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Traité de médecine ostéopathique du crâne et de l’articulation temporomandibulaire © 2010 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés Introduction L’ostéopathie est une thérapie récente. Elle a été créée aux États-Unis par le Dr A. T Still (1928– 1917) qui, à la fin du XIX e siècle, a énoncé les grands principes de cette médecine naturelle. Le docteur Still a fondé en 1874 le premier collège d’ostéopathie à Kirksville. Le terme « ostéopathie » vient du grec osteon (os) et pathos (effet qui vient de l’intérieur) ; il indique donc l’influence de la maladie, ses causes et ses traitements manuels, et non une infection ou une douleur locale de l’os. C’est l’étude des effets internes qui viennent de la structure (appareil musculosquelettique). Les articulations temporomandibulaires (ATM) sont des articulations qui travaillent beaucoup : nous réalisons environ 1 000 mouvements par jour. Elles interviennent dans diverses fonctions : • respiration ; • phonation ; • mastication ; • déglutition. Si l’on envisage uniquement les mouvements réa- lisés durant la déglutition, on peut dire qu’il s’agit de mouvements involontaires, incessants, diurnes et nocturnes. L’ATM est actuellement considérée comme une articulation à part ; on la compare à une suture membraneuse, c’est-à-dire à un tissu conjonctif adapté à certaines pressions mécaniques. Le tissu interposé entre les condyles temporaux et mandibulaires va s’adapter aux pressions mécaniques tout au long de la vie. À cause de lésions ancien- nes non corrigées, il se produit une adaptation : le condyle mandibulaire creuse une nouvelle cavité articulaire sur le versant antérieur du zygoma. Gysi, en 1921, pensait que l’ATM supportait des pressions importantes ; les travaux actuels semblent démontrer le contraire : la résultante des forces durant la mastication a son point d’appli- cation maximal au niveau des dents et non pas au niveau des cavités glénoïdes. L’ATM est un organe sensoriel qui guide et coor- donne, par un mécanisme réflexe périphérique et central, le jeu des muscles masticateurs. Dans cette articulation, la mobilité compte plus que la solidité. Cette articulation présente trois niveaux : • un niveau condyloméniscal ; • un niveau méniscotemporal ; • un niveau dentodentaire : la mandibule et le maxillaire sont unis chacun par 16 dents ; un déséquilibre entre ces 32 dents va se manifester au niveau des os du crâne, mais également au niveau de ce que le professeur Nahmani a appelé le « complexe mandibulo-cranio-sacré », les dif- férents éléments de ce complexe étant unis par les structures musculoaponévrotiques, les mem- branes intracrâniennes et la dure-mère spinale. Certains problèmes rencontrés par les chirurgiens- dentistes ont une solution ostéopathique, de la même manière que certaines lésions ostéopathiques doivent être traitées par le chirurgien dentiste. Le lecteur trouvera dans ce livre les informations nécessaires au traitement du système hyoïdien et de la langue. Le système stomatognathique possède deux fonctions essentielles qui sont la mastication et la déglutition, lesquelles seront largement étu- diées, aussi bien d’un point de vue diagnostique que physiologique. Le thérapeute doit se rappeler que le traitement du système stomatognathique, à cause de ses influen- ces et des répercussions sur le reste du corps, est parfois nécessaire pour un traitement craniosacré, de certaines algies cervicales ou scapulaires.

Traité de médecine ostéopathique du crâne et de l'articulation temporomandibulaire || Introduction

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Traité de médecine ostéopathique du crâne et de l’articulation temporoma© 2010 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés

Introduction

L’ostéopathie est une thérapie récente. Elle a été créée aux États-Unis par le Dr A. T Still (1928–1917) qui, à la fin du XIXe siècle, a énoncé les grands principes de cette médecine naturelle. Le docteur Still a fondé en 1874 le premier collège d’ostéopathie à Kirksville.

Le terme « ostéopathie » vient du grec osteon (os) et pathos (effet qui vient de l’intérieur) ; il indique donc l’influence de la maladie, ses causes et ses traitements manuels, et non une infection ou une douleur locale de l’os. C’est l’étude des effets internes qui viennent de la structure (appareil musculosquelettique).

Les articulations temporomandibulaires (ATM) sont des articulations qui travaillent beaucoup : nous réalisons environ 1 000 mouvements par jour.Elles interviennent dans diverses fonctions : •respiration;•phonation;•mastication;•déglutition.

Si l’on envisage uniquement les mouvements réa-lisés durant la déglutition, on peut dire qu’il s’agit de mouvements involontaires, incessants, diurnes et nocturnes.

L’ATM est actuellement considérée comme une articulation à part ; on la compare à une suture membraneuse, c’est-à-dire à un tissu conjonctif adapté à certaines pressions mécaniques.

Le tissu interposé entre les condyles temporaux et mandibulaires va s’adapter aux pressions mécaniques tout au long de la vie. À cause de lésions ancien-nes non corrigées, il se produit une adaptation : le condyle mandibulaire creuse une nouvelle cavité articulaire sur le versant antérieur du zygoma.

Gysi, en 1921, pensait que l’ATM supportait des pressions importantes ; les travaux actuels

semblent démontrer le contraire : la résultante des forces durant la mastication a son point d’appli-cation maximal au niveau des dents et non pas au niveau des cavités glénoïdes.L’ATM est un organe sensoriel qui guide et coor-donne, par un mécanisme réflexe périphérique et central, le jeu des muscles masticateurs. Dans cette articulation, la mobilité compte plus que la solidité.Cette articulation présente trois niveaux : •unniveaucondyloméniscal;•unniveauméniscotemporal;•un niveau dentodentaire : la mandibule et le

maxillaire sont unis chacun par 16 dents ; un déséquilibre entre ces 32 dents va se manifester au niveau des os du crâne, mais également au niveau de ce que le professeur Nahmani a appelé le « complexe mandibulo-cranio-sacré », les dif-férents éléments de ce complexe étant unis par les structures musculoaponévrotiques, les mem-branes intracrâniennes et la dure-mère spinale.

Certains problèmes rencontrés par les chirurgiens-dentistes ont une solution ostéopathique, de la même manière que certaines lésions ostéopathiques doivent être traitées par le chirurgien dentiste.Le lecteur trouvera dans ce livre les informations nécessaires au traitement du système hyoïdien et de la langue. Le système stomatognathique possède deux fonctions essentielles qui sont la mastication et la déglutition, lesquelles seront largement étu-diées, aussi bien d’un point de vue diagnostique que physiologique.Le thérapeute doit se rappeler que le traitement du système stomatognathique, à cause de ses influen-ces et des répercussions sur le reste du corps, est parfois nécessaire pour un traitement craniosacré, de certaines algies cervicales ou scapulaires.

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XVI Traité de médecine ostéopathique du crâne et de l’articulation temporomandibulaire

L’importance de l’ATM a également été mise en évidence par Dejarnette, dans la technique sacro-occipitale (sacro-occipital technique [SOT]) : il existe des problèmes d’ATM de catégorie 2 (dys-fonction iliosacrée) et de catégorie 1 (dysfonctions craniosacrées et viscérales).

Le traitement ostéopathique crânien se réalise du plus dense vers le moins dense. On traitera en pre-mier le niveau osseux, ensuite le niveau membra-neux, et finalement le niveau liquidien. Il s’agit d’un ordre impératif de traitement : on ne peut pas traiter les membranes avant les sutures.

Les techniques proposées dans ce livre concernent principalement le traitement des niveaux osseux et sutural. Nous utilisons et enseignons également les techniques membraneuses et liquidiennes tra-ditionnelles de Sutherland et de Magoun, indis-pensables dans la pratique ostéopathie crânienne.

Nous désirons, dans cet ouvrage, introduire la notion d’élasticité osseuse. Nous prétendons

agir réellement sur l’élasticité osseuse que nous essayons de modifier. Une dysfonction ostéo-pathique crânienne se traduit par une densité, une dureté anormale de l’os, et le traitement structurel est le plus efficace pour modifier cet état.L’idée d’utiliser les techniques de thrust pour les sutures peut surprendre le lecteur, mais celles-ci ne sont pas violentes et l’on n’utilise pas une force supérieure à 3 kg, ce qui ne représente pas une force lésionnelle pour le crâne adulte. Il faut se rappeler qu’une fracture à ce niveau requiert une force de 30 à 80 kg par centimètre carré ; lors du thrust, nous sommes très loin de cette force traumatique. L’idée des techniques de thrust suturales n’est pas de modifier la position de l’os en dysfonction, mais de réaliser un stretching du tissu conjonctif intersutural pour décomprimer les structures nerveuses sensibles intersutura-les responsables du maintien d’un arc de réflexe pathogène.