore a ouvert la boîte (en réa-lité c’était une jarre, encore que le mot « réalité » soit un peu fort pour évoquer les élucubrations mytho-logiques des Grecs anciens sur le début du monde), bref, depuis que cette saucisse a ouvert le récipient qu’on lui avait pourtant bien recom-mandé de ne surtout pas ouvrir, l’être humain se sent patraque à tout moment. C’est qu’entre autres cala-mités nées du sadisme des dieux, comme la mort, la guerre ou l’endive, le container ren-fermait toutes les maladies. Qui bien sûr s’en échap-pèrent dès que la bécasse l’eut entrouvert.

Cela dit, tant que les gens arpentaient la planète en petits groupes isolés de chasseurs-cueilleurs no-mades, ça allait encore. Certes, le rhume devait être fréquent, surtout pen-dant la période glaciaire ; la fumée des feux de camp pouvait irriter les bronches ; l’hygiène déplorable et le sexe occasionnaient sans doute des symptômes assez dégoûtants ; un bout de mammouth pas frais pou-vait déclencher de sévères troubles digestifs, voire décimer tout un clan. En revanche, la propagation des saloperies contagieuses était vite enrayée par la faiblesse d’une démo-graphie éparpillée.Mais dès que d’aucuns crurent ma-lin d’adopter l’agriculture, l’élevage et la vie sédentaire, environ douze millénaires avant l’apparition du thermomètre sur la Terre, le foutoir

était programmé : avec le temps, les villages devienrent villes, la pro-miscuité grandit, les populations jadis isolées se mélangèrent au gré de conquêtes et autres bêtises, les humains se mirent à pulluler et les parasites, les bactéries et les virus aussi.Une vingtaine d’années après que le fils Yahvé eut expiré pour des clous, la ville de Rome (Italie) subit ainsi le contrecoup sanitaire de sa poli-tique d’expansion dans des coins

exotiques : « Le visage de l’homme souffrit de maladies jusqu’alors inconnues non seulement en Italie, mais en Europe », raconte Pline l’An-cien, qui cite le lichen, ou menta-gra, une saleté en forme « d’affreuse dartre furfuracée ». L’épithète est plus mignonne que son sens, lequel indique une desquamation cutanée en fragments qui ressemblent à du son de céréale. « Nombre de ceux qui se résignèrent à endurer un trai-tement n’obtinrent que des cicatrices encore plus hideuses que le mal : on le soignait avec des caustiques, et si les chairs n’étaient pas brûlées jusqu’à l’os, le mal répugnant récidivait.

Vinrent alors d’Egypte, mère de telles maladies, des médecins spécialisés qui en tirèrent grand profit. » Et Pline de citer un nommé Manilius Cornu-tus qui « s’engagea à verser 200 000 sesterces pour se faire soigner ». On en déduit que l’explosion des coûts de la santé ne date pas d’hier.

Plus tard, l’Empire romain fut ravagé par des épidémies de peste, venues notamment d’Ethiopie. On tenta de les éradiquer en massacrant

des chrétiens : ça ne soigne pas, mais ça soulage.Au Moyen Age, entre deux nouvelles pestes, on accro-chait des clochettes aux lépreux et on les reléguait dans des léproseries nom-mées maladières, grâce à quoi un giratoire lausannois et pas mal d’autres lieux se sont fait un nom.En 1524, quand Francisco Pizarro débarqua avec 80 soudards sur la côte de

l’Empire inca, il fut piteusement refoulé par une bande de villageois. En 1531, le conquistador de retour eut la gloire plus facile, notamment parce que les Incas étaient décimés par la petite vérole, sans doute in-troduite par lui et ses Espingouins quinze ans plus tôt. Une arme bacté-riologique involontaire mais efficace. Bref, on en passe et des pires, ça continue et ça n’est pas près de cesser, de la malaria au sida, du chikungunya à la grippe A, d’Ebola à Dieu sait quoi. Tout ça parce que Pandore, cette courge, a ignoré que la curiosité est un vilain défaut.

Laurent Flutsch

Fig. 1. Prière de ne pas ouvrir.

Le strip de Vincent

B i e n P r o F o n d d a n S l ' a c T u

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troMBoNE Concerts Samuel Blaser, L’heure bleue, La Chaux-de-Fonds, les 22 et 23 août à 21 h, www.tpr.ch

tiNtAMArrE Lulùxpo (Let’s dance- Couleur 3), Chat Noir, Carouge, le 23 août de 22h à 5 h, www.chatnoir.ch

ENCrE 22e fête du livre, Village du Livre : Saint-Pierre-de-Clages, du 29 au 31 août, www.village-du-livre.ch

VACArME On the road Festival, Romont : Hôtel de ville, samedi 30 août, www.on-the-road-festival.ch

BABioLES Otto Künzli. L’exposition. Bijoux de 1967 à 2012, MUDAC (Musée de design et d’arts appliqués contemporains), Lausanne, jusqu’au 5 octobre, www.mudac.ch

SALtiMBANQUES 22’ Festival des artistes de rue, Vevey : vieille ville, du 22 au 24 août, www.artistesderue.ch

CoUrBES Rodin. L’accident. L’aléatoire, Musée d’art et d’histoire de Genève, jusqu’au 28 septembre, institutions.ville-geneve.ch/fr/mah

AFriQUE Festival Cinémas d’Afrique, Lausanne, jusqu’au 24 août. Tombouctou 53 Jours reçoit Souleymane Cissé. www.cinemasdafrique.ch

BroUiLLoN DE CULTURE

Pour ceux qui ont plus de 40 ans et dont le cœur bat en-core, politiquement, à gauche. Si Harlem Désir vous évoque un téléfilm rose vu un soir sur M6, si le sigle PS vous fait penser à la prochaine Play-Station, si vous vous rappelez du 10 mai comme le jour où vous avez vu le soleil pour la dernière fois et si Collaro et ses Cocogirls ne vous disent rien du tout, c’est que vous n’étiez pas un ado plein de boutons sur la gueule et d’idéaux dans le cœur au début des années 80. Et, donc, a priori Des lendemains qui chantent n’est pas fait pour vous. Les autres, qui se souviennent des roses du 10 mai, des épines de la rigueur, de la guillotine au panier, du minitel (ah, 3615 Ulla !), du « match » Tapie-Le Pen, de Libé encore jeune et July, et du choc du 21 avril, vont adorer cette ex-

à VoUS DE Voir Politique, romantique, tragi-comique, avec Des lendemains qui chantent, Nos étoiles contraires et Le procès de Viviane Amsalem, vous avez le choix entre espoir, désespoir et bonne poire...

cellente chronique nostalgique, politique et romantique autour de quatre personnages qu’on suit de la victoire de Mitterrand en 1981 à la défaite de Jospin en 2002. Une comédie socialo qui voit la vie en rose et en morose, un film à la fois désenchanté et enchanteur !

Pour ceux, enfin surtout celles, qui veulent engraisser les action-naires de Kleenex. D’ordinaire, le placement de produit, c’est sur l’écran. Là, il est dans la salle ! Nos étoiles contraires relance à lui tout

Des films

Larmes à gauche... et à droite

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Gare aux grilles par égé No 64

HoriZoNtAL 1 Cinéaste de téhéran de haut rang 2 Britannique avec Jack – Celtique poétique 3 Un os pour les turcs entre autres 4 Chinoise loin d’être oisive sur le court – Départ pour le mitard – grand en grande-Bretagne 5 En rapport avec thomas More 6 Enduites par l’ébéniste 7 racine de rapine grecque – Né avant lui-même selon certains historiens 8 Son au diapason – Logique kyrielle de voyelles 9 Mois avec son poisson mais sans son milieu – Que corail qui lui aille 10 Bide d’Euripide – Ville de Sicile.

VErtiCAL 1 Adeptes de ratonnades made in USA (3 mots) 2 Dort au nord – Fit l’innocent 3 Elément de liberté – Plus ne résonne à Barcelone – terrible numéro en russie 4 Ecrivain romand qui donna son nom à plusieurs rues de notre cru – Chère à François, Paul ou Pie 5 roumain rêvant et écrivant 6 géant prenant racine en Californie 7 Fête de Viêt – Abraham en était une âme – Se met à nu 8 Dont les assises sont mises à niveau – Colombes en pagaille 9 A ras la touffe pour la pouffe – indicatif de gérondif – Belle de Pâris qu’on épelle 10 Chébran il y a belle lurette – Dora à la trattoria.

Solution pour les nuls dans le prochain numé[email protected]

A l’occasion de l’édition 2014 du Livre sur les quais, à Morges, les 5, 6 et 7 septembre prochain, Vigousse participe à un débat public sur le thème « Presse satirique, censure et justice ».

Avec Charb, rédacteur en chef de Charlie Hebdo, Barrigue, rédacteur en chef de Vigousse, Laurent Flutsch et Me Marc Bonnant.

Le débat se tiendra dans le caveau du Nouvel Hôtel de la Couronne, Grand-Rue 92, Morges, le samedi 6 septembre à 11 heures.

Retrouvez Vigousse pour un débat au Livre sur les quais

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22e Fête du Livre22e Fête du Livre22e Fête du Livre Tél. 027 306 61 13Tél. 027 306 61 13Tél. 027 306 61 13 wwwwwwwww---villagevillagevillage---dududu---livre.chlivre.chlivre.ch

Des photos

Chocs visuelsDes bédés

L’ermite sans caverne ŒiL PoUr ŒiL Les Journées photographiques de Bienne placées

sous le thème de l’« Hybride ». Au delà du vrai et du faux.

Quarante-cinq ar-tistes, une seule et unique thématique : « Hybride ». Comme qui dirait une sorte de télescopage d’élé-ments a priori hété-roclites et qui, une fois assemblés par la magie de l’objectif, témoignent du mé-tissage des cultures comme des contra-dictions du réel. La 18e édition des Journées photographiques de Bienne fait bien évidemment la part belle aux artistes suisses (Camille Scherrer, Marie José Burki, Gregory Collavini, Romain Mader, entre autres), mais s’ouvre également largement aux regards extérieurs et aux performances venues, pour l’exemple, de Chine (Carlos Spottorno), de Géorgie (Group Bouillon), de New York

Romain Mader, « Moi et des filles ».

Des contours vaporeux, des per-sonnages naïfs et des textes sur-réalistes composent Ermite, la deuxième bande dessinée de l’Alle-mande Marijpol. A tout juste 30 ans, cette intrigante artiste, à la fois scénariste et illustratrice, a développé un univers futuriste riche en délires mythiques et en réflexions philosophiques. Un talent graphique et une folie créatrice contenus dans ces des-sins à desseins.Au fin fond d’une forêt tropicale, un drôle de zigoto vit loin des hommes et de leurs absurdités. Perché sur son arbre, il se gave de fruits tout en ressassant les erreurs et les aigreurs de sa vie. Et lorsque d’inattendues visites – un couple romantique de vieux suicidaires et un gamin précieux et enragé –viennent polluer son sinistre quo-tidien, l’instable énergumène se retrouve psychologiquement et physiquement divisé en une foule de conflits intérieurs.Société vieillissante, enfant-roi, libre arbitre, faim de vie et boules de glace sont quelques-uns des thèmes de cette fable douce-amère. Traits forts. Alinda Dufey

Ermite, de Marijpol, Atrabile-Collection Flegme, 216 pages, http://atrabile.org

Des védés

Prix du cœurAlexander Payne est un habitué des road movies ; genre typiquement américain entremêlant voyage autant extérieur qu’intérieur. Après Sideways et Monsieur Schmidt, il revient une troisième fois à cette forme de narration, racontant le périple d’un monsieur âgé à travers les mornes plaines du Midwest. Accompagné de son fils avec lequel il ne s’entend pas, atteint d’un début de démence et alcoolique, il est persuadé d’avoir gagné à une loterie bidon et désire absolument retirer son prix.Par sa mélancolie et son traitement sans fard de la vieillesse, par sa description d’une relation père-fils difficile, ce film âpre et beau nous fait penser autant à l’album Nebraska de Bruce Springsteen qu’au mélancolique Une histoire vraie de David Lynch. Tourné en noir-blanc, avec un budget dérisoire, il permet aussi de redécouvrir Bruce Dern, immense acteur qui avait illuminé la grande période du cinéma américain des années 70 avant de sombrer dans l’oubli. Nebraska, un état d’acceptation. Michael Frei, Karloff, films cultes, rares et classiques, Lausanne

Nebraska, d'Alexander Payne, 2013, Ascot Elite, Vf et Vost, DVD et Blu-ray, 110 min.

(Natan Dvir), d’Espagne (Eduar-do Cebollero), d’Allemagne (Sas-kia Groneberg) ou encore du Royaume-Uni (JocJonJosch).Répartis sur l’ensemble de la ville de Bienne, aussi bien dans des es-paces d’exposition classiques que dans des locaux reconvertis pour la circonstance, voire dans des lieux privés, tous ces travaux sont visibles jusqu’au 14 septembre prochain. Roger Jaunin

Journées photographiques de Bienne. Lieux et horaires d’ouverture des diverses expositions, renseignements pratiques sur http ://2014.jouph.ch/

Natan Dvir, Coming Soon

seul l’industrie du mouchoir en papier avec une intrigue tire-larmes catégorie grandes eaux – deux ados cancéreux tombent amoureux – et une mise en scène qui n’y va pas mollo sur le mélo. Comme les Kleenex, bon à jeter...

Pour ceux qui en ont marre du conflit israélo-palestinien. Celui-ci est en effet israélo-israélien... Viviane veut divorcer, ce qui est impossible sans le consentement de son mari. Le procès de Viviane Amsalem convoque l’absurde à la barre. Verdict : intéressant. Ber-trand Lesarmes

Des lendemains qui chantent, de Nicolas Castro (1 h 34); Nos étoiles contraires, de Josh Boone (2 h 05); Le procès de Viviane Amsalem, de Shlomi et Ronit Elkabetz (1 h 55). Tous en salles.

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LE CAHiEr DES SPORTS

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RUINE COMPLÈTE du PROFESSEUR MONSIEUR AMéDéE FINJAN-VIER. En instance de divorce depuis 3 ans, le célèbre marabout aurait pourtant tout tenté pour le retour de l’être aimé.

BONNE NOUVELLE Fathi Derder aurait crée un emploi.

John Lobsterman, pionnier et légende du cata-pultage contre un mur, a effectué son dernier catapultage contre un mur samedi passé à 15 h 30. Il laisse sa femme et 4 enfants der-rière lui : « Le catapultage contre un mur, c’était sa passion, témoigne Suzanne Lobsterman, désormais veuve. Mourir catapulté contre un mur, c’est exactement ce qu’il aurait souhaité. » C’est en 2012 que ce jeune entrepreneur inventait le catapultage contre un mur, nouveau sport extrême désormais associé à son nom. Après avoir passé 482 jours à l’hôpital suite à son premier essai, il relevait à nouveau le défi la semaine dernière, mais le catapultage contre un mur s’est alors tragiquement terminé, mettant un terme à son incroyable destin, contre un mur. La dépouille de John Lobsterman n’ayant pu être extirpée du mur où elle reste encore solidement logée, ses admi-rateurs ont fait de la monumentale et extraordinairement robuste façade un lieu de culte. « Ce mur où John demeure catapulté, explique Dylan Puttallaz, responsable du Catapultage contre un mur Club d’Yverdon, c’est pour nous le signe que son héritage doit être poursuivi. Demain, nous serons 17 à nous catapulter contre un mur en son honneur. »

Légende du catapultage contre un mur,il meurt catapulté contre un mur

darius rochebin, sa méthode d’interview ?

Not' sondage

Mini beuzzes

Est-ce que tu beuzzes? Niouzes

TENDANCEà LA CON

Les ravages du sleepfie inquiètent de plus en plus les parents. Des millions d’adolescents à travers le monde tentent en effet depuis quelques semaines de prendre un selfie au moment précis où ils s’en-dorment. « Vivement qu’on se passionne pour une autre connerie, ça fait 10 jours que je ne ferme pas l’œil », a commenté Cameron-Dy-lan Obswalder, gymnasien somnolent à Lausanne.

Sondage Lev Goudkov Karpov

Toute l’actu qui fait du clic

Du génie

Pareil, sans opinion

Darius rochebin, sa méthode ?

Pardonnez-lui

«Vous qui entrez ici, abandonnez toute espérance. » Greta

ne pouvait détacher son regard de l’inscription lugubre qui s’étalait en lettres roses sur le paillasson. Cela faisait déjà cinq minutes qu’elle était arrivée devant la porte principale du petit manoir bâti au milieu d’une clairière et qu’elle restait immobile, sa valise posée à

Episode 1

côté d’elle, hésitant à sonner. « Tout de même, j’ai déjà vu des demeures plus accueillantes… », songea la jeune femme. Mais elle n’osait pas non plus retour-ner sur ses pas après tout le chemin parcouru.Elle avait pris trois jours plus tôt à Genève le train atomique de 8 h 23, qui l’avait amenée jusqu’à Berne. Depuis là, cela se compliquait singulièrement,

car la région où elle se rendait, très peu développée, était mal pourvue en transports publics. Elle avait donc dû emprunter la vieille ligne de téléphérique horizontal qui serpentait au-des-sus des eaux du Seeland jusqu’à Bienne. Les travaux colossaux d’assèchement du Grand Marais avaient débuté depuis plusieurs années, mais il faudrait encore longtemps avant que la zone soit complètement assainie. Ensuite, une antique malle-poste à vapeur avait brinque-balé Greta sur des routes non macadamisées qui menaient jusqu’à Delémont, le chef-lieu du petit canton du Jura, contrée mystérieuse où très peu de Suisses s’aventuraient, car elle n’avait pas encore été atteinte par le monde moderne. Après une nuit de repos dans une auberge, Greta parvint à louer un palanquin et quatre porteurs pour la

transporter jusqu’au hameau de La Beuverie, ce qui prit un jour et demi à cahoter sur des sentiers improbables. Il ne restait plus que 4 kilomètres à parcourir à travers une sombre forêt pour atteindre le manoir de Kouen-Matchu, mais les porteurs, superstitieux, refusèrent d’aller plus loin. C’est donc à pied que Greta avait terminé péniblement son périple, traversant les bois inhospitaliers et touffus que la légende prétendait tabous.Allait-elle vraiment renon-cer après tous ces efforts ? Prenant son courage à deux mains, elle sonna finalement. Un homme chenu et d’un âge déjà avancé vint ouvrir.« Bonjour ! Je viens pour la petite annonce », dit Greta avec son délicieux accent gua-témaltèque.

(à suivre)

vingt-deux

douze

Sept

Trente

Sebastian Dieguez

S u i S S e - F i c T i o n

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Du 11 au 14 septembre prochains tous les passionnés de dessins et de bandes dessinées se retrouveront sur la place de la Riponne à Lausanne. Invité d’honneur Lewis Trondheim – Exposition hommage à Gotlib – Plus de 90 auteurs présents.

Venez rencontrer les dessinateurs de VigousseJeudi 11 de 15 h à 19 h : Sjöstedt, Caro et BarrigueVendredi 12 de 15 h à 19 h : Sjöstedt, Pigr et BarrigueSamedi 13 de 11 h à 21 h : Bénédicte, Vincent, Debuhme et BarrigueDimanche 14 de 11 h à 18 h : Caro, Pitch et Barrigue

Programme complet de la manifestation sur infobdfil.ch

10 ans de BD-FIL,202 numéros de Vigousse,212 raisons de fêter !

Frime de risqueDans son édition du 15 au 21 août, le magazine français Marianne, apparemment en manque de sujets croustillants en cette période estivale, donne des conseils mode et déco pour « être sourd à la frime, rétif à tout snobisme ». « Le guide de l’antisnob » recommande de renoncer aux vêtements griffés pour des marques populaires, aux meubles bourgeois pour du pratique, aux Mercedes pour des Skoda, aux clubs de gym chics pour du sport en plein air, aux iPhone pour des Nokia, aux capsules de café pour les bons vieux sachets de poudre de 500 grammes… Pas bête, dé-cidément : les salariés modestes et les 5 millions de chômeurs de l’Hexagone n’y avaient sûrement pas pensé. A. D.

Mieux vaut tardForts de quelque 60 ans d’expérience politique à eux deux, les anciens conseillers fédéraux Adolf Ogi et Pascal Couchepin ont atteint la sagesse et la lumière. Sortant de leur réserve, ils ont fait une fracassante découverte : l’UDC aurait « une névrose envers les étrangers » et voudrait « isoler complètement la Suisse du reste du monde ». On ignore si, dans leur baignoire respective, ils se sont également écriés : « Eurêka ! » Si rien n’est fait contre la dérive de l’UDC, prévient monsieur Ogi, visiblement très inquiet, « le parti va perdre des voix ». On tremble à une telle perspective.Heureusement, l’UDC Yves Nidegger est parvenu à rassurer tout le monde sur les ondes de « Forum » (RTS La 1ère, 17.08.14) : « Je vois pas que l’UDC puisse se radicaliser, c’est un parti qui se trouve tout à fait dans la ligne conservatrice la plus conservatrice qui soit, donc je vois mal qu’on se radicalise encore plus. » Ouf, on respire ! En attendant, du moins, la prochaine révélation mystique qui illuminera nos vénérables et clairvoyants vieux sages… S. D.

Naufrage des idéesLes têtes pensantes de la presse française font des heures supplémentaires. Ou des « ménages », c’est selon. Qu’on en juge par l’équipage embarqué à bord du Costa Fortuna pour une « Croisière des idées », 1230 euros par personne, « boissons et vins à volonté au cours des repas » selon l’annonce parue pleine page dans Marianne (08.12.14) : Jean-François Kahn (fondateur de Marianne, justement), Franz-Olivier Giesbert (éditorialiste au Point), Laurent Joffrin (ex-Nouvel Observateur/Libération) et Jacques Julliard (éditorialiste chez Marianne). Au programme, des conférences et des débats sur l’Europe, la France et la société de demain. Que des grands esprits pour de nobles et belles idées. Auxquelles un partenariat publicitaire avec la fameuse compagnie Costa ne peut que donner beaucoup de profondeur. R.J.

chips et pucesLe feuilleton médiatique de l’été aurait pu dérouler nombre d’épisodes sur les punaises de lit si elles n’avaient pas été écrasées par Chips, le chien disparu (Le Matin, 30.07.14 et suivants). Jade, 6 ans, « se réveille en criant Chips », lisait-on. Pedigree intégral du canidé, de la petite fille et de la maman, avec à l’appui des photos très très émouvantes. Malheureusement, Chips ayant été retrouvé en pleine forme, l’histoire s’arrêta net le 7 août.

Par chance, l’Office fédéral de la santé publique (OFSP) réchauffa la température avec sa campagne antisida, jugée pornographique par les mouvements évangéliques qui répliquaient aussitôt par une salve d’images sages et par le slogan « sois fidèle et tu ne seras pas malade ». Du coup, les réactions outrées des apôtres puritains pouvaient s’étaler dans les pages centrales du Matin (6 et 07.08.14, notamment), avec bien sûr, c’est plus vendeur, le rappel des illustrations dénoncées comme choquantes. Une communication si parfaitement réussie pour l’OFSP (et aussi un peu pour le Réseau évangélique) qu’on a failli oublier la pluie. J.-L. W.

rEVENirSamir Nasri ne jouera plus en équipe de France. A priori, la nouvelle ne devrait pas vous bouleverser outre mesure, encore moins provoquer une poussée d’urticaire chez votre petit dernier. Quoique… L’intéressant dans cette histoire n’est pas tant que ce jeune homme, plutôt bon footballeur, ne revête plus jamais la tunique bleue, mais bien qu’il l’ait annoncé lui-même alors même que personne ne lui demandait rien. Samir Nasri a joué une bonne quarantaine de fois en équipe de France. Là, il s’est forgé une jolie réputation d’emmerdeur de première, s’est brouillé avec la plupart de ses partenaires, expliqué à tous ceux qui voulaient bien l’entendre que « c’est pas moi, c’est les autres » et traité un journaliste de « fils de p… ». Pas de quoi redorer l’image du football, mais suffisamment con pour alimenter la chronique de la presse de boulevard. Ajoutez à tout cela une fiancée hystérique du tweet au point, sur la toile, d’insulter la terre entière pour « défendre », écrivait-elle, l’image de son footeux préféré…

Considéré comme l’élément perturbateur d’une équipe en pleine reconstruction, Samir Nasri n’avait pas été retenu dans le groupe France appelé à disputer la dernière Coupe du monde au Brésil. Fin d’une histoire qui n’ajoutera rien à la gloire du sport et de ses protagonistes. Sauf que, dans la moiteur de l’été, le sale gosse s’est fendu d’un communiqué : « Je pars… Inutile de me demander de revenir. » Egocentrique, le môme ?

Au fait, cette histoire ne vous rappelle-t-elle rien ? Celle d’un autre citoyen de l’Hexagone que l’on disait lui aussi plutôt habile, qui fut lui aussi sélectionné, voire plébiscité, et à qui l’on avait, comme on dit, largement donné sa chance. Un qui lui aussi avait pris son monde de haut et qui, à force de se croire le meilleur, a fini par se faire jeter. Un à qui aujourd’hui personne ne demande rien et qui pourtant ne cesse d’expliquer qu’on a beau le supplier, lui rouvrir toutes les portes, il ne reviendra pas. Samir-Nicolas match nul.

Et ce sera tout pour cette semaine.

Roger Jaunin

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Vigousse vendredi 22 août 2014

l a S u i T e a u P r o c h a i n n u M É r o16

En juillet 2014, l’UDC Raymond Clottu, qui l’an dernier avait remplacé Yvan Perrin au Conseil national, se porte candidat à la succession du même Perrin au Conseil d’Etat neuchâtelois. « Par devoir », répète cet expert-comp-table autoproclamé (comme l’a re-levé Le Temps, il ne possède qu’un CFC d’employé de commerce pour administrer sa fiduciaire à La Brévine).

Le 28 septembre, le PLR Laurent Favre, lui aussi conseiller natio-nal, part largement favori. Clottu l’admet. C’est alors qu’un autre UDC, Karim-Frédéric Marti, aga-cé par ce défaitisme, se met en tête de briguer le fauteuil. Une candi-dature très sauvage qui rend fou le président de l’UDC neuchâte-loise Hugues Chantraine : « Marti est une personne irresponsable », couine-t-il dans L’Express et L’Impartial (13.08.14). Dans le même article, on apprend que Marti et Chantraine ont fondé une clinique

dentaire à Neuchâtel en 2002 et que tous deux siègent au conseil d’administration en compagnie d’un certain… Raymond Clottu. Ambiance.

De fait, Clottu a les dents qui raient le parquet. Il est entré au Grand Conseil en 2005 alors qu’il ne figurait sur aucune liste. Suite à une démission, déjà. Il se dit UDC libéral et n’a pas hésité à voler au secours de Jean-Charles Legrix. Pour défendre le « oui »

à l’initiative sur « l’immigration de masse », il écrivait dans Edi-tion spéciale (le bourre-boîte de l’UDC) : « Le peuple et les cantons ont la possibilité d’agir le 9 février prochain dans l’intérêt de toutes les Suissesses et de tous les Suisses ainsi que de l’économie en empê-chant que la Suisse soit submergée et exploitée par des immigrants. » Les dents longues, et la dent dure.

A Berne, Clottu est monté à la tribune pour lever les restric-tions sur les exportations de matériel de guerre « pour que l’industrie suisse puisse à nouveau se battre à armes égales avec ses voisins », a-t-il argué au nom de la Commission de la politique de sécurité, un autre mandat hérité d’Yvan Perrin.Le voilà désormais en pleine lutte fratricide entre administrateurs

de clinique dentaire, dans une élection mal barrée. Où il

risque bien de prendre un gnon dans les gencives.

Jean-Luc Wenger

Clottu et Marti, spécialistes ès crocs

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« Je le dis depuis cinq ans et je le répète,

Federer est fini. »

P. Rothenbühler

Il a ditla semaine prochaine

(ou du moins ça se pourrait bien)