Thèse_SOLTANI Dégradation hydrocarbures aromatiques

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THESE DE DOCTORAT DE L'UNIVERSITE PARIS 6Spcialit

Chimie AnalytiquePrsente par

Mr SOLTANI MohamedPour obtenir le grade de

DOCTEUR de l'UNIVERSITE PARIS 6 Sujet de thse:

Distribution lipidique et voies mtaboliques chez quatre bactries Gram-ngatives hydrocarbonoclastes. Variation en fonction de la source de carbone.

soutenue le 18 juin 2004

devant le jury compos de:

M. Jean-Claude BERTRAND M. Pierre DOUMENQ M. Jean GUEZENNEC M. Alain SALIOT M. Claude LARGEAU

Rapporteur Rapporteur Examinateur Examinateur Directeur de thse

Avant Propos

Les travaux prsents dans ce manuscrit ont t raliss au Laboratoire de Chimie Bioorganique et Organique Physique (UMR 7573) de l'Ecole Nationale Suprieure de Chimie de Paris. Je tiens exprimer ma profonde gratitude Mr Claude Largeau pour m'avoir accueilli dans son laboratoire et d'avoir accept de diriger mon travail de recherche.

Au cours de ces annes de thse j'tais encadr par Monsieur Pierre Metzger, Ingnieur de recherche au CNRS. Qu'il trouve ici l'expression de ma plus vive gratitude pour ses conseils scientifiques, sa disponibilit et pour l'amlioration de la rdaction de ce rapport.

Je remercie vivement Monsieur le Professeur Alain Saliot, Monsieur le Professeur JeanClaude Bertrand, Monsieur le Professeur Pierre Doumenq et Monsieur Jean Guezennec d'avoir accept de juger ce travail.

J'exprime toute ma reconnaissance toutes les personnes qui un moment ou un autre, se sont intresses mes recherches. Parmi celles-ci je cite notamment tout le personnel du Laboratoire de Chimie Bioorganique et Organique Physique l'ENSCP: Batrice Allard, Odile Largeau, Yves Pouet, Jolle Templier et Sylvie Derenne; du Laboratoire d'Ocanographie de Marseille, particulirement Monique Acquaviva qui m'a initi aux cultures des bactries sur hydrocarbures.

Enfin, un grand merci tous mes collgues du Laboratoire de Chimie Bioorganique et Organique physique l'ENSCP pour l'ambiance sympathique qu'ils ont su crer tout au long de ces annes de thse.

toute ma famille Anne-lise tous mes amis

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SOMMAIREINTRODUCTION GENERALE.11

CHAPITRE I

Rappels bibliographiquesI. POLLUTION DE LENVIRONNEMENT MARIN PAR LES HYDROCARBURES..14 I.1. INTRODUCTION14 I.2. FORMULES CHIMIQUES DES HYDROCARBURES DE DIFFERENTES SOURCES DANS LES ENVIRONNEMENTS MARINS...16 I.2.1. Les composs ptroliers17 I.2.1.1. Les hydrocarbures saturs..17 I.2.1.2. Les hydrocarbures aromatiques..18 I.2.1.3. Les composs polaires.....18 I.2.1.4. Les asphaltnes18 I.2.2. Les hydrocarbures biognes.....20 I.2.2.1. Les hydrocarbures aliphatiques saturs.20 I.2.2.2. Les hydrocarbures aliphatiques insaturs.21 I.2.2.3. Les cycloalcanes et les cycloalcnes..21 I.2.2.4. Les hydrocarbures aromatiques21 I.3. DEVENIR DES HYDROCARBURES EN MILIEU MARIN..22 I.3.1. Facteurs abiotiques dans llimination des hydrocarbures..22 I.3.1.1. Evaporation23 I.3.1.2. Solubilisation..23 I.3.1.3. Emulsification... 23 I.3.1.4. Sdimentation 23 I.3.1.5. Photo-oxydation. 23 I.3.1.6. Biodgradation23 I.3.2. Pntration des hydrocarbures dans la chane alimentaire. 24 II. BIODEGRADATION AEROBIE DES HYDROCARBURES PAR LES MICROORGANISMES..... 25 II.1. INTRODUCTION. 25

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II.2. PROCESSUS DOXYDATION DES HYDROCARBURES.. 26 II.2.1. Voies mtaboliques de la dgradation des hydrocarbures aliphatiques.. 27 II.2.1.1. Dgradation des n-alcanes... 27 II.2.1.1.1. Loxydation monoterminale... 27 II.2.1.1.2. Oxydation des n-alcanes par le systme de dioxygnase... 29 II.2.1.1.3. Oxydation des alcanes via alcnes. 30 II.2.1.1.4. Oxydation subterminale. 30 II.2.1.1.5. Oxydation diterminale 31 II.2.1.2. Biodgradation des alcanes ramifis... 32 II.2.1.3. Biodgradation des alcnes.. 36 II.2.2. Voies mtaboliques de dgradation des hydrocarbures saturs cycliques.... 37 II.2.3. Biodgradation des hydrocarbures aromatiques. 40 II.3. FACTEURS PHYSIQUES ET CHIMIQUES AFFECTANT LA BIODEGRADATION DES HYDROCARBURES. 43 II.3.1. Composition chimique des hydrocarbures... 43 II.3.2. Etat physique et concentration des hydrocarbures ou du ptrole..... 45 II.3.3. Influence de la temprature.. 46 II.3.4. Influence de loxygne.....47 II.3.5. Influences des lments nutritifs.. 48 II.3.6. Effet de la salinit et du pH.... 48 II.3.7. Effet de la pression.. 48 III. BIODEGRADATION DES HYDROCARBURES DANS LES GISEMENTS DE PETROLE ET VOIES ANAEROBIES..... 50 III.1. BIODEGRADATION DES HYDROCARBURES DANS LES PUITS DE PETROLE... 50 III.1. VOIES DE DEGRADATION ANAEROBIE.. 52 IV. LES LIPIDES DES BACTERIES GRAM-NEGATIVES. 55 IV.1. LES PHOSPHOLIPIDES.... 57 IV.2. LES LIPOPOLYSACCHARIDES... 58 IV.3. INFLUENCE DES PARAMETRES ENVIRONMENTAUX SUR LA COMPOSITION LIPIDIQUE DES BACTERIES GRAM-NEGATIVES.. 61 IV.3.1. Influence de la temprature sur la composition lipidique. 61 IV.3.2. Influence de la salinit sur la composition lipidique...... 62 IV.3.3. Influence de la source de carbone sur la composition lipidique 63 V. BIOMARQUEURS.... 63 V.1. NOTION DE BIOMARQUEURS. 63 V.2. BIOMARQUEURS BACTERIENS...... 65 V.2.1. Les acides gras. 66

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V.2.1.1. Les acides gras saturs normaux... 67 V.2.1.2. Les acides gras insaturs68 V.2.1.3. Les acides gras ramifis. 69 V.2.1.4. Les acides gras cyclopropaniques.. 70 V.2.2. Les hydroxy acides... 71 V.2.3. Autres marqueurs bactriens.. 74 V.3. LES HYDROCARBURES.. 77

CHAPITRE II

Etude exprimentaleI. ORIGINE DES SOUCHES... 80 II. MILIEUX ET CONDITIONS DE CULTURE.. 80 II.1. COMPOSITION CHIMIQUE DES MILIEUX DE CULTURES .80 II.2. CONSEVATION DES SOUCHES. 81 II.3. CULTURE SUR HYDROCARBURES. 81 III. SYNTHESE DES HYDROCARBURES.. 82 IV. EXTRACTION DES LIPIDES DES DIFFERENTES CULTURES. 84 IV.1. ISOLEMENT DES LIPIDES FACILEMENT EXTRACTIBLES. 85 IV.2. EXTRACTION DES LIPIDES EN MILIEU BASIQUE 85 IV.3. EXTRACTION DES ACIDES LABILES EN MILIEU ACIDE.. 86

V. SYNTHESE DU DIAZOMETHANE86VI. PREPARATION DES DERIVES DIMETHYL DISULFURES (DMDS). 87 VII. DETERMINATION DE LA POSITION DU GROUPEMENT HYDROXYLE DES HYDROXYACIDES ET DES ALCOOLs: PREPARATION DES DERIVES TRIMETHYLSILYLES... 88 VIII. FORMATION DES DERIVES N-ACYL-PYRROLIDIDES.. 88 IX. REDUCTION CATALYTIQUE DES ACIDES GRAS INSATURES.. 88 X. METHODES UTILISEES POUR L'ANALYSE DES LIPIDES..... 89 X.1. CHROMATOGRAPHIE GAZEUSE.. 89 X.2. CHROMATOGRAPHIE GAZEUSE COUPLEE A LA SPECTROMETRIE DE MASSE PAR IMPACT ELECTRONIQUE. 89

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CHAPITRE III

Biodgradation de diffrentes familles d'hydrocarbures par Marinobacter hydrocarbonoclasticus: influence sur la composition lipidique et voies mtaboliques.

I. INTRODUCTION. 92 II. CARACTERISTIQUES PHYSIOLOGIQUES ET BIOCHIMIQUES DE M. hydrocarbonoclasticus... 93 III. HYDROCARBURES TESTES ET CULTURES 94 IV. PROTOCOLE D'EXTRACTION DES LIPIDES ET RESULTATS QUANTITATIFS. 96 V. IDENTIFICATION ET DISTRIBUTION DES LIPIDES DE M. hydrocarbonoclasticus CULTIVEE SUR ALCANES NORMAUX (C19 ET C21)... 99 V.1. IDENTIFICATION DES LIPIDES EN SPECTROMETRIE DE MASSE. 99 V.1.1. Esters mthyliques d'acides gras normaux saturs... 99 V.1.2. Drivs DMDS des esters mthyliques d'acides gras insaturs... 103 V.1.3. Drivs N-acyl pyrrolidides 105 V.1.4. Drivs TMS des alcools gras saturs et insaturs 107 V.I.5. Drivs TMS des esters mthyliques des -hydroxy acides.. 111 V.1.6. -Mthoxy acides.. 115 V.2. LIPIDES "NON LIES".. 117 V.3. LIPIDES LABILES EN MILIEU BASIQUE 122 V.4. LIPIDES LABILES EN MILIEU ACIDE. 127 VI. CULTURE DE M. hydrocarbonoclasticus SUR HYDROCARBURES RAMIFIES 130 VI.1. IDENTIFICATION DES LIPIDES. 130 VI.2. LIPIDES "NON LIES" 132 VI.3. LIPIDES LABILES EN MILIEU BASIQUE.. 140 VI.4. LIPIDES LABILES EN MILIEU ACIDE... 144 VI.5. CONCLUSIONS PARTIELLES SUR L'INFLUENCE DES ALCANES LINEAIRES 147 VI.5.1. Influence de la parit des alcanes sur la composition lipidique. 147 VI.5.2. Influence de la ramification des alcanes sur la composition lipidique.. 149 VI.5.3. Voies de dgradation des alcanes linaires par M. hydrocarbonoclasticus 152 VII. CULTURE DE M. hydrocarbonoclasticus SUR ALCENE: n-NONADEC-1-ENE 158

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VII.1. IDENTIFICATION DES LIPIDES. 158 VII.2. LIPIDES "NON LIES".... 160 VII.3. LIPIDES LABILES EN MILIEU BASIQUE ...164 VII.4. LIPIDES LABILES EN MILIEU ACIDE...... 164 VII.5. CONCLUSIONS PARTIELLES SUR LA DEGRADATION DU NONADEC-1-ENE. 169 VII.5.1. Influence sur la composition lipidique. 169 VII.5.2. Voies mtaboliques du n-nonadc-1-ne.. 169 VIII. CULTURES DE M. hydrocarbonoclasticus SUR CYCLOHEXYLET PHENYL-ALCANES.. 172 VIII.1. IDENTIFICATION DES LIPIDES... 172 VIII.2. LIPIDES "NON LIES".. 177 VIII.3. LIPIDES LABILES EN MILIEU BASIQUE.... 179 VIII.4. LIPIDES LABILES EN MILIEU ACIDE.... 181 VIII.5. CONCLUSION PARTIELLE SUR LA DEGRADATION DES HYDROCARBURES CYCLIQUES PAR M. hydrocarbonoclasticus.... 188 VIII.5.1. Influence des cyclohexyl- et phnyl-alcanes sur la composition en acides gras de M. hydrocarbonoclasticus..... 188 VIII.5.2. Voies mtaboliques des cyclohexyl- et phnyl-alcanes.. 190 IX. Les hydroxy acides indicateurs de l'activit bactrienne... 180 X. CONCLUSION. 196

CHAPITRE IV Influence de la source de carbone sur la composition lipidique de bactries Gram-ngatives, Marinobacter aquaeolei, Acinetobacter calcoaceticus et Pseudomonas oleovorans. Distribution des -hydroxy acides de la membrane extrieure

I. INTRODUCTION.. 199 II. PRESENTATION DES BACTERIES ETUDIEES... 199 II.1. CARACTERISTIQUES PHYSIOLOGIQUES ET BIOCHIMIQUES DE Marinobacter

aquaeolei.... 199II.2. CARACTERISTIQUES PHYSIOLOGIQUES ET BIOCHIMIQUES D'Acinetobacter

calcoaceticus.. 200

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II.3. CARACTERISTIQUES PHYSIOLOGIQUES ET BIOCHIMIQUES DE Pseudomonas

Oleovorans.. 201III. RESULTATS QUANTITATIfs......202 IV. IDENTIFICATION DES LIPIDES... 205 V. DISTRIBUTION DES LIPIDES DE M. AQUAEOLEI EN FONCTION DE LA SOURCE DE CARBONE ET COMPARAISONS AVEC M. hydrocarbonoclasticus. 209 V.1. RESULTATS.... 209 V.1.1. Cultures sur actate d'ammonium.. 210 V.1.1.1. Lipides "non lis"... 210 V.1.1.2. Lipides labiles en milieu basique.217 V.1.1.3. Lipides labiles en milieu acide218 V.1.2. Cultures sur n-nonadcane.. 218 V.1.2.1. Lipides "non lis"218 V.1.2.2. Lipides labiles en milieu basique.... 219 V.1.2.3. Lipides labiles en milieu acide220 V.1.3. Culture sur iso-nonadcane..221 V.1.3.1. Lipides "non lis"221 V.1.3.2. Lipides labiles en milieu basique.. 222 V.1.3.3. Lipides labiles en milieu acide... 222 V.2. DISCUSSION.. 224 V.2.1. Influence de la nature de la source de carbone sur la composition lipidique. 224 V.2.2. Variation de la composition en -hydroxy acides. 225 V.2.3. Mtabolisme des hydrocarbures. 225 VI. DISTRIBUTION DES LIPIDES D'A. calcoaceticus EN FONCTION DE LA SOURCE DE CARBONE ET COMPARAISON AVEC M. hydrocarbonoclasticus.. 226 VI.1. RESULTATS. 226 VI.1.1. Culture sur actate. 226 VI.1.1.1. Lipides "non lis" 226 VI.1.1.2. Lipides labiles en milieu basique. 230 VI.1.1.3. Lipides labiles en milieu acide. 230 VI.1.2. Culture sur n-nonadcane.. 231 VI.1.2.1. Lipides "non lis". 231 VI.1.2.2. Lipides labiles en milieu basique.. 231 VI.1.2.3. Lipides labiles en milieu acide...232 VI.1.3. Culture sur iso-nonadcane... 232 VI.1.3.1. Lipides "non lis". 232

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VI.1.3.2. Lipides labiles en milieu basique.. 233 VI.1.3.3. Lipides labiles en milieu acide.. 233 VI.2. DISCUSSION. 233 VI.2.1. Influence de la nature de la source de carbone sur la composition lipidique 233 VI.2.2. Influence de la source de carbone sur la composition en alcools 234 VI.2.3. Variation de la composition en hydroxy acides 234 VI.2.4. Mtabolisme des hydrocarbures 236 VII. INFLUENCE DE LA SOURCE DE CARBONE SUR LA COMPOSITION LIPIDIQUE DE Pseudomonas oleovorans 59.11T. 236 VII.1. RESULTATS 236 VII.1.1. Culture sur actate d'ammonium 237 VII.1.1.1. Lipides "non lis" 237 VII.1.1.2. Lipides labiles en milieu basique 237 VII.1.1.3. Lipides labiles en milieu acide..237 VII.1.2. Culture sur n-octane. 243 VII.1.2.1. Lipides "non lis"... 243 VII.1.2.2. Lipides labiles en milieu basique .243 VII.1.2.3. Lipides labiles en milieu acide 243 VII.1.3. Culture sur 2-mthylheptane... .243 VII.1.3.1. Lipides "non lis"... 244 VII.1.3.2. Lipides labiles en milieu basique 244 VII.1.3.3. Lipides labiles en milieu acide 245 VII.2. DISCUSSION... 245 VII.2.1. Influence de la source de carbone sur la composition lipidique 245 VII.2.2. Variation de la composition en -hydroxy acides... 247 VII.2.3. Mtabolisme des alcanes courts par P. oleovorans. 248 VIII. CONCLUSION 249 CONCLUSION GENERALE.. 252 REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES 256

AnnexesANNEXE 1: SYNTHESE DES ALCANES RAMIFIES 279 ANNEXE 2: SPECTRES DE MASSE DES HYDROCARBURES SYNTHETISES. 281

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Introduction gnrale

INTRODUCTION GENERALE

L'exploitation humaine des gisements de ptrole n'a cess d'augmenter depuis le dbut du sicle dernier. L'extraction, le transport et l'utilisation de cette source d'nergie entranent des risques de pollution (accidentelle et chronique) pour l'environnement marin pouvant influencer l'quilibre cologique et parfois entrainer la destruction de l'cosystme. L'limination du ptrole de l'environnement marin ncessite l'intervention de diffrents facteurs biotiques et abiotiques. Parmi ces facteurs la biodgradation par les microorganismes et en particulier les bactries est le processus naturel le plus important dans la dpollution de l'environnement marin. En consquence, les mcanismes de dgradation des hydrocarbures ptroliers (alcanes linaires, phnylalcanes, cycloalcanes, hydrocarbures polycycliques et polyaromatiques) par les bactries marines ainsi que les paramtres pouvant influencer la biodgradation ont t largement tudis. Cependant, il apparat que trs peu d'tudes ont t entreprises sur les voies mtaboliques d'oxydation d'hydrocarbures de structures diffrentes par une mme bactrie. Si l'influence des hydrocarbures sur la composition en acides gras des bactries a t bien tudie, par contre celle sur la composition d'autres lipides, tels les hydroxy acides est encore assez mal connue.

Dans le but d'amliorer nos connaissances sur de tels composs, nous avons entrepris une tude complte de la composition lipidique de la bactrie marine Marinobacter hydrocarbonoclasticus en fonction de la nature de l'hydrocarbure (n-alcanes, iso- et antisoalcanes, phnyl- et cyclohexyl-alcanes, alcane ramifi en milieu de chane et 1-alcne) utilis comme source unique de carbone et d'nergie. Dans le but d'avoir une meilleure connaissance des lipides des bactries Gram-ngatives et en particulier de la distribution des -hydroxy acides de la membrane extrieure, la composition lipidique de trois autres espces, Marinobacter aquaeolei, Acinetobacter calcoaceticus et Pseudomonas oleovorans a t galement dtermine en fonction de la source de carbone.

Les principaux objectifs de ce travail de recherche taient donc (i) l'analyse qualitative et quantitative dtailles de la composition lipidique de quatre bactries en fonction de la source de carbone, (ii) la dtermination des voies mtaboliques mises en jeu au cours de la dgradation des hydrocarbures tests, (iii) mieux connatre la composition en -hydroxy

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acides des lipopolysaccharides des bactries Gram-ngatives et (iv) en dfinir les implications gochimiques ventuelles. Ce document comporte quatre chapitres. Le premier chapitre prsente un rappel des principales donnes bibliographiques concernant, d'une part, l'origine des hydrocarbures dans l'environnement et leurs voies mtaboliques chez les bactries, d'autre part, quelques lments relatifs la notion de biomarqueurs. L'ensemble du matriel et des mthodes utiliss pour la culture et l'tude de la composition lipidique des bactries Gram-ngatives est ensuite dcrit dans le deuxime chapitre. Le troisime chapitre est consacr l'tude de l'influence des hydrocarbures sur les lipides de la bactrie marine M. hydrocarbonoclasticus et les voies mtaboliques de dgradation de ces composs. Dans le quatrime et dernier chapitre, nous exposons et discutons l'ensemble des rsultats relatifs aux lipides de trois autres bactries Gram-ngatives, M. aquaeolei, A. calcoaceticus et P. oleovorans en fonction de la source de carbone et nous les comparons ceux de M. hydrocarbonoclasticus afin de dterminer l'influence des hydrocarbures comportant des chanes aliphatiques sur la distribution des hydroxy acides de la membrane extrieure des bactries Gram-ngatives. Une conclusion gnrale et une bibliographie compltent cette rdaction. Enfin, deux annexes, la premire dcrit la procdure de synthse des hydrocarbures ramifis utiliss pour les cultures et la deuxime rassemble les spectres de masse de tous les hydrocarbures synthtiss.

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CHAPITRE I

Rappels bibliographiques

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I. POLLUTION DE LENVIRONNEMENT MARIN PAR LES HYDROCARBURES

I.1. INTRODUCTION Le ptrole, premire source dnergie, a connu une progression ininterrompue de son extraction pendant plus dun sicle. Suite au dveloppement du transport et de lindustrie, la production mondiale na cess daugmenter pour atteindre 11 millions de tonnes par jour (11 Mt/j) en 2000 et on sattend une augmentation de la production de 1,9 % / an dans la dcennie actuelle. Des estimations de la consommation mondiale de ptrole, suggrent une augmentation de lordre de 44,7 millions de barils par jour (soit 6,4 Mt/j) entre 1999 et 2020. La consommation mondiale passera ainsi de 74,9 Mb/j (soit 10,7 Mt/j) en 1999 119,6 Mb/j (soit 17 Mt/j) en 2020. La croissance annuelle est donc estime 2,3 % / an, alors quelle ntait que de 1,6 % / an entre 1970 et 1999 (National Research Council-U.S., 2002). Le ptrole est une source de pollution des environnements marins qui peut largement influencer les quilibres cologiques et par extension les activits conomiques des rgions sinistres. "The National Research Council" a estim dans la revue "Oil in the sea: inputs, fates and effects, 2002", la quantit de ptrole introduite annuellement dans les ocans par les diverses voies 1,3 millions de tonnes / an, sachant quune tonne de ptrole peut couvrir environ une surface de 12 kilomtres carrs. Les mares noires dues des accidents ptroliers, ne reprsentent quune faible proportion du total des hydrocarbures dverss en mer chaque anne, de faon plus insidieuse, invisible mais quotidienne.

Le tableau I.1, montre les catastrophes les plus importantes ainsi que les quantits de ptrole dverses et les zones affectes, depuis 1967 (premier chouage dun ptrolier sur les ctes franaises) nos jours. La plus grande catastrophe fut celle de la tte du puits sous marin dIxtoc one, dans le golfe du Mexique o 350 000 tonnes de ptrole brut se sont dverses dans locan entre juin 1979 et fvrier 1980 (soit 3 Amoco Cadiz). Dautres sources viennent alourdir le bilan, citons lexemple de la premire guerre du Golfe, o la fin du conflit en 1991 a rvl la catastrophe des champs de puits de ptrole en flamme et le naufrage de ptroliers bombards, dversant des quantits importantes de brut. Le bilan total a t estim 800 000 tonnes dverses, 40 millions de tonnes de sols saturs de ptrole et 700 km de ctes pollues.

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Tableau I.1. Accidents ptroliers les plus importants de 1967 2002 (Kennish, 2001 modifi).Anne 1967 1970 1976 1977 1978 1979 1979 1979 1979 1979 1979 1979 1979 1980 1980 1983 1984 1984 1985 1985 1989 1992 1993 1999 2001 2002 Nom du ptrolier Torrey Canyon Texaco Oklahoma Urquiola Grand Zenith Amoco Cadiz Ixtoc / Platform Andros Patria Betelgeuse Gino Aviles Atlantic Express Burmah Agate Independenta Irenes Serenade Juan A. Lavalleja Castello deBelver Assimi Pericles GC Neptunia Nova Exxon Valdez Aegean Sea Brear Erika Baltic Carrier Prestige Quantit de ptrole (tonne) 117 000 31 500 100 000 32 000 230 000 350 000 60 000 35 000 42 000 25 000 276 000 40 000 94 600 102 000 40 000 255 500 51 400 46 600 60 000 71 100 35 000 79 000 84 000 28 000 30 000 77 000 Zones affectes France U.S. Espagne Canada France Golf du Mexique Espagne Irlande France Mer dArabie Tobago U.S. Turkie Grece Algrie Sud Afrique Oman Qatar Iran Iran Alaska France / Espagne Norvge / Scotland France Mer Baltiqus France / Espagne

Les hydrocarbures ptroliers qui arrivent dans lenvironnement marin peuvent avoir quatre origines majeures: les sources gochimiques, lextraction de ptrole, le transport et la consommation. La part des sources gochimiques dues des fuites naturelles qui apparaissent au fond des ocans slve 47 %. Les 53 % restant se rpartissent ainsi: 38 % proviennent des rejets suite la consommation (exemple: rejets dindustries bases terre et des grandes agglomrations urbaines), 12 % sont dus au transport et 3 % la production ptrolire offshore (Figure I.1).

Il faut enfin signaler quune quantit non ngligeable dhydrocarbures peut provenir de lactivit de nombreux microorganismes et des plantes (Albro, 1976; Bachofen, 1982; Saliot, 1981).

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Production 3% Transport 12 %

Sources Gochimiques 47 % Consommation 38 %

Figure I.1. Les diffrentes sources ptrolires responsables de la pollution de lenvironnement marin (National Research Council, 2002).

Les impacts de la pollution par les hydrocarbures sont multiples. Les aspects les plus vidents sont les grandes catastrophes trs mdiatises comme les mares noires: forte mortalit de la faune aquatique, bords de mer englus,. Il ne faut pas ngliger les consquences conomiques de ces vnements pour les riverains vivant de la pche ou du tourisme ainsi que pour les collectivits territoriales et ltat. Mais les effets court terme comme trs long terme sur les cosystmes terrestres et aquatiques sont mal connus.

I.2.

FORMULES

CHIMIQUES

DES

HYDROCARBURES DE DIFFERENTES

SOURCES DANS LES ENVIRONNEMENTS MARINS

Les hydrocarbures dans lenvironnement marin peuvent avoir trois origines principales: Les rejets industriels et urbains, sources dhydrocarbures ptroliers ou pyrolytiques. Les vgtaux aquatiques (phytoplancton, macrophytes) et organismes

htrotrophiques (zooplancton, bacterioplancton). Les vgtaux suprieurs terrestres via la matire organique dtrique des sols, rsultant du drainage des bassins versants.

Notons que la premire origine est anthropique, alors que les deux dernires sont biogniques, donc issues de la biosynthse rcente.

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I.2.1. Les composs ptroliers

Les ptroles bruts sont constitus de diffrentes familles des composs (Figure I.2.) dont la composition chimique varie normment selon leur origine gographique et gologique (Tissot et Welte, 1984). Les hydrocarbures constituent la fraction la plus importante d'un brut ptrolier, ils reprsentent entre 65 et 95 % de la plupart des ptroles bruts. Les composs ptroliers peuvent tre classs en quatre familles principales qui sont prsentes en proportions variables selon lorigine: les hydrocarbures saturs (30 70 %), les hydrocarbures aromatiques et polyaromatiques (20 40 %), les composs polaires (5 25 %) et les asphaltnes (0 10 %). Les produits ptroliers sont aussi introduits dans lenvironnement marin sous forme de produits raffins: carburants et huiles, leurs compositions dpendent de lorigine du ptrole et des oprations subies au cours du raffinage. On dnombre environ 230 composants pour lessence et de lordre de 2000 pour un fuel lourd.

I.2.1.1. Les hydrocarbures saturs

Parmi lesquels, on distingue * Les alcanes linaires (n-alcanes, CnH2n+2), dont la longueur de chane varie de 7 40 atomes de carbone, constituent une des classes les plus abondantes (10 40 % des hydrocarbures totaux d'un brut ptrolier). * Les alcanes ramifis: les plus abondants sont les iso-alcanes (groupement mthyle en position 2), les autres composs ramifis antiso (groupement mthyle en position 3) ou polyramifis tels que les isoprnodes (exemple: pristane, phytane) sont beaucoup moins nombreux. Ces composs se trouvent dans le ptrole brut dans des proportions sensiblement gales celles des n-alcanes. Par contre le ptrole brut dorigine fossile ne contient en gnral pas dalcnes. * Les cycloalcanes: renferment des composs cycliques ( 5 ou 6 atomes de carbone) saturs et le plus souvent substitus. Quelques drivs polycycliques sont aussi prsents et certains dentre eux tels les stranes et les triterpanes sont caractristiques dun ptrole brut. Cette famille peut reprsenter entre 30 et 50 % des hydrocarbures totaux dun ptrole brut.

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I.2.1.2. Les hydrocarbures aromatiques

Plusieurs familles d'hydrocarbures aromatiques et polyaromatiques dont le nombre de noyaux varie de 2 6 sont prsents dans les ptroles bruts. Ces composs sont domins par des composs mono-, di- et tri-aromatiques (Neff, 1979). En gnral, les hydrocarbures aromatiques sont moins abondants que les alcanes, et ne reprsentent que 10 30 % des hydrocarbures totaux d'un brut ptrolier. Les composs alkyls sont, la plupart du temps, plus abondants que les molcules parentales dont ils drivent. Certains cycles aromatiques peuvent tre associs des noyaux (cycle 5 ou 6 atomes de carbone) saturs (naphtoaromatiques).

I.2.1.3. Les composs polaires

Cette fraction correspond des molcules htrocycliques, telles que: des composs oxygns: phnols, acides carboxyliques, alcools, aldhydes, des composs soufrs: mercaptans, sulfures, disulfures, des composs azots: pyridines, quinolines,

Les drivs soufrs sont dans la plupart des cas plus abondants que les composs oxygns ou azots.

I.2.1.4. Les asphaltnes

Les asphaltnes correspondent une classe de composs de hauts poids molculaires, insolubles dans le pentane ou lhexane. La structure de ces composs est mal connue du fait, dune part de leur composition chimique complexe ( base de cycles aromatiques condenss, de naphto-aromatiques, de ramifications et dhtroatomes (O, N, S), dautre part de mthodes analytiques difficilement utilisables.

Les mtaux sont galement prsents mais ltat de traces. Les plus abondants sont le vanadium et le nickel, mais du fer, du sodium, du cuivre et de luranium ont galement t dtects.

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Aromatiquesn-heptadecane (n-C17) Tetramethyl-2,6,10,14pentadecane (pristane)

n-alcanes Alcanes chaines ramifies

Benzenes

Phenanthrene

AlcnesTetramethyl-2,6,10,14hexadecane (phytane)

Naphtalenes

Pyrene

PETROLE BRUT

Cycloalcanes

Chrysene

Fluoranrhene Cyclopentanes

Benzopyrene-3,4

Cyclohexanes

Perylene

Composs azotsN N

Composs oxygnsR - OH AlcoolsOH

Composs soufrsR - SH MercaptansS

AsphaltnesPyridineN N

PorphyrinesQuinoline R - CHO Aldehydes PhenolO

ThiophneS

MtauxPyrrole Carbazole

R-S-R Sulfures R - COOH Acides

Dibenzothiophne Furanne

R-S-S-R Disulfures

Figure I.2. Composs hydrocarbons et non hydrocarbons prsents dans le ptrole brut.

19

I.2.2. Les hydrocarbures biognes

Les organismes vivants biosynthtisent des hydrocarbures aliphatiques, aromatiques et polyaromatiques condenss. Le dveloppement des techniques analytiques

(chromatographiques et spectroscopiques) a dmontr la complexit de ces composs prsents en faibles quantits dans les colonnes deau et les sdiments. En effet, la biosynthse et les mcanismes de transformations (dissolution, vaporation, photo-oxydation, adsorptiondesorption sur des particules, transformations biologiques, ) conduisent un mlange de composs dont la spcificit dpend des organismes producteurs et des conditions physicochimiques du milieu. Ainsi, la stabilit de ces composs a fait deux des marqueurs biologiques et gochimiques dune trs grande valeur. Plusieurs travaux de recherche se sont intresss la distribution et labondance des hydrocarbures dans les environnements marins, ce qui permet dvaluer les niveaux de pollution, destimer une ventuelle augmentation en concentration suite aux phnomnes de transport et aux activits industrielles et de prdire les effets des hydrocarbures anthropogniques sur les processus physiques, chimiques et biologiques (Saliot, 1981).

I.2.2.1. Les hydrocarbures aliphatiques saturs

* Les alcanes linaires (n-alcanes): Les n-alcanes sont des constituants prdominants dans la distribution des hydrocarbures dans lenvironnement marin. Les espces phytoplanctoniques et les macro-algues synthtisent des n-alcanes dont les longueurs de chanes varient respectivement de n-C14 n-C32 et de n-C20 n-C30 (Saliot, 1981), avec un maximum n-C15 ou n-C17 (Blumer et al. 1971; Gelpi et al., 1970; Clark et Blumer, 1967; Youngblood et al., 1971). Une distribution des n-alcanes sans prdominance paire / impaire a t observe chez les bactries (C13 C31) et les plantes infrieures terrestres (C15 C23) avec un maximum dans la zone de C17 C20 pour les bactries (Han and Calvin, 1969; Oro et al., 1967). Cependant, les plantes suprieures synthtisent des n-alcanes de haut poids molculaire (C23 C33) prdominance impaire. * Les alcanes ramifis: Les hydrocarbures isoprniques sont les plus frquents dans lenvironnement marin et ils prsentent plusieurs origines (Saliot, 1981). Le pristane (2,6,10,1420

tetramthylpentadcane) a t identifi en faible quantit chez les phytoplanctons, chez les macro-algues, les zooplanctons et pourrait tre lhydrocarbure majeur chez certaines bactries anarobies. Han et Clavin (1969), ont identifi le phytane (2,6,10,14-tetramethylhexadecane) en faibles concentrations chez des bactries, qui a t aussi identifi chez des micro-algues (Volkman et al., 1980). On trouve galement dautres composs comme le 7-mthylheptadcane et 8mthylheptadcane, identifis chez les micro-algues. Ces alcanes portant une ramification mthyle sont absents chez les autres organismes et en particulier les bactries. Ces dernires sont caractrises par des hydrocarbures courtes chanes, avec une prdominance marque de composs nombre impair datomes de carbone et surtout ramifis en position iso et antiso (Kolattukudy, 1976). Dautres sources peuvent tre galement lorigine des hydrocarbures ramifis notamment les plantes dont les iso-alcanes pourraient constituer dans certains cas plus de 50 % des hydrocarbures totaux (Eglinton et al., 1962; Saliot, 1981).

I.2.2.2. Les hydrocarbures aliphatiques insaturs Les organismes marins synthtisent un grand nombre dolfines chanes droites, possdant jusqu' six doubles liaisons, o prdominent les composs suivants (Saliot, 1981; Volkman et al., 1980, 1981): n-C17:1, n-C18:1, n-C19:1, n-C21:5 et n-C21:6 chez les micro-algues. n-C17:1, n-C19:5, n-C21:5 et n-C21:6 chez les macro-algues. n-C21:6, n-C14:1, n-C19:1, n-C22:1 et n-C30:1 chez le zooplancton. n-C17:1 et n-C17:2 chez les bactries.

Des polyolfines ramifies telles que le squalne et les carotnes ont t galement identifis.

I.2.2.3. Les cycloalcanes et les cycloalcnes Le plus simple hydrocarbure cyclique est un alkylcyclopropane identifi dans des algues marines (Youngblood et al., 1971) mais la plupart de ces composs sont des terpnodes comme les triterpnodes pentacycliques (Saliot, 1981).

I.2.2.4. Les hydrocarbures aromatiques La biosynthse directe de ces composs par des microorganismes ou des vgtaux est un sujet controvers. En effet, lexception dune faible contribution des algues, des bactries et 21

des plantes, les hydrocarbures aromatiques sont gnralement considrs comme produits de pyrolyse des activits humaines et des phnomnes naturels (incendies de forts, ruptions volcaniques) (Bouchez et al., 1996; Saliot, 1981).

I.3. DEVENIR DES HYDROCARBURES EN MILIEU MARIN I.3.1. Facteurs abiotiques dans llimination des hydrocarbures

Du fait de la trs faible solubilit des hydrocarbures dans leau et de leur densit qui est lgrement infrieure lunit, les hydrocarbures rejets dans les ocans stalent la surface avant de subir une srie de modifications suite laction de facteurs abiotiques et biologiques (Figure I.3). Laction simultane de ces diffrents facteurs aboutira llimination de cette pollution (Bertrand et Mille, 1989; U.S. Congress, Office of Technology Assessement, 1991). Les facteurs environmentaux sont:

Figure I.3. Processus physico-chimiques et biologiques intervenant dans lvolution dune nappe de ptrole en milieu marin (Bertrand et Mille, 1989).

22

I.3.1.1. Evaporation Ce phnomne touche les fractions de faible poids molculaire et dpend des conditions atmosphriques (vent, vagues, temprature,). Les hydrocarbures les plus lgers, ayant de 4 12 atomes de carbone (Teb < 270 C), qui reprsentent gnralement prs de 50 % des hydrocarbures totaux dun brut moyen, sont limins rapidement ds les premiers jours, pouvant conduire une pollution de latmosphre.

I.3.1.2. Solubilisation La solubilit des hydrocarbures dans leau de mer est trs faible. Un hydrocarbure est dautant plus soluble que sa masse molculaire est faible et que sa polarit est leve. Il est important de noter que ces hydrocarbures solubles sont parmi les plus dangereux pour lenvironnement, ils sont difficiles liminer et sont adsorbs par la faune et la flore.

I.3.1.3. Emulsification Deux types dmulsions peuvent se former : eau-dans-huile appele "mousse Chocolat" et huile-dans-eau. Les mulsions eau-dans-huile sont constitues par des hydrocarbures de haut poids molculaires. Ces mulsions difficilement dgradables sont les prcurseurs des rsidus goudronneux retrouvs sur les plages, alors que les mulions huiledans-eau facilitent llimination des hydrocarbures.

I.3.1.4. Sdimentation La sdimentation est le passage du ptrole de la surface vers le fond. Ce phnomne concerne les rsidus goudronneux constitus de la fraction ptrolire la plus lourde et dont la densit est suprieure celle de leau de mer. La sdimentation conduit la constitution dagrgats de haute densit difficilement dgradable par voie naturelle.

I.3.1.5. Photo-oxydation La photo-oxydation est observe au niveau de la surface de leau o lair (oxygne) et la lumire (radiations solaires) sont prsents pour la transformation des hydrocarbures (Payne

23

et Phillips, 1985). Lefficacit de ce phnomne dpend de la nature des hydrocarbures et de la prsence de composs non hydrocarbons (Bertrand et Mille, 1989). Ainsi, la photooxydation touche plus particulirement les composs aromatiques qui sont plus photosensibles que les composs aliphatiques. Parmi ces derniers, les composs ramifis sont plus facilement photo-oxyds que les n-alcanes (Rontani et Giusti, 1987). La photo-oxydation conduit la formation de composs solubles dans leau (acides, alcools, ctones, peroxides et sulfoxides) et certains travaux de recherche ont montr leur toxicit pour les communauts microbiennes (Payne and Phillips, 1985; Larson et al., 1979; Maki et al., 2001) alors que Rontani et al. (1987, 1992), ont montr lexistence dinteractions entre la photo-oxydation et la biodgradation pour llimination des alkylbenznes et de lanthracne. Laction simultane de ces deux phnomnes permet une limination plus rapide de ces deux familles de composs.

I.3.1.6. Biodgradation la biodgradation est le processus naturel le plus important dans la dpollution de lenvironnement marin. Les microorganismes en sont responsables, en particulier les bactries. Limportance de la biodgradation dans llimination du ptrole, les voies mtaboliques doxydation des hydrocarbures par les bactries et les paramtres qui peuvent influencer la biodgradation seront traits dans les paragraphes suivants.

I.3.2. Pntration des hydrocarbures dans la chane alimentaire

Les produits ptroliers rejets dans lenvironnement ont des rpercussions sur les plantes, animaux et tres humains. Les consquences de la contamination dpendent des organismes eux-mmes et de la structure chimique des hydrocarbures. Certaines espces prouvent des changements de comportement peine perceptibles ou des problmes de sant court terme. Certaines dentre elles prouvent des effets toxiques instantans et aigus parfois mortels, tandis que chez dautres espces, les repercussions se manifestent lentement long terme (Agence Franaise de Scurit Sanitaire des Aliments, communique de presse, 6 Janvier 2000). Face ces polluants, les organismes susceptibles dtre contamins doivent tre considrs en fonction de leur capacit de rponse spcifique.

24

Les bactries, nourriture de nombreuses espces aquatiques, peuvent tre des vecteurs de contamination par lesquels les hydrocarbures peuvent entrer dans la chane alimentaire (Bertrand et Mille, 1989 et articles cits). Les connaissances les plus nombreuses portent sur les hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAPs) dont la toxicit la plus souvent rapporte correspond leur potentiel carcinogne.

II. BIODEGRADATION AEROBIE DES HYDROCARBURES PAR LES MICROORGANISMES

II.1. INTRODUCTION La biodgradation est lun des premiers mcanismes conduisant llimination des hydrocarbures de lenvironnement. La littrature concernant loxydation des hydrocarbures par les microorganismes indique que la croissance cellulaire dpend des processus de transport des hydrocarbures la surface cellulaire et de passage travers lenveloppe cellulaire jusquau cytoplasme.

Trois modes de transport des hydrocarbures sont gnralement considrs (Hommel, 1994; Goswani et Singh, 1991; Husain et al., 1997):

1- Linteraction des cellules avec les hydrocarbures dissous dans la phase aqueuse par les facteurs de solubilisation extracellulaires. 2- Linteraction des cellules avec les hydrocarbures mulsifis par les agents actifs de surface appels biosurfactants. 3- Le contact direct des cellules avec les hydrocarbures.

La

biodgradation

des

hydrocarbures

par

les

microorganismes

appels

hydrocarbonoclastes a t mise en vidence ds 1946 par ZoBell. Depuis cette date le nombre despces bactriennes identifies possdant cette proprit na cess daugmenter. En se basant sur la frquence disolement, les genres bactriens prdominants sont Pseudomonas, Acinetobacter, Alcalignes, Vibro, Flavobacterium, Achromobacter, Micrococcus,

Corynebacteria, et Nocardia (Leahy et Colwell, 1990; Floodgate, 1995). Ces organismes dgradant les hydrocarbures sont ubiquistes (Atlas, 1995 a, b; Olivera et al., 1997), ils ont

25

mme t rencontrs dans les cosystmes extrmes comme les rgions polaires (Whyte et al., 1995; Aislabie et al., 1998), les dserts (Al-Hadrami et al., 1995) ou les sources chaudes (Zarilla et Perry, 1984).

Lactivit humaine, au travers des multiples sources de pollution et par la mondialisation des dplacements, favorise lapparition de nouvelles souches aptes la dgradation des hydrocarbures (Van der Meer et al., 1992). Ainsi, mme si les conditions de temprature, aration, pH, toxicit ou nutriments sont dfavorables, une dpollution intrinsque reste possible avec une efficacit amoindrie (Leahy et Colwell, 1990; Delille et al., 1998).

La capacit de se dvelopper sur les hydrocarbures ne se limite pas uniquement aux bactries, certains sites contamins contiennent galement de nombreux champignons et levures capables de les dgrader (Klug et Markovetz, 1971; Blasig et al., 1984; Davies et Westlake, 1979; Fedorak et al, 1984; Meulenberg et al., 1997; Yamada-Onodera et al., 2002). Signalons enfin que certaines micro-algues sont capables dattaquer les hydrocarbures, citons lexemple de Protatheca zopfii qui dgrade 40 % du ptrole brut (Walker et al., 1975). Cependant parmi les microorganismes aptes se dvelopper sur les hydrocarbures, les bactries restent qualitativement et quantitativement prpondrantes pour mtaboliser ces substrats (Bertrand et Mille, 1989; MacNaughton et al., 1999). Le rejet des produits ptroliers dans les milieux marins ou terrestres entrane une prolifration des microorganismes aptes se dvelopper sur les hydrocarbures et leurs produits de dgradation. Leur nombre est beaucoup plus important dans les zones pollues de faon chronique et saccrot aprs un apport dhydrocarbures dans les sites dpourvus de contamination (Bartha et Atlas, 1977; Atlas, 1981; Floodgate, 1984).

II.2. PROCESSUS DOXYDATION DES HYDROCARBURES Ltude de loxydation des hydrocarbures se base sur lanalyse des milieux de culture des microorganismes dont la croissance dpend de la nature de lhydrocarbure utilis comme source de carbone ainsi que des capacits mtaboliques des cellules. Les produits dtects peuvent directement provenir du substrat, mais leur accumulation ultrieure peut tre due au fait quils sont faiblement mtaboliss ou non mtaboliss. Dautre part, plusieurs produits doxydation peuvent tre de nature transitoire et napparaissent jamais en quantits dtectables. Les informations obtenues par lanalyse cellulaire et des milieux de cultures 26

permettent dtablir le processus mtabolique de dgradation des hydrocarbures. La confirmation de ces mcanismes ncessite des vrifications enzymologiques. Quand la dgradation suit des chemins alternatifs, ceux-ci doivent tre vrifis par inhibition slective de chacun dentre eux.

II.2.1. Voies mtaboliques de la dgradation des hydrocarbures aliphatiques

II.2.1.1. Dgradation des n-alcanes

Les n-alcanes courtes chanes, tel le n-nonane ne sont pas toujours assimils, mais peuvent tre oxyds. Seulement quelques bactries ont la capacit de crotre sur les alcanes plus courts que le n-octane alors que les n-alcanes dont le nombre de carbone est suprieure 9, sont les hydrocarbures les plus facilement dgradables par une trs grande varit de microorganismes (Ratledge, 1978). Plusieurs modes dattaque des n-alcanes ont t dcrits. Ils font intervenir loxygne molculaire.

II.2.1.1.1. Loxydation monoterminale Loxydation monoterminale est le principal processus utilis par la plupart des bactries, conduisant la formation de lalcool primaire puis de laldhyde et de lacide gras correspondant (Pirnick et al, 1974; Nieder et Shapiro, 1975; Grund et al, 1975). Les acides gras forms peuvent tre oxyds par , ou -oxydation; les composs forms pourront par la suite tre incorpors aux lipides cellulaires. Une longation de la chane carbone est alors possible. Les voies mtaboliques doxydation monoterminale des n-alcanes sont indiques sur la Figure I.4.

27

CH3-(CH2)m-CH2-CH2-CH3

CH3-(CH2)m-CH2-CH2-CH2-OH

CH3-(CH2)m-CH2-CH2-CHO

CH3-(CH2)m-CH2-CH2-COOH

-oxydation CH3-(CH2)m-CH CH-COOH

-oxydation CH3-(CH2)m-CH2-CH-COOH OH

-oxydation OH-CH2-(CH2)m-CH2-CH2-COOH

CH3-(CH2)m-CH-CH2-COOH OH

CH3-(CH2)m-CH2-CHO + CO2

OHC-(CH2)m-CH2-CH2-COOH

CH3-(CH2)m-CH2-COOH CH3-(CH2)m-C-CH2-COOH

HO2C-(CH2)m-CH2-CH2-COOH

O

Oxydations ultrieures: , ,

Oxydations ultrieures: ,

CH3-(CH2)m-COOH + CH3COOH

Oxydations ultrieures: , ,

Figure I.4. Voie mtabolique de loxydation monoterminale des n-alcanes.

Cette oxydation monoterminale pour donner lalcool primaire est catalyse par un mcanisme complexe dhydroxylase qui peut tre reli un systme de transport dlectrons permettant lincorporation de latome doxygne. Les deux meilleurs systmes dcrits sont: le Cytochrome P450 et le Rubredoxin.

* Cytochrome P450: Ce systme a t dcrit en premier lieu chez les bactries pour lhydroxylation des nalcanes par Corynebacterium sp (Cardini et Jurtshut, 1968, 1970) via lincorporation d'oxygne atmosphrique (Figure I.5).

28

R - CH3

O2

cytochrome P450 rduite (Fe )2+

ion proteine oxyd

flavoproteine rduite

NADP+

cytochrome P450 H2OR - CH2OH

oxyde (Fe )

3+

ion proteine rduite

flavoproteine oxyde

NADPH

Figure I.5. Mcanisme de loxydation dun n-alcane en alcool primaire par le systme cytochrome P450 (Cardini et Jurtshuk, 1968, 1970).

* Systme rubredoxin: Ce systme enzymatique a t initialement dcouvert chez Pseudomonas oleovorans (Figure I.6).

R - CH3

O2

rubredoxine rduite (Fe2+)

flavoproteine oxyde

NADH

H2OR - CH2OH

rubredoxine oxyde (Fe3+)

flavoproteine rduite

NAD+

Figure I.6. Mcanisme de loxydation dun n-alcane en alcool primaire par le systme Rubredoxin (Cardini et Jurtshuk, 1968, 1970).

II.2.1.1.2. Oxydation des n-alcanes par le systme de dioxygnase

Cette voie mtabolique d'oxydation des n-alcanes a t propose pour la premire fois par Finnerty (1977, 1988) pour les bactries du genre Acinetobacter. Les n-alcanes sont oxyds par une dioxygnase conduisant la formation d'un n-alkyl-hydroperoxyde, qui sera son tour oxyd en aldhyde puis en acide. Chez d'autres souches, une tape supplmentaire dans la voie mtabolique d'oxydation des n-alcanes a t dmontre: il s'agit de la formation d'un alcool partir du n-alkyl-hydroperoxyde, qui est ensuite oxyd en aldhyde (Finnerty, 1990 a, b). La figure suivante montre ces deux voies mtaboliques:

R - CH3 + O2

R - CH2 - OOH R - CH2 - OH

R - CHO

R - COOH

29

II.2.1.1.3. Oxydation des alcanes via alcnes

Les tudes de Senez et Azoulay (1961) et Azoulay et al. (1963) sur la bactriePseudomonas aeruginosa, ont montr que les alcnes sont des mtabolites intermdiaires de

la dgradation des alcanes. Les alcnes forms subissent une poxidation suivie dune rduction en alcool primaire, qui son tour sera oxyd en acide. Les rsultats d'Azoulay et al. (1963) et Senez et Azoulay (1961) suggrent que les alcanes et les alcnes sont dgrads suivant la mme voie mtabolique et que les produits doxydation des deux hydrocarbures devraient tre les mmes. Le mcanisme de loxydation via la formation dalcne est prsent la Figure I.7.CH3 - (CH2)4 - CH2 - CH3NAD NADH2

CH3 - (CH2)4 - CH = CH2+ O2 + Fe++

CH3 - (CH2)4 - CH - CH2 O CH3 - (CH2)4 - CH2 - CH2OH

Figure I.7. Oxydation terminale via la formation dalcne par une souche de Pseudomonasaeruginosa (Azoulay et al., 1963).

II.2.1.1.4. Oxydation subterminale

Dans certains cas, loxydation peut tre subterminale, ce qui conduit la formation dun alcool secondaire puis une ctone. La dgradation ultrieure de la ctone par incorporation dun atome doxygne conduit la formation dun ester (raction de type Bayer-Villiger) qui est hydrolys en alcool et en acide, comme le montre la Figure I.8.

30

CH3-(CH2)m-CH2-CH2-CH3 CH3-(CH2)m-CH2-CH-CH3 OH CH3-(CH2)m-CH2-C-CH3 O CH3-(CH2)m-CH2-O-C-CH3 O CH3-(CH2)m-CH2-OH + HOCO-CH3

CH3-(CH2)m-COOH

Oxydation ultrieure: ,,

Figure I.8. voie mtabolique de loxydation subterminale (Klug et Markovetz, 1971)

II.2.1.1.5. Oxydation diterminale

Aprs formation de lacide gras, une deuxime oxydation peut se produire au niveau du groupement mthyl- pour donner un di-acide. La formation de 1--alcane-diol et de dialdhyde na pas t observe (Rehm et Reiff, 1981). Loxydation subterminale de lacide gras peut galement se produire pour donner le (-1)-hydroxy acide de mme longueur de chane que le n-alcane (Figure I.9).

31

CH3-CH2-(CH2)m-COOH

CH3-CH-(CH2)m-COOH OH acide gras (1)hydroxyl

HO-CH2-CH2-(CH2)m-COOH

acide gras -hydroxyl

OHC-CH2-(CH2)m-COOH oxydations ultrieures

acide gras -aldehydique

HOOC-CH2-(CH2)m-COOH acide gras dicarboxylique

oxydations ultrieures: ,

Figure I.9. Voie mtabolique via loxydation terminale et subterminale des acides (daprs Bertrand et Mille, 1989; Ratledge, 1978).

II.2.1.2. Biodgradation des alcanes ramifis

Les alcanes ramifis sont gnralement moins sensibles la biodgradation, ce qui peut provoquer leur accumulation dans lenvironnement. La prsence dun groupement mthyle en position , va empcher la -oxydation, ce qui ncessite lintervention dun autre mcanisme comme l-oxydation ou une oxydation lautre extrmit. Chez certaines bactries, la voie mtabolique passe alors par la voie dite de "citronelleol"; cest le cas dePseudomonas citronellolis capable de dgrader le 2-octene, le 3,6-dimethyloctane et le 2,6-

dimethyldecane (Figure I.10) (Fall et al., 1978), ainsi que chez plusieurs autres espcesPseudomonas (Cantwell et al., 1978). Laugmentation du nombre de ramifications a pour

effet de diminuer leur biodgradabilit (Davis, 1967; Foster, 1962; McKenna, 1972). Par contre une ramification en nempche pas une -oxidation (Rontani et Giusti, 1986; Schaeffer et al., 1979), cest ce qui explique la biodgradation de composs polyramifis de type isoprenoque tel le pristane (2,6,10,14-ttramthyl pentadecane) (Mckenna et Kallio, 1971; Pirnik et al., 1974; Rontani et al., 1986; Ko et Lebealt, 1999; Alvarez, 2003).

32

Loxydation des alcanes ramifis commence gnralement par le groupement mthyle terminal le plus loign de la ramification et lacide gras form est ensuite incorpor dans les lipides cellulaires. Par -oxydation, la dgradation peut se poursuivre jusqu' la ramification o une -oxydation sera alors ncessaire pour une minralisation complte de lalcane.

2,6-dimethyl-2-octne

3,6-dimthy-octane

2,6-dimthyl-dcane

CH2OH

CH2OH

CH2OH

Voie Citronellol

-oxydation

CH3COSCoA R COSCoA

.R COSCoA

.CO2 R

CO2

CH2 CO2H

.

O R COSCoA

COSCoA Oxydations ultrieures

Avec R:

,

ou

Figure I.10. Voies mtaboliques de la dgradation des hydrocarbures ramifis parPseudomonas citronellolis suivant la voie "Citronellol"

Plusieurs travaux se sont intresss aux mcanismes de dgradation du pristane puisque les hydrocarbures isoprnoques sont des produits naturels ubiquistes et que le pristane est un compos relativement inerte et trs utilis comme marqueur biologique. Les mcanismes de dgradation du pristane souvent rencontrs chez les bactries sont indiqus la Figure I.11.

33

Pristane (ttramthyl-2,6,10,14 pentadcane)

oxydation monoterminale

oxydation en position antiso

OH OH

COOH

O O O

oxydation

CH3HOOC COOH COOH

OH CH3

HOOC

COOH

Units C2 Units C3

oxydation

oxydation

Units C2 Units C3

HOOC OH HOOC HOOC

Figure I.11. Mcanisme de dgradation du pristane. La prsence de deux groupements mthyles chacun en position des extrmits de la chane hydrocarbone (ramification antiso) bloque la dgradation des alcanes linaires (Schaeffer et al., 1979).

34

Par ailleurs, Rontani et Giusti (1986) ont montr que loxydation directe en position 3 tait possible: une population mixte de bactries marines a en effet oxyd un compos disubstitu aux deux extrmits, le 2,2,4,4,6,8,8-heptamthylnonane.

Berekaa et Steinbchel (2000) ont isol deux souches Mycobacterium : Mycobacteriumfortuitum et Mycobacterium ratisbonense, capables dutiliser lalcane ramifi le squalane

(2,6,10,15,19,23-hexamthyltetracosane) et son hydrocarbure parent insatur le squalne comme source unique de carbone. Une partie du mcanisme de dgradation de ce compos correspond celle du pristane et une autre partie correspond la voie de Citronellol (Figure I.12).CH3 H3C CH3 CH3 CH3

Squalane

CH3

CH3

CH3

CH3 HOOC

CH3

CH3 COOH CH3 3 x C3 3 x C2 CH3 CH3 CH3

-oxydations successives

CH3

CH3 COOH

HOOC

Mcanisme du "Citronellol"

CH3 HOOC

CH3

O COOH

Dgradation incluant des -oxydations successives

Figure I.12. Voie mtabolique de la dgradation du squalane par Mycobacterium fortuitum etratisbonense (Berekaa et Steinbchel, 2000).

35

II.2.1.3. Biodgradation des alcnes

La voie mtabolique la plus importante dans la dgradation des alcnes, correspond loxydation du groupement mthyle terminal pour donner un alcool primaire -insatur, qui son tour sera oxyd en acide (Stewart et al., 1960). Une autre voie mtabolique a t montre par les tudes de Van der Linden (1963) et de Huybregtse et Van der Linden (1964) sur loxydations des alcnes, qui est la formation dun poxyde, dun diol-1,2, dun -hydroxy acide et enfin dun acide satur (laldhyde qui est un mtabolite intermdiaire na pas t dtect). Des tudes ultrieures ont confirm ce deuxime mcanisme (Markovetz et al., 1967; Klug et Markovetz, 1967; Makula et Finnerty, 1968b; Schwartz et McCoy, 1973; Vaz et al., 1998; Small et Ensign, 1997). La Figure I.13, montre ces deux voies mtaboliques dans le cas des alcnes terminaux.CH3 - (CH2)n - CH CH2

HO - CH2 - (CH2)n - CH

CH2

CH3 - (CH2)n - CH - CH2 O

HO - CH2 - (CH2)n - CH - CH2 O

HOOC - (CH2)n - CH

CH2

CH3 - (CH2)n - CH - CH2 OH OH

CH3 - (CH2)n - CH - COOH OH

CH3 - (CH2)n -COOH + CO2

Figure I.13. Voies mtaboliques de la dgradation des alcnes terminaux (daprs Ratledge, 1978).

36

II.2.2. Voies mtaboliques de dgradation des hydrocarbures saturs cycliques

Le ptrole brut est un mlange complexe contenant notamment des sries homologues de cyclanes alkyls tel que les n-alkyl-cyclohexanes et les n-alkyl-cyclopentanes (Williams et al, 1988; Kissin, 1990; Dong et al., 1993). De nombreux drivs polycycliques sont aussi prsents et certains dentre eux, tels les stranes et les triterpanes sont caractristiques de lorigine du ptrole. Cette famille peut reprsenter entre 30 et 50 % des hydrocarbures dun ptrole brut (Bertrand et Mille, 1989). Laccumulation de ces composs dans lenvironnement, montre leur caractre relativement rfractaire aux attaques microbiennes. Cependant, un grand nombre de microorganismes incluant les champignons, les algues et essentiellement les bactries sont capables de les dgrader (Davis et Raymond, 1961; Beam et Perry, 1974a; Feinberg et al., 1980; Rontani et Bonin, 1992; Dutta et Harayama, 2001; Rios-Hermandez et al., 2003). Les cycloalkanes non substitus peuvent tre oxyds et transforms en lactones hydrolysables, conduisant ultrieurement un diacide (Figure I.14) (Beam et Perry, 1974a; Trudgill, 1978).

(CH2)n

CH2

(CH2)n

CHOH

(CH2)n

C

O

COOH Dgradations ultrieures (CH2)n-1 COOH (CH2)n

O C O

Figure I.14. Biodgradation des cycloalcanes non-substitus (Bertrand et Mille, 1989).

Les drivs substitus des cycloalcanes sont plus facilement dgrads que les molcules parentales homologues. La dgradation des cyclohexanes n-alkyl substitus a t largement tudie du fait de leur prsence dans le ptrole brut et leur accumulation dans lenvironnement.

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(CH2)n-CH3 Alkyl-cyclohexane

n pair

n impair

COOH

CH2-COOH

COOH

CH2-COOH

OH

OH

COOH

CH2-COOH

OH

OH

COOH CH2-COOH OH OH ORTHO META Rupture COOH COOH COOH COOH O C-CH2-COOH COOH O OH OH HO CH2-COOH OH

OHC HOOC

OH

CH2-COOH CHO COOH OH

CO2 + Acide pyruvique

Acide succinique + Acetyl - CoA

Acide succinique + Acide pyruvique

Acide furamique + Acide actoactique

Figure I.15. Voies mtaboliques de la dgradation des alkyl-cyclohexanes (Bertrand et Mille, 1989). 38

Gnralement, le groupement mthyle terminal de la chane n-alkyl de ces composs est initialement oxyd en acide carboxylique ; un processus de dgradation par -oxydation conduit ensuite lacide cyclohexylcarboxylique ou lacide cyclohexyl-actique suivant que le nombre datomes de la chane alkyle est impair ou pair (Dutta et Harayama, 2001; Rontani et Bonin, 1992; Trudgill, 1978; Feinberg et al., 1980). Ces derniers mtabolites peuvent tre dgrads par un mcanisme dhydroxylation, aromatisation et une ouverture du cycle selon plusieurs mcanismes dpendant de la parit de la chane alkyle (Trudgill, 1978). Les voies mtaboliques sont rapportes sur la Figure I.15. Rontani et Bonin (1992) ont montr quen prsence dun mcanisme d-oxydation la production de lacide cyclohexylcarboxylique est possible partir dun alkyl-cyclohexane nombre pair datomes de carbone tel que le dodecylcyclohexane. Lacide cyclohexylcarboxylique form est ensuite mtabolis par un mcanisme classique de -oxydation (Guyer et Hegeman, 1969; Blakley et Papish, 1982; Rontani et Bonin, 1992), comme le montre la Figure I.16.

COOH

COOH

COOH

OH

oxydation

COOH COOH O

COOH

Figure I.16. Assimilation de lacide cyclohexyl-carboxylique par Alcaligenes sp. PHY 12 suivant un mcanisme de -oxydation (Rontani et Bonin, 1992).

Nous tenons signaler que les phnomnes de co-oxydation sont trs importants dans la dgradation totale de ce type de composs. En effet, certaines bactries prsentent une complmentarit enzymatique leur permettant la dgradation totale des cycloalcanes et des cyclanes substitus.

39

II.2.3. Biodgradation des hydrocarbures aromatiques

Les hydrocarbures aromatiques sont des polluants ubiquistes dans lenvironnement. Plusieurs sortes dhydrocarbures aromatiques et polycycliques aromatiques existent avec une grande varit de substituants alkyles en certaines positions, dpendant de leurs origines. En plus de leur prsence dans le ptrole (10 30 % des hydrocarbures totaux), les hydrocarbures aromatiques sont produits en quantit importante par lactivit humaine, et notamment dans les processus de pyrolyse et de combustion mis en uvre dans lindustrie, le transport et le chauffage. Ils sont dtects dans des chantillons dair, deau et de sol, ainsi que dans les vgtaux et les aliments. A part le cas particulier des aromatiques monocycliques, les pouvoirs mutagne et cancrogne apparaissent pour les hydrocarbures aromatiques polycycliques partir de quatre cycles et sont particulirement marqus pour les hydrocarbures polycycliques aromatiques cinq et six cycles (Bouchez et al., 1996). Plusieurs travaux de recherche ont fait lobjet de la distribution des hydrocarbures polycycliques aromatiques dans lenvironnement et leurs effets sur la sant humaine: plusieurs de ces composs ont t reconnus cancrignes.

Les hydrocarbures de faible poids molculaire sont trs solubles dans leau et par consquent trs toxiques pour les microorganismes. Ils peuvent interagir avec la membrane cellulaire des microorganismes (Sikkema et al., 1992, 1994; de Smet et al., 1978; Uribe et al. 1985). Ces interactions conduisent des changements structuraux et fonctionnels de la membrane, ce qui par consquent, peut diminuer la croissance et lactivit cellulaire (Uribe et al., 1990; Sikkema et al., 1994) .

La dgradation des hydrocarbures aromatiques par les microorganismes est trs importante pour llimination de ces composs des systmes aquatiques et terrestres. Les procaryotes et les eucaryotes ont des capacits enzymatiques qui leur permettent doxyder les composs aromatiques et polyaromatiques dont la taille peut varier du benzne au benzo(a)pyrne (Cerniglia, 1984). Les bactries oxydent initialement les hydrocarbures aromatiques par lincorporation de deux atomes doxygnes molculaires dans le substrat pour former des dihydrodiols de configuration cis (Gibson et al., 1975). Cette raction est catalyse par une enzyme, la dioxygnase. Loxydation des cis-dihydrodiols conduit la formation de catchols (Gibson et al., 1968). Gnralement, loxydation se poursuit par une rupture ortho (rupture de la liaison entre les deux groupements hydroxyle) ou mta (rupture dune laison entre un 40

carbone portant un groupement hydroxyle et le carbone immdiatement voisin ne portant pas de groupement hydroxyle) du cycle qui est assur par une autre dioxygnase (Dagley, 1971), comme le montre la Figure I.17 correspondant la dgradation du benzne.

Pour les drivs mthyls du benzne tel que le tolune ou le xylne, loxydation dpend du microorganisme. Lattaque enzymatique initiale peut se faire au niveau du groupement mthyle pour donner lacide benzoque, ou sur le cycle aromatique pour former des mthyl-catchols, ou sur les deux la fois (Hopper, 1978; Cerniglia, 1984).

En ce qui concerne les alkyl-benznes qui sont des produits caractristiques du ptrole et dont la prsence est utilise comme indicateur de contamination ptrolire des sdiments et des organismes marins (Bouchez et al., 1996), plusieurs travaux de recherche se sont intresss ltude de leur voies mtaboliques de dgradation par les bactries (Chablain et al., 2001; Wilkes et al., 2000; Budzinski et al., 1998; Amund et Higgins, 1985; Dutta et Harayama, 2001; Sariaslani et al., 1974). Gnralement, il se produit une oxydation du groupement mthyle terminal qui donne lacide phnyl-alcanoque correspondant, qui par une srie de -oxydations peut conduire lacide benzoque ou lacide phenyl-actique en fonction du nombre datomes de la chane alkyle. La dgradation peut sarrter ce stade ou se poursuivre au niveau du cycle aromatique. Dans certains cas la co-oxydation par des populations microbiennes mixtes peut jouer un rle trs important dans la dgradation complte de ces composs (Hopper, 1978). Par ailleurs, Rontani et al. (1987) ont montr que la photo-oxydation des alkylbenznes permettait dacclrer leur dgradation par les bactries.

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Benzne

O2 H OH OH H

cis-1,2-dihydroxy-1,2-dihydrobenzne

OH

CatcholOH Fission ortho Fission mta CHO COOH COOH Acide cis,cis-muconique COOH OH Semialdehyde 2-hydroxymuconique

COOH O C=O R1COOH COOH COOH OH

COOH O C=O CO2 COOH OH

HC O COOH COOH

H

HO2C - CH2 - CH2 - CO2H + Acetyl - CoA HO

CH3

COOH O

H CH2 CHO

CH3

+

C=O COOH

Figure I.17. Voies mtaboliques de la dgradation du cycle aromatique: cas du benzne.

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II.3. FACTEURS PHYSIQUES ET CHIMIQUES AFFECTANT LA BIODEGRADATION DES HYDROCARBURES

La biodgradation des hydrocarbures est lun des premiers mcanismes conduisant la transformation de ces polluants en produits moins toxiques. Les travaux de recherche sur loxydation des hydrocarbures par les microorganismes ont montr que ce processus dpend de la structure chimique des hydrocarbures et des conditions environnementales. Les facteurs physico-chimiques influant sur la vitesse de biodgradation microbienne sont: la temprature, loxygne disponible, le pH, la salinit, les lments nutritifs, losmose et la pression hydrostatique (Leahy et Colwell, 1990; Atlas, 1981).

II.3.1. Composition chimique des hydrocarbures

La spcificit des substrats lattaque microbienne a t largement tudie. Atlas (1981) et Leahy et Colwell (1990), ont class les composs du ptrole en quatre familles: les hydrocarbures saturs, les aromatiques, les asphaltnes (phnols, acides gras, ktones, esters et porphyrines) et les rsines (pyridines, quinolines, carbazoles, sulfoxides, et amides). Ces composs diffrents par leur susceptibilit lattaque microbienne. Ainsi la vitesse de biodgradation est plus leve pour les saturs, viennent ensuite les aromatiques lgers, les aromatiques haut poids molculaire, les composs polaires ayant la vitesse de dgradation la plus faible. Les hydrocarbures saturs incluent les n-alcanes, les alcanes ramifis et les cycloalcanes (naphtnes). Les alcanes normaux ou chanes linaires sont les plus abondants (10 40 % des hydrocarbures totaux dans le cas du ptrole lger et peuvent atteindre dans certains cas 60 %) et les plus rapidement dgradables: les n-alcanes nombre de carbone suprieur 44 peuvent tre mtaboliss par les microorganismes mais ceux ayant de 10 24 atomes de carbone (C10-C24) sont gnralement les plus facilement dgradables. Les alcanes ramifis sont plus rcalcitrants la biodgradation que les n-alcanes et plus le nombre de ramifications augmente, moins ces composs sont susceptibles la dgradation microbienne. Les hydrocarbures cycliques constituent une fraction importante des hydrocarbures dans la plupart des bruts ptroliers, ils sont plus difficilement dgradables que les deux sries prcdentes cause de leur toxicit suite linteraction avec la membrane cellulaire des microorganismes (Sikkema et al., 1994, 1995). Les expriences montrent de faon non quivoque que la biodgradation des cycloalkanes est trs limite (Atlas, 1981). La non accumulation des 43

hydrocarbures cycliques dans lenvironnement, implique des phnomnes non conventionnels de dgradation tel que lintervention des phnomnes de co-oxydations impliquant plusieurs souches microbiennes dont lquipement enzymatique est complmentaire (Bertrand et al., 1983; Perry, 1979; Rontani et al., 1985; Leahy et Colwell, 1990). Les hydrocarbures aromatiques constituent gnralement 10 30 % des hydrocarbures totaux dun brut ptrolier (Bertrand et Miller, 1989). Des tudes sur la transformation de ces hydrocarbures par les microorganismes ont montr leur toxicit cellulaire (Sikkema et al., 1995). Les hydrocarbures aromatiques de faible poids molculaires constituent gnralement 2 20 % des hydrocarbures des ptroles lgers et moins de 2 % des hydrocarbures des ptroles lourds (Congress of the United States, Office of Technology Assessment, 1991), tels que les alkyl-benznes lgers qui sont les plus toxiques cause de leur solubilit dans leau, mais peuvent cependant tre mtaboliss par les microorganismes quand ils sont prsents en faibles concentrations. La structure molculaire de ces substrats dtermine la vitesse de leur dgradation: un grand nombre de substituants mthyle empche loxydation initiale (Cooney et Summers, 1976; Atlas et al., 1981). Les polyaromatiques sont moins toxiques pour les microorganismes, mais ils sont rarement mtaboliss et quand ils le sont leur biodgradation est lente: cest ce qui explique leur accumulation dans lenvironnement. Ces hydrocarbures aromatiques lourds constituent 2 10 % des hydrocarbures des ptroles lgers et plus de 35 % des hydrocarbures des ptroles lourds. Les asphaltnes et les rsines constituent une faible partie du ptrole brut, 1 5 % du ptrole lger alors quun ptrole lourd peut contenir plus de 25 % dasphaltnes et 20 % de rsines. Cette dernire classe de composs ptroliers nest pas biodgradable ou trs lentement dgradable La biodgradabilit des ptroles bruts est trs fortement dpendante de leur composition (Atlas, 1975); une temprature dtermine, un ptrole lger est plus susceptible dtre biodgrad quun ptrole lourd.

Par exemple, un brut trs faible teneur en soufre et trs riche en composs saturs (exemple: Louisiane du Sud) (Tableau I.2) sera facilement biodgrad, contrairement un fuel de type "Buncker C", trs haute teneur en soufre et composs aromatiques. Nous signalons galement que les n-alcanes contenus dans un ptrole provenant du Vnzula sont moins bien dgrads que ceux prsents dans un ptrole de type "Lger dArabie", par suite de la prsence de produits plus longue chane.

44

Tableau I.2. Proportions des diffrentes familles de composs dans divers bruts ptroliers (daprs Bertrand et Mille, 1989).Bruts Ptroliers Saturs Aromatiques Polaires (rsines) Asphaltnes

Louisiane du Sud Koweit Buncker C Lger dArabie Tunisien (Asthart) Vnzulien Prudhoe Bay

69 44 21.1 48 48 46 55

20 28.3 34.2 35 32 21.6 25

10.3 23.2 30.3 9 12 19.3 10

0.3 4.5 14.4 7.5 8 9 10

Ratledge (1978), a rassembl des rgles qui ont une application gnrale lensemble des micro-organismes: 1- Les hydrocarbures aliphatiques sont assimils par une grande varit de microorganismes, les composs aromatiques peuvent tre oxyds mais sont assimils par quelques bactries seulement. 2- Les n-alcanes chanes courtes, tel que le n-nonane ne sont pas toujours assimils, mais peuvent tre oxyds. Seules quelques bactries ont la capacit de crotre sur des alcanes plus courts que le n-octane. Quand la longueur de chane augmente au del de C9, le facteur de production augmente, mais la vitesse doxydation dcrot. 3- Les composs saturs sont plus rapidement dgrads que les insaturs. 4- Les composs ramifis sont moins rapidement dgrads que les composs non substitus.

II.3.2. Etat physique et concentration des hydrocarbures ou du ptrole.

Les hydrocarbures tendent se dissiper dans leau formant ainsi des mares noires. Sous laction du vent et des vagues, le ptrole dans leau et leau dans le ptrole peuvent former des mulsions, ce qui augmente la surface du ptrole et par consquence favorise lattaque microbienne. Par contre les grandes masses ou les nappes de mousse ptrolire de viscosit trs importante et qui ont un rapport surface/volume faible inhibent la croissance.

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La formation d'mulsions par la production et la scrtion de biosurfactants est un processus trs important dans lassimilation des hydrocarbures par les bactries (Kaplan et al., 1987; Hommel, 1994; Goswani et Singh, 1991; Broderick et Cooney, 1982; Pines et Gutnick, 1986, Zhang et Miller, 1992). La dispersion artificielle a t tudie comme moyen daugmentation de la surface de contact entre les hydrocarbures et les membranes cellulaires des microorganismes, cependant, les dispersants sont dans la plupart du temps toxiques et peuvent conduire des dommages dans la faune et la flore, et ils peuvent aussi inhiber le processus microbien (Leahy et Colwell, 1990). Les hydrocarbures faibles poids molculaires sont considrs comme des composs toxiques pour les microorganismes cause de leur grande solubilit et par consquent leur concentration trs leve dans les phases aqueuses. Ratledge (1978) rapporte que les n-alcanes de courtes chanes (< C9) sont trs toxiques pour les mircrooganismes alors que ceux plus longs que le n-nonane, les alcnes > C12, les alkyle-bromides > C10, et les alcanols > C14 ne sont toxiques pour aucun microorganisme. Broderick et Cooney (1982), ont montr que la dgradation des n-alcanes longs ( C12), pour lesquels les solubilits sont infrieures 0,01 mg/l seffectue des vitesses qui dpassent les vitesses de dissolution des hydrocarbures et sont fonction de la surface des hydrocarbures disponibles pour lmulsification et leur fixation par les cellules.

II.3.3. Influence de la temprature

La temprature est un paramtre pouvant influencer la biodgradation du ptrole en modifiant son tat physique, sa composition chimique, lactivit physiologique des microorganismes et par consquence la vitesse de dgradation des hydrocarbures, ainsi que la nature et la concentration des espces microbiennes prsentes (Atlas, 1981; Leahy et Colwell, 1990). A basse temprature, la viscosit du ptrole augmente, la volatilisation des composs toxiques pour les microorganismes tels que les alcanes de faibles poids molculaires est rduite et leur solubilit dans leau augmente par diminution de leur volatilisation, ce qui entrane un ralentissement du mtabolisme des microorganismes (Atlas et Bartha, 1972; Atlas, 1975). Une diminution de la temprature est gnralement accompagne par une diminution de la vitesse de biodgradation qui peut tre explique par une dcroissance de

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lactivit enzymatique. Des tempratures plus leves ont pour effet daugmenter la vitesse de biodgradation (Walworth et al., 2001; Sandvik et al., 1986; Song et al., 1990). Si loxydation des hydrocarbures a t observe des tempratures infrieures 0 C (Rike et al., 2003), ou leves 70-80 C (Annweiler et al, 2000), le maximum de lactivit mtabolique des microorganismes est gnralement observ une temprature comprise entre 30 et 40 C (Bossard et Bartha, 1984). Au del de la temprature optimale de croissance et de biodgradation on assiste une augmentation de la toxicit des hydrocarbures et une diminution de lactivit mtabolique. Rling et al. (2003) mentionnent une inhibition totale de la biodgradation au del de 80-90C malgr lisolement de bactries thermophiles (Thermotoga,Thermoanaerobacter, Thermodesulfobacterium)

et

dArchae

hyperthermophiles (Thermococcus, Archeaoglobus) dans des puits temprature peut atteindre 100C.

de ptrole o la

II.3.4. Influence de loxygne

Ltape initiale du catabolisme des hydrocarbures aliphatiques, cycliques et aromatiques par les bactries et les champignons inclut loxydation de ces substrats par lintermdiaire dhydroxylases et doxygnases, pour lesquelles loxygne molculaire est indispensable (Leahy et Colwell, 1990; Atlas, 1981; Bertrand et Mille, 1989). Les conditions arobies sont, par suite, ncessaires pour cette voie doxydation microbienne des hydrocarbures dans lenvironnement. Le problme de la limitation de l'oxygne molculaire dans les couches superficielles des colonnes deau est inexistant, en effet la concentration en oxygne est suffisamment leve pour assurer lactivit des microorganismes

hydrocarbonoclastes. Thoriquement, 3,5 g doxygne sont ncessaires pour loxydation complte de 1 g de ptrole; Zobell (1969), a calcul que la quantit doxygne dissoute dans 320 m3 deau de mer est ncessaire pour loxydation de 1 l de ptrole brut. Dans un site trs pollu, on aboutira frquemment un ralentissement de la biodgradation par suite dune carence en oxygne. Marin et al. (1996), en tudiant les facteurs influenant la biodgradation des hydrocarbures par la bactrie Acinetobactercalcoaceticus, ont constat une augmentation de la dgradation des hydrocarbures totaux et

des n-alcanes de 10 % aprs un apport supplmentaire doxygne par agitation. Les sdiments aquatiques, sont par contre gnralement anoxiques, lexception de la fine couche superficielle (Leahy et Colwell, 1990). Bertrand et al.(1986), ont tudi dans des systmes flux continu, lvolution des diffrents hydrocarbures en fonction de la 47

concentration en oxygne. Ils ont trouv que la dgradation des hydrocarbures a lieu essentiellement dans la partie superficielle des sdiments (0-1 cm), o la concentration en oxygne est de 8 ppm, alors quelle est plus faible en profondeur. Par contre aucune dgradation na t observe dans des conditions anarobies (0,2-0,3 ppm), en dpit dune activit sulfato-rductrice trs leve dans les sdiments. La concentration en oxygne a t identifie comme une variable limitante de la vitesse de la biodgradation du ptrole dans les sols (Hurst et al., 1996, El-Kadi, 2001) et les eaux souterraines (Boyd et al., 2001). La dgradation anarobie des hydrocarbures par les microorganismes peut se produire mais des vitesses ngligeables et son importance cologique est considre comme de moindre importance.

II.3.5. Influences des lments nutritifs

Le rejet des hydrocarbures dans les environnements aquatiques, qui contiennent des lments nutritifs inorganiques en faibles concentrations, conduit gnralement des rapports carbone/azote et carbone/phosphore trs levs, dfavorables pour la croissance microbienne (Leahy et Colwell, 1990). Le ptrole lui-mme contient de tels nutriments en petites quantits, mais ils sont toujours prsents sous forme de composs htrocycliques (exemple: drivs de la pyridine et du pyrrole pour lazote) ou organomtalliques complexes; ils ne sont donc pas utilisables par les microorganismes (Bertrand et Mille, 1989). Les sources dazote et de phosphore sont toujours faibles, surtout pendant les priodes de forte activit des organismes photosynthtiques. Lazote et le phosphore sont aussi des facteurs limitant la biodgradation des hydrocarbures dans les sols (Walworth et al., 2001, 2003; Mohn et Stewart, 2000).

II.3.6. Effet de la salinit et du pH

La salinit moyenne des milieux ocaniques est de lordre de 3,5 % et lintervalle de variation se situe en gnral entre les limites de 3,3% et 3,7%. Ces concentrations en sels sont compatibles avec la croissance des microorganismes hydrocarbonoclastes (Bertrand et Mille, 1989). Quand la concentration en chlorure de sodium dpasse 1 M, llimination du ptrole brut diminue rapidement. Pour ce type de substrat, les fortes salinits constituent donc une barrire naturelle pour la biodgradation (Al Mallah, 1988; Tagger et al., 1976; Bertrand et 48

al., 1990). Bertrand et al. (1993) ont tudi linfluence de la concentration en chlorure de sodium sur la biodgradation des hydrocarbures par deux communauts microbiennes, ils ont trouv que la biodgradation est maximale pour une concentration de 0,4 M et diminue lentement pour des valeurs suprieures et infrieures celle-ci. Ward et Brock (1978) ont montr que la vitesse de la biodgradation des hydrocarbures dcroit lorsque la salinit passe de 3,3 28,4%, et ils ont attribu ces rsultats une rduction gnrale des vitesses mtaboliques des microorganismes. Leffet de la concentration en NaCl sur la biodgradation dpend de la nature du substrat utilis comme source de carbone (Bertrand et al., 1993); Fernandez et al. (1996) ont montr que la souche Marinobacter hydrocarbonoclasticus, bactrie marine halotolrante dgrade leicosane, avec un taux de biodgradation de 90% pour des concentrations en chlorure de sodium comprises entre 0,2 et 2,5 M.

Linfluence du pH a t trs peu tudie, mais il ne semble jouer quun rle relativement mineur en milieu marin. Contrairement la plupart des cosystmes aquatiques, les sols peuvent avoir des valeurs de pH trs variables, allant de 2,5 11,0. Des valeurs extrmes de pH, ce qui est le cas pour quelques types de sols, pourraient avoir une influence ngative sur la capacit des microorganismes dgrader les hydrocarbures. La croissance des bactries htrotrophes et des champignons tant favorise par un pH proche de la neutralit (Leahy et Colwell, 1990). Dibble et Bartha (1979) et Hambrick et al. (1980) ont trouv que la dgradation des hydrocarbures est plus leve dans des conditions lgrement basiques. Quel quil soit, le pH des milieux marins natteint jamais des valeurs suffisamment extrmes pour inhiber la biodgradation.

II.3.7. Effet de la pression

La pression nest considre comme une variable dans la biodgradation des hydrocarbures que dans les profondeurs des ocans (Leahy et Colwell, 1990; Bertrand et Mille, 1989; Atlas, 1981). En effet, le ptrole qui nest pas dgrad dans les eaux de surface va progressivement senfoncer, en subissant une lente transformation, et ce sont les molcules difficilement dgradables qui atteindront le fond des ocans. La profondeur moyenne de ceuxci est de 3800 m (ce qui correspond une pression de 380 bars) et la temprature est infrieure 5 C (Bertrand et Mille, 1989). Schwarz et al. (1974, 1975) ont tudi la croissance et lutilisation des hydrocarbures par les bactries isoles de sdiments marins 49

profonds, en fonction de la pression. Ils ont trouv que la vitesse dutilisation des hydrocarbures est fortement diminue hautes pressions. Sous une pression de 1 bar (pression atmosphrique), ces bactries dgradent 94 % de lhexadcane en 8 semaines alors quil leur faut 40 semaines pour arriver au mme rsultat 500 bars. Il apparat donc, que les hydrocarbures qui parviennent aux grandes profondeurs ocaniques sont trs lentement dgrads par les microorganismes et par consquent peuvent persister pendant de longues priodes.

III. BIODEGRADATION DES HYDROCARBURES DANS LES gisements DE PETROLE et voies anaerobies

III.1. BIODEGRADATION DES HYDROCARBURES DANS LES PUITS DE PETROLE

La biodgradation du ptrole conduit une diminution du pourcentage des hydrocarbures facilement biodgradables (n-alcanes, alcanes monocycliques, phnylalcanes) et par consquence une augmentation de sa densit, de sa teneur en soufre, de son acidit et sa viscosit (Connan, 1984; Lal et Khanna, 1996). Ces changements ont des consquences conomiques ngatives sur la production du ptrole et les oprations de son raffinage. Lactivit microbiologique dans les puits de ptrole peut tre le rsultat des activits humaines par introduction de microorganismes et de produits chimiques (nutriments, accepteurs dlectrons) lors de lexploitation des gisements. Ces derniers peuvent stimuler la croissance microbienne et donc induire des modifications dans la composition du ptrole. La biodgradation arobie des hydrocarbures dans les gisements de ptrole a t largement tudie (Evans et al., 1971; Hunt, 1979; Winters et Williams, 1969). Cependant, il a t montr que lapport en oxygne dans ces gisements est insuffisant pour assurer lactivit microbiologique arobie (Horstad et al., 1990, 1992), il a donc t suggr que la biodgradation anarobie est le processus prpondrant dans la dgradation des hydrocarbures dans les roches rservoirs de ptrole (Rling et al., 2003; Zengler et al., 1999; Wilkes et al., 2001; Widdel et Rabus, 2001). En effet, les premires bactries isoles des eaux provenant des champs de ptrole par Bastin (1926) taient anarobies et Connan et ses collaborateurs (Bernard et Connan, 1992; Magot et Connan, 1993; Connan et al., 1996) ont montr la prsence de diffrents organismes anarobies dans les gisements de ptrole. Ils ont avanc l'hypothse que ces organismes sont majoritairement responsables de la dgradation des

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hydrocarbures en profondeurs. La dtection de mtabolites spcifiques, produits uniquement par voies mtaboliques anarobies a confirm cette hypothse (Rling et al., 2003). Dans les rservoirs, 80 % du volume est occup par le ptrole alors que les 20 % restants (sous forme de pores) le sont par de leau de salinit variable constituant le milieu de croissance des organismes. Les rservoirs de ptrole sont aussi caractriss par des tempratures leves puisque la temprature augmente de 2 3 par 100 mtres de profondeur. Gnralement, une biodgradation significative se produit des tempratures infrieures 80 C (Connan, 1984) correspondant une profondeur maximale de lordre de 4 km, mais cela ne signifie pas que tous les rservoirs basse temprature contiennent du ptrole biodgrad (Wilhelms et al., 2001). Au de l dune temprature de 80-90 C, on assiste une inhibition de la biodgradation (Connan, 1984; Bernard et Connan, 1992; Rling et al., 2003).

Les organismes majeurs responsables de la dgradation des hydrocarbures dans les rservoirs de ptrole sont les bactries et les archaea et la connaissance du degr de dgradation du ptrole est trs importante avant toute exploitation (Larter et al., 2003). Cette dgradation se passe une vitesse trs faible de lordre de 10-6 10-7 kg dhydrocarbures/kg de ptrole/an; ce qui ncessite des millions dannes pour perturber la composition du ptrole dans les roches rservoirs (Larter et al., 2003). Par exemple: 15 millions dannes sont approximativement ncessaires pour liminer les n-alcanes dun ptrole lourd et 5 millions dannes pour un ptrole lger. La vitesse de biodgradation est limite par la diffusion des nalcanes vers la surface de contact entre leau et le ptrole et la disponibilit dlments nutritifs tels que lazote et le phosphore. Les conditions physico-chimiques dans les rservoirs de ptrole telles que le pH, la salinit, la pression, les conditions redox et la temprature, reprsentent des obstacles dans lisolement et ltude des microorganismes prsents. La reproduction des conditions in situ permet gnralement disoler des organismes reprsentatifs (Yanagibayashi et al., 1999). La plupart des informations obtenues ont t recueillies partir dchantillons de ptrole provenant des rservoirs: des bactries thermophiles (Thermotoga, Thermoanaerobacter,Thermodesulfobactrium) et des archaea hyperthermophiles (Thermococcus, Archeaoglobus)

ont t isoles dchantillons de ptrole provenant dun gisement 1670 mtres de profondeur (Grassia et al., 1996), ces microorganismes peuvent se dvelopper dans des conditions comparables celles in situ (74-171 mM NaCl, 65-70 C et une pression comprise entre 50 et 150 bars). 51

III.1. VOIES DE DEGRADATION ANAEROBIE

De nombreux microorganismes ont dvelopp des capacits mtaboliques leur permettant d'utiliser les hydrocarbures comme donneurs d'lectrons et comme sources de carbone pour la synthse cellulaire. La dgradation des hydrocarbures par les microorganismes dans des conditions arobies est bien connue depuis plus d'un sicle, alors que l'utilisation de ces composs dans des conditions anoxiques (sdiments profonds et rservoirs de ptrole) n'a t tudie que durant la dernire dcennie. En effet, il a t largement admis que pour les bactries dgradant les hydrocarbures en arobiose, la prsence d'oxygne molculaire est indispensable pour l'activation enzymatique initiale des hydrocarbures (Britton, 1984; Gibson et Subramanian, 1984). Cette activation se traduit par l'introduction d'un ou plusieurs groupements hydroxyles dans la molcule apolaire. L'absence de l'oxygne molculaire dans les environnements anoxiques ncessite un nouveau mode d'activation biochimique pour convertir les hydrocarbures apolaires en des composs comportant des groupements fonctionnels: la prsence de groupements fonctionnels (hydroxyle, carbonyle ou carboxyle) dans les composs organiques est indispensable pour toute raction d'oxydation ultrieure (Spormann et Widdel, 2000; Widdel et Rabus, 2001). Diffrentes souches de bactries anarobies capables de dgrader les hydrocarbures ont t isoles de sites contamins. Ces bactries utilisent le nitrate, le fer (III) ou le sulfate comme accepteurs d'lectrons (Figure I.18). Un mcanisme de dgradation par mthanognse peut avoir lieu dans des environnement o l'oxygne, le nitrate, le fer (III) et le sulphate sont totalement absents (Zengler et al., 1999). Le tableau I.3, montre des exemples de bactries anarobies dgradant les hydrocarbures aliphatiques et aromatiques classes en fonction de l'accepteur d'lectrons.

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Hydrocarbures CnHm

H2O

SO42-

Fe (III)

NO3-

Biomasse

Biomasse

Biomasse

Biomasse

CH4 CO2

H2S CO2

Fe (II) CO2

N2 CO2

Figure I.18. Les diffrentes voies mtaboliques de la dgradation des hydrocarbures en fonction de l'accepteur d'lectrons.

Tableau I.3. Exemples de bactries anarobies dgradant les hydrocarbures aromatiques et aliphatiques.

Espce ou souche bactrienne

HYDROCARBURES METABOLISES

Rfrences

Bactries dnitrifiantes Thauera aromatica T1 Azoarcus tolulyticus Td15 Azoarcus sp. souche EB1 Souche HxN1 Souche HdN1 Tolune Tolune, m-xylne Ethylbenzne Alcanes (C6-C8) Alcanes (C14-C20) Evans et al. (1991) Fries et al. (1994) Ball et al. (1996) Ehrenreich et al. (2000) Ehrenreich et al. (2000)

Bactries rduisant le fer Geobacter metallireducens GS15 Tolune Loveley et Lonergan (1990)

Bactries rduisant le sulfate Desulfobacula toluolica Desulfobacterium cetonicum Souche AK-01 Tolune Tolune Alcanes (C13-C18) Rabus et al. (1993) Harms et al. (1999) So and Young (1999)

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La dgradation des hydrocarbures aromatiques et en particulier le tolune a t la plus tudie du fait qu'elle assure une croissance rapide des bactries. Des tudes rcentes, ont montr que l'tape initiale dans la dgradation des n-alcanes, du tolune, des xylnes et de l'thylbenzne par les bactries dnitifiantes se traduit par l'introduction d'une molcule de fumarate pour former un substituant succinate (Heider et al., 1999; Spormann et Widdel, 2000; Widdel et Rabus, 2001), comme le montre la Figure I.19.

COO CH3

2 [H]

COO -

COO CO-S-CoA COO -

COO -

COO -

2 [H]

COO -

CO-S-CoA

H 2O

COO CO-S-CoA HS-CoA HO

CO-S-CoA

COO -

CO22 [H]

Figure I.19. Mtabolisme de dgradation du tolune par les bactries dnitrifiantes.

La dgradation du propylbenzne par les bactries dnitrifiantes s'effectue par hydroxylation pour donner le 1-phenyl-1-propanol et ensuite la propiophnone (Figure I.20; Rabus et Widdel, 1995).COOHO H2O O CO2, "Energie" O

2 [H]

2 [H]

HS-CoA, "Energie"

CO2

O

S-CoA O S-CoA

O CO2

S-CoAHS-CoA

O

Figure I.20. Mtabolisme de dgradation du propylbenzne par les bactries dnitrifiantes.

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La dgradation anarobie du tolune et des alkylbenznes tel que le m-xylne ou l'thylbenzne a t galement tudie pour diffrents accepteurs d'lectrons. L'activation des hydrocarbures saturs s'effectue par l'addition d'un compos carbon plutt que par dsaturation ou hydratation. Enfin, il faut noter que la dgradation des hydrocarbures en anarobiose compte encore des domaines mal connus.

IV. LES LIPIDES DES BACTERIES GRAM-NEGATIVES

Un trs grand nombre de bactries hydrocarbonoclastes sont des bactries Gramngatives (Acinetobacter, Aeromonas, Pseudomonas, Mycobacterium), et incluent les bactries tudies dans nos travaux. Il est donc important de faire le point sur la composition de leurs lipides. Ceux-ci sont essentiellement localiss dans lenveloppe cellulaire constitue essentiellement de trois couches: la membrane cytoplasmique, la couche peptidoglycane et la membrane extrieure:

la membrane cytoplasmique: contient des phospholipides et des protines en quantits quasiment gales et joue un rle dans le transport des lments nutritifs, dans la phosphorylation oxydative et dans la synthse des phospholipides, du peptidoglycane et des lipopolysaccharides.

la couche peptidoglycane: est constitue de chanes linaires contenant alternativement la N-actyl-glucosamine et lacide N-actylmuranique. Dans les bactries Gramngatives, une monocouche de peptidoglycane entoure la membrane cytoplasmique et sa rigidit permet la cellule de supporter la pression osmotique du cytoplasme qui est de lordre de 3,5 bars.

la membrane extrieure: elle a la mme paisseur que la membrane cytoplasmique, qui est de lordre de 7,5 nm. Elle contient 9 12 % des protines cellulaires, alors que les phospholipides et les lipopolysaccharides sont les constituants majeurs. Cette membrane est relie la couche peptidoglycane par des liaisons covalentes via des lipoprotines. Il existe une nette diffrence de composition entre les parois cellulaires des bactries

Gram-ngatives et celles des bactries Gram-positives (Figures I.21 et I.22). La paroi cellulaire des bactries Gram-positives est essentiellement constitue par un peptidoglycane, auquel est attache une fraction lipidique gnralement peu importante, et il ny a pas de membrane externe. En plus du peptidoglycane, on distingue les acides tichoques qui sont

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des polymres de glycrol ou de ribitol joints par des groupes phosphates. Ils sont chargs ngativement et jouent un rle dans la fixation des ions Mg++.

Figure I.21. Structure de la paroi cellulaire des bactries Gram-ngatives (daprs Lugtenberg et Van Alphen, 1983).

Figure I.22. Structure de la paroi cellulaire chez les bactries Gram-positives.

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IV.1. LES PHOSPHOLIPIDES

Les phospholipides membranaires constituent entre 3 et 9 % du poids sec des bactries Gram-ngatives (Raetz 1978). Gnralement, la phosphatidylethanolamine est le constituant majeur des phospholipi